Saint-Thégonnec

Saint-Thégonnec

48° 31′ N 3° 57′ W / 48.52, -3.95

Saint-Thégonnec
Vue d'ensemble de Saint-Thégonnec
Vue d'ensemble de Saint-Thégonnec
Administration
Pays France
Région Bretagne
Département Finistère
Arrondissement Morlaix
Canton Saint-Thégonnec (chef-lieu)
Code commune 29266
Code postal 29410
Maire
Mandat en cours
Yvon Abiven
2001-2014
Intercommunalité Communauté d'agglomération du Pays de Morlaix
Site web site officiel de la commune
Démographie
Population 2 630 hab. (2008[1])
Densité 63 hab./km²
Gentilé Saint-Thégonnecois, Saint-Thégonnecoise
Géographie
Coordonnées 48° 31′ Nord
       3° 57′ Ouest
/ 48.52, -3.95
Altitudes mini. 7 m — maxi. 216 m
Superficie 41,76 km2

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Saint-Thégonnec est une commune chef-lieu de canton du département du Finistère, dans la région Bretagne, en France.

Sommaire

Géographie

La commune de Saint-Thégonnec se situe dans le Finistère Nord, à environ 50 km de Brest, sur le plateau du Léon. Le bourg domine la vallée du fleuve côtier, la Penzé. Saint-Thégonnec est desservie par la voie ferrée électrifiée Paris-Brest via Rennes et Morlaix et la voie expresse N12 Paris-Rennes-Morlaix-Brest passe également par la commune.

Histoire

Couverture du livre de l'abbé François Quiniou
L'église de Saint-Thégonnec en 1909 (François Quiniou)
L'ossuaire en 1909 (François Quiniou)
L'enclos paroissial

Saint-Thégonnec est issu de la partition de la paroisse primitive de Ploe-Iber, qui à partir du VIe siècle regroupait Saint-Thégonnec, Saint-Martin des Champs, Sainte-Sève, Pleyber-Christ et la partie ouest de Morlaix. Le démembrement de cette ancienne vaste paroisse eut lieeu en deux temps en 1128 et 1180[2]. On rencontre les appellations suivantes : Ploeyber Riual (vers 1330), Ploeyber Riual Saint Egonneuc (vers 1450), Ploeyber Sanct Egonnec (en 1467 et en 1557), Saint Thégonnec (en 1693).

La vie légendaire de saint Thégonnec[3]

Le nom de la commune provient de saint Quonocus ou Toquonocus (Quonoc, Coquonoc ou Toquonoc), par déformation ensuite Thégonnec, disciple de Pol Aurélien et qui serait comme lui venu au VIe siècle de l'île de Bretagne (actuelle Grande-Bretagne) pour évangéliser l'Armorique. Selon une autre tradition. Il serait né à Tréfentec, village de l'actuelle commune de Plonévez-Porzay et aurait construit un ermitage à Plogonnec avant de devenir un disciple de saint Guénolé, abbé de l'abbaye de Landévennec qui l'aurait ensuite envoyé prêcher dans le Léon. Lobineau, dans sa Vie des saints en fait même un saint mythique, qui n'aurait jamais existé. La localité de Pleugueneuc en Ille-et-Vilaine a la même origine.

Selon la tradition paroissiale, Thégonnec reçut un accueil enthousiaste de la population locale avec quelques exceptions toutefois : un jour qu'il avait soif, des habitants du village du Bougès lui refusèrent un verre d'eau. En représailles, le saint prononça un anathème "Boujès a voujezo. Biken dour mad n’iien devezo" ("Les sources de Bougés peuvent être abondantes, mais, jamais il n’en sortira une bonne eau". Par contre il bénit les habitants du Herlan où il reçut une hospitalité généreuse. Ce serait l'origine de la source du Stivel, fontaine longtemps vénérée : les jeunes filles venaient encore au début du XXe siècle y jeter des épingles pour trouver un mari.

