- SOMME 1916
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Bataille de la Somme
La bataille de la Somme fut l’une des principales confrontations de la Première Guerre mondiale. Les forces britanniques et françaises tentèrent de percer à travers les lignes allemandes fortifiées sur une ligne nord-sud de 45 km proche de la Somme, au nord de la France, dans un triangle entre les villes d'Albert du côté britannique, Péronne et Bapaume.
Il s'agit probablement de la bataille la plus meurtrière de l'histoire humaine (hors victimes civiles), avec parmi les belligérants environ 1 060 000 de victimes, dont environ 442 000 morts ou disparus.
La première journée de cette bataille, le 1er juillet 1916, détient le triste record de la journée la plus sanglante pour l'armée britannique, avec 57 470 victimes dont 19 240 morts. La bataille prit fin le 18 novembre 1916[1].
Pour la première fois, un film de propagande, La Bataille de la Somme, a saisi une grande partie des horreurs de la guerre moderne en incluant des images issues des premiers jours de la bataille. Ces événements furent couverts par des photographes et peintres, dont François Flameng peintre officiel des armées dont les nombreux croquis et dessins de ces événements parurent dans la revue L'Illustration.
Préalable
La décision de lancer une offensive en Flandre est prise à la conférence de Chantilly le 6 décembre 1915. Mais en janvier, Joffre obtient un changement pour la Picardie car à l'arrière, particulièrement dans les milieux politiques, on criait au scandale en pensant que des troupes « se reposaient ».
Lorsque l'armée allemande lance son offensive sur Verdun, le 21 février 1916, le commandant en chef britannique propose de venir aider son allié. Les chefs militaires français décident qu'ils peuvent faire face sans cet appui tout en demandant un soulagement par une attaque ailleurs sur le front.En 1916, l’armée britannique en France manquait d’expérience, sa partie professionnelle, six divisions, ayant été éliminée. La plus grande partie de ses effectifs était composée de volontaires des forces territoriales et de la nouvelle armée de Kitchener. Les officiers avaient été promus rapidement et manquaient à la fois de formation et d’expérience. Haig lui-même avait obtenu une promotion éclair.
L’aviation alliée venait de surmonter le fléau Fokker et avait même acquis une supériorité, ce qui lui permettait d'abattre les ballons et de disposer d'une bien meilleure force de reconnaissance. Ce n’est qu’en septembre que l’introduction de nouveaux avions rendit aux Allemands la maîtrise du ciel.
Le terrain
Les Allemands occupent presque partout des hauteurs. Leur front se compose :
- d'une forte première position, avec des tranchées de première ligne, d'appui et de réserve, ainsi qu'un labyrinthe d'abris profonds comportant d'ailleurs tout le confort moderne ;
- d'une deuxième ligne intermédiaire, moins forte, protégeant des batteries de campagne ;
- enfin, un peu en arrière, d'une deuxième position presque aussi forte que la première.
À l'arrière, se trouvent des bois et des villages « fortifiés » reliés par des boyaux, de façon à former une troisième et même une quatrième ligne de défense, le tout largement bétonné et bénéficiant des qualités de la roche crayeuse qui se coupait facilement et durcissait en séchant.
Transformation de l’arrière
L'arrière avait été transformé en un gigantesque entrepôt avec ce qui se faisait de mieux pour les routes, le ferroviaire et l'aviation. L'artillerie, y compris des monstres sur voie ferrée de 380 et 400 mm, atteignait des sommets de puissance destructrice.
Ordre de bataille
Alliés
Les Français :
- La VIe Armée (Fayolle) avec trois corps d'armées (1er, 20e et 35e CA) ;
- La Xe Armée (Micheler) avec cinq corps d'armées.
Elles totalisent 14 divisions en ligne, quatre de réserve et quatre de cavalerie sur un front de 15 kilomètres. L'artillerie aligne 696 pièces de campagne, 732 pièces lourdes, 122 pièces ALGP (artillerie lourde à grande puissance) et 1100 mortiers de tranchée (avec un approvisionnement de six millions d'obus de 75, deux millions de coup pour la lourde et 400 000 pour l'artillerie de tranchée).
Les Britanniques :
Le groupe d'armées Haig qui comprend :
- La IVe armée (Rawlinson) avec cinq corps (8e, 10e, 3e, 15e et 13e CA) ;
- La IIIe armée (Allenby) avec un corps d'armée (le 7e) ;
- L'armée de Réserve (Gough).
Soit un effectif de 26 divisions en ligne et trois de cavalerie sur un front de 25 kilomètres, avec l'appui de 868 pièces de campagnes et 467 pièces lourdes (respectivement approvisionnées à 2 600 000 et 1 163 000 coups).
