Hilarion Vendégou

Hilarion Vendégou
Hilarion Vendégou
Defaut.svg
Mandats
Sénateur de la Nouvelle-Calédonie (élu)
Actuellement en fonction
Depuis le 1er octobre 2011
(&&&&&&&&&&&&&0521 mois et 21 jours)
Élection 25 septembre 2011
Maire de l'Île des Pins
Actuellement en fonction
Depuis le 17 mars 1989
(&&&&&&&&&&&0828522 ans, 8 mois et 5 jours)
Élection 12 mars 1989
Réélection 11 juin 1995
11 mars 2001
9 mars 2008
31 août 2008
Prédécesseur Samuel Vendégou
Biographie
Nom de naissance Hilarion Tumi Vendégou
Date de naissance 4 septembre 1941 (1941-09-04) (70 ans)
Lieu de naissance Île des Pins
Nationalité Drapeau de France Française
Parti politique RPCR
Rassemblement-UMP
Profession Instituteur

Hilarion Tumi Vendégou, né le 4 septembre 1941 à la tribu de Vao (Île des Pins, Nouvelle-Calédonie), est le grand-chef Kanak et le maire anti-indépendantiste de l'Île des Pins, en Nouvelle-Calédonie. Il est élu pour l'un des deux sièges de sénateurs de la Nouvelle-Calédonie le 25 septembre 2011.

Sommaire

Biographie

Une dynastie de grands chefs

Héritier de la dynastie des Vendégou (ou Vandégou) qui, selon la tradition kanak, remonterait à une famille de migrants venus de Lifou, les Ti Téré, et qui auraient unifié les huit tribus jusqu'alors indépendante de l'île des Pins au XVIIIe siècle, Hilarion est le troisième fils du grand-chef Barthélémy Kwaneye Vendégou (1903-1974, grand-chef de 1927 à 1974). Issu d'une branche cadette de la famille, celui-ci avait été adopté en 1927 par Samuel Trouru qui avait abdiqué en sa faveur après seulement un an passé à la grande chefferie[1]. Il était l'arrière-petit-fils du grand-chef Trouru Vâdëku Kwattè Micüwaét (v. 1780 - 1845, 5e grand-chef des Kunié selon la tradition orale), dont voici un aperçu de la descendance (Hilarion Vendégou étant en gras)[2] :

  • Lalè (mort avant 1845) :
  • Këëwa Vâdëku ou « Vandégou », baptisé sous le nom de Louis-Philippe et surnommé par les santaliers anglo-saxons « Jimmy » (v. 1821-1855, grand-chef de 1850 à 1855) :
  • Corona Hortense Kanejö dite « reine Hortense » (v. 1848-1900, fait office de grand-chef de 1855 à 1883, sous régence de ses oncles Jérôme et Philippo jusqu'en 1870), épouse en 1870 son cousin Samuel Kwaneye (mort en 1882), sans postérité. Elle adopte Abel (v. 1840-1926, grand-chef de 1883 à 1926), cousin germain de son père Louis-Philippe Vendégou.
  • Wacumé (mort en 1850), grand-chef régent pour son neveu Këëwa Vâdëku de 1845 à 1850 :
  • Samuel Kwaneye (mort en 1882), épouse en 1870 sa cousine Hortense Kanejö dite « reine Hortense », sans postérité.
  • Ouanéï :
  • Abel (v. 1840-1926, grand-chef de 1883 à 1926), adopté par la « reine Hortense », adopte à son tour, étant sans postérité, son cousin Samuel Trouru.
  • Cotthi (fils métis et légitimé d'une femme de Trouru avec un Européen) :
  • Guillaume Trouru :
  • Samuel Trouru (grand-chef de 1926 à 1927, se retire au profit de son cousin Barthélémy Kwaneye) :
  • Jean-Marie Trouru (mort en mer en 1976), candidat à la grande-chefferie contre Hilarion Tumi, leurs partisans respectifs s'affrontant violemment, jusqu'à sa disparition en mer en 1976.
  • Prosper Mëunë :
  • Isaac Ouïné, Wün, Wiine ou Wine (né en 1864) :
  • Alexandre
  • Abel
  • Hilarion Tumi(né en 1941, grand-chef depuis 1974, intronisé sur le plan coutumier en 1979)

De l'enseignement à la lutte de succession

Titulaire du Brevet d'études du premier cycle du second degré (BEPC), il est le fils du grand-chef Barthélémy à avoir été le plus loin dans ses études[2]. Il est instituteur pendant dix ans, en poste sur la Grande Terre successivement à Moindou, Hienghène puis Koné. C'est dans cette dernière commune qu'il fait ses premiers pas en politique, étant élu conseiller municipal en 1970 sur la liste Union calédonienne (UC) du maire Paul Napoarea[3]. Le décès de son père en 1974 le pousse néanmoins à rentrer sur l'île des Pins.

