Lynx d'Eurasie

Lynx d'Eurasie

Lynx d'Eurasie

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Lynx d’Eurasie
 Lynx d'Eurasie (Lynx lynx)
Lynx d'Eurasie (Lynx lynx)
Classification classique
Règne Animalia
Embranchement Chordata
Sous-embr. Vertebrata
Classe Mammalia
Sous-classe Theria
Infra-classe Eutheria
Ordre Carnivora
Sous-ordre Feliformia
Famille Felidae
Sous-famille Felinae
Genre Lynx
Nom binominal
Lynx lynx
(Linnaeus, 1758)
Répartition géographique
Wiki-Lynx lynx.png
Statut de conservation IUCN :

LC  : Préoccupation mineure
Schéma montrant le risque d'extinction sur le classement de l'IUCN.

Statut CITES : Cites II.svg Annexe II ,
Révision du 04-02-77

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Le lynx d'Eurasie (Lynx lynx, anciennement Felis lynx[1]) est une espèce du genre Lynx.

Sommaire

Morphologie

Lynx d'Eurasie femelle

Il est presque deux fois plus grand que celui du Canada, mais les proportions du corps restent les mêmes. Cependant le lynx d'Eurasie est d'ordinaire marqué de grandes taches noires bien délimitées ou de stries. Les mâles comme les femelles ont souvent un collier de poils longs autour du cou et sous le menton, aussi appelé favoris. La couleur de sa fourrure est la plus variable du genre Lynx. Elle varie du blanc crème au brun foncé.

Le Lynx commun a développé des adaptations spécifiques au froid : la fourrure est particulièrement dense, notamment sur le dos, et les pieds très larges agissent comme des raquettes afin de ne pas s’enfoncer dans la neige. Le Lynx du Canada possède également cette caractéristique[2].

Il pèse en moyenne 20 kg pour un mâle et 17 kg pour une femelle. Il mesure de 60 à 70 cm à l'épaule et sa longueur est de 80 à 130 cm avec une queue de 11 à 24 cm.

Le Lynx commun est très peu vecteurs de la rage. Sur 1 000 lynx de Slovaquie capturés ou tués sur dix ans, seuls 0,6 % étaient infectés par le virus rabique. De plus, les lynx ne développent pas la forme agressive de la maladie et ont tendance à faire diminuer les populations de renards (très sensibles à la rage) par pression de prédation[3].

Habitat

Le lynx d'Eurasie préfère les zones forestières avec des sous-bois denses et couverts. Il sait toutefois s'adapter et est capable de fréquenter les biotopes rocheux, les forêts claires et même les broussailles. Il a par contre disparu de la plupart des forêts de plaine depuis plusieurs siècles, pourchassé par l'Homme.

Comportement

Le lynx est un prédateur nocturne et solitaire, actif du crépuscule au lever du soleil mais rarement observé. Il chasse principalement à l'affût. Les lynx, comme la plupart des félins, asphyxient généralement leurs proies par une morsure ciblée au niveau de la gorge. Prédateurs crépusculaires, les lynx sont plus actifs durant le lever et le coucher du soleil[4].

Le taux de réussite de la chasse varie énormément selon les individus. Pour le Lynx commun, on estime que les femelles accompagnées de leur petits réussissent leur chasse dans 60 à 70 % des cas, les mâles dans 40 à 60 % des cas et les subadultes dans 10 à 20 % des cas[3].

Comme tous les félins, les lynx sont territoriaux. Le territoire du mâle recouvre celui d'une ou plusieurs femelles. Le territoire des femelles est par conséquent plus petit, et celles-ci défendent âprement leur territoire contre l’intrusion d’autres femelles. Les territoires, tout sexe confondu, comportent cependant des « zones neutres » où il est possible de circuler sans qu’il y ait affrontement : les limites du territoires sont fréquemment des zones neutres chez les lynx. La taille du territoire dépend de la densité de proies et de l’espèce de Lynx considérée[5]. Le lynx mâle est intolérant envers les autres mâles traversant son territoire, bien que cela soit les femelles qui restent les plus vindicatives entre elles[6].

Chaque adulte a un territoire de 11 à 300 km2, selon l'abondance des proies ; lorsqu'elles sont rares le lynx doit patrouiller des zones plus vastes pour se trouver à manger. La formule Densité supportable pour 100 km2 = 4,58 Log 10 (X) – 9,53 (où X = biomasse d’ongulés en kg/km2) a été proposée, à partir de l’analyse de territoires de lynx de différents pays occupés, mais elle reste incertaine étant donné la variété des méthodes de comptage[7].

Régime alimentaire

Le Lynx commun attaque peu ou pas le Grand tétras[3]. Le Lynx commun est le seul Lynx à s’attaquer de préférence aux petits ongulés comme le chevreuil ou le chamois[8].

