Willem van Haecht

Willem van Haecht
Willem van Haecht
Scène établi pour le célèbre Landjuweel à Anvers en 1561, gravure de la publication prestigieuse « Spelen van Sinne, ghespeelt op de Lant juweel binnen Andtwerpen », imprimée en 1562.
Scène établi pour le célèbre Landjuweel à Anvers en 1561, gravure de la publication prestigieuse « Spelen van Sinne, ghespeelt op de Lant juweel binnen Andtwerpen », imprimée en 1562.

Activités Dessinateur
Dramaturge
Libraire
Poète
Naissance vers 1530
Anvers
Flag - Low Countries - XVth Century.png  Pays-Bas des Habsbourg
Décès après 1585 et avant 1612
(?)
Provinces-Unies Provinces-Unies
Langue d'écriture Néerlandais
Mouvement Renaissance
Genres Poésie
Psaumes
Théâtre

Willem van Haecht, né à Anvers vers 1530 et mort après 1585[1] et avant 1612 aux Pays-Bas septentrionaux[2], est un auteur en langue néerlandaise et l’un des facteurs de la chambre de rhétorique anversoise De Violieren.

Sommaire

Biographie

Avant l’arrivée du duc d’Albe

Issu d’une famille de peintres et de graveurs[3], il était dessinateur et vraisemblablement aussi libraire de profession[1]. Du peintre Willem van Haecht (1593-1637), il était le grand-oncle[4].

Sa devise était : Behaegt Gods wille (à traduire comme « conformez-vous à la volonté de Dieu »).

Dès 1552, Van Haecht fut membre d’une chambre de rhétorique, De Violieren[5], qui comptait parmi ses membres Cornelis et Floris de Vriendt ainsi que Maarten de Vos[6]. Il devint facteur, ou poète en titre, de cette société en 1558[5], probablement succédant à Jan van den Berghe, sympathisant du luthéranisme, lorsque celui-ci rencontre des problèmes de santé[7].

En mai 1558, Van Haecht crée une moralité, Het spel van Scipio, représentée par ses compagnons devant le magistrat et les autres chambres de rhétorique[5]. C'est pièce n’a pas été conservée[8].

Cheville ouvrière du grand concours de la littérature néerlandaise[9], pour lequel 1393 rhétoriciens se rendirent à Anvers à cheval[10] et qui eut lieu en 1561, Van Haecht écrivit les pièces d’introduction[1], comme le jeu d’Apollon et de Pan par lequel la compétition du landjuweel fut ouverte. Ce fut une pièce appropriée : on y rappelle aux arbitres le personnage mythologique de Midas qui avait à choisir entre le chant d’Apollon et celui de Pan[9]. Les moralités de ce concours ainsi que d’autres œuvres poétiques furent publiées en 1562 avec une préface de sa main[11]. Apparemment l'auteur a voulu produire une œuvre dans le style de la Renaissance, prenant sa matière dans la mythologie classique. Toutefois, dans la seconde partie de la pièce, celle-ci tourne en « sotternie » médiévale. Van Haecht écrivit également la pièce d'adieu, Oorloff oft Adieu et la pièce de clôture du jeu de la haie (« haagspel ») qui suivit le landjuweel. Dans la pièce d’adieu, il soutient la thèse que la décadence de Rome et celle d'autres anciens empires ne devrait pas être attribuée à l'incrédulité ou au rejet de Dieu mais au déclin des arts[8].

D’une chanson polyphonique à cinq voix, Ghelijc den dach hem baert, diet al verclaert, de la chambre De Violieren, vraisemblablement composée par Hubert Waelrant à l’occasion de l’ouverture de la compétition, les paroles néerlandaises seraient de la plume du facteur Van Haecht. Ce poème, sous forme de chanson, est repris dans la moralité Het Oordeel van Tmolus, publiée en 1562[10], ainsi qu'imprimé sur une feuille volante avec la notation musicale[12].

Dans sa qualité de facteur, poète en titre et dramaturge principal des Violieren, il produisit trois moralités – une quatrième, conservée dans le même manuscrit, ne serait pas de sa main - dans lesquelles il met en scène les œuvres des Apôtres, et en particulier celles de Paul, selon le goût du temps. Ayant reçu au préalable l’approbation de Jan Huysmans, vicaire et paroissien de l’église Saint-Georges, elles pouvaient être jouées dans l’enceinte de la ville d'Anvers[13],[14]. Ses pièces font témoignage de la conviction modérément luthérienne de Van Haecht et de l’intérêt qu’il portait pour l’antiquité. Elles sont intitulées, dans le manuscrit de la Bibliothèque royale de Belgique à Bruxelles[1], Spel van Sinnen van dwerck der Apostelen (moralité sur les actes des Apôtres)[14]. Elles ont été jouées le 9 avril 1563[15], et la deuxième et la troisième d’entre elles le même jour l’année suivante[8],[15]. Ces pièces, respirant l'esprit d'Erasme[8], auraient été interdites en 1564[11]. Leur représentation, le 21 juin 1565, qui plut au public, aurait fait grincer les dents du clergé selon Godevaert van Haecht, un proche parent de l’artiste[16],[17]. Aujourd’hui, l’on considère ses moralités comme l’interprète de la doctrine par laquelle le luthéranisme essayait de se justifier[7].

