- Histoire des Afro-Américains
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Sommaire
Chronologie
N.B. : cette chronologie n'est pas exhaustive
- 1619 : première mention d'esclaves africains dans les colonies anglaises[1]
- 1777 : Le Vermont abolit l'esclavage[2]
- 1780 : La Pennsylvanie abolit l'esclavage[3]
- 1783 : Le Massachusetts abolit l'esclavage[4]
- 1808 : abolition de la traite aux États-Unis
- 1861-1865 : Guerre de Sécession
- 1865 : abolition de l'esclavage aux États-Unis
- 1875 : Civil Rights Act de 1875
- 1896 : arrêt Plessy v. Ferguson (ségrégation raciale)
- 1909 : fondation du National Association for the Advancement of Colored People
- 1954 : arrêt Brown v. Board of Education
- 1963 : discours de Martin Luther King (« I have a dream »)
- 1964 : Civil Rights Act
- 1965 : assassinat de Malcolm X ; Voting Rights Act
- 1968 : assassinat de Martin Luther King
- 2008 : élection du premier président afro-américain : Barack Obama
- 2009 : Michael S. Steele devient le premier Afro-Américain à la tête du parti républicain.
La traite des Noirs en Amérique du Nord
Articles détaillés : Esclavage aux États-Unis et Thomas Jefferson et l’esclavage.Les Afro-Américains descendent pour la plupart des esclaves noirs déportés sur les bateaux négriers au temps de la traite atlantique. On estime à plusieurs millions le nombre de personnes ayant été transportées de force sur le continent américain. Les premiers esclaves noirs furent importés en Virginie en 1619[5]. Les colonies anglaises du sud du littoral atlantique avaient besoin de la main d’œuvre servile pour travailler dans les plantations de tabac. Tout au long du XVIIIe siècle, la traite s’intensifie pour atteindre le chiffre de 300 000 arrivées[6]. En 1790, 20 % de la population des jeunes États-Unis est d’origine africaine[7]. Dès cette époque, on peut observer des métissages avec les Blancs.
Dès 1770, les sociétés Quakers de Nouvelle-Angleterre sont hostiles à l’esclavage des Noirs. L'esclavage est aboli en 1777 dans le Vermont[8]. La Virginie décida d'abolir la traite en 1778[9].
Pendant la guerre d'indépendance américaine (1775-1783), des soldats noirs, qu'ils soient esclaves ou libres, ont participé au conflit dans les deux camps, loyaliste et insurgent. On estime que 5 000 Noirs ont combattu dans l’armée américaine[10] et plusieurs d'entre eux furent affranchis[11].
La Révolution américaine plaça au cœur des débats politiques la place et le statut des Noirs dans la société. Le Congrès continental discuta intensément de l'esclavage. Thomas Jefferson, dans la Déclaration d'indépendance américaine, préféra ignorer le sujet, afin de ne pas mécontenter les régions du Sud qui vivaient de l'économie de plantation. L’esclavage sera du ressort de chaque état fédéré. Si la Constitution américaine (1787) fondait les bases démocratiques de la nouvelle République, elle excluait les africains du droit de vote, de même que les femmes, les Amérindiens et les pauvres.
