Unité allemande

Unité allemande
Page d'aide sur les redirections Cet article concerne l'unification allemande de 1871. Pour la réunification des deux Allemagnes en 1990, voir Réunification allemande.
L'Empire Allemand de 1871-1918. En excluant les populations germanophones du multiculturel Empire d'Autriche, cette construction géographique représente une solution petite-allemande

L'Unification de l'Allemagne sous la forme d'un État-nation eut officiellement lieu le 18 janvier 1871 dans la Galerie des Glaces du Château de Versailles en France. Les princes allemands s'y rassemblèrent après la victoire allemande lors de la Guerre franco-prussienne pour proclamer Guillaume de Prusse empereur du nouvel Empire Allemand. Cependant, le processus de rassemblement des populations germanophones d'Europe avait commencé depuis un siècle.

Le Saint-Empire romain de la nation germanique qui regroupait plus de 300 États indépendants fut effectivement dissous après l'abdication de François II le 6 août 1806 au cours de la Troisième Coalition contre Napoléon Bonaparte. En dépit des bouleversements politiques, administratifs et légaux qui suivirent la fin de l'Empire, les habitants des régions germanophones de l'ancien empire possédaient des traditions linguistiques et culturelles communes qui furent approfondies par leur expérience partagées lors des guerres de la Révolution française et des campagnes napoléoniennes. Le libéralisme offrait une base intellectuelle pour l'unification en concurrençant les modèles dynastiques et absolutistes d'organisation sociale et politique. Économiquement, la création de la Zollverein (union douanière) prussienne en 1818 et son expansion ultérieure aux États de la Confédération germanique réduisirent la compétition entre les États. L'émergence de nouveaux modes de transport facilita le commerce et les rencontres parfois hostiles entre les germanophones d'Europe Centrale.

Le modèle des sphères d'influences diplomatiques résultant du Congrès de Vienne en 1814-1815 à la suite des guerres napoléoniennes établissait la domination autrichienne de l'Europe Centrale. Cependant, les négociateurs à Vienne ne tinrent pas compte de la puissance grandissante de la Prusse au sein des États allemands et n'anticipèrent pas que la Prusse pourrait concurrencer l'Autriche pour le leadership des États allemands. Cette rivalité proposait deux solutions au problème de l'unification : La Kleindeutsche Lösung, la solution petite-allemande (Allemagne sans l'Autriche) ou la Großdeutsche Lösung, la solution grande-allemande (Allemagne et l'Autriche).

Les historiens continuent de débattre pour savoir si Otto von Bismarck, le ministre-président de Prusse avaient un plan défini pour étendre la Confédération de l'Allemagne du Nord de 1866 aux derniers États allemands au sein d'une unique entité ou s'il souhaitait simplement étendre le pouvoir du Royaume de Prusse. Ils concluent que de nombreux facteurs associés à la force de la Realpolitik de Bismarck menèrent une collection de pouvoir locaux à réorganiser leurs relations militaires, politiques, diplomatiques et économiques au XIXe siècle. La réaction aux nationalismes français et danois fournit un moteur pour l'expression de l'unité allemande. Les succès militaires, principalement prussiens, dans trois guerres régionales générèrent de l'enthousiasme et de la fierté que les politiciens purent utiliser pour promouvoir l'unification. Cette expérience faisait écho aux accomplissements communs lors des guerres napoléoniennes et en particulier lors de la Sixième Coalition en 1813-1814. En établissant la solution petite-allemande, l'unification politique et administrative de 1871 résolut au moins temporairement le problème du dualisme allemand entre l'Allemagne et l'Autriche.

Sommaire

Populations germanophones en Europe Centrale au début du XIXe siècle

Article principal : Saint-Empire Romain Germanique.
Germania, une personnification de la nation allemande, apparait dans la fresque de Philipp Veit (1834-1836). Elle porte un bouclier avec l'emblème de la Confédération germanique. Les boucliers sur lesquels elle se tient représentent les armoiries des sept princes-électeurs traditionnels du Saint-Empire Romain Germanique
Emblème de la Confédération germanique, également appelé Deutscher Bund

Avant 1806, les germanophones d'Europe Centrale formaient plus de 300 entités politiques différentes, la plupart faisant partie du Saint-Empire Romain Germanique ou des territoires héréditaires des Habsbourgs. Ils variaient en taille des petits et complexes territoires princiers des Hohenlohe aux vastes étendues du Royaume de Prusse et de l'Électorat de Bavière. Leur type de gouvernance était également très varié, des villes libres d'Empire telles que la puissante Augsbourg à la minuscule Weil der Stadt ; Des territoires ecclésiastiques comme la riche abbaye de Reichenau ou l'influent Électorat de Cologne ; Et des États dynastiques comme le Wurtemberg. Ces terres formaient le territoire du Saint-Empire Romain Germanique qui comporta jusqu'à plus de 1000 entités. À partir du XVe siècle, les princes-électeurs de l'Empire choisissaient un membre de la maison des Habsbourg pour porter le titre d'empereur du Saint Empire. Parmi les États germanophones, l'Empire fournissait les mécanismes administratifs et juridiques permettant la résolution de conflits entre les paysans et les propriétaires terriens ou entre différentes juridictions. À travers l'organisation des cercles impériaux (Reichskreise), des groupes d'États consolidaient leur unité et développaient leurs intérêts militaires et économiques[1].

La Guerre de la Deuxième Coalition (1799-1802) déboucha sur la défaite des forces impériales et de leurs alliés face à Napoléon Bonaparte. Les traités de Lunéville (1801) et d'Amiens ainsi que le Recès d'Empire de 1803 transfèreraient de larges portions de l'Empire à des États dynastiques, les territoires ecclésiastiques et la plupart des villes libres d'Empire disparurent et leur population dut offrir son allégeance à de nouveaux ducs ou rois. Ce transfert accrut particulièrement les territoires du Wurtemberg et de Bade. En 1806, Napoléon envahit la Prusse et écrase les armées prussiennes et russes à Iéna, il imposa ensuite le Traité de Presbourg qui démantelait le Saint-Empire Romain Germanique[2].

La montée du nationalisme allemand durant les Guerres napoléoniennes

Article principal : Guerres napoléoniennes.

Sous l'hégémonie du Premier Empire de Napoléon Bonaparte (1804-1814), le nationalisme allemand monta dans les États allemands réorganisés. La domination française fournit un nouvel argument à ceux qui voyaient l'"Allemagne" comme un seul État. Pour le philosophe Johann Gottlieb Fichte,

« Les premières, véritables et uniques frontières naturelles d'un État sont sans aucun doute leurs propres frontières internes. Ceux qui parlent le même langage sont unis les uns aux autres par une multitude de liens invisibles [...] ; Ils se comprennent tous et ont le pouvoir de continuer à se comprendre de mieux en mieux ; Ils sont ensembles et forment par nature un tout indivisible[3]. »

Une langue commune a pu servir de base pour une nation, mais, comme les historiens allemands du XIXe siècle l'écrivirent, il faut plus qu'une similitude linguistique pour unifier les centaines d'entités politiques[4]. L'expérience des peuples germanophones d'Europe Centrale durant les années d'occupation françaises joua un rôle dans la cause commune visant à chasser les troupes françaises et à récupérer le contrôle de leurs terres. Les campagnes de Napoléon en Pologne, en Espagne et la désastreuses invasion de la Russie en 1812 désabusèrent de nombreux allemands, princes et paysans de la même manière. Le Blocus continental imposé par Napoléon ruina l'économie de l'Europe Centrale. 125 000 allemands participèrent à la Campagne de Russie et les nombreux morts incitèrent les Allemands à envisager une Europe sans Napoléon. La création de milices comme les corps francs montre cette évolution[5].

Le Völkerschlachtdenkmal érigé en 1913 pour commémorer la Bataille de Leipzig de 1813 commémore les efforts du peuple allemand pour la victoire sur Napoléon

Le désastre de Russie affaiblit considérablement l'emprise française sur les princes allemands. En 1813, Napoléon monte une campagne dans les États allemands pour les ramener dans le giron français. La Guerre de la Sixième Coalition ou (Guerre de Libération pour les Allemands) atteint son paroxysme lors de la Bataille de Leipzig également connue sous le nom de Bataille des Nations. En octobre 1813, plus de 500 000 soldats participent à cet engagement qui dura trois jours faisant d'elle la plus grande bataille du XIXe siècle. La victoire décisive de la coalition composée de l'Autriche, de la Prusse, de la Russie, de la Suède et de la Saxe mit fin à la domination française à l'est du Rhin. Les forces coalisées poursuivirent Napoléon en France et ce dernier fut exilé sur l'Île d'Elbe. Durant la brève période des Cent-Jours en 1815, une nouvelle coalition menée par le britannique Arthur Wellesley et par le prussien Gebhard Leberecht von Blücher écrase l'armée française à Bataille de Waterloo le 18 juin 1815[6]. Le rôle décisif joué par les troupes de Blücher, particulièrement après leur retraite à Ligny aida à renverser le cours de la bataille contre les Français. La cavalerie prussienne poursuivit les débris de l'armée française le soir du 18 juin, scellant la victoire de la coalition. D'un point de vue allemand, les actions des troupes de Blücher à Waterloo et les efforts combinés à Leipzig offrirent un point de ralliement et de fierté[7]. Cette interprétation devint l'un des facteurs clés dans la construction du mythe borussien promu par les nationalistes pro-prussiens plus tard dans le XIXe siècle selon lequel le destin de la Prusse était de réaliser l'unification de l'Allemagne[8].

