Premiere guerre balkanique

Premiere guerre balkanique

Première guerre balkanique

Première guerre balkanique
Charge des soldats bulgares contre les turcs, tableau de Jaroslav Vešin (1912).

Informations générales
Date 8 octobre 1912 - 30 mai 1913
Lieu Balkans
Issue Victoire de la Ligue balkanique, traité de Londres
Belligérants
Ottoman Flag.svg Empire ottoman Ligue balkanique
Commandants
Ottoman Flag.svg Nazim Pasha
Ottoman Flag.svg Zekki Pasha
Ottoman Flag.svg Essad Pacha
Ottoman Flag.svg Abdullah Pasha
Ottoman Flag.svg Ali Rizah Pasha
Ottoman Flag.svg Hasan Tahsin Pasha
Flag of Bulgaria.svg Mihail Savov
Flag of Bulgaria.svg Ivan Fichev
Flag of Bulgaria.svg Vasil Kutinchev
Flag of Bulgaria.svg Nikola Ivanov
Flag of Bulgaria.svg Radko Dimitriev
Flag of Bulgaria.svg Georgi Todorov
Flag of Greece (1828-1978).svg Prince Constantin de Grèce
Flag of Greece (1828-1978).svg Panagiotis Danglis
Flag of Greece (1828-1978).svg Pavlos Koundouriotis
Flag of Montenegro (1941-1944).svg Nicolas Ier de Monténégro
Flag of Montenegro (1941-1944).svg Prince Danilo Petrović
Flag of Montenegro (1941-1944).svg Mitar Martinović
Flag of Montenegro (1941-1944).svg Janko Vukotić
Flag of Serbia (1882-1918).svg Radomir Putnik
Flag of Serbia (1882-1918).svg Petar Bojović
Flag of Serbia (1882-1918).svg Stepa Stepanović
Flag of Serbia (1882-1918).svg Božidar Janković
Forces en présence
env. 350 000 Bulgarie : 370 000

Serbie : 220 000
Grèce : 115 000
Monténégro: 44 000

Guerres balkaniques

La Première guerre balkanique oppose du 8 octobre 1912 au 30 mai 1913 les États de la Ligue balkanique comprenant la Bulgarie, la Grèce, le Monténégro et la Serbie à l'Empire ottoman. Elle se conclut par la défaite de ce dernier qui perdit l'essentiel de ses dernières possessions européennes (Macédoine et Thrace) après la signature du Traité de Londres.

Sommaire

Arrière-plan historique

À l'issue de l'intervention des grandes puissances occidentales dans la politique des Balkans, au cours de la deuxième moitié du XIXe siècle, en vue de maintenir un statu quo (face aux prétentions de l'Empire russe qui se posait en protecteur des populations chrétiennes de la région), de nouvelles tensions naquirent au sein des populations balkaniques sous domination ottomane. Certaines (les Turcs et les Slaves islamisés) s'en satisfaisaient, d'autres (les Albanais, les Valaques, les Roms) se tenaient dans l'expectative, tandis que les Grecs, les Serbes, les Macédoniens et les Bulgares menaient une lutte politique (parfois armée) contre le pouvoir ottoman dans l'espoir de voir leurs territoires (très imbriqués) rattachés à la Grèce, la Serbie, ou la Bulgarie; une partie des Albanais et des Macédoniens souhaitaient l'indépendance. Les différents états balkaniques avaient donc des revendications territoriales qui se chevauchaient en Roumélie, région comprenant la Roumélie orientale, la Thrace et la Macédoine. De son côté, le pouvoir ottoman menait en retour une répression dont certaines populations civiles furent les victimes ("massacres bulgares" d'avril 1876, près de 30.000 victimes).

