Abbaye Saint-Michel De Cuxa

Abbaye Saint-Michel De Cuxa

Abbaye Saint-Michel de Cuxa

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Abbaye de
Saint-Michel de Cuxa
Sant Miquel de Cuixà
Vue générale de l'édifice
Vue générale de l'édifice

Nom local Abadia de Sant Miquel de Cuixà
Latitude
Longitude
42° 35′ 41″ Nord
       2° 25′ 02″ Est
/ 42.59484, 2.417153
 
Pays France France
Région Languedoc-Roussillon
Département Pyrénées-Orientales
Ville Codalet
Culte Catholique romain
Type Abbaye
Rattaché à Ordre bénédictin
(congrégation de Subiaco)
Début de la construction XIe siècle
Fin des travaux XIIe siècle
Style(s) dominant(s) Roman
Classé(e) Monument historique (1958)

L'abbaye de Saint-Michel de Cuxa (aussi orthographié Cuixà, du nom catalan Sant Miquel de Cuixà ; se prononce Coucha) est un monastère bénédictin situé au pied du Canigou, sur la commune de Codalet dans les Pyrénées-Orientales. Il fait partie de la province espagnole de la congrégation de Subiaco (confédération bénédictine).

Sommaire

Histoire

Fondation et apogée de l'abbaye

Vue de l'abbaye depuis les vergers
L'entrée de l'abbaye de Cuxa.

L'abbaye de Cuxa tire son origine de l'abbaye de Saint-André d'Eixalada, située plus haut dans la vallée de Têt, et fondée vers 840.

À l'automne 878, une crue terrible détruisit le monastère (situé tout près du lit de la rivière, à l'emplacement de sources chaudes déjà connues dans l'Antiquité), et contraignit les moines à se réfugier ailleurs. La communauté se transféra à Cuxa, où se trouvait une église dédiée à saint Germain, propriété du prêtre Protais (Protasius) qui s'était, avec quelques compagnons, agrégé à la communauté peu d'années auparavant. Protais devint l'abbé du nouveau monastère en 879.

À son nouvel emplacement, l'abbaye continua de bénéficier de la protection des comtes de Cerdagne-Conflent, maintenant aux mains de la famille issue de Guifred le Velu (Wifredus), Comte de Barcelone en 870. Dans les années 940, une nouvelle église dédiée à Saint-Michel est construite à l'initiative du comte Seniofred. Mais à partir de 956, on rebâtit l'édifice plus somptueusement, et l'autel majeur est consacré le 30 septembre 974, sous l’abbatiat de Garin (Warinus), moine venu de Cluny et placé à la tête de cinq abbayes méridionales.

Cette église subsiste toujours aujourd'hui, l'un des plus importantes églises pré-romanes encore debout. Garin, impliqué dans la grande politique de l'époque, provoquera la retraite à Cuxa du Doge de Venise Pierre Orseolo, qui abdique en 978, et mourra à l'abbaye en odeur de sainteté en 987.

En 1008, c'est le petit-fils du comte Seniofred, Oliba, qui est élu abbé de Ripoll et de Cuxa. Il sera aussi évêque de Vic en 1017. Il va profondément transformer l'abbaye en construisant au-devant de l'église les deux chapelles superposées de la Crêche (Pessebre) et de la Trinité, qui communiquent avec Saint-Michel par des galeries. Il augmente aussi le sanctuaire de trois absides, voûte les bas-côtés de la nef, construit les clochers. C'est un homme de grand prestige, qui s'est rendu au moins deux fois à Rome, et qui a proclamé la Trêve de Dieu dans le diocèse d'Elne en 1026. Il meurt à Cuxa en 1046.

En 1091, le comte Guillaume de Cerdagne donne l'abbaye de Cuxa à Saint-Victor de Marseille et à son abbé Richard (Archives départementales des Bouches-du-Rhône, 1 H 62 no 297).

Au début du XIIe siècle, on reconstruit le cloître en lui donnant la forme d'une colonnade de marbre, avec des chapiteaux sculptés. On édifie aussi une tribune en marbre dans l'église. Ces travaux sont l'œuvre de l'abbé Grégoire, qui est élu archevêque de Tarragone en 1136.

Les périodes suivantes du Moyen Âge sont moins fastes pour Cuxa. Les bâtiments du l'abbaye ne sont pas renouvelés. La richesse du monastère est cependant évidente, avec un domaine foncier très important, et une juridiction « quasi-épiscopale » sur une quinzaine de paroisses réparties entre les diocèses d'Elne et d'Urgell.

Cuxa à l'époque moderne

L'intérieur de l'église principale.

