Cerf du Canada

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Wapiti

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Wapiti
 Cervus canadensis
Cervus canadensis
Classification classique
Règne Animalia
Embranchement Chordata
Classe Mammalia
Ordre Artiodactyla
Sous-ordre Ruminantia
Famille Cervidae
Genre Cervus
Nom binominal
Cervus canadensis
Erxleben, 1777
Répartition géographique
Range map cervus canadensis.svg
Statut de conservation IUCN :

LC  : Préoccupation mineure
Schéma montrant le risque d'extinction sur le classement de l'IUCN.

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Le Wapiti (Cervus canadensis) est un mammifère herbivore de la famille des cervidés. Il fait partie des plus grands cervidés du monde avec le Sambar mais après l'élan. Il est presque identique au cerf élaphe d'Europe dont il a longtemps été considéré comme une sous-espèce, avant qu'en 2004 des indices ADN donnent fortement à penser qu'il s'agit de deux espèces distinctes.

En anglais d'Amérique du Nord, il est appelé elk, alors que ce mot désigne l'élan dans l'anglais utilisé en Europe.

Son habitat est la forêt et sa lisière. Il se nourrit essentiellement de poacées, de plantes, de feuilles et d'écorces. Son aire de répartition couvre l'Amérique du Nord et l'Asie mais il s'adapte bien dans des pays où il a été introduit comme la Nouvelle-Zélande ou l'Argentine. Cette forte capacité d'adaptation constitue une menace pour les espèces endémiques et les écosystèmes où les wapitis ont été introduits.

Pouvant atteindre la vitesse de 50 km/h, le wapiti est considéré comme un bon nageur et coureur. Il vit en moyenne une vingtaine d'années et est sensible à un certain nombre de maladies infectieuses, dont certaines peuvent être transmises au bétail. Les mâles ont des bois qui se développent chaque année et leur comportement est typique en phase de rut : bramant, adoptant des postures rituelles et combattant les autres mâles rivaux pour établir leur domination.

Le wapiti est chassé comme une espèce de gibier, sa viande est maigre et contient plus protéines que le bœuf ou le poulet[1]. Certaines cultures voient dans le wapiti une force spirituelle importante ; dans certaines régions d'Asie, leurs bois et le velours qui s'y trouvent sont utilisés en médecine traditionnelle.

Sommaire

Étymologie du nom

Le premiers explorateurs européens anglophones en Amérique du Nord familiarisés avec le cerf élaphe (Cervus elaphus), plus petit, estimèrent que le wapiti étant beaucoup plus grand, il tenait plus de l'élan (Alces alces, mieux connu sous le nom d’orignal en Amérique du Nord), de sorte qu'ils utilisèrent le nom commun européen pour l'élan, qui est elk. Le nom elk est liée au mot latin alces, le vieux norrois elgr, le scandinave elg et l'allemand Elch[2], qui tous se réfèrent à l'élan.

Le nom wapiti, utilisé par les francophones, est le nom par lequel les langues algonquiennes désignaient l'animal lors de l'arrivée des colons européens, il proviendrait soit du shawnee wapiti ou waapiti signifiant « croupion blanc »[3], de l'algonquin wapitik ou du cri wapitew[4].

Le wapiti est également appelé maral en Asie, même si cela est dû à la confusion avec le maral (Cervus elaphus Maral), présent en Europe de l'Est, qui est une sous-espèce de cerf élaphe. Il y a aussi une sous-espèce de l'élan, en Mongolie, qui est appelée wapiti de l'Altaï (Cervus canadensis sibiricus), qui est également connu sous les noms de maral de l'Altaï, de wapiti de Sibérie ou de cerf de Sibérie.

Taxonomie

La trace la plus ancienne des ancêtres du wapiti de genre Cervus, en Eurasie, sont des fossiles de douze millions d'années, c'est-à-dire au Pliocène. Une telle preuve ne se trouve en Amérique du Nord que bien plus tard au Pléistocène[5], au moment où la glaciation avait provoqué un « pont terrestre », connu sous le nom de Béringie, qui a permis le passage d'individus. Le défunt Megaloceros giganteus n'était pas membre du genre Cervus, mais plutôt le plus grand membre de la famille élargie des Cervidae d'après les recherches[6].

