Histoire d'Orléans

Histoire d'Orléans
La ville d'Orléans vers 1428

Histoire d'Orléans présente l'histoire de la ville française d'Orléans.

Le riche historique de la ville tient notamment du fait qu'elle constitue un point de passage stratégique sur la Loire car située sur son point le plus septentrional, donc au plus près de Paris.

Des fouilles archéologiques semblent accréditées les premières présences humaines sédentaires au paléolithique inférieur.

Durant l'Antiquité, le lieu correspondant à l'actuelle ville d'Orléans est appelé Cenabum, Genabum ou Aurelianum. D'environ -50 à 500, elle est intégrée à la Gaule romaine dans la province de la Gaule lyonnaise.

À la chute de l'Empire romain, la ville subit les invasions barbares, puis, à la mort de Clovis, est constitué autour d'elle le Royaume d'Orléans.

Sous l'Ancien Régime, elle devient la capitale de l'ancienne province de l'Orléanais et de la généralité d'Orléans jusqu'à la création des départements.

La ville est depuis 1790 la préfecture du Loiret ; ce dernier est intégré à la région Centre à la moitié du XXe siècle, Orléans en constituant l'une des deux préfectures conjointement avec la ville de Tours.

Sommaire

Préhistoire

Des silex taillés datant de la période acheuléenne ont été retrouvés sur le site de l'actuelle ville d'Orléans attestant une présence humaine au paléolithique inférieur[1].

Antiquité

Durant l'Antiquité (v.-2000-v.500), à l'emplacement actuel de la ville d'Orléans se tenait Cenabum, parfois orthographiée Genabum, une cité commerciale et oppidum des Carnutes, un peuple de la Gaule celtique. La cité, rivale de la cité voisine d'Autricum (Chartres), était décrite comme prospère au moment de la conquête romaine de la Gaule[1].

Le port de la ville est attesté dès avant l'époque romaine[2], il est le débouché commercial principal des céréales de la Beauce. Strabon, dans sa Géographie[3], qualifie la cité (Κήναβον) d'emporium des Carnutes (τὸ τῶν Καρνούντον ἑμπόριον). Durant sa conquête, Jules César y installe un centre d'approvisionnement en grains[4]. Du fait de cette situation stratégique sur la Loire, il tentera de contrôler la ville, son port et son pont en y nommant Tasgetios, un notable gaulois charger d'appliquer les consignes de l'Empire. Ce dernier sera assassiné deux ans après sa nomination en -54[1]. En -52, Caïus Fufius Cita, un riche marchand chargé de contrôler le port au bénéfice de l'Empire est assassiné à son tour[1]. Ces évènements provoqueront la réaction des romains et le massacre de Cenabum et l'exécution du druide carnute Gutuater désigné responsable des actes de rébellion gaulois[1].

Sous l'Empire romain, la ville appartient à la province de la Gaule lyonnaise. Vers 200, elle est dirigée par un fonctionnaire romain[1].

Une plaque de marbre portant entre autres l'inscription « Cenabum » fut découverte en 1846 lors de la construction d'une ligne de chemin de fer dans le faubourg Saint-Vincent à Orléans. Le lieu correspondait a une ancienne voie romaine reliant la ville à Lutèce[5].

Au IIIe siècle, l'empereur romain Aurélien reconstruit les remparts de la ville et la rebaptise, Aurelianum ou Aureliani[6].

Représentation de Saint-Euverte sur un vitrail de l'Hôtel Groslot d'Orléans

Vers 260, Aurelianum est pillée notamment par les Alamans puis les Germains. La chute de l'Empire romain provoque conjointement une crise économique et la christianisation de la population[1]. Euverte d'Orléans sera l'un des premiers évêque de la ville.

Accompagnés des Vandales, les Alains franchissent la Loire en 408. Un de leurs groupes, dirigé par Goar de Rhénanie accepte de se joindre aux forces armées romaines. Aetius l'installe sur la Loire et à Orléans. Mais ces Alains, turbulents, sont très mal perçus par les autochtones. Un jour, estimant ne pas être payés assez vite ou suffisamment, ils n'hésitent pas à tuer des sénateurs d'Orléans[7],[8].

À Orléans toujours, sous le roi Sangiban, les Alains se joignent aux forces d'Aetius qui s'opposent à Attila qui avait envahi la Gaule en 451 et prennent part à la bataille des champs Catalauniques. Une centaine de localités de l'Orléanais se souviennent de l'installation de ce peuple : Allaines, Allainville, Alaincourt, etc.[9],[10].

