- Art Ottonien
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Architecture ottonienne
L’architecture ottonienne est consacrée à la magnificence de l'image de l'empereur Otton Ier, au Xe siècle. C'est une architecture spécifique au Saint-Empire romain germanique qui est en partie à l'origine de l'architecture romane.
Sommaire
Contexte historique
- En 843, le traité de Verdun divise l'empire carolingien en trois royaumes dirigés par les petits-fils de Charlemagne. Louis le Germanique reçoit la Francie orientale qui correspond au territoire de la Germanie. Le titre impérial lui échappe et se transmet en se vidant de son sens jusqu'en 924. Otton Ier, roi de Saxe depuis 936, est vainqueur des Hongrois et des Slaves, deux des nombreux peuples venus envahir l'Occident dans la seconde moitié du IXe siècle. Il reconquiert l'Italie et rétablit le pouvoir qu'autrefois Charlemagne avait établi sur Rome. En 962 il est couronné empereur à Rome et fonde le Saint-Empire romain germanique, qu'il place dans l'héritage de Charlemagne, qui lui-même s'était placé dans celui de l'Empire romain disparu. Otton Ier ressuscite ainsi un empire qu'il donne en héritage à son fil Otton II en 973. Celui-ci épouse une princesse grecque, Théophano, afin de s'allier à l'Empire d'Orient. À sa mort, c'est son fils, Otton III, qui lui succède. Encore jeune, sa mère assure la Régence, et par là même réaffirme l'influence byzantine sur l'art ottonien. Influencé par Gerbert d'Aurillac le roi rêve d'un empire universel dont la capitale serait Rome. L'art ottonien parvient à son apogée autour de l'an mille.
- Parallèlement l’Église connaît une forte organisation hiérarchique : les idées réformistes marquent l'épiscopat et le monachisme, et l'expansion fulgurante des abbayes en est la parfaite illustration. L'Église tient une grande place dans le conseil des princes, et le rôle matériel et spirituel du monachisme est indéniable. Prouesses architecturales, les monuments se placent dans l'héritage de la dynastie carolingienne tout en se laissant imprégner des influences byzantines. Les ateliers monastiques deviennent à l'origine de tout l'art ottonien : sculptures, peintures, orfèvrerie, enluminures. Le culte des reliques s'élève, et les cryptes viennent se placer de plain-pied avec la nef. La composition des édifices est modifiée, tout comme le développement de la liturgie. Les grands pèlerinages s'organisent.
Le siècle de l'an mille est un siècle d'expériences et de réminiscences, de retour au passé.
Traits communs
Au Xe siècle, l'empire germanique est le principal foyer artistique en Occident. L'empereur et les grands ecclésiastiques donnent une impulsion déterminante à l'architecture.
L'architecture ottonienne puise son inspiration à la fois dans l'architecture carolingienne et dans l'architecture byzantine. En effet, ces deux styles architecturaux se réclament de l'Empire romain et sont les plus proches exemples de l'art dédié au souverain. Si la femme d'Otton II, Théophano Skleraina, était la fille de l'empereur de Byzance, c'est tout de même l'art carolingien qui a le plus influencé l'architecture ottonienne.
L'architecture religieuse ottonienne semble délaisser le plan centré, malgré quelques exemples : à Ottmarsheim (XIe siècle, Alsace), le déambulatoire est octogonal comme celui de la chapelle palatine d'Aix-la-Chapelle. On peut retrouver une évocation de l'octogone central d'Aix dans l'abside de l'abbatiale de la Trinité d'Essen. À Nimègue (Pays-Bas), l'évocation est plus nette dans la chapelle Saint-Nicolas du Valkhof (vers 1050). Le plan basilical d'inspiration romaine est le plus courant. L'architecture ottonienne conserve la figure des deux chevets symétriques carolingiens et lui donne même un grand essor. Tours et clochers sont placés à l'extérieur des édifices afin d'accentuer la taille du bâtiment et la puissance des deux chevets.
Exemples
Les grands chantiers liés aux empereurs eux-mêmes
- Cathédrale de Magdebourg (Saxe-Anhalt) : une première église est fondée en 937 et consacrée à saint Maurice. Les travaux sont financés Otton Ier et respectent la mode romaine. L'édifice était grandiose et équilibré ; il avait très probablement une nef avec quatre bas-côtés, une largeur de 41 mètres et une longueur de 80 mètres. La hauteur est estimée à environ 60 mètres. L'église a été agrandie en 955 lorsqu'elle obtint le statut de cathédrale. Mais elle fut détruite en 1207 par un incendie. L'édifice actuel est de style gothique.
- Églises ottoniennes de Quedlinbourg (Saxe-Anhalt): St. Servatius, St. Wiperti, St. Maria
Autres églises
- Église (en ruines aujourd'hui) de Walbeck en Allemagne.
- Église Saint-Cyriaque de Gernrode en Allemagne.
- Église Saint-Michel d'Hildesheim en Allemagne : la pierre de consécration date de 1010 et la consécration de l'ensemble de 1026. Elle est classée au patrimoine mondial de l'Humanité par l'Unesco en 1985.
- Quelques monuments en Alsace : proche des villes rhénanes, l'Alsace, participe à l'art ottonien ; deux types de sanctuaires caractérisent le XIe siècle : l'édifice à plan centré, circulaire ou quadrifolié autour d'un noyau central, et la basilique.
- À l'extrémité du village d'Avolsheim, l'ancienne chapelle Saint-Ulric élevée vers l'an mil en forme de tétraconque, caractéristique des édifices à plan centré, conserve un rare ensemble de peintures murales du XIIIe siècle.
- L'église abbatiale d'Eschau, édifiée vers 1000, reproduit un type particulier de la basilique à vaste transept bas.
- Première cathédrale de Strasbourg dont la crypte subsiste.
- Église abbatiale d'Alpirsbach en Forêt-Noire.
- Monastère d'Essen en Westphalie.
- Collégiale Saint-Denis et collégiale Saint-Barthélemy de Liège en Belgique.
- Église Sainte-Gertrude de Nivelles en Belgique.
- Beromuenster en Suisse
- Amsoldingen en Suisse
- Liste d'architectures ottoniennes (de)
Voir aussi
Notes
Bibliographie
- Louis Grodecki, Au seuil de l'art roman. L'Architecture ottonienne, Paris, Armand Colin, 1958
- Gabrielle Demians D'Archimbaud, Histoire artistique de l'occident médiéval, Paris, Armand Colin, 1992, (ISBN 2200313047)
- Ulrik Laule, Rolf Toman, Achim Bednorz, Architecture médiévale, Feierabend, 2004
- Rolf Toman, L’Art roman, Paris, Place Des Victoires Eds, 2006, (ISBN 9782844590947)
- Marjorie Gevrey-Alfort, Perspectives ottoniennes de l'abbatiale d'Ottmarsheim : quand l'art roman conjugue mobilier, calligraphie et histoire des formes architecturales, Bâle, Presses de l'École d'architecture, 2008, (ISBN 2956278862)
- Annett Laube-Rosenpflanzer ; Lutz Rosenpflanzer: Kirchen, Klöster, Königshöfe : vorromanische Architektur zwischen Weser und Elbe, Halle 2007, (ISBN 3898124991) (allemand)
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