Réorganisation de l'Europe centrale et montée du dualisme allemand

Article principal : Congrès de Vienne.
Carte du Saint-Empire en 1789. La carte est dominée par les Habsbourgs (marron) et par le Royaume de Prusse (bleu) à côté d'une multitude de petits États (souvent trop petits pour être représentés).

Après la défaite de Napoléon, le Congrès de Vienne met en place un nouvel ordre européen basé sur l'équilibre des puissances. Cet ordre réorganise l'Europe sous la forme de sphères d'influence, qui dans certains cas ne tenaient pas compte des aspirations nationales comme en Italie ou en Allemagne[9]. La Prusse (élargie depuis 1803) et 38 autres États sont rassemblés dans la sphère d'influence de l'Empire Autrichien. Le Congrès met en place une vague Confédération germanique dirigée par l'Autriche avec une "diète fédérale" (appelée Bundestag ou Bundesversammlung) à Francfort. En reconnaissance de la position impériale traditionnellement occupée par les Habsbourgs, les empereurs d'Autriche deviennent les présidents de ce parlement. Cependant, la domination autrichienne ne tient pas compte de l'émergence de la Prusse dans les affaires impériales. Depuis que le Prince-Électeur de Brandebourg s'était proclamé Roi en Prusse au début du XVIIIe siècle, leur domaine s'est considérablement agrandi à travers les guerres et les mariages. Cette montée en puissance devint évidente lors de la Guerre de Succession d'Autriche et de la Guerre de Sept ans sous Frédéric II de Prusse[10]. Lorsque Marie-Thérèse d'Autriche et Joseph II du Saint-Empire tentèrent de restaurer l'hégémonie des Habsbourgs dans le Saint-Empire, Frédéric II créa le Fürstenbund (ligue des princes) en 1785. La rivalité entre l'Autriche et la Prusse influait fortement dans les affaires impériales. Cet équilibre des forces fut incarné par la Guerre de Succession de Bavière. Avant même la fin du Saint-Empire, cette compétition influença la croissance et le développement des mouvements nationalistes au XIXe siècle[11].

Problèmes de réorganisation

En dépit du terme de diète (assemblée ou parlement), cette institution ne doit pas être interprétée comme un vaste groupe de représentants élus par le peuple. De nombreux États n'avaient pas de constitution et ceux qui en avait une comme le Grand-duché de Bade basaient le droit de vote sur la richesse des citoyens, ce qui réduisait le nombre d'électeurs à une faible portion de la population masculine[12]. De plus, cette construction ne reflétait pas le nouveau statut de la Prusse en Allemagne. Malgré sa défaite totale à Iéna en 1806, elle avait réalisé un prodigieux retour à Waterloo. Par conséquent, les dirigeants prussiens entendaient jouer un rôle majeur dans la politique allemande[13].

Frontières de la Confédération germanique en rouge, la Prusse est en bleu, l'Autriche en jaune et le reste est en gris

La poussée du nationalisme stimulé par l'expérience des Allemands pendant la période napoléonienne, initialement alliée au libéralisme modifia les relations politiques, culturelles et sociales entre les États allemands[14] L'organisation étudiante Burschenschaft et les manifestations populaires comme celles du Château de Wartbourg en octobre 1817 contribuèrent à accroitre le sentiment d'unité des germanophones. De plus, les promesses implicites et parfois explicites faites durant la Guerre de Libération engendrèrent une volonté de souveraineté populaire et une participation accrue dans la vie politique mais ces attentes furent largement déçues après la signature du traité de paix. L'agitation causée par les organisations étudiantes mena les leaders conservateurs comme Klemens Wenzel von Metternich à craindre la montée d'un sentiment national ; L'assassinat du dramaturge August von Kotzebue en mars 1819 par un étudiant radical fut suivi par la proclamation des Décrets de Karlsbad qui visaient à contrer les idées libérales et nationalistes[15]. Ces décrets rendirent le Burschenschaft clandestin en étendant la censure de la presse et de la correspondance privée et en limitant les débats académiques. Ces décrets furent le sujet du pamphlet de Joseph Görres Teutschland und die Revolution (L'Allemagne et la Révolution) de 1820 dans lequel il concluait qu'il était impossible et non souhaitable de réprimer la libre parole de l'opinion publique avec des mesures réactionnaires[16].

Collaboration économique : Les unions douanières

Article principal : Zollverein.

Le Zollverein était une autre institution clé qui permit de créer une plus large unification économique au sein des États allemands. Initialement conçu par le ministre des finances prussien von Bülow comme une union douanière prussienne en 1818, le Zollverein lia les nombreux territoires de Prusse et des Hohenzollern. Au cours des trente années qui suivirent, d'autres États allemands rejoignirent l'union. Celle-ci aida à réduire les barrières protectionnistes parmi les États allemands particulièrement dans le domaine du transport des matières premières et des produits manufacturés réduisant les couts de transports et rendant plus faciles les échanges inter-étatiques. Cela était indispensable pour les centres industriels émergents dont la plupart se trouvaient en Rhénanie et dans les vallées de la Sarre et de la Ruhr[17].

Routes et Chemins de fer

En octobre 1817, environ 500 étudiants se rassemblèrent au château de Wartbourg, où Martin Luther avait trouvé refuge trois siècle auparavant, pour manifester en faveur de l'unification nationale. Wartbourg fut choisi pour son lien avec ce personnage historique. Gravure contemporaine sur bois coloré[18].

Au début du XIXe siècle, les routes allemandes se trouvaient dans un état de délabrement inquiétant. Les voyageurs, étrangers et nationaux, se plaignaient amèrement de l'état des Heerstraßen, les routes militaires autrefois entretenues pour faciliter le déplacement des troupes. Comme les États allemands cessèrent d'être un carrefour militaire, les routes s'améliorèrent. La longueur des routes en dur en Prusse passa de 3 800 km en 1816 à 16 600 km in 1852, aidé en cela par l'invention du macadam. En 1835, Heinrich von Gagern écrivit que les routes étaient les « veines et les artères du corps politique... » et prédit qu'elles promouvraient la liberté, l'indépendance et la prospérité[19]. Comme les personnes purent se déplacer, elles entrèrent en contact les unes avec les autres dans les trains, les restaurants et pour certains dans des hôtels huppés tels que le spa de Baden-Baden. Le transport fluvial s'améliora également. Les blocus sur le Rhin furent supprimés par Napoléon et à partir des années 1820, les moteurs à vapeur permirent de libérer les péniches de l'encombrant système d'hommes et d'animaux qui aidaient les navires à remonter le fleuve. En 1846, 180 navire à vapeur faisaient la navette entre les rivières allemandes, le Lac de Constance et un réseaux de canaux reliant le Danube, la Weser et l'Elbe[20].

Aussi important que ces améliorations aient put être, elles ne purent pas concurrencer l'impact du chemin de fer. L'économiste Friedrich List appelait les chemins de fer et les unions douanières, des « Sœurs Siamoises » mettant ainsi l'accent sur l'importance des relations entre ces deux éléments[21]. Il n'était pas le seul, le poète August Heinrich Hoffmann von Fallersleben écrivit un poème dans lequel il louait les vertus du Zollverein qui commençait par une liste des matières premières qui ont plus contribué à l'unité allemande que la politique ou la diplomatie[22]. Les historiens de l'Empire allemand virent ensuite dans le chemin de fer, le premier indicateur d'un État unifié. L'écrivain patriotique Wilhelm Raabe écrivit : « L'Empire Allemand fut fondé par la construction du premier chemin de fer... »[23]. Tout le monde n'accueillait pas le monstre de fer avec enthousiasme. Le roi de Prusse Frédéric-Guillaume III de Prusse ne voyait aucun avantage à pouvoir voyager de Berlin à Potsdam un peu plus rapidement et Metternich refusait de monter dans un train. D'autres se demandaient si le chemin de fer était un « démon » menaçant le paysage : Le poème An den Frühling (Le Printemps) de Nikolaus Lenau publié en 1838 déplorait ces trains qui détruisaient la quiétude immaculée des forets allemandes[24].

La Bayerische Ludwigseisenbahn, qui était la première ligne de fret et de transport de passagers en Allemagne, connectait Nuremberg et Fürth en 1835 ; elle ne mesurait que 6 km de long et ne fonctionnait que le jour mais se révéla à la fois rentable et populaire. En moins de trois ans, 141 km de rails furent posés. En 1840, on comptait 462 km de lignes et en 1860, 11 157 km. Comme il n'existait aucun centre géographique pour définir l'organisation (à la différence de Paris pour la France), les lignes formaient une sorte de filet reliant les villes et les marchés au sein d'une zone, les zones entre elles au sein d'une région et ainsi de suite. Comme le réseau s'agrandissait, il devenait moins cher de transporter les marchandises : De 18 pfennigs par tonne et par kilomètre en 1840 à 5 en 1870. De même, les matières premières pouvaient voyager le long de la vallée de la Ruhr sans avoir à être déchargée et rechargée. Les lignes ferroviaires encouragèrent l'activité économique en créant une demande pour les matières premières et en facilitant le commerce. En 1850, le transport fluvial transportait trois fois plus de fret que le train ; En 1870, la situation était inversée. Les lignes ferroviaires changèrent également l'apparence des villes, la façon dont les gens se déplaçaient et leur impact toucha jusqu'à l'ordre social. Si certaines régions excentrées ne furent pas connectées avant les années 1890, la majorité de la population et des centres de production étaient reliés par rail dés 1865[25].