Aignan d'Orléans meurt en 453 après avoir contribué à défendre la ville des invasions barbares. Il deviendra par la suite le saint patron de la ville[1].

En 463, la bataille d'Orléans voit s'opposer les Wisigoths et le roi des Francs Childéric Ier aux Romains. Les Francs n'achèveront la conquête de la région qu'en 486 sous le règne de Clovis[1].

Moyen Âge

Le royaume d'Orléans en rouge sur la carte (511)

Époque mérovingienne

Article détaillé : Concile d'Orléans.

Le Moyen Âge s'ouvre en 511 par un concile se tenant à Orléans à l'initiative de Clovis[1].

À la mort de Clovis, Clodomir hérite d'une partie du royaume réuni par son père au travers du royaume d'Orléans et en sera le roi de 511 à 524[1].

Vers 640, la fin de la domination mérovingienne marque le rattachement de la ville au royaume de Neustrie-Bourgogne alors dirigé par Clovis II[1].

Époque carolingienne

En 732, le carolingien Charles Martel rattache Orléans à son royaume[1].

Charles II le Chauve fait d'Orléans la capitale du royaume qu'il reçoit, la Francie occidentale et s'y fait sacré roi en 842[1].

En 851, Orléans est pillée par le chef viking Hasting ; le même revient et met à nouveau la ville à sac le 18 août 856[11].

Époque capétienne

Le couronnement de Louis VI le Gros à Orléans

L'époque capétienne, s'ouvre avec le couronnement de Hugues Capet à Orléans le 25 décembre 987[1].

À l'époque capétienne, Orléans fut la capitale d'un comté puis d'un duché tenu en apanage par la maison de Valois-Orléans. La famille de Valois-Orléans accèdera au trône de France par Louis XII puis François Ier.

En 1108, Louis VI Le Gros est sacré dans la cathédrale Sainte-Croix d'Orléans par l'archevêque de Sens. Il s'agit d'un des rares sacres capétiens n'ayant pas eu lieu à Reims.

Au Moyen Âge, Orléans est l'une des trois plus riches villes de France avec Rouen et Paris.

Un pont sur la Loire, le pont des Tourelles, est construit entre 1120 et 1140[12].

Article détaillé : université d'Orléans (1306-1793).

L'université d'Orléans a contribué au prestige de la ville, spécialisée dans le droit romain, elle était réputée dans toute l'Europe. Elle fut officiellement fondée le 27 janvier 1306 par le pape Clément V grâce à quatre bulles pontificales[13].

Guerre de Cent Ans

Représentation du siège d'Orléans
Articles détaillés : siège d'Orléans et États généraux de 1439.

Sur la rive sud un châtelet dit « des Tourelles » protégeait l'accès au pont. C'est là qu'eut lieu la bataille qui permit à Jeanne d'Arc d'entrer dans la ville libérée le 8 mai 1429, aidée des grands généraux du royaume, Dunois et Florent d'Illiers. Les habitants lui vouèrent dès lors une admiration et une fidélité qui durent encore aujourd'hui. Ils la nommèrent « la pucelle d'Orléans » et lui offrirent une maison bourgeoise dans la ville. Ils participèrent également à la rançon pour la délivrer lorsque celle-ci fut faite prisonnière, mais en vain car le Dauphin devenu Roi grâce à elle garda l'argent pour lui et Jeanne ne fut pas libérée.

Une fois la guerre de Cent Ans terminée, la ville recouvrit sa prospérité. Le pont lui rapportait l'argent des taxes ainsi que l'attractivité économique des commerçants de passage. Le roi Louis XI a largement contribué à sa prospérité. Il dynamisa l'agriculture de l'Orléanais. Les terres exceptionnelles de la Beauce favorisent les cultures. Il relança la culture du safran à Pithiviers.

Temps modernes

À la Renaissance, la ville bénéficia des passages des riches châtelains allant dans le Val de Loire devenu très à la mode, à commencer par le roi lui même, Chambord, Amboise, Blois, Chenonceau étant des domaines royaux. Jean Calvin y fut reçu et hébergé. Il y écrivit une partie de ses thèses réformistes. En remerciement de cette protection, le roi d'Angleterre Henry VIII, inspiré des pensées du réformateur pour la religion anglicane, offrit une bourse à l'Université. La ville abrita de nombreux protestants.

Du 13 décembre 1560 au 31 janvier 1561, les États généraux y furent réunis. Ce fut à cette époque que mourut le roi François II, le fils ainé de Catherine de Médicis et d'Henri II, le 5 décembre 1560, dans sa chambre de l'Hôtel Groslot.