Jusqu'en 2004, le cerf élaphe et le wapiti ont été considérés comme une seule espèce : Cervus elaphus, sur la base d'hybrides fertiles produites en captivité. Des études sur le génome mitochondrial, menées sur des centaines d'échantillons de sous-espèces de cerfs, de wapiti et d'autres espèces de la famille Cervus, suggèrent fortement que le wapiti forme une espèce à part entière[7], laquelle a été nommée Cervus canadensis. La classification précédente de désignation Cervus elaphus avait plus d'une douzaine de sous-espèces. Cependant, les preuves génétiques conclurent que le wapiti est plus étroitement lié au cerf de Thorold (Cervus albirostris) et au cerf Sika (Cervus nippon) qu'il ne l'est au cerf élaphe[7].

Bien que le wapiti et le cerf élaphe puissent produire des descendants fertiles en captivité, l'isolement géographique entre les espèces dans la nature et les différences dans les comportements d'accouplement indiquent que la reproduction entre les deux en dehors d'un environnement contrôlé est peu probable[8].

Sous-espèces

Wapiti de Roosevelt (Cervus canadensis roosevelti)

Il existe de nombreuses sous-espèces de wapitis qui ont été décrites : six d'Amérique du Nord et quatre en provenance d'Asie. Cependant, certains taxonomistes pensent que ce sont différents écotypes ou races de la même espèce, c'est-à-dire que les animaux se sont adaptés à l'environnement local à travers des modifications d'apparence mineure et dans leur comportement. Les populations varient en taille et forme des bois, en taille du corps, pelage et dans leur comportement lors des périodes de reproduction. Les études génétiques de la sous-espèce eurasienne ont révélé que la variation phénotypique des bois, de la crinière et la couleur de la croupe sont basés sur des « différences de modes de vie liées au climat »[9].

Sur les six sous-espèces du wapiti connues pour avoir historiquement habité l'Amérique du Nord, seules quatre demeurent : le wapiti de Roosevelt (Cervus canadensis roosevelti), le wapiti de Tule (Cervus canadensis nannodes), le wapiti de Manitoba (Cervus canadensis manitobensis) et le wapiti des montagnes rocheuses (Cervus canadensis nelsoni)[10].

Les sous-espèces du wapiti de l'Est (Cervus canadensis canadensis) et du wapiti Merriani (Cervus canadensis merriami) sont éteintes depuis au moins un siècle[11],[12]. La classification des quatre groupes survivants en Amérique du Nord en tant que sous-espèce est maintenue, du moins en partie, à des fins politiques pour permettre la conservation individualisée et des mesures de protection pour chaque groupe de population[13].

Wapiti de Tule (Cervus canadensis nannodes)

Quatre sous-espèces ont été décrites en Asie, dont notamment le wapiti de l'Altaï (Cervus canadensis sibiricus) et le wapiti de Tien-Shan (Cervus canadensis songaricus). Deux sous-espèces distinctes qui vivent en Chine et en Corée sont le wapiti Manchurian (Cervus canadensis xanthopygus) et le wapiti Ala-Shan (Cervus canadensis alashanicus). Le wapiti Manchurian est plus sombre et avec une coloration plus rougeâtre que les autres populations de wapitis. Le wapiti Ala-Shan du nord de la Chine centrale est le plus petit de tous les sous-espèces, a une coloration plus légère et est le moins étudié par les zoologistes[8].

Valerius Geist, qui a écrit sur les diverses espèces de cerfs, estime que il n'y a que trois sous-espèces du wapiti. Geist maintient la séparation du wapiti Manchurian et du wapiti Ala-Shan, mais rassemblent tous les autres dans la taxinomie principale Cervus canadensis canadensis[13]. Les études ADN semblent confirmer également qu'il n'existe pas plus de trois ou quatre sous-espèces de wapiti. Toutes les formes américaines semblent appartenir à une seule sous-espèce. Même le wapiti de l'Altaï est plus ou moins identique aux formes américaines et pourrait donc appartenir aussi à cette sous-espèce. Toutefois, le wapiti Manchurian est clairement une forme différente du sibérien, mais ne se distingue pas du wapiti Ala-Shan. Le cerf de Mac Neill's (Cervus wallichi macneilli) et le cerf rouge tibétain (Cervus affinis affinis) appartiennent également à l'espèce du wapiti et ne sont pas distinguables les uns des autres, probablement parce qu'ils forment une seul et unique sous-espèce (Cervus canadensis kansuensis)[7].

