- Royalisme
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Le royalisme est une idée politique qui prône ou soutient la royauté, c’est-à-dire un régime politique dans lequel le chef d'une nation porte le titre de roi ou de reine, le plus souvent héréditaire. Il est souvent confondu avec le monarchisme, alors qu'il existe des monarchies non royales (impériales, princières, grand-ducales...), voire entendu comme le contraire de la démocratie, alors qu'il existe des monarchies constitutionnelles, notamment en Europe (Espagne, Royaume-Uni...). Elle s'oppose au républicanisme.
Elle a pu ou peut s'exprimer individuellement dans une opinion ou collectivement dans un parti royaliste ou dans le cadre d'associations, en faveur d'une personne (roi, reine, prétendant) ou d'une dynastie, jugée légitime par ses partisans pour conserver ou remplir le rôle de Chef d'État d'un pays (portant alors le nom de royaume).
Dans l'histoire des royaumes d'Europe, d'Asie et d'Afrique, l'idée royaliste a pu également s'illustrer dans des conjurations ou des mouvements politiques ou armés menant à une restauration monarchique.
Sommaire
Différents types de royalisme
On peut définir quatre types de soutien d'une cause royaliste :
- Dans un royaume, lorsque la forme monarchique est la forme habituelle ou constitutionnelle du gouvernement, le royalisme peut s'exprimer en faveur du roi lui-même (ou de la reine), surtout en présence d'un risque de changement de régime. C'est le cas notamment en Australie pour défendre le caractère royal du régime australien conservé lors du référendum du 6 novembre 1999. Les royalistes de Hongrie ont soutenu après 1920 le roi Charles IV de Hongrie mais la restauration échoua en 1921 alors même que le pays resta un royaume jusqu'en 1949. Au Népal, les royalistes soutiennent le roi Gyanendra, déchu avec l'abolition de la monarchie népalaise le 28 mai 2008. Plus récemment encore en Belgique où l'opinion royaliste s'identifie à la défense de l'unité belge (le roi Albert II incarnant constitutionnellement la nation composée en majorité de Flamands et des Wallons).
- Dans un royaume, le royalisme peut s'exprimer en faveur d'un prétendant autre que le roi ou la reine régnant, lorsque la forme monarchique est la forme coutumière ou constitutionnelle du gouvernement. Ce fut le cas notamment du légitimisme en France sous la Monarchie de Juillet, de 1830 à 1848, où les partisans du comte de Chambord le préféraient à Louis-Philippe. De même, le carlisme était un mouvement royaliste espagnol préférant le prince Charles de Bourbon (1788-1855) (Don Carlos) et ses descendants à sa nièce la reine Isabelle II, à partir de 1833.
- Dans une république ou tout autre état ayant perdu le statut de royaume, le royalisme peut s'exprimer en faveur d'un roi chassé de son trône, ou de ses héritiers et prétendants. Le Jacobitisme anglais à partir de 1688, la chouannerie française après 1793 ou le légitimisme en 1830 en sont les exemples les plus connus.
- Dans une république ou tout autre état n'ayant pas le statut de royaume, le royalisme peut s'exprimer en faveur d'un prétendant au trône ou de plusieurs prétendants. C'est le cas notamment d'un nombre important de démocraties modernes ayant succédé politiquement à d'anciennes monarchies, notamment au XIXe siècle et au XXe siècle.
Royauté et monarchie
En philosophie politique, ou parfois dans l'opinion publique, les notions de royauté et de monarchie sont confondues. En France notamment, où depuis le XVIIIe siècle la royauté est exclusivement désignée par le terme impropre de monarchie qui désigne les régimes politiques dans lesquels une seule personne exerce tous les pouvoirs. L'exemple actuel du royaume de Suède contredit cet amalgame. Le roi Charles XVI n'y exerce aucun pouvoir.
Parfois, la royauté est aussi confondue avec d'autres régimes politiques comme l'empire qui suppose la soumission de plusieurs nations, ou avec la tyrannie qui est un régime affranchi de toutes lois.
Cette confusion avec la doctrine monarchique, qui soutient l'instauration, la restauration ou la défense d'un régime politique, a tendance à minimiser voire à ignorer l'attachement des royalistes envers un individu (roi régnant ou considéré comme tel). En outre, elle laisse croire que tout mouvement royaliste serait anti-démocratique, prônant le pouvoir d'un seul homme.
