Jean De Joinville

Jean De Joinville

Jean de Joinville

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Jean de Joinville
Jean de Joinville par Merry-Joseph Blondel
Jean de Joinville par Merry-Joseph Blondel
Naissance v. 1224
Décès 24 décembre 1317
Pays France
Titre Sénéchal de Champagne
Sire de Joinville
Prédécesseur Simon de Joinville
Successeur Anseau de Joinville
Conflits Septième croisade
Enfant de Simon de Joinville
et de
Béatrice d'Auxonne
Conjoint Alix de Grandpré
Alix de Reynel
Enfants Geoffroy de Briquenay
Jean d'Ancerville
Jean de Reynel
Anseau de Joinville
Gautier de Beaupré
André de Bonney
Marguerite
Alix

Jean de Joinville (v. 1224 - 24 décembre 1317) est un noble champenois et biographe de saint Louis.

Sommaire

Biographie

Fils de Simon de Joinville et de Béatrice d'Auxonne, fille de Étienne III d'Auxonne, il appartenait à une famille de la haute noblesse champenoise. Il reçut une éducation de jeune noble à la cour de Thibaut IV, comte de Champagne : lecture, écriture, rudiments de latin. À la mort de son père, il devint sénéchal de Champagne (et fut donc attaché à la personne de Thibaut IV). C'était un homme très pieux et soucieux de bien administrer sa région.

En 1241, il accompagne son seigneur, Thibaud IV de Champagne, à la cour du roi de France, Louis IX (futur Saint Louis). En 1244, lorsque celui-ci organisa la septième croisade, Joinville décida de se joindre aux chevaliers chrétiens tout comme son père lavait fait 35 ans plus tôt contre les Albigeois. Lors de la croisade, Joinville se mit au service du roi et devint son conseiller et son confident. En 1250, quand le roi et ses troupes furent capturés par les mamelouks à Mansourah, Joinville, parmi les captifs, participa aux négociations et à la collecte de la rançon. Joinville se rapprocha probablement encore du roi dans les moments difficiles qui suivirent léchec de la croisade (mort de son frère Robert, mal entouré par les autres seigneurs...). Cest Joinville qui conseilla au roi de rester en Terre sainte au lieu de rentrer immédiatement en France comme l'y poussaient les autres seigneurs ; le roi suivit lavis de Joinville.

Pendant les quatre années suivantes, passées en Terre sainte, Joinville fut le conseiller très écouté du roi. Celui-ci samusait des emportements, de la naïveté et des faiblesses de Joinville, et il le reprenait parfois, mais il savait quil pouvait compter sur son absolu dévouement et sur sa franchise.

En 1270, Louis IX, bien que physiquement très affaibli, se croisa de nouveau avec ses trois fils. Joinville refusa de le suivre, conscient de linefficacité de lentreprise et convaincu que le devoir du roi était de ne pas quitter un royaume qui avait besoin de lui. De fait, lexpédition fut un désastre et le roi mourut devant Tunis le 25 août 1270.

À partir de 1271, la papauté mena une longue enquête au sujet de Louis IX, qui aboutit à sa canonisation, prononcée en 1297 par Boniface VIII. Comme Joinville avait été lintime du roi, son conseiller et son confident, son témoignage en 1282 fut très précieux pour les enquêteurs ecclésiastiques.

Vers 1299 Jeanne de Navarre, lui demanda décrire la vie de Saint Louis.

Il mourut le 24 décembre 1317, âgé de plus de 93 ans, près de 50 ans après le saint roi. Il fut inhumé dans la chapelle Saint-Joseph de l'église Saint-Laurent du château de Joinville, aujourd'hui détruit.

Vie de saint Louis

Commanditaire

Jeanne de Navarre, petite-fille par alliance de Saint Louis et épouse de Philippe IV le Bel, demanda à Joinville décrire la vie du saint roi. Il se mit alors à rédiger le livre des saintes paroles et des bons faiz de nostre saint roy Looÿs (ainsi quil le nomme lui-même), aujourd'hui désigné comme la Vie de saint Louis. Mais Jeanne de Navarre mourut le 2 avril 1305, alors que louvrage nétait pas encore terminé. Joinville le dédia donc en 1309 au fils de celle-ci, Louis le Hutin, roi de Navarre et comte de Champagne, futur Louis X.

