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Centrale nucléaire de Gravelines
La centrale nucléaire vue depuis la clôture qui délimite l'accès au publicAdministration Pays France Région Nord-Pas-de-Calais Département Nord Commune Gravelines Coordonnées Opérateur Électricité de France Année de construction 1974 Statut En fonction Réacteurs Fournisseurs Areva NP, Alstom Type REP Réacteurs actifs 6 x 910 MW Puissance nominale 5 460 MW Production d’électricité Production totale 1000 TWh Divers Source froide Mer du Nord Site web EDF : Gravelines Géolocalisation sur la carte : France
modifier La centrale nucléaire de Gravelines est une centrale nucléaire se situant sur la commune de Gravelines (Nord) à environ 20 kilomètres à l'ouest de Dunkerque, 25 km à l'est de Calais, 85 km au nord-ouest de Lille, principale ville de la conurbation transfrontalière Lille-Roubaix-Tourcoing-Mouscron qui constitue l'une des zones urbaines les plus peuplées de France et de Belgique (2 millions d'habitants).
Elle est refroidie par l'eau de la Mer du Nord. Elle est la plus importante centrale nucléaire d’Europe de l’ouest.
Sommaire
Historique
Le 5 mars 1974, le conseil des ministres français autorise le programme de douze tranches de neuf cent dix mégawatts de la filière Réacteur à Eau Pressurisée (R.E.P), dont quatre à Gravelines. Les travaux de la centrale gravelinoise commencent en mai 1974. Le couplage de la première tranche est effectué en mars 1980.
Fin des années 1970, la France devait livrer à l’Iran deux tranches du même type, mais suite à la révolution islamique de 1979, celles-ci sont construites à Gravelines. En août 1985, la sixième tranche est raccordée au réseau. Gravelines devient la centrale nucléaire la plus importante d’Europe de l'Ouest.
Le 8 septembre 2010, le cap des 1 000 milliards de kWh fournis au réseau électrique national par les 6 unités de la centrale nucléaire de Gravelines est franchi. C’est la première fois au monde, qu’une centrale nucléaire atteint ce niveau de production cumulée[1].
Puissance et production
La centrale dispose de six réacteurs de 900 MW (puissance électrique unitaire), dont deux sont entrés en service en 1980, deux en 1981 et deux en 1985. En 2006 ces réacteurs ont produit un total de 38,4 TWh d'électricité[2].
Disposant d'une puissante nette totale de 5 400 MW[3], la centrale de Gravelines est la seconde plus puissante d'Europe, après la Centrale nucléaire de Zaporijia, en Ukraine.
En 2005, avec 8,6 % de la puissance électronucléaire nationale, elle assurait, avec 38,14 TWh (Térawatt-heure) 8,1 % de la production nationale, grâce à 1 700 salariés et 300 entreprises sous-traitantes (près de 1 300 personnes). En appui, cette même année, l'ancienne centrale thermique EDF de Dunkerque a été remplacée par une nouvelle centrale au gaz dite « DK6 » de 800 MW (Megawatt) par GDF. DK6 fournit de l’électricité à Arcelor, mais aussi (pour 2⁄3 de sa production) au marché européen, en produisant moins de CO2, grâce à une technologie modernisée[4].
En 2011, 5 des 6 réacteurs fonctionnent avec un combustible au plutonium : le combustible MOX.
Une partie de la chaleur produite par la centrale est aussi utilisée dans un réseau de chaleur à distance pour alimenter une ferme aquacole, société Aquanord.
Caractéristiques des réacteurs
Les caractéristiques des réacteurs en service sont les suivantes[5].
Nom du réacteur Modèle Capacité [MW] Exploitant Constructeur Début constr. Raccord. au réseau Mise en service comm. Thermique (MWt) brute (MWe) Nette (MWe) Gravelines-1[6] CP1 2785 951 910 EDF Framatome fév 1975 mars 1980 nov 1980 Gravelines-2[7] CP1 2785 951 910 EDF Framatome mars 1975 août 1980 déc 1980 Gravelines-3[8] CP1 2785 951 910 EDF Framatome déc 1975 déc 1980 juin 1981 Gravelines-4[9] CP1 2785 951 910 EDF Framatome avril 1976 juin 1981 oct 1981 Gravelines-5[10] CP1 2785 951 910 EDF Framatome oct 1979 août 1984 jan 1985 Gravelines-6[11] CP1 2785 951 910 EDF Framatome oct 1979 août 1985 oct 1985 Choix du site
Le site a été choisi selon plusieurs critères :
- Proximité de la mer avec de forts courants (refroidissement facilité)
- Proximité de l’Angleterre et de l’Allemagne (exportation d'électricité)
- Proximité de grandes entreprises (Arcelor Mittal, Alcan)
- Besoins en électricité d'une région industrielle et très peuplée.