Géographie, patriotisme et linguistique

Cette caricature de 1834 s'attaque aux nombreux péages existants avant l'établissement du Zollverein. Certains États étaient si petits que les transporteurs devaient charger et décharger leurs cargaisons deux ou trois fois par jour.

Comme les déplacements étaient plus faciles, rapides et moins chers, les Allemands commencèrent à voir des facteurs d'unité autre que la seule unité linguistique. Les frères Grimm, qui avaient rédigé un impressionnant dictionnaire allemand, rassemblèrent les fables et les histoires populaires qui montraient les parallèles entre les différentes histoires régionales[26]. Karl Baedeker écrivit des livres de voyages sur différentes villes d'Europe Centrale, indiquant les lieux d'hébergements, les sites à visiter et une brève histoire des châteaux, des personnalités et des champs de bataille rencontrés. Ses guides incluaient également les distances, les routes à éviter et les itinéraires de randonnés à suivre[27].

Les mots de August Heinrich Hoffmann von Fallersleben expriment non seulement l'unité linguistique du peuple allemand mais également son unité géographie. Dans Deutschland, Deutschland über Alles, officiellement appelé Das Lied der Deutschen (Le Chant des Allemands), Fallersleben appelle les souverains de tous les États allemands à reconnaitre les caractéristiques unificatrices du peuple allemand[28]. D'autres musiques patriotiques comme Die Wacht am Rhein (La Garde au Rhin) de Max Schneckenburger commencèrent à concentrer l'attention sur un espace géographique, ne limitant pas la « germanité » à une langue commune. Schneckenburger écrivit La Garde au Rhin comme une réponse aux arguments français qui prétendaient que la rive orientale du Rhin était la frontière orientale naturelle de la France. Le refrain, Chère patrie, sois calme : Ferme et loyale est la garde, la garde au Rhin !, et d'autres chants patriotiques comme Das Rheinlied (Le Chant du Rhin) de Nicholaus Becker appelaient les Allemands à défendre leur territoire national. En 1807, Alexander von Humboldt avança que le caractère national reflétait l'influence géographique en liant les paysages aux peuples. Simultanément, l'idée de préserver les anciennes forteresses et les sites historiques émergea particulièrement en Rhénanie où beaucoup de batailles contre les Français et les Espagnols avaient été menées[29].

Vormärz et le libéralisme

Article principal : Vormärz.

La période des États policiers de Prusse et d'Autriche et de la forte censure d'avant les Révolutions de 1848 devint largement connue sous le nom de Vormärz, l'« avant-mars » en référence à mars 1848. Durant cette période, le libéralisme européen monta en puissance avec son agenda politique, social et économique. La plupart des libéraux européens du Vormärz souhaitaient l'unification sous des principes nationalistes, l'expansion du suffrage masculin et la transition vers le capitalisme. Leur « radicalité » dépendant de leur avis sur le suffrage masculin : Plus ils demandaient un élargissement du suffrage, plus ils étaient radicaux[30].

La fête de Hambach : Nationalisme libéral et réponse conservatrice

Les participants pro-nationalistes marchent vers le château de Hambach en portant l'étendard noir, rouge et or du Burschenschaft qui servira de base au drapeau de l'Allemagne moderne.

En dépit d'une importante réaction conservatrice, les idées d'unité rejoignirent les notions de souveraineté nationale dans les terres germaniques. Plus de 30 000 personnes participèrent à la fête de Hambach[31]. Présenté comme une fête communale[32], ses participants célébrèrent la fraternité, la liberté et l'unité nationale et marchèrent vers les ruines du château de Hambach sur les hauteurs de la petite ville de Hambach dans la province du Palatinat en Bavière. Une fois arrivés, ils écoutèrent des discours d'orateurs nationalistes de tous l'échiquier politique. Le contenu général des discours suggérait une différence fondamentale entre le nationalisme allemand des années 1830 et le nationalisme français de la Révolution de Juillet : l'accent était mis sur le fait que le nationalisme allemand devait reposer sur l'éducation du peuple : Une fois celui-ci éduqué au niveau suffisant, l'unification serait inévitable. La rhétorique de Hambach insistait sur la nature pacifique du nationalisme allemand : il n'était pas question de construire des barricades, une forme très « française » de nationalisme mais plutôt de réaliser des « ponts émotionnels » entre les groupes[33].

Caricature allemande se moquant des Décrets de Karlsbad qui supprimaient la liberté d'expression

Comme il l'avait fait en 1819, après l'assassinat de Kotzebue, Metternich utilisa la manifestation populaire de Hambach pour promouvoir la politique socio-conservatrice. Les "Six Articles" du 28 juin 1832 réaffirmaient le principe d'autorité monarchique. Le 5 juillet, la diète de Francfort vota dix articles supplémentaires qui prolongeaient les règles existantes concernant la censure, la restriction des organisations politiques et la limitation des autres activités publiques. De plus, les États membres acceptaient d'envoyer une assistance militaire à un gouvernement menacé par un soulèvement[34]. Le Prince Wrede mena ainsi la moitié de l'armée bavaroise dans le Palatinat pour "soumettre" la province. Plusieurs orateurs malchanceux de Hambach furent arrêtes, jugés et emprisonnés. L'un d'entre eux, Karl Heinrich Brüggemann (1810–1887), un étudiant en droit et représentant du Burschenschaft clandestin fut envoyé en Prusse où il fut condamné à mort avant d'être gracié[31].

Libéralisme et réponse aux problèmes économiques

Timbre de 1982 commémorant le 150e anniversaire de la fête de Hambach
Timbre de 2007 commémorant le 175e anniversaire de la fête de Hambach

Plusieurs autres facteurs compliquèrent la montée du nationalisme dans les États allemands. Les facteurs humains incluaient les rivalités politiques entre les membres de la confédération allemande, particulièrement entre les Autrichiens et les Prussiens, et la compétition socio-économique entre les intérêts de la bourgeoisie commerçante et les intérêts de l'aristocratie et des propriétaires terriens. Les facteurs naturels regroupaient d'importantes inondations au début des années 1830 et 1840 et une crise alimentaire dans les années 1840. D'autres phénomènes comme l'exode rural modifièrent profondément la société allemande[35].

La dislocation économique, culturelle et sociale de la société, les difficultés économiques d'une économie en transition et la pression des désastres météorologiques contribuèrent à aggraver les problèmes en Europe Centrale[36]. L'échec de la plupart des gouvernements sur la question de la crise alimentaire du milieu des années 1840 causée par la mildiou de la pomme de terre (voir la Grande famine en Irlande) et les nombreuses années de mauvais temps firent que de nombreuses personnes considéraient que les riches et les puissants n'étaient pas intéressés par les problèmes des petites gens. Les dirigeants étaient inquiétés par l'agitation grandissante des classes laborieuses et la désaffection de l'intelligentsia. La censure, les amendes, l'exil ou l'emprisonnement ne semblaient plus capable de contenir les critiques. De plus, il devenait de plus en plus clair que l'Autriche et la Prusse voulaient devenir le leader d'une éventuelle unification et chacun d'entre eux allait empêcher l'autre d'y arriver[37].

Première tentative d'unification

Article principal : Révolutions de 1848.

Le rassemblement de Wartbourg en 1817 et le festival de Hambach en 1832 manquaient d'un programme clair en vue de l'unification. À Hambach, les positions des orateurs illustraient les différents agendas. Rassemblés uniquement par l'idée d'unification, les moyens de la réaliser différaient largement mais s'accordaient sur l'idée nébuleuse que le Volk (le peuple), s'il était bien éduqué, pourrait réaliser l'unification tout seul. Les grands discours, les étendards, les étudiants volontaires et les rassemblements festifs ne se transformèrent pas en un nouveau corps politique, bureaucratique et administratif ; Aucune constitution n'apparut miraculeusement même si les débats ne manquaient pas. En 1848, les nationalistes songèrent à remédier à ce problème[38].

La révolution de 1848 et le parlement de Francfort

Article principal : Parlement de Francfort.

Les Révolutions de 1848-1849 en Allemagne visaient l'unification et une unique constitution allemande. Les révolutionnaires firent pression sur de nombreux gouvernement, particulièrement en Rhénanie pour obtenir une assemblée constituante chargée de rédiger une nouvelle constitution. La plupart des révolutionnaires de gauche espéraient que cette constitution établirait un suffrage masculin universel, un parlement national permanent et une Allemagne unifié. Le nouveau gouvernant de cette nouvelle entité pourrait être le roi prussien qui était le choix le plus logique : La Prusse était l'État le plus vaste mais également le plus puissant. De manière générale, les révolutionnaires de droite et du centre préféraient une forme d'unification plus souple où les États conserveraient une large autonomie. Leur pression entraina la création de nombreux systèmes de vote tels que le système des trois classes prussien qui accordait à certains groupes, principalement les plus riches et les propriétaires terriens, une plus large représentation[39].

