Dassault Mirage III

Dassault Mirage III
Pix.gif Dassault Mirage IIIC Silhouette d’un avion militaire.
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Un Mirage IIIE de l'Escadron de Chasse 2/4 La Fayette

Constructeur Drapeau : France Dassault Aviation
Rôle Avion de chasse
Premier vol 12 juin 1956
Mise en service 1961
Date de retrait 1994 en France
2000 en Suisse
Nombre construits 870
Équipage
1 pilote
Motorisation
Moteur IIIC : Snecma Atar 9B
IIIE : Snecma Atar 9C 6000kg de poussée
Nombre 1
Type Turboréacteur avec postcombustion
Poussée unitaire 58 kN
Dimensions
280px
Envergure 8,22 m
Longueur 14,77 m
Hauteur 4,25 m
Surface alaire 34,85 m2
Masses
À vide 5 922 kg
Maximale 11 700 kg
Performances
Vitesse maximale 2 230 km/h (Mach 2,15)
Plafond 16500 m
Vitesse ascensionnelle 5 000 m/min
Rayon d’action 1 200 km
Armement
Interne 2 canons DEFA de 30 mm
Externe 3 000 kg de charge (missiles, roquettes, bombes, réservoirs, etc.)

Le Mirage III est un avion multirôle conçu par le constructeur aéronautique français Dassault Aviation à la fin des années 1950. C'est le premier avion de combat de conception européenne capable de dépasser une vitesse de Mach 2 en vol horizontal.

Le Mirage III a donné lieu à de nombreuses variantes et a rencontré un succès notable à l'export avec 21 pays utilisateurs et 1 401 exemplaires construits (si l'on prend en compte les versions désignées Mirage 5). La Suisse, l'Australie et la Belgique l'ont construit sous licence. Israël a réalisé localement des avions basés sur le Mirage III (Nesher et Kfir).

Alors que les premiers Mirage ont été livrés au début des années 1960, de nombreux exemplaires étaient encore en service de par le monde au début du XXIe siècle, soit 40 ans plus tard. Ils ont généralement été largement modernisés.

Sommaire

Conception

Du MD550 Mystère Delta au Mirage III

Début 1953, l'Armée de l'Air française établit la fiche technique d'un avion de chasse léger (4 tonnes à vide) pouvant monter à 15 000 mètres en 4 minutes et atteindre Mach 1,3 en palier. Sept constructeurs répondent, notamment Dassault avec le MD 550 Mystère Delta, un petit biréacteur à aile delta propulsé par deux réacteurs Armstrong-Siddeley (en) Viper de 795 kg/p (devant être construits sous licence sous la désignation MD 30R), et équipé d'une fusée SEPR.66 de 1 500 kg/p fournissant une accélération supplémentaire pour la montée. Deux prototypes sont commandés en mars 1954, le second devant être propulsé par deux réacteurs Turbomeca Gabizo de 1 090 kg/p et deux fusées de 750 kg/p.

Le premier vol du MD 550-01 a lieu le 25 juin 1955 et les essais durent 6 mois, durant lesquels le prototype reçoit quelques modifications et atteint Mach 1,3 en vol horizontal et Mach 1,6 avec la fusée SEPR. En février 1956, l'avion reçoit la nouvelle désignation de Mirage. En juillet 1956, l'Armée de l'Air française modifie son appel d'offre et abandonne le développement des prototypes. Le MD 550-02 restera inachevé, mais Dassault finance malgré tout sur ses fonds propres un MD 550-03 qui reprend la voilure du 02 avec un fuselage rendu conforme à la loi des aires et un réacteur SNECMA Atar 101-G de 4 400 kg/p. Ce MD 550-03 est désigné Mirage III, le 02 recevant rétrospectivement la désignation Mirage II et le 01 celle de Mirage I.

Le premier vol du prototype Mirage III 001 a lieu le 17 novembre 1956. Le 19 septembre 1957, le prototype atteint Mach 1,8 en vol horizontal avec sa fusée SEPR. La vitesse est alors limitée par la forme des entrées d'air, jusqu'à ce que des cônes mobiles (ou « souris « ) soient installés en juillet 1957. L'avion est surnommé officieusement Balzac par les équipes du constructeur.

