- Dictature des colonels
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Histoire de la Grèce
Préhistoire de la Grèce -3200 Civilisation cycladique -2700 Civilisation minoenne -1550 Civilisation mycénienne Grèce antique -1200 Siècles obscurs -800 Époque archaïque -510 Époque classique -323 Époque hellénistique -146 Grèce romaine Grèce médiévale 330 Empire byzantin 1202 Quatrième croisade Grèce ottomane 1453 Chute de Constantinople 1799 République des Sept-Îles 1821 Guerre d'indépendance Grèce contemporaine 1832 Royaume de Grèce 1936 Régime du 4-Août 1941 Occupation 1946 Guerre civile 1967 Dictature des colonels 1974 République hellénique La dictature des colonels est le nom donné au pouvoir politique en place en Grèce de 1967 à 1974, qui provoqua en outre l'exil du roi Constantin II monté sur le trône en 1964. Cette dictature est issue de la prise du pouvoir par une junte d'officiers alors dominée par Yeóryos Papadópoulos.
Sommaire
Les origines
En 1963, les élections législatives sont remportées par l'Union des Centres de Georges Papandréou, vieux routier de la scène politique grecque (il a été ministre de l'Éducation du gouvernement d'Elefthérios Venizélos, opposant au régime de Metaxas, puis chef du gouvernement en exil du roi Georges II, à Alexandrie en 1944).
Fort de sa large victoire (53 % des voix), il décide d'épurer l'armée, très marquée à l'extrême droite. L'état-major, obnubilé par la menace communiste, soucieux de plaire aux États-Unis et inquiet pour lui-même, multiplie les manœuvres de déstabilisation.
Une vie politique instable
En juillet 1965, sous la pression de l'armée, le jeune roi Constantin II destitue Georges Papandreou après sa tentative de se placer à la tête du ministère de la Défense.
Cela fut rendu possible parce qu'un membre du parti de Georges Papandreou, Constantinos Mitsotakis fit sécession avec un nombre considérable des nouveaux élus. En Grèce, on parla d'« apostasie ». Ce même Mitsotakis devint Premier ministre en 1989.
Ce renversement de l'Union des Centres avait été rendu possible par des membres de ce même parti qui cherchaient à exercer le pouvoir pour leur propre compte. On assista alors à toute une série de gouvernements plus ou moins éphémères entre juillet 1965 et avril 1967.
Papandreou et Panagiotis Kanellopoulos, les leaders de l'Union des Centres et de l'ERE (Union Nationale Radicale, parti jusque là majoritaire) tentèrent de trouver un accord pour sortir de la crise qui menaçait de se prolonger. L'idée était de former un gouvernement qui expédierait les affaires courantes et organiserait de nouvelles élections. Cette solution ne put être mise en place à cause du coup d'État des colonels.
Le coup d'État des colonels
La monarchie est alors soutenue par les États-Unis, malgré son incapacité à moderniser le pays. Des troubles se développent devant le refus du roi de confier le pouvoir à la gauche.
Parmi les nombreux troubles se situent la mort du député Gregoris Lambrakis et celle de l'étudiant Sotiris Petroulas. L'affaire Lambrakis a fait ensuite l'objet d'un livre, puis d'un film : Z.
Ces troubles politiques aboutirent au coup d'État des colonels le 21 avril 1967.
Ce 21 avril, des officiers emmenés par le colonel Yeóryos Papadópoulos prennent le pouvoir par la force et abolissent la constitution. Leur tâche fut facilitée par la désorganisation du monde politique, le discrédit des institutions et l'inertie du palais royal.
En décembre 1967, le roi tenta de reprendre la main par un contre-coup d'État avec le soutien de généraux. Son échec obligea le roi Constantin II à s'exiler avec sa famille à Rome. Le Royaume de Grèce demeura cependant jusqu'en 1973 la forme officielle de l'État, les dirigeants successifs de la junte s'attribuant le titre de régents.
