Sambo

Sambo
Sambo (Самбо) Taekwondo pictogram.svg
Tentative de clé de genou lors d'un combat de sambo
Tentative de clé de genou lors d'un combat de sambo
Autres noms Samooborona Bez Oroujiya (Cамооборона без оружия en russe)
Forme de combat Grappling, Percussion
Pays d’origine Drapeau de l'URSS URSS
Fondateur Viktor Afanasevich Spiridonov, Vasily Sergeevich Oshchepkov et Anatoly Arkadevich Kharlampiev
Dérive de Judo, Lutte, Samoz
A donné Systema
Pratiquants célèbres Fedor Emelianenko, Aleksander Emelianenko, Oleg Taktarov, Gokor Chivichyan, Igor Yakimov, Sergueï Kharitonov, Vladimir Poutine
Sport olympique Non
Fédération mondiale Fédération Internationale Amateur de Sambo

Le sambo est un art martial et un sport de combat créé en URSS dans les années 1930, mélangeant principalement le judo et la lutte. Suivant le type de sambo pratiqué, l'usage des percussions pieds-poings peut être autorisé (sambo combat) en plus de son aspect grappling (sambo sportif), faisant du sambo une catégorie proche du combat libre.

Sommaire

Généralités

Le sambo (du russe : Самбо) provient d’une contraction de Samooborona bez oruzhija (russe : Самооборона без оружия) et signifie littéralement autodéfense sans arme.

Cette technique de combat est le résultat d’un travail de collaboration entre Viktor Afanasevich Spiridonov, vétéran de la guerre russo-japonaise de 1905, Vasily Sergeevich Oshchepkov, militaire et pionnier du judo soviétique dans les années 1910, et Anatoly Arkadevich Kharlampiev, ancien élève d’Oshchepkov et auteur de livres très prolifiques sur le sambo.

Dès sa création, le sambo est repris par les militaires de l’époque. Son développement spécifique pour les militaires s’effectue sous la supervision de l’Armée rouge tout en conservant un développement parallèle en tant que discipline sportive ouverte au public.

Aujourd'hui, le sambo (sport de combat), est géré au niveau mondial par une fédération internationale localisée à Moscou : la Fédération internationale amateur de sambo (FIAS). La première compétition de sambo sportif s’est déroulée en URSS, le 16 novembre 1938, à l'occasion d'un tournoi de lutte libre sur une proposition d’Anatoly Arkadevich Kharlampiev. Le premier championnat d'URSS s’est tenu en 1939.

Vladimir Poutine, qui pratique lui-même le sambo, récompensant le vainqueur d'un tournoi à Saint-Pétersbourg en 2001. Le combattants sont vêtus d'une kurtka rouge ou bleue.

Les techniques de sambo sont très nombreuses (plus de 5 000 prises) et entrent dans trois grandes catégories : les projections, les contrôles articulaires et les immobilisations. Il est rare que les combats de six minutes qui se pratiquent en compétition arrivent à terme en raison de la limite de temps. Généralement, l'un des deux combattants parvient en effet à prendre l'avantage sur son adversaire. Le sambo se distingue particulièrement au niveau de ses projections très spectaculaires, dites à l’arrachée, et également au niveau de ses clefs de jambes.

Les combats se disputent sur un tapis de lutte, sous le contrôle d'un arbitre, d'un juge et d'un chef de tapis. Les samboïstes sont vêtus d'une veste étroite, la Kurtka (en) (« veste » en russe), rouge ou bleue, fermée par une ceinture de couleur identique (la ceinture noire est aussi acceptée). Un short (bleu ou rouge assorti à la veste), appelé Trusi, et des chaussures de cuir souple appelées Sambofki, complètent l'équipement des combattants. Pour le cas du sambo de combat, les combattants sont équipés de gants « coupés ».

Le sambo se divise en trois formes de pratiques et possèdent toutes leurs particularités propres :

  • sambo sportif - "Borba Sambo" (russe : Борьба Самбо)[1] : projections et combat au sol ;
  • sambo de combat - "Boevoe Sambo" (russe : Боевое Самбо)[2] : percussions pieds-poings autorisées; protège-dents, coquille, protège-tibias et gants sont alors de rigueur ; est parfois associée au "Sambo Militaire" (russe : Комбат Самбо).
  • sambo de défense[3], "Combat Sambo Spetsnaz" (russe : Комбат Самбо Спецназ)[4] et "Samoz" (russe : Самоз) : technique d’autodéfense mélangeant toutes les techniques de sports de combats existants, se pratique en pantalon à la place du short, ayant la même couleur que la veste. Cette approche est très souvent associée au "sambo militaire" (russe : Комбат Самбо)[5].

Parmi les pratiquants célèbres de sambo, il convient de nommer : Oleg Taktarov, Vladimir Poutine, Andrei Arlovski, Sergueï Kharitonov, Fedor Emelianenko et son frère Aleksander Emelianenko.

Historique

Origines du sambo

L'histoire des arts martiaux russes a été délibérément faussée par les purges staliniennes. Cette désinformation a été maintenue par les services secrets soviétiques[6], durant les deux grandes Guerres mondiales et pendant toute la période de la Guerre froide[7]. Même chez les Soviétiques, beaucoup ont toujours cru jusqu'à tout récemment[Quand ?] qu'Anatoly Arkadevich Kharlampiev était le seul et unique fondateur du sambo et que ce système de combat reposait exclusivement sur les arts martiaux russes anciens[8]. Cette désinformation était répandue chez les pratiquants de sambo, les grands champions et même chez les instructeurs les plus expérimentés. Des noms comme Viktor Afanasevich Spiridonov et Vasily Sergeevich Oshchepkov sont restés dans l'ombre jusqu'à tout récemment.

C'est depuis la sortie d'un livre sur le sambo écrit par Mikhaïl Nikolaevich Lukashev[9], livre qui fit scandale en URSS à sa sortie en 1982, que la vérité sur la création du sambo commença à être dévoilée. Le dévoilement se poursuivit en 1986 avec la parution d'un second volume sur l'histoire du sambo. Toute cette épopée s’amorça quand Lukashev débuta ses recherches et trouva ce dossier :

URSS. NKVD. Département de la région de Moscou. Cas No.2641 à propos de l'accusation de Vasily Sergeevich Oshchepkov selon la clause 58 de l'article 6 du Code criminel de Russie, Vol 1.

Le dossier était très peu documenté. En résumé, il ne relatait en fait que Vasily Sergeevich Oshchepkov, instructeur de lutte libre, judo et d'autodéfense pour l'Armée rouge[10], avait été arrêté pour crime de trahison car il espionnait pour le compte des Japonais. Il avait été envoyé au goulag et exécuté sommairement d'une balle dans la tête. Toutes ces accusations étaient fausses.

Michail Lukashev pratiquait le sambo depuis bien des années. Il connaissait bien son art martial ainsi que son curriculum technique, mais moins son historique. Les livres écrits sur le sambo par son « présumé » fondateur, Anatoly Arkadevich Kharlampiev, ne remontaient pas avant 1949. Lukashev avait cru comme tous qu'Anatoly Kharlampiev était le créateur du sambo et que ce n'était qu'une synthèse des différents styles de luttes slaves provinciales réalisée par Kharlampiev sur l'ordre de N.I. Podvoiski. C'est ce qu'Anatoly Kharlampiev clamait dans ses livres depuis des années. Mais il subsistait néanmoins quelques incohérences dans l'histoire de Kharlampiev.

C'est en lisant un article dans la revue Ogonyok, « L'histoire du sambo » par Rahtanov, que Lukashev commença à faire des recherches plus approfondies sur l'origine du sambo. Rahtanov ne parlait pas de Viktor Spiridonov dans son article. Pourtant, Spiridonov était vétéran de la Guerre russo-japonaise et avait débuté un travail sur l'autodéfense (le samoz) bien avant Anatoly Kharlampiev. De plus, Podvoiski était déjà un héros de la révolution en 1922 lorsqu'il aurait ordonné à Anatoly Kharlampiev de créer le sambo. Or, en 1922, ce dernier n'avait que 15 ans. L’histoire n’était donc pas crédible. De plus, Rahtanov faisait mention dans son article, d'une déclaration que Kharlampiev avait faite en 1938 au sujet du lien qui existait entre le judo, le jujutsu et la création du sambo, ce qui n'a jamais été mentionné par Kharlampiev dans aucun de ses livres par la suite. La question demeure ainsi sans réponse.

Mikhaïl Lukashev commença donc son travail de recherche au sujet de Viktor Spiridonov, sa biographie, son travail. Ce fut un travail ardu et compliqué : la majorité des gens impliqués avec Spiridonov étaient décédés, les archives le concernant au Club Dynamo avaient disparu. Il ne put trouver, pendant longtemps, que des histoires orales sur Spiridonov, recueillies d'amis, de collègues, de voisins. Il finit par tomber sur Fyodor Ivanovich Zhamkov qui était Maître de Sport en titre et qui avait travaillé pour Viktor Spiridonov au Club Dynamo. C'est à cette occasion qu'il entendit parler pour la toute première fois de Vasily Oshchepkov. Zhamkov avait été un des étudiants d'Oshchepkov en 1920 à Vladivostok et il avait étudié le judo avec lui. C'est à partir de ce moment que Lukashev débuta ses recherches sur Oshchepkov et toute l'histoire du sambo commença à être dévoilée.

Après la publication de son manuel sur le Sambo en 1982, Lukashev fut confronté à un tollé de la part des étudiants de Kharlampiev. Au lieu de déclencher une discussion ouverte au sujet de la véritable origine du sambo, telle que racontée par Lukashev et lui prouver son erreur, les étudiants de Kharlampiev écrivirent une lettre de dénonciation et l'expédièrent au Comité Central du Parti Communiste de l'Union Soviétique. Les accusations étaient plus ou moins ridicules. Au lieu d'être jetée à la poubelle, la lettre fut pourtant envoyée et enregistrée au Comité d'État des Sports d'URSS. Les autorités de ce comité organisèrent une discussion au sujet du livre et de son auteur. Le livre controversé était destiné aux jeunes lecteurs. Il contenait surtout des informations sur les arts martiaux avec un guide d'apprentissage personnel. Néanmoins, ce sont les anciens vétérans du sambo, ceux qui avaient contribué à son développement et à sa propagation à travers tout l'Union Soviétique, qui se sont le plus intéressés à la discussion. Ces vétérans du Sambo en connaissaient la véritable histoire et pour la première fois, ils pouvaient la raconter. Andreï Andreevich Budzinsky, deux fois champion d'URSS et l'un des premiers étudiants de Kharlampiev, joua un rôle particulier dans cette histoire. Il forma un conseil de vétérans, et ils rassemblèrent des archives personnelles, des documents d'État, trouvèrent d'anciens compatriotes de l'époque, ils envoyèrent des lettres dans les musées, etc. C'est ainsi que de nouvelles informations furent dévoilées.