Type Nom vernaculaire Nom scientifique Répartition Statut IUCN
Espèce Wapiti Cervus canadensis Amérique du Nord et Asie LC - Préoccupation mineure
Sous-espèce Wapiti de Roosevelt Cervus canadensis roosevelti Amérique du Nord (Washington, Oregon) et en Sibérie LC - Préoccupation mineure
Wapiti de Tule Cervus canadensis nannodes Amérique du Nord LC - Préoccupation mineure
Wapiti de Manitoba Cervus canadensis manitobensis Amérique du Nord (Manitoba) LC - Préoccupation mineure
Wapiti des montagnes rocheuses Cervus canadensis nelsoni Amérique du Nord (Montagnes Rocheuses) LC - Préoccupation mineure
Wapiti de l'Est Cervus canadensis canadensis Est du Canada (Ontario, Québec) EX - Espèce disparue
Wapiti Merriani Cervus canadensis merriami Sud des États-Unis (Arizona, Nouveau-Mexique) EX - Espèce disparue
Wapiti de l'Altaï Cervus canadensis sibiricus Asie  ?
Wapiti de Tien-Shan Cervus canadensis songaricus Asie (Tian Shan)  ?
Wapiti Manchurian Cervus canadensis xanthopygus Est de la Chine (Mandchourie)  ?
Wapiti Ala-Shan Cervus canadensis alashanicus Corée  ?

Description

Le wapiti est un grand animal de l'ordre Artiodactyla Ungulata, possédant un nombre pair de doigts à chaque patte, comme les Camelus (chameaux et dromadaires), les chèvres et les bovins. C'est l'une des espèces de ruminants, avec un estomac à quatre « chambres », et se nourrit de poacées, de plantes, de feuilles et d'écorce. Au cours de l'été, le wapiti mange presque constamment, consommant entre 4 et 7 kg par jour[14]. En Amérique du Nord, les mâles sont appelés bulls (taureaux), et les femelles sont appelées cows (vaches). En Asie, les termes stag et hind respectivement, sont parfois utilisés.

Wapiti de profil

Le wapiti est deux fois plus lourd que le cerf hémione, a une teinte plus rougeâtre due à la coloration de ses poils, une croupe plus blanche et une plus petite queue. L'élan est plus gros et plus foncé que le wapiti, les mâles ont des bois différents et l'élan ne se regroupe pas en troupeau. La femelle wapiti pèse en moyenne 225 kg, mesure 1,3 m à l'épaule, et fait 2 m du nez à la queue. Le mâle est environ 25 % plus grand que la femelle, d'un poids moyen de 320 kg, mesure 1,5 m à l'épaule et fait une moyenne de 2,5 m de longueur[15]. La plus importante sous-espèce du wapiti, le wapiti de Roosevelt, se trouve à l'ouest de la chaîne des Cascades, dans les États américains de Californie, d'Oregon et de Washington, et dans la province canadienne de Colombie-Britannique. Le wapiti de Roosevelt a aussi été réintroduit en Alaska, où les mâles ont été décrits comme pesant jusqu'à à 600 kg[16].

Seuls les mâles ont des bois, qui commencent à pousser au printemps et tombent chaque hiver. Les plus grands bois peuvent faire de 1,2 m de long et peser 18 kg[17]. Ils sont faits d'os qui peut croître à un taux de 2,5 cm par jour. Alors qu'ils poussent activement, les bois sont couverts et protégés par une couche souple de tissu tégumentaire très vascularisée connue sous le nom de « velours ». Le velours disparaît au cours de l'été, lorsque les bois sont pleinement développés. Les mâles peuvent avoir huit « cors » (branches) ou plus sur chaque bois, mais ce nombre n'a rien à voir avec l'âge ou la maturité d'un animal particulier. Les wapitis de Sibérie et d'Amérique du Nord ont les plus grandss bois alors que le wapiti de l'Altaï a les plus petits[8]. La formation et la rétention de bois est axée sur la testostérone de l'animal[18]. Après la saison de reproduction à la fin de l'automne, le niveau de phéromones libérées au cours de l'œstrus baisse et le taux de testostérone des mâles baisse en conséquence. Cette baisse de la testostérone conduit à la perte des bois, habituellement au début de l'hiver.

Ces wapitis mâles, ici au Nebraska, sont à l'origine des wapitis des montagnes rocheuses dont le comportement a été modifié à cause de leur captivité et de la pression de sélection plus faible. Leur bois sont bien visibles.