Sous-espèces

Répartition géographique

Distribution historique et régression

Le lynx était présent partout en Europe, sauf en Grande-Bretagne[9]. La chasse du lynx commence au XVIe siècle en Europe et s’intensifie au XVIIIe. L’intensification de la chasse fut menée par la démocratisation des armes à feu, l’accroissement des populations réduisant l’espace disponible pour le lynx, et la favorisation de la chasse par l’obtention de primes de l’Etat pour supprimer la vermine[9].

En France, il disparaît des Vosges vers 1830, du Massif central vers 1875 et du Jura vers 1885. Il persiste dans les Alpes jusqu'en 1940. Sa présence passée et actuelle dans les Pyrénées, seul ou en compagnie du lynx d'Espagne, est discutée dans la mesure où on ne dispose guère que de témoignages, nombreux mais fragiles[10].

Le Lynx commun a été totalement éradiqué de France au XIXe siècle. En Suisse, le lynx a disparu du Plateau au XVIIe siècle et était présent dans le Jura et les Alpes jusqu’au XIXe siècle. Le lynx a disparu de l’ouest de l’Europe et des Alpes avant l’ours et le loup, bien qu’il ait été persécuté moins intensivement. L’explication réside dans une plus grande sensibilité du lynx face à la destruction de son habitat et à la diminution des effectifs de ses proies naturelles. Contrairement à l’ours et au loup, le lynx n’est pas un charognard[4]. Au début du XXe siècle, les populations de lynx régressaient partout en Europe : on estimait la population à environ 4 000 individus, plus de la moitié vivant dans les Carpates. 1 200 Lynx pardelles se trouvaient en Espagne[11]. Les populations de lynx régressèrent partout en Europe, puis eurent tendance à s’accroître au milieu du XXe siècle, du fait de sa protection légale[9].

Situation actuelle

Le lynx est un animal protégé depuis le 19 septembre 1979 (Convention internationale de Berne). En France, il est réintroduit dans les Vosges et le Jura. Mais nombre d'entre eux proviennent sans doute d'Allemagne et de Suisse. Il y aurait environ une centaine d'animaux dans ces régions. Il réapparaît aussi dans les Alpes de manière passive (arrivée d'individus de Suisse) et dans les Ardennes. Le lynx doit faire face à l'hostilité des chasseurs, qui peuvent le voir comme un concurrent, certains chasseurs n'hésitent d'ailleurs pas à tirer des lynx ou encore à les empoisonner. En 2006, il y aurait moins de deux cents animaux sur les trois massifs[12].

Présence en France

En France, il est revenu naturellement dans les Alpes (pour l'instant surtout le Nord des Alpes françaises) et le Jura (suite à des opérations de réintroduction effectuées en Suisse) et a été réintroduit dans les Vosges. À la fin de 2004, la population française était estimée entre 135 et 180 animaux, la tendance étant à l'augmentation à la fois numérique et en termes de territoires occupés :

  • Vosges : 30 à 40 animaux ;
  • Jura : 85 à 100 animaux ;
  • Alpes (surtout le Nord) : 20 à 40 animaux[13].

Dans le Jura, le lynx a reconstitué un noyau de population qui semble pérenne, et il est devenu avec le tétras un des indicateurs de qualité des forêts et parfois le symbole d'une volonté de réparer les dégâts environnementaux.

Dans les Vosges, les derniers lynx auraient été tués au début du XVIIe siècle, ou ont été victimes de la déforestation, de la raréfaction de leur nourriture (les grands mammifères ont fortement régressé après la révolution française) pour ne retrouver des populations importantes qu'à la fin du XXe siècle. Le projet vosgien de réintroduction a été initié en 1983, avec la création d'un noyau de population complémentaire de celle qui s'était déjà reconstitué dans le proche Jura. De 1983 à 1993 ce sont 12 mâles et 9 femelles qui ont été relâchés. En 2006, on estime qu'il y aurait 30 à 40 individus dans la région, sur environ 2 000 km2 (densité : 1,5 à 2 lynx/100 km2). La population vosgienne se reconstitue très lentement. Elle semble plus fragile et vulnérable que la population jurassienne, notamment en raison d'un braconnage persistant, des risques liés à la chasse ou à la circulation automobile.

En Moselle, des scientifiques et des naturalistes[14] ont confirmé en 2000 les descriptions faites par des promeneurs depuis les années 1980, établissant la présence de lynx dans l’ouest et le nord-ouest de l’agglomération messine[15]. La réappropriation de ce vaste territoire propice à leur développement (forêts broussailleuses, terrains militaires interdits à la chasse et vallées étroites) riche en gibier (daims et chevreuils) peut être la conséquence directe de la réintroduction menée dans les Vosges en 1983, l'action individuelle d'un naturaliste connaisseur étant aussi tout à fait plausible. D'après les observations, ces félidés, estimés à une cinquantaine d'individus, seraient dans une phase de migration vers l’ouest.