Les origines du Samoz

Le Samoz est un art martial typiquement Russe. Il fut créé par Viktor Afanasevich Spiridonov pendant la Première Guerre mondiale. Vétéran de la Guerre russo-japonaise de 1905, Viktor Spiridonov se basa, pour l'élaboration de son système de combat, sur son expérience personnelle du combat dans les tranchées, où il fut estropié durant la guerre par un coup de baïonnette. Parce qu'il était malade et de petite stature, il composa un système de combat permettant de pouvoir faire face aux pires scénarios, dans les conditions les plus extrêmes et en situations de combat défavorables, en tenant compte des facteurs de stress, de peur et de désespoir (l’aspect psychologique à l’entraînement). Viktor Spiridonov était un expert de gymnastique militaire appliquée, sorte de mélange de conditionnement physique et de techniques de combat. Il est important de préciser qu'à cette époque, il n'existe pas de système de combat "officiel" enseigné systématiquement au personnel militaire. Il étudia également pendant quelques années, une version européenne du Jujutsu japonais. C'est sur les bases de la gymnastique militaire appliquée, des connaissances approfondies de la biomécanique du corps humain (déjà très avancées en URSS à cette époque), de la psychologie, du Jujutsu et de son expérience au combat dans des conditions extrêmes, que le Samoz fut élaboré.
Viktor A. Spiridonov fait référence à son système de combat en tant que "Sam" ou "Samoz", diminutif de "Samozashchita" et qui veut simplement dire "autodéfense", et parfois même de "Sambo", qui est un acronyme de "Samozashchita", "Bez" et "Oruzhiya" et se traduit par "autodéfense sans armes". Il faut toutefois noter que le Sambo eut par la suite une évolution différente de celle du Samoz avec l'arrivée d'un autre spécialiste du combat militaire, Vasily Sergeevich Oshchepkov, qui est le véritable investigateur du Sambo. L'efficacité du Samoz est le critère principal de cet art martial. Le Samoz de V.A. Spiridonov est enseigné dans le plus grand secret au Club "Dynamo", centre d'entraînement du KGB[11] (anciennement NKVD[12]), fondé par le Commandant K. Voroshilov, chargé du développement du combat militaire au corps à corps. Viktor Spiridonov a été le premier instructeur à y être engagé, spécifiquement pour former les troupes spéciales de Joseph Staline, les fameux "Sokoli Stalina" (les Faucons de Staline), ses gardes du corps personnel.

Des "Sokoli Stalina" à la petite histoire des Spetsnaz

L'histoire de l'entraînement des troupes d'intervention spéciale, des commandos de choc, tels que les Spetsnaz, remonte à la Révolution d'Octobre de 1917 en URSS. À la Révolution bolchévique, Joseph Staline créa un petit groupe autour de lui, appelé les "Sokoli Stalina"[13], traduit par "Les Faucons de Staline"[14]. Ce groupe était composé d'à peine une trentaine d'individus et constituait les troupes d'intervention de choc de Staline. Ils agissaient en tant que gardes du corps, exécutaient des missions de sabotage et d'assassinats, servaient de police secrète, etc. Il reçurent un entraînement spécial : ils furent formés au Samoz de Spiridonov sous l'œil attentif du NKVD et ce, dans le plus grand des secrets. Le point le plus important de cette formation résidait dans le fait qu'ils devaient réussir à développer des tactiques pour que leur actions passent inaperçues et n'aient pas l'air martiales. Le tout se devait d'être subtil et très expéditif. Les "Sokoli Stalina" restèrent en fonction jusqu'en 1953, à la mort de Staline. Le groupe fut transféré par la suite au KGB, GRU et autres services secrets. Le Samoz est souvent décrit comme une sorte d'Aikido russe, mais en fait, on le retrouve sous trois grands courants, dépendants de l'époque et des groupes où Viktor Spiridonov l'avait enseigné. La spécialisation de son enseignement variait selon les besoins particuliers des différents groupes militaires : armée régulière, police secrète ("Sokoli Stalina", NKVD, KGB), commandos spéciaux (Spetsnaz[15], GRU[16] ), etc. Une partie de l'évolution du Samoz est longtemps restée dans l'ombre du KGB (anciennement le NKVD) et avait été classée "Top Secret", pour un groupe d'élite : les "Sokoli Stalina". En 1953, à la mort de Staline, ce groupe fut dissous pour être reconverti quelques années plus tard sous une nouvelle unité des Forces Spéciales : les "Spetsnaz"[17].

Les Spetsnaz

Article détaillé : Spetsnaz.

Les Forces Spéciales[18] ont connu plusieurs noms comme les "Reydoviki", mais on les connait généralement sous l'appellation de Spetsnaz[19]. Le nom Spetsnaz provient d'un acronyme formé de "Spetsialnoe Naznachenie" et qui signifie "Opération Spéciale". La majorité des Spetsnaz est contrôlée par un groupe nommé le GRU "Glavnoe Razvedyvatelnoe Upravlenie" qui se traduit par "La Direction Principale du Service d'Intelligence de l'Union Soviétique". La tâche des Spetsnaz[20] est d'effectuer des opérations de reconnaissance spéciale (Spetsialnaya Razvedka) et se définit comme suit : reconnaissance pour subvertir la politique, l'économie, le potentiel militaire et moral d'un ennemi potentiel ou actuel. L'objectif principal de la reconnaissance spéciale est d'acquérir des informations sur les installations militaires majeures et au besoin de les détruire ou de les mettre hors service; organiser des sabotages et de actes de subversion, mener une opération punitive contre des rebelles; effectuer de la propagande; former et entraîner un détachement d'insurgés, etc. La reconnaissance spéciale est conduite par les troupes pour couvrir les services de renseignements. On retrouve également parmi les affectations des Spetsnaz, les opérations anti-terroristes, les prises d'otages, la protection de dignitaires, et autres opérations demandant un doigté particulier.
L'évolution moderne du Samoz des Sokoli Stalina est devenue par la suite, au fil du temps, sous la tutelle du KGB, le "Combat Sambo Spetsnaz" mieux connu aujourd'hui et popularisé sous le nom de "Systema". On retrouve donc le Samoz selon trois grands courants généraux, qui se subdivisent comme suit et qui sont expliqués à l'aide d'un comparatif japonais :

  • Samoz - appliqué pour la police : Forme d'autodéfense ayant pour but de neutraliser l'adversaire avec le minimum de heurts, de le contrôler, de l'immobiliser dans le but de pouvoir procéder à son arrestation. Les techniques de frappes sont présentes mais sont utilisées plus à titre de diversion. L'emphase est plutôt mise sur les techniques de contrôles articulaires et la défense contres armes blanches et armes à feu. Ce système est très similaire au Taihojutsu japonais.
  • Samoz - appliqué pour les militaires : Forme de combat ayant pour but de blesser, de neutraliser ou de tuer l'ennemi. Dans cette version, les techniques de frappes, de projections, de luxations sont omniprésentes, de même que les techniques de couteau, de bâton, de chaîne, d'épée, d'armes à feu, etc. Dans sa conception, ce type de Samoz a été élaboré pour des soldats de plus faible stature ou des soldats blessés, pour qu'ils puissent combatte et sortir victorieux d'un combat les plaçant en situation de désavantage. Il existe plusieurs similarités entre ce système et le Taijutsu, le Jujutsu et l'Aikijutsu japonais.
  • Samoz - appliqué pour le KGB : Cette forme de combat a été créée de manière à passer presque inaperçue lorsqu'utilisée. Son origine remonte au début de la guerre froide. Lorsque l'on regarde de prime abord, la pratique de cette forme de combat, elle peut sembler être batelé et manquer de finition. Mais il ne faut pas s'y fier, c'est justement l'intention : aux yeux d'un passant dans la rue, l'agent du KGB utilisant cette méthode semble plus avoir été bousculé, avoir accroché son adversaire, vouloir lui porter secours ou tout simplement, s'être débarrassé de sa victime de manière quasi invisible en pleine foule. L'emphase est d’avantage placée sur les principes du combat que sur des techniques proprement dites. On agit toujours avec sobriété en utilisant le minimum de mouvement, d'énergie, pour obtenir le maximum d'efficacité. Cette forme se situe entre l'Aikijutsu, l'Aikido et le Kenpo. On y retrouve également une philosophie d'application ayant plusieurs similitudes avec le Ninjutsu : agir sans être vu, disparaître rapidement, s'adapter et combattre dans n'importe quelle situation, etc.

Du Samoz au Boevoe Sambo

Viktor Afanasevich Spiridonov (1883-1943) est le premier de ces « experts » à être reconnu historiquement. V.A. Spiridonov est un officier russe du début du XXe siècle siècle qui a participé à deux conflits : la Guerre russo-japonaise et la Première Guerre mondiale. Il est considéré comme le plus ancien promoteur soviétique de ce qui sera nommé par la suite le « Sambo »[21].

Né en Russie en 1883, il s'engage dans l'armée régulière à l'âge de 17 ans. Il s'y distingue et est dirigé vers l'école d'Infanterie Kazan, d'où il gradua avec succès. Il est alors promu officier dans l'Armée Impériale. En 1905, il participe à la Guerre russo-japonaise et est envoyé en Mandchourie. Il est décoré à la fin du conflit pour s'être distingué pendant la guerre. C'est à cette période qu'il étudie une version européenne du Jujutsu japonais. V.A. Spiridonov était un expert de gymnastique militaire appliquée, sorte de mélange de conditionnement physique et de techniques de combat ; à cette époque, il n'existe pas de système de combat « officiel » enseigné systématiquement au personnel militaire. Ce type d'instruction ne viendra que plus tard, après la Révolution d'Octobre.

Il participe par la suite à la Première Guerre mondiale durant laquelle il est estropié par un coup de baïonnette. Il est alors retiré du conflit et demeure dans l'armée comme réserviste. Du fait qu'il était malade et de petite stature, il compose un système de combat, le « Samoz », pour pouvoir faire face aux pires scénarios dans les conditions les plus extrêmes et défavorables, en tenant compte des facteurs de stress, de peur et de désespoir. En tant que vétéran, il se fonde évidemment sur son expérience personnelle du combat dans les tranchées.