Dans un contexte où Grande-Bretagne et Allemagne soutenaient l'Empire ottoman et l'aidaient à se moderniser (y compris sur le plan militaire), la question d'un renforcement du pouvoir turc fut relancée au cours des années 1909-1911 par le succès de la révolution des Jeunes-Turcs qui forcèrent le sultan à restaurer « l'ancienne constitution ottomane ». Suivit alors une période de troubles et d'agitation parmi les divers états de la région :

En 1878 l'Angleterre s'était emparée de Chypre et en 1911, l’Italie avait conquis la Tripolitaine (Libye actuelle) et annexé les îles du Dodécanèse. A Chypre comme à Rhodes, les revendications des populations chrétiennes locales furent repoussées, et les manifestations réprimées. Ces défaites des Ottomans encouragèrent les États balkaniques à envisager un conflit contre leur ancien maître turc, d'autant plus qu'ils craignaient d'être "pris de vitesse" par les puissances occidentales, qu'ils ne souhaitaient pas voir se substituer aux Turcs. Le souvenir de la Quatrième croisade n'était pas non plus étranger à ces craintes, notamment chez Eleftherios Venizelos. C'est pourquoi, au printemps 1912, les quatre États chrétiens des Balkans s'allièrent dans ce qui fut appelé la Ligue balkanique.

La plupart des grandes puissances de l'époque, et principalement la France et l'Autriche-Hongrie, échouèrent dans leur tentative diplomatique d'empêcher la constitution de la nouvelle Ligue et la guerre. À la fin septembre 1912, la Ligue Balkanique et l’Empire Ottoman mobilisèrent leurs armées et, le 8 octobre 1912, le Monténégro fut le premier à déclarer la guerre à la Turquie, suivi neuf jours plus tard, le 17 octobre 1912, par ses trois alliés.

Les divers belligérants et les opérations militaires

Les débuts de l'aviation turque en 1912

Bulgarie

L'armée bulgare, entraînée et modernisée par la Russie et l'Allemagne, était la plus nombreuse et la mieux armée. Elle porta l'essentiel de l'effort de guerre contre l'Empire ottoman. Deux offensives furent développées, les armées de l'ouest visant Salonique, celles de l'est Constantinople. Le but de la Bulgarie était d'obtenir, au Traité de paix, les frontières qui lui avaient été dessinées initialement lors de son indépendance en 1878 au traité de San Stefano. Les armées de l'ouest manquèrent de quelques heures Salonique (les Grecs y parvînrent les premiers), tandis que celles de l'est combattirent durement en Thrace orientale (où les Ottomans s'étaient regroupés), se rapprochant néanmoins de la capitale ottomane.

Serbie

La Serbie espérait atteindre l'Adriatique et retrouver, autant que possible, les frontières de la Grande Serbie médiévale, au temps de l'empereur Stefan Dušan, qui avait étendu sa domination jusqu'en Thessalie. L'Albanie, la Macédoine et Salonique étaient donc les objectifs prioritaires. La Serbie s'empara ainsi de la moitié nord du Sandjak de Novibazar (majoritairement peuplé de Slaves musulmans -voir Bosniaques-, et que l'Autriche-Hongrie avait évacué en 1908, lorsqu'elle avait annexé la Bosnie), du Kossovo (à majorité albanaise) et du tiers nord de la Macédoine occidentale (également revendiquée par la Bulgarie et peuplée d'une majorité bulgarophone). Mais elle n'atteignit ni l'Adriatique (le baron austro-hongrois Franz Nopcsa von Felső-Szilvás avait soulevé les tribus albanaises dans les montagnes et fait proclamer l'indépendance de l'Albanie), ni la Thessalie, ni Thessalonique (Grecs et Bulgares furent plus rapides).