Données chiffrées
En 2009, en France, une étude[1] fut menée par SYLM (Support Your Local Monarch) auprès de 1737 royalistes et sous la forme d'un questionnaire disposant, pour chacune des questions, d'un choix restreint de réponses proposées ainsi que d'un espace de libre expression.
- Données sociologiques
- La répartition des royalistes par tranche d'âge : <16 ans (5.05%), 16/25 ans (14.92%), 26/35 ans (12.96%), 36/45 ans (34.36%), 46/55 ans (16.41%), 56/65 ans (11.71%), 66/75 ans (3.15%), >75 ans (1.43%)
- La répartition des royalistes par sexe : femmes (28.60%), hommes (71.40%)
- Le positionnement politique : Extrême-Gauche (0.58%), Gauche (7.33%), Centre (12.47%), Droite (21.65%), Extrême-Droite (12.30%), Ecologie (4.10%), Monarchiste/Royaliste (36.31%), Autre (5.25%)
- Le positionnement religieux : Catholique (49.19%), Agnostique (21.10%), Catholique traditionaliste/intégriste (11.18%), Athée (8.24%), Protestant (4.21%), Musulman (2.19%), Orthodoxe (1.09%), Juif (0.75%), Bouddhiste (0.35%), Autre (1.67%)
- L'engagement dans un parti politique : Extrême-Droite et Droite nationale (22.18%), Droite souverainiste (17.67%), Droite parlementaire (25.08%), Centre (15.11%), Ecologie (9.00%), Gauche (9.64%)
- L'engagement syndical : 24.20% des royalistes se déclarent syndiqués dont syndicat de salariés (80.76%), syndicat patronal (7.19%), syndicat agricole/pêche (5.75%), syndicat de profession libérale (1.91%)
- Données militantes
- Appartenance actuelle à une organisation royaliste : 14.12% dont (plusieurs réponses possibles) Action Française (19.52%), Restauration Nationale (13.54%), Alliance Royale (11.55%), Institut de la Maison de Bourbon (9.96%), Nouvelle Action Royaliste (9.16%), Gens de France (5.97%), Union des Cercles Légitimistes de France (5.97%), Institut Louis XVII (3.98%), Institut de la Maison Royale de France (3.58%), Groupe d'Action Royaliste (1.99%), Rassemblement Monarchique Démocratique (1.99%), Charte de Fontevrault (1.59%), Association des Réformés Royalistes (1.19%), Lys de France (1.19%)
- Appartenance passée à une organisation royaliste : 60.93% dont (plusieurs réponses possibles) Action Française (30.40%), Nouvelle Action Française (10.52%), Nouvelle Action Royaliste (9.94%), Action Française/Restauration Nationale (7.68%), Mouvement Royaliste Français (7.60%), Action Française Lycéenne (5.09%), Restauration Nationale (4.17%), Alliance Royale (4.09%), Union des Cercles Légitimistes de France (3.67%), Garde Blanche (2.92%), Action Française Etudiante (2.67%), Fédération des Unions Royalistes de France (2.42%), Centre Royaliste d'Action Française (2.25%), Union Royaliste de Provence (2.08%), Institut de la Maison de Bourbon (1.08%)
- Abonnement à la Presse royaliste : 35.30% dont (plusieurs réponses possibles) AF2000 (19.01%), Politique Magazine (14.96%), Royaliste (14.84%), Le Lien Légitimiste (8.46%), Les Epées (7.48%), Bulletin de l'IMB (5.03%), La Gazette Royale de l'UCLF (4.53%), Bulletin de l'Alliance Royale-BPO (4.17%), La Blanche Hermine (4.04%), La Gazette de l'IMRF (3.31%), La Nouvelle Revue Universelle (2.08%), Lettre de la Charte de Fontevrault (2.08%), Lettre de la Restauration Nationale (1.71%), La Légitimité (1.34%), Cité (1.10%)
- Données prospectives
- Quel rôle, selon vous, doit tenir un média royaliste aujourd'hui ?
- Quel est l'avenir du royalisme en France ?
- Quelle serait votre première mesure si vous accédiez au Pouvoir ?
Ces données n'ayant d'utilité que pour les royalistes et leurs structures, il est inutile de les détailler ici mais elles sont disponibles dans l'étude.