Au moment de la Révolution d'Octobre de 1917, il est réserviste. Favorable à la Révolution, il reprend du service. En 1919, il travaille à la direction principale des blindés de l'Armée rouge, puis devient instructeur d'autodéfense et de sport pour le district de Moscou, dans le cadre du Vseobuch (Instruction Militaire Générale) créé par Vladimir Lénine. C'est à ce moment, en 1921 que, pour la première fois, un système de combat pour les militaires est créé. En 1923, un club « sportif » est créé pour l'enseignement spécifique aux militaires, gardes frontières, police spéciale: le Club Dynamo. Le Samoz est alors placé sous la protection de la sécurité d'état, par le NKVD, acronyme de Narodnyi Komissariat Vnutrennih Del se traduisant par « Commissariat des Affaires Internes ». Le Dynamo devient le lieu de propagation d'un système d'autodéfense gardé secret. V.A. Spiridonov travaille activement à la formation du personnel mais aussi d'une équipe d'instructeurs.

Il crée à cette époque, un système d'enseignement d'autodéfense dans lequel l'influence des styles de combats étrangers sont encore absents. Se référant sur son expérience au combat, de la douleur, de la peur et du sang, il sélectionne les types d'exercices les plus appropriés et les plus adaptables à toutes les situations. La notion de « technique » est absente de son système, ce dernier est plus fondé sur la connaissance des fonctions biomécaniques du corps humain et de la psychologie (conscience psychophysiologique[22]). Dans une situation où la vie est menacée, la rapidité du temps de réponse et d'exécution est également primordiale. Il suivra invariablement ces règles pendant ses vingt années d'enseignement. Sous sa direction, plusieurs sections d'autodéfense du Dynamo sont ouvertes à Leningrad (St-Petersburg), à Rostov-sur-le-Don, à Sverdlovsk (Ekaterenburg), en Ukraine, en Sibérie, en Transcaucasie. On peut dire de V.A. Spiridonov qu'il a influencé la forme martiale du Sambo, d'abord réservée aux troupes spéciales tsaristes (Okhrana).

V.A. Spiridonov fait référence à son système de combat en tant que « Sam » ou « Samoz », diminutif de Samozashchita (qui veut simplement dire « Autodéfense ») et parfois même « Sambo » (qui est un acronyme de Samozashchita, Bez et Oruzhiya et se traduit par : « Autodéfense sans armes »). L'efficacité est le critère principal de son art martial. Le Samoz de V.A. Spiridonov est enseigné dans le plus grand secret au Dynamo pour les troupes spéciales de Joseph Staline, les Sokoli Stalina (Faucons de Staline), ses gardes du corps personnels.

C'est d'ailleurs un membre de ces fameux « Sokoli Stalina » qui aurait enseigné à Mikhail Ryabko, alors âgé de 14 ans, le Samoz de V.A. Spiridonov. Mikhail Ryabko se montre très discret sur l'origine du « Systema », forme évoluée du Samoz. Il n'en parle que très peu, ce qui est très compréhensible. Quand on connaît l'implication qu'ont eue les Sokoli Stalina lors des grandes purges staliniennes, des expéditions et des exécutions sommaires au Goulag et du lien qui les unit au NKVD (KGB), il y a des souvenirs qu'il vaut mieux éviter de se remémorer. Le Colonel Mikhail Ryabko (en) a été l'instructeur du Capitaine Vladimir Vasiliev (en). Mikhail Ryabko et Vladimir Vasiliev sont respectivement à l'origine du Ryabko Systema. M. Ryabko et V. Vasiliev ne sont pas dans l'erreur lorsqu'ils affirment que leur Systema, qui veut dire « système », ne dérive pas du Sambo proprement dit, la création du Sambo étant postérieure à celle du Samoz enseigné aux Sokoli Stalina. Mais il est tout aussi essentiel de comprendre que le curriculum du Sambo Sportif (Borba Sambo) se retrouve dans celui du Sambo Militaire (Boevoe Sambo et Combat Sambo) et que le Samoz est un style de Sambo Militaire. La réciproque, elle, est fausse. C'est pourquoi, en réalité, le Systema comprend en partie l'influence du Sambo (sportif), car le Sambo (sportif) était déjà partie intégrante du Samoz (forme de Sambo Militaire) de cette époque. En effet, Viktor Spiridonov avait créé une forme sportive du Samoz pour l'entraînement des membres du NKVD. Cette forme sportive sera reprise par Vasily Oshchepkov avec l'avènement du Sambo. Le Samoz eut une évolution parallèle au Sambo (militaire et sportif) et aboutira aux différents styles de Systema (Ryabko Systema, ROSS Systema, Kadochinkov Systema, Systema Spetsnaz, Svetailo Systema, Sidorov Systema, etc.). D'ailleurs, une autre appellation couramment employée au sujet du Systema est le Combat Sambo Spetsnaz. Parmi tous ces styles de RMA (Russian Martial Art) il y a aussi : Vyzhivaniya (Survie), Rukopashni Boi et Rukopashnoi Boi (Combat corps à corps), Kulachnoi Boi (Combat corps à corps d'une autre forme), Shtikovoi Boi (Combat à la baïonnette), Golitsin Systema (style familial de la Russie pré-soviétique du Prince Boris Golitsin), etc.

V.A. Spiridonov travailla activement sur des règles de compétition d'autodéfense, une version sportive du Samoz. Il disait au sujet de la compétition sportive : « La compétition est malgré tout le degré maximum d'entraînement et la dernière étape de perfectionnement d'un combattant à l'étude du Samoz ». V.A. Spiridonov sillonna l'Europe et sélectionna les meilleures techniques de boxe anglaise, de boxe française, du Silat Deutsch, du combat corps à corps de l'armée, de l'escrime et du Jujutsu. Il supprima les attaques sur les points vitaux de ce dernier système, car l'habillement épais des Russes les rendait inopérantes. Il voyagea aussi en Mongolie, en Chine et en Inde pour étudier les traditions martiales Mongol-Védique. Au cours des années précédant la Seconde Guerre mondiale, il donna les cours de Samoz (en transition vers le Sambo) au Club Dynamo, qui était géré par l'Armée rouge, plus précisément le KGB. Dans l'enseignement pratique, V.A. Spiridonov a introduit les techniques d'actions, formes d'enchaînements libres privilégiant les combinaisons techniques, élaborées à partir des diverses formes d'autodéfense et de combats singuliers sportifs. Il décéda peu avant la fin de la Seconde Guerre mondiale en 1943.

Du Boevoe Sambo au Borba Sambo

Le Sambo est un art martial typiquement Russe, bien que sa création repose sur différents types de luttes Slaves, l'apport du Judo et du Jujutsu ont eu une influence non négligeable sur la création de celui-ci. Par contre, il ne faut pas confondre "Sambo" et "Judo Russe", bien que l'un et l'autre se soient mutuellement influencés à des époques bien différentes. Aujourd'hui se sont deux arts martiaux à part entière mais qui comportent certaines similitudes, un peu comme le Jujutsu et le Judo ou comme le Kenpo et le Karaté. En fait, dire du Sambo que c'est du Judo Russe est aussi incohérent que de dire de la Boxe que c'est comme du Karaté Américain. La différence qui sépare ces deux arts martiaux est aussi diamétralement opposée. L'histoire de la création du Sambo est très complexe et controversé. Le Sambo a été créé par les services secrets de l'ex-URSS pour les besoins de l'Armée rouge et de ses commandos spéciaux, les "Sokoli Stalina" puis les "Spetsnaz". C'est en partie pour cette raison que les services secrets de l'ex-URSS (NKVD, MVD, KGB, GRU et autres...), ont conservés délibérément nébuleux, l'histoire de la création de cet art martial ainsi que son contenu mais également pour des raisons nationalistes dû à la révolution Bolchevique. Le Sambo a été l'objet d'une volumineuse recherche clandestine, d'expérimentations et de propagande. C'est pour ces raisons que les soviets ont tentées de supprimer les tendances patriotiques et indépendantistes des arts martiaux indigènes Slave. Le Sambo était l'espoir Soviétique d'unifier l'État sous un seul et même sport de combat national, au lieu des différentes formes de combats provinciales. Les arts martiaux traditionnels possèdent habituellement un seul fondateur historique. Le Sambo, sport et art martial de synthèse, revendique au moins trois experts russes fondateurs. Il apparaît d'emblée comme le résultat d'un travail collectif et cumulatif. Il faut souligner qu'aucun de ces trois hommes n'est jamais qualifié du titre de "Maître" au sens oriental du terme et que les informations découvertes à leur sujet sont rares et parfois contradictoires. Il n'existe pas de biographies complètes à proprement parler mais plutôt de courts résumés de qualités diverses figurant souvent dans les premières pages des manuels d'entraînement, parfois résumés dans la presse et largement déformés sur Internet. De manière générale, on peut affirmer que Viktor Afanasevich Spiridonov est le premier à établir les bases du Samoz, ce qui deviendra le Sambo par la suite. Vasily Sergeevich Oshchepkov est le véritable investigateur du Sambo. C'est lui qui effectua tout le travail de fond et qui poussa le travail initié par V.A. Spiridonov sur une lancée exponentielle. C'est Vasily Oshchepkov qui est l'ingénieur du Sambo. Anatoly Arkadevich Kharlampiev était l'élève de V.S. Oshchepkov. C'est Anatoly Kharlampiev qui compila et organisa tout le travail de V.S. Oshchepkov à la mort de ce dernier. C'est aussi lui qui s'attribua la paternité de la création du Sambo, se reposant uniquement sur l'apport des luttes Slaves et reniant tout apport Japonais quant à sa création. Il a agi ainsi soit par mégalomanie, s'attribuant ainsi toute la gloire de la création de cet art martial, soit par obligation, ayant reçu l'ordre spécifique de détruire toutes traces d'influences extérieures pour des raisons de nationalisme de cette époque. La vérité sur cette partie d’histoire reste cependant nébuleuse. La description et la philosophie du Sambo a été rendu possible grâce à la collaboration et au développement de connaissance de combat de Viktor Spiridonov, de Vasily Oshchepkov et d'Anatoly Kharlampiev et a éventuellement résulté en classifiant trois niveaux de Sambo:

  • Le premier niveau du Sambo : Il a été principalement devisé par Spiridonov avec l'assistance d'Oshchepkov. Ce niveau a été créé pour le sabotage, l'assassinat, l'autodéfense et l'interrogation par les Forces Spéciales Soviétiques. Il a été nommé successivement "Samoz", "Combat Sambo Spetsnaz" et "Systema". Le Sambo ou Samoz de Spiridonov a été classé hautement secret par les autorités et n'existe pas officiellement. En réalité, le style de Spiridonov était populaire parmi les officiers du NKVD (KGB). C'est un style souple qui nécessite beaucoup de pratique avant d'être maîtrisé.
  • Le second niveau du Sambo : Il a été créé pour les besoins de maîtrise, d'immobilisation et de contrôle de foule par la Police Soviétique. Si un soldat doit souvent tuer son adversaire, le policier lui, doit le maintenir, le contrôler et l'immobiliser pour pouvoir l'arrêter. Avec l'accord du Gouvernement Soviétique, ce système fut rendu public pour l'utilisation de la police et autres forces de l'ordre ainsi que pour les militaires. Ce système fut supposément créé par Kharlampiev, mais en fait, on sait maintenant que Kharlampiev hérita ce système d'Oshchepkov. En effet, Oshchepkov débuta l'entraînement de la police bien avant que Kharlampiev prenne contrôle de ce système. On parle ici du Sambo d'autodéfense, une forme de Sambo souvent associé et assimilé au Sambo Militaire, au Sambo de Combat ou "Boevoe Sambo", par ce qu'il utilise en plus des contrôles articulaires et des projections, des techniques de frappes et des techniques d'armes.
Le Boevoe Sambo a été déclassifié en 1991 par le Gouvernement russe, afin de le rendre accessible au public dans une version sportive de combat libre. En 1994, Moscou accueil le 1er championnat de Russie de Boevoe Sambo ouvert au public.
  • Le troisième niveau du Sambo : Il a été intentionnellement dilué pour les besoins de la compétition sportive et comme méthode d'éducation physique pour les militaires ou de futurs militaires. Ce style a été élaboré pour être éventuellement reconnu comme un sport Olympique. Si l'apport de Spiridonov a été prédominant dans le premier niveau du Sambo, c'est la contribution qu'a apportée Oshchepkov qui prédomine au troisième niveau du Sambo. Spiridonov a quand même apporté son assistance à Oshchepkov pour l'élaboration du Sambo Sportif ou "Borba Sambo".

L'histoire débute à la fin de la Guerre russo-japonaise de 1905, avec un russe nommé Vasily Sergeevich Oshchepkov (1892-1937)[23]. Après la défaite de la Russie, l'Île de Sakhaline était devenue un territoire Japonais. Vasily Oshchepkov est né à la fin décembre 1892 dans le village d'Alexandrovsky, sur l'Île Sakhaline, dans un centre pénitencier pour femme. Maria Oshchepkova, sa mère, était une paysanne veuve. Dès ses premières années, l'enfant est marqué à vif: c'est un enfant de naissance illégitime et est fils d'une prisonnière. Il semble que le jeune Vasaya Oshchepkov est destiné à un destin tragique. Vasily Oshchepkov perdit sa mère à l'âge de 11 ans, mais quelques années plus tard, son avenir devint plus prometteur lorsqu'il rencontra un homme noble et exceptionnel; l'Archevêque Nicolai de l'Église Chrétienne Orthodoxe Russe. Sans avoir tous les fonds nécessaires, l'Archevêque Nicolai réussit à fonder quelques écoles au Japon. Dans l'une d'elle, le Séminaire spirituel de Kyoto, Vasily Oshchepkov a pu faire son entrée en 1907 à l'âge de 14 ans grâce à un bienfaiteur inconnu, probablement l'Archevêque Nicolai. Au Séminaire, Vasily Oshchepkov reçu une très bonne éducation, lui permettant de renouer ainsi avec les anciennes traditions russes. Enfin la bonne fortune lui souriait; orphelin, de naissance illégitime, fils d'une prisonnière, il avait la possibilité d'être initié à la prêtrise... mais Vasily avait d'autres intérêts. Parce que l'archevêque était un homme large d'esprit, il donnait la possibilité aux jeunes d'étudier au séminaire le Judo: sorte de lutte Japonaise crée 25 ans auparavant, par Jigoro Kano. Vasily y porta un intérêt très marqué. Élève habile et adroit, il étudia rapidement les techniques de cette forme de lutte japonaise. Son professeur qui l'appréciait bien, lui rendit une importante faveur. Une fois par année avait lieu les sélections des meilleurs élèves pour pouvoir aller étudier le Judo au fameux Kodokan (École de Jigoro Kano, fondateur du Judo). Son professeur, sous le plus grand secret, lui révéla le principe peu usuel pour la réussite de cette sélection. Le jour fatidique arriva. Plusieurs jeunes étaient réunis, agenouillés sur les tatamis de pailles. Le créateur du Judo, Jigoro Kano, commença son discours devant l'assemblée. Le discours à tendance moralisateur fut vraiment très long et franchement ennuyant. Avec tout le respect qui devait être accordé à l'orateur, il était vraiment difficile pour de jeunes gens de rester en place et de ne pas se retourner et regarder ailleurs. Mais Vasily Oshchepkov savait, les instructeurs du Kodokan les surveillaient de près à l'arrière. Chaque mouvement d'inattention, chaque manque de concentration étaient considérés comme un manque de respect envers le Grand Maître et son Judo. Vasily n'avait pas une grande expérience dans le maintien de la position agenouillée japonaise, le seiza. Il avait des crampes, la sensation que des aiguilles lui transperçaient les jambes. Il aurait bien voulu les étirer un peu ou simplement les bouger, mais il resta en seiza sans bouger. Il savait qu'il devait rester immobile et concentré sur les propos de Jigoro Kano pour être sélectionné. Quand finalement, une personne finie par venir le voir pour lui annoncer qu'il était admis au Kodokan, il ne put même pas se lever. Il roula simplement sur le côté pour pouvoir détendre ses jambes. Dans les archives du Kodokan, on retrouve la trace de l'admission de Vasily Oshchepkov en date du 29 octobre 1911. Vasily étudia le Judo à temps plein avec Jigoro Kano. Même les spécialistes japonais pensait que l'entraînement au Judo japonais était au-delà des forces d'un européen. L'entraînement ne se fit pas sans heurts. En ce temps là, le système était sans pitié et cruel. Il ne faut pas oublier qu'il y a quelques années auparavant, la Guerre russo-japonaise était en cours. Aussi, Vasily était choisi intentionnellement comme souffre douleur par ses partenaires japonais. Il n'était pas un partenaire d'entraînement pour eux mais bien un véritable ennemi. Pas assez expérimenté, Vasily Oshchepkov était brutalement jeté sur le tatami, étranglé sans ménagement, il eut même le bras brisé. Malgré tout cela, comme le veut le respect, la courtoisie et la tradition du Judo, il remerciait ses partenaires pour cette leçon et les saluaient humblement sans broncher, et ce, parfois même avec des côtes fracturées. Cet apprentissage à la dure lui sera très utile plus tard en URSS. Et bientôt, Vasily Oshchepkov devint un adversaire redoutable, même pour les plus expérimentés. Vasily ne termina pas simplement le cours de l'institut, mais commença à réclamer le degré de maître, la ceinture noire. Six mois plus tard, le 15 juin 1913, il obtint de Jigoro Kano sa ceinture noire 1er Dan. À cette époque, il était très difficile d'obtenir des grades de la part des maîtres japonais, spécialement pour un étranger et encore plus pour un ancien ennemi d’origine russe. Vasily Oshchepkov était le premier russe et un des quatre premiers Européens à obtenir un grade de ceinture noire de Judo. Grâce à son obstination et à sa persévérance, le jeune russe fut très honoré par de chauds éloges de la part du Grand Maître, Jigoro Kano, qui n'était pas habituellement très généreux dans ce genre de choses. Vasily Oshchepkov garda longtemps les mots de Kano en mémoire: "L'ours russe a su suivre son propre chemin". Et quelque temps plus tard, il recevra son 2e Dan le 4 octobre 1917. En 1914, à son premier retour en URSS à Vladivostok, il ouvrit une école comportant une cinquantaine de membres et y enseigna le Judo. Il fut le pionnier du Judo en Russie. En ce temps là, la lutte japonaise était nouvelle même pour les états de l'ouest. Après avoir acquis les connaissances de bases relatives au Judo, les membres participèrent à une première compétition internationale Russie-Japon. Le 4 juillet 1917, les élèves de Vasily Oshchepkov ont affronté l'équipe du Collège Commerciale Otaru dirigé par Hidetoshi Tomabetsu. - Cet événement coïncidait à quelques mois près avec l'ouverture du premier club de Judo européen en 1918: le Budokwai (en) de Londres, fondé par Gunji Koizumi (en). - Ainsi, la première compétition internationale de Judo n'a pas eu lieu à Paris, à Londres ou à New York, mais bien à Vladivostok en Russie. Par ce qu'il connaissait le japonais, l'anglais en plus du russe, Vasily Oshchepkov se trouva du travail comme traducteur dans l'armée russe. Quelques rumeurs circulent d'ailleurs à ce sujet: Vasily Oshchepkov était, à son insu, impliqué dans un plan à long terme des Services Secrets de l'Empire Russe. Ce plan consistait à construire un réseau d'agents capable d'intervenir dans le cas d'une crise politique de l'extrême orient. Les habiletés au combat de V.A. Oshchepkov ainsi que sa maîtrise de la langue japonaise ont été utilisées par l'Armée Rouge lors de son inévitable implication dans le service. En 1917, il supporte la Grande Révolution d'Octobre. Il est envoyé par les nouvelles autorités du pays au Japon et en Chine où il y resta pour un certain temps.