Les parlementaires se réunirent pour la première fois dans l'Église Saint-Paul de Francfort où ils jetèrent les bases d'un parlement national[40].

Le 27 mars 1849, le Parlement de Francfort fit passer la Paulskirchenverfassung (Constitution de l'Église Saint-Paul) et en avril 1849, il offrit le titre de Kaiser (empereur) au roi de Prusse Frédéric-Guillaume IV. Il refusa pour plusieurs raisons. Publiquement, il répondit qu'il ne pouvait accepter la couronne sans le consentement des États, c'est-à-dire les princes. En privé, il craignait l'opposition des autres princes allemands et l'intervention miliaire de la Russie et de l'Autriche ; Il n'aimait également pas l'idée d'accepter une couronne de la part d'un parlement élu par le peuple : Il ne pouvait pas accepter une couronne d'"argile", une couronne "de boue et de sang", ce "collier de servitude offert par des maîtres boulangers" comme il disait[41]. En dépit des obstacles légaux, le parlement de Francfort réussit à rédiger une constitution et s'accorda sur la solution petite-allemande. Le parlement de Francfort se termina en un échec partiel : Si les libéraux n'avaient pas réussi à achever l'unification, ils avaient réussi à faire passer de nombreuses réformes avec les princes allemands[42].

Analyse rétrospective de 1848 et du parlement de Francfort

La question des succès et des échecs du parlement de Francfort a généré des décennies de débats au sein des historiens de l'histoire allemande et contribua à l'historiographie de la construction de la nation allemande. Une école de pensée, qui émergea après 1918 et qui connut le succès après la Seconde Guerre mondiale expliquait que la soi-disant défaillance des libéraux allemands du parlement de Francfort mena à un compromis entre la bourgeoisie et les conservateurs, principalement les propriétaires terriens de Prusse (Junkers) donnant naissance par la suite au soi-disant Sonderweg allemand (l'autre chemin) au XXe siècle[43]. Cette école avançait que l'échec de l'unification en 1848 entraina la formation tardive de l'État-nation en 1871 ce qui retarda le développement des valeurs nationales positives. De plus, l'"échec" de 1848 réaffirma la nostalgie de l'aristocratie parmi la classe moyenne allemande. Par conséquent, ce groupe ne développa jamais un programme de modernisation[44].

Des universitaires contemporains se sont opposés à cette idée, avançant que l'Allemagne n'avait pas un véritable Sonderweg, ou en tout cas pas plus que n'importe quelle autre nation qui au cours de son histoire s'est distinguée[45]. Au lieu de cela, ce nouveau groupe d'historiens prétend que 1848 marque une véritable avancée pour les politiciens libéraux ; Un grand nombre de leurs idées et programmes furent par la suite incorporés au sein des programmes sociaux de Bismarck (par exemple, la sécurité sociale, les programmes d'éducations et une large définition du suffrage). De plus, la notion de chemin unique repose sur le fait que le chemin d'autres nations (Dans ce cas, celui du Royaume-Uni) est la norme[46]. Ce nouvel argument pose problème à la norme du modèle britannique et des études récentes sur le développement national en Grande-Bretagne et dans d'autres États "normaux" (par exemple, la France et les États-Unis) ont proposé que même dans ces États, la nation moderne ne s'est pas développée régulièrement mais était largement une proposition datant du milieu du XIXe siècle[47]. Dans les années 1990, cette dernière vision devint la théorie acceptée même si certains historiens[48] continuent d'utiliser l'idée du Sonderweg pour comprendre la période du national-socialisme[49].

Cette représentation de Germania de Philipp Veit fut créée pour cacher l'orgue de l'Église Saint-Paul de Francfort durant le rassemblement du parlement en ce lieu entre 1848 et 1849

Problèmes de sphères d'influences : L'Union d'Erfurt et la conférence d'Olmütz

Après le démantèlement du parlement de Francfort, Frédéric-Guillaume IV, sous l'influence du général Joseph von Radowitz supporta l'établissement de l'Union d'Erfurt, une fédération d'États allemands, excluant l'Autriche, créée par le libre consentement des princes allemands. Cette union limitée aurait presque entièrement éliminé l'influence autrichienne sur les autres États allemands. Les pressions diplomatiques combinées de l'Autriche et de la Russie (garante des accords de Vienne de 1815 et des sphères d'influence) forcèrent la Prusse à abandonner cette idée lors de la Conférence d'Olmütz (également appelée "reculade d'Olmütz") dans la petite ville d'Olmütz en Moravie. En novembre 1850, les Prussiens, particulièrement Radowitz et Frederick-Guillaume durent accepter la restauration de la confédération allemande sous la domination autrichienne[50].

Bien qu'ils semblent anecdotiques, l'Union d'Erfurt et la conférence d'Olmütz mirent les problèmes d'influences dans les États allemands au centre des préoccupations. La question de l'unification ne dépendait plus du "si" mais du "quand" et ce "quand" dépendait du rapport de force. L'un des anciens membres du Parlement de Francfort, Johann Gustav Droysen résuma le problème :

« Nous ne pouvons accepter le fait que la totalité de la question allemande se résume à une simple alternative ente la Prusse et l'Autriche. Dans ces États, la vie allemande a ses côtés positifs et négatifs. Dans le premier, tous les intérêts sont nationaux et réformateurs, dans le second, tous sont dynastiques et destructeurs. La question allemande n'est pas une question constitutionnelle mais une question de puissance ; Et la monarchie prussienne est maintenant entièrement allemande tandis que celle d'Autriche ne peut pas l'être[51]. »

L'unification dans ces circonstances posait un problème diplomatique de base. La possibilité d'une unification allemande (et bien entendu l'unification italienne) déséquilibrait les principes fondamentaux mis en place en 1815 ; L'unification de ces groupes renverserait le principes des sphères d'influences imbriquées. Metternich, Castlereagh et le tsar Alexandre Ier (et son conseiller pour les affaires étrangères Charles Robert de Nesselrode), les principaux acteurs du Congrès de Vienne avaient conçus et organisés une Europe (et le monde) équilibrée par quatre grandes puissances : La Grande-Bretagne, la France, la Russie et l'Autriche. Chacune d'entre elles possédant sa propre zone d'influence. Pour les Français, elle s'étendait dans la péninsule ibérique et dans les États italiens ; Pour les Russes, dans les régions orientales de l'Europe Centrale ainsi que dans les Balkans ; Pour les Autrichiens, cette sphère incluait la plupart des territoires d'Europe Centrale de l'ancien Empire Romain Germanique ; Et pour les Britanniques, le reste du monde, principalement les mers[52].

Le système des sphères d'influence reposait sur la fragmentation des États allemands et italiens et non pas sur leur rassemblement. Par conséquent, une nation allemande unie sous une même bannière posait des questions brulantes : Qui sont les Allemands ? Où est l'Allemagne ? mais également Qui commandait ? et plus important, Qui pourrait être le meilleur défenseur de l'Allemagne ? Différents groupes offrirent des solutions à ce problème. Dans la solution Kleindeutschland (Solution petite-allemande), les États allemands seraient unifiés sous la domination prussienne ; Dans la solution Großdeutschland (Solution grande-allemande), les États allemands seraient unifiés sous la domination autrichienne. Cette controverse qui dominait la politique des États allemands et de la diplomatie austro-prussienne depuis la création du Royaume de Prusse en 1701 allait devenir déterminante dans les 20 années à suivre[53].

Espoirs étrangers en une Allemagne unifiée

D'autres nationalistes fondaient de grands espoirs dans le mouvement d'unification allemand et la frustration liée à la longue attente après 1850 sembla mettre le mouvement unificateur en retrait. Les révolutionnaires associaient l'unification avec l'idée de progrès. Comme Giuseppe Garibaldi, le héros de l'unification italienne, l'écrivit au révolutionnaire allemand Karl Blind le 10 avril 1865, "le progrès de l'humanité semble s'être arrêté, et vous avec votre intelligence supérieure savez pourquoi. La raison est que le monde manque d'une nation possédant une véritable direction. Une telle direction, bien sur, est nécessaire non pas pour dominer les autres peuples mais pour les accompagner le long du chemin du devoir et les mener vers la fraternité des nations où toutes les barrières érigées par l'égoïsme seraient détruites." Garibaldi voyait l'Allemagne comme le "genre de direction qui, dans la plus pure tradition chevaleresque, se dévouerait au redressement des péchés, au soutien des faibles, sacrifiant momentanément les gains et les avantages matériels pour la réalisation bien plus satisfaisante de supprimer la souffrance de ses semblables. Nous avons besoin d'une nation suffisamment courageuse pour nous mener dans cette direction. Elle rallierait à sa cause tous ceux qui souffrent et qui aspirent à une vie meilleure et tous ceux qui endurent une occupation étrangère."[54].

L'unification allemande était également vue comme un préalable indispensable à la création d'une fédération européenne que Giuseppe Mazzini et d'autres européens promouvaient depuis trois décennies.