Au cours de l'automne, le wapiti développe un épais manteau de poils, ce qui contribue à l'isoler des températures fraîches de l'hiver. Les mâles, femelles et petits des wapitis de Sibérie et d'Amérique du Nord ont tous une mince crinière sur leur cou mais les femelles et les jeunes Manchurian et Ala-Shan n'en ont pas[13]. Au début de l'été, le lourd manteau d'hiver disparaît, et les wapitis sont connus pour se frotter contre les arbres et d'autres objets de leur environnement pour les aider à éliminer les poils sur leur corps. Tous les wapitis ont clairement une petite croupe définie plus blanchâtre avec une queue courte. Ils ont différentes colorations basées sur les saisons et les types d'habitats, du gris, plus léger en hiver au plus rougeâtre, plus sombre en été. Les sous-espèces vivant dans les climats arides ont tendance à avoir des manteaux de couleur plus légère que ne le font ceux qui vivent dans les forêts[19]. La plupart ont un léger manteau de jaune-brun à brun-orange contrairement au brun foncé des poils sur la tête, le cou et les jambes au cours de l'été. Le wapiti Manchurian, étant adapté à la forêt, et le wapiti Ala-Shan ont des manteaux brun-rouge plus sombres avec moins de contraste entre les différentes parties de leur corps durant les mois d'été[8]. Les petits naissent tachetés, comme c'est commun avec de nombreuses espèces de cerf, et ils perdent leurs taches d'ici à la fin de l'été. Le wapiti Manchurian adulte peut conserver quelques taches orange sur le dos de leurs manteaux d'été jusqu'à ce qu'ils soient plus âgés. Cette caractéristique a également été observée chez le cerf élaphe européen, adapté à la forêt[8].

Répartition

Les sous-espèces modernes sont les descendants de wapitis de Béringie, une région de steppe entre l'Asie et l'Amérique du Nord, qui reliait les deux continents au cours du Pléistocène. La Béringie a fourni une voie de migration pour de nombreuses espèces de mammifères, dont l'ours brun, des caribous et des élans, ainsi que les humains[20]. Lorsque le Pléistocène a pris fin, le niveau des océans a commencé à augmenter, le wapiti a migré vers le sud en Asie et en Amérique du Nord. En Amérique du Nord, il s'adapta à presque tous les écosystèmes, sauf pour la toundra désertique et la côte du Golfe, aux États-Unis actuels. Les wapitis du sud de la Sibérie et de l'Asie centrale ont été à l'époque plus répandus qu'aujourd'hui, mais se limitant aux chaînes montagneuses, à l'ouest du lac Baïkal, y compris les monts Saïan et l'Altaï en Mongolie et la région de Tian Shan, près des frontières actuelles du Kirghizistan, du Kazakhstan, de la Chine[21]. L'habitat du wapiti de l'Altaï en Asie est similaire à celui de la sous-espèce du wapiti des montagnes rocheuses en Amérique du Nord.

Partout, ils vivent dans la forêt et en bordure de celle-ci, comme d'autres espèces de cerf. Dans les régions montagneuses, ils sont souvent à plus haute altitude en été, migrant vers le bas des montagnes l'hiver. Les wapitis s'adaptent très bien et habitent aussi bien les semi-déserts de l'Amérique du Nord, comme le Grand Bassin. Le wapiti Manchurian et Ala-Shan sont principalement dans des forêts et leurs bois de plus petite taille sont probablement une adaptation à cet environnement forestier.

Dans l'est du Canada, l'espèce était présente à l'origine au Québec et en Ontario ; la rude compétition avec les autres cervidés a entraîné sa disparition en 1835 à l'est du Manitoba[4].

Introductions

La sous-espèce du wapiti des montagnes rocheuses a été réintroduite par des groupes de chasseurs dans la région des Appalaches dans l'Est des États-Unis, où le wapiti de l'Est, désormais disparu, vivait[22]. Plus tard, les wapitis ont été réintroduits dans les états américains du Kentucky, de la Caroline du Nord et du Tennessee, et ils firent des migrations dans les états voisins de la Virginie et de la Virginie-Occidentale, y établissant une population permanente[23]. Le wapiti a également été réintroduit dans un certain nombre d'autres d'états, dont la Pennsylvanie, le Michigan et le Wisconsin. À partir de 1989, les chiffres de la population du wapiti des montagnes rocheuses ont été estimés à 782 500 individus, et le nombre estimé de tous les sous-espèces en Amérique du Nord a dépassé celui du million[24]. Avant la colonisation européenne en Amérique du Nord, il y avait environ dix millions de wapitis sur le continent[15]. La population mondiale du wapiti, en comptant ceux en captivité et dans la nature, est d'environ deux millions.

