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Malvesi
Malvesi est une usine de raffinage et de conversion d’uranium d'une étendue d’environ 100 hectares. Elle occupe le site d’une ancienne mine de soufre, à 3 km au nord-ouest de Narbonne (Aude)[1]. L'exploitant est la société Comurhex (pour COnversion Métal URanium HEXafluorure), filiale à 100 % de Areva NC. L'exploitation de l'usine a débuté en 1959. Malvési est soumis à la Directive Seveso 2 sur les établissements à risques, l'usine n’étant pas considérée comme une installation nucléaire de base, mais comme une installation classée pour la protection de l'environnement.
Sommaire
Activités
L'usine purifie les concentrés de minerais d'uranium (yellowcake) puis réalise la fluoration de l'uranium en tétrafluorure d'uranium (UF4), par divers processus physico-chimiques mettant en œuvre de l’acide nitrique, de l’ammoniac (3 à 4 000 tonnes par an), de l’hydrogène et de l’acide fluorhydrique (4 à 5 000 tonnes par an). Dans le cycle du combustible nucléaire, cette étape suit l'extraction de l'uranium réalisée dans les mines. Les approvisionnements miniers sont désormais réalisés à l'étranger dans les pays suivants : Niger, Canada et Kazakhstan.
La capacité de production de l'usine est limitée à 14 000 tonnes/an d'uranium métal par un arrêté de la préfecture de l'Aude. Il n’existe que 5 autres usines de conversion d’uranium dans le monde (Canada, Chine, États-Unis, Royaume-Uni, Russie). Comurhex est la plus importante, produisant plus du quart de la capacité mondiale. Environ 73 % de la production est expédié à Eurodif, le reste étant exporté. Le tetrafluorure d'uranium produit à Malvesi est alors transformé sous la forme gazeuse d'hexafluorure d'uranium (UF6) et enrichi en uranium 235.
Sur la partie nord du site est située une aire de stockage des concentrés d'uranium d'une capacité de 25 000 tonnes en 1990, pouvant être portée à 40 000 tonnes. 18 hectares sont occupés par les bassins de lagunage pour la décantation et l'évaporation de 64 000 m3⋅/an d'effluents nitratés contenant de l'uranium naturel. Ces bassins fonctionnent comme un marais salant, laissant s’évaporer l’eau naturellement sous l’action du soleil et du vent.[2] Ces bassins recueillaient à la fin de l'année 2004 les résidus de 45 années de production, soit 380 000 tonnes de dépôts nitratés contenant 330 tonnes d'uranium[3].
Projet Comurhex II
Areva projette d'investir 610 millions d'euros dans de nouvelles usines de conversion de l'uranium sur les sites de Malvési et de Tricastin (Drôme). Le chantier a débuté à l'été 2007 et la production envisagée pour 2012 atteindrait entre 15 et 21 000 tonnes d'uranium annuelles[4].
Incidents et accidents
En août 2009, une fuite de fluor est constatée se déversant dans un canal situé à proximité de l'usine.
En février 1979, une forte explosion se produit dans le bâtiment de la fluoration mais aucune dispersion de produits radioactifs n’est détectée, pas plus que de vapeurs d’acide.
Le 10 mars 2001, un accident provoque le déraillement de trois wagons, soit plus de 100 tonnes d’acide fluorhydrique en gare de Narbonne, par effondrement de la voie. Deux wagons ont pu être relevés le 3 avril ; le dernier n’a été relevé que le 29 avril après une opération assez délicate nécessitant l’évacuation partielle de la population.
Le 20 mars 2004, une digue des bassins de lagunage s'est rompue relâchant 15 000 m3 de résidus contenant de l'uranium, du radium et divers produits chimiques. Les boues se sont arrêtées dans le terrain de Comurhex et n'ont pas atteint le canal du Tauran. L'usine a été stoppée[5].
À la fin janvier 2006, des pluies intenses ont inondé une partie des terrains du site de production et se sont accumulées sur une zone entourant les bassins de décantation et de lagunage des effluents aqueux issus du procédé de l'usine. Il a subsisté sur le site environ 50 000 m3 d'eaux chargées en nitrates à une teneur de plusieurs grammes par litre et en uranium à une teneur de 0,5 mg/L, du fait de la mise en contact avec des terrains pollués. Les teneurs en nitrates, observées à l'aval de l'usine sur le canal de la Mayral, ont atteint des valeurs de près de 80 mg/L pour une valeur habituelle de l'ordre de 20 mg/L.