« Au printemps 1834, Mazzini et une douzaine de réfugiés d'Italie, de Pologne et d'Allemagne fondèrent à Berne une nouvelle association portant le nom grandiose de Jeune Europe. Sa base et une autre grande idée était que, comme la Révolution française de 1789 avait élargit le concept de liberté individuelle, d'autres révolutions auraient maintenant besoin de liberté nationale. Il espérait que dans un futur évidemment distant, les nations libres se rassembleraient au sein d'une Europe fédérale avec une assemblée fédérale chargée de réguler leurs intérêts communs. [...] Son intention était ni plus ni moins que le renversement de l'Europe telle qu'elle avait été conçue après le Congrès de Vienne de 1815 avec le rétablissement d'une hégémonie oppressive de quelques grandes puissances qui bloquaient l'émergence de plus petites nations. [...] Mazzini espérait, mais sans grand espoir, que sa vision d'une ligue ou d'une société de nations indépendantes pourrait être réalisée de son vivant. En pratique, Jeune Europe ne disposait pas de l'argent et du soutien populaire pour exister sur le long terme. Néanmoins il resta toujours fidèle à l'idéal d'un continent unifié pour lequel la création de nouvelles nations était un préalable indispensable[55] »

La montée en puissance de la Prusse et la Realpolitik

Article principal : Realpolitik.
La convergence de direction de la diplomatie et de la politique réalisée par Otto von Bismarck (à gauche), la réorganisation de l'armée et de ses techniques d'entrainement par Albrecht von Roon (au centre) et la réforme des principes stratégiques et opérationnels par Helmuth von Moltke (à droite) placèrent la Prusse parmi les plus puissants États européens après 1860.

En 1859, Guillaume était devenu régent pour son frère malade Frédéric-Guillaume IV de Prusse ; Helmuth von Moltke était le chef d'état-major du quartier général prussien et Albrecht von Roon occupait le poste de ministre de la guerre[56]. Von Roon et Guillaume (qui prenait une part active dans ces discussions) réorganisa l'armée prussienne et Moltke transforma la défense de la Prusse en simplifiant le commandement opérationnel. Ces réformes (et la manière de les financer) provoquèrent une crise constitutionnelle car le parlement et le roi, via son ministre de la guerre, voulait contrôler le budget militaire. Guillaume, couronné en 1862 roi Guillaume Ier nomma Otto von Bismarck au poste de ministre-président de la Prusse. Ce dernier résolut la crise en faveur du ministre de la guerre[57].

La Guerre de Crimée de 1854-1855 et la Deuxième Guerre d'indépendance italienne perturbèrent les relations entre la France, la Grande-Bretagne, l'Autriche et la Russie. Dans le désordre qui s'ensuit, la réorganisation de l'armée et la diplomatie de Bismarck influencèrent la reconstruction de l'équilibre des forces en Europe. Cela eut pour conséquence, l'établissement de la Prusse comme la puissance allemande dominante grâce à une combinaison de triomphes diplomatiques soutenus par la puissance militaire prussienne et un conservatisme teinté de pragmatisme : la Realpolitik[58].

Bismarck exprima l'essence de la Realpolitik dans son fameux discours du "Fer et du Sang" au comité du budget de la chambre des députés prussienne le 30 septembre 1862 peu après sa nomination au poste de ministre-président : "Les grandes questions de notre temps ne se décideront pas par des discours et des votes à la majorité, mais par le fer et le sang"[59]. Les termes de fer et de sang ont été parfois mal interprétés comme des preuves de la soif allemande pour le sang et le pouvoir[60]. Premièrement, son discours, et la phrase "les grandes questions de notre temps ne se décideront pas par des discours et des votes a la majorité" est souvent interprétée comme un refus du processus politique, une position dont Bismarck ne s'est jamais fait l'avocat[61]. Deuxièmement, son expression "le fer et le sang" n'implique pas une puissance militaire sans rivale de l'armée prussienne mais plutôt deux aspects importants : Premièrement, la capacité des différents États allemands à produire du fer (et les matériels guerriers dérivés) et en second, la volonté de les utiliser si, et quand, cela serait nécessaire[62].

Formation d'un État unifié

Le besoin à la fois du fer et du sang devint rapidement apparent. En 1862, lorsque Bismarck fit son discours, l'idée d'un État-nation allemand dans l'esprit pacifique du pangermanisme avait évoluée pour s'accommoder de la Realpolitik de Bismarck. En tant que pragmatique, Bismarck comprenait les possibilités, les obstacles et les avantages d'un État unifié et l'importance de lier cet État à la dynastie des Hohenzollern[63]. Les traités liant les différents États allemands les uns aux autres l'empêchant de mener une action unilatérale ; Le politicien et le diplomate en lui réalisèrent l'impossibilité d'une telle action[64]. Pour que les États allemands entrent en guerre, ou comme il suspectait, soient forcés de déclarer la guerre ensemble contre un ennemi commun, ce dernier devait d'abord déclarer la guerre à l'un des États allemands. Les historiens ont longtemps débattu du rôle de Bismarck dans les événements qui menèrent à la Guerre franco-prussienne. Tandis que la vue traditionnelle, construite par les historiens pro-prussiens du XIXe siècle et du début du XXe siècle avançait que Bismarck était le seul organisateur derrière l'unification, les historiens contemporains considèrent que Bismarck a agi en opportuniste et en cynique en manipulant les circonstances pour créer la guerre[65]. Malgré tout, Bismarck n'était ni un méchant ni un saint ; En manipulant les événements de 1866 et de 1870, il démontre les talents diplomatiques et politiques qui lui ont valu sa nomination en 1862[66].

Du sud au nord : Le Duché de Holstein en jaune, le Duché de Schleswig en brun et rouge et la partie danoise du Jutland.

Trois événements furent décisifs dans la progression vers l'unification politique et administrative de l'Allemagne : La mort sans héritiers de Frédéric VII de Danemark qui mena à la Guerre des Duchés de 1864 ; L'opportunité créée par l'unification italienne de disposer d'un allié contre l'Autriche lors de la Guerre austro-prussienne de 1866 ; Et la peur de la France d'un encerclement par les Hohenzollern qui la poussa à déclarer la guerre à la Prusse (1870-1871). Grâce à la combinaison du talent diplomatique et politique de Bismarck, de la réorganisation militaire de von Roon et de la stratégie de von Moltke, la Prusse démontra qu'aucun des signataires du traité de paix de 1815 ne pouvait faire respecter la sphère d'influence autrichienne en Europe Centrale et acheva l'hégémonie en Allemagne[67].

La question du Schleswig-Holstein

La première opportunité vint avec la question du Schleswig-Holstein. Le 15 novembre 1863, Christian IX de Danemark devient roi du Danemark et Duc de Schleswig-Holstein. Le 18 novembre 1863, il signe la Constitution de Novembre et déclare que le Duché de Schleswig fait partie intégrante du Danemark. La Confédération germanique vit cela comme une violation du protocole de Londres de 1852 qui insistait sur le fait que le statut du Royaume de Danemark était distinct de celui des duchés indépendants de Schleswig et d'Holstein. De plus, les populations du Schleswig-Holstein considéraient qu'elles ne faisaient pas partie du Danemark : Une large majorité des habitants du Holstein était d'origine allemande et parlait l'allemand dans la vie de tous les jours ; La population était plus mixte dans le Schleswig avec une forte minorité danoise. Les tentatives diplomatiques pour faire annuler la Constitution de Novembre échouèrent et les combats commencèrent lorsque les troupes austro-prussiennes franchirent la frontière du Schleswig le 1er février 1864. Initialement, les danois tentèrent de défendre leur pays en utilisant le Danevirke, un ancien mur de terre mais il se révéla rapidement indéfendable. L'armée danoise ne faisait pas le poids face aux troupes combinées de la Prusse et de l'Autriche et ne pouvait compter sur l'aide de ses voisins nordiques (le Danemark avait violé les traités). Le fusil Dreyse, l'un des premiers fusils à chargement par la culasse à être utilisé, aida les Prussiens dans cette guerre et dans la Guerre austro-prussienne deux ans plus tard. Ce fusil permettait de tirer cinq coups en étant allongé tandis que son équivalent à chargement par la bouche ne pouvait tirer qu'un seul coup et se rechargeait debout. La Guerre des Duchés se termina par la victoire de la Prusse et de l'Autriche et les deux pays prirent le contrôle du Schleswig-Holstein dans le Traité de Vienne du 30 octobre 1864[68].

Guerre entre l'Autriche et la Prusse, 1866

Article principal : Guerre austro-prussienne.
Situation au déclenchement de la guerre :      Prusse      Autriche      Alliés de la Prusse      Alliés de l'Autriche      Neutres      Sous administration conjointe (Schleswig-Holstein)

En 1866, de concert avec le nouvel État italien, Bismarck créa un environnement diplomatique dans lequel l'Autriche déclara la guerre à la Prusse. Le dramatique prélude à la guerre eut largement lieu au parlement de Francfort, où les deux puissances prétendaient parler au nom de tous les États allemands. En avril 1866, le représentant prussien à Florence signa un accord secret avec les italiens. Cet accord prévoyait une clause d'assistance mutuelle dans le cas d'une guerre avec l'Autriche. Le jour suivant, le délégué prussien à Francfort présenta un plan appelant à la rédaction d'une constitution nationale et d'une assemblée nationale élue directement par le suffrage universel. La connaissance des relations ambiguës et difficile entre Bismarck et le Landstag (Parlement national) causèrent un large scepticisme parmi les libéraux allemands, qui virent en cette proposition un stratagème destiné à assoir la puissance prussienne[69].

