- Harem
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Un harem (arabe : حريم [ḥarīm], « harem » ou « gynécée ») désigne à la fois la suite de femmes (concubines ou simples « beautés ») qui entouraient un personnage important et leur lieu de résidence. Par extension, le terme est aussi utilisé pour d'autres civilisations, comme l'Égypte ancienne ou la Chine impériale.
Le sens oriental est « interdit aux hommes ». En effet, « harem » dérive du mot harâm qui désigne ce qui est tabou, interdit par la religion. Son antonyme est halâl, ce qui est permis par la religion. Les deux termes appartiennent au hudûd, qui fixe les limites entre ce qui est permis et ce qui est interdit.
Les harems étaient présents dans beaucoup de civilisations antiques. Chez les Grecs, c'est le gynécée. Les derniers grands harems (ceux que désigne le terme en particulier) sont les harems des sultans et pachas de l'Empire ottoman.
Le harem est avant tout un lieu de plaisir où résident les concubines officielles du seigneur, ainsi que les femmes qui ont été placées à son service (de gré ou de force). Elles ont pour tâche de lui donner des enfants pour les premières et de le divertir (musique, danse et sexe par les odalisques) pour les secondes.
Sommaire
Le haremlik (Empire ottoman)
Le harem des sultans ottomans était une société presque autonome, organisée et hiérarchisée où pouvaient se tramer toutes sortes de complots. Le poison pouvait servir à éliminer une rivale ou à éliminer des prétendants à la succession et permettre à ses propres enfants de devenir à leur tour sultan[1].
Structure
- Valide Sultan (lire: Validé Soultane, turc : « valide », « mère »), est la mère du sultan, donc se situe au sommet de la hiérarchie. Elle est exclue du harem à la mort de son fils. Un exemple célèbre est la créole Aimée du Buc de Rivery.
- Les épouses officielles du sultan : leur nombre est limité à quatre, selon la loi islamique.
- La Baš Haseki ou Baš Kadin Efendi, la première épouse, est la mère de l’héritier du titre de sultan.
- Les Haseki Sultan ou Kadin Efendi, mères d’héritier(s) présomptif(s) au titre de sultan. Elles sont recluses et ne peuvent pas se remarier à la mort du sultan. Elles sont exclues du harem si leur(s) fils meur(en)t.
- Les Haseki Kadin, mères de filles. Elles peuvent se remarier à la mort du sultan.
- En dessous, toutes les femmes étaient des esclaves, aucune n’était musulmane puisqu’une musulmane n'est pas censée être réduite en esclavage.
- Les concubines (turc : hassodalik) ou les chanceuses (turc : ikbal). Si elles ont un enfant, elles peuvent devenir épouses.
- Les remarquées (turc : gözde)
- Les diplômées de l’école du harem
- Baş Hazinedar Usta : La trésorière du harem est l'administratrice du budget ; elle a un pouvoir considérable dans l'organisation de la vie du harem.
- Les élèves de l’école du harem. Elles y étudient la musique, le chant, la danse, la poésie et les arts de l’amour, le turc et le persan. La plupart sont destinées à épouser des officiers ou des fonctionnaires.
- Les eunuques et les femmes de service.
Fonction politique
Article détaillé : Sultanat des femmes.L'imagerie populaire occidentale a fait du harem ottoman un « lupanar des temps modernes ». En fait, le harem a une fonction politique très forte au sein de l’Empire ottoman à son apogée (XVe siècle-XVIIe siècle). On peut distinguer au moins deux périodes.
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- Avant Soliman le Magnifique, le harem est le cadre à la fonction de reproduction du sultanat essentielle à la pérennité de l'Empire. Les plus belles femmes de l'Empire (et d'ailleurs) y sont sélectionnées essentiellement par la mère du sultan afin de trouver une femme qui plaira à son fils, mais surtout assez intelligente pour pouvoir éduquer l’héritier de l’empire. Chaque femme choisie par le sultan parmi les dizaines de concubines ne peut avoir qu’un fils. Ensuite le sultan ne peut plus la toucher, mais devra avoir d’autres concubines pour produire de nouveaux enfants mâles et protéger la dynastie. Les princes héritiers vivent aussi dans le harem. À son décès, l’aîné de ses fils survivants devra faire assassiner par strangulation ses demi-frères avec des cordelettes de soie. Sur l’autel de la raison d’État, de nombreuses passations de pouvoir se sont ainsi cruellement passées jusqu’au XVIIe siècle.
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- Durant le règne de Soliman, le rôle du harem devient beaucoup plus politique sous l’influence de son épouse Hürrem (Roxelane pour l’Occident) qui va donner plusieurs enfants mâles à Soliman[1]. Hürrem va aussi transformer le harem en antichambre du pouvoir et l’utiliser pour imposer un « règne des femmes » qui durera plus d’un siècle et demi. La reine-mère y prendra un pouvoir comparable à l’influence d’une Marie de Médicis en France au même moment. Le harem devient alors un véritable État dans l’État où les fonctions les plus anodines comme le service du café devient un enjeu politique. Le nombre de concubines passe à plus de 600 femmes. Certains successeurs de Soliman auront plus de vingt enfants de femmes différentes.
