Colonisation française

Colonisation française

Empire colonial français

Empire colonial Français

1534 — 1980

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Drapeau

Espaces colonisés par la France au long de son histoire coloniale
Espaces colonisés par la France au long de son histoire coloniale

Informations générales
 Statut Monarchie puis République
 Capitale Paris
 Langue(s) Français
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Population
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Superficie
12 898 000 km² (1930)
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Histoire et événements
 1534 Colonisation du Canada
 30 avril 1803 Vente de la Louisiane française (fin du Premier espace colonial)
 5 juillet 1830 Conquête de l'Algérie par la France
 30 juillet 1980 Indépendance du Vanuatu
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Pouvoir exécutif
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Pouvoir législatif
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Entité précédente Entité suivante
Territoires indigènes Territoires indigènes
DOM-TOM DOM-TOM

L’empire colonial français est l'ensemble des territoire ultramarins colonisés par la France. Commencé au XVIe siècle, il a connu une évolution très contrasté selon les époques, aussi bien par son étendue que par sa population ou sa richesse. Les colonies ont connu différents statuts et modes d'exploitation, des colonies antillaises semi-autonomes et esclavagistes de la fin du XVIIIe siècle à l'Algérie française gouvernée de manière autoritaire du milieu du XIXe siècle au début du XXe siècle, puis progressivement assimilé à la métropole jusqu’au début des années 1960.

On distingue généralement deux périodes concernant les empires coloniaux français, le pivot étant la Révolution et l'époque napoléonienne au cours desquelles la France perdit les derniers restes de sa première aventure coloniale. Le Premier espace colonial, constitué à partir du XVIe siècle comprend des territoires nord-américain, quelques îles des Antilles, les Mascareignes et des comptoirs en Inde et en Afrique. Il connaît son apogée grâce aux exportations antillaises (Saint-Domingue, Martinique, Guadeloupe) de café et surtout de sucre entre 1763 et la fin des années 1780. Il s'effondre brutalement dans la décennie suivante avant de disparaître presque entièrement sous le Premier Empire.

Le Second espace colonial, constitué à partir des années 1830, se compose principalement de régions d'Afrique, acquises à partir des anciens comptoirs, mais aussi d'Asie (Indochine) et d'Océanie (Polynésie française, Nouvelle-Calédonie, Nouvelles-Hébrides). Ce Second empire colonial était de la seconde moitié du XIXe siècle et au XXe siècle le deuxième plus vaste du monde, derrière l'Empire colonial britannique. À son apogée, de 1919 à 1939, il s'étendait sur 12 347 000 km² terrestres. Incluant la métropole française, les terres sous souveraineté française atteignaient de 1920 à 1939 12 898 000 km², soit environ 8,6% des terres émergées. Il était contrôlé par les Forces coloniales françaises.

Aujourd'hui, les restes de ce large empire colonial se retrouvent dans la France d'outre-mer, composée de quelques dizaines d'îles et archipels de l'océan Atlantique, des Caraïbes, de l'océan Indien, du Pacifique Sud et du continent Antarctique, ainsi qu'un territoire continental en Amérique du Sud, ce qui fait désormais 123 150 km², soit près de 1 % de sa superficie d'apogée de 1939. Quatre d'entre eux sont des départements-régions. Il vit en 2005 dans ces territoires environ 5 850 000 personnes qui jouissent d'une représentation politique au niveau national, ainsi que de divers degrés d'autonomie.

Sommaire

Le premier espace colonial

Évolution de l'empire colonial français

Il est composé principalement par des possessions de la Nouvelle-France, aux Antilles, aux Indes, ainsi que des comptoirs et d'îles parsemées.

Les justifications de la colonisation française ont évolué avec le temps. À l'origine, la rivalité de puissance avec l'empire austro-espagnol de Charles Quint (François Ier exigeait de voir la « clause du testament d'Adam » qui avait laissé le monopole de l'Amérique aux Espagnols et aux Portugais lors de la signature de traité de Tordesillas).

Deuxième justification, la propagation de la foi chrétienne (missions). Au XVIIe siècle, les établissements des Antilles françaises vivent de contrebande et de piraterie aux dépens des colonies espagnoles et hollandaises plus prospères.

Puis vient la justification physiocratique : les colonies doivent fournir les cultures exotiques que la métropole n'assure pas (sucre, café, indigo). Comme les colons français sont peu nombreux, on fait venir en masse des esclaves africains.

