- Citroën SM
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Citroën SM Constructeur Citroën Années de production 1970 - 1975 Production 12 920 exemplaires Classe Grand tourisme Moteur et transmission Énergie Essence Moteur(s) 6 cylindres en V Position du moteur Avant Cylindrée 2 670
2 965 cm3Puissance maximale De 170 à 180 ch Transmission Traction avant Boîte de vitesses BV5 et BVA Poids et performances Poids 1 450 à 1 490 kg Châssis - Carrosserie Carrosseries Coupé Suspensions Suspension hydropneumatique Dimensions Longueur 4 893 mm Largeur 1 836 mm Hauteur 1 324 mm modifier Dans les années 1960, Citroën voulut créer une voiture de Grand tourisme utilisant la base de la DS : ce sera la Citroën SM, lancée en mars 1970[1].
L'absence d'un moteur spécifique chez Citroën, puis le rachat de la firme italienne Maserati en 1968 conduira à doter la SM d'un moteur Maserati V6, conçu par adaptation d'un V8.
Sommaire
Description
La SM (comme projet S Maserati) est un gros coupé 2+2 à quatre places ; celles de l'arrière sont plus mesurées mais encore utilisables par deux adultes. Si le coffre est muni d'un hayon les sièges arrière sont fixes. À l'avant, la planche de bord est équipée de cadrans ovoïdes.
La suspension est hydropneumatique comme sur toutes les grandes Citroën depuis 1954. Ce type de suspension fut tout d'abord inauguré sur les seules roues arrières de la Traction avant 15H, puis fut étendu aux quatre roues avec la DS 19 dont le freinage, l'embrayage et la boîte de vitesses semi-automatique utilisent également l'hydraulique. Les chuintements caractéristiques de la suspension proviennent du conjoncteur-disjoncteur.
La tenue de route est assurée grâce à l'excellente répartition des masses (moteur central avant) et à une innovante géométrie exclusive des suspensions : axe de roulis au niveau du sol et déport nul des roues avant (la ligne joignant les pivots inférieurs et supérieurs de moyeux croise le milieu du centre de l'aire d'appui du pneu avec le sol). Le déport nul rend la direction quasi insensible aux inégalités de la route ou par exemple à une crevaison.
Le poids des roues (poids non suspendu) est allégé grâce aux freins montés en sortie de la boîte de vitesses. Ce choix, qui favorise la tenue de route, a été fait au détriment de la facilité de maintenance comme beaucoup d'autres dispositions sur la SM.
Caractéristiques
Motorisation
La SM est animée de 1970 à 1972 par un moteur V6 à 90° de 2 670 cm³ de cylindrée à trois carburateurs double corps Weber et d'une puissance de 170 ch DIN (au régime très raisonnable de 5 500 tr/min). Le couple est de 23,5 mkg à 4 000 tr/min. Cette mécanique à deux arbres à cames en tête par rangée de cylindres a été développée directement par l'ingénieur Alfieri de Maserati sous la direction du bureau d'étude de la rue du théâtre dans le quartier du Quai de Javel à Paris.
Pour les modèles 1973 et jusqu'à la fin de la production, en réponse aux nouvelles normes anti-pollution, le moteur sera équipé de l'injection électronique Bosch D-Jetronic qui fera passer sa puissance à 178 ch DIN à 5 500 tr/min (couple 23,7 mkg à 4 000 tr/min) tout en améliorant la souplesse mais sans abaisser la consommation.
Pour 1974, une version à boîte automatique Borg Wagner à 3 rapports apparaît. La SM automatique dispose pour compenser la perte de puissance due au convertisseur d'un moteur à trois carburateurs double corps dont la cylindrée est portée à 2 965 cm³ développant 180 ch DIN à 5 720 tr/min (25 mkg de couple à 4 000 tr/min). Il est équipé d'un pot d'échappement à oxydation pour répondre aux normes anti-pollution. Quelques SM seront également exportées aux États-Unis et au Canada en version 3 litres avec une boîte de vitesses manuelle.