En dehors de leur habitat, le wapiti et les autres espèces de cerf ont été introduits dans des zones qui avaient à l'origine peu ou pas de grands ongulés. Portés dans ces pays par la chasse et l'élevage (viande, cuir et velours), ils se sont révélés hautement adaptables et ont souvent eu un impact négatif sur les écosystèmes locaux[25].

Le wapiti et le cerf élaphe ont été introduits en Argentine et au Chili au début du XXe siècle[26]. Là, ils sont maintenant considérés comme une espèce invasive, empiétant sur les écosystèmes où ils sont en concurrence pour la nourriture avec les populations autochtones de huemul et d'autres herbivores[27]. Cet impact négatif sur les espèces animales a conduit l'Union internationale pour la conservation de la nature (IUCN) à identifier le wapiti comme l'un des cent pires « envahisseurs »[25]. Les deux espèces ont également été introduites en l'Irlande et en Australie[28],[29].

L'introduction de cerfs en Nouvelle-Zélande a commencé dans le milieu du XIXe siècle, et leur population actuelle est essentiellement européenne (cerf élaphe) avec seulement 15 % de wapitis[30]. Ces cerfs ont eu un impact négatif sur la régénération de la forêt et de certaines espèces végétales, qu'ils consomment plus qu'il ne le faudrait et qui sont, de fait, remplacées par d'autres qui sont moins prisées du wapiti. L'impact à long terme sera une modification des types de plantes et d'arbres, et d'autres espèces animales et végétales qui en dépendent[31]. Comme au Chili et en Argentine, l'UICN a déclaré que les populations de cerfs élaphe et de wapitis en Nouvelle-Zélande sont une espèce invasive[25]. Il y a plus de 250 individus en captivité.

Comportement

Deux wapitis mâles luttant

Les wapitis adultes restent le plus souvent dans des troupeaux homogène d'un seul sexe. Au cours de la période d'accouplement, connue sous le nom de rut, les mâles matures entrent en concurrence pour obtenir les attentions des femelles et essayer de défendre les femelles de leur harem. Les mâles rivaux se défient par des oppositions physiques et par le brame. Les oppositions sont au début sans contact, deux mâles se faisant face et évaluant les bois et la puissance du rival. Si aucun mâle ne recule, ils s'engagent dans une lutte violente avec les bois, ce qui entraîne parfois de grave blessures. Les mâles creusent également des trous dans le sol, dans lequel ils urinent et roulent leur corps, absorbant l'urine dans leurs poils et leur donnant donc une odeur qui attire les femelles[32].

Les mâles dominants suivent les groupes de femelles au cours du rut, du mois d'août au début de l'hiver. Un mâle va défendre son harem d'une vingtaine de femelles ou plus, selon la concurrence entre les mâles et la présence de prédateurs[33]. Seuls les mâles matures ont des harems et arrivent à se reproduire avec succès, normalement vers l'âge de huit ans. Les mâles de deux à quatre ans et ceux de plus de onze ans ont rarement des harems, et passent la plupart du rut autour des grands harems. Les mâles jeunes et moins jeunes qui acquièrent malgré tout un harem le font plus tard dans la saison de reproduction que les mâles dominants. Un mâle avec un harem se nourrit rarement et peut perdre jusqu'à 20 % de son poids. Les mâles qui entrent en rut en mauvais état sont moins susceptibles de tenir jusqu'à la période de pointe de reproduction et n'ont pas la force de survivre aux rigueurs de l'hiver qui arrive[32].

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Les mâles ont une forte vocalisation composée de cris et connue sous le nom de « brame », qui peut être entendue à des kilomètres à la ronde. Ce brame est souvent associé à une adaptation aux environnements ouverts tels que les parcs, les prairies et les savanes, où le son peut se propager sur de grandes distances. Les femelles sont plus attirées par les mâles qui brament souvent et ceux qui ont le brame le plus fort[34]. Le brame est plus fréquent au début et en fin de journée. C'est l'un des sons les plus distinctifs de la nature, semblable au hurlement du loup.

Cycle de vie et gestation

Femelle allaitant un jeune wapiti.

Les wapitis femelles ont un cycle d'œstrus de seulement un jour ou deux et les accouplements sont généralement d'une douzaine de tentatives ou plus. À l'automne de leur deuxième année, la femelle peut donner naissance à un petit et, très rarement, à deux, bien que la reproduction soit plus fréquente lorsque les femelles pèsent au moins 200 kg[35].