Mais la succession ne se fait pas sans heurt, la légitimité de Hilarion pour succéder à son père lui étant contesté par son cousin Jean-Marie Trouru Vendégou, lui-même fils de Guillaume Këëwa Vendégou qui fut le premier maire de l'île des Pins de 1961 à 1968 ainsi qu'un opposant de longue date à Barthélémy (celui était notamment arrivé à la grande-chefferie par le désistement en sa faveur de Samuel Trouru, le père de Guillaume Këëwa et le grand-père de Jean-Marie Trouru). Deux camps se forment bientôt autour des deux candidats, les chefs des principaux clans ainsi que le maire de l'époque, Joseph Tikouré, se rangeant plutôt du côté de Hilarion, tandis que se rangent derrière Jean-Marie de nombreux petits chefs de tribus et plusieurs fonctionnaires kanak tels que l'auxiliaire de gendarmerie Joachim Lèm ou le secrétaire de mairie Samuel Vendégou, un cousin éloigné[2]. Des affrontements violents ont lieu le dimanche 22 septembre 1974 et plusieurs cases sont incendiées à Vao, le chef-lieu et principale tribu de l'île. Et si quatre jours plus tard Hilarion Vendégou est coutumièrement investi comme grand-chef[4], il faut attendre la disparition en mer le 23 septembre 1976 de Jean-Marie Vendégou[5] pour voir ses partisans cesser toute revendication et le 7 juillet 1979 pour qu'il soit officiellement intronisé[6].

Grand-chef et maire

Déjà personnage à forte influence à l'île des Pins de par son statut coutumier, Hilarion Vendégou décide de plus de continuer une carrière politique. Anti-indépendantiste, il rejoint le Rassemblement pour la Calédonie dans la République (RPCR, devenu en 2004 le Rassemblement-UMP) de Jacques Lafleur et est élu sous cette étiquette conseiller municipal en 1983. En 1989[3], il obtient cette fois le fauteuil de maire qu'il n'a plus quitté depuis lors, devenant le premier à cumuler autorité coutumière et municipale sur un même territoire en Nouvelle-Calédonie. Opposant de longue date à l'implantation du Club Méditerranée à l'île des Pins, il soutient par la suite son développement touristique par l'installation de plusieurs complexes hôteliers à forte valeur ajoutée, telle que l'ouverture de l'hôtel trois étoiles Kou Bugny à la baie de Kuto, celle du Méridien cinq étoiles de la baie d'Oro en 1998 et du second trois étoiles, l'Ouré Lodge, de la baie de Kanuméra en 2002, bénéficiant pour chacun de ces projets d'importants investissement de la Province Sud. Aujourd'hui, l'île des Pins est ainsi la seconde commune de Nouvelle-Calédonie en termes de capacité (et de fréquentation) hôtelière, derrière Nouméa[7]. Soucieux de faire respecter les valeurs mélanésiennes (tant traditionnelles que celles héritées du christianisme), il a mis en place une réglementation assez stricte pour encadrer le tourisme : interdiction de la pratique des seins nus sur les plages et du camping sauvage, nécessité d'une tenue correcte pour visiter le village de Vao et en particulier son église, contrôle de la propreté des plages et des îlots environnants ainsi que des sites tabous[8], surtout après l'affaire « Mika Kusama » (du nom d'une touriste japonaise retrouvée calcinée sur le rocher de la baie de Kanuméra, réputé tabou, en mai 2002)[9]. Il milite également, avec les autorités provinciales, pour l'organisation d'une édition de Koh-Lanta à l'île des Pins : celle-ci accueille la saison 5 de l'émission en 2005[10].