Le choix de la concubine
Beaucoup de femmes sont enlevées lors de razzias ou d'actes de piraterie mais de nombreuses femmes restent dans le harem par choix, espérant y « faire carrière ». Lorsqu'elles arrivent dans le harem, on leur donne un nouveau nom, souvent persan. La "liberté" est surveillée. Lorsque le sultan descend dans le harem, chacune des concubines cherche à le séduire. Le massage, la danse et la musique y sont essentiels. La concubine est supposée vierge[1].
Le rôle des eunuques
La castration des esclaves musulmans étant interdite par l'Islam, les eunuques sont importés des territoires non musulmans par la pratique de l'« impôt de sang » : ce sont souvent des noirs (razziés principalement en Éthiopie et dans la région du Lac Tchad), afin que l’on soit sûr qu’aucun d’entre eux ne puisse engendrer un héritier du trône. Ils s'occupent de l'administration du harem. Quant aux eunuques blancs (principalement du Caucase et de Bosnie), ils sont affectés à la garde de cette « prison dorée »[1]. Après castration par un chrétien copte d'Egypte, ils sont formés à leur rôle futur. Ils sont dirigés par le « Grand eunuque » gouvernant le harem : c'est le troisième personnage de l'Etat après le sultan et le grand vizir[2].
Ils ne sont supposés que veiller à la virginité et au maintien de l’ordre dans le harem. Mais après Soliman, ils vont avoir un rôle essentiel de messagers entre le royaume des femmes et le reste du palais. Ce sont les seuls qui puissent faire la navette entre les deux mondes. Le silence étant imposé dans le harem, ils communiquent par un langage des signes inventé par Soliman.
Ils doivent souvent faire preuve d’autorité pour séparer des femmes prêtes à s’entretuer pour sauver leur fils d’une mort certaine si leur frère devient sultan (cas d'Hurrem et de la mère de Mustafa qui manquèrent de s'entretuer). Ils se chargent de l'éducation de ces princes héritiers, leur apprennent un métier d'art (orfèvrerie, sculpture du bois) et mettent à leur disposition un harem de femmes stériles.
Le zenana en Inde musulmane
À la suite de la conquête musulmane des Indes, les Rajputs, en particulier, utilisèrent une stratégie similaire d'enfermement des femmes dans des structures, pièces, partie d'habitation ou aile de palais, appelées zenana, dont la fonction était de soustraire les femmes, épouses, filles et sœurs à la convoitise des envahisseurs, ce qui participa probablement à la dégradation de la condition des femmes en Inde. On trouve ainsi un Zenana Mahal ou « palais de reines » à Udaipur (Rajasthan). À Jaipur, le Palais des vents permettait aux femmes de profiter du spectacle de la rue sans être vues.
Cet usage, cependant ne se répandit pas dans le reste du sous-continent indien régi par des râja hindous.
En Espagne musulmane
Le plus grand harem était situé à Cordoue pendant l'époque du califat occidental et regroupait 5000 personnes, tous rôles évoqués plus haut confondus.[réf. nécessaire]
Bibliographie
- (en) Douglas Scott Brookes (dir. et trad.), The concubine, the princess, and the teacher : voices from the Ottoman harem, University of Texas Press, Austin, 2008, 314 p. (ISBN 978-0-292-71842-5)
- (fr) Altan Gokalp, Harems, mythe et réalité, Ouest-France, Rennes, 2008, 143 p. (ISBN 978-2-7373-4628-6)
- (fr) Leylâ Hanım, Le harem impérial et les sultanes au XIXe siècle, version française par son fils Youssouf Razi, Ed. Complexe, Bruxelles, 2000, 299 p. (ISBN 2-87027-846-2) (reproduction de l'édition de Paris, Calmann-Lévy, 1925)
- (fr) Fatema Mernissi, Le harem et l'occident, A. Michel, Paris, 2001, 230 p. (ISBN 2-226-12810-7)
- (fr) Emmanuelle Peyraube, Le harem des Lumières : l'image de la femme dans la peinture orientaliste du XVIIIe siècle, Éd. du patrimoine, Centre des monuments nationaux, Paris, 2008, 159 p. (ISBN 978-2-85822-954-3) (texte remanié dune thèse de doctorat d'Histoire de l'art, Paris 1, 2004)
- (en) Mary Roberts, Intimate outsiders : the harem in Ottoman and Orientalist art and travel literature, Duke University Press, Durham, 2007, 195 p. + 32 p. pl. (ISBN 978-0-8223-3967-0)
Notes et références
- Altan Gokalp, Harems, mythe et réalité, Ouest-France, Rennes, 2008
- Hifzi Topuz, Meyyale, Editions Remzi Kitabevi
Filmographie
- (en) A Zenana, film documentaire américain réalisé par Roger Sandall et Jayasinhji Jhala, Documentary Educational Resources, Watertown, MA, 2007, 36' (DVD)
- (fr) Harem, film de fiction franco-turc réalisé par Ferzan Ozpetek (1999) avec Marie Gillain et Alex Descas ; décrit la vie, la hiérarchie et les intrigues dans le dernier harem de l'Empire Ottoman.
Annexes
Articles connexes
Liens externes
- La vie de harem, le harem et le palais des sultans
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