Eugène De Beauharnais

Eugène De Beauharnais

Eugène de Beauharnais

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Eugène de Beauharnais
Eugène de Beauharnais
Naissance 3 septembre 1781
Paris
Décès 21 février 1824 42 ans)
Munich
Origine France France
Grade 1798 : Lieutenant
1799 : Chef d'escadron
1802 : Colonel
1804 : Général de Brigade
Faits d’armes 1809 : Bataille de Raab
1809 : Bataille de la Piave
Distinctions Grand officier de la Légion d'honneur
Autres fonctions Vice-roi d'Italie
Prince de Venise
Grand-duc de Francfort
Duc de Leuchtenberg
Prince d'Eichstätt
Famille Maison de Beauharnais
Image : Eugène de Beauharnais par Andrea Appiani

Eugène Rose de Beauharnais (Paris, 3 septembre 1781Munich, 21 février 1824) était un membre de la famille impériale française, fils adoptif de l'Empereur, vice-roi d'Italie, prince de Venise, grand-duc de Francfort, duc de Leuchtenberg et prince d'Eichstätt.

Sommaire

Biographie

Origine

Eugène de Beauharnais naît le 3 septembre 1781 à Paris. Il est le fils du vicomte Alexandre de Beauharnais, un officier de l'armée royale, et de la créole Marie-Josèphe de Tascher de la Pagerie, que l'Histoire connaît plus volontiers sous le prénom que lui donnera son second époux : Joséphine.

Les débuts de la Révolution française

Il grandit dans une période historiquement très troublée. Pendant les années 1789 et 1790, alors que sa mère et sa jeune sœur Hortense de Beauharnais sont en Martinique, il assiste aux séances de l'Assemblée constituante auxquelles participe son père.

Le 21 juin 1791, lors de la tentative de fuite de la famille royale, ce dernier est d'ailleurs président de l'Assemblée Nationale.

Le 20 avril 1792, l'Assemblée législative déclare la guerre au "roi de Hongrie", (neveu de la reine Marie-Antoinette qui n'a pas encore été couronné Empereur) qui est notre allié depuis 1756. Alexandre de Beauharnais rejoint l'armée et fait venir son fils auprès de lui. Le jeune Eugène, âgé de onze ans, partage alors son temps entre un collège strasbourgeois et le quartier général de Wissembourg.

La Convention

Mais l'avènement de la Convention modifie considérablement la situation de la famille. En 1794, les époux Beauharnais sont arrêtés et enfermés dans la prison des Carmes à Paris. Alexandre de Beauharnais est guillotiné.[1] Son épouse est relâchée. À l'automne 1795, Eugène et Hortense sont mis en pension à Saint-Germain.

Le Directoire

Sous le Directoire, la "veuve Beauharnais", qui tient salon à Paris, rencontre le général Napoléon Bonaparte. Ils se marient le 9 mars 1796 à Paris. Le jeune général doit partir quelques jours plus tard pour le front d'Italie et s'attache Eugène comme aide de camp[2].

II fait partie de l'expédition d'Égypte et se trouve aux actions les plus meurtrières. Il participe à l'attaque de Suez[3] et à la bataille d'Aboukir.

De retour en France, le coup d'État du 18 brumaire fait de lui le beau-fils du chef de l'état et lance le jeune officier de 18 ans dans le monde. Il est fait chef d'escadron sur le champ de bataille de Marengo.

En 1802, il est fait colonel. Il devient général de brigade au commencement de 1804.

L'Empire

Article détaillé : Royaume d'Italie (1805-1814).

La proclamation de l'Empire, le 18 mai 1804, va profiter à Eugène de Beauharnais qui est nommé grand officier de la Légion d'honneur, général de brigade et colonel-général des chasseurs de la Garde. Napoléon lui fait confiance et n'hésite pas à s'appuyer sur un prince dont la devise est « Honneur et Fidélité »[4].

En 1805, il obtient le titre d'archichancelier d'État et de grand officier de la Légion d'honneur ; il n'a encore que 24 ans. Bientôt après, Eugène est chargé, en qualité de vice-roi, de l'administration du royaume d'Italie (7 juin 1805), où il passe presque la moitié de son temps.