Partis et mouvements royalistes
Depuis l'instauration de régimes parlementaires, plusieurs pays, notamment en Europe, ont connu des partis royalistes.
- en Angleterre et en Écosse : à l'époque de la première révolution anglaise, Charles II, fils du roi décapité, trouve des soutiens en Écosse et est couronné à Scone en 1651. Monk fut d'abord l'adversaire des royalistes, avant d'être celui qui permit le rétablissement de la royauté (1660). Après 1688, la cause royaliste soutient Jacques II d'Angleterre. Le Jacobitisme se maintint jusqu'en 1807, à la mort du dernier Stuart de la branche royale. Quelques royalistes anglais estiment qu'aujourd'hui, ses droits appartiennent à la maison des Ducs de Bavière (légitimité catholique) anglaise, et qu'elle est amenée à passer dans celle du Liechtenstein.
- en Belgique : la question royale désigne les événements politiques qui eurent lieu entre le 7 mai 1945 et le 17 juillet 1951 à propos du retour au pays du roi Léopold III après la Seconde Guerre mondiale.
- en Espagne: les carlistes soutiennent la branche légitime des Bourbons depuis 1833, laquelle fut incarnée par les descendants de Charles V d'Espagne. En 1936, après la mort d'Alphonse Charles I sans héritiers directes, une question se posait chez les carlistes:
- suivre la branche des Bourbons de Parme en la figure de François-Xavier I, selon les dernières désirs du roi.
- accepter la succession des Bourbons libéraux en tant que descendants de François de Paula (frère mineur de Charles V) et pas en sa qualité d'enfants d'Isabelle.
- étant donné qui le système adopté par Philippe V pour régler la succession royale en 1700 n'était pas salique pur, mais semi-salique ou gombette, désigner Charles Pío d'Habsbourg-Toscane et Bourbon, en tant que grand fils de Charles VII, et avec le titre de Charles VIII. Cette branche "octavista" fut ultérieurment écartée par l'interdiction qui le Traité d'Utrecht fit des Habsbourg après la Guerre de Succession.
- Les partisans de la solution « jeaniste » furent appelés estorilos, par le voyage en Estoril qu'une certaine commission fit pour enfoncer la béret rouge à Don Juan, troisième fils d'Alphonse XIII à l'exil. Ils furent discrédités par les autorités officielles de la Comunión Tradicionalista, et s'ajoutèrent aux quelques défenseurs d'Alphonse et ses descendants après l'abdication de 1931. Avant le début de la Guerre Civile, les monarchistes partisans de la branche libéral s'organisèrent autour d'un parti traditionaliste, Renovación Española et pendant le franquisme portèrent la couleur verte pour symboliser l'acronyme de Viva El Rey De España.
En 1947, Franco choisit le prince Juan Carlos, fils de Jean, comme son successeur avec le titre de prince d'Espagne. Pour ces carlistes jeanistes, l'acceptation de la couronne par Juan-Carlos en obéissance à Franco, bien que ne respectant pas la même ligne, sa reconnaissance ultérieure par Don Juan (connu comme Comte de Barcelonne, et parlant d'instauration et non de restauration), les évenements politiques des dernières années du XXe siècle, ont laissé la branche constitutionnelle très discréditée chez les monarchistes, malgré l'apparent soutien populaire. Aujourd'hui c'est la Maison ducale de Parme celle qui porte, pour ses partisans, les droits au trône espagnol selon la quasi totalité des monarchistes carlistes, dont la plupart n'appartiennent à aucun parti, où bien sont divisés entre la Comunión Tradicionalista Carlista et le Partido Carlista (de tendance gauchiste).
- en France: à l'époque de la Révolution française, le soutien du roi est principalement exprimé par la révolte chouanne. Sous la Restauration, il existait plusieurs tendances royalistes, dont celui des Ultra-royalistes. À partir de la Monarchie de Juillet, la cause royale est soutenue par les Orléanistes (partisans de Louis-Philippe d'Orléans, devenu roi des Français) et les légitimistes (partisan du comte de Chambord, de jure « Henri V », mort en 1883. Dans la 1877-1881), les Orléanistes sont réprésentés par 11 députés (soit 2,1 %) et les Légitimistes par 44 députés (8,4 %) soit (10,5 % pour 20 % de bonapartistes). Représentants encore 10 % en 1893 (1902 dans la chambre du Bloc des gauches. L'opinion royaliste est alors maintenu dans la publication de périodiques comme la Revue d'Action française (1899) à laquelle succède le quotidien L'Action française de 1908 à 1944.