Pour construire la première église, le saint prit son cerf et alla chercher des pierres dans la montagne à Plounéour-Ménez. Un loup agressant et tuant son cerf, le saint fait le signe de croix et attelle le loup au chariot pour finir le transport des pierres. Ce miracle incite la population à aider le saint dans l'œuvre entreprise. Un autre miracle permit de décider de l'emplacement de la construction de l'église. Saint Thégonnec devint peut-être par la suite évêque au Pays de Galles même si sa trace précise se perd : les statues le représentant dans l'église de la paroisse le montrent habillé en évêque, mais ses reliques ne sont vénérées nulle part. La statue au-dessus de l'entrée principale de l'église représente cette légende, qui est d'ailleurs aussi exprimée en sculpture sur le calvaire de l'enclos paroissial, qui illustre aussi la Passion du Christ. Saint Thégonnec est représenté avec une bête à cornes attelée et était considéré localement comme protecteur des ruminants, concurremment à saint Herbot et saint Cornély[4].

La construction par étapes de l'église paroissiale[3]

L'église actuelle de Saint-Thégonnec, bâtie à l'emplacement de la première église, appartient à plusieurs époques échelonnées de 1520 à 1667 environ. Le détail des travaux est décrit dans le livre de l'abbé François Quiniou[3]. Le petit clocher date de 1563, mais jaloux de celui de Pleyben, les paroissiens décidèrent en 1599 la construction d'un second clocher beaucoup plus imposant.

En 1670, le bas de l'église est exhaussé pour permettre la mise en place des orgues et enfermé ainsi le petit clocher jusqu’aux galeries entre les deux nouveaux pans de mur. En 1714 la nef principale et l’abside reçurent l’élévation qu’elles ont actuellement et depuis cette époque aucun changement n’a été fait dans l’église, du moins jusqu'à l'incendie du 8 juin 1998 qui ravagea l'église. Celle-ci a été restaurée à l'identique depuis.

La rivalité entre les bourgs lors de la construction des enclos paroissiaux

Florian Le Roy explique ainsi l'une des causes de la construction des enclos paroissiaux à la fin du XVIe siècle[5] :

« Une rivalité de bourg à bourg se donne libre essor. Pendant un quart de siècle, on va lutter à coups de fontaines, de calvaires, de chaires, de croix processionnelles. Dans le même temps, les fabriciens de Saint-Thégonnec et de Guimiliau passent commande, les premiers d'un arc de triomphe, les seconds d'un calvaire de 150 personnages bien comptés avec tout un déploiement de reîtres et de lansquenets, tels qu'ils les ont observés pendant les guerres de la Ligue. Aussitôt Saint-Thégonnec, pour ne pas être dépassé, commande les croix des deux Larrons. Pleyben se paye un porche monumental et finit par un calvaire. Guimiliau veut alors un baptistère, un buffet d'orgues, une chaire à prêcher comme oncques on ne vit ! C'est bon ! Saint-Thégonnec lui réplique par une chaire digne de Saint-Pierre de Rome et une mise au tombeau d'un sculpteur morlaisien, Lespaignol. Toutes les paroisses de la montagne solitaire s'enflamment d'émulation : Sizun aura son arc de triomphe, Commana un porche merveilleux et Bodilis aussi ! »

Le lin, le chanvre et Saint-Thégonnec

C'est la culture et le tissage du lin et du chanvre qui a permis la construction des enclos paroissiaux[6].

Pendant des siècles, les paysans ont cultivé lin et chanvre en Bretagne et en ont fabriqué des toiles à l’usage domestique et agricole. Vers le XVe siècle, une industrie de la toile s’est progressivement mise en place : la manufacture des créées du Léon (la créée était le nom de la pièce de toile). Le fil est blanchi avant la confection des toiles. Il suffit pour cela d’une buanderie de la taille d’une petite maison. En breton, on lui donne le nom de "kanndi" qui se traduit littéralement par "maison à blanchir". Quelques uns de ces kanndi ont survécu jusqu’à nos jours au prix de diverses transformations. Le kanndi le mieux conservé est celui kanndi du Fers à Saint-Thégonnec, restauré en 1996, mais sept autres kanndi se trouvent dans un rayon de 500 mètres autour de celui-ci. Pendant deux siècles, on a roui le fil de lin à l’eau tiède dans ces cuves après l’avoir enduit de cendres de hêtre. Le rinçage se faisait dans le canal en pierre de schiste qui traverse le bâtiment. Le blanchiment continuait au soleil. L’opération était renouvelée plusieurs fois. Il fallait au total trois mois pour livrer un fil suffisamment blanc pour être tissé[7].
La commune de Saint-Thégonnec s'est enrichie grâce au marché du lin, florissant entre le XVe et le XVIIIe siècle. Les cultures se faisaient sur la commune, puis le lin était exporté par le port de Morlaix. Plus généralement, le lin était cultivé par les paysans dans le nord du Léon puis tissé dans le sud. Après le tissage, les toiles pouvaient enfin être chargées sur des navires en partance pour l'étranger. Les marins anglais venaient dans les ports acheter ces toiles de lin. De nombreuses familles se sont alors enrichies et ont participé à la construction de l'église. Mais la décision politique prise par Colbert de taxer les toiles de lin anglaises stoppa la prospérité de l’ouest breton.