En 1564, Van Haecht remporte le troisième prix au concours d’une autre chambre de rhétorique, le Goudbloem[7].

Van Haecht empruntait partiellement les sujets de ses pièces à la mythologie classique. Il diffère cependant d’auteurs néerlandophones d’une génération précédente, tels que Colijn van Rijssele, pour qui l’élément classique ne correspondait qu’à une parure empruntée, une apparence bien superficielle. Ainsi, son Oordeel van Tmolus tusschen Apollo en Pan (jugement de Tmolus entre Apollon et Pan) témoigne d’une meilleure compréhension de l’esprit de l’antiquité et du désir de mieux cerner l’imagination de la réalité historique.

En outre, il prit connaissance de la poésie italienne et française de la Renaissance[18].

Depuis l’arrivée du duc d’Albe

Forcé de prendre la fuite en 1567 à l’arrivée du duc d’Albe, Van Haecht trouva refuge à Aix-la-Chapelle[1] et, de là, aux Pays-Bas septentrionaux[11]

Pour la période qui suit, on connaît de lui Dry Lamentatien oft Beclaghinghen […] (trois lamentations), imprimées en 1567[19].

Van Haecht revenait à Anvers dès que la capitale économique et culturelle des Pays-Bas avait été libérée par les gueux et qu'elle eut obtenu un gouvernement calviniste[1]. Quand, en 1578, la congrégation luthérienne pouvait se reconstituer à Anvers, plus rien ne l’empêcha de pratiquer sa confession luthérienne ouvertement. La même année, il publia des gravures par lesquelles il mit en images la doctrine luthérienne de la grâce[7]. En outre, il produisit sa propre version rimée des Psaumes au profit des congrégations luthériennes anversoise et bruxelloise[20]. Ses éditions portent le privilège de deux princes catholiques : la première de 1579, celui de l'archiduc Mathias ; celle de 1583, étrangement, celui du duc de Parme[21],[22]. Cela indique que, à l'époque, les adeptes de la Confession d'Augsbourg en Brabant ne furent guère opprimés par les réformés. La seconde édition contient également une annexe comprenant une traduction en néerlandais du Gloria Patris, traduit de sept façons[21].

Van Haecht entretint des liens d’amitié avec l’humaniste et auteur bruxellois Iehan Baptista Houwaert[23],[24], qu’il compare à Marcus Tullius dans la louange par laquelle est introduite la Lusthof der Maechden de Houwaert, et qui fut publiée en 1582 ou 1583, en précisant que tout homme sensé devrait reconnaître que ce dernier écrivait de façon éloquente et excellente[25].

Lorsque, en 1585, Anvers, gérée par les calvinistes, tomba dans les mains du duc de Parme[1], il dut fuir à nouveau sa ville natale, persécuté pour sa foi, et trouver refuge aux Pays-Bas septentrionaux[5].

Plusieurs chansons dans le recueil de chansons de gueux, lui ont été attribuées[19] ; deux d’entre elles, difficilement datables, signées de Per Haecht, sur base de cette signature. Dans ces chansons, Van Haecht se montre modéré par rapport aux autres poètes ayant collaboré à ce recueil. Ses chansons contiennent des exhortations à croire en Dieu et d'invoquer son Nom, d'écouter et de lire sa Parole, et parfois – selon Kalff - un soupir silencieux joint au rappel modeste à l’adresse des souverains de ne pas recourir à la force, ainsi qu'aux sujets d'obéir à ceux qui les gouvernent[26].

Il écrivit également quelques poèmes plus modestes, entre autres de chansons très religieuses et des refrains (un genre qui s’apparente à la ballade), quelques dialogues, trois lamentations, une traduction des cinq lamentations de Jérémie et des adaptations des Psaumes, partiellement incorporées dans le livre de chants de l’église luthérienne néerlandaise[27].

Il mourut à la fin du XVIe siècle[5] ou au début du siècle suivant.

L’œuvre

Les psaumes

Les Psaumes de Van Haecht ne sont pas les premiers d’observance luthérienne en langue néerlandaise. À Francfort-sur-le-Main, ville gouvernée par les luthériens de laquelle les calvinistes venaient de se faire chasser, l’imprimeur Hans de Braeker publie en 1565 un Hantboecxken, inhoudende den heelen Psalter qui comprend, à part un grand nombre d’hymnes et de chansons spirituelles, le psautier complet. Peu après, en 1567, suivent deux recueils semblables, sans mention de lieu et d’imprimeur, mais le sous-titre indique qu’ils trouvent leur origine à Anvers[28].