Grèce

La marine grecque, modernisée par le Royaume-Uni (jouant double-jeu dans la région) grâce à Elefthérios Venizélos, établit sa suprématie en mer Égée et s'empara de Chios, Lesbos et Samos. L'armée grecque d'Épire marcha sur Ioannina qui fut prise en février 1913[1]. La principale armée était l'armée de Thessalie, commandée par le Diadoque Constantin. Elle avait pour objectif Thessalonique, également convoitée par l'Autriche-Hongrie (Drang nach osten) et revendiquée par la Serbie et la Bulgarie. Cependant, Constantin, en désaccord avec les ordres du gouvernement d'Elefthérios Venizélos, préférait marcher vers la Macédoine occidentale (Kozani et Monastir) dont il voulait faire un « bastion de l'hellénisme » (il s'agit d'une couronne montagneuse facile à défendre, mais la moitié des habitants était composée d'Aroumains, de Musulmans turcs ou pomaques et de Bulgares). Finalement, le Premier ministre obtint gain de cause et l'armée grecque entra à Thessalonique le 10 novembre (27 octobre julien), quelques heures seulement avant les troupes bulgares[2]. Aux yeux du Diadoque et de l'état-major, Thessalonique n'était pas un objectif prioritaire. Si la Bulgarie s'en emparait, elle ne pourrait la conserver : Thessalonique n'était pas dans la « grande Bulgarie » du traité de San Stefano. Elle aurait donc dû restituer la ville lors de la signature du traité de paix. Ils auraient préféré assurer la conquête de la Macédoine[3]. Lorsque les troupes grecques se rapprochèrent de Thessalonique, Íon Dragoúmis fut envoyé dans la ville. Il y négocia avec les autorités ottomanes et rédigea le protocole de cession du port par l'Empire ottoman à la Grèce[4]. L'armée de Constantin prit alors à nouveau le chemin de l'ouest avec pour objectif Florina et Kastoria, puisque la Serbie venait de conquérir Monastir: la Grèce obtint de ce fait les deux tiers sud de la Macédoine occidentale[5].

Monténégro

L'armée monténégrine s'empara de la moitié sud du Sandjak de Novibazar majoritairement peuplé de Slaves musulmans (cf. Bosniaques), et que l'Autriche-Hongrie avait évacué en 1908, lorsqu'elle avait annexé la Bosnie.

Turquie - Empire ottoman

L'armée ottomane se replia vers l'est aussi rapidement qu'elle put, souvent sans combattre, pour tenter de défendre avant tout la capitale. Un front fut établi à travers la Thrace orientale, de l'embouchure de la Maritsa en Mer Égée, à Midia sur la Mer Noire. L'état-major ottoman, et le mouvement des Jeunes Turcs considéraient alors déjà les Balkans comme un territoire coûteux à conserver, et préféraient concentrer la puissance de l'Empire en Asie Mineure.

Traité de paix

La Première Guerre balkanique se termina par la signature le 30 mai 1913 du Traité de Londres qui entérina les conquêtes de la Ligue balkanique sur l'Empire Ottoman. Les Turcs reconnurent ces annexions lors des négociations.

Suites

Le Traité de Londres ne précisait pas les détails du partage des territoires conquis entre les membres de la Ligue balkanique : la Serbie avait conquis l'essentiel de la Macédoine, que la Bulgarie revendiquait, et n'entendait pas se retirer. Ce sera l'élément déclencheur de la Deuxième guerre balkanique.

Anecdotes

  • La Première Guerre balkanique fut le premier conflit où l'aviation fut impliquée (côtés bulgare et ottoman). Il n'y eut pas de combats aériens entre aéroplanes, mais des missions d'observation et des bombardements (le pilote lançait des grenades à la main).
  • La Première Guerre balkanique est abordée comme toile de fond du roman Cécile parmi nous (1938) dans la Chronique des Pasquier de Georges Duhamel, où Joseph Pasquier, un spéculateur sans scrupules, fait d'énormes affaires en étant l'intermédiaire français de la vente secrète par l'Allemagne, pourtant officiellement engagée auprès des Turcs, de munitions à la Bulgarie. Afin de remporter le marché en discréditant les fournisseurs officiels anglais de munitions des troupes helléno-bulgares, Joseph Pasquier invente et relaie dans les journaux français une rumeur de balles britanniques défectueuses, qui sont explosives et donc interdites par les conventions internationales de l'époque.

Voir aussi

Notes

  1. An Index of events in the military history of the greek nation., p. 95-98.
  2. M. Terrades, Le Drame de l'hellénisme, p. 249-250.
  3. M. Terrades, Le Drame de l'hellénisme, p. 255.
  4. M. Terrades, Préface au Sang des martyrs et des héros., p. 9-10 et Le Drame de l'hellénisme, p. 250.
  5. M. Terrades, Le Drame de l'hellénisme, p. 251.

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