"Saint-Thégonnec est un peu le bouquet final de l'art des enclos. (...) D'abord sans doute parce que Saint-Thégonnec a été la paroisse la plus riche à l'époque de la prospérité des toiles de lin. Et puis cette prospérité s'est prolongée plus longtemps qu'ailleurs, jusqu'au milieu du XVIIIe siècle. Alors cela explique que les paroissiens aient pu plus longtemps embellir, agrandir, rehausser leur église pour la mettre tout simplement au goût du jour. Il suffit de voir qu'elle a deux clochers. D'abord une flèche gothique, qui s'est trouvée démodée au bout de quelques années. Alors, à ce moment-là, au début du XVIIe siècle, les paroissiens ont construit une grande tour avec un dôme Renaissance"[8].

Le docteur Chevrey fait remarquer, à la suite de son voyage en Bretagne en 1924 : « Chose curieuse, ces trésors architecturaux s'élèvent au milieu d'infimes villages, de bourgades misérables. Ce fut pourtant, naguère, une région riche, bien déchue maintenant, de sa splendeur. À Saint-Thégonnec notamment,se tissaient les voiles des navires des Rois de France, et ce sont les artisans de ces tissages qui ont élevé de leurs deniers ces somptueuses cathédrales, ces calvaires uniques au monde. Toute cette prospérité a disparu. Il ne reste dans les églises, comme témoins de ce passé mort, que les inscriptions à demi-effacées des tombes de ces riches marchands, que leurs crânes logés dans d'étroites boîtes ajourées, entassées les unes sur les autres autour du maître-autel, sur la corniche des entablements, comme des bibelots funèbres sur une pieuse étagère »[9].

Les familles nobles de la paroisse[3]

  • la seigneurie de Penhoat : les seigneurs de Penhoat étaient hauts justiciers, premiers prééminenciers et fondateurs des églises paroissiales de Saint-Thégonnec, Taulé, Plouvorn, Plougar, de l’église tréviale de Sainte-Sève, ainsi que de l’église et collégiale de Notre-Dame du Mur. Les seigneurs de Penhoat étaient une des plus anciennes familles seigneuriales du Léon. À la suite de mariages ou d’achats, le château est passé successivement dans les familles de Rohan, de Rosmadec, de Kerhoent de Coatanfao, de Kerouartz.
  • la seigneurie du Quélennec : les seigneurs du Quélennec avaient un banc dans l’aile droite de l’église et en face un enfeu avec tombe. Cet enfeu existe encore aujourd’hui, au-dessous de l’autel de Notre-Dame de Bon-Secours, et près de la porte d’entrée du côté nord. Les armoiries qui se trouvaient gravées sur les écussons ont été effacées pendant la Révolution (1791). Les familles Le Borgne, Le Gal et Kerhoaz en furent tour à tour propriétaires.
  • la seigneurie de Penfao : elle appartint aux Plessix, puis aux Le Bihan avant de passer aux mains des Coëtlosquet qui étaient en même temps seigneurs de Kérannot et du Hellin.
  • la seigneurie du Hellin : elle appartint aux Daniel, puis aux Quintin avant d'être propriété des Coêtlosquet jusqu'à la Révolution française.
  • la seigneurie de Kerannot : elle fut propriété des Denys, puis des Simon et enfin des Coëtlosquet.
  • le manoir de Coasvoult : ayant appartenu d'abord aux seigneurs de Penhoat, il devint ensuite propriété de la famille de Queronyant, puis aux Guergolay et ensuite aux Bourg-Blanc.
  • la seigneurie de Lannivinon appartint aux Kersauzon, puis aux Coetquelfen, puis aux Kerhoent de Coatanfao, puis au vicomte du Rumain qui vendit cette seigneurie au sieur de Quélen, syndic des États de Bretagne.
  • le manoir de Kervily : famille Le Hézou, puis Olivier Croizé sieur de la Maillardière, maire de Morlaix en 1647 et mort en 1694.
  • la seigneurie du Herlan : propriété au départ des Huon, puis des De Kerhoent, puis des Du Parc. Son dernier propriétaire avant la Révolution fut Messire François Provost Douglas, chevalier seigneur de Boisbilly. Il demeurait en son hôtel à Morlaix, quai de Tréguier, paroisse de Saint-Melaine.
  • la seigneurie de Luzec : elle appartint au XVIe siècle à la famille De La Haye, puis à partir de 1670 aux du Dresnay. Joseph-Marie du Dresnay, chevalier seigneur des Roches et de Kérir-Luzec, était en 1700 gouverneur pour le roi de la ville de Saint-Pol-de-Léon. Les seigneurs de Luzec possédaient un banc dans la nef de l’église paroissiale et une tombe dans le sanctuaire. Les armes de Luzec étaient d’argent au rameau de sinople posé en bande accompagné de trois quintefeuilles de gueules.