La Guerre de Sécession et l’abolition de l’esclavage
La traite des esclaves est officiellement abolie aux États-Unis en 1808. Mais la question de l’esclavage n’est pas réglée et oppose les Américains. Le courant abolitionniste se développe parmi les auteurs du nord-est du pays (William Ellery Channing (1780 –1842) ; ). Dans les années 1820, la Female Anti-slavery Society dénonce l'esclavage. Les églises baptiste et méthodiste se détachent progressivement du contrôle des Blancs et s'organisent en communautés d'entraide : en 1816, l’Eglise épiscopale méthodiste africaine s’émancipe. Les esclaves affranchis qui gagnent bien leur vie, essaient alors d’acheter la liberté des membres de leurs familles. Les idées de la révolution américaine, les soulèvements d'esclaves et la révolution haïtienne font craindre chez certains planteurs une insurrection générale de la population noire . En 1831, l'esclave Nat Turner, conduit une révolte dans le comté de Southampton en Virginie (51 blancs sont tués en une journée). Elle est finalement écrasée et son chef est exécuté. Le problème de l'esclavage dans le Sud des États-Unis, en partie révélée par le livre La Case de l'oncle Tom conduisit Abraham Lincoln à promettre son abolition s'il était élu. Son élection conduisit donc les États du Sud à demander la Sécession. Celle-ci leur fut refusée (elle aurait en effet privé les caisses fédérales de l'essentiel de ses impôts), conduisant à une guerre civile appelée Guerre de Sécession (1861–1865) . Finalement, en 1865, le 13e amendement à la constitution abolit l’esclavage sur tout le territoire américain. Après 1865, un grand nombre d'anciens esclaves se retrouvent sans travail et de nombreux planteurs font faillite. De nombreux Noirs commencent à partir vers les cités industrielles du Midwest et du Nord-Est des États-Unis. Rejetés par les populations blanches, ils se regroupent dans certains quartiers : Harlem à New York.À Boston, ils s’établissent dans le quartier de Roxbury, au sud du centre-ville ainsi qu'à Mattapan et North Dorchester[12].
Ségrégation et discrimination
Articles détaillés : Ségrégation raciale aux États-Unis et Mouvement des droits civiques aux États-Unis de 1896 à 1954.La Guerre de Sécession laissa des rancœurs dans les États du Sud : après la fin de l'occupation militaire est mise en place la ségrégation par peur du métissage et par la psychose du viol des femmes blanches par les hommes noirs[13]. Les Afro-Américains sont également victimes de violences, de lynchages et de la haine du Ku Klux Klan, mouvement terroriste fondé en 1864. Les Républicains les plus radicaux tels que Thaddeus Stevens et Charles Sumner revendiquent le droit de vote pour les Noirs. Le Congrès américain vote une loi des droits civiques (Civil Rights Act) ou XIVe amendement qui accorde la citoyenneté et l'égalité des droits aux Noirs en 1866. En 1869, le XVe amendement interdit de limiter le droit de vote des Noirs. Les lois Jim Crow sont promulguées dans les États du sud des États-Unis au XIXe siècle dans le but de restreindre la plupart des droits accordés aux anciens esclaves après la guerre de Sécession. Elles instaurent le développement séparé mais égal, c'est-à-dire la ségrégation dans les lieux publics, y compris les trains et les bus. Le nombre d’électeurs noirs continuera à augmenter jusqu’en 1880. Après la période de la Reconstruction, une grande partie de la législation des droits civiques est déclarée anticonstitutionnelle par la Cour suprême. Tout particulièrement, la Cour suprême déclare dans les Civil Rights Cases de 1883 que le Civil Rights Act de 1875 est inconstitutionnel, le XIVe amendement ne concernant que les États et non les personnes, le Congrès ne peut interdire aux personnes et aux entreprises privées (transport, restauration, théatres) de pratiquer la ségrégation. En 1896, la cour va plus loin et dans l'arrêt Plessy v. Ferguson, elle autorise les États eux-mêmes à pratiquer la ségrégation, à condition que les conditions offertes aux deux races soient « séparées mais égales » (doctrine separate but equal). Dans certains états, on exige des électeurs de citer et commenter des passages de la Constitution devant un jury, qui élimine alors systématiquement les électeurs noirs.
Les principaux protagonistes de la cause des Noirs sont Booker T. Washington, Marcus Garvey et William Edward Burghardt Du Bois. Ce dernier fonde en 1910 la NAACP (National Association for the Advancement of Coloured Peoples). Le Parti Communiste américain suggère la création de communautés noires autonomes dans le sud.