Depuis cette époque le royalisme français est caractérisé par un affaiblissement principalement imputable à la réussite du régime républicain français de la Cinquième République qui donne un pouvoir fort au président de la République. Il faut y ajouter un manque de visibilité des divers prétendants, une opinion publique devenue défavorable notamment grâce à la vitalité des idées reçues concernant le royalisme (perçu comme contraire à la démocratie). Enfin, à cela s'ajoutent les rivalités des deux principaux courants, le légitimiste et l'orléaniste.
Il existe aujourd'hui en France un parti royaliste, né le 25 janvier 2001 : l'Alliance royale (tendance constitutionnelle ou parlementaire) qui a présenté des listes aux européennes en 2004 et en 2009. Plusieurs mouvements dont la Nouvelle Action Royaliste soutiennent la revendication des princes d'Orléans, successeurs du roi des Français. Parmi les mouvements qui se veulent les sucesseurs de l'Action Française, citons la Restauration Nationale qui bénéficie d'une implantation en province et qui soutient le Prince Jean, duc de Vendôme. De son côté le mouvement légitimiste reconnait comme successeur des Rois de France le prince Louis de Bourbon, duc d'Anjou, aîné de la famille capétienne. L' Union des cercles légitimistes de France (vocation doctrinale) et l' Institut de la Maison de Bourbon (vocation culturelle) regroupent la quasi totalité des légitimistes.
- en Italie: Alleanza Monarchica
- au Portugal: les partisans du roi Michel Ier étaient les « Miguélistes » à partir de 1834. Après la proclamation de la République en 1910 et la chute de la dynastie de Saxe-Cobourg-Gotha, plusieurs tentatives de restauration royaliste ont été menées en faveur de Don Miguel, « duc de Bragance », sont menées par le capitaine Palva de Couceiro en 1911 et 1912, sans succès. Le déscendant de Don Miguel, Don Duarte est aujourd'hui Duc de Bragance, et le seul candidat au trône portugais après l'extinction de la branche libérale.
Littérature et presse royalistes
Les idéaux royalistes comme les soutiens à des princes incarnant une légitimité ont souvent été exprimés au travers de journaux dont les principaux titres depuis 50 ans ont été "Aspects de la France" (aujourd'hui "Action française 2000"), "La Nation française", "Royaliste", "Politique-magazine", "La Gazette Royale", "La Blanche Hermine", "Le Lien légitimiste". Depuis quelques années, se présentent également des sites webs ou encore des blogs.
Titres royalistes existant actuellement
- La Gazette Royale (trimestriel de l' Union des cercles légitimistes de France)
- La Blanche Hermine (bimestriel de la Fédération Bretonne Légitimiste)
- Royaliste (bimensuel)
- L'Action française 2000 (bimensuel)
- Politique magazine (mensuel)
- Le lien légitimiste (bimestriel)
Écrivains royalistes
Parmi les écrivains français, plusieurs ont revendiqué leur opinion en faveur de la royauté, d'autres l'ont simplement suggéré dans leur écriture, parmi lesquels on peut citer :
- Jacques Bainville
- Honoré de Balzac
- Jules Barbey d'Aurevilly
- Georges Bernanos
- Antoine Blanc de Saint-Bonnet
- Louis de Bonald
- Paul Bourget
- Pierre Boutang
- François-René de Chateaubriand
- Jean-François Chiappe
- Léon Daudet
- Eugène Ionesco[2]
- Pierre Gaxotte
- Jean de La Varende
- Charles Maurras
- Gabriel Marcel
- Jacques Perret
- Joseph de Maistre
- Alfred de Vigny
- Auguste de Villiers de l'Isle-Adam
Notes et références
- Le Royalisme En France, Etat des Lieux - 2009 SYLM,
- « On finira bien par restaurer la monarchie, un jour, contre la dictature et l’anarchie. » (source : par exemple : Nos Valeurs par l'Action royaliste).
Voir aussi
Wikimedia Foundation. 2010.