Guerres de religion

Avec une poignée d’hommes, Condé prend la ville en août 1562, après le massacre de Wassy[A 1]. Le duc de Guise est assassiné en février 1563 par Poltrot de Méré, pendant le siège pour reprendre la ville, défendue par d’Andelot.

Charles IX passe dans la ville lors de son tour de France royal (1564-1566), entamé pour apaiser les tensions religieuses. Il est accompagné de la Cour et des Grands du royaume : son frère le duc d’Anjou, Henri de Navarre, les cardinaux de Bourbon et de Lorraine[A 2]. À ce moment, les catholiques ont repris les choses en main à Angers : le catholique Cypierre est placé à la tête de la municipalité, et les protestants sont mis en minorité dans l’échevinat. Un nouveau fort est construit. Cependant, le convoi royal est accueilli par une émeute.

La nouvelle du massacre de la Saint-Barthélemy atteint Orléans le 25 août. Les massacres, organisés par les échevins, durent jusqu’au 27, et font 1 200 morts. Seuls les étudiants allemands sont épargnés. La ville, qui comptait une importante communauté protestante, est désormais entièrement catholique[A 3].

Du XVIIe siècle à la Révolution française

Jean-Baptiste Poquelin, plus connu sous le pseudonyme de Molière, vint lui aussi y étudier le droit, mais il participa au carnaval pourtant interdit par les règles non laïques de l'Université et fut pour cela renvoyé de l'établissement.

La cathédrale fut plusieurs fois reconstruite. La dernière version a vu sa première pierre posée par Henri IV, et les travaux s'étalèrent sur un siècle, offrant ainsi un mélange de style fin Renaissance et époque Louis XIV. Elle est l'une des dernières cathédrales construites en France et non des moins spectaculaires.

Lorsque la France colonise l'Amérique, son territoire conquis est immense, tout le fleuve Mississippi, baptisé fleuve Colbert, de l'embouchure jusqu'à sa source aux frontières du Canada. Ce sera la Louisiane. La capitale est nommée La Nouvelle-Orléans en l'honneur du régent de Louis XV, le duc d'Orléans. Elle est peuplée de 8 000 Français et Cadiens chassés du nord-est par les troupes britanniques.

Les ducs d'Orléans ne venaient presque jamais dans leur ville. En tant que frères ou cousins du roi, ils faisaient partie de sa Cour et avaient peu l'occasion la quitter. Officiellement leur château était celui de Blois. Le duché d'Orléans était le plus vaste de tous. Il débutait à Arpajon, continuait à Chartres, Vendôme, Blois, Vierzon, Montargis. Le fils du duc portait le titre de duc de Chartres. Les héritages de grandes familles et les mariages leurs ont permis d'accumuler une richesse colossale. On disait de Philippe Égalité qu'il était l'homme le plus riche du monde. Son fils Louis-Philippe Ier reçut en héritage les fortunes des Penthièvres et des Condés.

XIXe siècle

Entrée des Allemands à Orléans, 1870. Tableau de Ludwig Braun

Les compagnies ferroviaires Paris-Orléans et la célèbre gare d'Orsay sont créées en 1852.

Article détaillé : bataille d'Orléans (1870).

Lors de la guerre contre les prussiens en 1870, la ville se présente encore comme enjeu stratégique géographiquement. Le 13 octobre 1870, la ville est occupée par les prussiens. L'armée de la Loire est constituée sous les ordres du général d'Aurelle de Paladines et se base en Beauce à proximité de la ville.

XXe siècle

Un médecin de l'armée américaine en conversation avec la population orléanaise le 19 août 1944

La dernière grande crue de Loire a eu lieu le 20 octobre 1907.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, les nazis font de la gare des Aubrais - Orléans une gare centrale pour leur logistique ferroviaire. Le pont Georges V est rebaptisé « pont des Tourelles »[14]. Durant la nuit du 14 au 15 juin 1940, un bombardement aérien allemand détruit une grande partie du centre ville (rues Bannier et Royale) ainsi que plusieurs ponts. Un camp de transit sur le chemin de la déportation est bâti à Beaune-la-Rolande. À la Libération, l'aviation américaine bombarde intensément la ville et la gare. Les dégâts sont très importants.