La Révolution française

Les deux députés représentant la paroisse de Saint-Thégonnec lors de la rédaction du cahier de doléances de la sénéchaussée de Lesneven le 1er avril 1789 étaient Bernard Breton et François Collin[10].

Même si de 1790 à 1792, les citoyens de Saint-Thégonnec acceptent de payer une "contribution volontaire" d'un montant de 2696 livres et si le recteur et les marguilliers en charge, François Cottain (de Cozlen) et Joseph Croguennec (de Penfao) acceptèrent de sacrifier « le surplus de l'argenterie de l'église »[11], riches et très croyants, les habitants de Saint-Thégonnec manifestèrent tôt leur hostilité à la Révolution française, dès la Constitution civile du clergé, sinon avant. L'abbé Abjean, curé et son vicaire Robert Tanguy refusent de prêter le serment de fidélité; un nouveau curé, François Allanet, jureur, est élu en mars 1792 et reste en fonction jusqu'en juillet 1793; un nouveau vicaire est aussi choisi, Guillaume Charles, mais en butte à l'hostilité de la majorité des paroissiens, ils eurent bien du mal à s'imposer. Les paroissiens aidèrent le clergé réfractaire (l'abbé Cras, curé de Saint-Thégonnec, insermenté, fut arrêté).

La vie traditionnelle au XIXe siècle et début du XXe siècle

Femmes de Saint-Thégonnec au puits[12]

La musique et la danse à Saint-Thégonnec en 1839

Fortuné du Boisgobey parcourt la Bretagne pendant l'été 1839.Dans son carnet de voyage, voici ce qu'il écrit à propos de Saint-Thégonnec: "[...] Les danses se sont formées dans le milieu de la grand'route, au beau soleil, au pied d'une charrette sur laquelle trône l'infatigable biniou, secondé cette fois, vu l'importance de la fête, par une sorte de fifre. Cette danse ne se règle guère que sur deux ou trois airs qui reviennent toujours et dont le plus connu et le plus commun est: à la nigouz,, etc... La principale figure est une promenade en rond, cavalier et dame se balançant en face l'un de l'autre et sautillant sur la pointe du pied en avançant de côté. [...] Je me suis rassasié de ce spectacle et j'ai regagné Morlaix"[13].