Après la campagne de 1805, il épouse la princesse Augusta Amélie de Bavière, et Napoléon l'investit du titre de Prince de Venise, le déclare son fils adoptif et l'héritier présomptif de la couronne d'Italie.

La campagne de 1809

En 1809, 100 000 Autrichiens attaquent l'Italie. Eugène, à la tête de l'armée d'Italie, perd d'abord la bataille de Sacile, mais bientôt il prend sa revanche dans vingt combats brillants et il réussit à repousser l'ennemi, opère sa jonction avec la Grande Armée aux environs de Vienne. Cette marche glorieuse est couronnée par la bataille de Raab, que Napoléon Ier surnomera petite fille de Marengo et de Friedland .

C'est pendant la campagne d'Autriche de 1809 qu'Eugène commande en chef pour la première fois. Parti de Milan le 5 avril, il va à la rencontre de l'archiduc Jean, qui s'avançe sur l'Isonzo avec des forces considérables, éprouve un échec sur la Piave qui ne le décourage pas, notamment le 16 avril à Sacile. Aidé des généraux Macdonald, Baraguay d'Hilliers, Barbou, Grenier, Broussier, il repousse bientôt l'ennemi, s'empare de Vicence et de Bassano, bat à plates-coutures l'archiduc à la bataille de la Piave, et s'empare de toutes les positions sur le revers des montagnes de la Carinthie.

Pendant qu'il poursuit sa marche victorieuse vers les frontières de la Hongrie, il apprend que le général autrichien Jellachich, cherche à se réunir à l'archiduc Jean. Eugène l'attaque et l'oblige à poser les armes avec la totalité des troupes qu'il commande. Le succès de cette journée décisive lui permet d'opérer sa jonction avec la Grande Armée sur les hauteurs de Semmering. Les 5-6 juillet 1809, il participe ensuite à la bataille de Wagram.

On remarque avec étonnement que le vice-roi, depuis le passage de la Piave jusqu'à Semmering, fait aux ennemis un plus grand nombre de prisonniers qu'il n'avait de soldats sous les drapeaux.[5]

C'est à l'occasion de cette marche d'Eugène, si remarquable sous le rapport stratégique, que l'Empereur adresse aux soldats du vice-roi ces paroles célèbres : « Soldats de l'armée d'Italie, vous avez glorieusement atteint le but que je vous avais marqué, soyez les bienvenus! Je suis content de vous. »

Le divorce de l'empereur

À l'époque de la répudiation de Joséphine, il vient à Paris, mandé par l'Empereur, et prie Napoléon de lui accorder une explication en présence de l'Impératrice.[6] Après le divorce de sa mère, qui le navre, il veut renoncer aux affaires, mais vaincu par les instances de Joséphine et de Napoléon lui-même, il sacrifie ses ressentiments personnels, mais dès lors refuse toute faveur nouvelle qui n'aurait été pour lui que le prix du divorce de sa mère.

la campagne de Russie

En 1812, il obtient le commandement des troupes italiennes, françaises et bavaroises du quatrième corps d'armée partant à la conquête de la Russie. Tous les témoignages sont unanimes : c'est là le grand moment de sa carrière militaire lors de la campagne et surtout à la retraite de Russie.

Il se signale à la bataille d'Ostrovno. Le prince se conduit en héros. Les conditions épouvantables de la retraite vont assombrir son caractère et prématurément le vieillir.

Il commande le 4e corps, qui est entièrement détruit. La défection de Murat le laisse à la tête des débris de la Grande Armée réduite à quelques milliers d'hommes dénués de tout, attaqué tous les jours par les armées russes et prussiennes, tous les jours risquant d'être débordé. En soixante jours il fait une retraite magnifique échappant à l'encerclement et faisant la jonction avec la nouvelle armée des conscrits livrée par l'Empereur. Cette campagne de 50 jours, depuis Posnau jusqu'à Leipzig, est peut-être l'épisode le plus étonnant de l'expédition de Russie, et tous les militaires s'accordent à le regarder comme un chef-d'œuvre de stratégie qui, seul, place le prince Eugène au rang des plus grands généraux. [7]

Le prince arrive à Leipzig le 9 mars, et son armée, grossie pendant la marche, compte alors 50 000 hommes, avec lesquels il peut tenir la ligne de l'Elbe, menacée par 150 000 alliés.