La ville est l'une des première reconstruite après la guerre : le plan de reconstruction et d'aménagement de Jean Kérisel et Jean Royer est adopté dès 1943 et les travaux commencent dès le début de l'année 1945. Cette reconstruction se fait pour une part à l'identique comme la rue Royale et ses arcades mais aussi ailleurs par la mise en œuvre de procédés de préfabrication innovants, comme l'îlot 4 sous la direction de l'architecte Pol Abraham[15]. Un certain nombre d'îlots, ou secteurs, seront pris directement en charge par l'État français, le reste étant reconstruit par des chantiers privés. Les grands travaux se terminent vers 1954[16].

Par la suite, près de 12 000 soldats américains et leur famille ont vécu à Orléans ou dans sa banlieue, le dernier contingent quittant les lieux au printemps 1967[17].

La grande ville d'autrefois est aujourd'hui une ville moyenne de 250 000 habitants avec son agglomération. Elle a su tirer parti une fois de plus de sa position stratégique pour attirer de nombreuses entreprises intéressées par la réduction des coûts de transport qu'offre une ville au centre de la France située à moins d'une heure de la capitale.

Voir aussi

Article connexe

Bibliographie

  • Paul Charpentier et Charles Cuissard, Journal du siège d'Orléans, 1428-1429 : augmenté de plusieurs documents, notamment des comptes de ville, 1429-1431, Orléans, H. Herluison, 1896, 410 p. [lire en ligne] 
  • D.T. Emmanuel, Quatre jours dans Orléans : description simple, historique et archéologique de la ville et de ses environs, Alphonse Gatineau, 1845, 324 p. [lire en ligne] 
  • Paul Huot, Le vieil Orléans, Alphonse Gatineau, 1854, 124 p. [lire en ligne] 
  • Denis Lotin, Recherches historiques sur la ville d'Orléans : depuis Aurélien, l'an 274, jusqu'en 1789, dédiées a ses concitoyens, Impr. d'Alexandre Jacob, 1836 [lire en ligne] 

Liens externes

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Notes et références

  1. a, b, c, d, e, f, g, h, i, j, k, l, m, n et o Baudouin Eschapasse, « Dossier : Orléans. Orléans : reine de Loire » sur www.historia.fr, SA Sophia Publications, 1er octobre 2007. Consulté le 2 décembre 2010
  2. Roger Dion, « Orléans et l'ancienne navigation de la Loire », dans Annales de Géographie, no 266, 1938, p. 128 
  3. Strabon, Géographie, V, 2, 3
  4. Patrick Villiers et Annick Senotier, Une histoire de la marine de Loire, Brinon-sur-Sauldre, Grandvaux, 1997 (ISBN 2-909550-11-7), p. 17 
  5. Dufaur de Pibrac, « Inscription romaine du faubourg Saint-Vincent, relative à Genabum », dans [de la société archéologique de l'Orléanais], vol. 4, no 47, 1865, p. 234-243 [texte intégral (page consultée le 2 décembre 2010)] 
  6. « Orléans », dans Pierre Larousse, Grand Dictionnaire universel du XIXe siècle, 15 vol., 1863-1890 [détail de l’édition].
  7. Chronica Gallica, 127
  8. L. Pietri, La ville de Tours du IVe au VIe siècle: naissance d'une cité chrétienne, Rome, 1983, p. 99-100
  9. B.S. Bachrach, « The Alans in Gaul », Traditio, XXIII, 1967, p. 476-489
  10. R. Borius, « Les Alains de l'Orléanais au Ve siècle », Actes du 93 congrès des Sociétés savantes (Tours, 1968), Paris, 1970, p. 313-319
  11. Michel Dillange, Les Comtes de Poitou, Ducs d'Aquitaine (778-1204), Geste éditions, coll. « La Crèche », 1995, 304 p. (ISBN 978-2-910919-09-2), p. 56 .
  12. Pont George V à Orléans. Éditions de la société des amis des musées d’Orléans. 1993.
  13. Charles Vulliez, « Les bulles constitutives de l'université d'Orléans du pape Clément V (27 janvier 1306) : un évènement ? 700e anniversaire de l'université d'Orléans (1306-2006) », dans Bulletin de la Société archéologique et historique de l'Orléanais, nouvelle série, vol. XVIII, no 150, octobre 2006, p. 5 
  14. Actualités mondiales du 16 mai 1941, disponible sur le site de l'Institut national de l'audiovisuel (lien direct).
  15. Joseph Abram, L'architecture moderne en France, du chaos à la croissance, tome 2, éd. Picard, 1999, pp. 28 et 37-38.
  16. Orléans 1945-1955, la reconstruction, supplément à La République du Centre, édition Orléans, le 28 octobre 2008.
  17. La République du Centre, édition Orléans, 14 septembre 2007, p 6.
  1. p. 230
  2. p. 258
  3. p. 286

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