- Mouvement social en France
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Cet article fournit diverses informations sur les mouvements sociaux en France.
Sommaire
Les principaux mouvements
Les tableaux ci-dessous permettent de repérer les principaux mouvements de grèves de la seconde partie du XXe siècle et du début du XXIe. Après les grandes grèves de 1936 et du Front populaire, le plus grand mouvement est celui de mai-juin 1968. Évidemment, ces tableaux ne prennent pas en compte les étudiants et après le 15 mai, Mai 68 est d'abord un mouvement social des travailleurs.
A contrario, le mouvement de fin 1986 contre le plan Devaquet est resté un conflit de monde étudiant, d'où des statistiques de jours de grève étales.
D'autres dates moins restées dans les mémoires réapparaissent :
- 1944 : la contribution de la grève dans le mouvement de Libération, notamment à Paris, est importante ;
- 1947 : de nombreuses grèves, notamment chez Renault, conduisent à la sortie des ministres communistes du gouvernement. Les mouvements conduits par la CGT se multiplient après mai chez Citroën, à la SNCF, dans les banques, dans les grands magasins, à EDF, puis chez Peugeot, Berliet, Michelin, etc. Le principal motif des grèves est la revendication de hausse des salaires ;
- 1953 : grandes grèves dans la fonction publique, perceptibles aussi dans le privé, contre le projet du gouvernement de retarder l'âge de la retraite pendant l'été. Le projet est retiré ;
- 1963 : grandes grèves dans le secteur minier.
Plus près de nous, on peut observer un pic de grèves dans le secteur public en 2003 pour protester contre le projet Fillon de retarder les départs en retraite de tous les salariés (vers les 42 ans et plus d'années de cotisation).
L'année 2000 est également riche en conflits. Dans le secteur public, il s'agit notamment de grèves au ministère des Finances qui conduisentt à la démission du ministre socialiste Christian Sautter et dans l'Éducation nationale contre la politique de Claude Allègre.
Dans le secteur privé, les revendications se font jour relatives à l'application des 35 heures, mais surtout, à l'occasion de la baisse du chômage, les salaires redeviennent le principal motif de grève. On pouvait déjà observer, à degré bien moindre le même phénomène lors de la brève reprise économique de 1989 (grèves de Peugeot à Sochaux et Sausheim, etc.).
Les mouvements de 1910, 1920, 1944, 1947, 1953, 1968, 1986 obtiennent la satisfaction des revendications, ceux de 1938, 1948 et 1971 échouent. Les mineurs ont été une profession très combative. Les gouvernements sont également attentifs au mouvement des enseignants et des étudiants. Les grèves de 2010 contre la réforme des retraites ont recueilli un large soutien populaire dans les sondages.
Liste plus détaillée de mouvements
- 1539 : le grand tric des imprimeurs lyonnais.
- 1831 : la révolte des Canuts à Lyon.
- 1848 : Révolution de 1848 (journées de juin, etc.)
- 1864 : la grève devient légale suite à l'abrogation du délit de coalition à l'occasion de la libéralisation de l'Empire.
- 1871 : Commune de Paris et de Lyon.
- 1891 : première célébration française et internationale de la journée d'action du 1er mai. À Fourmies (Nord) la troupe tire sur les grévistes : dix morts, 35 blessés.
- 1892 : grève des mineurs de Carmaux.
- 1906 : grève suite à la catastrophe de Courrières. Sous le gouvernement Clemenceau, la France connaît un pic de grèves.
- 1907 : révolte des vignerons du Languedoc en 1907: état quasi-insurrectionnel dans le sud de la France.
- 1908 : Grève de Draveil-Villeneuve-Saint-Georges (département de la Seine, des dizaines de mort et des arrestations massives à la CGT)
- 1919 : grèves de juin dans la métallurgie parisienne avec de forts accents révolutionnaires.
- 1920 : grève générale des cheminots, des mines du Nord et d'autres corps de métier (tels l'habillement)
- Mai-juin 1936 : grève générale spontanée suite à la victoire électorale du Front populaire : occupation des usines. Instauration des congés payés, hausses de salaires de 20 % en moyenne (plus tard compensées par la hausse des prix[1]).
- 26 mai - 10 juin 1941 : la grève des mineurs du Nord / Pas-de-Calais constitue sans doute un des premiers actes de résistance collective à l'occupation nazie en France.
- 1946 : la Constitution de la Quatrième République consacre le droit de grève dans son préambule. Ce préambule a toujours valeur constitutionnelle par décision du Conseil constitutionnel.
- 1947 : grèves ouvrières, notamment chez Renault.
- 1950 : l'arrêt Dehaene du Conseil d'État confirme que le droit de grève a le statut de principe fondamental.
