Église Saint-Roch (Paris)

Église Saint-Roch (Paris)
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Église Saint-Roch
Image illustrative de l'article Église Saint-Roch (Paris)
Présentation
Culte Catholique romain
Type Église paroissiale
Rattaché à Archidiocèse de Paris
Début de la construction 1653
Style(s) dominant(s) Baroque
Protection  Classé MH (1914)
Géographie
Pays Drapeau de France France
Ville Paris 1er arrondissement
Coordonnées 48° 51′ 55″ N 2° 19′ 57″ E / 48.8652, 2.332648° 51′ 55″ Nord
       2° 19′ 57″ Est
/ 48.8652, 2.3326
  

Géolocalisation sur la carte : Paris

(Voir situation sur carte : Paris)
Église Saint-Roch

L’église Saint-Roch est une église du 1er arrondissement de Paris, située au 284 rue Saint-Honoré, bâtie entre 1653 et 1722 sur les plans initiaux de Jacques Le Mercier. Longue de 126 mètres, de plan médiéval, c’est l'une des plus vastes de Paris. L'édifice est classé au titre des monuments historiques depuis le 7 décembre 1914[1].

Le parvis de l’église fut le théâtre de combats durant l’insurrection royaliste du 13 vendémiaire an IV (5 octobre 1795). Pillée à la Révolution, l’église a récupéré une partie de son patrimoine ainsi que de nombreuses œuvres d’art provenant d'autres églises parisiennes. Toujours en activité, elle reste connue comme la paroisse des artistes, par allusion au nombre d’entre eux qui y ont été inhumés ou dont on y a célébré les obsèques, et de la riche collection d’œuvres d’art qui y est conservée.

Sommaire

Histoire

Historique de la construction

Chapelle dédiée à Sainte Suzanne dans l'église Saint-Roch

En 1521, Jean Dinocheau, un commerçant parisien, fit bâtir une chapelle dédiée à Sainte Suzanne dans le faubourg Saint Honoré situé près de Paris. En 1577, son neveu, Etienne Dinocheau, transforma la chapelle en une grande église et lui attribua le patron de Saint-Roch. En 1629, cette église devint l’église paroissiale et subit de nouvelles modifications entre 1653 et 1740 et la première pierre du nouvel édifice fut posée par le futur Louis XIV le 23 mars 1653, accompagné par sa mère Anne d’Autriche. Dans la nouvelle église, on consacra une chapelle à Sainte Suzanne, en souvenir de l’église précédente. Au-dessus de l’autel, se trouve une peinture murale de Sainte Suzanne poursuivit par ses persécuteurs. Levant les yeux au ciel, elle implore l’aide de dieu. La construction du nouvel édifice s’étalera jusqu’en 1722 sous l’égide des architectes Jacques Le Mercier, Étienne-Louis Boullée, Jules Robert de Cotte, Jules Hardouin-Mansart, Pierre Bullet et Robert de Cotte. Faute de financement, la construction est interrompue en 1660 où seuls le transept et la dernière travée de la nef étaient achevés. En 1690, le chœur et transept sont terminés mais ne sont protégés que d’un plafond provisoire en bois. À partir de 1701, Jules Hardouin-Mansart entreprend l’ajout d’une chapelle dédiée à la Vierge se composant d'un vaisseau central elliptique entouré d'un déambulatoire que Pierre Bullet achèvera après sa mort. Une nouvelle fois interrompus, les travaux reprendront en 1719 grâce à un don du banquier Law qui finance la toiture et la façade de l’église. Entre 1728 et 1736, Robert de Cotte ajoute une tour à droite du chœur.

Façade baroque

En 1735, une tour de la façade est détruite. Robert de Cotte trace les plans pour une façade à deux étages mais c'est probablement son fils Jules-Robert qui la réalise en 1739. Le niveau inférieur est orné de colonnes doriques, le niveau supérieur de colonnes corinthiennes. En 1754, Jean-Baptiste Marduel fait construire par Louis-Etienne Boullée la chapelle dédiée au Calvaire et qui sera profondément remaniée au milieu du XIXe siècle. Il fait appel à quelques-uns des plus illustres artistes de son temps pour la décorer, parmi lesquels Falconet, Pierre Vien, Doyen et Boullée.

Abat-Voix de la Chaire par Simon Challe

En 1756, Jean-Baptiste Pierre peint l'Assomption pour la coupole de la chapelle de la Vierge et Étienne Maurice Falconet sculpte au-dessus de l'arcade derrière l'autel de la Vierge une gloire sur le modèle de celle de Saint-Pierre de Rome et place en dessous un groupe de l'Annonciation, aujourd’hui disparu. Il installe également, dans la chapelle du Calvaire, une rocaille avec un Christ en croix, également disparue. En 1758, Jean-Baptiste Marduel fait réaliser une chaire par Simon Challe, qui sera remaniée à deux reprises et dont il ne reste de l’œuvre initiale que la partie supérieure, et un ensemble de peintures et de sculptures dans le transept. La chapelle du Calvaire est transformée en chapelle des Catéchismes en 1850, détruisant ainsi l'œuvre de Boullée. En 1879 la tour située sur le flanc droit, fragilisée par le percement de l'avenue de l'Opéra, est détruite.

L'église Saint-Roch et l'histoire

Journée du 13 vendémiaire : le général Bonaparte fait tirer au canon sur les insurgés royalistes. Les impacts sur la facade sont encore visibles de nos jours

Au temps de la Révolution française, cette église se trouvait au centre des combats, comme en témoigne la façade criblée de trous. Les groupes révolutionnaires comme le Club des Jacobins ou les Feuillants se rassemblaient à l’époque dans les cloîtres de la Rue Saint-Honoré. C’est le long de cette rue que circulaient les véhicules qui menaient les condamnés de la Conciergerie à la place de la Concorde où ils étaient exécutés. A deux pas de là, au palais des Tuileries où siégeait le Convent, le général Napoléon Bonaparte mit fin à la rébellion royaliste.

Ce sont les confrontations de cette époque qui sont encore visibles. Plus grave encore, sont les dégâts commis à l’intérieur de l’église. Un pillage systématique mena à la disparition de nombreux objets et œuvres d’art. Parmi eux se trouvait le portrait d’un des fondateurs de l’église : Dinocheau qui avait longtemps été exposé dans l’une des chapelles. Ce tableau se trouve aujourd’hui à Santa Maria Maggiore dans le Piémont , où l’on prétend qu’il s’agit d’un certain Féminis.

Saint-Roch est ensuite consacré "Temple du Génie" par décret du 6 Brumaire an VII (27 octobre 1798) puis le 7 janvier 1815 l'église est saccagée, aux cris de "mort aux prêtres", par 5.000 manifestants protestant contre le refus par l'Église d'enterrer chrétiennement la comédienne Françoise Raucourt (ou la Raucourt).

Curés

Personnalités inhumées dans l'Église

17e siècle

18e siècle

Tombeau d’Henri de Lorraine, comte d’Harcourt.

19e siècle

On peut encore y voir les cénotaphes de : Henri de Lorraine-Harcourt, Corneille, André Le Nôtre, Catherine de Rougé du Plessis-Bellière, Madame Geoffrin, etc.

Description

Le plan et les principes architecturaux initiaux de Saint-Roch s'inspirent de certains édifices établis par les Jésuites tel celui de la maison professe de Rome dont la conception se voulait adaptée à la liturgie catholique réformée par le concile de Trente :

« une église en croix latine, à nef unique, cantonnée de chapelles communicantes et transept peu saillant, voutée en berceau, fenêtres hautes, coupole à la croisée, façade à deux ordres superposés de largeur inégale couronnée d'un fronton[3] ».

Ce modèle architectural avait été introduit en France dès le début du XVIIe siècle sous de multiples variantes avec, notamment à Paris, l'église aujourd'hui disparue des Feuillants (1600-1608), celle des carmes déchaussés (1613-1620), l'église Saint-Paul-Saint-Louis (1627-1641), autrefois professe des jésuites, le noviciat détruit des jésuites (1634) ainsi que la chapelle de la Sorbonne (1634)[3].

L'église est alignée selon un axe Sud-Nord dérogeant à la règle d'orientation Ouest-Est, avec une façade baroque reconstruite vers 1730 au Sud et un chœur auquel ont été rajoutées successivement plusieurs chapelles alignées, dont celle de la Vierge, au Nord. Cet édifice présente également une autre particularité, à savoir une absence de clocher résultant de travaux de démolition entrepris au XIXe siècle lors de l'aménagement du passage Saint-Roch[4].

Extérieur

Une façade actuelle dans la tradition du modèle dit jésuite

Intérieur

Chapelle du Calvaire

Chapelle du Calvaire

La chapelle du Calvaire est bâtie en 1754, d'après le dessin de Falconet, à l'emplacement de l'ancien cimetière[5], tout au nord de l'église ; elle est alignée sur l'axe Nord-Sud de l'édifice. Elle est construite à l’initiative de Jean-Baptiste Marduel, curé de la paroisse de 1749 à 1789 ; il en confie la réalisation au jeune architecte Étienne-Louis Boullée qui redessine également les autels des transepts et leurs retables. Mais ce travail, profondément remanié lors de l'agrandissement de la chapelle en 1850, laisse ensuite place à une nouvelle décoration commandée par la ville de Paris.

Aujourd'hui on accède à cette chapelle, soit par une porte donnant sur la rue Saint-Roch, soit à partir du déambulatoire de la chapelle de la Vierge par un couloir contournant la chapelle de l'Adoration. La nef de la chapelle est orientée Ouest-Est à angle droit avec celui de l'église et comporte, à l'Est, un chœur dédié à la Vierge et, sur son côté nord, trois niches latérales abritant respectivement un Crucifiement de Duseigneur, l'autel creusé dans un massif de rochers dominé par un Christ en croix de Michel Anguier et une Mise au tombeau de Deseine (1819)[5].

Chapelle de l'Adoration

Chapelle de l'Adoration

Construite sur des fonds provenant des libéralités de Law, cette chapelle dite de l'Adoration est achevée en 1717[5]. Elle se dresse sur l'axe Nord-Sud de l'église en prolongement de la chapelle de la Vierge sous forme d'une niche ouverte du déambulatoire entourant cette dernière. Baignant dans une semi-obscurité voulue, n'étant éclairée que par deux vitraux, elle possède une ornementation religieuse originale, à savoir un crucifix solaire, une Arche d'alliance sur l'autel et deux chandeliers à 7 branches en relation avec le mobilier du Temple à Jérusalem[6].

Chapelle de la Vierge

Chapelle de la Vierge

La chapelle de la Vierge prolonge le chœur vers le Nord. Cet édifice supplémentaire dessiné par Jules Hardouin-Mansart et construit en 1709 sur des fonds recueillis par loterie[5] se présente sous la forme d’un ellipsoïde de taille respectable dont le grand axe est orienté Ouest-Est, c'est-à-dire à angle droit avec l’axe principal de l’église.

Cette chapelle, mélangeant à la fois le Baroque et le Classicisme, comprend plusieurs éléments remarquables. Elle possède notamment une coupole dont la voûte supporte une Assomption peinte entre 1749 et 1756 par le premier peintre du duc d’Orléans, Jean-Baptiste Marie Pierre, et restaurée en 1932[5].

Son autel où se trouvait autrefois une Annonciation d’ Étienne Maurice Falconet, œuvre disparue sous la Révolution, est surmonté depuis les années 1800-1810 d'une Nativité dite du Val-de-Grâce, marbre (1665) du sculpteur Michel Anguier. Au dessus, figure une imposante Gloire divine de Falconet dont les rayons et nuages, parsemés de têtes d'angelots, descendent sur la Sainte Famille. Cet ensemble est complété par deux autre œuvres, le saint Jérome de Lambert-Sigisbert Adam (1752) et une sainte Barbe anonyme (c.1700), de part et d'autre de l'autel[6].

Chœur

Vue générale du chœur

De nombreuses personnes ont été inhumées dans cette église, notamment au XVIIIe siècle. Le clergé avait son caveau sous le chœur avec une entrée protégée par une dalle de marbre noir. Cette dalle, toujours visible, comporte une inscription funéraire ainsi que divers sigles à caractère apotropaïque : tête de mort, torches inversées, etc.[7]. Parmi les personnes civiles inhumées ici, figurent les sculpteurs François et Michel Anguier, le poète Pierre Corneille, l'architecte de jardins André Le Nôtre, l'amiral Duguay-Trouin, Diderot, l'abbé de l'Épée[7]...

Déambulatoire

Transept

Nefs

Les grandes orgues, un chef-d'œuvre d'architecture

Les grandes orgues.

Orgues d'Aristide Cavaillé-Coll (1842)

  • 4 claviers manuels et pédalier
  • 53 jeux
  • Traction mécanique des claviers et des jeux
  • 2832 tuyaux

Un titulaire célèbre fut Claude-Bénigne Balbastre[8] dont le jeu étincelant attirait de telles foules que l'archevêque de Paris dut lui interdire d'interpréter ses noëls variés à Saint-Roch pendant le temps de l'Avent.

La titulaire actuelle est Françoise Levechin.

L'association Les Heures Musicales de Saint-Roch donne régulièrement des concerts et favorise la création d'œuvres contemporaines.

Notes et références

  1. Notice no PA00085798, sur la base Mérimée, ministère de la Culture
  2. voir ici
  3. a et b Claude Mignot, Daniel Rabreau (dir.) - Temps modernes XVe-XVIIIe siècles - Histoire de l'Art Flammarion - Paris 2005, 2007 - (ISBN 2080116029) , broché - p. 380
  4. Jacques Hillairet - Dictionnaire historique des rues de Paris - Éditions de minuit, 1997 - (ISBN 2707310549) (édition complète) - T.2, p.480
  5. a, b, c, d et e Jacques HillairetDictionnaire historique des rues de Paris – Éditions de minuit – Paris, 1997 – (ISBN 2707310549), édition complète – T.2, p.433
  6. a et b Patrimoine-histoire.fr
  7. a et b Jacques Hillairet - Dictionnaire historique des rues de Paris - T.2, p.433
  8. Mentionné dans le Journal de Paris, 18 juin 1777 (n°169), p.1.

Voir aussi

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Articles connexes

Liens externes

Évocations


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