La période de gestation est de 240 à 262 jours et la progéniture pèse entre 15 et 16 kg. Lorsque les femelles sont proches d'accoucher, elles ont tendance à s'isoler du troupeau principal, et resteront isolées jusqu'à ce que le petit soit assez grand pour échapper à des prédateurs[36]. Les petits sont nés tachetés et perdent leurs taches avant la fin de l'été, sauf pour le wapiti Manchurian qui peut conserver quelques taches orange sur le dos de son manteau jusqu'à ce qu'il devienne plus âgé.

Après deux semaines, les petits sont en mesure de rejoindre le troupeau et sont totalement sevrés à deux mois[37]. Ils pèsent autant qu'un cerf de Virginie adulte vers six mois[38] et restent avec leur mère pendant près d'un an, ce qui laisse à peu près le temps qu'il faut pour que les petits de la prochaine saison arrivent[34]. La période de gestation est la même pour toutes les sous-espèces.

Le wapiti peut vivre vingt ans ou plus en captivité, mais en moyenne seulement dix à treize ans dans la nature. Dans certaines sous-espèces qui souffrent moins de la prédation, ils peuvent vivre en moyenne quinze ans dans la nature[39].

Protection contre les prédateurs

Le wapiti mâle conserve ses bois plus de la moitié de l'année et est moins susceptible d'être en groupe avec d'autres mâles lorsqu'il a des bois. Ces bois fournissent un moyen de défense, comme le fait un coup des pattes avant que même la femelle peut effectuer si l'animal est provoqué. Une fois les bois perdus, les mâles ont tendance à former des groupes homogènes qui leur permettent de travailler en collaboration pour se défendre des prédateurs. Les troupeaux ont tendance à employer un ou plusieurs éclaireurs, tandis que les autres membres mangent et se reposent[34].

Après le rut, les femelles forment de grands troupeaux allant jusqu'à cinquante animaux. Les nouveau-nés sont conservés à proximité par un contact sonore très régulier, ce qui provoque dans les grands troupeaux un bruit de fond constant tout au long de la journée. Lorsqu'elles sont sollicitées par des prédateurs, les plus grandes et plus robustes femelles prennent position, utilisant leurs pattes avant pour donner des coups de pied à leurs agresseurs. Les grognements gutturaux et les comportements de défiance sont efficaces pour dissuader la plupart des prédateurs. Les meutes de loups et de coyotes et le puma (solitaire) sont les plus susceptibles d'être des prédateurs, bien que l'ours brun et l'ours noir chassent aussi le wapiti[34]. Dans le Greater Yellowstone Ecosystem, qui comprend le parc national de Yellowstone, les ours sont les plus importants prédateurs des petits[40]. Les grands prédateurs en Asie sont notamment le dhole, l'ours brun, le tigre de Sibérie, le panthère de Chine et l'once. Le lynx d'Eurasie et les sangliers, peuvent parfois prendre en proie le wapiti de l'Altaï[8].

La quasi-disparition des loups dans certaines régions du monde où il était présent a entraîné l'augmentation du nombre de wapitis, ce qui pousse les chasseurs à diminuer leur nombre, comme dans le parc national de Banff[41], car une surpopulation risquerait de perturber tout l'écosystème local.

Migration

Comme c'est le cas pour de nombreuses espèces de cerf, en particulier ceux des régions montagneuses, le wapiti migre dans les zones de plus grande altitude au printemps, suite à la fonde des neiges, et fait l'inverse à l'automne. La chasse a aussi des effets sur les migrations et ses mouvements[42]. Au cours de l'hiver, le wapiti favorise les zones boisées et les vallées abritées du vent, cherchant des écorces d'arbres à manger. Le wapiti de Roosevelt ne migre généralement pas en raison de la moins forte variabilité saisonnière des sources de nourriture[34].

Maladies de l'espèce

Wapiti dans le Wyoming.

Au moins 53 espèces de protistes et de parasites animal ont été identifiés chez le wapiti[43]. À quelques exceptions près, ces parasites ne conduisent pas à une mortalité significative chez les individus sauvages et en captivité.

Le Parelaphostrongylus tenuis est un nématode parasite connu pour affecter la moelle épinière et les tissus du cerveau du wapiti et d'autres espèces, ce qui conduit à la mort[44]. L'hôte définitif est le cerf de Virginie, où le parasite n'a normalement pas d'effets visibles. Les escargots et les limaces, les hôtes intermédiaires, peuvent être consommés par inadvertance lorsque le wapiti se nourrit d'herbes[2].