À partir de mai 2010, il prend partie dans le litige pour la desserte maritime de l'île des Pins opposant les armateurs SudÎles (compagnie publique, qui affrète le Betico 2 qui assure déjà les liaisons vers les Îles Loyauté) et Île des Pins ferry (société privée opérant avec le navire Aremiti 4) en faveur du second (dont il est actionnaire, à hauteur toutefois de seulement 1 % tandis que l'entreprise est déficitaire)[11], et décide d'interdire le Betico 2 et d'organiser le blocage de son accostage au wharf de Kuto[12]. Cette décision provoque la formation d'un collectif d'usagers en désaccord avec la décision du maire et grand-chef, qui menace de son côté de bloquer l’Aremiti 4[13]. Si la situation retourne à la normale à partir de la mi-juin 2010, avec une rotation des deux bateaux, un nouveau blocage du Betico 2 est organisé à la fin du mois de janvier 2011 par des salariés de l’Aremiti 4 (afin d'empêcher son retour à Tahiti décidé par Île des Pins Ferry en raison d'une situation financière difficile renforcée par la perte du contrat de transport vers le site de l'usine du Sud à Goro qu'elle détenait avec Vale Inco Nouvelle-Calédonie)[14]. Le 22 janvier 2011, lors d'un nouveau blocage, des gendarmes mobiles sont déployés pour empêcher l'accès au wharf des manifestants et ainsi permettre au Betico 2 d'accoster. Hilarion Vendégou déclare alors aux représentants des forces de l'ordre : « Vous faites quoi ici ? Ici, c’est Kunié [...] On n’est pas en France. Ici, ce sont les terres coutumières [...] personne ne passera ». Ces propos choquent une partie de la population néo-calédonienne, notamment dans l'électorat anti-indépendantiste[15]. Finalement, un accord est trouvé pour que SudÎles reprenne progressivement et partiellement certains des employés de l’Aremiti 4 et révise sa gamme tarifaire, et les rotations du Betico 2, désormais seul à desservir l'île des Pins, reprennent normalement à partir du début du mois de février 2011[16].

Sur le plan coutumier, il prend partie pour le clan Kouathé au sujet du conflit de succession qui l'oppose depuis 2001 au clan Kohnu pour l'accession à la chefferie de la tribu de Comagna[17]. Il décide également d'intervenir dans un conflit foncier entre les clans Néoéré, Vama et Néhié en décidant en janvier 2011, avec les autres clans de la tribu de Kéré, l'expulsion de l'île de l'ensemble du clan Vama (dont fait partie Hilarion Vama, son principal opposant au sein du conseil municipal et fils du chef de clan, Maurice Vama, par ailleurs directeur du collège privé catholique de Vao). Réagissant à cette affaire, Maurice Vama déclare à propos d'Hilarion Vendégou : « Voilà trente-cinq ans que toute l’île souffre à cause de lui. Il a divisé les clans et fonctionne comme un dictateur »[18]. Il est également pour deux mandats (six ans) président du conseil de l'Aire coutumière Djubéa-Kaponé (correspondant à la partie méridionale de la Grande Terre et l'île des Pins) : de décembre 2002 à décembre 2008.

Il est réélu difficilement aux élections municipales de 2008 : le scrutin initial du 9 mars, au cours duquel il perd sa majorité absolue au conseil municipal avec 35 % des suffrages exprimés et 7 sièges sur 19 et seulement 48 voix d'avance sur la liste indépendantiste de l'UC Hilarion Vama[19], est annulé suite à la démission collective de l'ensemble des membres des listes UC et Palika, qui unis formaient une majorité, entraînant de fait celle de l'ensemble du conseil dès le 26 juin suivant[20]. Et lors du nouveau vote, le 31 août 2008, la liste du Rassemblement-UMP qu'il mène une nouvelle fois n'arrive qu'en seconde position, sept suffrages derrière la liste unitaire du FLNKS de Hilarion Vama, mais augmente son score par rapport à mars avec 42,83 % et 8 sièges sur 19 contre 9 aux indépendantistes (qui, unis, perdent un siège puisque les deux listes UC et Palika cumulaient, en s'étant présentées séparément, 10 conseillers lors des précédentes élections)[21]. Il complète ensuite sa majorité avec les deux élus de l'autre liste anti-indépendantiste, Kwegnii ensemble (affiliée à l'Avenir ensemble puis à Calédonie ensemble), qui obtiennent en contrepartie les postes de premier et deuxième adjoint, et Hilarion Vendégou peut être réélu pour un quatrième mandat de maire le 5 septembre 2008[22].

S'il est présent pour la première fois sur une liste du Rassemblement dans le Sud lors des élections provinciales du 9 mai 2004, il est alors en situation pratiquement inéligible (en 39e position pour 40 sièges à pourvoir[23]). Lors de celles du 10 mai 2009, il est avancé par Pierre Frogier, successeur de Jacques Lafleur à la tête du parti et comme tête de liste, en cinquième place[24]. Sa formation arrivant en tête du scrutin, avec 28,54 % des suffrages exprimés et 15 sièges sur 40[25], il est élu pour la première fois à l'Assemblée de la Province Sud et au Congrès de la Nouvelle-Calédonie. À la province, il est membre de la commission de l'enseignement privé[26], et est élu le 22 mai 2009 3e vice-président du bureau du Congrès. Il y est également membre des commissions de la législation et de la réglementation générales, de l'agriculture et de la pêche et de la législation et de la réglementation relatives aux affaires coutumières et de celle spéciale chargée d'examiner le projet de loi du pays relative à trois signes identitaires de la Nouvelle-Calédonie. Il est membre titulaire de la commission consultative pour l'exploitation économique de l'aérodrome de Magenta.

