- Edmond D'Est-Anglie
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Edmond d'Est-Anglie
Saint Edmond (en anglais Edmund, né en 840 à Norbury, près de Croydon, dans le Surrey et mort le 20 novembre 870, après la bataille de Thetford, fut roi d'Est-Anglie de 854 à 870.
L'histoire de ce roi et de son martyre, nous est connue par deux sources contemporaines : la Chronique anglo-saxonne, écrite par un moine inconnu entre 877 et 899 et un ouvrage commémoratif publié vers 890 et poursuivi pendant près de vingt ans. En dehors de ces textes, certains détails bien connus du martyre du roi Edmond, et les miracles qui lui ont été attribués, proviennent de sources beaucoup plus éloignées de la date de sa mort, rendant difficile la distinction entre les faits réels et la légende.
Sommaire
Règne
Avant de se retirer en Terre Sainte pour y finir ses jours dans la prière et la pénitence, le roi Athelstan choisit pour successeur son neveu Edmond, fils de Ealhere, ealdorman de Kent, qui descendait des anciens rois saxons d'Est-Anglie.
Le jour de la Noël 854, les clercs et les nobles du Norfolk assemblés à Attleborough, élurent pour roi Edmond qui était né à Norbury quatorze ans plus tôt ; l’élection fut acceptée par les habitants du Suffolk.
Edmond, qui tenait à terminer ses études dans la résidence royale d'Attleborough, ne fut couronné dans l'église de Bures (Suffolk) qu'à la Noël 856, par Humbert, ancien conseiller de son prédécesseur et évêque d'Hulme. « Pourvu de cette triple consécration, je décidai d'être utile à la nation des Angles, plutôt que de la commander, en négligeant de faire courber les têtes sous un autre joug que celui du Christ », déclare le nouveau roi en prenant ses fonctions. Le moine bénédictin Abbon parle de ce que fut « sa bonté pour ses sujets, sa rigueur pour les méchants », ajoutant qu'il « était pour les indigents d'une magnifique libéralité, pour les orphelins et les veuves un père plein d'indulgence ».
Souverain d'un petit royaume, à côté de ceux de Mercie et du Wessex, exposé aux invasions, il dut lutter pendant tout son règne contre les envahisseurs danois dont les hordes païennes ravageaient périodiquement son royaume. Il employa son règne à négocier les lourds tributs qu'il devait verser à ces envahisseurs qui, au bout de quinze ans, avaient ruiné son État et ses sujets. La Chronique anglo-saxonne nous apprend qu'à partir de 865, les Danois, ne recevant plus les lourdes rançons qu'ils exigeaient, entreprirent la conquête du royaume : « Et cette même année (865), une grande armée arriva en Angleterre et prit ses quartiers d'hiver en Est-Anglie, et là, les envahisseurs furent fournis en chevaux, et on fit la paix avec eux. » Chassés en 866, ils allèrent ravager la Northumbrie et la Mercie, mais revinrent en Est-Anglie dès 869.
Martyre
Le Viking envahit cette année-là l'Est-Anglie, mit le pays à feu et à sang et Edmond fut vaincu à la bataille de Thetford, dans le Suffolk, le 20 novembre 870. Capturé par les Danois, et enfermé dans son propre château de Framlingham, Edmond ne voulut pas se soumettre aux conditions imposées par ses ennemis. Ceux-ci lui proposèrent la liberté et la vie contre un pacte dont il estima les conditions contraires aux intérêts de son peuple et à la religion chrétienne de son pays. Il refusa obstinément de signer un traité désignant le chef viking, païen, comme suzerain, et l'obligeant à renoncer à la religion chrétienne. Les Danois l'attachèrent alors à un arbre et le criblèrent de flèches avant de lui trancher la tête et de la jeter dans un fossé. Après la mort d'Edmond, le royaume d'Est-Anglie passa tout entier sous la domination danoise.
Légendes
Très vite le roi Edmond, mort en combattant les païens, fut l'objet d'un culte populaire. Un siècle après sa mort, le bénédictin Abbon, futur abbé de Fleury (Saint-Benoît-sur-Loire), alors qu'il était à l' abbaye de Ramsey (de l'automne 985 au printemps 987), recueillit, à la demande des moines, les pieux éléments de la tradition populaire et le témoignage de saint Dunstan, archevêque de Cantorbéry, qui, dans sa jeunesse à la cour du roi Athelstan d'Angleterre (925-940), avait entendu raconter la mort d'Edmond par un vieillard qui avait été l'écuyer du roi.
Abbon raconte que le Viking Ivar envoya un ambassadeur pour proposer au roi Edmond de lui laisser son royaume s'il voulait se reconnaître son vassal et lui donner son trésor. Edmond répondit que sa foi lui interdisait de se soumettre à un païen et qu'il préférait mourir.
Ivar fit attaquer le palais. « Afin que ne périsse pas la nation tout entière, nous dit Abbon, le saint roi Edmond dans son palais, en digne membre du Christ, jette ses armes et se laisse prendre. Il sait qu'il va comparaître devant le chef impie, comme le Christ devant le gouverneur Pilate, tant il désire suivre les pas de celui qui s'est immolé en victime pour nous. Garotté dans des liens étroits, il subit toutes sortes de moquerie et, pour finir, on le bâtonne, puis on le conduit près d'un arbre voisin auquel on l'attache et fort longtemps on le maltraite à coups de fouet, sans qu'il s'avoue vaincu. » On l'attacha ensuite à un autre arbre, on le perça de flèches comme saint Sébastien, et on le décapita avant de jeter son cadavre dans la forêt.
Quand les fidèles, après avoir récupéré le corps, voulurent trouver la tête, ils crièrent dans la forêt : « Où es-tu ? » et la voix du roi Edmond leur répondait : « Her ! her ! her ! » jusqu'à ce qu'ils la trouvassent entre les pattes d'un énorme loup qui la gardait contre les atteintes des rapaces. La dépouille du roi Edmond, d'abord ensevelie à Hoxne, sur la rivière Waweney, à une trentaine de kilomètres à l'est de Thetford, fut, en 903, déposée dans l'église du de l'abbaye de Beodricsworth (aujourd’hui Bury).
Outre l'œuvre d'Abbon, on connaît une Vie de saint Edmond, le roi, poème anglo-normand composé vers 1180 par Denis Piramus, que reprendra, au siècle suivant, le chroniqueur anglais Matthieu Paris.
Le récit écrit par Abbon rencontra un grand succès et l'abbaye de Beodricsworth, devenue, vers 1065, Bury St Edmunds, devint l'un des plus grands monastères d'Angleterre. Le roi Knut le Grand (1014-1035) lui accorda une charte de liberté très étendue (exemption de l’Ordinaire et juridiction civile sur tout le territoire) et fit commencer la construction d'une église en pierre (1021) qui fut consacrée par l'archevêque Agelmothus de Cantorbéry, le 18 octobre 1032.
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