Le wapiti s'est montré sensible à la Chronic Wasting Disease (CWD), maladie dégénérative à prion. Celle-ci a été diagnostiquée indépendamment de la région d'Amérique du Nord où se trouve le wapiti, la première fois à la fin des années 1960 chez le cerf hémione. La maladie a ensuite touché le wapiti sur les exploitations agricoles et dans la nature dans un certain nombre de régions. Le wapiti qui a contracté la maladie commence à perdre du poids, à besoin de boire plus, est désorienté et apathique, et à un stade avancé de la maladie, meurt. La maladie est proche de l'encéphalopathie spongiforme bovine mais il n'y a pas de risques pour les êtres humains et elle ne représente pas une menace pour le bétail[45]. En 2002, la Corée du Sud a interdit l'importation de velours de bois de wapiti en raison de préoccupations au sujet de cette maladie[46].

Le wapiti peut être touché par la brucellose. Aux États-Unis, le Greater Yellowstone Ecosystem est le seul endroit où la maladie est encore connue. Chez les bovins domestiqués, la brucellose entraîne la stérilité, des fausses-couches et une réduction de la production de lait. Elle est transmise à l'homme comme la borréliose, produisant des symptômes pseudo-grippaux qui peuvent durer des années. Bien que les bisons soient plus susceptibles de transmettre la maladie à d'autres animaux, le wapiti peut la transmettre par inadvertance aux chevaux dans le Wyoming et aux bovins dans l'Idaho. Les chercheurs tentent d'éradiquer la maladie par la vaccination et des mesures de gestion de troupeau[47]. Les environnements touchés par la fragmentation écopaysagère semblent propices au développement de cette maladie[réf. nécessaire].

Une récente étude sur l'autopsie de wapitis en captivité en Pennsylvanie attribua la cause du décès dans 33 cas sur 65, soit à des parasites gastro-intestinaux (21 cas, principalement Eimeria et Ostertagia) ou à des infections bactériennes (12 cas, principalement la pneumonie)[48].

Wapitis par Benjamin Waterhouse Hawkins, vers 1850.

Certains parasites, tels que le Fascioloides magna ou Dictyocaulus viviparus se trouvent chez le wapiti, même s'ils sont généralement peu significatifs dans cette espèce[49]. Depuis que des études ont montré que l'infection de certaines espèces de bétail par l'un ou l'autre de ces parasites était souvent mortelle, leur présence dans les troupeaux de wapitis est considérée comme « préoccupante ».

Symbolisme culturel

Le wapiti a joué un rôle important dans l'histoire culturelle d'un certain nombre de peuples. Pictogrammes et pétroglyphes du wapiti ont été sculptés dans les falaises par les Anasazis il y a des milliers d'années, dans le sud-ouest des États-Unis. Des tribus nord-amérindiennes des États-Unis plus récentes, dont les Kootenay, les Cris, les Pikunis, les Ojibwés et les Pawnees produisirent des couvertures et des vêtements en peaux de wapiti.

Le wapiti est d'une importance particulière pour les Lakotas et a joué un rôle spirituel dans leur société[50]. À la naissance, les hommes Lakota reçoivent une dent de wapiti dans l'espérance d'avoir une longue durée de vie, car cet organe est considéré comme la dernière partie du wapiti mort à pourrir. Le wapiti est considéré comme ayant une forte puissance sexuelle et les jeunes hommes Lakota qui avaient rêvé du wapiti recevaient un symbole de la représentation mythique de l'animal sur leur habit de cérémonie comme un signe de « prouesse » sexuelle. Les Lakota estimaient que le wapiti mythique et spirituel, et non le réel, était un professeur pour l'homme et l'incarnation de la force, de la puissance sexuelle et du courage[51].

Le drapeau du Michigan montre un wapiti et un élan.

Des pétroglyphes du Néolithique retrouvés en Asie représentent des femelles wapiti (sans bois), qui ont été interprétés comme symbolisant la renaissance et la subsistance. Au début de l'âge du bronze, le wapiti est représenté moins fréquemment dans l'art rupestre, ce qui coïncide avec une transformation culturelle loin de la chasse[52].

Le wapiti des montagnes rocheuses est le symbole animal de l'état de l'Utah. Une image d'un wapiti et d'un élan figure sur le drapeau du Michigan.

Commerce

Bien que les chiffres pour chacune des espèces de gibier ne sont pas disponibles, une enquête nationale du United States Fish and Wildlife Service de 2006 a démontré que la chasse aux wapitis sauvages semble être le principal impact économique[53].