La junte
Membres de la junte :
- Geórgios Papadópoulos, colonel au « Bureau d'études militaires » ;
- Stylianós Pattakós, général de brigade ;
- Nikolaos Makarezos, colonel, ancien attaché militaire de l'ambassade grecque à Rome ;
- Dimítrios Ioannídis, général
La dictature
Pour conserver et consolider leur pouvoir, les colonels cherchèrent à éliminer toute forme d'opposition et de contestation. Dès le coup d'État, des personnalités politiques, principalement de gauche, mais aussi des libéraux et de simples défenseurs des droits de l'homme, furent persécutés. Nombre de militaires et de fonctionnaires furent révoqués afin de permettre aux colonels de disposer d'instruments de gouvernement idéologiquement conformes aux « principes du régime ». Les opposants politiques étaient mis en résidence surveillée, emprisonnés, déportés sur des îles désertes de l'Égée, mais aussi parfois torturés[1].
Des gouvernements plus ou moins fantoches se succédèrent afin de laisser croire qu'une vie politique continuait à exister et que le pouvoir n'était pas détenu par les seuls colonels et principalement par Y. Papadópoulos. Malgré la censure, de nombreuses manifestations contre le régime eurent lieu.
Ainsi, 1968 fut une année difficile pour la dictature. Aléxandros Panagoúlis tenta d'assassiner le colonel Papadópoulos. Il fut condamné à mort. Une très forte mobilisation de l'opinion publique internationale permit d'éviter son exécution. Les obsèques de Georges Papandreou, décédé en résidence surveillée, furent l'occasion de grandes manifestations contre le régime.
À l'étranger aussi, les Grecs en exil politique organisaient des manifestations contre la dictature. Ainsi, en 1969, la Grèce fut exclue du Conseil de l'Europe. Dès 1967, l'accord d'association qui liait la Grèce à la Communauté européenne avait été suspendu.
Le 29 juillet 1973, le régime organisa un plébiscite qui aboutit à l'abolition de la monarchie et à la proclamation de la République, dont Papadópoulos prit le titre de président.
La fin de la dictature
La crise chypriote fut fatale au régime des colonels, déjà affaibli par une forte protestation, des étudiants principalement (occupation de l'École Polytechnique (Politechnion), évacuée par les chars le 17 novembre 1973 malgré l'opposition de son recteur Constantin Conophagos).
Les événements du Politechnion ne furent pas seulement une révolte étudiante mais une révolte populaire, dans la rue se trouvaient des gens de toutes les conditions. Le 17 novembre les dictateurs firent marcher les chars sur l'université. Mais c'est la crise chypriote, à l'été 1974, qui provoqua la chute de la junte militaire grecque (la “khounta”).
Lors du coup d'état du 15 juillet 1974, l'EOKA B, une organisation paramilitaire chypriote grecque soutenue par le chef de la dictature Dimitrios Ioannidis, renversa Mgr Makarios et tenta d'instaurer une dictature à Chypre sur le modèle de celle des colonels grecs. En réaction à cette rupture du fragile équilibre qui existait entre les communautés grecque et turque, 5 jours plus tard, le 20 juillet, les troupes turques envahirent le Nord de l'île conduisant à la partition de Chypre en deux états.
Culture
Le film Z de Costa-Gavras traite de la période d'instabilité qui précéda la dictature.
Notes et références
- Françoise Sironi et Raphaëlle Branche, « La torture aux frontières de l’humain », Revue internationale des sciences sociales, n° 174 2002/4, p. 591-600. [lire en ligne] [PDF]
Voir aussi
Articles connexes
- Gust Avrakotos, agent de la CIA en poste à Athènes durant cette période
- Liste de coups d'État en Grèce
Bibliographie
- J.F. Chauvel, La Grèce à l`ombre des épées, Laffont, 1968, 281 pages.
- Nathalie Katinakis, "Mélina Mercouri et Mikis Théodorakis: les derniers héros grecs", L'Harmattan, 2011, 272 pages.
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