La première traduction d’un psaume qu’on connaît de Van Haecht, date de 1567[8], mais c’est en 1579 et en 1583 qu’est publiée une nouvelle version du psautier complet de sa main qui sera réimprimée encore maintes fois ; à Amsterdam[29] entre autres en 1605[30] et en 1634[29]. Elle était encore usitée par les luthériens jusqu’au 28 novembre 1688, l’année à laquelle la congrégation amstellodamoise adopte un nouveau psautier de leur confession, mis en vers par Jan van Duisbergh[20],[28],[11], que celui-ci avait publié l’année précédente[30].

Curieusement, plusieurs versions des psaumes, c’est-à-dire celle de Van Haecht et de plus anciennes datant d’avant 1579, ont été imprimées l’un en regard de l’autre, initialement dans la seconde partie comprenant les hymnes, mais dans les éditions ultérieures immédiatement après la version rimée de Van Haecht[28].

Apparemment, la congrégation put non seulement choisir quelle traduction elle voulut chanter, mais également sur quelles mélodies. Il y a des concordances entre mélodie et structure de strophes des Psaumes de Van Haecht et de ceux de Jan Utenhove, qui ne seraient que partiellement basés sur des airs français et pour une plus grande partie sur des mélodies d’origine allemande. Aussi, les airs, empruntés à des chansons d’origine spirituelle et – vraisemblablement – aussi d’origine profane ont été réduits à des mélodies construites uniquement sur des notes entières et brèves[28],[31].

Consciemment, Van Haecht cherche une concordance entre le nombre de syllabes et le nombre de notes, comme en témoigne sa critique des collections précédentes[28].

Œuvres[32]

Littérature

  • C.G.N. de Vooys, `Apostelspelen in de Rederijkerstijd', in Med. Kon. Acad. v. Wetensch. Afd. Lett. dl. 65, serie A, 5; Idem, in Oud-Holland, 45 (1928);
  • W.J. Kooiman, Luther's kerklied in de Nederlanden (1943);
  • G.J. Steenbergen, in Nieuwe Taalg., 42 (1950);
  • Jaarboek De Fonteine (1950);
  • Leuvense Bijdr., 40 (1950);
  • L. van den Branden, Het streven naar verheerlijking ... (1956);
  • J.C. Arens, in Neophilologus, 44 (1960);
  • Liber Alumnorum prof. dr. E. Rombauts (1968);
  • W.M.H. Hummelen, in Studia Neerlandica, 1 (1970-1971).

Sources

Références

  1. a, b, c, d, e, f et g Mak Coigneau 244
  2. Bibliothèque numérique
  3. Van Bruaene 133
  4. Van Montfrans 303
  5. a, b, c, d et e Frederiks & Van den Branden 309
  6. Van Even 20
  7. a, b, c et d Van Bruaene 134
  8. a, b, c, d et e Knuvelder 516
  9. a et b Ter Laan 194
  10. a et b Grijp 324
  11. a, b, c et d Ter Laan 195
  12. Bonda 216
  13. Le prologue de la seconde pièce dans le manuscrit a cette souscription : « Geusiteert ende onderteekent bij mijn heer ian huijsmans priester vicarus ende prochiaen der kercke van st. ieuris binnen der stadt van Antwerpen » ; Van Voorst 125
  14. a et b Witsen Geysbeek 1
  15. a et b Witsen Geysbeek 2
  16. Marnef 181/183
  17. Godevaert van Haecht écrit dans sa chronique : « Op den 21 dach Juny [1565] speelden de scilders van Antwerpen, welc is de Violirie, een scoo spel van sinnen uyt die wercken der apostelen [...] en hadde alle den volcke wel behacht maer de geestlyckheyt grimde » (« Le 21e jour, les peintres d’Anvers, qui sont les Violiers [ndlr. : c’est-à-dire, la chambre de rhétorique de ce nom jouaient une belle moralité, sur les actes des apôtres […], qui a plu à tout le monde, mais le clergé grincent des dents ») ; Van Haecht vol. 1, 8
  18. Knuvelder 517
  19. a et b Witsen Geysbeek 4
  20. a et b Meppen 5
  21. a et b Witsen Geysbeek 3
  22. Knuvelder 278
  23. Kalff 282
  24. Te Winkel 38
  25. Kalff 286
  26. Kalff 272
  27. Mak Coigneau 244-245
  28. a, b, c, d et e Overdiep 197
  29. a et b Witsen Geysbeek 2-3
  30. a et b Scholtz 235
  31. Grijp 172
  32. Frederiks & Van den Branden 309-310
  33. Steenbergen 18-19f

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