- Mai 1968 : grève générale sauvage. Des manifestations étudiantes sont suivies d'occupation de locaux universitaires puis de nombreux salariés de différents secteurs économiques se mettent en grève. Le pays est paralysé par l'arrêt de la distribution des carburants. Le 13 mai 68, des défilés rassemblent 200 000 à un million de personnes à Paris, selon les différentes sources, et un million dans une trentaine d'autres villes du pays, entraînant le lendemain des débrayages dans les usines. Le 22 mai 1968, la France compte 8 millions de grévistes et le 25 mai, au lendemain de l'Ascension, on frôle les 9 millions de grévistes, le record de précédente grande grève de 1936 (6 millions) étant battu. Les accords de Grenelle, signés à 7 heures du matin, sont rejetés par les assemblées générales. Le 30 mai, une manifestation en soutien au Président de la République, qui vient de dissoudre l'Assemblée, rassemble huit cent mille personnes[2]. Les accords de Grenelle conduisent, entre autres, à une hausses de 25 % du SMIG (salaire minimum interprofessionnel garanti) et de 10 % des salaires en moyenne.
- Printemps 1973 : grève autogestionnaire à l'usine de montres Lip de Besançon.
- Octobre 1973 : grève générale dans la région de Laval (Mayenne).
- Mars 1974 : grève lycéenne contre le projet de loi Fontanet.
- Printemps 1976 : grève étudiante contre la réforme du second cycle.
- Automne 1978 : grève des lycées professionnels.
- 1979 : manif des sidérurgistes à Paris le 23 mars.
- 23 mars 1979 : manifestation lancée par la CGT contre le plan de restructuration de la métallurgie du gouvernement Barre, marquée par de violents affrontements avec les autonomes.
- Mars 1980 : grève des instituteurs parisiens.
- Mai 1980 : grève étudiante contre le décret Imbert.
- 1982 : grève des sidérurgistes de Vireux (Ardennes) contre les licenciements (occupation d'usine) et nombreuses grèves menées notamment par les salariés immigrés de l'automobile à l'usine Citroën d'Aulnay et à l'usine Talbot de Poissy.
- Mai 1983 : grève contre la réforme Savary. 22 septembre : début de l'occupation de l'usine SKF d'Ivry-sur-Seine ; elle dure jusqu'au 28 mai 1985.
- Janvier-février 1984 : grève des douanes françaises, puis des camionneurs, qui auront une influence décisive sur la signature de l'accord de Schengen l'année suivante.
- Le 24 juin 1984 a réuni plus de 1,5 million de personnes (850 000 selon le ministère de l'intérieur[3]) à Paris pour la défense de l'École privée, contre le projet de loi socialiste sur l'École laïque[4].
- Novembre-décembre 1986 : grève étudiante contre le projet Devaquet. Le 4 décembre 1986[5], 200 000 personnes selon la police, un million selon les organisateurs, manifestent à Paris contre le Projet de loi Devaquet[6].
- Décembre 1986 - janvier 1987 : grève des cheminots.
- 1988 : après le mouvement chez les gardiens de prison, ce sont les mouvements chez les infirmières 29 septembre - 24 octobre et à La Poste qui retiennent l'attention. Apparition de coordinations de grève, réunissant syndiqués et non-syndiqués, combattues par la CFDT.
- 1990 : Manifestation lycéenne contre la réforme de Lionel Jospin... "Jospin t'es foutu, les lycéens sont dans la rue" chatonnait-on à l'époque...
- 1993 : grève des pilotes à Air France
- Mars 1994 : Après le manifestation contre la révision de la Loi Falloux du 16 janvier, grève étudiante et lycéenne contre le CIP (Contrat d'Insertion Professionnelle).
- Novembre-décembre 1995 : mouvement étudiant en novembre, puis grève, principalement dans la fonction publique, contre la réforme de la Sécurité sociale, dite « plan Juppé ». Le 12 décembre 1995[7] marque le point culminant des Grèves de 1995 en France[8] contre le Plan Juppé de 1995, avec deux millions de manifestants[7].
- Été 1996 : grève de la faim des « sans-papiers » de l'église Saint-Bernard.
- Fin 1997 - début 1998 : mouvement d'occupation des Assedic par les chômeurs.
- Novembre 1998 : grève de la faim des étudiants « sans-papiers » de l'université de Nanterre.
- 2000 : grève chez Cellatex à Givet (Ardennes) du 5 au 21 juillet ; suite à la liquidation de leur société, les salariés menacent de déverser de l'acide dans une rivière pour attirer l'attention sur leur sort.
- Novembre 2002 : grève des routiers pour la réduction du temps de travail, grève étudiante contre l'autonomie financière des universités.
- Mars-juin 2003 : grève de la fonction publique contre la réforme du régime des retraites, dite « plan Fillon ». Le 13 mai 2003, près de 180 rassemblements[9].avaient réuni 1,13 million de personnes contre la réforme Fillon des retraites.
- Été 2003 : grève des intermittents du spectacle contre la réforme du système d'indemnisation-chômage.
- Janvier-avril 2005 : mouvement lycéen contre la loi Fillon.