Le moteur 3 litres fut poussé à 190 ch DIN pour équiper la Maserati Merak à partir de 1972[2].
Avancées techniques
La SM comporte à l'époque de nombreuses avancées techniques :
- 4 freins à disques avec commande et assistance hydrauliques ;
- direction assistée Diravi asservie à la vitesse avec rappel en ligne droite ;
- Une rampe de six projecteurs sous verrière (contribuant au Cx de 0,339) dont deux directionnels (ceux de l'intérieur). La hauteur des projecteurs se règle en continu en fonction du débattement de la suspension arrière de façon à avoir un faisceau lumineux toujours parallèle à la route (aujourd'hui cet équipement est électronique et non plus hydraulique sur les C5 II et C6) ;
- jantes ultra légères Michelin en composite dites « RR » (résine renforcée) en option ;
- première voiture en Europe avec réglage en hauteur et en profondeur du volant ;
- première voiture avec pare-brise collé.
Direction
Imaginée par l’ingénieur Paul Magès, déjà concepteur de la suspension oléopneumatique de la DS, la direction assistée Diravi, qui est reprise sur la CX avec une démultiplication légèrement supérieure (2,5 tours de butée à butée au lieu de 2 tours sur la SM), a souvent été présentée comme une direction à assistance variable. En réalité, l'assistance est constante. C'est la force de rappel en ligne droite qui est asservie à la vitesse et qui donne l'impression pour les petits angles de braquage que l'assistance diminue. Cette force de rappel asservie permet en outre de conserver un rappel normal, même sur sol à très faible adhérence. La direction de la SM est très directe : deux tours de volant de butée à butée. Ceci permet de la contrôler sur route avec des gestes de faible amplitude. L'assistance compense la faible démultiplication. Mais ces deux particularités (faible démultiplication, forte assistance) en feraient une voiture difficile à conduire en ligne droite à vitesse élevée. C'est pour cette raison qu'a été inventé le rappel asservi.
Le principe est simple : la colonne de direction est munie d'un plateau dont la forme ressemble un peu à un cœur. Un galet exerce une pression radiale sur ce plateau. Le galet se trouve dans le creux du plateau quand les roues sont en ligne droite. La pression quant à elle est régulée par un dispositif centrifuge situé sur un des axes de la boite de vitesse.
Une autre des particularités de la Diravi est d’être irréversible : le mouvement ne peut être transmis que dans un seul sens, du volant vers les roues, ce qui apporte un gain à la fois en confort (non transmission des chocs) et en sécurité (pas de mouvement du volant dû aux déformations du sol).
Carrosserie
Le style très particulier de la SM fut directement inspiré par le vent. C'est dans ce sens que Robert Opron (styliste embauché par la suite par la Régie Renault, qui sera auteur entre autres de la Fuego) donna vie à des formes à la fois douces et vives qui inspirent vitesse et puissance.
Consommation
Bien que sa consommation en carburant fut inférieure à la moyenne de la catégorie (15 l/100 à 160 km/h, 12 l/100 en moyenne sur route, mais 18 l en ville), la SM fut victime des deux chocs pétroliers de 1973 et 1975 et surtout de l'incapacité du réseau Citroën à entretenir la mécanique délicate du moteur Maserati.
Production
La SM fut boudée des acheteurs français et étrangers, ce qui explique qu'elle ne fut produite qu'à 12 920 exemplaires entre 1970 et 1975. La carrosserie était fabriquée par la Société Anonyme des Usines Chausson Gennevilliers (Hauts-de-Seine). L'assemblage était assuré par les usines de Javel à Paris puis à la fin par les usines Ligier (qui ont produit la JS2 à moteur SM) près de Vichy (Allier). L'arrêt de la SM fut décidé sous la pression de la firme nouvellement propriétaire Peugeot (les deux marques sont aujourd'hui encore dans le même groupe industriel) qui du même coup stoppera le projet de la CX de haut de gamme à moteur Maserati.
La SM aux États-Unis
Le marché d'exportation principal pour la SM était les États-Unis. Le marché pour les voitures de luxe était beaucoup plus important qu'en Europe bien que l'Allemagne ait été un gros client de la SM.
