- Canne De Combat
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Canne de combat
Pour les articles homonymes, voir Canne.La canne de combat est une canne ordinaire utilisée comme arme de défense. Ses techniques d'utilisation constituent un sport de combat et un art martial.
Sommaire
Emploi
L'emploi de la canne de combat, originellement utilisée dans les salles d'armes, a été codifiée par les maîtres de savate et de sabre afin que la canne fût enseignée comme arme de défense. L'utilisation de la canne comme objet de défense est attestée dès le XVIIIe siècle. Au XIXe siècle, la canne était devenue un objet de la vie courante et un accessoire incontournable de la garde-robe masculine, qui pouvait offrir un avantage notable en cas de combat.
Plusieurs traités sont alors publiés, dont celui de Leboucher (1843), d'un élève de Michel (vers 1848), de Larribeau (1853) puis de Charlemont (1899). En parallèle, l'armée française introduit l'enseignement collectif du bâton et de la canne et publie un nombre important de manuels consacrés à leur usage, souvent associé à la boxe française. Les sociétés de gymnastique qui se développent dans la deuxième moitié du XIXe siècle offrent à leurs membres une pratique gymnique de canne de combat et de bâton. C'est la grande époque pour la canne de combat française ; des assauts de canne en public sont donnés dont plusieurs confrontations de Pierre Vigny et Charlemont fils. La canne est même au programme des jeux Olympiques de Paris en 1924 dans la catégorie des sports nationaux.
Aujourd'hui encore, la loi française considère la canne plombée, c'est-à-dire lestée au bout, comme une arme par destination. Les techniques martiales de canne qui n'ont pas disparu en France, sont principalement utilisées dans les systèmes policiers de cannes télescopiques, matraques et tonfas. La canne sportive (canne de compétition, canne d'arme) est réapparue dans les années 1970 sous l'impulsion de Maurice Sarry qui a créé la CNCB (comité national de canne de combat); c'est un sport de combat très codifié, esthétique, mais, malgré des débuts très prometeurs, ce sport a du mal à sortir d'une audience discrète.
Il existe également une tradition martiale de la canne transmise par le maître grenoblois Pierre Vigny au début du XXe siècle et qui a servi de référence au système Bartitsu de Edward William Barton-Wright puis à celle de la canne indienne, le lathi, codifié par l'anglais Lang en 1923. Nous savons par ce dernier que le système de Pierre Vigny s'inspirait en partie des techniques de Calinda stick fighting de l'île de Trinidad. Aujourd'hui, on peut parler de la canne panache de Roger Lafond, qui propose une approche plus proche de la self-défense que la canne de combat. Pour être tout à fait exhaustif, il faut encore parler de la canne "fouet" qui apparaît comme une évolution de la canne de combat, car elle a été également codifiée par Maurice Sarry.
Description
Telle qu'elle a été codifiée dans les années 1970 pour être pratiquée en compétition sportive, la canne de combat est légère, en châtaignier et de forme légèrement tronconique.
Elle a une longueur de 95 cm pour un poids de 120 g environ et est composée de trois parties qui sont de la base au sommet :
- la manchette (15 cm)
- la surface de parade
- la surface autorisée de touche (20 derniers centimètres)
Description sommaire des attaques autorisées
Il existe 6 attaques codifiées, dans la canne fédérale moderne (Fédération française de savate, boxe française et disciplines associées) :
- 2 coups latéraux : latéral extérieur et latéral croisé, chacun pouvant être porté à 3 niveaux:
- figure (en ligne haute).
- flanc (en ligne moyenne, entre la ceinture et les pectoraux. Coup autorisé chez les hommes seulement).
- jambe (en ligne basse, entre la cheville et le genou).
- 2 coups verticaux en tête: le croisé tête et le brisé.
- 2 coups verticaux en jambes: le croisé bas (ou croisé jambe) et l'enlevé.
Ces 6 techniques peuvent se faire de l'une ou l'autre main, ou en changeant la canne de main dans le cadre de l'assaut, constituant ainsi un élément surprise, de diversité tactique et technique.
La pratique ancienne, telle que développée dans les traités de canne du XIXe siècle et du XXe siècle, montre d'autres typologies de coups. Ainsi, les coups pouvaient se délivrer selon des modalités différentes de la pratique actuelle : trajectoires parfois obliques, frappes avec toutes les parties de l'arme (coups d'estoc, coups avec le talon de l'arme, utilisation du fût comme moyen de frappe) ou touche de cibles maintenant interdites dans la pratique sportive (les membres supérieurs notamment et les « zones sensibles » du corps).
La richesse de ce sport ne vient pas de la diversité des coups, mais des multiples façons de les réaliser. Décalages, esquives, sauts, voltes (mouvements tournants), feintes, font partie intégrante des assauts de canne. La liberté de mouvement autorisée permet à chaque canniste d'acquérir son propre style.
La tenue
- La tenue de loisir: chaussures de sport et survêtements
- La tenue allégée: casque d'escrime matelassé, une paire de gants matelassés et une paire de protège-tibias.