Vladimir Ilitch Lénine créa en 1918 le "Vseobuch" (Vceobshchee Voennoye Obucheni) et se traduit par "Instruction Militaire Général" dans le but d’entraîner la grande Armée rouge, sous la direction de N. Podovoysky. Cette organisation pour la préparation militaire de la grande Armée Rouge, fut la première étape de développement du Sambo soviétique. Elle est le commencement d'une véritable militarisation du sport en Union Soviétique : des clubs sportifs sont créés dans les usines, les dépôts de chemin de fer et les mines du pays. Le Commandant K. Voroshilov sera chargé du développement du combat corps à corps militaire et fondera le centre d'entraînement du NKVD (futur KGB): le Club Dynamo. V.A. Spiridonov a été le premier instructeur à y être engagé. Le rôle du Komsomol (Organisation des Activités de la Jeunesse) a aussi été très important. Cet organisme forma des cellules de jeunes au combat à mains nues dans des centres paramilitaires. Depuis 1921, V.A. Oshchepkov était commandeur dans l'Armée Rouge et y effectuait un travail quelque peu étrange. Il annonçait et vendait des filmes russe au Japon et en Chine. Cette occupation à la facette civile et commerciale n'était en fait qu'une couverture pour son travail au sein du Service de Renseignement. En ce temps-là, le Japon et la Chine étaient des ennemis de L'URSS et une bonne connaissance de ces pays ainsi que du langage local aida grandement Oshchepkov à faire son travail aux renseignements. En tant que maître d'arts martiaux, il eut la possibilité d'étudier le Wushu en Chine. Quand il revint à Vladivostok, il fit ce qu'il aimait le plus: il enseigna les arts martiaux à une nouvelle génération d'étudiants. Mais bientôt, V.A. Oshchepkov fut muté en 1925 à Novossibirsk où il est enrôlé dans l'Armée Rouge à titre de traducteur militaire et détaché au quartier général du district de Sibérie. Vasily Oshchepkov était passé maître dans les difficiles langages d'orient, même les plus grands spécialistes le consultaient régulièrement pour lui demander conseil. Mais la lutte, le Judo et l'autodéfense restait la partie principale de sa vie. Il développa, enseigna et propagea sa science du combat, de la lutte et de l'autodéfense dans les milieux militaires. Il fit plusieurs démonstrations d'arts martiaux, notamment à la rencontre de la section d'Osoviahim (Rassemblement de tous les clubs militaires d'URSS pour la préparation des civils) au quartier général militaire du district de Sibérie. Vasily Oshchepkov fit un rapport sur l'autodéfense et souligna comment le Judo était utilisé pour des besoins militaire. Immédiatement il démontra quelques techniques et le public fut très impressionné par son efficacité et par sa façon de désarmer ses assaillants. Il accepta de faire une autre démonstration d'autodéfense contre un groupe d'assaillants. Vasily Oshchepkov devint vite très populaire parmi les officiers du quartier général et il fut invité à enseigner à la section du Dynamo de Novossibirsk. En 1929, Oshchepkov est invité à Moscou pour diriger un "projet spécial de Judo" pour l'Armée Rouge, sous la supervision du directeur du Département d'Éducation Physique, le Général Boris Sergeevich Kalpus. Le Général Kalpus était chargé du développement d'une méthode d'autodéfense pour l'Armée Rouge. Après avoir entendu parler des activités d'Oshchepkov à Novossibirsk, il comprit la valeur de cet homme et qu'il ne fallait pas faire l'erreur de ne pas l'inviter dans son groupe de recherche. En décembre de la même année, la section des sports de l'Armée Rouge de Moscou ouvrit un cours de deux mois. Le programme d'étude se divisait en trois sections:

  • 1) Techniques de projections, Techniques articulaires, Techniques de frappes de mains et de pieds, Techniques d'étranglements.
  • 2) Méthode d'autodéfense pour un homme non armée contre un homme, armée d'une mitraillette, d'un revolver, d'un sabre, d'un couteau ou toutes autres armes de combats rapprochés.
  • 3) Méthode de combat à mains nues pour deux hommes, basée sur le judo mais avec une approche plus élaborée au niveau de l'autodéfense.

Ce programme s'adressait à ceux (militaires) qui désirait améliorer leurs habilitées au combat par la création d'un groupe sportif spécial, lequel serait préparé pour la compétition. L'instructeur était évidemment, le camarade Vasily Oshchepkov. À chaque fois que Vasily Oshchepkov débutait son travail pour effectuer une démonstration de son art, il le faisait à sa manière. "L'ourse russe a su suivre son propre chemin" disait de lui Jigoro Kano, et son apprentissage à la dure au Kodokan lui servit bien. Il entra donc sur la scène centrale du lieu d'entraînement de l'Armée Rouge lors d'un événement sportif spécial. Les spectateurs regardèrent avec grands intérêts cet homme grand et robuste habillé en partie de manière militaire. Après un court moment, tous comprirent qu'il était "LE" grand maître. Il fut attaqué par plusieurs "ennemis" à mains nues, armés de vrais armes: sabres, mitraillettes, couteaux, revolvers. Ils ne jouaient pas, les baïonnettes, les couteaux, les sabres étaient bien aiguisés, même les armes étaient chargées. Les balles avaient cependant été retirées des cartouches. Les attaques étaient bien réelles. Les spectateurs placés derrière Oshchepkov étaient capable de dire s'il avait bien réussi à désarmer l'agresseur avant qu'il n'ait eu le temps de tirer. On pouvait très bien voir le feu sortir du canon des armes et savoir si Oshchepkov avait eu le temps d'éviter une balle potentiel. La démonstration était vraie, il désarma les assaillants armés de lames, les mitraillettes et les revolvers se retrouvaient dans ses mains avant que "l'ennemi" n'ait pu tirer ou ils criaient de douleur à cause de l'application de techniques articulaires douloureuses de la part d'Oshchepkov. Il y eu plusieurs photos de prises relatant sa performance. Il va sans dire, qu'après cette démonstration, Vasily Sergeevich Oshchepkov se retrouva chargé des cours de préparation militaire au combat corps à corps. Il prit part à la création d'un manuel où il est possible de voir des photos et des descriptions de la méthode d'Oshchepkov. Vasily Oshchepkov n'était pas seulement un théoricien, il participa à de nombreuses compétitions de combats corps à corps et remporta la première place. Lors de son séjour au Japon, Vasily Oshchepkov avait observé une dilution des techniques du Tenjin Shinyo Ryu (en) Jujutsu et du Kito Ryu (en) Jujutsu de la part de Jigoro Kano dans la création de son Judo au Kodokan. Oshchepkov comprenait que le but de Kano était de créer une méthode éducative et de la rendre accessible à tous. C'est pourquoi Kano avait agi ainsi. Mais Oshchepkov, lui, avait pour mission de créer un système de combat efficace. C'est ainsi, dans le but d'évaluer et d'intégrer ces techniques de combat délaissées par le Judo de Jigoro Kano, que Vasily Oshchepkov fut mis en contact avec un expert de Jujutsu et de lutte gréco-romaine, Viktor Afanasevich Spiridonov. Ce dernier était également un vétéran et un officier de la Première Guerre mondiale en plus d'être un des premiers instructeurs de lutte et d'autodéfense du Dynamo. Cette collaboration de Vasily Oshchepkov et de Viktor Spiridonov, assuré par le gouvernement russe, avait pour but de créer un nouveau style de combat "corps à corps" adapté pour les besoins de l'Armée Rouge. Ce développement devait se faire sur deux facettes. La première, créer un système mettant l'emphase sur des applications pratiques. La deuxième, créer un sport pour la population civile pouvant être aisément convertit en technique de combat réelle pour les militaires avec quelques ajouts mineurs. La vision d'Oshchepkov était claire, plus son "nouveau Judo" serait développer et promu comme un sport à l'échelle nationale, plus il serait facile de créer avec un répertoire technique adéquat, un art martial, pouvant dans un instant, être transformé pour les besoins militaires. C'est ce qui donnera plus tard les deux tendances du Sambo, soit le "Sambo Militaire", "Combat Sambo" ou "Boevoe Sambo" et le "Sambo Sportif" ou "Borba Sambo". Tout ceci se déroula à une période dangereuse pour l'Union Soviétique, à cause de la menace d'invasion extérieure que posaient l'Allemagne Nazi et la Finlande. Les Russes étaient plutôt paranoïaques envers leurs voisins incluant les États Baltiques et la Roumanie. Ainsi donc, en 1932, on comptait déjà plus de 165 000 Judoka en URSS, alors qu'en France on en compterait que 7 500 en 1950. Pour Vasily Oshchepkov, l'usage des coups de pieds avait une place importante dans le combat corps à corps. Son principe était simple: frapper-projeter-frapper. Il avait également compris que pour pouvoir obtenir une bonne expérience pour donner des coups de pieds et se défendre contre ceux-ci, l'apprentissage devait s'effectuer que par du combat libre. Mais l'apprentissage au combat libre avec l'utilisation de méthodes dangereuses était impossible. Il créa donc une sorte d'armure, un peu comme le Bōgu de Kendo ou de Nihon Kenpo, ainsi que des gants et des protèges pieds rembourrés, comme ceux utilisés en Kick boxing.

Vasily Oshchepkov était un maître de Judo et il en connaissait tous les bons côtés. Mais contrairement à plusieurs autres Judoka, il était aussi capable d'en reconnaître les mauvais côtés. Il n'était pas le genre d'étudiant timide qui suivait aveuglément les maîtres japonais, copiant leurs moindres mouvements sans jamais avoir même l'idée de remettre en question les concepts du Judo établis par Jigoro Kano. Il ne se limita donc pas qu'aux choses provenant exclusivement du Japon. Il essaya de créer un système nouveau et efficient de lutte et d'autodéfense, un système plus efficace que tous les autres. Le développement de ce système de combat s'effectua de manière totalement indépendante, sans contact avec les autres écoles de Judo. Il n'était limité en rien, il était absolument libre dans l'évolution de son travail. Son approche était scientifique, il révisait et modifiait les principes désuets. Ses évaluations pratiques se basaient sur des connaissances modernes. Vasily Oshchepkov repensa tout le Judo du Kodokan pour les besoins de la réalité Russe, un peu comme Mikinosuke Kawaishi (pionnier du Judo Français) le fera en France quelque temps plus tard. Vasily Oshchepkov apporta de nouvelles méthodes d'entraînement, des stratégies de combats différentes, se basant sur d'autres systèmes de luttes: Russe (Slave), Européenne, Américaine. Il intégra un exercice physique appelé "mouvement libre" du système Muller, Buk et Suren, originaire de la Suède. Cet exercice très important dans le Samoz, au Sambo et au Systema est souvent confondu avec le randori Japonais. Il a aussi introduit qu'un suivit médical serré, sur la santé des lutteurs, soit régulièrement effectué. Bien que cela semble étrange, Vasily Oshchepkov disait que même les japonais n’avaient pas une bonne méthode pour enseigner le Judo. Chaque professeur n'enseignait que sur les bases de sa propre expérience et sur ses habiletés personnelles. Les professeurs japonais niaient la nécessité d'avoir recours à des exercices spécifiques et les ignoraient. Avec l'aide de Viktor Spiridonov, il apportera une approche bien différente de l'approche japonaise à ce nouveau système et sera l'ingénieur d'un système de combat non orthodoxe. V.A. Spiridonov avait été un investigateur pour le Dynamo (NKVD) sur différents systèmes de combat. Il avait voyagé en Mongolie, en Chine et en Inde pour observer les différents styles locaux d'arts martiaux. Alors que chez les japonais on perfectionnait le concept d'arts martiaux, où le raffinement techniques peut mener au développement personnel et à l'illumination spirituelle, les russes eux perfectionnaient le concept de combat de survie. Ils ne s'entraînaient pas pour parfaire leurs techniques mais bien pour devenir compétents avec leurs techniques dans toutes les situations possibles. Cette attitude fut cruciale pour l'évolution et à la création de ce qui allait devenir le Sambo. Par exemple, une technique exécutée debout était examiné pour voir si elle pouvait s'exécuter au sol et vice versa, si une technique de balayage était exécutée avec un pied pouvait-elle avoir une variation exécutée avec un genou ou une main, dans quelles situation ces variations s'appliquent-elles, etc. V.A. Oshchepkov reprit les traditions vestimentaires et techniques des styles traditionnels d’URSS, et dota ses lutteurs d'une solide veste très près du corps, dans laquelle passait une ceinture qui la maintenait fermement contre le corps. C'est lui qui a abandonné le Keikogi traditionnel de Judo au profit de vestes spéciales de Sambo (Kurtka (en)), de shorts sportifs (Trusi) et qui a introduit l'usage des chaussures de Sambo en cuir à semelle souple (Sambofki). Il changea le tatami traditionnel comme recouvrement de plancher pour un tapis de lutte plus souple. Ces changements permirent des projections plus sécuritaires, ce qui réduisit les blessures. Cela permis aussi de développer plus profondément les techniques de combat au sol. - Les japonais diront eux-mêmes plus tard que les techniques au sol du Sambo sont plus développées que celles du Judo, et qu'étudier le Sambo rendrait leur méthode de combat (le Judo) plus riche. C'est d'ailleurs au Japon que sera crée la première fédération de Sambo hors URSS. - Le système d'entraînement innovateur crée par Vasily Oshchepkov fut adopté par Viktor Spiridonov pour les besoins de la création d'un art martial mortel, dédié au sabotage. Vasily Oshchepkov a toujours ouvertement admit l'influence du Judo dans ce nouveau système, ce qui déplaisait aux autorités qui aurait voulu un système de combat aux origines uniquement russes. À cause de son attitude controversée, Oshchepkov était considéré comme un personnage politiquement dangereux.

À cette équipe de développement s'était rajouté Anatoly Kharlampiev et Ivan Vasilievich Vasiliev, qui avait également voyagé autour du globe pour y étudier les différents styles d'arts martiaux. Anatoly Kharlampiev, alors âgé d'environ 20 ans, fut le premier étudiant à qui Vasily Oshchepkov enseigna son nouveau système de combat. Avec ce groupe de spécialistes de luttes d'URSS, Vasily Oshchepkov complète la "Lutte libre" qui préfigure au Sambo sportif actuel. Vasily Oshchepkov diffuse largement le nouveau style, qui se popularise dans les instituts sportifs des grandes villes telles que Moscou et Leningrad. Après une dizaine années de recherche, de développement, d'essais, le "Sambo" prit officiellement vie le 16 novembre 1938. Depuis 1930, le Gouvernement Soviétique était devenu plutôt réticent face aux influences extérieures du pays et désirait que toutes les "grandes réalisations" du pays n'aient qu'une origine russe ou soviet, incluant les arts martiaux. Il n'y avait donc aucune place pour un Sambo avec des techniques attribuées à des maîtres japonais. Pour ces raisons plutôt obscures, Vasily Oshchepkov ne survivra pas aux purges Stalinienne et disparaîtra en 1937 et ne verra jamais l'aboutissement de son travail. En 1937, le pays entier était sous la pression d'arrestations nocturnes arbitraires de la part des services secrets du NKVD et de sa police secrète[24]. Le slogan de l'époque était: -"Mieux vaut arrêter dix innocents plutôt que de laisser un espion s'échapper". C'était ce qui constituait la base de la sécurité interne de cette année-là. Le critère pour soupçonner une activité criminelle était en fait très simple: toutes personnes pouvaient être arrêtées si elle voyageait ou si elle avait des relations ou des amis dans un pays autre que l'URSS. Par ce qu'Oshchepkov n'avait jamais voulu renier ses racines martiales relatives au Judo, ni l'emploi et l'utilisation du mot Judo ainsi que ses relations avec ses maître japonais, un décret de conspiration fut déposé contre lui le 29 septembre 1937. Bien qu'il avait été mandaté par le passé, pour servir d'agent pour les services de renseignements et pour entretenir des relations avec le Japon et la Chine, c'est paradoxalement pour ces mêmes raisons qu'il fût mis au arrêts dans la nuit du 1er octobre 1937. Il fut arrêté par la police secrète[25] et faussement accusé d'être un espion à la solde des Japonais. Dix jours plus tard, il fut victime d’une exécution sommaire lors de son incarcération dans un Goulag de Sibérie, avec d'une balle dans la tête tirée à bout portant. C'est dans ces circonstances obscures que Vasily Sergeevich Oshchepkov décéda à l'âge de 44 ans. Anatoly Kharlampiev se distança lui-même de son allégeance envers son ancien professeur. Anatoly Kharlampiev s'autoproclama l'unique créateur et inventeur de ce système de combat basé uniquement sur les anciennes formes de luttes Slaves. C'est dans le but de se rattacher à un système typiquement d'origine russe, propagande oblige, et de supprimé toutes traces d'influences extérieures que ce système de combat prit officiellement le nom de "Sambo" le 16 novembre 1938.

Borba Sambo

Anatoly Arkadevich Kharlampiev (1907-1979) est né dans la famille d'un pionnier de la boxe russe. Dès 16 ans, déjà instructeur de culture physique, il commence à étudier les diverse formes de luttes nationales et internationales. De nombreuses années d'assimilation des techniques d'autodéfenses, une pratique personnelle de ces diverses techniques dans des heurts occasionnels le persuadent de la nécessité d'influer sur un système de combat moderne. Après la Seconde Guerre mondiale, à laquelle il a participé, il travaille pendant de longues années au Club Dynamo de Moscou, où il organise un large réseau d'enseignement des techniques d'autodéfenses pour les troupes des Affaires Intérieures et il met au point la progression technique de sections sportives importantes. Il enrichit les recherches de Spiridonov et d'Oshchepkov et réalise la synthèse de leurs travaux. Le mot Sambo est un acronyme qui provient de la contraction "Samozashchita", "Bez" et "Oruzhiya" et se traduit par: "autodéfense sans armes". Anatoly Kharlampiev est souvent référé comme étant le père du Sambo, mais en fait, c'est Viktor Spiridonov qui associa le premier cette appellation à ce nouveau système de combat, tout d'abord sous le nom de :"Sam", puis de "Samoz", de "Samba" et finalement de "Sambo". Viktor Spiridonov est également le père fondateur d'un système de combat parallèle qu'il développa. Ce système est plus doux, c'est une sorte "d'Aikido Russe" qu'il nomma "Samoz". L'idée derrière le Samoz de Spiridonov était de pouvoir être utilisé par une personne plus petite, plus faible voire un soldat blessé. À la différence du Sambo, le Samoz est un système avec armes. Une version plus raffinée du Samoz est employé aujourd'hui pour les besoins des commandos Russes, les Spetsnaz. Il est intégré au Sambo militaire comme étant une sous spécialisation de ce dernier. Parmi les grands spécialistes actuels de ce type de système, nous pouvons nommer le Colonel Mikhail Ryabko et le Capitaine Vladimir Vasiliev des Forces Spéciales Russe (Spetsnaz). Vladimir Vasiliev enseigne sa propre interprétation du Samoz de Spiridonov et a nomme son style le "Systema" ou tout simplement "Russian Martial Arts". En 1938 à lieu la première rencontre des professeurs et enseignants de Sambo de toute l'Union Soviétique. Le 16 novembre de la même année, le Comité du Sport et de la Culture physique officialise par un rapport l'existence du Sambo, synthèse des diverses formes de luttes populaires. À cette époque, le Sambo se diffuse dans les grandes villes comme Moscou, Leningrad, Kharkov, Bakou et Saratov. Un an plus tard se tient le premier championnat national réunissant 56 athlètes à Leningrad. Parmi les huit vainqueurs retenus se trouve E.M. Chumakov, figure marquante du Sambo à cette époque. La Seconde Guerre mondiale éclate. Des détachements spéciaux de sportifs sont crées en URSS. Les Samboïstes présents dans les rangs de l'Armée Rouge assurent la préparation des éclaireurs et de l'infanterie. L'Institut Lesgaft envoie 316 "étudiants" entraînés au combat sans armes (Sambo) derrière les lignes allemandes pour effectuer des missions de sabotage. Se sont les Spetsnaz (le SMERSH[26] est un exemple de ces unités d'intervention spéciales). Le succès est tel que l'Institut est décoré en 1944 de l'Ordre du Drapeau rouge. Devant l'importance prise par la guerre de guérilla en attendant que l'Armée rouge, d'abord en déroute, se reconstitue, on forme au Sambo dans l'urgence, 31 000 instructeurs au combat corps à corps dans les bases arrières du Kazakhstan entre 1941 et 1942. La Deuxième Guerre achevée, de nombreux Samboïstes sont envoyés dans les autres pays de l'Est pour diffuser le Sambo. C'est en Bulgarie que se constituera la plus brillante école. La tension internationale s'accentuant par le fait du rideau de fer et de la Guerre froide, les informations sur le Sambo des années 1950 sont très rares car restreintes par les Services Secrets. À partir de 1947 en URSS, les compétitions de Sambo ont régulièrement lieu en individuel, et par équipes en 1949. Les autorités soviétiques sont alors partagées entre le désir de développer le Sambo sur le plan mondial et l'impératif de discrétion absolue concernant le Sambo d'autodéfense et militaire. Ce paradoxe explique les hésitations et la diffusion très faible du Sambo dans le monde occidental. Peu après les années 1950, débute une période d’influence du Sambo au niveau mondiale. Les Samboïstes ont emprunté quelques aspects des méthodes d'entraînement des Judoka, comme la répétition technique (Uchi Komi) et le combat souple libre (Randori). Dès le début des années 1960, les Japonais sont parmi les premiers à créer une Fédération de Sambo dans leur pays, qui organise des championnats nationaux et participe aux rencontres internationales. À la fin de la Seconde Guerre Mondiale, Anatoly Arkadevich Kharlampiev se retrouve comme étant l'unique "chef de file" du Sambo Russe. Après s'être autoproclamé, seul créateur et inventeur du Sambo, par souci de survie, même si une partie non négligeable du mérite de la création du Sambo lui revient, il ne révéla jamais la vérité sur Vasily Oshchepkov. Malgré tout son mérite, la dignité humaine de Kharlampiev n'était pas aussi élevée que sa qualité de professionnel. Il se démarqua par son manque de conscience et d'humilité, même après que le nom de Vasily Oshchepkov fut blanchit, Kharlampiev ne révéla jamais les véritables origines du Sambo. Il ne donna jamais la reconnaissance due à son professeur, Vasily Oshchepkov. Au contraire, il contribua au développement de son propre mythe en disant et en écrivant qu'il avait reçu l'ordre explicite de créer le Sambo par N.I. Podvoiski, un héros de la révolution en 1922. Mais en 1922, Anatoly Arkadevich Kharlampiev n'avait que... 15 ans. C'est un bien un jeune âge pour porter une telle responsabilité. Et comment expliquer toutes les similarités existantes entre le Judo et Sambo alors que Kharlampiev ni catégoriquement l'implication du Judo dans la création du Sambo. Malgré ses petits travers mégalomane, Anatoly Kharlampiev fit un excellent travail de synthèse en compilant et en organisant le travail de Viktor Spiridonov et de Vasily Oshchepkov pour parfaire le Sambo. Il fut un auteur de livre très prolifique, c'est d'ailleurs à lui que l'on doit les premiers ouvrages sur le Sambo. Il a écrit des ouvrages sur le Sambo Sportif (Borba Sambo) ainsi que sur le Sambo Militaire (Combat Sambo Spetsnaz ou Systema). Ainsi donc, aujourd'hui on classifie le Sambo en trois catégories (à ne pas confondre avec les trois niveaux d’enseignement du Sambo cité plus haut):

  • 1) Samoz, Combat Sambo Spetsnaz, Systema (Sambo Militaire - Commando Spécial)
  • 2) Boevoe Sambo, Combat Sambo, Samoz (Sambo Militaire - Autodéfense)
  • 3) Borba Sambo (Sambo Sportif - Sport de Combat)

Du Samoz au Systema

Le "Systema" (ou Système) est aussi connu sous l'appellation de "Combat Sambo Spetsnaz". Cet art martial russe est la forme évolutive du "Samoz" de Spiridonov. Le Systema entre dans la catégorie du Sambo Militaire. L'évolution du Samoz de Spiridonov et du Sambo d'Oshchepkov a été maintenu en parallèle par le NKVD qui lui-même est devenu le KGB. C'est hors du sentier officiel de l'évolution du Sambo Militaire et Sportif que le Systema fut créé, même si ce dernier se repose sur des bases similaires au Sambo. Le design du Systema a été conçu pour être hautement adaptable et pratique. On y utilise des exercices de respiration, des "drills" et des exercices de "sparring" en remplacement des kata traditionnels. Par ce qu'il est de nature ouverte et évolutive, le Systema est très efficient dans plusieurs situation et contre plusieurs style de combats. C'est d'ailleurs pourquoi les unités spéciales, les "Spetsnaz", sont entraînés au Systema. Il existe deux courant majeur de Systema; l'un plus "souple", l'autre plus "dur".

  • Kadochnikov Systema : Fondé par Aleksey Alekseyevich Kadochnikov (père) en 1962, et développé par le Général Arkady Alekseyevich Kadochnikov (fils) et Valentina Aleksandrovna Kadochnikov (petite fille). Le Kadochnikov Systema est basé en partie sur le Samoz-Sambo de Spiridonov ainsi que plusieurs formes russes de combat au corps à corps, datant de la seconde guerre mondiale. Aleksey Alekseyevich Kadochnikov est ingénieur en génie mécanique. C'est pour cette raison que ce système repose dans son enseignement sur les lois de la physique appliquées au combat.
  • Retuinskih Systema ou ROSS : Fondé par le Général Alexander Retuinskih (en) en 1995. ROSS est un acronyme qui provient de "Rossiyskaya Otechestvennaya Systema Samozashchity" et se traduit par Système d'Autodéfense d'Origine Russe. Ce système est conçu plus comme une méthodologie pour augmenter les performances au combat, applicable à n'importe quel art martial, plutôt qu'un système fermé. L'expérience d'Alexander Retuinskih se base sur la Boxe, le Boevoe et le Combat Sambo, le Judo et le Kadochnikov Systema. Il comprend le Sambo (Samoz) de Spiridonov, le Sambo d'Oshchepkov et de Kharlampiev, et différents dérivés de styles de combat tel que le Tverian Buza et le Pskovan Skobar ainsi que la systématisation des arts martiaux indigène slave et de leurs méthodes d’entrainement.
  • Ryabko Systema ou Poznai Sebia : Fondé par le Colonel[27] Mikhail Ryabko (en). Ancien officier de l'Armée Rouge, Mikhail Ryabko à évolué à titre de commando dans les forces spéciales, les "Spetsnaz". L'influence principale de son système de combat provient de l'enseignement de l'un des membres des "Sokoli Stalina", Les Faucons de Staline, qui étaient les gardes du corps personnel de Joseph Staline. Comme tous les arts martiaux russes, le Systema n'est pas seulement qu'une simple méthode de combat mais comprend aussi une méthode d'exercices physiques ayant pour but d'améliorer la santé. Cette pratique s'effectue par des exercices dans l'eau froide, des massages, des frappes curatives spéciales ainsi que plusieurs autres exercices qui ont pour but d'augmenter drastiquement la force et le tonus au moyen d'un éventail de mouvements naturels du corps. Poznai Sebia se traduit du langage Russe en français par : "Connais-toi toi-même". Mikhail Vasilievich Ryabko est Colonel chez les Spetnaz, Chef Instructeur de l'entraînement tactique pour l'équipe de réponse d'urgence et conseillé pour le Ministre de la Justice de la Fédération Russe.

L’apport des Luttes Slaves au Sambo

Outre le Judo (Kodokan) et le Jujutsu (Tenjin Shinyo Ryu et Kito Ryu Jujutsu), le Sambo tire ses racines des différentes luttes «slaves» de l'ex-URSS dont voici les 5 principales (notez qu'aucun de ces peuples n'est slaves):

  • Kurash : d'Ouzbékistan
  • Chidaoba : de Géorgie
  • Kures : du Kazakhstan
  • Gulesch : d'Azerbaïdjan
  • Kurijash : du Tatarstan et du Bashkotarstan

Il y a aussi d'autres types de luttes Slaves qui sont moins connus et qui sont:

  • Kuresh : de Tuvinskaja (Touva)
  • Khapsagay : du Yakuts (Yakoute)
  • Akatuy : de Cuvaskaja (Tchouvachie)
  • Trinte : de Moldavie
  • Kokh : d'Arménie
  • Goretch : Turkménistan


Ce type de lutte russe traditionnelle possède plusieurs similarités avec son homologue japonais, le Judo. Il existe deux types de pointage en Kuresh semblable à l’Ippon (point complet) et Waza Ari (demi-point) de Judo. Les projections doivent être exécutées avec un soulèvement tangible de l'adversaire. Le point est accordé que sur une projection et une chute dynamique. Dès qu'une partie autre que les pieds touche le sol, le match est arrêté (ie. le genou, la hanche, le bras, le coude, etc.). Les techniques de projections sacrifices (Sutemi) sont possibles mais l'attaquant doit s'assurer que son adversaire touche le sol avant lui pour marquer le point. Cet élément de règlement donne lieu à des projections très dynamiques et extrêmement spectaculaires. Certaines versions de Kurash requièrent un type de saisie pré-arrangée d'autres non. Dans le cas des saisies pré-arrangées, le combat débute avec une saisie à une main à la ceinture dans le dos. C'est la saisie primaire et elle ne peut être relâchée. L'autre main demeure active et prend différentes saisies secondaires. Il n'y a donc pas de combat de Kumikata (saisies) comme en Judo. Les combats se font sur une période de 4 minutes. Il n'y a pas de combat au sol (Ne Waza) en Kurash. Une des techniques représentative du Kurash est une forme de Sukui Nage.

Le Chidaoba de Géorgie

Ce type de lutte est considéré par les russes même, comme étant le plus non-orthodoxe de tous les styles de luttes Slaves. Le combat débute avec les deux adversaires face à face et ils doivent s'affronter pour pouvoir prendre leurs saisies. La tenue de combat est composée d'un short et d'une veste ample sans manches. Des trous sont faits dans la veste, comme le Kurtka de Sambo, de manière à pouvoir passer une ceinture similaire à celle qu'utilisent les Judoka. Par ce qu'il n'y a pas de manche, le type saisi est plus limité. Les saisie au corps et à la ceinture son omniprésente en Chidaoba. Parmi le répertoire technique typique, on retrouve des techniques comme: Khabarelli, O Uchi Gari, Harai Goshi, Uchi Mata, Koshi Guruma, Harai Makikomi, Uchi Makikomi, évidemment avec une saveur "à la russe".

Le Kures du Kazakhstan

Très similaire au Kurash, le Kures se distingue de ce dernier par ses techniques de jambes, de crochetage, de fauchage, d'accrochage, etc. Le combat débute comme en Kurash avec une saisie à la ceinture mais contrairement au Kurash, le Kures autorise la saisie des jambes ce qui favorise les positions accroupies. La saisie maintenue en tout temps à la ceinture provient de leur héritage équestre. Il est possible de changer la saisie en la remplaçant par celle de l'autre main. Les combattants utilisent le vêtement national qui est similaire au Judogi mais avec une veste légèrement plus longue. Les combattant Kazakh sont spécialement renommé pour leur sens de l'équilibre phénoménal, leur endurance et leur esprit combatif, à tel point qu'il était considéré comme un signe de mal chance d'en affronter un dans les combats préliminaires d'un tournoi de lutte. La signature technique distinctive du Kures sont les différentes formes de Kata Guruma.

