Culture de la Roumanie

Culture de la Roumanie

Cet article traite de la culture de la Roumanie.

Tradition est-européenne pré-chrétienne, le Mărțișor s'offre aux dames le 1er Mars (début traditionnel du printemps) ou le 8 mars (jour de la femme).

Sommaire

Évolution culturelle

La culture traditionnelle des Roumains puise à trois racines principales :

  • les racines latines qui sont présentes dans la langue romane et dans la construction identitaire de la nation roumaine ;
  • les racines rurales et pastorales, héritées des ancêtres Proto-roumains, toujours très présentes dans la société actuelle et qui ont longtemps été magnifiées par la culture savante, sous tous les régimes[1] ;
  • les racines orientales, partagées avec la plupart des cultures voisines, qui se manifestent par la religion chrétienne orthodoxe, l'héritage byzantin et slave présent dans l'architecture ancienne et l'écriture médiévale, la cuisine, de nombreuses coutumes, les rythmes de vie, la structure sociale.

À cette culture traditionnelle s'est ajoutée, à partir du début du XIX-ème siècle, l'influence, l'attraction et finalement la fascination de la culture savante occidentale, influence liée à la construction même de la nation et de l'Etat roumain, attraction liée à l'essor de la littérature, des arts, des sciences et des techniques des deux derniers siècles, et fascination que le demi-siècle de dictatures se succédant durant la seconde moitié du XX-ème siècle n'a fait qu'exacerber, en tentant de la juguler.

Aujourd'hui, la culture traditionnelle et la culture savante sont toujours là, mais à côté se développent plusieurs formes nouvelles de culture populaire, comme dans d'autres pays, certaines puisant aux racines anciennes, d'autres d'inspiration complètement différente (par exemple, les Roms développent des styles architecturaux et musicaux propres qui puisent tant du côté de leurs propres traditions que du côté de Bollywood, du rap, du hip-hop et du raï, et ces styles diffusent largement au-delà de leur communauté).

Enfin, alors que durant un demi-siècle de dictatures et de pénurie les Roumains n'ont eu le droit de se plaindre de rien et ont du afficher une unanime camaraderie, depuis la Libération de 1989 ils ne cessent de se plaindre de tout et de se lamenter, à longueur de médias, de leur propre inconstance, arrivisme, inculture, paresse, corruption, désorganisation, inefficacité, pauvreté, le tout démenti par les chiffres, les analyses statistiques et sociologiques et un développement qui reste très visible malgré la crise[2]. Cette complainte est désormais inhérente à l'identité roumaine actuelle, et l'historien Neagu Djuvara l'a appelée "la culture Aoleu-vai-de-noi" ("Aïe-aïe-aïe-pauvres de nous")[3]. La principale illustration de la "culture Aoleu-vai-de-noi" est l'aphorisme suivant, dû à l'humoriste et essayiste George Pruteanu : "-Comment les Roumains pourraient-ils se défaire de leurs démons, alors qu'on leur apprend à l'école primaire le poème Chiot au poil crépu, qui vole le canard tout frais, j'ai beau l'avoir vu, lui jure que c'est pas vrai !, au collège le poème Miorița qui raconte comment deux mauvais bergers complotent pour assassiner le bon berger, et au lycée le poème Étoile du matin d'Eminescu où une minette superficielle, après avoir mené un génie au bord de la folie et du suicide, lui préfère un bellâtre quelconque".

Exception linguistique

Articles détaillés : Langue roumaine et Origine des roumanophones.

Les Roumains décrivent souvent leur pays comme une « île de latinité dans un océan slave ». Cette expression isolationniste a été popularisée par Nicolae Iorga, historien et homme politique de l'entre-deux-guerres. Toutefois il faut mettre un bémol sur la Hongrie qui ne fait pas partie des pays slaves. Mais surtout, la latinité est essentiellement linguistique: sur les autres plans de la culture traditionnelle, la Roumanie se situe bien au carrefour de l'Europe centrale à laquelle elle appartient par la Transylvanie, de l'Europe orientale à laquelle elle appartient par la Moldavie, et des Balkans auxquels elle appartient par la Valachie et la Dobrogée. Par ailleurs, depuis l'époque des "Lumières", la Roumanie a subi une très forte influence occidentale et notamment française, combattue jadis par des partisans de l'"autochtonisme orthodoxe" tels le philosphe Nae Ionescu ou l'essayiste Nichifor Crainic, et aujourd'hui par les polémistes tels Adrian Păunescu ou Corneliu Vadim Tudor. A peu près 15 % de la population roumaine comprend et parle le français, et le pays fait partie de l'Organisation internationale de la francophonie. Avant 1989, à peu près tous les Roumains ayant dépassé l'école primaire, comprenaient et parlaient le français, en partie grâce à l'héritage latin commun aux deux langues, mais surtout grâce à la francophilie héritée de l'influence des Lumières au XVIIIe siècle, et de l'aide française à l'unité roumaine durant le XIXe siècle. La composante révolutionnaire de l'identité roumaine doit beaucoup à l'influence française. Jusqu'en 1945, la Roumanie et la France avaient gardé des relations culturelles et politiques étroites, et partagé les mêmes orientations politiques. En 1968 encore, lors de sa visite à Bucarest en mai, Charles de Gaulle était spontanément ovationné à Bucarest, alors qu'il était conspué à Paris[4].