La chute de l'empire

En 1813, le vice-roi doit retourner en Italie où il doit éviter les mouvements de sédition et maintenir l'ordre et la sécurité. Après l'échec de la campagne de Saxe, les Autrichiens menacent la plaine du , Murat oscille entre fidélité et trahison et seul il doit affronter les armées autrichiennes et napolitaines, il se montre avisé et retarde l'échéance inéluctable grâce à sa victoire lors de la bataille du Mincio, le 8 février 1814. Il sait résister aux pressions de son beau-père Maximilien, lui laissant espérer le royaume d'Italie s'il trahissait Napoléon. Même si le fait qu'il ne donne pas suite au mois de janvier 1814 à l'appel de l'Empereur à laisser l'Italie lui vaut l'accusation de trahison qui lui a été faite par quelques généraux.

Il perd tout espoir de sauver son trône après les émeutes du 20 avril 1814 à Milan et le meurtre du ministre des finances du Royaume Giuseppe Prina, qui est lynché par la foule. Le 26 avril 1814, le vice-roi d'Italie est contraint d'abandonner son trône et va chercher asile en Bavière, dans sa belle-famille.

L'exil en famille

Au congrès de Vienne, il attend une principauté et une rente annuelle, on lui propose Pontecorvo dont Bernadotte était précédemment prince héréditaire, il regagne Munich où il jouit de l'estime des Wittelsbach lorsque l'Empereur débarque de l'île d'Elbe à Golfe Juan le 1er mars 1815.

Au retour de Napoléon, en 1815, il se trouve à Vienne et ne prend aucune part à la guerre. Il est obligé, pour ne pas être arrêté, de s'engager sur parole à ne pas quitter la Bavière.

C'est donc en spectateur qu'il assiste aux Cent-Jours, à la défaite de Waterloo, à la seconde abdication. Il ne joue plus aucun rôle ni politique ni militaire et se contente après avoir reçu de son beau-père le duché de Leuchtenberg, de gérer sa fortune et de placer sa nombreuse progéniture.

Mariage et descendance

La vie privée d'Eugène de Beauharnais n'est pas moins dépendante de l'Empereur que sa vie professionnelle. Cherchant à introduire sa famille dans le cercle des dynasties européennes, Napoléon arrange le mariage entre son beau-fils adoptif et Augusta-Amélie de Bavière, fille de l'électeur Maximilien de Bavière (qui devient roi après le traité de Presbourg en 1806), célébré le 14 janvier 1806.[8]

L'union entre Eugène de Beauharnais et Augusta-Amélie de Bavière, bien qu'arrangée pour des raisons politiques, est particulièrement heureuse, ils eurent sept enfants :

La mort

Eugène de Beauharnais meurt le 21 février 1824 à Munich, d'une attaque d'apoplexie, à l'âge de quarante-deux ans. Ses funérailles sont grandioses, le deuil étant conduit par son beau-père le roi de Bavière en personne. Il est sincèrement pleuré dans sa belle-famille et par le peuple de Bavière qu'il avait su séduire par son intelligence et la droiture de son caractère. Le couple ayant particulièrement bien marié ses enfants, Eugène de Beauharnais est ainsi l'ancêtre de la plupart des dynasties régnantes d'Europe (actuels roi de Norvège, Suède, Danemark et Grèce).

Généalogie

Eugène de Beauharnais est l'ascendant de Nicolas de Leuchtenberg.

