- Olga de Grèce (1903-1997)
-
Pour les articles homonymes, voir Olga de Grèce (homonymie).
Olga de Grèce Pays Grèce puis Yougoslavie Titre Princesse de Grèce et de Danemark Autre titre Princesse de Yougoslavie
(ou de Serbie)Biographie Dynastie Maison d'Oldenbourg
Maison KaradjordjevitchNaissance 11 juin 1903
Tatoï (Grèce)Décès 16 octobre 1997
Paris (France)Père Nicolas de Grèce Mère Hélène Vladimirovna de Russie Conjoint Paul de Yougoslavie Enfants Alexandre de Yougoslavie
Nicolas de Yougoslavie
Élisabeth de Yougoslaviemodifier Olga de Grèce (en grec moderne : Όλγα της Ελλάδας / Ólga tis Elládas et en serbe cyrillique : Олга Карађорђевић / Olga Karadjordjevitch), princesse de Grèce et de Danemark puis, par son mariage, princesse de Yougoslavie et de Serbie, est née le 11 juin 1903 à Tatoï, en Grèce, et est décédée le 16 octobre 1997 à Paris, en France. Petite-fille du roi Georges Ier de Grèce, elle est l'épouse du prince régent Paul de Yougoslavie et exerce donc le rôle de « Première dame » de Yougoslavie entre 1934 et 1941.
Sommaire
Famille
La princesse Olga est l'aînée des trois filles du prince Nicolas de Grèce (1872-1938) et de son épouse la grande-duchesse Hélène Vladimirovna de Russie (1882-1957). Par son père, la princesse est donc la petite-fille du roi Georges Ier de Grèce (1845-1913) tandis que, par sa mère, elle est l'arrière-petite-fille du tsar Alexandre II de Russie (1818-1881).
Le 22 octobre 1923, la princesse Olga épouse à Belgrade, en Yougoslavie, le prince-régent Paul de Yougoslavie (1893-1976), lui-même fils du prince Arsène de Yougoslavie (1859-1938) et de son épouse la princesse Aurora Pavlovna Demidova de San Donato (1873-1904). Du mariage d'Olga et de Paul naissent trois enfants :
- Alexandre de Yougoslavie (1924), prince de Yougoslavie puis de Serbie, qui épouse, en 1955, la princesse Maria Pia d'Italie (1934) avant de divorcer en 1967 et de se remarier, en 1973, à la princesse Barbara de Liechtenstein (1942) ;
- Nicolas de Yougoslavie (1928-1954), prince de Yougoslavie, qui meurt célibataire ;
- Élisabeth de Yougoslavie (1936), princesse de Yougoslavie puis de Serbie, qui épouse, en 1961, l'industriel américain Howard Oxenberg (1919-2010) avant d'en divorcer en 1966 et de se remarier, trois ans plus tard, au banquier Neil Balfour (1944). Après un nouveau divorce et une liaison avec l'acteur gallois Richard Burton (1925-1984), la princesse se remarie, en 1987, à l'ancien Premier ministre du Pérou, le Dr Manuel Ulloa Elías (1922-1992).
À travers sa fille Élisabeth, la princesse Olga est donc la grand-mère maternelle de l'actrice américaine Catherine Oxenberg (1961), bien connue pour son rôle d'Amanda Bedford Carrington dans la série télévisée Dynasty. Par son fils Alexandre, elle est par ailleurs la grand-mère du célèbre prince-joailler Dimitri de Yougoslavie (1958).
Biographie
Une enfance grecque
Petite-fille du roi des Hellènes Georges Ier, la princesse Olga voit le jour au palais de Tatoï, résidence secondaire de la famille royale, en 1903[1]. Comme le veut la tradition grecque, elle reçoit alors le prénom de sa grand-mère paternelle, la reine Olga Constantinovna de Russie[2].
L’enfant grandit aux côtés de ses parents et de ses sœurs cadettes, les princesses Élisabeth (née en 1904) et Marina (née en 1906), au Palais Nicolas, actuel siège de l’ambassade italienne à Athènes[N 1]. Elle est élevée dans la simplicité et son éducation est supervisée par une institutrice anglaise du nom de Miss Fox[3].
Une fois par an, Olga et sa famille se rendent en Russie, où elles fréquentent la famille impériale et jouent régulièrement avec les filles du tsar Nicolas II. Les Grèce se trouvent d’ailleurs à Saint-Pétersbourg, lorsque éclate la Première Guerre mondiale, en 1914[4].
La Première Guerre mondiale et l'exil
Article connexe : Grèce dans la Première Guerre mondiale.La Première Guerre mondiale est un moment marquant dans la vie de la famille royale de Grèce. Après la rupture du roi Constantin Ier et de son Premier ministre Elefthérios Venizélos à propos de l'entrée dans le conflit, une quasi guerre civile secoue le royaume hellène, qui est partiellement occupé par les Alliés à partir de 1915[réf. nécessaire].
Finalement, le 10 juin 1917, le roi Constantin est contraint à quitter le pouvoir par l'ultimatum du Haut-commissaire français Charles Jonnart et il part en exil avec son épouse et ses enfants[N 2] en Suisse alémanique[réf. nécessaire]. Qualifié de « génie du mal de la monarchie » par les vénizélistes, le prince Nicolas est rapidement contraint à quitter à son tour Athènes et à rejoindre son frère à l'étranger[réf. nécessaire]. Olga et sa famille s'installent alors à Saint-Moritz, où les Grèce connaissent pour la première fois de leur vie les soucis financiers[5].
La restauration de Constantin Ier en 1920 permet à la jeune fille de retrouver pour une brève période son pays natal mais l’abdication définitive du roi en 1922 oblige la jeune fille et sa parentèle à reprendre leur vie d’exilés. Olga s'installe alors successivement à San Remo, à Paris et à Londres, où elle vit chichement auprès de membres de sa famille[6].
« L'une des plus belles femmes de son époque »
Considérée, avec sa sœur Marina, comme l’« une des plus belles jeunes femmes de son époque »[7],[8], la princesse Olga est une personnalité discrète, romantique et fragile[9].
Dès avant son départ en exil, un projet matrimonial la lie au futur Frédéric IX de Danemark et les fiançailles des deux jeunes gens sont même annoncées publiquement en 1922. Cependant, la maladresse du prince danois, qui prend la main d’une des sœurs d’Olga au lieu de la sienne lors de la présentation officielle du jeune couple devant la foule athénienne, humilie durablement sa promise. Peu de temps après l’événement, Olga décide donc de rendre sa bague à l’héritier du trône nordique et met un terme à leurs fiançailles[10].
Après son installation au Royaume-Uni, la vie sentimentale d’Olga est l’objet de bien des rumeurs. On prétend ainsi durant quelque temps qu’une relation amoureuse la lie au prince de Galles lui-même. Mais, vraie ou non, l’amourette n’est pas concluante et la princesse grecque poursuit sa vie de célibataire. Fréquentant avec assiduité la bonne société, elle rencontre, lors d’un bal donné par sa cousine Lady Zia Wernher, le prince Paul de Yougoslavie[11].
Immédiatement séduit par la beauté de la jeune femme, le petit-fils d’Alexandre Karadjordjevitch danse pour la première fois avec Olga, qui se montre plutôt indifférente à son égard. D’autres rencontres suivent pourtant, notamment au palais de Buckingham, et le prince Paul parvient finalement à séduire la jeune fille[12].
Mariage et installation en Yougoslavie
Une fois les fiançailles d’Olga et de Paul annoncées, le trousseau de la jeune femme est acheté à Paris. C’est cependant à Belgrade, dans la patrie du prince, qu’est organisé le mariage, en octobre 1923[12].
Désormais princesse de Yougoslavie, Olga s’attèle à l’apprentissage du serbe, qu’elle parvient rapidement à dominer, malgré un fort accent grec. Partageant désormais sa vie entre le Palais blanc de Belgrade, un magnifique chalet dans la vallée de Bohinj et une villa à Rumunska Ulica, Olga profite de l’immense fortune que son époux a en partie héritée de sa famille maternelle. Mais, habituée à un style de vie moins provincial que celui qui est le sien dans sa nouvelle patrie, la princesse trouve son quotidien d’autant plus monotone et ennuyeux que ses relations avec le roi Alexandre Ier et l’épouse de celui-ci ne sont guère chaleureuses[13].
Heureusement pour elle, Olga reçoit les visites régulières de ses sœurs et d’autres membres de sa famille[14]. Bientôt mère de trois enfants, nés entre 1924 et 1936, elle passe par ailleurs beaucoup de temps à s’occuper de sa progéniture[15] tandis que son époux s'adonne à ses collections d'art[13].
La Régence de Paul
Le 9 octobre 1934, le roi Alexandre Ier de Yougoslavie est assassiné lors d'une visite officielle à Marseille par un nationaliste macédonien membre de l'ORIM[réf. nécessaire]. Son successeur, le jeune Pierre II, n’ayant que onze ans, un conseil de Régence est mis en place sous la direction du prince Paul. Bien que n’ayant jamais aspiré à la vie politique, l’époux d’Olga n’a d’autre choix que d’accepter la charge qui lui incombe et prend alors la tête des affaires de l’État[14].
Devenue, en quelque sorte, la « première dame » de Yougoslavie[N 3], Olga doit plus que jamais représenter son pays d’adoption aux côtés de son époux. Avec lui, elle effectue ainsi plusieurs séjours officiels à l’étranger et rencontre ainsi les dictateurs Benito Mussolini et Adolf Hitler, à Rome et à Berlin, en avril et juin 1939[14]. De fait, dans le contexte tendu de la fin des années 1930, le très anglophile prince Paul engage progressivement son pays dans une politique d’alliance avec les forces de l’Axe[16]. Il semblerait d'ailleurs que les liens de parenté entre Olga et différents membres du gotha allemand ayant embrassé l'idéologie nazie (dont son cousin, le prince Philippe de Hesse-Cassel) n'aient pas été sans effet sur l'évolution politique du prince Paul[17].
Déposition et exil
Après l’éclatement de la Deuxième Guerre mondiale, le prince Paul signe, le 25 mars 1941, un traité d’alliance faisant entrer son pays dans le camp allemand. Désapprouvant cette décision, l’armée yougoslave se révolte deux jours plus tard et proclame la majorité du jeune Pierre II[18]. Paul, Olga et leurs trois enfants sont alors arrêtés et remis aux Britanniques, qui les déportent en Grèce puis en Égypte. Confinés durant quelque temps au Caire, ceux-ci sont ensuite envoyés au Kenya, dans la région du lac Naivasha, et enfin Afrique du Sud, où ils retrouvent plusieurs membres de la famille royale de Grèce[N 4],[19],[20]. Parallèlement, le retournement du gouvernement yougoslave conduit Hitler à faire bombarder Belgrade et à envahir le pays en avril 1941[21].
Suspectés d’être favorables aux forces de l’Axe, Olga et sa famille sont gardées sous surveillance par les Britanniques durant toute la durée de la guerre et ne sont autorisés à regagner l’Europe qu’en 1948[22]. Malgré tout, Olga est autorisée à rentrer quelque temps au Royaume-Uni, en 1942, après le décès de son beau-frère, le duc de Kent, afin d’y consoler sa sœur Marina[23].
Retour en Europe
En 1948, Paul, Olga et leurs trois enfants obtiennent finalement l’autorisation de quitter l’Afrique australe mais, la Yougoslavie ayant adopté un régime communiste, ils ne peuvent regagner leur patrie. La famille s’installe alors en Suisse, puis à Paris. Elle effectue par ailleurs de fréquents séjours à Londres et à Florence, où Paul possède une résidence située non loin de de la Villa Sparta. En Toscane, Olga a ainsi le plaisir de retrouver sa cousine et amie, la reine-mère Hélène de Roumanie, tandis qu'au Royaume-Uni elle est toujours bien accueillie par sa sœur Marina et le reste de la famille royale[19].
En 1954, la princesse et son époux ont la douleur de perdre leur deuxième fils, Nicolas, tué dans un accident de voiture en Angleterre[15].
Une vieille dame exigeante
Devenue veuve en 1976, Olga passe des séjours de plus en plus longs en Grande-Bretagne. Sa sœur Marina étant décédée en 1968, elle est alors hébergée au palais de Kensington, chez la princesse Alice du Royaume-Uni puis, après la mort de celle-ci, directement à Clarence House, chez la reine Élisabeth II. La princesse grecque se gagne alors la réputation d'être une invitée exigeante[24].
Avec l’âge, la santé d’Olga se détériore. Elle continue pourtant à assister aux grands événements du gotha européen, comme les mariages d’Alexandre de Yougoslavie (en 1972)[N 5], de Michael de Kent (en 1978) et du prince de Galles (en 1981)[25].
Atteinte par la maladie
Atteinte par la maladie d’Alzheimer à la fin de sa vie, la princesse Olga est longtemps hospitalisée à Meudon. Quelques années avant sa mort, en 1993, sa fille Élisabeth décide de réaliser un film-documentaire sur elle avec l’aide d’une journaliste serbe. Cependant, Olga étant déjà, à cette époque, lourdement touchée par la maladie, le projet de sa fille fait scandale. Le prince Alexandre porte ainsi plainte contre sa sœur Élisabeth devant la justice française pour atteinte à l’image de leur mère et réclame en son nom 107 000 dollars de dommages et intérêts[26].
La princesse Olga s'éteint dans la capitale française, le 16 octobre 1997. Elle est enterrée aux côtés de son époux dans un mausolée familial situé à Lausanne, en Suisse[15].
Bibliographie
Biographies de la princesse et de sa famille
- (en) Neil Balfour et Sally Mackay, Paul of Yugoslavia: Britain's maligned friend, H. Hamilton, 1980 (ISBN 0241103924)
- (es) Ricardo Mateos Sainz de Medrano, La Familia de la Reina Sofίa, La Dinastίa griega, la Casa de Hannover y los reales primos de Europa, Madrid, La Esfera de los Libros, 2004 (ISBN 978-84-9734-195-0)
- (en) Alan Palmer et Michael of Greece, The Royal House of Greece, Londres, Weidenfeld Nicolson Illustrated, 1990 (ISBN 978-0-297-83060-3) (OCLC 59773890)
- (en) Jonathan Petropoulos, Royals and the Reich : The Princes von Hessen in Nazi Germany, Oxford, Oxford University Press, 2009, 1re éd., poche (ISBN 978-0-19-921278-1)
Souvenirs et mémoires princiers
- (en) Prince Nicholas of Greece, My Fifty Years, Hutchinson & Co., Londres, 1926.
- (en) Prince Nicholas of Greece, Political Memoirs, Hutchinson & Co., Londres, 1928.
- (en) King Peter II of Yugoslavia, A King's Heritage; The Memoirs of King Peter II of Yugoslavia, Cassell, Londres, 1955.
Liens internes
Lien externe
- (en) The Peerage.com (site de généalogie)
Notes et références
Notes
- Nicolas II de Russie à sa cousine la grande-duchesse Hélène Vladimirovna de Russie, à l’occasion de son mariage avec le prince Nicolas de Grèce, en 1902. Très moderne pour son époque, il bénéficiait de l'eau courante, froide et chaude. Mateos Sainz de Medrano 2004, p. 250. Le Palais Nicolas a été offert par le tsar
- Alexandre Ier. Seul le deuxième fils du souverain reste en Grèce, où il monte sur le trône sous le nom d'
- reine-mère mais celle-ci ne participait plus à aucun événement politique, au contraire d’Olga, censée seconder son époux en Yougoslavie comme à l’étranger. La véritable « première dame » restait, en réalité, la
- Invasion de la Grèce par l'Allemagne nazie, la princesse Fredrika et ses enfants, le prince Georges et son épouse Marie, la princesse Eugénie et sa famille et la princesse Catherine de Grèce ont tous trouvé refuge en Afrique du Sud. Après l'
- mère et la grand-mère de celui-ci n'ayant pu assister à la cérémonie du mariage. Mateos Sainz de Medrano 2004, p. 412 À cette occasion, c'est d'ailleurs la princesse Olga qui accompagne le prétendant yougoslave à l'autel, la
Références
- Palmer et Greece 1990, p. 33
- Mateos Sainz de Medrano 2004, p. 110 et 250
- Mateos Sainz de Medrano 2004, p. 250
- Mateos Sainz de Medrano 2004, p. 250-251
- Mateos Sainz de Medrano 2004, p. 251
- Mateos Sainz de Medrano 2004, p. 251-252
- Mateos Sainz de Medrano 2004, p. 266
- Palmer et Greece 1990, p. 70
- Mateos Sainz de Medrano 2004, p. 256
- Mateos Sainz de Medrano 2004, p. 256-257 et 300
- Mateos Sainz de Medrano 2004, p. 257
- Mateos Sainz de Medrano 2004, p. 258
- Mateos Sainz de Medrano 2004, p. 258-259
- Mateos Sainz de Medrano 2004, p. 259
- Mateos Sainz de Medrano 2004, p. 262
- Mateos Sainz de Medrano 2004, p. 259-260
- Petropoulos 2009, p. 162-163
- Mateos Sainz de Medrano 2004, p. 260
- Mateos Sainz de Medrano 2004, p. 261
- Petropoulos 2009, p. 215
- Petropoulos 2009, p. 215-216
- Mateos Sainz de Medrano 2004, p. 260-261
- Mateos Sainz de Medrano 2004, p. 271
- Mateos Sainz de Medrano 2004, p. 261-262
- Mateos Sainz de Medrano 2004, p. 262, 412 et 456
- Mateos Sainz de Medrano 2004, p. 262-263
Catégories :- Naissance en 1903
- Décès en 1997
- Famille royale de Grèce (Oldenbourg)
- Histoire de la Yougoslavie
Wikimedia Foundation. 2010.