À la Révolution, s'opposent les partisans du réalisme économique (pas de colonies sans esclaves) et ceux des principes égalitaires (« périssent les colonies plutôt qu'un principe »).

En Inde, les Français commencèrent à vouloir s'implanter de façon significative grâce à la politique de Joseph François Dupleix entre 1719 et 1763. Les efforts de ce dernier furent néanmoins ruinés après la conclusion du traité de Paris en 1763.

En Amérique, après un siècle de présence, la Nouvelle-France commence à s'effriter : à la perte des territoires à l'est du Mississippi (Louisiane occidentale) lors des traités d'Utrecht en 1713, vinrent s'ajouter les territoires à l'Ouest (Louisiane orientale), ainsi que le Canada lors du traité de Paris en 1763. La France reprit la Louisiane occidentale, grâce à Napoléon, qui la revendit trois ans plus tard aux États-Unis en 1803. L'Amérique du Nord devient alors en majorité anglophone.

En 1804, les français perdent le dernier fleuron de leur premier empire colonial : la colonie de Saint-Domingue proclame son indépendance et devient la République d'Haïti.

Après la chute du Premier empire, la France ne conserve que quelques possessions : les cinq comptoirs des établissements français de l'Inde, l'île de Gorée au Sénégal, quelques îles des Antilles (Guadeloupe, Martinique, Saint-Martin…), ainsi que la Guyane et Saint-Pierre-et-Miquelon.

Le second espace colonial

Article détaillé : Second espace colonial français.
Colonies françaises en 1891 (Le Monde Illustré).
1. Panorama de Lac-Kaï, poste français de Chine.
2. Le Yun-nan, au quai d'Hanoï
3. Rue de Hanoï inondée
4. Embarcadère de Hanoï


Plus limitée, et surveillée en Europe après la défaite napoléonienne, la France se lance dans la conquête de l'Afrique avec la campagne d'Algérie (1830-1847). Puis elle colonisera la majeure partie de l’Afrique occidentale et équatoriale, l'Indochine, ainsi que de nombreuses îles d'Océanie.

La décolonisation diminua son Second espace colonial et, après les étapes de l'Union française et de la France d'outre-mer, on en arriva aux DOM-TOM.

Bilan de la colonisation française en Afrique

Politique

Les historiens[réf. nécessaire] estiment classiquement que la colonisation par les Français n'a pas su former une véritable élite capable de gouverner le pays après l'indépendance, contrairement à la colonisation telle que réalisée par les Britanniques.

Les historiens, après les militants colonialistes en leur temps, soulignent classiquement l'incohérence existant entre l'affirmation des principes républicains par la France ("Liberté, égalité, fraternité") et la pratique autoritaire de la colonisation.

La colonisation en Afrique a bâti des États dont les frontières ne correspondent pas au découpage ethnique, séparant certaines ethnies entre plusieurs États, ou rassemblant au contraire des ethnies rivales dans le même État. Les historiens estiment ainsi que la France a formé des États ingouvernables sur le long terme.

La France est également accusée d'avoir implanté sur le territoire africains certains de ses travers supposés : des structures administratives lourdes, la pompe pouvoir, le goût du débat théorique au détriment de l'efficacité économique, etc.

Éducation

En 1960, on comptait deux millions d'enfants scolarisés en Afrique noire et à Madagascar. Dans la seule Afrique noire, 16 000 écoles primaires et 350 établissements secondaires, collèges et lycées, fonctionnaient.

La France a porté également ses efforts vers la formation puisque 96% des instituteurs étaient africains au moment de l'indépendance. Les 4% restant sont représentés par 28 000 enseignants français exerçant dans la seule Afrique (Afrique du Nord comprise), soit un huitième du corps professoral national.

Santé

En termes de la santé, de nombreuses maladies ont été éradiquées par la présence française. Le docteur Jean-Marie Robic, pour lutter contre la peste à Madagascar à la fin du XIXe siècle, et faute de temps, s'est lui-même transformé en cobaye afin de tester le vaccin pour gagner la course contre la mort. Dans le même temps, la mortalité infantile a fortement diminué dans toute l'Afrique noire colonisée.

A la date de 1960, la France avait fait bâtir en Afrique 2 000 dispensaires en état de fonctionnement, 600 maternités, 40 hôpitaux en Afrique noire et à Madagascar.

Infrastructures de transport

A la date de 1960, la France avait fait construire 18 000 kilomètres de voies ferrées, 215 000 kilomètres de pistes principales utilisables en toutes saisons, plus de 50 000 kilomètres de routes bitumées. Elle laissait également 63 ports équipés et 196 aérodromes.