Du prototype aux avions de série

Le Mirage III A conservé au musée du Bourget
Nez du Mirage IIIR : plus fin que celui du chasseur, comporte plusieurs ouverures vitrée pour les caméras moyenne résolution.
Cockpit d'un simulateur Mirage III de l'armée de l'air suisse

Dès le mois de mai 1957, 10 avions de pré-série avaient été commandés. Désignés Mirage IIIA, ces avions sont légèrement plus grands pour permettre de loger tous les équipements nécessaires : le fuselage est allongé de 1,40 mètre et l'envergure augmentée de 0,64 mètre. Le premier exemplaire de pré-série fait son envol le 12 mai 1958. Au cours des essais, l'avion atteindra finalement Mach 2,2 (en utilisant la fusée d'accélération) et devient ainsi le premier avion de conception européenne capable de dépasser Mach 2 en vol horizontal.

Pendant la phase d'essais, chacun des 10 exemplaires participe à une phase particulière du programme, afin d'accélérer la mise au point. En juin 1959, le Mirage IIIA numéro 3 établit un nouveau record de vitesse en circuit fermé de 100 km. Un accident causera la perte du numéro 5 en octobre 1960.

La production en série se décline en 4 versions principales :

  • Mirage III B (biplace d'entraînement, premier vol le 20 octobre 1959)

Le fuselage est allongé de 58 cm pour installer un second siège, et il n'emporte ni canons ni radar. Après l'apparition du Mirage IIIE, cette version sera remplacée par le Mirage IIIBE équipé du radar de navigation mais toujours sans radar de tir, reconnaissable à son nez effilé.

  • Mirage III C (interception, premier vol le 9 octobre 1960)

Version équipée d'un radar de tir Cyrano I bis et du réacteur Atar 9B de 6 000 kg/p. Les livraisons commencent en juillet 1961 et le premier escadron est déclaré opérationnel en janvier 1962. L'avion souffre cependant de quelques défauts de jeunesse, notamment un train d'atterrissage un peu fragile, ce qui entraîne plusieurs interdictions de vol temporaires. Deux points d'emport supplémentaires seront par la suite ajoutés sous les ailes.

  • Mirage III E (attaque au sol tous temps à basse altitude, premier vol le 5 avril 1961)

Le fuselage est allongé de 30 cm pour augmenter la taille du compartiment avionique et la capacité en carburant. Un radar de navigation est installé sous le poste de pilotage, couplé à une centrale de navigation et un récepteur TACAN. Le radar de tir est un Cyrano II avec des modes air-sol. Le réacteur est un Atar 9C de 6 400 kg/p avec une nouvelle tuyère.

  • Mirage III R (reconnaissance, premier vol le 31 octobre 1961)

Il dispose du fuselage allongé du III E mais pas de son radar de navigation, tandis que le nez accueille 5 caméras optiques OMERA qui peuvent être employées de jour comme de nuit. Les canons ne sont pas montés en temps normal, mais peuvent être installés si nécessaire. Une version Mirage IIIRD équipée du radar de navigation apparaît dans la seconde moitié des années 1960.

Si les premiers exemplaires sont évidemment destinés à Armée de l'Air française, les commandes à l'export ne tardent pas. Les victoires obtenues par les Mirage III israéliens font une publicité supplémentaire à l'avion. A la fin des années 1960 apparaît le Mirage 5, une version simplifiée destinée initialement à l'attaque au sol par temps clair.

Article détaillé : Dassault Mirage 5.

Vente des plans à Israël

Article détaillé : affaire Frauenknecht.
L'IAI Kfir, copie israélienne du Mirage IIIS.

Alfred Frauenknecht a vendu les plans du Mirage IIIS, version Suisse sous licence Dassault, au marché noir à Israël qui en a fabriqué une copie l'IAI Kfir.

Carrière

En Afrique du Sud

Un Mirage IIICZ sud africain

L'Afrique du Sud reçoit ses premiers Mirage III fin 1962 et, dix ans plus tard, se trouve équipée au total de 3 Mirage IIIBZ (biplaces), 16 Mirage IIICZ (monoplaces), 14 Mirage III DZ (biplaces), 17 Mirage III EZ (monoplaces), et 8 Mirage III RZ (monoplaces). Les 15 derniers avions livrés (désignés Mirage III D2Z et R2Z) auraient été équipés d'un réacteur Atar 9K50.

Ne pouvant remplacer ces avions en raison de l'embargo total sur les armes imposé par l'ONU[1], l'Afrique du Sud charge les ingénieurs de la société locale Atlas de les moderniser au début des années 1980. Ce programme de modernisation donne naissance au Cheetah.