La SM a été équipée pour les États-Unis de phares ronds car une loi de 1937 interdisait les phares mobiles et carénés. Très remarquée par sa conception unique, la SM gagne le prix de la meilleure voiture de l'année 1972 délivré par le magazine Motor Trend, fait inconnu pour un véhicule étranger jusqu'alors.
En dépit du succès initial, les ventes aux États-Unis ont cessé soudainement car si Citroën s'attendait à une exemption pour 1974 du règlement concernant la hauteur des pare-chocs, imposée par la National Highway Traffic Safety Administration, cette exemption n'a finalement pas été accordée: la suspension variable en hauteur de la SM rendait la conformité impossible.
Les SM sportives
Au début des années 1970, Citroën construit un prototype raccourci, élargi et rabaissé afin de tester différentes solutions techniques sur une traction avant dotée de motorisations très puissantes pouvant aller jusqu'à 380 ch avec le V6[3]. Aujourd'hui, cet exemplaire unique jaune, noir et rouge fait partie des véhicules historiques appartenant au conservatoire Citroën. Une fidèle copie réalisée par le garagiste Frédéric Daunat est souvent visible dans les rassemblements de Citroën.
En 1971, l'équipage Deschazeaux/Plassard gagne le Rallye du Maroc avec une SM Groupe 4.
En 1987, une SM à turbo-compresseurs modifiée par Jerry Hathaway a atteint 325 km/h à Bonneville Salt Flats.
Les SM Chapron
Quelques exemplaires furent carrossés par le célèbre carrossier Henri Chapron de Levallois-Perret (Hauts-de-Seine).
Trois modèles ont existé :
- SM Mylord : cabriolet sans arceau avec une capote en toile. Présentée au Salon de Paris 1971, la SM Mylord devait initialement être proposée par Citroën qui y a finalement renoncé. Il en sera produit 6 exemplaires[4].
- SM Opéra : berline tricorps à 4 portes sur un empattement rallongé de 29 cm. Présentée au Salon de Paris 1972, la SM Opéra sera produite à 8 exemplaires[4].
Il est à noter qu'une SM Opéra a atteint la somme de 194 500 € lors d'une vente aux enchères réalisée par Bonhams lors du salon Rétromobile en février 2009.
- SM présidentielle : découvrable basée sur la SM Opéra au porte-à-faux arrière rallongé. Les deux plus célèbres SM (immatriculées 2 PR 75 et 3 PR 75) ont été commandées en 1971 par le président Georges Pompidou pour les utiliser comme voitures officielles de l’Élysée[5]. Elles furent livrées en 1972 et inaugurées à l'occasion d'une visite officielle de la Reine d'Angleterre[4].
Elles ont servi la République jusqu'en 2007 mais sont toujours la propriété de l'Etat français.
La SM Tissier
Conçue par un carrossier, cette SM est équipée d'un plateau porte-voiture et possède cinq essieux, dont quatre à l'arrière. Elle a été conçue par Pierre Tissier, grand spécialiste des Citroën rallongées.
La fin
Après la faillite de Citroën en 1974, Peugeot vend Maserati à De Tomaso en mai 1975. Il n'y avait alors plus aucune possibilité de produire la SM.
Les observateurs attribuent souvent l'arrêt de la SM à la crise pétrolière de 1973 et à l'instauration des limitations de vitesse en France.
À partir de 1972, les ventes ont commencé à diminuer à cause de l'entretien trop conséquent. En effet, si la SM pouvait accumuler plusieurs centaines de milliers de kilomètres sans problème[6], elle exigeait un mécanicien spécialiste de leur conception unique et de la mécanique Maserati. Ce qui a valu à la SM le surnom de « Sa Majesté ». Il y a eu aussi une grosse réticence du réseau, qui n'avait jamais commercialisé de voitures de grand tourisme, à former du personnel pour une voiture relativement rare.