Le débat sur la constitution nationale proposée devint très important lorsque les troupes italiennes firent mouvement dans le Tyrol le 21 avril 1866 et le long de la frontière avec le Royaume lombard-vénitien sous domination autrichienne. Le gouvernement autrichien décréta la mobilisation partielle de l'armée dans les régions du sud ; Les italiens répondirent avec une mobilisation générale. En dépit des appels pour une pensée rationnelle et le calme, la Prusse, l'Italie et l'Autriche se précipitent vers un conflit armé. Le 1er mai, Guillaume Ier donne le commandement de l'armée à von Moltke et le jour suivant, la mobilisation générale est décrétée[70].

À la diète, le groupe des États de taille intermédiaire, connu sous le nom de Mittelstaaten rassemblant la Bavière, le Wurtemberg, les grands-duchés de Bade et de Hesse, les duchés de Saxe-Weimar, de Saxe-Meiningen et de Saxe-Cobourg et la ville de Nassau étaient en faveur d'une démobilisation complète au sein de la Confédération. Leurs gouvernements rejetèrent le séduisant mélange de promesses et de menaces de Bismarck qui espérait ainsi obtenir leur soutien contre les Habsbourgs. Le cabinet de guerre prussien comprit que ses seuls soutiens contre les Autrichiens étaient les grands-duchés de Mecklembourg-Schwerin et de Mecklembourg-Strelitz (petites principautés le long de la frontière du Brandebourg sans grands moyens militaires ou d'influence politique) et son seul allié à l'étranger était l'Italie[71].

L'opposition à la politique armée de la Prusse monta dans les autres groupes sociaux et politiques. Dans les conseils municipaux de toute l'Allemagne, les parlementaires libéraux en faveur d'un État unifié et les chambres de commerce, qui prévoyait de grands avantages à une unification s'opposaient à une guerre entre la Prusse et l'Autriche : Un conflit ne servant que les intérêts des dynasties et pas les leurs. L'opinion publique s'opposait également à la domination prussienne. Les populations catholiques le long du Rhin, particulièrement dans les régions cosmopolites de Cologne et de la vallée de la Rhur, continuaient à se rallier à l'Autriche. À la fin du printemps, la plupart des États allemands les plus importants continuaient à s'opposer aux efforts de Berlin pour réorganiser les États allemands par la force. Le cabinet prussien voyait l'unité allemande comme une question de puissance et de qui détenait la force. Les libéraux de l'assemblée de Francfort voyait plutôt l'unification comme un processus de négociation et de répartition de la puissance entre les différentes entités[72].

Le prince prussien Frédéric-Charles ordonne à ses troupes enthousiastes d'attaquer lors de la Bataille de Sadowa. Le prince et ses troupes arrivèrent tardivement et à la mauvaise place mais lorsqu'il arriva, il lança ses troupes directement dans la mêlée. Cette bataille décisive, remportée par les Prussiens, força les Habsbourgs à mettre un terme à la guerre et jeta les bases de la Kleindeutschland ou l'"Allemagne sans l'Autriche".

Même si de nombreux États allemands s'étaient initialement alliés à l'Autriche, ils restèrent sur la défensive et ne prirent pas d'initiatives efficaces contre les troupes prussiennes. L'armée autrichienne affronta la Prusse avec l'unique aide de la Saxe. Pour compliquer la situation, la mobilisation italienne le long de la frontière vénitienne nécessitait le redéploiement de troupes pour les combattre. Malgré d'importants succès sur ce front (Custoza ou Lissa), les Prussiens remportent une victoire éclatante lors de la bataille de Königgrätz près du village de Sadowa[73].

La Realpolitik et la Confédération de l'Allemagne du Nord

Une paix rapide était essentielle pour empêcher la Russie d'entrer en guerre du côté de l'Autriche[74]. La Prusse annexa le Hanovre, le Hesse-Cassel, le Duché de Nassau et la Ville libre de Francfort. Le Grand-duché de Hesse perdit quelques territoires mais pas sa souveraineté. Les États au sud du Main (Grand-duché de Bade, royaumes de Wurtemberg et de Bavière) signèrent des traités séparés imposant des indemnités et la formation d'alliance pour les amener dans la sphère d'influence prussienne. L'Autriche et la plupart de ses alliés furent exclus de la Confédération de l'Allemagne du Nord[75].

La fin de la domination autrichienne sur les États allemands déplaça l'attention de l'Autriche vers les Balkans. En 1867, l'empereur autrichien François-Joseph accepta le Compromis austro-hongrois de 1867 dans lequel il donnait à ses partenaires hongrois les mêmes droits que les Autrichiens, créant ainsi la double monarchie d'Autriche-Hongrie[76]. À travers le Traité de Prague, l'Autriche, bien que largement victorieuse sur le terrain militaire, doit abandonner la riche province de Vénétie. Les Habsbourgs cèdent la Vénétie à la France qui transfère son contrôle à l'Italie[77]. Le public français ressentit la victoire prussienne comme une agression et réclama une Revanche pour Sadowa, ce qui contribua à la montée d'un sentiment anti-prussien en France. Cette méfiance qui s'accéléra dans les mois suivants et mena à la Guerre franco-prussienne[78]. De plus, lors d'une rencontre entre Napoléon III et Bismarck à Biarritz en septembre 1865, Bismarck avait laissé entendre (ou Napoléon avait cru comprendre) que la France pourrait annexer des portions de la Belgique et du Luxembourg en échange de sa neutralité.

La réalité de la défaite autrichienne entraina une réorganisation des autonomies locales et du libéralisme[79]. La nouvelle Confédération d'Allemagne du Nord possédait sa propre constitution, son propre drapeau et ses propres structures administratives et politiques. La Prusse, sous l'influence de Bismarck, avait renversé la résistance active de l'Autriche à l'idée d'une Allemagne unifiée par une victoire militaire. Cependant, si cette politique avait diminué l'influence de l'Autriche sur les États allemands, elle brisa l'esprit d'une unité pangermanique car la plupart des États allemands s'inquiétaient la puissance prussienne[80].

La Guerre entre la France et la Prusse, 1870-1871

Article principal : Guerre franco-prussienne.

En 1870, trois leçons importantes de la Guerre austro-prussienne pouvaient être tirées : à travers la force des armes, un État puissant pouvait défier les vielles alliances et les sphères d'influences mises en place en 1815 ; à travers des manœuvres diplomatiques, un leader doué pouvait créer un environnement dans lequel un État devrait déclarer la guerre en premier, forçant ainsi les autres États à entrer dans des alliances protectrices pour venir en aide à la soi-disante victime de l'agression extérieure ; enfin, la capacité militaire de la Prusse excédait de loin celle de l'Autriche et celle-ci était visiblement le seul État au sein de la Confédération, et des autres États allemands, à pouvoir protéger les États allemands contre une potentielle agression. En 1866, la plupart des États allemands de taille intermédiaire s'étaient opposés à la Prusse ; en 1870, ces États avaient été amené par la force ou par la ruse à former une alliance défensive avec la Prusse. Dans l’éventualité où un État européen déclarerait la guerre à l’un de ses membres, tous les autres viendraient au secours de l’État attaqué. En manipulant très habilement les affaires européennes, Bismarck créa une situation dans laquelle la France jouerait le rôle d'agresseur et la Prusse celui de protecteur des droits et des libertés allemandes[81].

« Exciter le taureau gaulois »

La fissure suivante dans l’armure créée à Vienne en 1815, protégée et soutenue par Metternich et ses alliés conservateurs dans les 40 années qui suivirent, apparut en Espagne. En 1868, une révolution avait renversé la reine Isabelle II d'Espagne et le trône restait vacant tandis qu’Isabelle vivait un somptueux exil à Paris. Les Espagnols, à la recherche d'un successeur catholique convenable, avaient offert le titre à trois princes européens, chacun rejeté par Napoléon III. Au final, la régence offrit le trône à Leopold de Hohenzollern-Sigmaringen, un prince de la branche cadette des Hohenzollern catholiques[82].

Au cours des semaines suivantes, l’offre espagnole déchaîna les passions en Europe. Bismarck encouragea Léopold à accepter l’offre[83]. L’installation d’un roi Hohenzollern en Espagne signifierait que deux pays de chaque côté de la France auraient des rois allemands de la lignée des Hohenzollern, ce qui était très intéressant pour Bismarck mais inacceptable pour Napoléon III ou pour Agénor de Gramont, son ministre des affaires étrangères. Gramont écrivit un ultimatum incisif à Guillaume Ier, en tant que chef de la famille des Hohenzollern, indiquant que si un prince Hohenzollern acceptait la couronne d’Espagne, le gouvernement français serait forcé de répondre, la nature de la réponse restant ambiguë. Le prince retira sa candidature, ce qui apaisa la crise, mais l’ambassadeur français à Berlin refusait d’en rester là[84]. Il approcha directement le roi de Prusse alors qu’il se trouvait en vacance dans la ville thermale de Bad Ems et lui demanda de signer une déclaration par laquelle il renonçait de soutenir l’installation d’un prince Hohenzollern sur le trône d’Espagne. Guillaume Ier refusa de signer un tel accord et envoya à Bismarck une dépêche décrivant les exigences françaises. Ce dernier exploite le télégramme du roi, appelé la Dépêche d'Ems, reformule la lettre de manière provocante car il souhaite « exciter le taureau gaulois » et la fait paraître dans la presse. La réaction française dépasse toutes ses espérances : l’opinion publique française déjà chauffée à blanc par la défaite autrichienne réclame la guerre[85].