L'agriculture vers le milieu du XIXe siècle

Selon des statistiques agricoles publiées en 1849 et concernant selon les productions des années comprises entre 1836 et 1846, la population agricole en 1836 est de 3648 personnes pour une population communale totale de 3836 personnes la même année, formant donc 95,1 % de la population. La répartition de l'occupation des terres est alors la suivante : 2141 ha de terres arables, 1150 ha de landes et bruyères, 395 ha de bois, taillis et plantations, 317 ha de prairies naturelles ; la commune possédait alors 15 moulins en activité. Les paysans de Saint-Thégonnec cultivaient à l'époque 428 ha d'avoine, 428 ha de froment, 321 ha d'orge, 57 ha de seigle, 171 ha de sarrasin, 43 ha de lin, 7 ha de chanvre, 64 ha de navets, betteraves, carottes et choux (dont 43 ha de navets et 7 ha de choux), 321 ha de trèfle, 107 ha de pommes de terre, 1093 ha d'ajoncs d'Europe, 150 ha restant en jachère, et élevaient 500 chevaux (350 mâles, 100 juments, 50 poulains), 980 bovins (dont 450 vaches), 360 porcs, 630 ovins (90 béliers, 180 moutons, 300 brebis, 50 agneaux), 35 caprins (25 boucs et 10 chèvres), 1500 poules et 300 coqs, 100 canards, 10 oies, et possédaient 320 ruches à miel[14].

Les foires et marchés

Vers 1840, 12 foires, spécialisées dans le commerce des bêtes à cornes et des porcs se tenaient pendant l'année à Saint-Thégonnec, chaque premier mardi du mois ; six d'entre elles étaient légales (janvier, mars, mai, juillet, septembre, novembre) et les six autres consacrées par l'usage, mais toutes étaient aussi importantes. Dans son rapport, le sous-préfet de Morlaix observe qu'« il est étonnant qu'il n'y ait pas de foire aux chevaux à Saint-Thégonnec. Les cultivateurs de cette commune sont tous éleveurs, et le nombre de poulains et bidets qu'ils vendent annuellement est très considérable »[15].

À la fin du XIXe siècle, des foires se déroulaient à Saint-Thégonnec toujours tous les premiers mardis du mois, et en plus le premier jeudi du Carême, le deuxième mardi de juillet, le 10 septembre et la veille du premier vendredi d'octobre[16].

La même source indique en 1890 l'importance de l'élevage des chevaux de trait et de la fabrication de sabots, ainsi que de nombreux moulins, dans la commune.

Saint-Thégonnec en 1902

Rue du village

Gustave Geffroy dans son Tour du monde publié en 1902 décrit ainsi les habitants: "À Guimiliau comme à Saint-Thégonnec, l'art ne se complète que par le spectacle de la vie publique. Le dimanche, les paysans des environs, quelques-uns venus de loin, se groupent sur la place, dans le cimetière, devant le porche de l'église. Comme à Roscoff et à Saint-Pol, comme à Landivisiau, les costumes du Léon apparaissent. Les hommes vêtus de drap noir, veste ou habit court à quatre petites basques carrées, long gilet garni de boutons serrés, pantalons tombants, bordures de velours, large ceinture bleue, chapeau rond à rubans, souliers à boucles. En somme une très nette ressemblance avec le sombre costume espagnol, ressemblance aidée encore par les visages rasés, réguliers, fins, le profil net, le regard direct. Les femmes aussi sont vêtues de noir, jupe courte à laisser voir les souliers, petit châle à franges sur les épaules, et la coiffe blanche qui achève le caractère monacal du costume. C'est surtout le jour du pardon, le troisième dimanche de juillet, que l'un peut voir à Guimiliau la belle arrivée des Léonards, hommes et femmes, montés sur les magnifiques chevaux qui sont la fierté du pays. Ce jour là, les jupes, les châles, les tabliers de couleur, et toutes les coiffes, bonnets pointus, hennins, barbes relevées, étalées sur la nuque, cols dentelés, corsages noirs à galons rouges ou bleus, tous ces costumes du passé parent des créatures vivantes."[17].

La Seconde Guerre mondiale

Yves Laurent, né le 6 novembre 1917 à Saint-Thégonnec, sous-lieutenant de l'armée de l'air, est tué le 11 novembre 1943 en Angleterre, volant au sein du 342 Squadron du groupe de bombardement Lorraine. Son corps a été rapatrié à Saint-Thégonnec[18].

