Gutuater

Inscription d'Autun mentionnant un Gutuater.

Le Gutuater est un membre de la classe sacerdotale de certains peuples Gaulois et notamment celui des Carnutes. C’est un druide dont la fonction est celle des vates^[1] dans la société celtique.

Documents

Les druides ayant systématiquement privilégié l’oralité, les sources d’information sont externes, lacunaires et généralement partiales, pour ce qui est des sources littéraires.

• La mention la plus importante se trouve dans les Commentaires sur la Guerre des Gaules de Jules César  :

« Arrivé chez les Carnutes, dont César a raconté dans le précédent commentaire comment la guerre avait pris naissance dans leur cité, voyant que leurs alarmes étaient particulièrement vives, parce qu’ils avaient conscience de la gravité de leur faute, afin d’en libérer plus vite l’ensemble de la population, il demande qu’on lui livre, pour le châtier, Gutuater, principal coupable et auteur responsable de la guerre. Bien que le personnage ne se fiât plus même à ses propres concitoyens, néanmoins, chacun s’appliquant à le rechercher, on l’amène promptement au camp. César, malgré sa naturelle clémence, est contraint de le livrer au supplice par les soldats accourus en foule : ils mettaient à son compte tous les dangers courus, tous les maux soufferts au cours de la guerre, et il fallut qu’il fût d’abord frappé de verges jusqu’à perdre connaissance, avant que la hache l’achevât. »

— Jules César, Commentaires sur la guerre des Gaules, Livre VIII^[2], chapitre 38.

Ce passage est cependant très discuté. D'une part le texte des manuscrits n'est pas certain et d'autre part certains savants considèrent que Gutuater ne désigne pas ici une fonction mais n'est qu'un nom propre. Ainsi pour Christian Goudineau si Gutuater avait ici désigné une fonction, l'auteur du livre VIII l'aurait précisé et expliqué à son lectorat romain ignorant des titres gaulois^[3].

• Le nom de « Gutuater » est aussi attesté par quatre inscriptions tardives (deux retrouvées à Autun, une à Mâcon et une au Puy-en-Velay)^[4].

Étymologie et fonction

Ces mentions laconiques ont donné lieu à une importante littérature et des hypothèses diverses, qui considérent ce nom comme étant un titre honorifique ou sacerdotal. Ainsi, Henri d'Arbois de Jubainville a supposé que le Gutuater était un prêtre antérieur à l’apparition du druidisme.

Selon Christian-J. Guyonvarc'h et Françoise Le Roux, la racine gutu signifie « parole » en celtique, qui a donné gûth en irlandais et serait apparenté au gott allemand et god anglais. « Le mot ne peut être que religieux et désigne obligatoirement le druide dans son rôle d’invocateur de la divinité »^[5]. Pour Joseph Vendryes, il est le gardien du sanctuaire (voir nemeton).

Le mot désigne une fonction sacerdotale, qui finit par recouvrir le véritable nom de la personne qui l’assume, à l’instar du druide Sencha de la mythologie celtique irlandaise.

Cotuatos, le « Gutuater » des Carnutes ?

A. Ferdière^[6] émet l’hypothèse selon laquelle le dénommé Cotuatos - l'un des artisans du massacre de Cenabum avec Conconnetodumnos - aurait été le Gutuater des Carnutes. L'unique mention du personnage par Jules César ne le précise pas :

« Quand arrive le jour convenu, les Carnutes, entraînés par Cotuatos et Conconnetodumnos, hommes dont on ne pouvait rien attendre que des folies, se jettent, à un signal donné, dans Cenabum, massacrent les citoyens romains qui s’y étaient établis pour faire du commerce, mettent leurs biens au pillage ; parmi eux était Caïus Fufius Cita, honorable chevalier romain, que César avait chargé de l’intendance des vivres. La nouvelle parvient vite à toutes les cités de la Gaule. En effet, quand il arrive quelque chose d’important, quand un grand événement se produit, les Gaulois en clament la nouvelle à travers la campagne dans les différentes directions ; de proche en proche, on la recueille et on la transmet. Ainsi firent-ils alors ; et ce qui s’était passé à Cénabum au lever du jour fut connu avant la fin de la première veille chez les Arvernes, à une distance d’environ cent soixante milles. »

— Jules César, Commentaires sur la guerre des Gaules, VII, 3.

Un druide-guerrier ?

La mention de César affirme que le Gutuater des Carnutes « est responsable de la guerre ». Le rôle des druides dans la société celtique dépasse largement le cadre de la religion : Diviciacos, chef des Éduens fut accueilli à Rome^[7]. Dans la Táin Bó Cúailnge (razzia des vaches de Cooley) la reine Medb n’envahit le royaume d’Ulster qu’après consultation de ses druides. Ils sont aussi très présents dans la Cath Maighe Tuireadh (la bataille de Mag Tured). Il faut aussi mentionner Cathbad, dont le nom signifie « Tueur au combat ».

Sources

• Wikisource : Commentaires sur la Guerre des Gaules, Livre VIII.
• Christian-J. Guyonvarc'h et Françoise Le Roux, Les Druides, Ouest-France Université, coll. « De mémoire d’homme : l’histoire », Rennes, 1986, (ISBN 2-85882-920-9)).
• Venceslas Kruta, Les Celtes, Histoire et Dictionnaire, Éditions Robert Laffont, coll. « Bouquins » , Paris, 2000, (ISBN 2-7028-6261-6).
• Joseph Vendryes, La religion des celtes, Coop Breizh, Spezet, 1997, ([[Spécial:Ouvrages de référence/2-909924-91-2]|ISBN 2-909924-91-2]]]).

Articles connexes

• Druide ~ Barde ~ Vate
• Religion celtique
• Bibliographie sur les Celtes ~ Bibliographie de la mythologie celtique

Notes

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