Les réintroductions

Article connexe : Réintroduction.

La notion d’animal « nuisible » ou « protégé » fait appel au jugement à court terme et peut varier énormément. On peut évaluer financièrement un animal, par exemple, on peut dire que la réintroduction du lynx dans le canton d'Obwald en Suisse a permis d'économiser 350 000 francs de subventions en dégâts dus aux ongulés[9].

Dès le début des années 1970, des lynx ont été réintroduits dans le Jura et les Alpes suisses, puis dans les années 1980, dans les Vosges, le Jura et les Alpes françaises. En France, le suivi des populations de lynx est effectué par le réseau Lynx qui relève les indices de présences du félin. En Suisse, des captures ont lieu pour déplacer les individus à problème[11].

Pour capturer des lynx a des fins de réintroduction, les scientifiques utilisent la tendance des félins à emprunter toujours les mêmes passages. Une cage à deux portes coulissantes est placée de telle manière que le félin puisse voir sa piste au-delà du piège, sur un chemin fréquemment utilisé. Le lynx est souvent capturé au début ou à la fin de l’hiver, il subit ensuite une période de quarantaine avant d’être relâché, de préférence en couple, à la belle saison. Les individus capturés sont souvent des jeunes, généralement des mâles[3]. Quatorze projets de réintroduction du lynx ont été mis en œuvre en Europe de 1970 à 2006, qui dont donné les meilleurs résultats en Slovénie, dans les Alpes suisses et dans le Jura. Le Lynx commun a été réintroduit en Slovénie, en Croatie, dans le parc national de Bavière en Allemagne, dans le Jura suisse, le canton de Vaud, le canton d'Obwald, le parc national des Grisons et le parc national du Grand-Paradis en Italie[9]. Il est présent maintenant en Europe de l'Ouest, en Russie, en Scandinavie, en Pologne, en Asie Mineure, en Iran et en Irak. À l'Est, il va jusqu'en Mongolie, en Mandchourie et aux régions montagneuses de l'Asie centrale.

Un des risques pour le lynx qui doit beaucoup se déplacer pour chasser est la collision mortelle avec un véhicule (roadkill). Des écoducs commencent à compléter une stratégie naissante de corridors biologiques qui veut permettre à la fa

L'espèce et l'homme

Étymologie et sémantique

Le terme Lynx est issu d'une racine indoeuropéenne, que l’on retrouve en latin Lynx et en grec ancien λύγξ[16] ou sous des formes un peu différentes comme en suédois Lodjur ou en polonais Ryś.

Le lynx est également nommé loup-cervier, du latin Lupus cervarius qui signifie « le loup qui attaque les cerfs »[17].

En français, Lynx canadensis est désigné par le terme « lynx du Canada » et également « loup-cervier » en français du Canada. L’appellation lynx polaire existe également[18].

Expressions françaises

  • Avoir des yeux de lynx : avoir une très bonne vue. En fait le lynx semble essentiellement avoir une bonne vision nocturne (comme un chat) sans performance diurne exceptionnelle.
    On prêtait à ses yeux étincelants la faculté de voir à travers les murs ; et l’on attribuait à cet animal des pouvoirs extraordinaires, comme celui qui ferait se changer son urine en une pierre précieuse appelée lyncurium[19].
  • Avoir des oreilles de lynx : avoir une très bonne ouïe.
  • Être rusé comme un lynx : être très futé.
  • Lyncée vient du mot Lynx ou Loup-cervier. (Avoir les yeux de Lyncée).
  • Hevelius a donné[réf. nécessaire] le nom de constellation du Lynx, une constellation boréale regroupant quarante quatre étoiles, disposée en ligne au-dessus des Gémeaux, entre la Grande Ourse et le Cocher. Parce qu’il faut avoir les yeux de lynx pour tous les reconnaître[réf. nécessaire].

Relations avec l'homme et représentations

Le lynx n'attaque pas l'homme, pas même lorsque celui-ci s'approche de sa progéniture[20]. Extrêmement discret, il est même rarement vu. Au parc national de Bavière où le lynx a été réintroduit, 10000 promeneurs annuels empruntent un sentier à 300 mètres du lieu de reproduction du lynx ; l’ensemble du parc de 13000 hectares est visité par 1,3 millions de visiteurs en 1976. Pourtant, seules 6 à 8 observations ont été notées (pour 6 lynx résidants dans le parc)[3].