Démographie

Évolution démographique[19]:
1793 1800 1806 1821 1831 1836 1841 1846 1851 1856 1861 1866 1872 1876 1881 1886 1891
3 291 3 291 3 422 3 563 3 648 3 836 3 926 3 962 3 802 3 588 3 957 4 050 3 681 3 548 3 409 3 215 3 317
1896 1901 1906 1911 1921 1926 1931 1936 1946 1954 1962 1968 1975 1982 1990 1999 2006 2008
3 073 3 144 3 206 3 171 2 980 2 977 2 719 2 536 2 532 2 241 2 159 2 127 1 986 2 133 2 139 2 267 2 523 2630
Nombre retenu à partir de 1968 : Population sans doubles comptes[20]

Commentaire : La commune connaît un accroissement régulier de sa population dans la première moitié du XIXe siècle, gagnant 671 habitants en 53 ans de 1793 à 1846, date d'un premier maximum démographique. Un léger déclin temporaire se produit entre 1846 et 1856, suivi d'une nette reprise de l'accroissement entre 1856 et 1866 (+ 462 habitants en 10 ans), probablement lié à la construction de la voie ferrée entre Morlaix et Brest. L'apogée est donc atteint vers la fin du Second Empire où la population communale dépasse les 4 000 habitants (4 050 exactement). En dépit de quelques mouvements en dents de scie, le dernier tiers du XIXe siècle et les trois premiers quarts du XXe siècle sont une longue période de déclin démographique, Saint-Thégonnec perdant, entre 1866 et 1975, 2064 habitants en 109 ans (- 51 %). Le minimum démographique est donc atteint en 1975 avec un peu moins de 2 000 habitants (1 986 exactement). Le dernier quart du XXe siècle et la première décennie du XXIe montrent une reprise démographique notable : + 537 habitants en 31 ans (+ 27 %). Saint-Thégonnec reste toutefois en 2006 moins peuplé qu'en 1793, le déficit étant de 768 habitants en un peu plus de deux siècles[21].

En 10 ans, entre 1998 et 2007, Saint-Thégonnec a comptabilisé 344 naissances et 368 décès, soit un faible solde naturel négatif de 24 personnes. Par contre, après plus d'un siècle de solde migratoire négatif en raison de l'exode rural, la commune enregistre depuis 1975 un solde migratoire positif qui s'est même accentué entre 1999 et 2006 ( + 1,7 % l'an en moyenne). La commune est donc redevenue attractive et bénéficie de la périurbanisation, de sa proximité avec les villes de Morlaix et Landivisiau et de sa bonne desserte ferroviaire et routière ( voie expresse N 12)[21].

Administration

Le canton de Saint-Thégonnec regroupe les communes de Le Cloître-Saint-Thégonnec, Loc-Eguiner-Saint-Thégonnec, Pleyber-Christ, Plounéour-Ménez et Saint-Thégonnec.

En 1840, le maire est Pouliquen. En 1853, le maire est Caroff (nommé par le gouvernement impérial). Il est toujours en place en 1865.

Langue bretonne

L’adhésion à la charte Ya d’ar brezhoneg a été votée par le Conseil municipal le 22 mars 2006.

Économie

Agriculture

Saint-Thégonnec se trouve dans le Léon mais ne possède pas la terre que l'on peut retrouver sur les communes de Plouvorn, Plouénan qui sont très fertiles pour les cultures légumières.

À Saint-Thégonnec, ce sont donc des élevages de porcs et de bovins qui prédominent. Il y a également des cultures céréalières comme le blé et le maïs.

Industrie

C'est à Saint-Thégonnec qu'est située l'usine Geminox. Geminox est le premier constructeur français de chaudières acier, avec plus de 70 000 pièces fabriquées chaque année. Geminox appartient au Groupe Robert Bosch (Bosch Thermotechnology).

Monuments et lieux touristiques

La porte de triomphe
L'enclos paroissial
L'enclos paroissial

Bâtiments religieux

Le calvaire de l'enclos paroissial
Le calvaire de l'enclos paroissial (détail)
Le calvaire de l'enclos paroissial (détail)

L'enclos paroissial de Saint-Thégonnec[2] est très visité. Des guides d'une association[22] permettent de le découvrir pendant l'été. Il regroupe plusieurs éléments remarquables :

  • L'Église Notre-Dame de Saint-Thégonnec : gravement endommagée dans sa partie nord par un incendie le 8 juin 1998. Des travaux de restauration ont eu lieu pendant 7 ans[23]. L'église a retrouvé son lustre d'antan donné par ses constructeurs et les nombreux donateurs qui ont continué à enrichir son architecture intérieure. Une croix processionnelle en argent a été donnée, croit-on, par Anne de Bretagne.
  • Son clocher-porche est de style Beaumanoir et date de 1653.
  • Le porche de l'église a des statues en kersantite qui sont l'œuvre de Roland Doré. Elles datent de 1625.
  • À l'intérieur de l'église, le baptistère en chêne sculpté est de 1675, la chaire de 1677.
  • La porte triomphale (1587) ;
  • Le calvaire (1610) de l'enclos paroissial[24];
  • L'ossuaire a été construit entre 1676 et 1682 par Jean Le Bescont. Dans la crypte de l'ossuaire, Mise au tombeau par Jacques Lespaignol, sculpteur à Morlaix, entre 1699 et 1702.
  • 32 croix et calvaires[25] sont présents sur la commune: voir la publication "les calvaires de Saint-Thégonnec"[26]. Parmi les plus connus: celui de Luzec (1864), de Croas-Calafres ou Bodériny (1632), du Broustou (1662).
  • la chapelle Sainte-Brigitte semble remonter au début du XVIIe siècle[27]

Pardons

  • Le pardon de Sainte-Brigitte : deux fois l'an, le 3e dimanche de juillet et le 3e dimanche d'août, un pardon a lieu près de la chapelle Sainte-Brigitte.
  • Le pardon de Saint-Thégonnec : tous les ans, le 2e dimanche de septembre.

Autres bâtiments et lieux publics remarquables

  • Ruines du château de Penhoat: le château date des XIIIe et XIVe siècles. Il est situé à la confluence de la Penzé et du ruisseau de Coatoulsac'h. Il appartint à la famille De Penhoët dont l'un des membres, Guillaume de Penhoët, dit Le Boiteux, défendit la ville de Rennes contre les Anglais en 1356 et dont un autre membre, Jean de Penhoët, amiral de Bretagne, battit la flotte anglaise devant la Pointe Saint-Mathieu en 1404[28]. Le château, dont il ne reste que des pans de muraille, fut incendié pendant les guerres de la Ligue et ses fortifications abattues en 1590[29].
  • Le kanndi du Fers, restauré en 1996 par l'association "Saint-Thégonnec patrimoine".
  • La maison de Pennavern, typique des maisons à avancées (apotheiz) du premier tiers du XVIIe siècle[30].
  • La "butte du télégraphe", située entre Saint-Thégonnec et Pleyber-Christ (vestiges du télégraphe Chappe mis au point par Claude Chappe à la fin du XVIIe siècle).
  • 15 moulins dont le moulin à eau de Lauteric, Kerincaff, Prat-Guen, Luzec, Pont-ar-Ros, du Pont, ..


Centre culturel

  • Le centre culturel de Luzec propose des conférences, organise des visites culturelles et dispose de possibilités d'hébergement[31].

Jumelage

Saint-Thégonnec est jumelé avec Silverton (Grande-Bretagne) dans le Devon depuis 2008.

Personnalités liées à la commune

  • Guillaume Rioual, né le 18 décembre 1793 à Saint-Thégonnec, fils de Olivier et Marie Renée Floch, curé de Scaër, décédé à la maison de retraite pour ecclésiastiques Saint-Joseph de Saint-Pol-de-Léon le 17 août 1843 aveugle et paralysé, est l'auteur du célèbre cantique en langue bretonne Ar Baradoz ("Le Paradis"), composé sur l'air du Sanctorum meritis[32].

Bibliographie

  • Patrimoine religieux de Bretagne, sous la direction de Maurice Dilasser, éditions le Télégramme, 2006
  • Saint-Thégonnec, Yannick Pelletier, éditions Gisserot
  • Saint-Thégonnec, Yves-Pascal Castel, éditions Jos Le Doaré, 1969
  • Saint-Thégonnec. L’Église et ses annexes de François Quiniou, 1909 (une paroisse bretonne sous la Révolution).