Liens internes

Lien externe

Titres

  • 18041805 : Son Altesse Impériale Eugène, prince français
  • 18051807 : Son Altesse Impériale Eugène, prince français et vice-roi d'Italie
  • 18071810 : Son Altesse Impériale Eugène, prince français, vice-roi d'Italie et prince de Venise
  • 18101814 : Son Altesse Impériale Eugène, prince français, vice-roi d'Italie, prince de Venise et grand-duc de Francfort
  • 18171824 : Son Altesse Royale Eugène, duc de Leuchtenberg et prince d'Eichstätt

Initié à la Franc-maçonnerie, Eugène de Beauharnais était également Grand maître du Grand Orient d'Italie et du Suprême conseil italien, après avoir été Vénérable d'honneur de la loge Saint-Eugène à l'Orient de Paris[9].

Notes et références

  1. En 1794, après la mort de son père sur l'échafaud révolutionnaire, Joséphine étant en prison, ses deux enfants Eugène et Hortense avaient été livrés à des mains étrangères par les comités des sections ; une vieille gouvernante prit soin de la jeune Hortense ; Eugène fut mis en service et en apprentissage chez un menuisier.
  2. .Eugène entre dans la carrière militaire en qualité d'aide-de-camp de son beau-père; mais avant de partir pour l'Italie, il complète son éducation imparfaite.
  3. où il entre le premier, à la tête de l'avant-garde, le 8 novembre 1798, et mérite le grade de lieutenant
  4. Le 4 juin 1804, jour anniversaire de Marengo, Napoléon, empereur, donna à son beau-fils le titre de Prince français
  5. Quand Napoléon le revoit, il le tient longtemps pressé sur son cœur, puis le présente aux maréchaux et à son état-major, il s'écrie : « Ce n'est pas seulement le courage qui aurait amené ici Eugène; il n'y a que le cœur qui puisse opérer de pareils prodiges ! »
  6. Dans cette circonstance, où Napoléon ne pouvait motiver sa résolution qu'en faisant valoir l'intérêt de la France, Joséphine sait se taire et se résigner ; mais tremblant de voir l'avenir de son fils compromis, et portant ses yeux remplis de larmes sur Eugène, elle dit à l'Empereur : « Une fois séparés, mes enfants ne seront plus rien pour vous. Faites Eugène roi d'Italie, et votre politique, j'ose le croire, sera approuvée par toutes les puissances de l'Europe. » — Le prince dit alors vivement : « Ma bonne mère, qu'il ne soit nullement question de moi dans cette triste occurrence. Votre fils ne voudrait pas d'une couronne qui semblerait être le prix de votre séparation. » Napoléon, que la noblesse de ce discours émeut profondément, tend la main au vice-roi, la serre avec force et répond avec gravité : « Je reconnais Eugène dans ces paroles; il a raison de s'en rapporter à ma tendresse. »
  7. Nous avons tous commis des fautes, dit Napoléon, Eugène est le seul qui n'en ait pas fait.
  8. Le voyage de noces, de Munich à Milan, en passant par Venise, est triomphal et la princesse semble très éprise de son époux. En 1814, elle écrit à son père : « Je le suivrai partout, bien sûre qu'il ne s'écartera jamais du chemin de la vertu et de l'honneur ». Après la perte du trône d'Italie, c'est en Bavière, à Munich, que vivent le prince Eugène et son épouse. Ils s'y font construire un palais où le prince installe sa bibliothèque ainsi qu'une collection de tableaux qu'il ouvre au public, constituée en partie par l'héritage de sa mère. Lui-même pratique le dessin et la musique. Goethe, lorsqu'il le rencontre à Marienbad, le juge « un grand caractère ».
  9. Daniel Ligou, Dictionnaire de la Franc-maçonnerie, Presses universitaires de France, 3e éd., 1991, p. 118.

Bibliographie

Source partielle

  • « Eugène de Beauharnais », dans Marie-Nicolas Bouillet et Alexis Chassang [sous la dir. de], Dictionnaire universel d’histoire et de géographie, 1878 [détail des éditions]  (Wikisource)
  • « Eugène de Beauharnais », dans Charles Mullié, Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850, 1852 [détail de l’édition] (Wikisource)
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