Le lynx est très peu représenté sur les peintures rupestres. Durant l’âge du Bronze, trois représentations ont été notées sur un paroi rocheuse bnissei, sur le schiste de la Madeleine et dans la grotte de Parpallo-Gandsa (cette dernière représentation est peut-être celle d’un chevreuil). Les restes sont également peu fréquents : des dents et des griffes de lynx ont été retrouvées et semblaient faire office d’amulettes dans le Jutland au Néolitique[9].

Pompée amena des lynx de Gaule pour ces jeux du cirque[9].

Le lynx a fait l’objet de nombreuses superstitions. Ainsi l’urine de lynx avait la propriété de se solidifier pour former une pierre précieuse capable de soigner l’ictère et de faire disparaître les calculs de la vessie. Un autre superstition veut que le lynx aient de bons yeux. Cette croyance est née d’une confusion avec l’argonaute Lyncée qui possédait une vision perçante : l’expression « avoir des yeux de Lyncée » s’est transformée en « avoir des yeux de lynx »[9].

Au Moyen-Âge, le loup-cervier est une assimilation du lynx au loup. On appelait ainsi le lynx « loup à robe zébrée ou mouchetée », et tout le monde était terrifié par cet animal. Le lynx était très méconnu, absent des bestiaires car absent de la Bible, il apparaît dans le livre de chasse de Gaston Phoebus[9].

Voir aussi

Bibliographie

Liens externes

Notes et références

  1. Ses classifications
  2. (fr) Rémy Marion (dir.), Cécile Callou, Julie Delfour, Andy Jennings, Catherine Marion et Géraldine Véron, Larousse des félins, Larousse, Paris, septembre 2005, 224 p. (ISBN 2-03-560453-2 et ISBN 978-2035604538) (OCLC 179897108)  , p. 19
  3. a , b , c , d  et e (fr) C. Kempf, A. Balestri, U. Wotschikowsky et M. Fernex, Chez nous Le Lynx ? Mythes et réalité, Les guides Gesta, 1979 (ISBN 2-903191-01-8) , « Écologie du lynx », p. 33-74
  4. a  et b (fr) KORA, « Documentation Lynx préparée à la demande de l'Office fédéral de l'environnement, des forêts et du paysage (OFEFP) » sur http://www.bafu.admin.ch/, KORA (Projets de recherches coordonnés pour la conservation et la gestion des carnivores en Suisse). Consulté le 21 septembre 2009
  5. Larousse des félins, op. cit., p. 149
  6. Larousse des félins, op. cit., p. 165
  7. (en) HETHERINGTON D.A., GORMAN M.L. 2007. Using prey densities to estimate the potential size of reintroduced populations of Eurasian lynx. Biological Conservation 137 : 37-44 (8 p., 2 fig., 2 tab., 76 réf.).
  8. (fr) Rémy Marion (dir.), Cécile Callou, Julie Delfour, Andy Jennings, Catherine Marion et Géraldine Véron, Larousse des félins, Larousse, Paris, septembre 2005, 224 p. (ISBN 2-03-560453-2 et ISBN 978-2035604538) (OCLC 179897108)  , p. 135
  9. a , b , c , d , e , f , g , h  et i Chez nous Le Lynx ? Mythes et réalité, op. cit., « Historique des populations », p. 83-120
  10. Le cas des Pyrénées
  11. a  et b Larousse des félins, op. cit., « La réintroduction du lynx en France », p. 212-213
  12. Jean-Claude Genot, Vivre avec le Lynx, éditions Hesse, 2006-08-31. , ISBN 2-911272-88-9, revue
  13. Le suivi du statut de conservation de la population de lynx en france : bilan 2002-2004, par Éric Marboutin, C. Duchamp et M. Catusse (ONCFS).
  14. Des lynx aux portes de Metz paru le 10 novembre 2000 sur le journal en ligne Infodujour.com.
  15. Notamment dans les forêts de Châtel-Saint-Germain, de Scy-Chazelles, Plappeville, ou les environs du mont Saint-Quentin et de Lorry-lès-Metz d'après Infodujour.com.
  16. (fr) Définitions lexicographiques et étymologiques de Lynx du CNRTL.
  17. Suivant le Robert. Le Trésor de la Langue française écrit « loup qui attire les cerfs ».
  18. (fr) Clément Fortin et Josée Tardif, « Situation du Lynx du Canada (Lynx canadensis) au Québec » sur http://www.fapaq.gouv.qc.ca, Janvier 2005, Direction du développement de la faune. Consulté le 21 septembre 2009
  19. Dictionnaire des locutions françaises, 1957.
  20. www.pronatura.ch, huit questions, huit réponses.
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