L’empereur Napoléon III et Bismarck, le 2 septembre 1870 après la bataille de Sedan. Reproduction d’une œuvre de Wilhelm Camphausen. La défaite de l’armée française déstabilisa le Second Empire et entraîna la création de la Troisième République.

Opérations militaires

Article principal : Guerre franco-prussienne.

Napoléon avait essayé d’obtenir des territoires de chaque côté avant et après la Guerre austro-prussienne, mais en dépit de son rôle de médiateur dans les négociations de paix, il n’obtient rien. Il espère ensuite que l’Autriche se lancera dans une guerre de revanche et que ses anciens alliés, particulièrement les États du sud de l’Allemagne comme la Bade, le Wurtemberg ou la Bavière se joindront à elle mais après le traité de 1866, tous les États allemands étaient militairement unis, sans toujours un grand enthousiasme pour faire face à la France. Au lieu d’une guerre de revanche contre la Prusse, soutenue par plusieurs alliés allemands, la France entre dans la guerre sans aucun soutien[86]. La combinaison de la réorganisation militaire de von Roon et la stratégie de von Moltke fut cruciale. La rapidité de la mobilisation prussienne époustoufla les Français et leur capacité à concentrer leurs forces en des points spécifiques rappelant les stratégies de Napoléon Ier, 70 ans plus tôt, submergea les troupes françaises. Exploitant le dense réseau ferroviaire, les troupes prussiennes arrivaient sur le champ de bataille reposées et prêtes à combattre tandis que les unités françaises devaient marcher plusieurs kilomètre pour rejoindre le lieu de la bataille. Mal commandée, et moins bien équipée que l’armée prussienne, l’armée française s’engage dans une guerre à laquelle elle n’est pas préparée. Après plusieurs batailles, notamment celles de Forbach, Wœrth, de Mars-la-Tour et de Saint-Privat, l’armée française est mise en déroute et les Allemands avancent vers la ville stratégique de Metz et la capitale Paris. L’empereur français et une armée complète sont faits prisonniers à Sedan le 1er septembre 1870[87].

Proclamation de l'Empire Allemand

L’humiliante capture de l’empereur français et la perte d’une grande partie de l’armée française qui doit marcher dans un camp de prisonniers improvisé en Sarre appelé « camp de la misère » provoque une terrible tourmente au sein gouvernement français. L’opposition renverse l'empire et proclame la république[88]. Le haut-commandement allemand espérait l’ouverture de négociations de paix mais le gouvernement provisoire refuse de se rendre. L’armée prussienne encercle la capitale et le Siège de Paris dure jusqu'à la mi-janvier. Le 18 janvier 1871, les princes allemands et le commandement militaire proclament Guillaume Ier empereur allemand dans la Galerie des Glaces du Château de Versailles[89]. D'après le Traité de Francfort, la France doit céder les territoires d'Alsace-Lorraine, payer une forte indemnité, calculée sur la base de la population, comme l'avait fait Napoléon Bonaparte en Prusse en 1807[90] et doit accepter l'occupation allemande de Paris et d'une grande partie du nord de la France jusqu'au paiement de l'indemnité[91].

18 janvier 1871 : Proclamation de l'Empire allemand dans la Galerie des Glaces du Château de Versailles. Bismarck (au centre) apparait en blanc. Le prince Frédéric et futur Frédéric III se tient à droite de son père. Peinture d'Anton von Werner de 1885.

Importance dans le processus d'unification

La victoire dans la Guerre franco-prussienne est le couronnement de la question nationaliste. Dans la première moitié des années 1860, l'Autriche et la Prusse avançaient qu'ils pouvaient parler au nom des États allemands ; Les deux maintenaient qu'ils pouvaient soutenir les intérêts allemands à l'étranger et protéger les intérêts allemands à l'intérieur. En répondant à la question du Schleswig-Holstein, ils démontrèrent leur application à le faire. Après la victoire sur l'Autriche en 1866, la Prusse affirme son autorité sur les autres États allemands ; L'Autriche de son côté se tourne vers ses possessions des Balkans. La victoire sur la France en 1871 confirma le fait que la Prusse jouait le rôle dominant dans l'État allemand unifié. Avec la proclamation de Guillaume en tant que Kaiser, la Prusse assumait la direction du nouvel empire. Les États du sud devinrent officiellement incorporés dans l'Allemagne unifiée lors du Traité de Versailles du 26 février 1871, par la suite ratifié lors du Traité de Francfort du 10 mai 1871 qui mit fin à la guerre[92]. Bien que Bismarck ait mené la transformation de l'Allemagne d'une lâche confédération en un État-nation fédéral, il ne l'avait pas fait seul. L'unification eut lieu sur la base d'une tradition de collaboration légale issue du Saint-Empire Romain Germanique et avec la collaboration économique à travers le Zollverein. Les difficultés du Vormärz, l'impact des libéraux de 1848, l'importance de la réorganisation militaire prussienne jouèrent également un rôle important dans l'unification politique[93].

Unification politique et administrative

Article principal : Empire allemand.

Le nouvel Empire allemand comportait 25 États, trois d'entre eux étaient des villes de la Hanse. L'Empire réalisait la solution petite-allemande en excluant l'Autriche. L'unification des différents États en un seul demandait plus que des victoires militaires même si celles-ci ont joué un rôle décisif. Elle nécessitait une évolution des comportements culturels, sociaux et politiques et la réponse à de nouvelles questions : Qui étaient les membres de cette nouvelle nation ? Pour quoi se battent-elles ? Comment devaient-ils être organisés[94]?

États de l'Empire allemand

Bien que souvent désigné comme une fédération de monarques, l'Empire allemand, au sens strict du terme fédérait un groupe d'États[95].

La Prusse était l'État dominant du nouvel Empire Allemand

États

Structure politique de l'Empire

Article principal : Constitution bismarckienne.

La constitution de la Confédération d'Allemagne du Nord devint (avec quelques ajustements) la Constitution de l'Empire allemand de 1871. Avec cette constitution, la nouvelle Allemagne obtenait quelques caractéristiques démocratiques : Notamment le Reichstag, qui contrairement au parlement de Prusse, accueillait des représentants élus au suffrage universel direct de tous les hommes de plus de 25 ans. La transparence des élections créait de la fierté dans le parlement national[96]. Cependant, la législation imposait l'accord du Bundersrat, le conseil fédéral des députés des différents États et sur lequel la Prusse avait une forte influence. Le pouvoir exécutif incarné par le roi de Prusse en tant que Kaiser qui nommait le chancelier accroissait l'influence de la Prusse sur la vie politique. Le chancelier n'était responsable que devant l'empereur et n'obéissait qu'à lui. De plus, à l'exception des années 1872-1873 et 1892-1894, le chancelier impérial était simultanément le ministre-président de Prusse. Le Bunderstag avait le droit de faire passer, d'amender ou de rejeter la loi mais ne pouvait pas initier la rédaction d'une loi, rôle réservé au chancelier. Les différents États conservaient leurs propres gouvernements mais les forces militaires des plus petits États passaient sur contrôle prussien. Les armées des plus grands États (comme la Bavière ou la Saxe) conservaient une certaine autonomie mais subirent de larges réformes pour s'adapter aux principes militaires prussiens et passaient sous contrôle fédéral en temps de guerre[97].

Au delà des mécanismes politiques : Former une nation

Si les rassemblements de Wartbourg et de Hambach avaient manqué d'un appareil constitutionnel et administratif, le problème fut résolu entre 1866 et 1871. Cependant, comme les Allemands le découvrirent, les grands discours, les drapeaux, les foules enthousiastes, la constitution, la réorganisation politique, la révisions des unions douanières en 1867-1868 et la création d'une entité impériale ne créaient pas une nation[98].

L'un des éléments clés d'un État-nation est la création d'une culture nationale fréquemment issu, mais pas nécessairement, d'une politique nationale[99]. Dans la nouvelle nation allemande, le Kulturkampf (combat pour la culture) (1872-1878) qui suivit l'unification politique, économique et administrative tenta de résoudre, avec un remarquable manque de succès, certaines des contradictions de la société allemande. En particulier, il impliqua une lutte à propos de la langue, de l'éducation et de la religion. Une politique de germanisation des peuples non allemands de l'Empire, dont les minorités polonaise et danoise fut lancée avec la généralisation de l'allemand. La réforme s'intéressa également à la religion du nouvel empire[100].

Kulturkampf

Article principal : Kulturkampf.