Allemand
La IIe armée (Fritz von Below) avec trois groupements (von Stein, von Gosler et von Quast) soit 8 divisions en ligne et 13 de réserve. Ils disposent de 454 canons de campagne et 390 lourds, ce qui représente à peine le tiers de la puissance de feu des alliés, ainsi que de 129 appareils face aux 300 Franco-Britanniques.
Préparation d'artillerie
La préparation d'artillerie, initialement prévue pour 5 jours, débute le 24 juin par des tirs de réglage et de destruction. Elle s'intensifie à partir du 26 par un bombardement général et continu des lignes allemandes. Le 28, l'offensive est reportée de 48 heures à cause du mauvais temps. En une semaine, l'artillerie britannique tire 1 732 873 coups. Il tombe les premiers jours une moyenne de 5 obus pour chaque soldat allemand.
Les premiers jours
Le 1er juillet au matin, c'est par un temps beau et clair que commence le bombardement final des alliés. À partir de 6 h 25, les tirs d'artillerie atteignent une cadence de 3 500 coups par minute, produisant un bruit si intense qu'il est perçu jusqu'en Angleterre.
À 7h30, au coup de sifflet, l'infanterie britannique franchit les parapets baïonnette au canon et part à l'assaut des tranchées adverses. Les hommes sont lourdement chargés avec plus de 30 kg d'équipement.
Les Allemands les accueillent avec des tirs de mitrailleuses qui les fauchent en masse. Les officiers sont facilement repérables et sont particulièrement visés. On estime à 30 000 le nombre des victimes (tués + blessés) dans les 6 premières minutes de la bataille. En fait, ce 1er juillet 1916 est le jour le plus meurtrier de la première guerre mondiale et celui de toute l'histoire militaire britannique. Les Allemands sont stupéfaits de voir les soldats britanniques venir au pas. En fait, le commandement anglais craignait que les troupes perdent le contact en courant et en se dispersant. Persuadé que les défenses allemandes avaient été anéanties par les bombardements, ils ont exigé que les hommes avancent au pas[2]. À midi, l’état-major britannique annule cet ordre, et retient les vagues d’assaut suivantes. Il y a eu, dans la première journée, 60 000 morts, blessés ou disparus anglais sur 100 000 engagés.
Lorsque les Britanniques parviennent aux tranchées allemandes, ils sont trop peu nombreux pour résister à une contre-attaque. Certaines unités, comme celle de Terre-Neuve, sont éliminées à 91 %.
Le 3 juillet, ils consolident leurs positions en s'emparant des bois de Mametz, au sud de Contalmaison : c'est là que plus de 1 000 prisonniers sont cueillis dans un seul fourré.
Bilan français
En dix jours, la 6e armée française, sur un front de près de vingt kilomètres, avait progressé sur une profondeur qui atteignait en certains points dix kilomètres. Elle était entièrement maîtresse du plateau de Flaucourt qui lui avait été assigné comme objectif et qui constituait la principale défense de Péronne. Elle avait fait 12 000 prisonniers, presque sans pertes, pris 85 canons, 26 minenwerfer, 100 mitrailleuses, un matériel considérable. C'était le plus beau succès obtenu depuis la bataille de la Marne.
Transfert des divisions allemandes
Trente-cinq divisions sont retirées du secteur de Verdun pour renforcer le front devant Bapaume.
Du 20 juillet à la fin d’août
La dernière semaine de juillet est d'une chaleur lourde et poussiéreuse.
Au cours de cette semaine, l'armée Gough, réserve britannique, prend pied dans la forte position de Pozières et reprend aux Allemands, une deuxième fois, le bois Delville et Longueval. Elle échoue, par contre, au cours de combats féroces qui durent pendant plus d'une semaine, sur Guillemont.
De septembre à la mi-novembre
La pluie commence à tomber, rendant le champ de bataille boueux.
Le 3 septembre, dès les premières heures de l'attaque, Guillemont est pris.
Le 4, au sud, la Xe armée enlève toute la première position entre Deniécourt et Vermandovillers. Soyécourt et Chilly sont pris, avec 2 700 prisonniers ; Chaulnes était directement menacé par Lihons.
Le 6, la Ire Armée française s'empare d'une grande partie de Berny-en-Santerre.Les chars
Le 15 septembre apparaissent les premiers chars d'assaut qui aident à prendre Courcelette, Martinpuich, le bois des Fourcaux, le village de Flers avec 4 000 prisonniers.
Le 17, la Ire Armée prend Vermandovillers et Berny.
Le 26 enfin, journée glorieuse : les deux alliés prennent ensemble Combles, la « clé » entre Bapaume et Péronne. D'autre part, tout à fait au nord, les Britanniques enlèvent Thiepval après l'utilisation de mines. L'offensive cesse.