- faible risque sismique
Emploi
La centrale a un impact économique régional et local. Plus de 2 000 000 d’heures de travail sont confiées chaque année à des entreprises, dont soixante dix pour cent aux entreprises locales et régionales. Environ 1 680 personnes travaillent à la centrale de Gravelines.
Impacts sur l'environnement
La centrale n'a jamais déclaré d'accident ou d'incident grave liés à d'importants rejets radioactifs ou d'autres substances toxiques.
Des impacts environnementaux chroniques existent cependant[12], liés à :
- l'augmentation de la température de l'eau en aval du canal de rejet, mais on estime qu'au-delà d'une zone d'environ 1km2, l'eau chaude est rapidement diluée dans le milieu et ses effets thermique ne sont plus perceptibles. En période de canicule et au moment de la renverse des courants, l'effet peut cependant être localement plus important.
- les impacts du biocide chloré utilisé pour tuer les organismes vivant (moules, huîtres, patelles, algues fixées, etc.) qui seraient susceptibles (surtout quand la température de l'eau dépasse 10 °C) de se fixer sur les installations et dans les circuits, en particulier sur les pales de pompes.
Le débit d'eau ainsi traitée est de 240 m3/seconde, à raison de 0,8 mg de chlore actif par litre (le gestionnaire doit veiller à ce que le taux de chlore ne dépasse pas 1 mg/l), soit l'équivalent de 50 tonnes/jour d'eau de Javel. Pour éviter de devoir transporter et stocker de grandes quantité de ce produit dangereux, le chlore est produit sur place par électrolyse de l'eau de mer (via le chlorure de sodium, de calcium ou de magnésium) et injecté dans l'eau, dans le circuit de chaque tranche, sous forme d’hypochlorite de sodium, avec une surveillance par l'Institut Pasteur. Des bromoformes (950 kg par 24 h) et des oxydants (5,7 tonnes par 24 heures) ou super-oxydants résiduels sont ainsi produit (un peu dans l'air, mais surtout dans l'eau), toxiques pour la faune et la flore marine tant qu'ils ne sont pas largement dilués ou évaporés. L'hypochlorite résiduelle réagit rapidement avec les bromures dissous dans l’eau pour former du brome qui et lui-même un oxydant qui va réagir avec la matière organique (morte ou vivante) présente dans l’eau en formant des sous-produits plus stables et moins actifs. Parmi les sous-produits chlorés trouvés dans le rejet[13], les bromoformes sont les plus présents (88,24 %) à une concentration moyenne de 18,8 μg/litre, les autres produits intermédiaires suivis et quantifiés étant du Chloroforme (traces), du DiChloro-bromo-méthane (1,53 % des chlorés rejetés), du Chloro-dibromo-méthane (0,23 %). Des bromo-phénols et de nombreux autres sous-produits peuvent se former (Le 2-4-6 tri-bromo-phénol a été détecté à des taux de 0.01 à 0.2 μg/litre).
Selon l'Institut Pasteur, le taux de chlore (produite le plus toxique) ne dépasse pas 0,1 mg/l en aval du canal de rejet. L'impact écologique du chlore et du devenir de la nécromasse ainsi constituée, essentiellement constituée d'organismes planctoniques en suspension dans l'eau sont mal évalués.
Un des risque induits par la conjonction de ces deux phénomènes serait l'apparition possible d'organismes pathogènes (vibrions, bactéries, parasites) résistants au chlore et localement (en zone de microturbulence, contre les palplanches par exemple). De tels organismes chlororésistants pourraient être source de problèmes nosocomiaux en cas de contamination humaine.