Pour certains allemands, la définition d'une nation incluait le pluralisme et les catholiques en particulier furent mis sous surveillance ; Certains allemands et particulièrement Bismarck s'inquiétait d'une connexion entre les catholiques et le pape qui pourrait les rendre moins loyaux envers l'empereur. En tant que chancelier fédéral, Bismarck tenta sans succès de limiter l'influence de l'Église catholique romaine et de son bras politique, le Zentrum dans les écoles et dans les politiques d'éducation. Le Zentrum resta particulièrement ancré dans ses bastions catholiques de Bavière et de Bade ainsi que dans les zones urbaines qui accueillaient les populations rurales à la recherche de travail dans l'industrie et il essaya de protéger les droits, non seulement des catholiques mais également ceux des minorités comme les Polonais ou les Français d'Alsace-Lorraine[101]. Après les lois de mai 1873, les prêtres sont nommés et leur éducation qui passe sous le contrôle de l'État entraine la fermeture de nombreux séminaires et une pénurie de prêtres. Les lois sur les congrégations de 1875 abolirent les ordres religieux, mirent un terme aux subventions à l'église catholique et supprimèrent les protections religieuses de la constitution prussienne[102].

L'intégration de la communauté juive

La statue Germania qui trône sur le Niederwalddenkmal de Rüdesheim am Rhein érigé entre 1877-1883 commémore la victoire sur la France en 1871
Article principal : Histoire des Juifs en Allemagne.

Les juifs germanisés restaient une population vulnérable au sein du nouvel État allemand. Depuis 1780, après l'émancipation de l'empereur Joseph II, les juifs des anciens territoires des Habsbourgs disposaient de privilèges économiques et légaux considérables par rapport à ceux vivants dans les autres territoires germanophones : Ils pouvaient posséder des terres et n'étaient pas obligés de vivre dans les quartiers juifs (également appelés Judengasse ou "allée des juifs"). Ils pouvaient également faire des études universitaires et exercer des professions libérales. Durant l'ère napoléonienne, de nombreuses vielles barrières entre les juifs et les chrétiens tombèrent. Napoléon avait ordonné l'émancipation des Juifs dans tous les territoires soumis à l'autorité française. Les juifs les plus aisés, comme leurs voisins français, soutenaient les salons littéraires qui apparurent à Berlin et à Francfort et où les intellectuels allemand développèrent leur propre forme philosophie politique. Au cours des décennies qui suivirent, les réactions contre le mélange des juifs et des chrétiens limita l'influence de ces salons. Au delà de ces salons, les juifs continuèrent le processus de germanisation grâce auquel ils s'assimilèrent à la société allemande. Les mouvements de réformes religieuses au sein de la communauté juive joua également un rôle important dans cette évolution[103].

Au cours des années de l'unification, les juifs allemands jouèrent un rôle important dans la construction des fondations des vie sociale et intellectuelle de l'Allemagne. Les expulsions des juifs de Russie dans les années 1880 et 1890 compliquèrent l'intégration dans la sphère publique allemande. Ces juifs arrivaient dans les villes du nord de l'Allemagne par milliers ; Ils étaient généralement peu éduqués et très pauvres et souffraient des maux liés à cette pauvreté (maladies, surpeuplement des logements, chômage, absentéisme scolaire, refus d'apprendre l'allemand...) ce qui les rendaient différents à la fois des chrétiens mais également des populations juives locales[104].

Écrire l'histoire d'une nation

Un autre élément de la construction d'une nation, le récit d'un passé historique, fut réalisée par des historiens nationalistes allemands tel que l'homme politique Friedrich Dahlmann (1785–1860), son élève conservateur Heinrich von Treitschke (1834-1896) et d'autres conservateurs comme Theodor Mommsen (1817–1903) et Heinrich von Sybel (1817–1895) par exemple[105].

Le Deutsches Eck (Coin allemand) dédié au Kaiser Guillaume Ier se trouve au confluent du Rhin (en bas) et de la Moselle (en haut) à Coblence. Photo prise en 2011

Le livre Histoire de l'Allemagne au XIXe siècle d'Heinrich von Treitschke paru en 1879 a peut-être un titre trompeur car il s'intéressait à l'histoire de la Prusse et racontait l'histoire des germanophones à travers la destinée prussienne d'unir tous les États allemands sous son leadership. La création du mythe borussien établissait la Prusse comme le sauveur de l'Allemagne ; La destinée des Allemands était de s'unir et c'était le destin de la Prusse de jouer le rôle dominant dans l'unification car elle-seule pouvait s'opposer à l'influence de la France ou de la Russie. Le livre poursuit en détaillant le rôle de la Prusse dans la guerre napoléonienne, dans la création de l'unité économique et dans l'unification des Allemands sous le même drapeau après 1871[106]. C'est le rôle des historiens nationalistes d'écrire l'histoire d'une nation ; Cela signifie voir le passé d'une nation avec l'histoire nationaliste en tête. Le processus d'écriture de l'histoire est un processus comprenant à la fois le souvenir et l'oubli[107].

Articles connexes

Références

Notes

  1. Voir, par exemple, James Allen Vann, The Swabian Kreis: Institutional Growth in the Holy Roman Empire 1648–1715. Vol. LII, Studies Presented to International Commission for the History of Representative and Parliamentary Institutions. Bruxelles, 1975. Mack Walker. German home towns: community, state, and general estate, 1648–1871. Ithaca, 1998.
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  5. Sheehan, pp. 384–387.
  6. Si l'armée prussienne s'était très bien comportée lors de la Guerre de Sept Ans, son effondrement à Iéna réduisit à néant la fierté des Prussiens en leur armée. Durant leur exil en Russie, de nombreux officiers comme Carl von Clausewitz réfléchirent à ne nouvelles tactiques et organisations. Sheehan, p. 323.
  7. Sheehan, pp. 322–23.
  8. David Blackbourn, and Geoff Eley. The peculiarities of German history: bourgeois society and politics in nineteenth-century Germany. Oxford & New York, 1984, part 1; Thomas Nipperdey, German History From Napoleon to Bismarck, 1800–1871, New York, Oxford, 1983. Chapter 1.
  9. Sheehan, pp. 398–410; Hamish Scott, The Birth of a Great Power System, 1740–1815, US, 2006, pp. 329–361.
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  42. Blackbourn, Long Century, pp. 176–179.
  43. Des exemples de cet argument apparaissent dans : Ralf Dahrendorf, German History, (1968), pp. 25–32; (de) Hans Ulrich Wehler, Das Deutsche Kaiserreich, 1871–1918, Göttingen, 1973, pp. 10–14; Leonard Krieger, The German Idea of Freedom, Chicago, 1957; Raymond Grew, Crises of Political Development in Europe and the United States, Princeton, 1978, pp. 312–345; Jürgen Kocka and Allan Mitchell. Bourgeois society in nineteenth-century Europe. Oxford, 1993; Jürgen Kocka, "German History before Hitler: The Debate about the German Sonderweg." Journal of Contemporary History, Vol. 23, No. 1 (January, 1988), pp. 3–16; Volker Berghahn, Modern Germany. Society, Economy and Politics in the Twentieth Century. Cambridge, 1982.
  44. Pour une explication de cet argument, voir David Blackbourn, and Geoff Eley. The peculiarities of German history: bourgeois society and politics in nineteenth-century Germany. Oxford & New York, 1984, part 1.
  45. Blackbourn and Eley. Peculiarities, Part I.
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  48. Jürgen Kocka, "Comparison and Beyond.'" History and Theory, Vol. 42, No. 1 (February, 2003), p. 39–44, and Jürgen Kocka, "Asymmetrical Historical Comparison: The Case of the German Sonderweg", History and Theory, Vol. 38, No. 1 (February, 1999), pp. 40–50.
  49. Voir Richard J. Evans, Rethinking German history: nineteenth-century Germany and the origins of the Third Reich. London, 1987.
  50. A. J. P. Taylor, The Struggle for Mastery in Europe 1914–1918, Oxford, 1954, p. 37.
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  52. Zamoyski, pp. 100–115.
  53. Blackbourn, The long nineteenth century, pp. 160–175.
  54. La suite de la lettre exhorte les Allemands à s'unifier. « Ce rôle de guide mondial, laissé vacant actuellement, pourrait bien être occupé par la nation allemande. Vous Allemands, avec votre caractère grave et philosophique, pourraient bien être ceux qui peuvent gagner la confiance des autres et garantir la stabilité future de la communauté internationale. Espérons que vous utiliserez votre énergie pour renverser les trente tyrans miteux des divers États allemands. Espérons qu'au centre de l'Europe, vous formerez ensuite une nation unifiée forte de ses 50 millions d'habitants. Nous attendrons avec impatience et allégresse la possibilité de vous suivre ». Denis Mack Smith (editor). Garibaldi (Great Lives Observed), Prentice Hall, Englewood Cliffs, N.J., 1969, p. 76.
  55. Mack Smith, Denis, Mazzini, Yale University Press, 1994, p. 11–12 
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  60. Blackbourn, Peculiarities, Part I.
  61. Bismarck s'était "fait les dents" à Francfort où il avait construit sa base en absorbant les idées de tout le spectre politique. Il était avant tout un politicien et en cela reposait sa force. De plus, comme il n'avait pas confiance ni en Moltke ni en Roon, il était réticent à entrer dans une entreprise militaire sur laquelle il n'aurait aucun contrôle. Mann, Chapter 6, pp. 316–395.
  62. Isabel V. Hull, