Christophe de Grece

Christophe de Grece

Christophe de Grèce

Christophe de Schleswig-Holstein-Sonderbourg-Glücksbourg (en grec moderne : Πρίγκιπας Χριστόφορος της Ελλάδας), prince de Grèce et de Danemark, est né le 10 août 1888 à Pavlovsk, en Russie, et est décédé le 21 janvier 1940 à Paris, en France. C’est un membre de la famille royale hellène.

Portrait du prince Christophe.

Sommaire

Famille

Le roi Georges Ier de Grèce et son épouse la reine Olga, née grande-duchesse de Russie.

Le prince Christophe est le plus jeune des huit enfants du roi Georges Ier de Grèce (1845-1913) et de son épouse la grande-duchesse Olga Constantinovna de Russie (1851-1926). Par son père, il est le petit-fils du roi Christian IX de Danemark (1818-1906), surnommé le « beau-père de l’Europe », tandis que, par sa mère, il est l’arrière-petit-fils du tsar Nicolas Ier de Russie (1796-1855). Le prince est donc le neveu ou le cousin de la plupart des monarques d'Europe du Nord.

Le 1er janvier 1920, Christophe de Grèce épouse, à Vevey, en Suisse, la richissime roturière américaine May « Nancy » Stewart Worthington Leeds (1878-1923), qui devient, après sa conversion à l’orthodoxie, la princesse Anastasia de Grèce.

De ce mariage ne naît aucun enfant mais la jeune femme est déjà mère d’un adolescent avec lequel le prince Christophe va rester très lié après la disparition de son épouse :

  • William Bateman Leeds Junior (1902-1971), qui épouse, en 1921, la grande-duchesse Xenia Georgievna de Russie (1903-1965), elle-même nièce du prince Christophe à travers la sœur aînée de celui-ci, la princesse Maria de Grèce (1876-1940).

Le 10 février 1929, Christophe de Grèce épouse en secondes noces, à Palerme, en Italie, la princesse Françoise d’Orléans (1902-1953), fille du prétendant orléaniste français Jean d’Orléans (1874-1940), « duc de Guise », et de son épouse la princesse française Isabelle d’Orléans (1878-1961). De cette union, qui constitue l'un des rares exemples de mariages mixtes entre un prince orthodoxe et une princesse catholique, naît un seul enfant :

  • Michel (1939), prince de Grèce et du Danemark, qui épouse la roturière et artiste grecque Marina Karella (1940).

Biographie

Une jeunesse entre Grèce et Russie

La reine Olga de Grèce avec son fils Christophe en 1889.

En 1888, vingt ans après avoir eu son premier enfant, le diadoque Constantin, la reine Olga de Grèce tombe à nouveau enceinte. Amoureuse de la Russie, son pays natal, et consciente que l'enfant a très peu de chance de monter un jour sur le trône hellène, la souveraine décide d'accoucher dans le palais de sa famille, à Saint-Pétersbourg, et de faire de son dernier né son « petit Russe ». Peu après sa naissance, Christophe de Grèce est baptisé dans le pays des Romanov et ses parrain et marraine sont le tsar Alexandre III et la tsarine Maria Feodorovna[1]. Par la suite, la reine retourne chaque année en Russie, où elle reste pendant des mois en compagnie du jeune Christophe. L'enfant et sa mère empruntent alors le yacht royal grec, l’Amphitriti, dans le port du Pirée puis gagnent Odessa, en mer Noire. De là, ils prennent le train impérial russe qui les emmène à Saint-Pétersbourg[2]. Dans la capitale, ils rendent visite aux nombreux parents de la reine Olga et sont même parfois invités chez le tsar Nicolas II, à Tsarskoïe Selo. La souveraine grecque est en effet l'un des rares parents de l'empereur à trouver grâce aux yeux de la tsarine Alexandra Feodorovna[3]. De ces années, le prince Christophe garde toute sa vie une grande affection pour la langue russe et il faut toute la violence de la Première Guerre mondiale et de la Révolution de 1917 pour qu'il cesse de se rendre dans le pays de sa mère[4].

Malgré ses liens avec la Russie, Christophe n'en est pas moins un prince grec et il est éduqué en tant que tel à Athènes. Élevé avec ses neveux plus qu'avec ses frères et sœurs[5], il est très proche du futur Georges II, qui n'a que deux ans de moins que lui. Au palais royal de la place Syntagma, les journées du jeune Christophe commencent à six heures par un bain froid. Après un premier petit déjeuner, il suit des cours de sept à neuf heures trente puis prend un second petit-déjeuner, avec son père et les membres de la famille royale disponibles. Les leçons reprennent ensuite de dix heures à midi, moment où Christophe se rend dans les jardins du palais pour suivre des exercices d'éducation physique et de gymnastique. Le déjeuner se fait en famille, puis Christophe reprend les cours de quatorze à seize heures. À dix neuf heures trente, il va se coucher. Comme ses frères et sœurs, il suit ce rythme jusqu'à l'âge de quatorze ans et est ensuite autorisé à dîner avec ses aînés avant d'aller se coucher à vingt-deux heures précises[6].

Comme la plupart des garçons de son milieu, le prince Christophe embrasse très tôt la carrière militaire et intègre, comme ses frères aînés, l’école Evelpedes du Pirée. Mais son rôle, dans l’armée grecque, reste extrêmement mineur et le prince est en réalité plus séduit par le piano que par le métier des armes. Ses talents musicaux sont d'ailleurs tels que, bien des années plus tard, le ténor italien Enrico Caruso affirmera qu'il aurait pu faire fortune en tant que concertiste[7]. À son grand soulagement, le prince est forcé, en 1908, de démissionner, en même temps que tous ses frères, de ses fonctions militaires, à la suite de pressions organisées par la Stratiotikos Syndesmos, une ligue nationaliste, sur le gouvernement de son père.

En quête d’une épouse

Giovanni Boldini : Portrait de la princesse Anastasia de Grèce (1914), huile sur toile.

Vers 1910, le prince est brièvement fiancé à une arrière-petite-fille de la reine Victoria du Royaume-Uni, lady Alexandra Duff, duchesse de Fife et future épouse du duc Arthur de Connaught. Cependant, la liaison fait long feu à cause du refus des parents de la jeune fille d’accepter le mariage. Peu de temps après, le prince se rapproche d’une de ses cousines russes, la grande-duchesse Olga Alexandrovna, mais son frère, le tsar Nicolas II, fait savoir qu’il n’approuverait pas une union contraire aux prescriptions de l'Église orthodoxe[8].

Peu avant la Première Guerre mondiale, le prince Christophe fait finalement connaissance, à Biarritz, avec une riche Américaine de quatre ans son aînée, May « Nancy » Stewart Worthington Leeds. En plus d'être roturière, la jeune femme a la particularité d’être déjà veuve et divorcée. Le prince en tombe malgré tout éperdument amoureux et les deux jeunes gens se fiancent à Capri, en 1914.

Naturellement, la famille royale hellène voit d’un très mauvais œil cette liaison et s'oppose farouchement au projet du prince. Heureusement pour le couple, Christophe arrive en bien lointaine position dans la ligne de succession au trône grec. Surtout, la fortune de l’Américaine (qui provient des mines d’étain de son second mari) est bien utile à sa belle-famille après la fin du premier conflit mondial. Le roi Constantin Ier de Grèce, frère aîné de Christophe, est en effet obligé de renoncer au trône en 1917, à cause de l'attitude germanophile qu'il a eu pendant la guerre. Restauré en 1920, il doit à nouveau abdiquer deux ans plus tard à la suite de la désastre de la Sakarya, qui met fin à la guerre gréco-turque de 1919-1922. Tous ces événements provoquent la ruine financière et l'exil de la famille royale hellène, qui trouve successivement refuge en Suisse et en Italie.

Le prince Christophe épouse donc sa maîtresse en 1920. Après s'être convertie à la religion orthodoxe, la jeune femme prend le nom d'Anastasia et reçoit les titre et prédicat de princesse de Grèce et d’altesse royale. L'année suivante, l'entrée de l'Américaine dans la famille royale est confortée par le mariage de son propre fils, William Bateman Leeds Junior, avec une petite-fille du roi Georges Ier de Grèce, la grande-duchesse Xenia Georgievna de Russie.

Le prince Christophe de Grèce et sa première épouse May « Nancy » Stewart Worthington Leeds, devenue Anastasia de Grèce.

Par la suite, Christophe et son épouse s'établissent à Palerme, en Sicile, dans la Villa Anastasia qu'ils se sont fait construire. La vieille reine Olga ne tarde pas à les y rejoindre et c'est dans cette résidence qu'elle habite jusqu'à sa mort en 1926[9].

Roi de Lituanie ?

Peu après la guerre, une délégation lituanienne vient offrir la couronne du petit état balte au prince Christophe et à son épouse. D'après Michel de Grèce, la proposition est largement motivée par la richesse d'Anastasia car les Lituaniens espèrent profiter des largesses de leurs hypothétiques souverains. Mais Christophe, pas plus que sa femme, n'est prêt à exercer des fonctions royales[10]. Dans ses Mémoires, le prince explique en effet : « Rien sous le soleil ne me ferait accepter un royaume. Une couronne est une chose trop lourde pour être ceinte à la légère. Elle doit être portée par ceux dont c’est le destin mais qu’un homme puisse volontairement en prendre la responsabilité, sans en être contraint par le devoir, dépasse mon entendement[11]. »

Veuvage

Quelques années après sa rencontre avec la délégation lituanienne, la princesse Anastasia développe un cancer et s’éteint à Londres, le 29 août 1923[12]. Sa fortune est alors partagée entre son fils William et le prince Christophe.

Devenu veuf, le prince Christophe trompe son ennui par le voyage. En 1927, il rend visite à son beau-fils et à sa nièce à Long Island, aux États-Unis. Chez le couple, il fait la connaissance d'Anna Anderson, la célèbre « fausse Anastasia ». Mais, contrairement à la grande-duchesse Xenia Georgievna, Christophe n'adhère pas au récit de la jeune femme et la considère rapidement comme un imposteur[13].

Dernières années

La princesse Françoise d'Orléans, deuxième épouse du prince Christophe de Grèce.

En 1929, Christophe de Grèce fait la connaissance de la princesse Françoise d'Orléans chez la duchesse d'Aoste, sa tante[14]. De treize ans sa cadette, la jeune fille a passé son enfance à Larache, au Maroc espagnol, où ses parents, le « duc » et la « duchesse de Guise » mènent la vie de colons depuis 1909. Rapidement, les deux célibataires tombent amoureux et se fiancent. Leur mariage a lieu à la chapelle palatine du palais médiéval de Palerme, le jour de la signature des accords du Latran. Les festivités se déroulent quant à elles au palais d'Orléans, propriété de la famille de France depuis l'exil de Louis-Philippe en Sicile[15].

Le couple s'installe entre la Villa Anastasia et Rome, où il mène, pendant quelques temps, l'existence oisive de princes dont les obligations officielles sont presque nulles. Cependant, des difficultés économiques ne tardent pas à assombrir la vie de Christophe et Françoise. L'administrateur de la fortune du prince s'enfuit avec son argent et le couple se retrouve totalement ruiné. Pour survivre, il réduit considérablement son train de vie et quitte définitivement Palerme pour s'installer à l'hôtel Excelsior de Rome[16]. Cependant, le prince Christophe est un très mauvais gestionnaire. Insouciant et dépensier, il est incapable d'aider son épouse à sortir son ménage de la banqueroute[17]. Françoise d'Orléans doit donc se résoudre à emprunter de l’argent à son père et pose même pour des photos publicitaires, ce qui est, à l'époque, considéré comme vraiment scandaleux dans son milieu[18].

En novembre 1936, Christophe et Françoise participent, avec les autres membres de la famille royale hellène, aux cérémonies qui président à la restauration de la monarchie en Grèce. À cette occasion, les cendres de la première épouse du prince ainsi que celles de la reine Olga, du roi Constantin Ier et de la reine Sophie, sont rapatriées au cimetière royal de Tatoi sur ordre de Georges II[19].

En 1939, naît, dans la capitale italienne, le petit Michel de Grèce, fils unique de Christophe et Françoise. Pour le couple princier, cette naissance constitue un grand moment de joie. Pourtant, le bonheur familial ne dure guère. Au début de la Seconde Guerre mondiale, en 1940, Christophe de Grèce part à Athènes pour s'entretenir avec son neveu le roi Georges II des événements qui secouent l'Europe. Pendant son voyage, il contracte un abcès au poumon qui l'emporte en quelques semaines. Prévenue de sa maladie, Françoise d'Orléans tente de gagner la capitale hellène mais n'arrive qu'après le décès de son mari, le 21 janvier 1940. En compagnie de son frère, le « comte de Paris », et de plusieurs membres de la famille royale grecque, elle assiste donc, impuissante, à l'enterrement de son époux à Tatoi[20].

Divers

Comme toute sa parenté, Christophe de Grèce est un prince polyglotte. En famille, il parle grec avec ses frères et sœurs et anglais avec ses parents. Il domine en outre l’allemand, le russe, le français et l’italien, sans compter le danois.

Bibliographie

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Œuvre

  • (en) Prince Christopher of Greece, Memoirs of HRH Prince Christopher of Greece, The Right Book Club, Londres, 1938.

Autres

  • (en) Walter Curley, Monarchs In Waiting. Hutchinson & Co, Londres, 1975. (ISBN 0091223105).
  • (en) Michael of Greece, Arturo B. Eéche et Helen Hemis-Markesinis, The Royal Hellenic dynasty, Eurohistory.com, 2007. (ISBN 0977196151)
  • (fr) Michel de Grèce et Henri Orléans, Mon album de famille, Perrin, 1996. (ISBN 2-262-01237-7).
  • (fr) Michel de Grèce, Mémoire insolites, Xo, Paris, 2004. (ISBN 2845631863).

Lien externe

Notes et références

  1. Michel de Grèce, Mémoires insolites, Pocket, Paris, 2004, p. 26-27.
  2. Michel de Grèce, Op. cit., p. 27.
  3. Michel de Grèce, Op. cit., p. 29.
  4. Michel de Grèce, Op. cit., p. 29-30.
  5. Michel de Grèce, Op. cit., p. 26.
  6. John Van Der Kiste, Kings of the Hellenes, The Greek Kings 1863-1974, Sutton Publishing, 1994, p.43.
  7. Michel de Grèce, Op. cit., p. 16.
  8. La religion orthodoxe interdit en effet le mariage de cousins germains.
  9. Michel de Grèce, Op. cit., p. 15-16.
  10. Michel de Grèce, Op. cit., p. 30.
  11. Walter Curley, Monarchs In Waiting, Hutchinson & Co, Londres, 1975, épigraphe.
  12. Michel de Grèce, Op. cit., p. 30.
  13. Christopher of Greece, Memoirs of HRH Prince Christopher of Greece, The Right Book Club, Londres, 1938, p. 216-217
  14. Michel de Grèce, Op. cit., p. 30.
  15. Michel de Grèce, Op. cit., p. 31.
  16. Michel de Grèce, Op. cit., p. 20.
  17. Michel de Grèce, Op. cit., p. 31-32.
  18. Michel de Grèce, Op. cit., p. 20.
  19. Isabelle, comtesse de Paris, Tout m'est bonheur, Robert Laffont, Paris, 1978, p. 203-204.
  20. Michel de Grèce, Op. cit., p. 25-26.
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