La situation des Afro-américains s'améliore lentement : leur intégration sociale progresse grâce à l'armée pendant la Seconde Guerre mondiale (700 000 Noirs dans l'Armée en 1944[14]. La guerre a plutôt tendance à souder la nation[15], même si des émeutes raciales éclatent en 1943. Roosevelt prend des mesures pour limiter les discriminations dans l'administration fédérale (Executive Order 8802[14]). En 1942, le Congress of Racial Equality est fondé pour lutter contre la discrimination dans les bâtiments publics du Nord du pays[14]. La Grande migration commencée dans l'Entre-Deux Guerres se poursuit : plusieurs milliers de Noirs quittent le Sud pour travailler dans les métropoles californiennes.
En 1948, le président Harry S. Truman ordonne la déségrégation dans l'armée américaine. La majorité de leurs efforts était des actes de désobéissance civile avec pour but de violer les règles et lois de ségrégation raciale en refusant par exemple de céder un siège, dans le compartiment réservé aux noirs dans un bus, à une personne blanche (Rosa Parks), ou en organisant des sit-ins dans des restaurants exclusivement réservés aux blancs. Ce n'est qu'à partir de l'arrêt historique Brown v. Board of Education de 1954 que la ségrégation fut remise en cause. En 1957 le président Eisenhower doit faire intervenir la police à Little Rock pour protéger des jeunes Noirs voulant aller dans une école pour blancs sous les jets de tomates. La CIA démantèle le Ku Klux Klan pendant les années 1960 (Mississippi Burning). Motivé par l’indépendance des colonies d’afrique noire, Martin Luther King organise la Marche sur Washington en 1963 tandis que Malcolm X milite pour un État noir indépendant. Luther King le pacifiste appelle toutes les ethnies américaines à faire la paix. En 1965 le président Johnson et le Congrès mettent en place la discrimination positive dans les universités. L’assassinat des deux leaders noirs par des extrémistes blancs va néanmoins déclencher de violentes émeutes raciales dans tout le pays. Martin Luther King a droit à une journée feriée qui porte son nom. Un nouveau Civil Rights Act est voté par le Congrès en 1964, et cette fois, soutenu par la Cour suprême. Cet acte, avec le Voting Rights Act (loi sur le droit de vote) de 1965, met effectivement fin à la ségrégation.
Pour son acte de bravoure, durant la premiere guerre mondiale, le caporal Africain Americain Freddie Stowers fut décoré, à titre posthume, de la Medal of Honor, plus haute distinction des États-Unis. Cependant, celle-ci ne lui fut accordée qu'en 1991.
En juillet 2003, le président George W. Bush avait parlé de l'esclavage comme « l'un des plus grands crimes de l'Histoire », au cours d'une visite sur l'île de Gorée au Sénégal[16]. Cinq ans plus tard, la Chambre des représentants présente des excuses pour l'esclavage et la ségrégation raciale envers les Noirs[16]. Puis c'est au tour du Sénat des États-Unis le 18 juin 2009, sous la forme d'une résolution symbolique[16].
Discrimination positive
Article détaillé : Discrimination positive.Le premier à utiliser l'expression Affirmative action est le président américain John Fitzgerald Kennedy[17] ; elle fut ensuite reprise par son successeur à la Maison Blanche Lyndon Johnson. Leur idée était que, malgré les lois en faveur de l'égalité, les Noirs resteraient en retard par rapport au reste de la population américaine. Le but était de faire en sorte que les Noirs soient davantage représentés dans les emplois qualifiés, les universités, les médias, etc. Dès les années 1960, des emplois préférentiels sont mis en place. Mais il ne s'agit en aucun cas d'une politique de quotas : en 2003, la Cour Suprême a condamné le principe des quotas comme étant contraire à l'égalité devant la loi et à la libre concurrence[18]. Les résultats sont jugés convaincants aux États-Unis : en 1960, 13 % des Afro-Américains appartenaient aux classes moyennes, ils sont 66 % en 2000[19].