Lien interne

Notes et Références

  1. Populations légales 2008 de la commune : Saint-Thégonnec sur le site de l'Insee
  2. a et b http://www.infobretagne.com/saint-thegonnec.htm
  3. a, b, c et d Abbé François Quiniou,"Saint-Thégonnec :l'église et ses annexes", éditions F.Paillart, Abbeville, 1909, 2ème édition, consultable http://fr.wikisource.org/wiki/Saint-Th%C3%A9gonnec._L%E2%80%99%C3%89glise_et_ses_annexes
  4. Bulletin de la Société académique de Brest, année 1900, série 2, tome 26, consultable http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2076565.image.hl.r=Saint-Herbot.f106.langFR
  5. Léon Le Berre, "Conférence de Florian Le Roy sur l'art breton en Haute et Basse Cornouaille", article publié par le journal Ouest-Éclair n°15558 du 17 juin 1939, consultable http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6616541/f7.image.r=Guimiliau.langFR
  6. http://www.bagadoo.tm.fr/patrimoine-breton/lin.html
  7. http://www.saint-thegonnec.fr/fr/les-kanndi.php
  8. Georges Prouvost, cité dans http://www.zevisit.com/ZEVISIT/FR/Theme/14/042/0/Script-Circuit-de-Morlaix-sur-la-route-des-enclos-paroissiaux.html
  9. Docteur Chevrey, "Impressions de voyage en Bretagne", Mémoires de la Société d'agriculture, sciences, belles-lettres et arts d'Orléans, 1925, consultable http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5419025v/f37.image.r=Guimiliau.langFR
  10. J. Madival et E. Laurent, "Archives parlementaires de 1787 à 1860 : recueil complet des débats législatifs et politiques des Chambres françaises" , imprimé par ordre du Corps législatif. 1e série, 1787-1799, consultable http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k480097g/f495.image.r=Locquenole.langFR
  11. Diocèse de Quimper, "Bulletin diocésain d'histoire et d'archéologie", année 1914, consultable http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k109993p/f160.pagination
  12. Constant de Tours (Chiemelenski), "20 jours en Bretagne de Saint-Malo à Brest", Libraiiries-imprimeries réunies, 1892
  13. Fortuné du Boisgobey, "Voyage en Bretagne, 1839, réédition Ouest-France, 2001, 281 pages
  14. Jean-Marie Éléouet, " Statistique agricole générale de l'arrondissement de Morlaix", imprimerie de J.-B. Lefournier aîné (Brest), 1849, consultable http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1257176/f2.image.r=bovins.langFR
  15. Jean-Marie Éléouet, " Statistique agricole générale de l'arrondissement de Morlaix", imprimerie de J.-B. Lefournier aîné (Brest), 1849, consultable http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1257176/f288.image.r=bovins.langFR
  16. Adolphe-Laurent Joanne, Dictionnaire administratif de la France et de ses colonies, Paris, 1890
  17. Gustave Geffroy, "Le tour du monde", 1902, consultable http://www.roscoff-quotidien.eu/leon-1902.htm#st-thegonnec
  18. Colonel Henri Lafont, "Les aviateurs de la liberté", Service historique de l'armée de l'air
  19. http://cassini.ehess.fr/cassini/fr/html/fiche.php:select_resultat=34811
  20. http://cassini.ehess.fr/ Des villages de Cassini aux communes d'aujourd'hui
  21. a et b http://recensement.insee.fr/chiffresCles.action?zoneSearchField=SAINT+THEGONNEC&codeZone=29266-COM&idTheme=3&rechercher=Rechercher
  22. SPREV Sauvegarde du patrimoine religieux en vie
  23. François Roudaut (sous la direction de), "Saint-Thégonnec, naissance et renaissance d’un enclos", Centre de Recherche Bretonne et Celtique, 1998
  24. Patrick Thomas et Loïc de Carpouët, "Saint-Thégonnec : le calvaire", éditions CMD, 1999 [ISBN 2909826961]
  25. http://www.croix-finistere.com/commune/saint_thegonnec/saint_thegonnec.html
  26. http://www.saint-thegonnec.fr/fr/les-calvaires-de-saint-thegonnec.php
  27. http://www.saint-thegonnec.fr/fr/la-chapelle-sainte-brigitte.php
  28. B. Girard, "La Bretagne maritime", 1889
  29. http://www.saint-thegonnec.fr/fr/le-chateau-de-penhoat.php
  30. http://www.saint-thegonnec.fr/fr/pennavern.php
  31. http://www.espace-luzec.com/historique.html
  32. Abbé Louis-François-Bernard Kerné, "Saint-Joseph, autrefois Bel-Air, maison de repos pour les prêtres âgés et infirmes, à Saint-Pol-de-Léon", 1891, consultable http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6112450m/f337.image.r=Carantec.langFR

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