Bilan économique global

Contrairement aux idées reçues, les colonies africaines n'ont pas rapporté d'argent à la Métropole même si certaines entreprises et des particuliers se sont enrichis grâce à la colonisation Les investissements dans les infrastructures en Afrique et les subventions aux productions agricoles des colonies ont coûté plus cher que ce que les colonies ont rapporté à la métropole. L'historien économique Jacques Marseille chiffre à 70 milliards de francs-or (courant 1913) le déficit global de la colonisation en Afrique, soit l'équivalent de trois fois le montant de l'aide Marshall pour la France[1].

Héritage humain de la colonisation française en Afrique

Les anciennes colonies françaises d'Afrique subsaharienne

Les Africains participent à la vie politique française, surtout à partir de 1946, date de l'adoption de la loi Lamine Guèye et de la naissance de l'Union française.

On trouve à l'assemblée nationale les Sénégalais Lamine Gueye et Léopold Sédar Senghor, l'Ivoirien Félix Houphouët-Boigny, le Dahoméen Sourou Migan Apithy, le Congolais Jean-Félix Tchicaya ; Léopold Sédar Senghor entre au gouvernement comme secrétaire d'État à la présidence du Conseil en 1955, et Félix Houphouët-Boigny en 1956 et « participera à la loi cadre qui prépare l'indépendance (...) de l'Afrique noire sous domination française. »[2]

Les Africains subsahariens en France métropolitaine

« On peut s'appuyer sur les recensements qui font passer la population d'Afrique subsaharienne résidant en métropole de treize mille cinq cent dix sept personnes en 1946 à dix sept mille sept cent quatre vingt dix sept personnes en 1962. »[3]

Un grand nombre d'intellectuels (Sartre, Aron, Camus, Gide, Monod, Leiris, etc.) soutiennent le lancement de la revue Présence africaine, fondée en 1947 par le sénégalais Alioune Diop. « En septembre 1956, la presse se fait largement l'écho du premier Congrès international des écrivains et des artistes noirs, organisé par Alioune Diop dans l'amphithéâtre Descartes de la Sorbonne. »[2]

Dès l'après-guerre, on assiste à une richesse des débats parmi les « afro-parisiens » : Abdoulaye Sadji, Nini, 1956 (l'impasse de l'assimilation) ; Ferdinand Oyono, Une vie de boy, 1956 (les méfaits de la colonisation) ; Birago Diop, Les contes d'Amadou Koumba, 1947 (la découverte de la tradition orale) ; Camara Laye, L'Enfant noir, 1953 (la célébration des valeurs villageoises) ; Sembène Ousmane Ô pays, mon beau peuple, 1957 (l'exaltation des cultures africaines) ; Bernard Dadié, Un nègre à Paris, 1959 (l'expérience européenne des étudiants africains). Selon les estimations du ministère de l'éducation nationale, le nombre d'étudiants africains ne cesse d'augmenter : 250 en 1946, 800 en 1950, 2000 en 1955, 5500 en 1960[4].

Tout ceci concourt, écrit Philippe Dewitte, au fait que « le paternalisme existe lui aussi toujours, mais il est incontestablement moins affirmé qu'il ne l'était dans les années 1920 et 1930, quand « le Noir » était symbolisé par les tirailleurs et le parler « p'tit nèg’ », par les pseudos « cannibales » du jardin d'Acclimatation, par les exhibitions de l'exposition coloniale, par les spectacles de Joséphine Baker et les bals nègres où la bonne société parisienne n'hésitait pas à s'encanailler. »[5]

Cependant, le racisme existe malgré tout. Alexandre Biyidi, dira dans Présence africaine : « A-t-on jamais évalué la proportion de chances, pour un Africain, de se trouver un emploi dans ce pays ? La France n'est pas un pays raciste ! C'est si vite dit. On ne lynche pas les gens ici ! »[6]

Dans L'enquête sur les étudiants noirs en France (Réalités africaines, 1962), Jean-Pierre Ndiaye demande l'avis des africains sur différentes questions ; il en ressort que 34,4% des enquêtes portent un jugement favorable sur les Français, parmi lesquels 14,6% en comparaisons avec les Français d'Afrique[7].