Article détaillé : Atlas Cheetah.

À l'exception des avions transformés en Cheetah, tous les Mirage III sont retirés du service en 1990.

En Australie

Deux Mirage IIIO australiens, dont un biplace au premier plan
Mirage IIIO(F) (fighter) du Royal Australian Air Force (2 Operational Conversion Unit).

En 1960, l'Australie choisit le Mirage III pour remplacer ses vieux F-86 Sabre au sein de la Royal Australian Air Force, de préférence au Lockheed F-104 Starfighter. Ayant cependant émis le souhait d'équiper le Mirage du réacteur Rolls-Royce Avon utilisé par ses autres avions de combat, un Mirage IIIA est modifié pour mener les essais nécessaires. Le premier vol avec ce réacteur a lieu le 13 février 1961 mais, bien que les performances soient nettement améliorées, le coût d'adaptation s'avère trop élevé et l'Australie renonce à cette modification pour conserver le Atar 9C.

Un contrat de fabrication sous licence est alors signé, prévoyant une montée en puissance progressive de la part de fabrication australienne dans l'assemblage des avions. Ainsi, les deux premiers exemplaires sont entièrement fabriqués en France, l'assemblage des deux suivants est terminé en Australie, et les premières pièces produites localement sont intégrées à partir du 16e exemplaire. Les exemplaires australiens reçoivent la désignation Mirage IIIO et sont équivalents aux Mirage IIIE français, bien qu'ils intègrent environ 180 modifications pour la plupart mineures.

Le premier des deux Mirage IIIO fabriqués en France fait son vol inaugural le 14 février 1963. Ils doivent être suivis par 48 exemplaires destinés à des missions de chasse/interception (Mirage IIIOF) et 50 exemplaires destinés à des missions d'attaque au sol (Mirage IIIOA). Finalement, fin 1968, il est décidé de mettre tous les avions au standard Mirage IIIOA. En complément, 16 biplaces (Mirage IIID) destinés à l'entraînement sont produits en deux lots : un premier de 10 avions en 1966/1967 et le second de 6 avions en 1973/1974.

Le premier escadron sur Mirage IIIO est déclaré opérationnel en août 1965. Les Mirage sont progressivement remplacés par des F-18 Hornet à partir de 1985. L'avion est officiellement retiré du service en octobre 1988, et le dernier vol d'un Mirage australien a lieu le 8 février 1989. En 23 ans de carrière, environ 40 avions ont été perdus lors d'accidents. En 1990, le Pakistan a racheté d'occasion 50 des Mirage restants (43 monoplaces et 7 biplaces)[2].

Au Brésil

En mai 1970, le Brésil commande 13 Mirage IIIEBR et 4 biplaces Mirage IIIDBR qui sont livrés entre octobre 1972 et mai 1973 à la Force aérienne brésilienne. Ces avions sont complétés par une quinzaine d'exemplaires (rachetés d'occasion à l'Armée de l'Air française par petits lots entre 1980 et 1999) pour compenser les pertes. Au total, le Brésil recevra finalement 32 Mirage III, désignés localement F-103.

En 1989/1990, les Mirage brésiliens subissent un premier programme de modernisation consistant, entre autres, à installer des plans canards. En 1997, ils sont à nouveau modifiés par ajout de lance-leurres et de la capacité de tir du missile israélien Python 3. Les Mirage sont finalement retirés du service en décembre 2005, après 33 ans de carrière et plus de 67 000 heures de vol.

En Espagne

L'Espagne commande 24 Mirage IIIEE et six biplaces Mirage IIIDE en 1968. Destinés à la fois à la défense aérienne et à l'attaque au sol, les avions sont livrés entre 1970 et 1972. Leur désignation locale officielle est C.11 pour les monoplaces, CE.11 pour les biplaces. Les Mirage espagnols ne seront jamais employés au combat, même s'ils seront déployés brièvement aux îles Canaries en novembre 1975, suite à la marche Verte organisée par Hassan II pour récupérer le Sahara occidental alors possession de l'Espagne.

En 1987, le choix par l'Espagne du F-18 Hornet annonce la prochaine disparition des Mirage III mais, en raison de la réduction du nombre de F-18 commandés, un programme de modernisation est malgré tout envisagé. L'industrie aéronautique espagnole remporte le contrat en décembre 1988, avec une proposition proche des Kfir israéliens. Alors que les travaux de conversions de quelques C.11 en C.11(M) ont commencé, le gouvernement annule finalement le projet en juillet 1990.

Les Mirage III sont définitivement retirés du service en 1992. En 22 ans de carrière, 6 monoplaces et 2 biplaces ont été perdus lors d'accidents.

En France

Un Mirage IIIR du 3/33 Moselle

La France commande 100 exemplaires du Mirage IIIC en octobre 1958. Les livraisons se font de d'octobre 1960 à novembre 1962, mais seulement 95 avions rejoindront l'Armée de l'Air française tandis que les 5 restants sont utilisés pour développer les autres versions du Mirage III. L'Escadron de chasse 1/2 Cigognes à Dijon est la première à être déclarée opérationnelle sur cet avion, en janvier 1962, et quatre autres unités seront équipées. Les Mirage IIIC sont progressivement remplacés par des Mirage F1 à partir de 1974, mais les derniers exemplaires ne sont retirés du service qu'en août 1988.

56 Mirage IIIB seront livrés entre juillet 1962 et janvier 1966. Les biplaces seront répartis à raison de 2 exemplaires par unité dotée de monoplaces, en complément d'un escadron spécifique destiné à la formation des nouveaux pilotes. La France recevra également 5 Mirage IIIB1 destinés à des essais en vol et 10 Mirage IIIB2 équipés de la perche de ravitaillement du Mirage IV, destinés à entraîner les pilotes au ravitaillement. Enfin, 20 Mirage IIIBE seront livrés à partir de 1971.

Entre 1964 et 1976, l'Armée de l'Air française reçoit 192 Mirage IIIE. L'Escadron de chasse 2/13 Alpes de Colmar est la première unité déclarée opérationnelle, en avril 1965. Certaines unités déjà équipées de Mirage IIIC reçoivent le IIIE à la place, cédant alors leurs intercepteurs à d'autres unités. Les autres Mirage IIIE sont affectés à des unités d'attaque/bombardement « tous temps » ou de frappe nucléaire tactique. Dans ce dernier cas, le IIIE est armé d'une bombe atomique AN52 de 15 kilotonnes. À partir de 1984, les Mirage IIIE sont progressivement remplacés par des Mirage 2000. La dernière unité sur Mirage IIIE sera l'Escadron de chasse 3/3 Ardennes, qui les conservera jusqu'en 1995.

Les livraisons des 50 Mirage IIIR et 20 Mirage IIIRD se font de 1963 à 1967. Ces avions équipent la 33e Escadre de Reconnaissance, alors installée sur la Base aérienne 124 Strasbourg-Entzheim et seule unité de l'Armée de l'Air française consacrée à la reconnaissance tactique. Ces avions sont remplacés par des Mirage F1CR à partir de 1983.

À partir de 1995, alors que tous les Mirage III ont quitté les unités opérationnelles, seul le Centre d'Essais en Vol de Cazaux conserve encore quelques avions de ce type. Le dernier vol d'un Mirage III français a lieu le 25 novembre 2005.

En Israël

Articles détaillés : IAI Nesher et IAI Kfir.
Dessin d'un Mirage IIICJ montrant le camouflage adopté à partir de 1969

En 1959, Israël envoie un de ses meilleurs pilotes essayer le Mirage IIIA. Son compte-rendu est enthousiaste, et le Mirage III reçoit alors le surnom qu'il gardera pendant sa carrière israélienne : Shachak (coup de foudre). Ezer Weizman, alors commandant en chef de la Force aérienne et spatiale israélienne, cherchait un chasseur bombardier et non un intercepteur. En conséquence, les Mirages III israéliens ne furent pas équipés du moteur fusée SEPR 841, l'espace gagné étant utilisé pour emporter les canons de 30 mm et du carburant supplémentaire[3]. Une commande pour 72 Mirage IIICJ et 5 Mirage IIIB ainsi que 2 mirage IIIR est signée en 1960.

Les avions sont livrés entre avril 1962 et 1968 et permettent d'équiper 5 escadrons. Malgré les très bons résultats obtenus par les pilotes israéliens pendant la Guerre des six jours, un certain nombre de défauts sont constatés, concernant la fiabilité du réacteur et du radar, ainsi que le tir au canon. Des modifications locales sont alors apportées pour corriger une partie de ces problèmes. En particulier, les Mirage IIICJ recevront au début des années 1970 le réacteur Atar 9C-3 en remplacement de l'Atar 9B. Quelques Mirage IIICJ furent modifiés temporairement pour effectuer des missions de reconnaissance, recevant alors un nez totalement modifié pour embarquer les équipements nécessaires.

Les Mirage III israéliens sont retirés du service au début des années 1980. En 20 ans de carrière, les pertes au combat et suite à accident sont estimées à environ 50 exemplaires. L'Argentine rachète d'occasion 19 monoplaces et 3 biplaces en 1982.

Suite à l'embargo français, Israël ne recevra jamais les Mirage 5 qu'il avait commandés en 1966. En conséquence, ce pays construira lui-même (sans licence) le Nesher (copie pure et simple du Mirage 5) puis le Kfir (version améliorée avec un réacteur General Electric J79 américain).

Au Liban

Ayant commandé 12 avions (10 monoplaces et 2 biplaces), le Liban reçoit ses premiers Mirage III en avril 1968, et les derniers en 1969. Ces avions sont affectés au squadron 5 jusqu'en 1973, puis au squadron 4 par la suite. Les Mirage libanais effectuent quelques rares missions de combat dans les années 1970 puis, alors que la guerre civile ravage le pays, sont stockés à partir de 1978 en attendant des jours meilleurs. Entre temps, un monoplace et un biplace ont été perdus lors d'accidents. Les 10 avions restants ne devaient cependant plus jamais reprendre l'air sous les couleurs libanaises, et sont finalement revendus au Pakistan en 2000. Ils ont été remis en service avec l'armée de l'air Pakistanaise.

Au Pakistan

Le Pakistan a reçu ses premiers Mirage III en 1968. A la commande initiale de 18 Mirage IIIE, 13 Mirage IIIR de reconnaissance et 3 Mirage IIID d'entraînement est venue s'ajouter quelques années plus tard celle de 64 Mirage 5 dans différentes configurations. En 1990, le Pakistan a racheté d'occasion 50 avions à l'Australie puis, un peu plus tard, 24 autres à l'Espagne et 9 au Liban. Enfin, 40 Mirage 5 retirés du service par la France ont été remis à niveau et livrés progressivement à partir de 1996. Au final, avec environ 180 exemplaires en service dans 5 unités, le Pakistan était devenu au début des années 2000 le plus gros utilisateur de Mirage III et 5. Preuve supplémentaire de l'effort de ce pays pour maintenir ces avions en service, il a racheté pour pièces 50 avions et 150 moteurs à la Libye en 2004[4].

Les dernières acquisitions ont été effectuées dans le cadre d'un gros programme de modernisation lancé au début des années 1990 et désigné ROSE (Retrofit Of Strike Element)[5]. Il comprend un remplacement complet de l'avionique avec l'ajout d'un nouveau viseur tête haute, d'un nouveau système de navigation et de tir (incluant une centrale à inertie), d'un détecteur d'alerte radar et de lance-leurres. L'installation d'un radar italien Griffo-M et la capacité de tir du missile AIM-9 Sidewinder furent ajoutés par la suite.

Ce standard ROSE-I aurait concerné 45 Mirage III. De leur côté, les 40 Mirage 5 rachetés à la France ont été portés par SAGEM au standard ROSE-II, sans le radar Griffo mais avec un FLIR. D'autres améliorations seraient prévues, notamment avec un standard ROSE-III.

En Suisse

Radar Taran 18 des Mirage IIIS
Avant d'un Mirage IIIRS, montrant les plans canards

Les Mirages IIIS, BS et RS

A la fin des années 1950, la Suisse est à la recherche d'un avion de chasse moderne pour remplacer ses De Havilland Vampire, devenus totalement obsolètes. Elle commande des Hawker Hunter en janvier 1958, mais ceux-ci sont déjà dépassés par une nouvelle génération d'avion capable de voler à Mach 2. Une campagne d'évaluation est alors menée, opposant le Saab 35 Draken, le Lockheed F-104 Starfighter, le Fiat G-91, le Grumman F-11F Super Tiger et le Mirage III. Ce dernier est finalement retenu en 1961, et des crédits débloqués pour 100 exemplaires qui doivent être intégralement construits sous licence en Suisse (y compris les réacteurs).

En attendant le lancement de la fabrication, un Mirage IIIC est acheté en 1962 et deux biplaces Mirage IIIBS en 1964. Cependant, les nombreuses modifications envisagées sur les exemplaires de série (Radar Hughes TARAN-18 à la place du Cyrano, modification du train d'atterrissage avant pour faciliter l'utilisation dans les installations souterraines, installation de canons de 30mm d'origine suisse, adaptation de fusées JATO d'assistance au décollage, etc...) et la mise à niveau des machines-outils nécessaire pour pouvoir usiner les pièces font exploser le budget prévu et provoquent un scandale national. Une commission d'enquête parlementaire est instituée, plusieurs militaires de haut rang et un conseiller fédéral contraints à la démission. Finalement, le budget sera légèrement augmenté mais la commande réduite à seulement 57 exemplaires.

36 Mirage IIIS (chasse/interception) ont été livrés entre 1966 et 1969, 17 Mirages IIIRS (reconnaissance) entre 1968 et 1970, complétés par 2 Mirage IIIBS (biplaces d'entraînement) en 1971. En 1983, deux biplaces supplémentaires sont achetés. Entre 1988 et 1992, les Mirage suisses subissent une remise à niveau : ajout de plans canards et de lance-leurres, installation d'un nouveau siège éjectable. Ils reçoivent également un nouveau camouflage en deux teintes de gris à cette occasion.

Lorsque, fin 1997, une première unité de l'armée de l'air suisse devient opérationnelle sur F-18 Hornet, les jours du Mirage sont comptés : les 29 Mirage IIIS restants sont réformés le 31 décembre 1999, suivis exactement 4 ans plus tard par les 16 Mirage IIIRS et 4 Mirage IIIBS. De 1966 à 1999, 10 avions auront été perdus lors d'accidents.

Le Milan

Fin 1967, à la demande de la Suisse, Dassault lance des études pour une version plus manœuvrable du Mirage : le Milan. L'idée est d'ajouter des petites surfaces rétractables à l'avant de l'avion pour réduire la distance de décollage et la vitesse d'approche lors de l'atterrissage, mais par contre augmenter le taux de virage et la charge utile. Des essais sont réalisés sur un Mirage 5 modifié en 1968 (surfaces non rétractables), puis sur un Mirage IIIR modifié en 1969 (surfaces rétractables) et désigné Milan 01. Un prototype réel est ensuite construit, à partir d'un Mirage IIIE équipé du réacteur Atar 9K50 du Mirage F1 et d'un système d'armes amélioré. Le premier vol a lieu le 29 mai 1970 et le Milan participe à une campagne d'essais en Suisse en 1972. Le projet est abandonné en 1976, lorsque la Suisse décide d'acheter des F-5E Tiger II.

Engagements

Un Mirage III israélien avec 13 marques de victoire

Le Mirage III fut engagé au combat pour la première fois par Armée de l'air israélienne pendant la guerre des Six Jours, en juin 1967. Les Mirage israéliens effectuaient plus de douze sorties par jour. Étant donné que l'appareil semblait être très supérieur à tous les autres, les armées de Jordanie, de l'Égypte et de la Syrie pensaient que l'avion était secrètement développé et produit par les États-Unis et le Royaume-Uni.[réf. nécessaire]

Le Pakistan a engagé ses Mirage III lors de la Troisième Guerre indo-pakistanaise en 1971, obtenant au moins 3 victoires aériennes[6].

La guerre de Kippour (1973) vit s'opposer des Mirages israéliens et arabes, ce qui conduisit les Israéliens à peindre très rapidement des triangles orange sur les ailes de leurs avions afin de permettre leur identification immédiate, et d'éviter des confusions tragiques lors des combats aériens.

Entre 1978 et 1982, l'Afrique du Sud a engagé ses Mirage III pendant la Border War avec l'Angola[7]. Les Mirage y ont effectué des missions d'attaque, de supériorité aérienne et de reconnaissance.

Un Mirage III C de l'armée argentine

L'Argentine engagea ses Mirages III EA et ses Dagger pendant la guerre des Malouines (1982), pour des missions d'attaque anti-navire et de combat aériens.

Variantes

Avions de série

  • Mirage III 001 : Prototype dérivé du Mirage I (réacteur Atar 101G-1 de 44 kN)
  • Mirage IIIA : version de présérie avec réacteur Atar 9B de 59 kN et augmentation de la voilure (passe de 29 à 34,85 m2)
  • Mirage IIIB : version d'entraînement
    • Mirage IIIB-1
    • Mirage IIIB-2 (ou Mirage IIIB-RV) : avec perche sèche
    • Mirage IIIBS : version d'entraînement Suisse
  • Mirage IIIC : version de série en avion d'interception (masse maximum de 11 800 kg)
    • Mirage IIICJ : version d'exportation destinée à Israël
    • Mirage IIIS : version Suisse
    • Mirage IIICZ : version d'exportation destinée à l'Afrique du Sud
  • Mirage IIIE : version d'attaque tout temps avec turboréacteur Atar 9C-3 de 59 kN (masse maximum de 13 700 kg)
    • Mirage IIIBE : version d'entraînement
    • Sous versions d'exportation du Mirage IIIE
Mirage IIID australien
  • Mirage IIID : version d'exportation d'entraînement
  • Mirage IIIR : version de reconnaissance avec une caméra dans le nez
    • Mirage IIIRD : version améliorée (basée sur le E, dotée d’un radar doppler)
    • Versions d'exportation du Mirage IIIR
  • Mirage 5 et Mirage 50 :
Article détaillé : Dassault Mirage 5.

Prototypes

  • Mirage III NG : avion équipé de commandes de vol électriques dérivées de celles du Mirage 2000, de plans canard fixes, d'une perche de ravitaillement en vol et d'un réacteur Atar 9K50. Le premier vol eu lieu le 21 décembre 1982, mais aucun acquéreur ne se montrera intéressé
  • Mirage IIIT : banc d'essai en vol du réacteur SNECMA TF104 puis TF106 (Pratt & Whitney JT10 construit sous licence) destiné au Mirage IIIV. Il fait son premier vol le 4 juin 1964 et est testé jusqu'en 1966.
  • Balzac V : avion à décollages et atterrissages verticaux subsonique basé sur le Mirage III 001, destiné à valider la formule retenue pour le Mirage IIIV avant le développement des moteurs définitifs prévus pour cet avion.
  • Mirage IIIV : avion à décollages et atterrissages verticaux capable de voler à Mach 2.

Autres caractéristiques

Moteur fusée SEPR 841

Le Mirage III C avait la possibilité d'utiliser un moteur fusée SEPR 841 de 16 kN, permettant de fournir une puissance supplémentaire de 1 500 kg/p pendant 80 secondes. Cette fusée était utilisée lors de la montée après le décollage, pour les missions d'interception à haute altitude (plus de 20 000 m). Installée à l'arrière sous le fuselage arrière, elle ne nécessitait pas de retirer les canons, puisque ceux-ci étaient placés à l'avant, à l'emplacement de la soute avant (330 l de kérosène). Son utilisation était relativement dangereuse tant à cause des risques d'explosion ou d'incendie que de la nature des combustibles et comburants utilisés (notamment l'acide nitrique). Si la fusée n'était pas montée, ce qui était généralement le cas, l'avion recevait alors une soute arrière contenant 550 l de carburant.

La fusée SEPR 841 fut testée à partir de 1959 sur le deuxième Mirage III de série, avant d'être mise en service fin 1961. Un modèle SEPR 844, qui avait l'avantage de pouvoir utiliser le même kérosène que le réacteur Atar comme combustible, commença à être testé en 1962. Il fut mis en service à partir de 1967 sur les Mirage IIIE.

La mise en œuvre du moteur fusée SEPR 841 est décrite dans un épisode de la bande dessinée Tanguy et Laverdure (Escadrille des Cigognes, paru en 1964) et dans la série Les Chevaliers du ciel qui relatait les aventures des deux héros.

Culture populaire

Annexes

Bibliographie

Notes et références

  1. À cause de l'Apartheid, un embargo total sur les armes est imposé par l'ONU à partir de novembre 1977 (Résolutions 417 et 418) et ne sera levé qu'en mai 1994 (Résolution 919)
  2. (en) http://www.paktribune.com/exclusive/exclusivedetails.php?id=65
  3. (en) Shlomo Aloni, Israeli Mirage and Nesher Aces, Oxford, Osprey Publishing, 2004, 59e éd. (ISBN 1-84176-653-4, 978-1-84176-653-9), p. 7-8 
  4. (en) http://pakistantimes.net/2004/07/06/top10.htm
  5. (en) http://www.pakdef.info/pids/paf/mirageupgrade.html
  6. combat armed force paf voyage at pafcombat.com
  7. (en) http://www.saairforce.co.za/the-airforce/history/saaf/the-border-war

Voir aussi

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