Événements significatifs
Après l'Accident nucléaire de Fukushima de mars 2011, les centrales européennes et françaises doivent faire l'objet de nouvelles études de vulnérabilité face aux séismes et tsunamis (des « stress tests » ont été annoncés par l'Europe (et par François Fillon pour 4 aléas ;inondation, sismique, risque lié à la perte de refroidissement et mesures limitant les conséquences d'un accident), avec l'expertise disponible, dont celle de la WENRA (Association des régulateurs d'Europe de l'Ouest)[14].
Lors d'un examen de sûreté décennal, des études de conformité des ouvrages de génie civil, structures et matériels vis-à-vis du risque sismique ont été faites au regard d'un « nouveau référentiel de sûreté ». selon la CLI[15], « des contrôles ont permis d’identifier que certaines de ces analyses avaient été omises ou réalisées de manière incomplète[15] » dans le périmètre des stations de pompage. « Les équipes techniques ont aussitôt mené à bien ces analyses »[15], concluant qu'en fonctionnement normal, la sûreté n'est pas réduite, mais qu'« en cas de séisme aussi important que le plus fort séisme enregistré depuis mille ans dans les régions d’implantation de ces unités, des structures métalliques (escaliers, consoles…) ou des panneaux préfabriqués en béton, situés dans les stations de pompage, en dehors de la partie nucléaire des installations, pourraient endommager potentiellement des équipements nécessaires d’un des circuits de refroidissement de la centrale » (circuit présentant des redondances de matériels dont la défaillance enclencherait des procédures préétablies visant à assurer le refroidissement des réacteurs). Cet « écart de conformité » (niveau 1 de l’échelle INES) vis-à-vis du risque sismique, est dit « générique » car commun à 7 centrales nucléaires (Gravelines ainsi Blayais, Cruas, Flamanville, Paluel, Penly et Tricastin)[15]. Il a été déclaré à l'ASN le 8 décembre 2010. Des études et travaux de renforcement ont prévus avant fin 2010 (pour 5 à 6 mois) [15]. Le CPE de Gravelines a aussi connu plusieurs fois une fermeture intempestive de clapets anti-souffle de systèmes de ventilation, le 17 juillet 1994[16] et en 2010[15].
2010
En 2010, sept rapports d'incidents notables à la centrale de Gravelines ont été publiés par l'Autorité de Sûreté Nucléaire, dont deux concernaient des incidents survenus en 2009.
L'installation nucléaire de Gravelines est la première usine électronucléaire au monde à avoir franchi, le 27 août, la barre symbolique des mille milliards de kWh produits (cela représente deux années de la consommation d'électricité de la France, 60 de celle de la région Nord - Pas-de-Calais, 714 années de la consommation d'une ville de 350 000 habitants et 1 000 de celle d'une ville comme Lille)[17].
2009
Le 9 août 2009, un incident se produit à la centrale lors d'une opération de maintenance : une barre d'uranium menace de tomber. L'incident est qualifié de « significatif » et d'« exceptionnel » et classé 1 sur l'échelle INES[18],[19].
2007
Hors les anomalies génériques pouvant affecter des réacteurs de centrales distinctes, la centrale de Gravelines a fait l'objet en 2007 (à fin février) de quatre avis d'incidents de niveau 1 sur l'échelle INES[20],[21],[22],[23].
2006
En 2006, une pullulation de méduses ont failli provoquer l’arrêt d'un réacteur par colmatage des prises d'eau du système de refroidissement.
Le 30 mars 2006, lors des opérations d’arrêt pour maintenance et rechargement en combustible du réacteur n° 3, il a été détecté que ce réacteur avait été privé durant un an de la commande automatique d'un circuit assurant son refroidissement en cas d'accident : un fil électrique du système de protection du réacteur n'avait pas été rebranché en 2005, lors du précédent arrêt. D'autres systèmes de protections étaient néanmoins opérationnels. Cette défaillance a été classée au niveau 1 sur l'échelle INES, qui en compte sept[24],[25]. Cependant l'échelle INES ne prend en compte que les conséquences qu'ont entraîné l'incident et non pas les risques encourus.
1999 et 2002
Le 5 février 2002, trois “ clandestins ” sri-lankais, cherchant apparemment à rejoindre la Grande-Bretagne, se retrouvent par erreur à l'intérieur de la centrale. Ils s'étaient introduits dans un camion contenant du matériel radioactif et n'avaient pas été détecté lors du premier contrôle à l'entrée de la Centrale[26].