À partir du XVIe siècle, les moines ne vivent pour ainsi dire plus la vie commune. Les revenus de l’abbaye sont partagés en autant d'« offices » que de moines (l'infirmier, le cellérier, le sacristain majeur, etc) et chacun d'eux a son habitation particulière dans l'abbaye. L'église est transformée par la réalisation de chapelles latérales au détriment des bas-côtés de la nef, qui reçoit une voûte catalane en briques. Le logis du sacristain majeur est édifié à l'emplacement de la chapelle de la Trinité, qui avait déjà dû subir de gros dégâts (ou même s'effondrer) au XVe siècle, selon quelques indices archéologiques.

Après la Révolution

Cette vie monastique réduite se poursuit jusqu’à la Révolution. L'abbaye est alors supprimée et ses bâtiments vendus. On y aménage des installations industrielles et agricoles. Le clocher nord s’effondre à l’hiver 1829. Tout au long du siècle, les bâtiments situés autour de l'église se ruinent peu à peu ; le cloître est vendu, chapiteau après chapiteau, ainsi que sa fontaine, à des amateurs ou collectionneurs. En 1908, il n'en reste que douze sur place.

L'ancien canal d'irrigation du XIXe siècle

En 1913, un sculpteur américain, George Grey Barnard, qui a déjà acquis quelques sculptures de Cuxa chez un antiquaire parisien, se rend sur place, et en acquiert beaucoup d'autres disséminés dans le pays. Ces achats sont à l'origine de la reconstitution du cloître au Cloisters Museum de New York. Barnard n'a pu, cependant, emporter la série qui était devenue l'ornement de l'établissement de bains de Prades, pour la conservation desquels la population locale s'est mobilisée lors de son passage : les ayant acquis, il en fit don à la France, et ces chapiteaux furent utilisés pour la reconstruction de la moitié du cloître en 1955. En 1919, Ferdinand Trullès acquit l'abbaye pour y reloger les Cisterciens de Fontfroide qui avaient quitté la France à l'époque des lois sur les congrégations. Les Cisterciens s'installent, et seront remplacés en 1965 par les Bénédictins de Montserrat. Depuis les années 1920, l'abbaye fait l'objet de campagnes de restauration par le service des Monuments Historiques. En 1936, les travaux sont marqués par la présence de l'archéologue catalan Josep Puig i Cadafalch, qui a dû fuir l'Espagne ; la crypte du Pessebre est dégagée. En 1952, sous les constructions de l'habitation du sacristain majeur, les ruines de l'église de la Trinité sont mises au jour. En 1954, Pablo Casals inaugure le Festival Pablo Casals dans l'église encore dépourvue de toit ; elle sera couverte en 1957. La crypte de l'abbaye fut ouverte au public en 1967.

Architecture

Cloître

Le cloître roman du XIIe siècle est l'un des plus grands des Pyrénées. Il est donc séparé en deux parties, une remontée in-situ et l'autre à New York. Les galeries sud et est sont couvertes d'une charpente en bois. Les chapiteaux en marbre rose du Conflent sont essentiellement décorés de thèmes profanes (feuillages, animaux), parfois aux inspirations orientales inspirées des manuscrits de la bibliothèque de Cuxa, l'une des plus riche depuis le Xe siècle. L'un des chapitaux par exemple représente Gilgamesh (issu de la mythologie sumérienne). Néanmoins, on observe tout de même un Christ bénissant et un Christ entouré d'anges, avec saint Pierre à ses pieds.

Crypte

Église principale

Le chœur de l'église principale est notamment orné d'un christ en bois sculpté et de stales en bois. On observe dans une des absidioles romane, une vierge à l'enfant polychrome du XIIIe siècle.

Le clocher

La construction des deux clochers, à chaque extrémité des bras du transept, est attribuée à la campagne de travaux d'embellissement et d'agrandissement de l'abbaye et de l'abbatiale entreprise sous l'abbatiat d'Oliba[1].
Le clocher nord, qui portait les cloches et l'horloge, s'effondra en 1839 lors d'une tempête, entraînant dans sa chute l'extrémité nord du transept sur laquelle il était bâti[2].
Il ne subsiste donc plus aujourd'hui que le clocher sud, haut de 33 mètres, dont la base a été fortement renforcé vers le XVe siècle.[1].

Chapelles de la Vierge de la Crèche, Saint-Gabriel et Saint-Raphaël

Festival Pablo Casals

Notes et références

  1. a  et b Géraldine Mallet, Églises romanes oubliées du Roussillon, p. 198 
  2. Marcel Durliat, Roussillon roman, p. 47 

Pour en savoir plus

Bibliographie

  • Marcel Durliat, Roussillon roman, Zodiaque, 1986 (ISBN 2-7369-0027-8), p. 45-81 
  • Géraldine Mallet, Églises romanes oubliées du Roussillon, Les Presses du Languedoc, Barcelone, 2003 (ISBN 2-85998-244-2), p. 193-202 

Articles connexes

Liens externes

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