Enceinte Philippe Auguste

Enceinte Philippe Auguste

Enceinte de Philippe Auguste

Article principal : Enceintes de Paris.
L'enceinte de Philippe Auguste en 1223

L’enceinte de Philippe Auguste est la plus ancienne des enceintes de Paris dont on connaisse le tracé avec précision. Partiellement intégrée dans les constructions ultérieures, elle a laissé plus de traces de sa présence que les fortifications ultérieures, remplacées par des boulevards.

Sommaire

Histoire

La construction de l'enceinte se place dans le contexte des luttes entre Philippe Auguste et la dynastie anglaise des Plantagenêt. Afin de protéger Paris, le roi français, avant de partir pour la troisième croisade, ordonna la construction d'une muraille de pierre afin de protéger la capitale en son absence.

Origine

La Rive droite fut fortifiée de 1190 à 1209 et la Rive gauche de 1200 à 1215. Le délai séparant la construction de l'enceinte sur les deux rives de la Seine avait pour origine des raisons stratégiques; le Duché de Normandie étant alors aux mains des Plantagenêts, l'attaque serait venue plus probablement du nord-ouest. Philippe Auguste décida la construction de la forteresse du Louvre afin de renforcer la défense de la ville face à une attaque remontant la Seine.

La Rive gauche étant moins urbanisée et moins exposée fut considérée comme moins prioritaire.

Évolution

Portion de courtine sauvegardée rue Clovis

Malgré la construction au XIVe siècle de l'Enceinte de Charles V englobant celle de Philippe Auguste sur la Rive droite, cette dernière ne fut pas démolie. En 1434, celle-ci était encore considérée moult fors et espes que on y menroit bien une charrette dessus.

Cependant, l'enceinte de Charles V ne concernait que la Rive droite. La Rive gauche, toujours bien moins peuplée, dut se contenter de la vieille enceinte de Philippe Auguste jusqu'au XVIe siècle. Il fut toutefois décidé d'adapter le mur aux nouvelles techniques de siège. Ces modifications consistèrent en :

  • le creusement d'un large fossé au-devant du mur et l'utilisation de ses déblais en arrière du mur, afin de le renforcer ;
  • le creusement d'un arrière-fossé qui fusionnait avec le fossé principal sur certaines sections du mur ;
  • l'inondation des parties situées au même niveau que la Seine. L'eau des crues étant maintenues dans les fossés à l'aide d'écluses situées au niveau des berges du fleuve ;
  • la suppression des créneaux des tours remplacés par un toit conique ;
  • le renforcement des portes par l'érection d'une barbacane possédant une herse, un pont dormant et un pont-levis ;
  • le long de certaines parties du mur, un chemin de ronde intérieur fut construit côté ville pour faciliter la circulation de l'artillerie.

Disparition

Sur la Rive droite, François Ier fit démolir en 1533 les portes et autorisa la location des terrains de l'enceinte sans pour autant en autoriser la démolition. A partir de la seconde moitié du XVIe siècle, ces terrains furent vendus à des particuliers, causant bien souvent le démantèlement de larges portions de la muraille. Le mur Rive gauche suivit le même chemin sous Henri IV; en 1590, il fut préféré de creuser des fossés au-delà des faubourgs de la ville plutôt que moderniser à nouveau l'enceinte.

Les fossés à proximité de la Seine servant d'égouts à ciel ouvert et posant des problèmes de salubrité, il fut décidé au XVIIe siècle de les remplacer par des galeries couvertes avant leur remblaiement. Les dernières portes subsistantes, inadaptées à une circulation sans cesse croissante, furent rasées dans les années 1680 de sorte que l'enceinte devint totalement invisible.

