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Course à la mer
La course à la mer désigne la dernière étape de la guerre de mouvement au début de la Première Guerre mondiale. Elle a lieu sur le front occidental de septembre à décembre 1914 à l'issue de la bataille de la Marne qui voit l'arrêt de l'offensive allemande et la consolidation du front ainsi obtenue de l'Oise jusqu'à la Suisse; les belligérants tentent de se contourner au nord par le flanc ce qui les conduit jusqu'à la mer du Nord.
Sommaire
Les tentatives de faire bouger le front entre Oise et Suisse
La bataille de l'Aisne
Article détaillé : Bataille de l'Aisne (1914).Les chefs alliés ont du mal à admettre que la guerre, qui auraît dû être rapide grâce à la doctrine de l'offensive à outrance, s'enlise sur un front fixe. Dès la fin de la bataille de la Marne, du 15 au 17 septembre, les Ve et VIe armées françaises et le BEF essayent d'envelopper l'aile ouest des Allemands entre Oise et Aisne. L'armée allemande riposte et du 17 au 30 septembre, contient les offensives alliées, contre-attaque et stabilise le front entre Oise et Aisne. Jusqu'à la fin de 1914, les deux cotés s'efforcent de fixer mutuellement les effectifs de l'adversaire dans cette région par des attaques limitées, pour éviter qu'ils puissent alimenter la manoeuvre de débordement vers la mer du Nord.
La bataille de Saint-Mihiel
Par ailleurs, les Allemands espèrent isoler et investir la place forte de Verdun qui se trouve à la jonction entre l'aile marchante et l'aile fixe de l'armée française et sur laquelle elle s'appuie. A cet effet, du 20 au 25 septembre, ils lancent cinq corps d'armées de part et d'autre de la ville, le 13e et le 16e sur l'axe Varenne-Clermont dans l'Argonne d'une part et les 5e, 11e et 3e Bavarois entre Etain et Montsec. Ils s'emparent de Saint Mihiel et coupent les voies ferrées, le canal et les routes entre Bar-le-Duc et Commercy. Mais la défense française est trop forte et le front se stabilise. Toute action offensive dans cette région s'achève alors.
Les batailles de Picardie et de l'Artois
Des deux cotés, les grands états-major s'aperçoivent que la seule issue est d'essayer de déborder l'adversaire par le Nord-ouest entre Oise et la mer du Nord. Les Ve et VIe armées françaises et les Ie et IIe armées allemandes fixées de part et d'autre, il est nécessaire de former de nouvelles unités. Du coté allemand 18 corps d'armée et 4 corps de cavalerie constituent 3 armées, la IIe, VIe et IVe et un détachement d'armée. Du coté allié, 3 armées affluent vers ce nouveau théâtre la IIe, Xe et VIIIe avec le BEF et ce qu'il reste de l'armée belge sortie d'Anvers et qui s'est repliée sur une ligne Nieuport-Dixmude..
La première phase (25 septembre-4 octobre)
L'intervalle entre l' Oise et la mer du Nord est essentiellement tenu par des territoriaux français et quelques éléments de cavalerie. La IIearmée du général de Castelnau qui était en Lorraine est alors retirée, renforcée avec le 20e corps d'armée et envoyée au Nord de l'Oise grâce notamment à une manoeuvre de rocade essentiellement fondée sur le réseau ferré. De même, les Allemands ont ramenée la VIIe armée de Heeringen d'Alsace. Du 25 septembre au 4 octobre, les ailes montent en puissance et s'étendent progressivement vers le Nord grâce à l'apport de nouvelles troupes qui se font face mutuellement au fur et à mesure de leur arrivée. Lorsque la IIearmée atteint la Somme, elle s'étire dangereusement. Le commandant en chef envoie le général Maud'huy pour constituer la Xearmée au Nord de la Somme.
La deuxième phase (4-15 octobre)
Lorsque la Xe armée atteint l'Ancre, le 4 octobre, les Belges sont en grande difficultés. Anvers menace de tomber et le gouvernement belge qui y est réfugié demande à ses alliés de le soutenir directement. Le 9 octobre, la place tombe mais l'armée belge, aidée par la 7eDI et 4eDC britannique débarquées à Zeebruge et Ostende et 6000 fusiliers marins français de l'Amiral Ronarc'h, se replie dans la région d'Ostende-Nieuport-Dixmude. Par ailleurs, pour améliorer et raccourcir ses relations avec l'Angleterre, le Général French demande au général Joffre de faire transporter les troupes britanniques dans la région de Lille. Le 2e et 3e corps d'armée britannique précédemment inclus dans le dispositif français sur l'Aisne sont donc déployés respectivement dans la région de la Bassée et dans la région de Hazebrouck. Le BEF occupe donc le secteur qui sera le sien pour le restant de la guerre. Pour gérer cet ensemble multinational français, britannique et belge, le général en chef délègue le général Foch auquel il donne le commandement des IIe et Xe armées et qui y réussit parfaitement.
La troisième phase (15 octobre-fin décembre)
Au 13 octobre et du Nord au Sud, le dispositif assez disparate est constitué comme suit :
- l'armée belge renforcée par la brigade de fusiliers-marins de l'amiral Amiral Ronarc'h qui tient la ligne Nieuport-Dixmude;
- le corps de cavalerie de Mitry sur Passchendaele et la forêt de Houthulst;
- deux divisions d'infanterie territoriale, la 87e et la 89e sous les ordres du Général Bidou qui tiennent Ypres;
- l'armée britannique sur une ligne Zonnebeke-Givenchy, dans lequel est venu s'intercaler le corps de cavalerie de Louis Conneau dans la région de Fromelles;
- la Xe armée française de Givenchy vers Arras.
L'ensemble des troupes françaises chargé de rétablir la liaison entre les Belges au Nord et les Britanniques au Sud, appelé à l'origine Détachement d'armée de Belgique, prend le nom de VIIIe armée, sous le commandement du Général d'Urbal, avec son chef d'État-major le Lieutenant-colonel Louis. Le 15 octobre, le général Joffre souhaite reprendre l'offensive en direction du moyen-Escaut. Les troupes alliées parviennent jusqu'à Ypres sans pouvoir dépasser la ville. De leur coté, les Allemands qui ont suivi et répondu à la montée en puissance des Alliés choisissent pour direction stratégique Calais, afin de couper l'armée britannique de son lien le plus direct avec l'Angleterre. Arrivés les premiers, ils prennent l'initiative. A cet effet ils lancent une offensive sur deux axes :
- vers le Nord, le Prince de Wurtemberg et sa IVe armée, retirée du front de Champagne, renforcée par un détachement d'armée de commandé par le Général von Fabeck, soit au total 20 divisions, vise à repousser l'armée belge au delà de l'Yser.
- vers l'Est, la VIe armée retirée de Lorraine commandée par le Kronprinz de Bavière et qui comprend 10 divisions, vise à disjoindre les Français et les Anglais dans la région d'Arras.
La Bataille de l'Yser
Le 15 octobre la IVe armée allemande presse les Belges le long de la côte sur l'Yser et les repousse sur la voie ferrée Dixmude-Nieuport. L'inondation de la région commencée le 26 octobre permet au troupes belges, aux fusiliers-marins de l'amiral Ronarc'h et à la 42e division française du général Grossetti, après douze jours de combat, d'arrêter la progression allemande.
La bataille de la Bassée ou la première bataille d'Ypres
Après une période d'avance en direction d'Ypres, les Alliés sont obligés de s'arrêter autour de la ville et forment ce qu'on appelle le "saillant d'Ypres". La VIe armée allemande attaque la position de toute part et avec des offensives de puissance croissante dès le 26 octobre puis le 6, 10 et 11 novembre. Les éléments dégagés de la bataille de l'Yser permettent aux belligérants de se livrer une course aux effectifs, mais aucun n'arrive à atteindre de supériorité numérique décisive. L'Empereur Guillaume II, qui attend beaucoup de cette offensive et qui s'est porté personnellement sur place le 27 octobre, regagne Luxembourg, le 1er novembre. Les deux cotés s'épuisent tant au plan du personnel qu'au plan des munitions. Peu à peu, les Allemands relachent la pression sur le saillant d'Ypres et vers le 17 novembre, s'arrête la "course à la mer". Le front se stabilise sur près de 700km sur une ligne allant de la mer du nord à la frontiére Suisse, traversant l'Artois, la Picardie, puis plus à l'est la Champagne et la Lorraine. En décembre 1914, on recense plus de 300 000 hommes tués et 600 000 blessés du côté français.
Conclusion
Avec la course à la mer s'achève toute velléité de guerre de mouvement de part et d'autre du front. Le front continu, de la mer du Nord à la frontière suisse ne varie plus de manière sensible. Les batailles de l'Yser et de la Bassée sont les prototypes des lourdes batailles à venir, très coûteuses et qui ne débouchent que sur des succès limités : le conflit s'enlise dans la guerre des tranchées.
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