Mais après 1989, les Roumains découvrent une nouvelle France aux yeux de laquelle la Roumanie n'est plus une petite sœur des Balkans, ni une alliée, tandis que Bucarest n'est plus un petit Paris[5]. Aux yeux de cette nouvelle France, la Roumanie paraît être une sorte de Syldavie[6] quelque peu sordide (le sort des orphelins et des Roms occupe l'espace médiatique), une Syldavie suspecte de fascisme, de xénophobie et d'antisémitisme atavique[7]. Mortifiés par cette image de la Roumanie en France, de nombreux Roumains se tournent vers d'autres horizons culturels, et le français est depuis lors en perte de vitesse. De plus, auprès de jeunes, l'omniprésence de l'anglais, notamment dans le monde économique, et la quasi-disparition des productions en français à la télévision roumaine jouent un rôle tout aussi important.

Malgré tout, les médias français conservent des antennes en Roumanie. Par exemple, RFI Roumanie (ancienne Radio Delta RFI), seule station de radio francophone en Roumanie, est aussi la plus importante filiale de RFI à l'étranger. Les émissions sont souvent en roumain, mais le soir et la nuit, la station diffuse des émissions en français[8]. À l'occasion de la visite du Secrétaire Général de L'Organisation internationale de la francophonie, Abdou Diouf en Roumanie, l'ancien président roumain Ion Iliescu a déclaré que la Roumanie est un pays francophone et que la Roumanie est membre à part entière de l'organisation[9].

Religion

  • Religion : 84% orthodoxes, 6% catholiques (surtout en Transylvanie, parmi les Roumains et les Hongrois), 7% protestants (surtout en Transylvanie parmi les Allemands et les Sicules), 2% musulmans (surtout en Dobrogée, parmi les turcs et les tatars), 1% juifs.
  • La tradition orthodoxe roumaine, comme la grecque, a une forte composante monastique: de grands monastères ont été jadis à la fois de riches propriétaires terriens, des grands crus vinicoles, des bibliothèques et de grandes écoles. Aujourd'hui tous restaurés, les monastères de Dragomirna, Putna, Sâmbăta (Brâncoveanu), Sucevița, Moldovița, Voroneț, Cozia, le Monastère du Maître Manole à Curtea de Argeș et le Monastère Dintr-un lemn subsistent et témoignent de cette gloire passée.
  • Comme dans les pays voisins, l'église orthodoxe roumaine a fait un retour en force depuis la chute du communisme. Les baptêmes sont faits, les fêtes religieuses sont suivies avec assiduité et plus de deux mille nouvelles églises ont été construites dans le pays, mais celles, historiques, démolies sous la présidence de Nicolae Ceaușescu, n'ont pas été reconstruites, et c'est l'une des raisons pour lesquelles l'église garde une image ambivalente dans l'opinion. Les autres raisons sont ses liens avec la politique (elle a toujours défendu les mêmes positions nationalistes et anti-européennes que l'ex-nomenklatura) et avec le monde des affaires (entre autres, les prestations des popes sont très chères). Enfin, les cours de religion à l'école ont été rendus obligatoires, ce qui est contraire à la Constitution, et les professeurs de religion enseignent que l'orthodoxie est la seule véritable religion pour un Roumain, ce qui scandalise de nombreux parents d'élèves. C'est pourquoi l'église orthodoxe roumaine est l'objet de nombreux sarcasmes (l'une des blagues les plus en vogue est que les trois principales qualités pour être pope sont "d'avoir une belle voix, de savoir bien compter et d'être athée"). Pour redresser cette image, l'église orthodoxe roumaine dispose désormais d'une chaîne de télévision : "Trinitas-TV".

Musique

Article détaillé : Musique roumaine.

La musique roumaine est une douce et agréable alchimie entre les différentes cultures qui l'ont influencée. Ainsi la musique grecque, hongroise, slave, turque et occidentale se retrouvent dans les chansons, que celles-ci soient anciennes ou récentes. Inversement, la musique roumaine a influencé celle des voisins, et on la retrouve chez des compositeurs hongrois (Franz Liszt, par exemple) ou russes.

La musique traditionnelle est encore très présente en Roumanie et elle comporte deux styles :

  • la musique populaire, dite folklorique, faite de chansons, de danses, de musiques festives : deux chaînes de télévision : Etno-TV ([www.etno.ro/]) et Favorit TV, en diffusent exclusivement, la chaîne nationale en diffuse également toutes les semaines.
  • les colinde, à thème religieux ou historique, qui sont des invocations, des souhaites, voire des prières, mais qui restent laïques, et très différentes de la musique religieuse qui, elle, est une musique savante byzantine.