Élections sénatoriales de 2011

Le 28 juin 2011, Hilarion Vendégou est officiellement investi candidat par l'UMP, pour briguer l'un des deux sièges désormais dévolus à la Nouvelle-Calédonie pour les élections sénatoriales du 25 septembre 2011. Son co-listier est le président du parti et de l'Assemblée de la Province Sud Pierre Frogier, jusque là député[27]. Ce choix est confirmé par le Rassemblement-UMP le 3 août suivant. Il est élu sénateur, à la majorité relative au second tour de scrutin, le 25 septembre 2011, avec 238 voix (47,5 % des suffrages exprimés). Il en avait obtenu 232 (46,31 %) au premier tour.

Au Sénat, il intègre la commission de la culture, de l'éducation et de la communication. Touché par le cumul des mandats, il abandonne son siège à l'Assemblée de la Province Sud et au Congrès.

Références

  1. R.P. O'REILLY, Calédoniens : Répertoire bio-bibliographique de la Nouvelle-Calédonie, éd. Publications de la Société des Océanistes, 1953 et 1980, articles « Ti-Toouru », « Vandégou » et « Hortense ».
  2. a, b et c Journal de la Société des océanistes, Vol. 35-36, éd. Musée de l'Homme, 1979, p. 119-125
  3. a et b « Île des Pins : Questions à monsieur le maire Hilarion Vendegou », Les Nouvelles Calédoniennes, 08/10/2003
  4. Ph. GODARD, Le mémorial Calédonien, Volume 8 : 1970-1981, éd. d'Art Calédoniennes, Nouméa, 2e édition, 1980, p. 43
  5. Ibid., p. 60
  6. Ibid., p. 101
  7. Infrastructures hôtelières, ISEE
  8. « Tenue correcte exigée », Les Nouvelles Calédoniennes, 06/01/2009
  9. La chronologie du drame: une semaine en Mai 2002, site sur l'affaire du rocher de Kanuméra
  10. « La neuvième tribu », Blog La Nouvelle-Calédonie.net
  11. C. LÉHÉ, K. PAYEN, « L'ultimatum des Kuni », Les Nouvelles Calédoniennes, 04/06/2010
  12. K. PAYEN, R. BUSNEL, « Le Betico, interdit de séjour à Kunié », Les Nouvelles Calédoniennes, 21/05/2010
  13. « L'Aremiti bloqué mercredi ? », Les Nouvelles Calédoniennes, 01/06/2010
  14. « Le Betico à nouveau refoulé de Kunié », Les Nouvelles Calédoniennes, 21/01/2011
  15. K. PAYEN, M. BALTZER, « Hilarion Vendegou : "On n’est pas en France, vous faites quoi ici ?" », Les Nouvelles Calédoniennes, 25/01/2011
  16. M. BALTZER, « Le Betico 2 retrouve Kuni », Les Nouvelles Calédoniennes, 05/02/2011
  17. L'arrière-plan foncier et coutumie, site sur l'affaire du rocher de Kanuméra
  18. S. AMIOTTE, entretien avec M. VAMA, « "Vendegou fonctionne comme un dictateur" », Les Nouvelles Calédoniennes, 28/09/2011
  19. Résultats des élections municipales du 9 mars 2008 à l'île des Pins, Les Nouvelles Calédoniennes
  20. M. BERNARD, « Les Kunié vont retourner aux urnes », Les Nouvelles Calédoniennes, 27/06/2008
  21. Résultats des élections municipales partielles du 31 août 2008 à l'île des Pins, Les Nouvelles Calédoniennes
  22. « Hilarion Vendegou réélu à Kunié », Les Nouvelles Calédoniennes, 06/09/2008
  23. [PDF] Listes candidates aux élections provinciales de 2004
  24. [PDF] Liste Rassemblement-UMP en Province Sud lors des élections provinciales du 10 mai 2009
  25. [PDF] Résultats des élections provinciales du 10 mai 2009 sur le site du Haut-Commissariat de la République en Nouvelle-Calédonie, 11/05/2009
  26. Constitution des commissions de l'Assemblée de la Province Sud sur son site officiel
  27. « Frogier et Vendégou en route vers le Sénat », Les Nouvelles Calédoniennes, 29/06/2011

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes


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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Hilarion Vendégou de Wikipédia en français (auteurs)

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