Construction de l'enceinte

L'enceinte de Philippe Auguste englobait un espace de 253 hectares et était d'une longueur de 2500 mètres sur la Rive gauche et 2600 sur la Rive droite[1]. À l'ouest, point le plus faible de sa défense contre les rois d'Angleterre et ducs de Normandie, à proximité du fleuve, Philippe Auguste fait construire une forteresse composée d'un donjon fortifié et de dix tours de défense et entourée d'un fossé : le Louvre. D'après des estimations faisant suite à l'étude de documents d'époque, la construction de l'ouvrage coûta un peu plus de 14 000 livres sur approximativement 20 ans que dura la construction. Cette somme représente environ 12 % des revenus annuels du roi vers 1200[1].

Le mur

Le rempart mesurait de six à huit mètres de hauteur, voire neuf en comptant le parapet, pour une épaisseur de trois mètres à la base. Composée de deux parois murales de moyen appareil entre lesquelles on avait introduit des pierres et du mortier pour la renforcer, la muraille possédait un chemin de ronde d'environ deux mètres et des créneaux. On y accédait par des échelles adossées au mur ou par les escaliers des portes.

Représentation de 1856 de la Tour de Nesle selon Eugène Viollet-le-Duc

Les tours

Il était flanqué de 77 tours semi-cylindriques (ne débordant pas vers l'intérieur de la ville et intégrées à la courtine) tous les 60 mètres (39 sur la rive droite, 38 sur la rive gauche)[1]. Celles possédaient un diamètre de 6 mètres environs en incluant les murs épais d'un mètre. Leur hauteur atteignait une quinzaine de mètres. Leur base était voûtée mais les niveaux supérieurs semblent avoir possédé un sol composé de planches.

Quatre fortes tours de 25 mètres de haut et 10 mètres de diamètre situées à la jonction de l'enceinte avec la Seine permettaient de contrôler la navigation fluviale. De fortes chaines étaient tirées entre ces tours afin de bloquer tout accès par voie d'eau en cas de troubles.

À l'ouest on trouvait :

À l'est :

Les portes

Quinze grandes portes ouvraient sur les routes menant aux principales villes du royaume. Dans leur état primitif, celles-ci étaient de facture identique, avec porte ogivale bloquée par deux ventaux de bois et encadrée par deux tours de 15 mètres de hauteur et 8 mètres de diamètre. À l'intérieur des portes deux herses venaient compléter ce dispositif.

Les poternes n'étaient généralement que de simples ouvertures à travers du mur, généralement murées en cas de menace (de même que les portes les moins fréquentées ou difficiles à défendre). Cependant, certaines furent dotées d'un dispositif de défense.

Tracé

Plan de Paris au XIVe siècle, par Eugène Viollet-le-Duc, 1856.

L'enceinte de Philippe Auguste traversait les actuels Ier, IVe, Ve et VIe arrondissements de Paris :

En aval de la Seine, la continuité de la muraille était assurée par la forteresse du Louvre, pour la rive droite, et la tour de Nesle (auparavant nommée tour Hamelin), pour la rive gauche. En amont, un barrage de grosses chaînes en travers du fleuve reliait la tour Barbeau à la tour Loriaux, située dans l'île, et elle-même reliée à la Tournelle de la rive gauche. Les chaînes reposaient sur des radeaux amarrés à des pieux profondément enfoncés dans le fleuve.

Portes

Lors de l'édification de l'enceinte, 11 portes principales furent aménagées. Quatre autres portes principales, ainsi que de nombreuses poternes vinrent s'ajouter pour faire face à la croissance de la ville. Les portes principales étaient flanquées de tours à base talutée encadrant un passage voûté ou à ciel ouvert barré de portes et de herses.

Rive gauche

Détail du plan de Mérian (Paris) en 1615, montrant la Tour de Nesle, le mur, la porte de Buci ainsi que l'Abbaye de Saint-Germain-des-Prés.