Le coût des moteurs Maserati étant élevé (équivalent à un 6 cylindres BMW par exemple), certaines mécaniques ont été remplacées par des blocs de DS et aussi de CX. Des SM ont même été équipées de moteurs turbodiesel issus de la CX. Georges Regembeau a conçu pour la SM un moteur turbodiesel 4 cylindres 2,4 litres de 145 ch.
Georges Regembeau[7], aussi surnommé « le sorcier », mécanicien de génie et grand spécialiste de la SM, qui s'était déjà distingué jadis notamment en transformant un moteur de Traction Avant 15 Six avec injection directe mécanique (avant la Mercedes-Benz 300 SL), a aussi considérablement amélioré le moteur Maserati en le rendant non seulement très fiable grâce à des modifications de son invention mais également plus performant et plus économique. Ainsi, le moteur 2,7 litres à injection électronique développait 250 ch au lieu de 178 ch à l'origine (240 ch au lieu de 170 ch pour la version à carburateurs). Il était accouplé à une boîte de vitesses avec un sixième rapport supplémentaire très long. Regembeau a même réalisé pour sa voiture personnelle une version développant 300 ch. En Allemagne, une SM équipée de deux turbocompresseurs KKK a atteint 650 ch[8].
La Citroën SM ne fut jamais remplacée dans la gamme de Citroën.Propriétaires célèbres
L'empereur et icône religieuse Haile Selassie Ier d'Ethiopie a eu une SM alors que l'Ougandais Idi Amin Dada en possédait sept. Le Shah d'Iran a également beaucoup roulé en SM. Les acteurs américains Burt Reynolds, Dinah Shore, Lee Majors et Lorne Greene, le secrétaire général du Parti Communiste d'URSS Léonid Brejnev, le compositeur John Williams, le footballeur Johan Cruyff, le journaliste Bernard Pivot et les comiques Cheech Marin et Thomas Chong étaient propriétaires de SM. Fernand Raynaud s'est tué en Rolls deux jours après que sa SM fut volée. L'animateur vedette de NBC Jay Leno, grand collectionneur de véhicules, en possède une[9]. François de Grossouvre, l'ami de François Mitterrand en a possédé une dans les années 70, avec laquelle il a fait de nombreux trajets avec le futur président.
Films
Burt Reynolds échappe à une flotte de voitures de gendarmerie au volant d'une SM dans le film Plein la gueule (The Longest Yard) en 1974.
En 1975, Patrick McGoohan conduit une SM dans la série TV américaine Columbo - 34e épisode jeux d'identité[10].
Une scène de la série TV Les Protecteurs de Gerry Anderson met en évidence une SM bleu platine en 1971 .
Ben Stiller est enlevé en SM dans le film Zoolander.
Yves Montand conduit une SM dans César et Rosalie de Claude Sautet en 1973.
Tomas Milian conduit une SM dans Folle à tuer d'Yves Boisset en 1975.
La chanteuse Jem part à bord d'une SM à la fin du clip de la chanson It's Amazing.
Dans le film Envoyés très spéciaux, Poussin, l'un des deux protagonistes, est un collectionneur de voitures et d'objets Citroën. Il possède une SM visible tout au long du film. Plus tard, sa femme vend la voiture à un collectionneur pour 50 000 €.
Chiffres de production
- 1970 : 868
- 1971 : 4 988
- 1972 : 4 036
- 1973 : 2 619
- 1974 : 294
- 1975 : 115
Soit un total de 12 920 voitures produites de 1970 à 1975.
Bibliographie
- Auto Plus - La Collection, Les classiques de l'automobile, Citroën SM 1972, 2010, fascicule n°12, éd. Hachette.
Notes et références
- Brochure de lancement de la SM
- Voitures d'exception, volume 7, éditions Atlas.
- Short wheelbase sports prototype
- Henri Chapron, par Dominique Pagneux, éditions E.T.A.I.
- La SM spéciale construite par Chapron pour le Président Pompidou
- http://smpassiongarageguyou.free.fr/referen/refere01.html#temoignage
- Site des établissements Regembeau
- interview avec M. Regembeau du 03/08/2002.
- Video de SM
- SM sur citrothello.net
Liens externes
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