Le Gulesch d'Azerbaïdjan

Le Gulesch se pratique avec un pantalon long, une ceinture mais le torse nu. C'est aussi le seul style de lutte Soviet qui permet de poursuivre le combat au sol. Les combattants peuvent saisir les pantalons de l'adversaire sans aucune restriction, ce qui est très différent du Judo. Par ce que les saisies au corps sont rendues plus difficiles à cause du torse nu, les combattants de Gulesch sont très habiles et très rapides à la saisie des jambes, à entrelacer les bras et le corps et à lever l'adversaire dans les airs. Ils sont vraiment très forts avec les techniques de "Pick-Up". Par ce que les combattants sont autorisés à poursuivre le combat au sol ou de se lever du sol en toute liberté pour poursuivre le combat debout (très différent du Judo), ils ont développé de nombreuses versions et variations techniques de projection à genoux. Leur "marque de fabrique" est de saisir spécifiquement la jambe de l'adversaire et de la lever avec un spectaculaire "Pick-Up" pour pouvoir le projeter par la suite. Les formes de Te Guruma et de Kuchiki Daoshi sont également très représentatives.

Le Kurijash du Tatarstan et du Bashkotarstan

Le Kurijash se pratique un peu comme le Gulesch avec, un pantalon long, une ceinture et le torse nu. Il n'y a pas de combat au sol par contre. Les combattants se distinguent par leurs attaques très explosives au corps à corps. Les compétition de Kurijash s’effectuent avec le gagnant qui fait face à tous les autres participants et les affrontent jusqu'à ce qu'il n'en reste plus ou qu'il perde. Dans ce cas, le nouveau gagnant fait de même. Le combat débute avec une saisie double à la ceinture, un peu comme en Kurash, mais avec des saisies avant. Leur répertoire technique se concentre surtout sur de formes similaires à Tani Otoshi, Ura Nage, Ko Soto Gake ainsi qu'une version unique de saisie de jambes très particulière. Les techniques de projections sacrifices (Sutemi) sont utilisées sans restriction. Une des techniques favorite du Kurijash consiste en un mélange de Tani Otoshi et d’Ura Nage renforcé avec une levée de la jambe appliquée avec une saisie à la ceinture dans le dos. non-orthodoxe et très spectaculaire. Plusieurs Judoka (pour ne pas dire tous) ayant déjà affrontés un combattant de Kurijash et subit se type de technique, n'ont jamais compris ce qui se préparait et se sont retrouvés au sol d'une manière très expéditive.

Les composantes du Sambo

C'est donc sur cette trame de fond que s'est bâti le Sambo russe[28] : le Judo du Kodokan, les luttes Slaves (Kourach, Chidaoba, Kures, Gulesch, Kurijash, etc), les clefs de jambes du Jujutsu (Tenjin Shinyo Ryu (en) et Kito Ryu (en)), la Lutte gréco-romaine, la Lutte libre, la Boxe, la Savate, le Muay thaï, le Wushu, le Pencak-Silat, etc. Les innovations importantes ont été apportées au Sambo, ce qui le distingue du Judo. Dans le Sambo Sportif, il n'y a pas de technique d'étranglement (Shime Waza). Ceci vient du fait que l'Union Soviétique est un pays nordique. Avec l'utilisation de gants, de mitaines, de manteaux épais avec de gros collets, l'utilisation de techniques d'étranglement était difficile dans ce contexte. Par contre, certaines de ces techniques subsistent dans sa version militaire. Les techniques de clefs de jambes (Ashi Kansetsu) sont omniprésentes. D'abord par ce que le Kures, le Gulesch et autre types de luttes Slaves comportait déjà un grand nombre de techniques avec l'utilisation des jambes. Ensuite, dans un contexte de frappes, de coups de pieds, les clefs de jambes sont essentielles pour se défendre. Sur le champ de bataille, il est souvent préférable d'empêcher l'ennemi de se déplacer que de l'éliminer. En agissant de la sorte, deux autres soldats devront évacuer le blessé ce qui éliminera du terrain trois combattants plutôt qu’un seul et en lui bisant un genou ou une jambe, l'adversaire ne peut plus nous poursuivre son avancée. Les pratiquants de Sambo Militaire complémentaient leur apprentissage technique et tactique avec un conditionnement psychologique, de l'aérobie et de la musculation. Dans un sport, il peut être suffisant d'être un combattant technique, mais dans un vrai combat, il vaut mieux être un combattant et un technicien très endurant (mentalement et physiquement). L'escrime a été aussi incluse au Sambo. En effet, comme les Samurai du Japon ancien avaient parfois à se défendre à mains nues avec leur Jujutsu contre des adversaires armés, les occasions de se retrouver désarmé contre un adversaire armé étaient également applicables aujourd'hui.

Les systèmes de grades du Sambo russe

Le Sambo russe ne comprend pas de système de ceinture ou de grade comme le Judo en comporte. Il existe cependant trois titres distinctifs attribué lors de compétition d'envergure:

  • Maître de sport 1re classe : champion d'une compétition nationale.
  • Maître de sport 2e classe: champion de l'Union Soviétique ou d'un tournoi majeur Européen et/ou international.
  • Maître de sport 3e classe : champion du monde ou Champion Olympique.

Pendant un certain temps, dans le but de suivre le modèle japonais du Judo, l'ancien système soviétique reconnaissait un système de 11 degrés (Dan) de ceinture noire.

  • Champion d'une compétition nationale : ceinture noire 6e Dan ornée d'un symbole représentant l'hôte du tournoi.
  • Champion d'une compétition de la PanAm : ceinture noire 7e Dan
  • Un médaillé de bronze au championnat du monde : ceinture bronze 8e Dan
  • Un médaillé d'argent au championnat du monde : ceinture argent 9e Dan
  • Un médaillé d'or au championnat du monde : ceinture or 10e Dan
  • Un très grand champion, médaillé à plusieurs reprises : ceinture or 11e Dan ornée d'un insigne.

Ces distinctions et ces grades ne représentent en rien, du moins de manière claire et précise, une progression technique au Sambo. En effet, il n'existe aucun syllabus technique concernant l'enseignement de cet art martial. Les ceintures et titres ne sont en fait qu'une sorte de trophée. Elles sont le témoin de l'habileté du combattant à appliquer ses techniques en compétition. La Fédération Internationale Amateur de Sambo (FIAS) a aboli le système de ceintures en 1987.

Notes et références

  1. (ru) Борьба Самбо (Sambo sportif)
  2. (ru) Боевое Самбо (Sambo de combat "sportif")
  3. (ru) Боевое Самбо
  4. (ru) Vadim Starov Боевое Самбо (Sambo de combat "militaire")
  5. (ru) Russian Army Sambo training
  6. (en) History of the Cheka - OGPU - NKVD - MGB - KGB - FSB
  7. (en) The story of Sambo started...
  8. (en) The Russian History
  9. (en) Born in tsar's prison to die in Stalin's one by Mikhaïl Lukashev
  10. (en) The Russian Military History
  11. (en) The KGB : Organization of the Committee for State Security
  12. (en) The NKVD - History
  13. (en) Cutting edge, history of the Stalin's Falcons (Sokoli Stalina)
  14. (fr) Tenue de campagne des « faucons de Staline »
  15. (en) Russian Spetsnaz
  16. (en) The GRU - Operations of the Main Intelligence Administration
  17. (fr) Les Spetsnaz : "L'arme secrète de Moscou"
  18. (en) Special Operations Russian Units : Federal Protective Service (FSO)
  19. (fr) Présentation, histoire et caractéristiques du "Spetsnaz"
  20. (en) Cutting edge, history of the Spetsnaz
  21. (en) Russian Sambo - Combat Sambo
  22. (en) Systema Spetsnaz Psychology
  23. (ru) Основатель самбо Ощепков (Document historique sur le Sambo avec Vasily Sergeevich Oshchepkov)
  24. (fr) La Tchéka est dissoute en février 1922 et laisse place à la Guépéou (GPU). Le NKVD est créé en 1934 et remplace la Guépéou, avant d’être lui-même remplacée par le MVD en 1946, puis par le KGB en 1954.
  25. (en) The Soviet Union Internal Security
  26. (en) The Soviet Army - SMERSH
  27. (fr) Dans l'Armée Russe, le rang (grade) ainsi que le niveau d'accès autorisé sont directement reliés. Mikhail Ryabko agit officiellement comme Colonel dans l'armée russe mais également comme conseillé spécial pour le Gouvernement Russe. On lui a donc décerné le grade de Général pour des raisons de sécurité.
  28. (fr) Le Sambo Militaire possède plusieurs similarités avec le Taijutsu employé par le Ninja d'autres fois, tandis que le Samoz se rapproche plus techniquement d'une forme d'Aikijutsu. Pour ce qui est du Systema, il se situe à mi-chemin entre l'Aikijutsu et le Kenpo. Le Sambo Sportif quant à lui, pourrait être considéré comme un style de Judo-Jujutsu et le Sambo de Combat une forme de MMA.

Bibliographie

Sources de références :

  • (ru) 10 ТЫСЯЧ ПУТЕЙ К ПОБЕДЕ - Les dix mille chemins de la victoire (1982) - par Michail Nikolaevich Lukashev.
  • (ru) РОДОСЛОВНАЯ САМБО - Généalogie de la lutte Sambo (1986) - par Michail Nikolaevich Lukashev.
  • (ru) Систєма Самбо - Systema Sambo (1933-1944) - par Anatoly Arkadevich Kharlampiev - (ISBN 5-94775-003-1)
  • (ru) Борьба САМБО - Sambo sportif (1949) - par Anatoly Arkadevich Kharlampiev - (ISBN 5-8183-1016-7)
  • (ru) ТАКТИКА БОРЬБЫ САМБО - Tactiques de Sambo de combat (1958) - par Anatoly Arkadevich Kharlampiev.
  • (ru) Систєма Самбо Боєвоє Искусство - Systema Sambo Art martial (1995) - par Anatoly Arkadevich Kharlampiev.
  • (ru) Систєма Самбо - Systema Sambo (2002) - par Anatoly Arkadevich Kharlampiev - (ISBN 5-8183-0465-5)
  • (ru) Самоз. Стиль В. А. Спиридонова - Samoz de V.A. Spiridonov - (ISBN 966-8472-06-3)
  • (ru) Динамика Русского рукопашного боя. Стиль В. Спиридонова, А. Кадочникова - (ISBN 966-96138-3-3)
  • (ru) Русский рукопашный бой. САМОЗ. Стиль В.А. Спиридонова.
  • (ru) Русский рукопашный бой. Стиль В. Спиридонова, А. Кадочникова.
  • (en) Judo : From a Russian Perspective par Andrew Moshanov - (ISBN 3-933486-55-6)
  • (en) Russian Judo par Alexander Iatskevich - (ISBN 1-8745724-6-1)
  • (en) Armlock par Neil Adams - (ISBN 0-9518455-2-7)
  • (en) Pick-Ups par Robert Van De Wall - (ISBN 1-87457-210-0)

Voir aussi

Articles connexes

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