À l'origine, la Rive gauche ne possédait que cinq portes ouvrant la ville sur les axes de circulation principaux qui ralliaient le Paris d'alors:

En 1420 fut aménagée une nouvelle porte en direction de Saint-Germain-des-Prés reprenant le nom de l'ancienne porte plus au nord:

  • La porte des Cordeliers ou porte de Buci (à l'angle de la rue Monsieur le Prince et de la rue Dupuytren)

Enfin, à la fin du XIIIe siècle, une poterne fut aménagée à l'est de la porte Saint-Jacques :

  • La porte Papale ou porte Sainte-Geneviève (à l'extrémité de l'actuelle rue d'Ulm)

Rive droite

Carte de Sebastian Münster de 1572 représentant Paris. En bleu, l'enceinte de Philippe Auguste, doublée sur la Rive droite de l'enceinte de Charles V

La Rive droite bénéficiait de six portes principales lors de l'édification de l'enceinte:

En outre, deux poternes viennent compléter la liste entre la porte Saint-Anthoine et la Seine, ainsi que:

Au cours du XIIIe siècle, d'autres poternes vinrent s'ajouter :

Enfin, une dernière porte fut ajoutée en 1280 :

Vestiges

Un reste de l'enceinte de Philippe Auguste dans le parking Mazarine, rue de l'Ancienne-Comédie
La plus longue portion encore existante se situe à l'angle de la rue Charlemagne et de la rue des Jardins-Saint-Paul.

L'enceinte étant devenue quasiment invisible aux yeux du passant non-averti depuis le XVIIe siècle, il n'en reste pas moins qu'il est encore possible d'en apercevoir certaines portions. Il faut cependant savoir qu'en raison de l'absorption du mur par les habitations environnantes (courtine utilisée comme mur d'appui, tour utilisée comme cage d'escalier...), les vestiges sont souvent difficilement repérables. Une grande partie d'entre eux sont situés sur des propriétés privées, non accessibles au public.

Il existe cependant certaines portions visibles depuis la chaussée publique :

  • rue du Louvre : au niveau du n°9 il est possible d'apercevoir l'envers d'une tour (c'est à dire le parement intérieur), ainsi que la base (endroit) de celle-ci au niveau du n°11, mise à jour lors des travaux de percement d'un puits d'aération de la ligne ligne 14 du métro (Météor).
  • rue des Francs-Bourgeois : au niveau de l'étroite entrée située entre les n° 57 et 59 donnant sur la cour du Crédit municipal de Paris, il est possible d'apercevoir depuis la voie publique une tour en brique datant du XIXe siècle dont la base est médiévale. Le visiteur remarquera aussi deux lignes tracées dans le pavage de la cour, signalant l'emplacement de la courtine, rasée depuis.
  • à l'angle des rue Charlemagne et rue des Jardins-Saint-Paul est visible la plus longue portion (60 mètres) conservée. Y est visible le quart de la tour Montgomery du nom du capitaine de la garde écossaise de Henri II qui y aurait été emprisonné après avoir accidentellement tué le roi lors d'une joute. Cette tour devait être flanquée d'une autre afin de défendre la poterne Saint-Paul. Au milieu du terrain de sport se trouve enfin une autre tour restaurée. Le visiteur remarquera enfin la courtine mesurant 7,60 mètres de hauteur, reliant les deux tours. De nombreuses marques de tâcherons y sont visibles.
  • rue Clovis, entre les n° 1 et 5, est visible l'une des parties les mieux conservées de la courtine. Cependant, la partie où le chemin de ronde originel est praticable, inséré dans les propriétés privées, n'est pas accessible au public.

Voir aussi

Liens internes

Bibliographie

  • Danielle Chadych et Dominique Leborgne : Atlas de Paris, Parigramme, 2002 (ISBN 2840962497).
  • Jacques Hillairet : Dictionnaire historique des rues de Paris.
  • John W.Baldwin : Paris, 1200, Aubier, collection historique, 2006 (ISBN 2700723473).

Lien externe

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Notes et références

  1. a , b  et c John W.Baldwin : Paris, 1200, Aubier, collection historique, 2006, p. 43-51
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