- La tenue de compétition : en plus de la tenue allégée, une veste et un pantalon tous deux matelassés ainsi qu'une coquille pour les hommes.
Les grades
- Avant la réforme de 2003 :
- 3e à 5e canne (débutant) ;
- 6e à 8e canne (confirmé) ;
- 1er et 2nd degré (maître).
- Après la réforme :
- pommeau bleu (débutant) ;
- pommeau vert ;
- pommeau rouge (confirmé : permet d'être initiateur) ;
- pommeau blanc ;
- pommeau jaune (maître : permet d'être moniteur).
Assauts
Les assauts en compétitions se font en plusieurs reprises, de durée adaptée à la catégorie des tireurs et aux types de compétition. Chaque touche réussie sur l'adversaire fait gagner des points. L'assaut n'est pas interrompu après une touche (on peut donc les enchaîner). Celui qui a le plus de points à l'issue de la dernière reprise est déclaré vainqueur.
Aire de combat
Les combats se déroulent dans un cercle (9m de diamètre). Si un des tireurs sort de ce cercle, le combat est interrompu et reprend après que les tireurs se sont replacés en garde à l'intérieur du cercle, le tireur en faute, à l'endroit où il est sorti.
Début de l'assaut
Après s'être salués, les tireurs se placent en position de garde, chaque tireur de part et d'autre du centre de l'aire, et à distance de garde (c'est-à-dire environ un pas plus loin que la distance nécessaire pour toucher). Lorsque l'arbitre s'écarte et dit "Allez!", l'assaut commence.
Les juges et l'arbitre
Pour gérer l'assaut, il y a dans l'aire un arbitre qui suit les tireurs et qui décide quand et comment arrêter l'assaut et le reprendre, suite à une faute, une sortie d'aire, un lâcher de canne, pour finir une reprise, ou à l'occasion de n'importe quel problème pouvant nuire au bon déroulement de l'assaut. L'arbitre est le garant du respect des principes de la canne, et donne des avertissements aux tireurs qui ne les respectent pas. Si les avertissements ne suffisent pas, l'arbitre peut interrompre l'assaut pour demander une sanction. Il y a aussi trois juges, placés en triangle équilatéral autour de l'aire, qui signal aux marqueurs les touches réussies (en levant un drapeau de la couleur du tireur ayant marqué un point), et décident de l'attribution des sanctions demandés par l'arbitre à l'encontre de l'un ou l'autre des tireurs.
Validité d'une touche
Une touche est jugée valide si:
- Le tireur ayant touché a respecté le principe parade/esquive - riposte. C'est-à-dire qu'il ne s'est pas laissé toucher pour pouvoir toucher.
- Le tireur touche après un armé (le pommeau de la canne passe derrière l'axe de la colonne vertébrale).
- Le tireur touche avec une des six techniques codifiées en ayant déployé sa technique de façon franche (non saccadée), avec amplitude (sans sabrer), avec dans l'idéal un alignement de l'épaule, de la main et de l'extrémité de la canne au moment de la touche.
- Le tireur a touché sur une surface autorisée en compétition:
- les côtés du casque ainsi que la grille (si le coup est clairement dirigé vers le visage, et ne fait pas que frôler la grille).
- les flancs (uniquement chez les hommes), c'est-à-dire au-dessus de la ceinture et en-dessous des pectoraux.
- les jambes, c'est-à-dire au-dessus de la cheville et en-dessous du genou.
- sont jugées dangereuses les touches au bas-ventre, dans le dos et l'arrière de la tête.
- Toute touche sur une zone non autorisée entraîne une sanction par l'arbitre, proportionnelle à la gravité de la zone touchée.
- Le tireur a touché avec la surface de touche de la canne (20 derniers centimètre).
- Les coups en ligne basses sont accompagnés d'une fente.
Les coups d'estoc sont proscrits et sanctionnés.
Comptage des points
- 1 point pour chaque juge ayant déclaré une touche valide (une touche peut donc être appréciée de 0 à 3).
- -1 pour chaque pénalité:
- un lâcher de canne après un premier lâcher (un seul lâcher de canne non-sanctionné par rencontre).
- une sortie d'aire.
- -3 pour chaque sanction voté par les juges.
Les techniques dérivées
- la double canne où l'on utilise deux cannes en même temps;
- le panache (ou canne-chausson), où l'on rajoute les coups de pied de la savate mais aussi des techniques de self défense;
- Les techniques de bâton français ou bâton fédéral qui tire la plupart de ses attaques de la canne de combat.
- La canne défense qui associe à la canne des techniques d' autodéfenses ou qui utilise la canne comme objet de defense personnelle.
Liens externes
- Site officiel du comité national de canne de combat et bâton
- Présentation des techniques de base
- Quelques traités anciens de canne, bâton et autres, en ligne : Traités, en français ou traduits, en téléchargement et hoplologie occidentale
- Portail des arts martiaux et sports de combat
Catégories : Art martial français | Boxe française
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