Composition et date

Comme nous l'avons vu, le livre n'était pas achevé à la mort de Jeanne de Navarre, en 1305. Par ailleurs, le plus ancien manuscrit conservé (non autographe) sachève en ces termes : « Ce fu escript en lan de grâce mil .CCC. et .IX. [1309], ou moys doctovre ». Il ne peut sagir de la date de rédaction de ce manuscrit précisément, car il est visiblement postérieur. Cest donc soit la date de lachèvement de lœuvre par Joinville, soit la date de rédaction dun manuscrit ayant servi de modèle à celui dont nous disposons. Lœuvre a donc été écrite entre 1305 et 1309. Par divers recoupements, on peut également affirmer quun passage situé à lextrême fin du livre, relatant un songe de Joinville, na pu être écrit avant 1308. Joinville a donc terminé son œuvre peu de temps avant de la remettre à Louis le Hutin.

Tradition du texte

Léditeur moderne dispose essentiellement dune seule copie ancienne du texte et de deux états tardifs du texte. On na pas conservé le manuscrit qui fut offert à Louis le Hutin.

Le manuscrit conservé est manifestement très proche de loriginal. Il est repris dans linventaire de 1373 de la bibliothèque de Charles V. En outre, daprès les peintures, on peut estimer sa réalisation aux années 1330-1340, soit une vingtaine dannée après le manuscrit original. Cette copie resta dans la bibliothèque royale puis passa entre les mains de Philippe le Bon, duc de Bourgogne, avant datterrir à Bruxelles, on loublia. Il ne fut redécouvert quen 1746, à la prise de Bruxelles par les troupes françaises. Ce manuscrit, dit « de Bruxelles », est conservé à la Bibliothèque nationale de France. Cest un volume de 391 pages de 2 colonnes. La première page est décorée dor et d'enluminures, et dune peinture représentant lécrivain présentant son livre à Louis le Hutin. Le texte est découpé en paragraphes commençant chacun par une initiale dorée.

On dispose en outre de deux éditions dune traduction (elle-même non conservée) du texte de Joinville, réalisées respectivement par Antoine Pierre en 1547 et par Claude Ménard en 1617. Si la première édition est entachée par des modifications du texte original et des ajouts fantaisistes, la seconde est un excellent travail dérudit.

Enfin, un troisième état du texte est constitué par deux manuscrits qui paraissent remonter au deuxième quart du XVIe siècle. Ce sont des transcriptions modernisées (rajeunissement systématique de la langue) dun manuscrit antérieur au manuscrit de Bruxelles.

Perspectives générales de l'œuvre

Joinville est un chevalier. Ce nest ni un clerc habile à composer des livres, ni un chroniqueur formé à la recherche dinformations écrites ou orales. Néanmoins, sa démarche est sincère et désintéressée. Il raconte surtout ce quil a personnellement connu du règne de saint Louis, essentiellement la croisade en Égypte et le séjour en Terre sainte. Son récit est plein de vie, danecdotes et même de traits dhumour. Cest plus un témoignage personnel sur le roi quune histoire du règne.

La fraîcheur et la précision de ses souvenirs impressionne, surtout quand on sait quil a écrit son récit plusieurs décennies après les faits. Certains médiévistes ont expliqué cela en supposant que Joinville avait souvent raconté oralement son passé aux côtés de saint Louis ou quil lavait consigné par écrit.

Mais Joinville parle presque autant de lui-même que du roi, le sujet de son livre, mais il le fait dune manière si naturelle quil ne donne jamais limpression de vouloir se mettre en avant. Nous avons ainsi un éclairage incomparable sur les façons de penser dun homme du XIIIe siècle. Pour cette raison, les éditeurs modernes ont parfois hésité à désigner son œuvre comme ses Mémoires ou plutôt comme lHistoire ou la Vie de saint Louis.

Les saintes paroles

La première partie de louvrage de Joinville est consacrée aux saintes paroles du roi. Joinville rapporte les propos édifiants du roi et ses vertus chrétiennes.