En 1999, tour à tour, des Kosovars puis des Sri-Lankais se retrouvent par la même voie dans la centrale.
1989
Un type de vis de fixation inadéquat est détecté sur le système de protection contre la surpression du circuit primaire du réacteur n°1. En cas de forte pression, les valves de relâchement n'auraient pas fonctionné correctement. L'évènement est classé au niveau 3 de l'échelle INES en dépit des tentatives de déclassement de l'exploitant EDF[27].
Voir aussi
Liens et documents externes
- Commission Locale d'Information de Gravelines
- Exercice de simulation d'un accident à la centrale de Gravelines
- Information du public, sondage réalisé en 2007 auprès des riverains
- Gravelines: la centrale nucléaire et le risque
- (en) Gravelines 1 : fiche INSC
- (en) Gravelines 2 : fiche INSC
- (en) Gravelines 3 : fiche INSC
- (en) Gravelines 4 : fiche INSC
- (en) Gravelines 5 : fiche INSC
- (en) Gravelines 6 : fiche INSC
- La géante - Une histoire de la centrale nucléaire de Gravelines, Jean Pinte, 2005, édition Cliomédia
- Rapport annuel 2007, cf. Article 21 de la loi de transparence et sécurité en matière nucléaire (155p, [PDF])
Notes et références
- Centrale de Gravelines : 1 000 milliards de KWh produits en toute sûreté au service des clients, EDF, 2008. Consulté le 19 mars 2011 [PDF]
- La centrale nucléaire de Gravelines sur le site de l'EDF, consulté le 11 juin 2008.
- Site nucléaire de Gravelines sur le site de l'ASN, consulté le 26 novembre 2009.
- Activités portuaires, industrielles, agricoles et autres, DRIRE/DIREN Nord-Pas-de-Calais/polmar59, consulté 2011/02/21
- (en) Reactors in operations, 31 dec 2009 sur www-pub.iaea.org/. Consulté le 28 avril 2011
- (en)Nuclear Power Reactor Details - GRAVELINES-1 sur www.iaea.org. Consulté le 28 avril 2011
- (en)Nuclear Power Reactor Details - GRAVELINES-2 sur www.iaea.org. Consulté le 28 avril 2011
- (en)Nuclear Power Reactor Details - GRAVELINES-3 sur www.iaea.org. Consulté le 28 avril 2011
- (en)Nuclear Power Reactor Details - GRAVELINES-4 sur www.iaea.org. Consulté le 28 avril 2011
- (en)Nuclear Power Reactor Details - GRAVELINES-5 sur www.iaea.org. Consulté le 28 avril 2011
- (en)Nuclear Power Reactor Details - GRAVELINES-6 sur www.iaea.org. Consulté le 28 avril 2011
- Montage PowerPoint de l'Institut Pasteur Information de la CLI du 14/12 2007
- campagne de mesure 2006-207 de l'institut Pasteur
- Les retombées de Fukushima ne nécessitent pas de mesures particulières en France ; 2011/02/23 Journal Le Monde (avec AFP et Reuters)
- Gravelines info (lettre d’information de la centrale), 10 dec 2010
- Source : CLI Gravelines
- http://www.lavoixdunord.fr/Locales/Dunkerque/actualite/Secteur_Dunkerque/2010/09/12/article_j-m-quilichini-gravelines-championne-du.shtml?xtor=RSS-2
- Incident « significatif » à la centrale nucléaire de Gravelines, dans le Nord, AFP, 2009. Consulté le 19 mars 2011
- La centrale nucléaire de Gravelines embarrassée par une barre d'uranium, La Voix du Nord, 2009. Consulté le 19 mars 2011
- Arrêt d'une pompe de recirculation d'acide borique sur le site de l'ASN
- Dépassement d'un critère de la température du fluide primaire sur le site de l'ASN
- Rejet gazeux effectué sans analyse préalable de l'activité radiologique sur le site de l'ASN
- Réparation trop longue d'un système de ventilation et de filtration sur le site de l'ASN
- Compte-rendu de l'événement sur le site internet de son exploitant EDF
- Communiqués du réseau Sortir du nucléaire à propos de l'événement sur le site internet dissident-media.org
- http://resosol.org/Gazette/2002/197_198_28.html Communiqués de l'ADELFA
- Residual Risk, 2007 (.pdf)
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