La musique classique est la même qu'ailleurs dans le monde; la Roumanie a eu aussi ses artistes classiques internationalement connus, tels le compositeur Georges Enesco, le chef d'orchestre Sergiu Celibidache ou la chanteuse d'opéra Angela Gheorghiu. Plusieurs orchestres symphoniques se produisent, le plus connu étant celui de Bucarest.

Parmi les musiques modernes, la musique pop a connu une vraie explosion dans la période d'entre les deux guerres, avec des chanteurs très riches et célèbres allant parfois jusqu'à Hollywood, tels Gică Petrescu.

Pendant le communisme, la musique a du mal à se développer : on disait alors qu'un quatuor à cordes, c'était "L'orchestre symphonique national, de retour de tournée en occident". Quant à la musique moderne, seule la variété pré-disco, très aseptisée, était tolérée, et il n'existait dans tout la pays qu'une dizaine de clubs.

Depuis la Libération de 1989 les musiques modernes sont toutes présentes en Roumanie, et parmi les jeunes, les plus en vogue sont la musique rap roumaine, le house, le pop, les différents styles rock, et, parmi les jeunes de banlieue issus des minorités, les "manele" qui puisent dans les mélodies des Roms, dans le rap arabo-européen, dans le hip-hop et le raï.

Gastronomie

Article détaillé : Cuisine roumaine & moldave.

Comme tous les peuples, les Roumains pensent que leur cuisine est la meilleure du monde. Elle aussi puise aux différentes influences qui se croisent dans le pays : le nord (Transylvanie et Moldavie) se rapproche de l'Europe du nord, où dominent le chou, la pomme de terre, les farces, les vins bruts ; le sud (Valachie) se rapproche des Balkans avec des plats plus légers, du poisson, des brochettes, des vins doux ; partout, ciorbă, mămăligă, aubergines, tomates, poivrons doux, courgettes, ail, oignon, laitages et grillades forment les plats traditionnels (à ceci près que depuis l'arrivée du maïs en Europe, la mămăligă est à base de farine de maïs). La cuisine roumaine n'est pas pimentée, comme se l'imaginent souvent les occidentaux. Bien qu'avec la mondialisation les goûts soient en train de changer, traditionnellement les Roumains ne considèrent pas comme comestibles les fromages très faits, les escargots ou les fruits de mer autres que les crustacés. Leur petit-déjeuner est plus proche du modèle anglo-saxon que du modèle latin, et comporte des laitages, des oeufs et des charcuteries. Dans le monde du travail, le repas de midi est rarement pris : on mange surtout le matin et le soir.

  • La tochitură (prononcer "toquitoura") (de la mămăligă avec de la viande de bœuf et poulet et de la sauce tomate avec de l'ail)
plat traditionnel
  • en-cas roumain

Un en-cas se compose souvent du fromage, de salami, du caviar d'aubergines, d'oignons de printemps et de poivrons.

Les mici sont une sorte de boulette de viande en forme de saucisse parfumée à l'origan, à l'aneth et au cumin. Ce plat simple s'accompagne généralement de pain et de la moutarde.

Mici
  • Les crêpes (clătite)

Les crêpes ressemblent aux crêpes de froment classiques, à ceci près qu'elles sont généralement plus épaisses et qu'on les mange aussi bien salées que sucrées.


Snack généralement accompagné de fromage, de confiture ou de pâte à tartiner.

  • Autres

Noms célèbres

Voir aussi : Personnalités roumaines de la culture ~ écrivains roumains ~ Icônes roumaines ~ lautari

Notes et références

  1. Il existe à Bucarest un "Musée du Village", un "Musée du paysan roumain", de nombreux orchestres folkloriques dans les restaurants et deux chaînes de télévision consacrées au folklore populaire (Etno-TV sur [www.etno.ro/] et Favorit TV)
  2. Voir [PDF] [1], [2], Cele mai importante stiri business- Business.rol.ro, CIA - The World Factbook - Rank Order - GDP (purchasing power parity) et [PDF] [3]
  3. Conférence-débat de Neagu Djuvara à l'initiative de l'institut Erudio, le 11 nov. 2009, au Novotel Rive droite de Paris
  4. Sanda Stolojan, Avec De Gaulle en Roumanie, L'Herne, Paris 1991, ISBN 2-85197-283-9
  5. Paul Morand, Bucarest, Plon, Paris 1935
  6. Hergé, Le sceptre d'Ottokar, série Tintin, Casterman
  7. Décrivant le fascisme roumain et ses crimes, les historiens Carol Iancu (français, Université de Montpellier) et Radu Ioanid (américain) parmi bien d'autres, pensent et écrivent que ces courants xénophobes et antisémites font partie intégrante de l'identité roumaine.
  8. La Francophonie dans le monde, 2006-2007, Nathan, p. 175
  9. [4].

Articles connexes


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