La parole est très importante chez saint Louis. Sa parole est morale et didactique, à limage des prédicateurs (dominicains et franciscains) dont il sentoure. Elle transmet un enseignement moral et religieux et vise souvent à fortifier la foi de linterlocuteur. Il existait une intimité entre le roi et ses proches (familiers, confidents, conseillers, parmi lesquels figurent Joinville et Robert de Sorbon) qui sexprimait particulièrement dans la conversation : le roi invite ses interlocuteurs à répondre à ses questions, souvent en vue de les instruire sur les plans moral et religieux. Cette importance de la parole royale est particulièrement bien rendue par Joinville, qui fait très souvent parler ses personnages. Cest un des premiers mémorialistes à intégrer le dialogue reconstitué dans un récit. Il utilise le plus souvent le style direct et marque les interventions des personnages par des annonces comme « dit-il » ou « fit-il ». Et Joinville ne fait jamais tenir de longs discours monologués à ses personnages : les enseignements découlent toujours du dialogue.

Dautre part, cest à travers les paroles du roi que ressort sa foi profonde et sa sainteté. Pour Joinville, Louis IX incarnait lidéal du prudhomme, à la fois pieux, courageux, bon, intelligent et sage, un homme qui défend la foi chrétienne par son courage. Et de fait, dans lœuvre de Joinville se dessine limage dun roi aimant ardemment son Dieu, bienveillant pour son peuple, humble, modéré et courtois, sage et juste, pacifique, loyal et généreux. Sous certains aspects, Joinville nest parfois pas très loin de lhagiographie.

Joinville, comme son roi, était manifestement très attaché à la religion chrétienne, à ses doctrines, à sa morale et à ses pratiques. On en a pour preuve un petit ouvrage dédification quil composa en 1250, intitulé li romans as ymages des poinz de nostre foi, Joinville fait un bref commentaire du Credo. Mais sa foi profonde et sincère contraste avec lhéroïsme chrétien presque exalté du roi. Le christianisme de Joinville est plus terre à terre, plus proche de celui du commun des mortels.

La croisade

Joinville raconte également les hauts faits de saint Louis, en particulier le déroulement de la septième croisade et le séjour en Terre sainte qui suivit, qui occupe la plus grande partie de son livre.

Valeur du témoignage de Joinville

Si Joinville ne fait pas œuvre dhistorien, il est cependant tout à fait sincère. Quand il doit mentionner des faits dont il na pas été témoin, il exprime des réserves au sujet de ce quil rapporte par ouï-dire et il reconnaît les emprunts quil fait à dautres chroniqueurs. Certes, lorsquil parle du début du règne de saint Louis, ne pouvant avoir de cette période des souvenirs personnels, il fait certaines confusions mais, à partir de la croisade de 1248, on ne le prend en défaut, sauf erreurs de détails, sur aucun des faits pour lesquels un recoupement est possible.

Cela posé, on peut se demander si la présentation générale des faits nest pas conditionnée par sa propre personnalité, par ses conceptions et par son admiration pour le roi. Peut-être sa position de noble et sa méfiance pour le gouvernement de Philippe le Bel ont pu lamener à donner de la manière de gouverner de saint Louis une image proche de celle quon se faisait du souverain idéal. Mais il ne sagit pas dun enseignement organisé, qui envisage les diverses qualités et les divers devoirs du souverain. Il part de la personne du roi, lobjet de son livre, et il exprime clairement que les successeurs de celui-ci feraient bien den suivre lexemple, mais il ne va pas plus loin ; il nécrit pas un ouvrage de morale.

Lœuvre entrait dans les vues dune politique capétienne soucieuse dexploiter au mieux le prestige du roi mort à la croisade. Mais le recul du temps et, surtout, le désintéressement de Joinville et sa naïve rudesse donnent à ses souvenirs une exceptionnelle valeur.

Précédé par Jean de Joinville Suivi par
Simon
sire de Joinville
Blason Joinville 52.svg
Anseau

Bibliographie

  • Jules Simonnet, Essai sur l'histoire de la généalogie des sires de Joinville (1008-1386) accompagné de chartes, Société historique et archéologique de Langres, 1875, F. Dangien

Liens externes

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