18 novembre : fin de la bataille de la Somme.[1]
Conséquences
Malgré les très faibles gains territoriaux, les Allemands furent très impressionnés par le bombardement de préparation des alliés. C’est à la suite de la bataille de la Somme que le haut-commandement allemand décida la guerre sous-marine à outrance, ce qui, selon certains, provoqua l’entrée en guerre des États-Unis (naufrage du Lusitania) et le basculement des rapports de force[3].
Le 24 février 1917 l'armée allemande fait une retraite stratégique en détruisant tout derrière elle pour raccourcir sa ligne de défense sur la ligne Hindenburg.
Bilan
En 5 mois, les alliés ont progressé de 12 kilomètres au nord de la Somme entre Maricourt et Sailly-Saillisel et 8 kilomètres au sud. La percée tant attendue par laquelle Joffre espérait revenir à une guerre de mouvement s'est transformée une fois de plus en une bataille d'usure, comme à Verdun. Aucun des deux objectifs principaux que sont Bapaume et Péronne ne sont atteints.
Les Britanniques ont fait 31 076 prisonniers, pris 102 canons de campagne, 29 canons lourds, 111 mortiers et 453 mitrailleuses. Les Français ont fait prisonniers 41 605 Allemands (dont 809 officiers) et se sont emparés de 71 pièces de campagnes, 101 pièces lourdes, 104 mortiers et 535 mitrailleuses.
Pour de tels résultats, les pertes admises sont de 419 654 hommes hors de combats pour les Britanniques (dont 127 751 morts et 78 531 disparus) et 202 567 pour les Français (39 187 morts et 27 501 disparus). Ainsi, pour des résultats similaires, la tactique des Français s'est avérée plus payante que celle des Britanniques dont les hommes de l'armée Kitchener manquaient encore cruellement d'expérience. Les Allemands ont quant à eux perdu au moins 437 322 hommes.
Visiter les champs de bataille
La bataille de la Somme a été d'une ampleur considérable, par le nombre de nationalités impliquées, de morts, de disparus ou de blessés de part et d'autre et par les traces qu'elle a laissées dans le sol même. Un circuit du souvenir permet de se recueillir et de découvrir les principaux sites des champs de bataille de la Somme.
- Le musée Somme 1916 à Albert
- Le mémorial terre-neuvien à Beaumont-Hamel
- Lochnagar Crater, le plus grand trou de mine de la Première Guerre mondiale à Ovillers-la-Boisselle
- Le mémorial à la 1re division australienne, le Gibraltar et le monument aux chars à Pozières
- Le mémorial franco-britannique de Thiepval
- Le mémorial national sud-africain de Longueval
- L'Historial de la Grande Guerre à Péronne
- Le mémorial national australien à Villers-Bretonneux (relate en complément les combats de l'été et de l'automne 1918 pour la défense d'Amiens et la contre-attaque victorieuse jusqu'à Péronne puis dans l'Aisne)
Références
- (fr) « La bataille de la Somme » - Histoires orales de la Première Guerre mondiale : Les anciens combattants de 1914 à 1918 à Bibliothèque et Archives Canada
- ↑ a et b http://www.images-en-somme.fr/bataille-de-la-somme.php
- ↑ Stéphane Audoin et Pascal Gélinet 2000 ans d'histoire sur France Inter, vendredi 23 juin 2006
- ↑ Stéphane Audoin-Rouzeau et Pascal Gélinet, 2000 ans d'histoire sur France Inter, vendredi 23 juin 2006
Bibliographie
- Alain Denizot, La Bataille de la Somme, Perrin, 2002
- Alexandre THERS, La Somme - l'offensive tragique, éditeur : Histoire et Collections, les mini-guides
- H.P. Willmott, La Première Guerre mondiale, éditeur : DK Publishing
- John Keegan, La Première Guerre mondiale, Perrin, 2003
- Stéphane Audoin-Rouzeau et Jean-Jacques Becker (dir.), Encyclopédie de la Grande Guerre, Bayard, 2004
Liens externes
- La bataille de la Somme : chiffres, lieux, dates…
- Le site officiel du Comité de tourisme de la Somme pour venir visiter les champs de bataille
- Journal des événements
- Photographies de la bataille
- Archives sur le ministère de la Guerre de l'époque, conservées par le ministère de la Défense nationale
- Photographies des sites de la bataille de la Somme
- Un périple australien à travers les champs de bataille de la Première Guerre mondiale en France et en Belgique
- [1] "Roses of Picardy" chanson triste des forces britannique et américaine. "Roses are shining in Picardy..." Yves Montand a fait "Dansons la rose" en français
- [2] Yves Montand à l'Olympia
- [3] "Roses de Picardie". Ray Ventura avec images de 14-18
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