Les Noirs sont de plus en plus nombreux en politique. Ainsi, en 1972, Shirley Chisholm est la première Afro-Américaine élue au Congrès (novembre 1968). En 1972, elle se présente à l'investiture démocrate pour l'élection présidentielle[20], mais elle est battue par George McGovern. En 2009, Barack Obama devient le premier président noir des États-Unis.
Histoire des Afro-Américains dans la culture
Plusieurs films évoquent la place des Afro-Américains dans la Seconde Guerre mondiale : dans Miracle à Santa Anna (2007), le réalisateur noir Spike Lee met en scène des soldats afro-américains qui prennent un village de Toscane. Anthony Hemingway filme l'action du premier escadron noir de l'armée de l'air américaine dans son film Red Tail.
Voir aussi
Notes
- ISBN 2729802630), p.28 Étienne de Planchard de Cussac, Le Sud américain. Histoire, mythe et réalité, Paris, Ellipses, 2001, (
- ISBN 2-262-01821-9), p.425 Jacques Binoche, Histoire des États-Unis, p.103 ; Bernard Cottret, La Révolution américaine : La quête du bonheur 1763-1787, Paris, Perrin, 2003, (
- ISBN 2-262-01821-9), p.425 ; Bernard Vincent, La Révolution américaine 1775-1783, Nancy, Presses Universitaires de Nancy, 1985, tome 2, (ISBN 2-86480-211-2), p.11 Bernard Cottret, La Révolution américaine : La quête du bonheur 1763-1787, Paris, Perrin, 2003, (
- ISBN 2-86480-211-2), p.12 Bernard Vincent, La Révolution américaine 1775-1783, Nancy, Presses Universitaires de Nancy, 1985, tome 2, (
- Jacques Binoche, Histoire des États-Unis, Paris, Ellipses, 2003, p.21
- Jacques Binoche, Histoire des États-Unis, Paris, Ellipses, 2003, p.22
- Jacques Binoche, Histoire des États-Unis, Paris, Ellipses, 2003, p.55
- Jacques Binoche, Histoire des États-Unis, Paris, Ellipses, 2003, p.103
- C. Fohlen, Thomas Jefferson, 1992, p.34
- Sidney Kaplan and Emma Nogrady Kaplan, The Black Presence in the Era of the American Revolution, pp. 64-69
- ISBN 2-02-079950-2, p.117 Nicole Bacharan, Faut-il avoir peur de l’Amérique ? , Paris, éditions du Seuil, 2005,
- lire en ligne] D'après les données de Boston's population 2000, Boston Redevelopment Authority, 2000, [
- ISBN 2-02-079950-2, p.128 Nicole Bacharan, Faut-il avoir peur de l’Amérique ? , Paris, éditions du Seuil, 2005,
- Pierre Mélandri 2008, p.290
- Pierre Mélandri 2008, p.291
- Le Monde du 18-06-2009, [lire en ligne] « Le Sénat américain présente ses excuses pour l'esclavage » dans
- ISBN 2-02-079950-2, p.137 Nicole Bacharan, Faut-il avoir peur de l’Amérique ? , Paris, éditions du Seuil, 2005,
- ISBN 2-02-079950-2, p.138 Nicole Bacharan, Faut-il avoir peur de l’Amérique ? , Paris, éditions du Seuil, 2005,
- ISBN 2-02-079950-2, p.140 Nicole Bacharan, Faut-il avoir peur de l’Amérique ? , Paris, éditions du Seuil, 2005,
- Pap Ndiaye, « Amérique, année zéro ? », dans [[Géo (magazine)|]] n°356, octobre 2008, p.50
Articles connexes
Bibliographie
- Pierre Mélandri, Histoire des États-Unis contemporains, André Versaille éditeur, 2008, 992 p. (ISBN 9782874950094)
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