En juin-juillet 2006, une fuite d'effluents contaminés a entraîné une contamination radioactive à l'intérieur du site Comurhex et en limite de site au niveau de deux voies ferrées SNCF.
En juillet 2007, un fût d'uranium en provenance du Niger a été accidentellement entaillé sur environ 5 cm pendant son transport. Une trentaine de kilogrammes de matière se sont répandus dans le conteneur déchargé à Malvesi. L'ASN a classé cet événement au niveau 1 (anomalie) de l'échelle INES[6].
Procès
En avril 2009, la CPAM reconnait le Cancer broncho pulmonaire par inhalation de Bernard Moya, salarié Comurhex durant 32 ans, comme maladie professionnelle liée à la radioactivité qui a entrainé le décès de la victime.
Michel Leclerc, travailleur à Malvesi pour un sous-traitant d’août 1980 à juin 1984, a développé une leucémie myéloïde chronique. Ses urines ont présenté un taux d’uranium très élevé en avril 1983. Après déclaration de la maladie professionnelle en avril 1992, reconnue par la CPAM en octobre 1992, le Tribunal des affaires de Sécurité sociale de Carcassonne a condamné en 1999 la Comurhex aux entiers dépens pour une faute en relation avec son préjudice[7].
François Gambart, décédé en 2001, a développé une leucémie aiguë mise en évidence en 1999 et déclarée maladie professionnelle en 2000. Devant le refus de prise en charge par la CPAM, les ayants droits ont saisi le Tribunal des affaires de la Sécurité sociale qui a reconnu le caractère professionnel de la maladie par jugement en 2005, confirmé par un arrêt de la chambre sociale de la cour d'appel de Montpellier en 2006[8].
28 pêcheurs de l'étang de Bages-Sigean (Aude) ont déposé une plainte en mai 1996 pour « trouble de jouissance anormale du voisinage, générateur d'un préjudice financier pour les marins pêcheurs ». Les juges ont condamné plusieurs entreprises au prorata de leur responsabilité établie par l'expert : la Comurhex, qui a participé à 50 % de l'eutrophisation de l'étang par apports d'azote chroniques ou accidentels de 1990 à 1998, devra payer 239 371 € de dommages-intérêts[9].
Projet de centrale solaire
La communauté d'agglomération de la Narbonnaise a décidé d'installer au lieu-dit Malvési « la plus importante centrale de production d'électricité solaire photovoltaïque de France, et la troisième d'Europe ». Le 5 septembre 2007, le maire de Narbonne a signé avec le président d'EDF énergies nouvelles France, une promesse de bail emphytéotique de vingt ans sur un terrain pour 80 000 m2 de panneaux solaires, et une production d'environ 10 mégawatts, soit l'équivalent de la consommation des bâtiments publics de la ville[10].
Notes
- ↑ Coordonnées géographiques :
- ↑ Dossier de presse Areva-Ondea - avril 2007
- ↑ Inventaire de l'ANDRA - 2006
- ↑ APEC - Languedoc-Roussillon, Recrutement de Cadres (mai 2007)
- ↑ La France nucléaire: matières et sites, par Mary Byrd Davis
- ↑ Avis d'incident de l'Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) - 9 août 2007
- ↑ France Nature Environnement - Pitch Bloch, 2006
- ↑ France Nature Environnement - Pitch Bloch, 2006[pdf]
- ↑ Le Midi-Libre - 23 février 2007 : Pollution de l'étang de Bages : AREVA (Comurhex) condamnée !
- ↑ - Le Monde - 15 septembre 2007 La plus grande centrale solaire de France prévue à Narbonne
Liens externes
- Site de l'exploitant
- Malvesi par Mary Byrd Davis
- Communiqué de presse sur Malvesi de la Gazette nucléaire
- Vue satellite du site industriel de Malvezy
- Dossier de la CRIIRAD
- Portail de l’énergie
Catégories : Usine française du cycle du combustible nucléaire | Aude
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