Les wapitis sont détenus en captivité ou en élevage, pour la chasse, la production de viande et de velours. Le gros gibier, comme le wapiti étant prisé pour les chasseurs, la « canned hunt », c'est-à-dire la chasse dans un milieu clos permettant au chasseur qui paie un droit d'entrée d'avoir une garantie d'abattre un animal, s'est développée. Les wapitis ne sont que rarement utilisés pour la production de viande sur une grande échelle, mais certains restaurants proposent cette viande comme une spécialité et elle est également disponible dans certaines épiceries. La viande a un goût proche de la viande de chevreuil, contient plus de protéines et est moins grasse que le bœuf ou le poulet[54]. La viande est également une bonne source de fer, de phosphore et de zinc, mais est riche en cholestérol[55].

Un wapiti mâle peut produire de 10 à 11 kg de velours chaque année et, sur les ranchs des États-Unis, du Canada et de Nouvelle-Zélande, ce velours est recueilli et vendu sur les marchés en Asie de l'Est, où il est utilisé en médecine traditionnelle. Le velours est également considéré par certaines cultures comme un aphrodisiaque[46]. Les bois sont aussi utilisés dans des œuvres d'art, meubles et autres articles décoratifs. Tous les sous-espèces asiatiques, ainsi que d'autres cerfs, ont été élevées pour leur bois : en Asie centrale et orientale par les Hans, les peuples turcs, les Toungouses, les Mongols et les Coréens. Les exploitations agricoles de wapitis sont relativement communes en Amérique du Nord et en Nouvelle-Zélande[30].

Les peaux de wapitis ont été utilisées depuis des milliers d'années pour couvrir les tipis, faire des couvertures, des vêtements et des chaussures. L'utilisation moderne est plus décorative, mais des chaussures en peau de wapiti, des gants et des ceintures ne sont pas rares[15].

Depuis 1967, les Boy Scouts of America ont aidé les employés du National Elk Refuge, dans le Wyoming, par la collecte de bois qui tombent chaque hiver. Les bois sont ensuite vendus aux enchères et la plupart des bénéfices réinvestis au refuge. En 2006, 3 200 kg de bois ont été vendus aux enchères, rapportant près de $ 76 000.

Voir aussi

Bibliographie

  • (en) (en) Valerius Geist, Deer of the World: Their Evolution, Behaviour, and Ecology, Stackpole Books, 1998, 421 p. (ISBN 978-0811704960) 
  • (en) (en) Valerius Geist, Elk Country, Northword Press, 1993, 160 p. (ISBN 978-1559712088) 

Liens externes

Références taxinomiques

Note : ces références taxinomiques peuvent concerner l'ancienne et la nouvelle classification.

Source

  • (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu d’une traduction de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Elk ».

Notes et références

  1. (en) (en) Bob Robb et Gerald Bethge, The Ultimate Guide to Elk Hunting, The Lyons Press, 2001, 240 p. (ISBN 978-1585741809) 
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  3. (en) Wildlife - Wapiti (Elk), 2006, U.S. Forest Service. Consulté le 4 juin 2007
  4. a  et b (fr) Louise Côté, Louis Tardivel, Denis Vaugeois, L'Indien généreux: Ce que le monde doit aux Amériques, Les éditions Boréal, Montréal, 1992 (réimpr. 2000), 287 p. (ISBN 2-89052-463-9), p. 277-278 
  5. (en) Ecosystem and Climate History of Alaska, 2006, U.S. Geological Survey. Consulté le 4 juin 2007
  6. (en) The Case of the Irish Elk, University of California, Berkeley. Consulté le 4 juin 2007
  7. a , b  et c (en) Christian J. Ludt, Wolf Schroeder, Oswald Rottmann et Ralph Kuehn, « Mitochondrial DNA phylogeography of red deer (Cervus elaphus) », Elsevier. Consulté le 4 juin 2007
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  52. (en) (en) Esther Jacobson, The Deer Goddess of Ancient Siberia: A Study in the Ecology of Belief, Brill Academic Publishers, 1993 (ISBN 978-9004096288) (OCLC 185933267) 
  53. (en) 2006 National Survey of Fishing, Hunting, and Wildlife-Associated Recreation, 2006, United States Fish and Wildlife Service. Consulté le 16 septembre 2008
  54. (en) Elk Meat Nutritional Information, Wapiti.net. Consulté le 4 juin 2007
  55. (en) Nutritional Summary for Game meat, elk, raw, Condé Nast Publications. Consulté le 4 juin 2007
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