Les anciennes colonies françaises d'Afrique du Nord

Pour ce qui concerne les anciennes colonies maghrébines musulmanes, les choses se sont passées différemment et pour plusieurs raisons. De 1940 à 1945, 500 000 maghrébins prirent part au conflit dans les forces françaises. De 1947 à 1954, le nombre d'immigrés en provenance du Maghreb dépassera le million[8]. Pascal Blanchard, Eric Deroo, Driss El Yazami, Pierre Fournié, Gilles Manceron disent à ce sujet : « Dans son étude sur les flux migratoires venus d'Algérie, Jacques Simon rappelle[9]que, pour ces « travailleurs », la venue en France apparaît comme « le seul moyen d'échapper à la misère et à l'oppression coloniale ». Ils dressent la description suivante des conditions d'hébergement : « des lieux parfaitement impropres à l'habitation humaine ont été découverts à Paris, notent les services sociaux de la préfecture de la Seine, des caves, des greniers, d'anciens abris bétonnés, des tours d'usine servant de refuge à une population misérable. » Apparaissent les bidonvilles comme à Nanterre où vivent près de huit mille Maghrébins[10] »[11]

Notes et références

  1. thèse de doctorat du professeur Jacques Marseille, directeur de l'Institut d'histoire économique à la Sorbonne, Empire colonial et capitalisme français, histoire d'un divorce, 1984
  2. a  et b Philippe Dewitte, L'immigration : l'émergence en métropole d'une élite africaine, in Pascal Blanchard et Sandrine Lemaire, Culture impériale 1931-1961, Éditions Autrement 2004, pp. 202-203
  3. Philippe Dewitte, L'immigration : l'émergence en métropole d'une élite africaine, in Pascal Blanchard et Sandrine Lemaire, Culture impériale 1931-1961, Éditions Autrement 2004, p. 202
  4. Recueil de statistiques scolaires et professionnelles, 1949-1950-1951, CNDP, Informations statistiques du ministère de l'éducation nationale, n°29-30, mai-juin 1961. Cité dans Philippe Dewitte, L'Immigration : l'émergence en métropole d'une élite africaine, in Pascal Blanchard et Sandrine Lemaire, Culture impériale 1931-1961, Éditions Autrement 2004, p. 204. À propos de ces chiffres, Philippe Dewitte les qualifie d'« aléatoires »
  5. Philippe Dewitte, L'immigration : l'émergence en métropole d'une élite africaine, in Pascal Blanchard et Sandrine Lemaire, Culture impériale 1931-1961, Éditions Autrement 2004, pp. 204-205.
  6. Alexandre Biyidi, « Problèmes de l'étudiant noir », in « Les étudiants noirs parlent ... », Présence africaine, n°14, 1953, pp 22-23.
  7. Jean-Pierre Ndiaye, enquête sur les étudiants noirs en France, Réalités africaines, 1962, p.273.
  8. Pascal Blanchard, Éric Deroo, Driss El Yazami, Pierre, Gilles Manceron, L'immigration : l'installation en métropole des populations du Maghreb, in Pascal Blanchard et Sandrine Lemaire, Culture impériale 1931-1961, Éditions Autrement 2004, p. 213.
  9. Jacque Simon, L'Immigration algérienne en France des origines à l'indépendance, Paris-Méditerranée, 2000, et Neil Mac Master, Colonial Migrants and Racism: Algerians in France, 1900-1962, St-Martin's, 1997.
  10. Abdelmalek Sayad, Un Nanterre algérien, terre de bidonvilles, Autrement, 1995.[réf. incomplète]
  11. Pascal Blanchard, Éric Deroo, Driss El Yazami, Pierre, Gilles Manceron, L'immigration : l'installation en métropole des populations du Maghreb, in Pascal Blanchard et Sandrine Lemaire, Culture impériale 1931-1961, Éditions Autrement 2004, p. 216.

Bibliographie

  • Jacques Marseille, Empire colonial et capitalisme français, histoire d'un divorce, Albin Michel, 1984.
  • Jean Meyer, Jean Tarrade, Annie Rey-Goldzeiguer, Jacques Thobie, Histoire de la France coloniale, des origines à 1914, éd. Armand Colin, 1990.
  • Jacques Thobie, Gilbert Meynier, Catherine Coquery-Vidrovitch, Charles Robert-Ageron, Histoire de la France coloniale, 1914-1990, éd. Armand Colin, 1990.
  • Olivier Le Cour Grandmaison Coloniser, exterminer : sur la guerre et l’État colonial, Paris, Fayard, 2005

Voir aussi

Articles connexes

Au sens du colonialisme français 
Au sens de l'Empire français 


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