- Le 28 mars 2006[7], les manifestations[3] rassemblent entre 1,055 million[4] et 3 millions[8] de personnes selon les sources, lors du mouvement contre le contrat première embauche, débuté progressivement le 7 février 2006, avec 400 000 manifestants, tandis que le surlendemain, le 9 février 2006, l'article 49-3 permit au Parlement d'adopter le projet de loi. Un mois plus tard, le 7 mars 2006, des manifestations rassemblent 400 000 à 1 000 000 de personnes. Le 18 mars, c'est 530 000 manifestants selon la police et 1,5 million selon les organisateurs.
- Le 19 mars 2009[3],[7] réunit 3 millions de personnes[8], pour la plus importante des quatre journées de grèves et de manifestations organisées par les huit premiers syndicats en 2009.
- Grèves contre la réforme française des retraites de 2010 suite à la réforme des retraites en France en 2010. Le 23 septembre, 3 millions de personnes ont manifesté dans 239 villes en France, selon la CGT et 2,9 millions selon la CFDT, les deux syndicats évaluant à 300 000 personnes la manifestation parisienne, qui s'est répartie en deux cortèges pendant six heures. Selon le ministère de l'Intérieur les manifestants étaient 997 000 dans toute la France, dont 65 000 à Paris, l'Île-de-France n'ayant rassemblé que 6,5% des manifestants.
Statistiques des journées de grèves
Secteur privé
Nombre de millions de journées non-travaillées Année 1946 1947 1948 1949 1950 1951 1952 1953 1954 1955 Nombre 0,4 23,4 11,9 7,2 11,7 3,3 1,8 9,7 1,4 3,0 Année 1956 1957 1958 1959 1960 1961 1962 1963 1964 1965 Nombre 1,4 4,1 1,3 1,9 1,0 2,6 1,9 6,0 2,5 1,0 Année 1966 1967 1968 1969 1970 1971 1972 1973 1974 1975 Nombre 2,5 4,2 150,0 2,2 1,8 4,4 3,8 3,9 0,3 3,9 Année 1976 1977 1978 1979 1980 1981 1982 1983 1984 1985 Nombre 5,0 3,7 2,2 3,7 1,7 1,5 2,3 1,5 1,4 0,9 Année 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 Nombre 1,0 0,9 1,2 0,9 0,6 0,6 0,4 0,5 0,5 2,1 Année 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 Nombre 0,7 0,2 0,6 0,6 1,5 0,5 * 0,2 * 0,2 * 0,2 * Source : ministère du Travail.
L'unité employée est le nombre de journées de grève. Exemple : vingt salariés participant à un conflit de 5 jours comptent pour 100 jours de grève.
Note : (*) pour 2001, 2002 et 2003, ces chiffres ne prennent compte que les conflits localisés, excluant les grèves pour des motifs nationaux (exemple : la grève contre la loi Fillon).Secteur public
Ces chiffres ne concernent que la fonction publique d'État et ne comprennent donc pas la fonction publique hospitalière ni la fonction publique territoriale. Ils excluent aussi les PTT, La Poste et France Télécom.
Nombre de journées non-travaillées en millions Année 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 Nombre 0,8 0,7 0,6 2,3 0,5 2,3 0,2 0,3 0,2 3,7 Année 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 Nombre 0,6 0,3 0,6 0,7 1,6 0,9 0,7 3,7 Source : direction générale de l'Administration de la Fonction publique
Notes et références
- Encyclopædia Britannica, 15e édition, vol. 19, entrée « France », p. 517.
- Alain Delale et Gilles Ragache, La France de 68, éditions du Seuil
- http://www.ladepeche.fr/article/2010/09/08/902705-Les-plus-grandes-manifestations-en-France-depuis-15-ans.html
- http://www.gauchemip.org/spip.php?article1093
- TF1 du 4 décembre 1986, présenté par Claude Sérillon, dans les archives télévisées de l'Ina Sujet au 20 heures de
- http://www.ina.fr/notice/voirTouteVideoSimilaire/page/2/disp/liste/dir/desc/idNotice/CAB86034874
- Le Figaro du 12/10/2010 "«Les manifestations sont devenues des référendums», interview de Danielle Tartakowsky, historienne, par Guillaume Guichard,
- http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2010/10/11/04016-20101011ARTFIG00680-les-manifestations-sont-devenues-des-referendums.php
- http://www.liberation.fr/economie/01012288707-le-trafic-ferroviaire-conforme-aux-previsions
Voir aussi
Bibliographie
- Guy Groux et Jean-Marie Pernot, La Grève, Presses de Sciences Po, 2008. (ISBN 978-2-7246-1029-1)
- Michelle Perrot, Jeunesse de la grève, 1871-1890, Seuil, 1985. (ISBN 2-02-006939-3)
Articles connexes
- Grève
- Droit de grève
- Syndicalisme
- Syndicat
- Salaire
- Travailleur
- Retraite
- Conditions de travail
- Salariat
- Lutte des classes
- Chronologie du syndicalisme en France
Lien externe
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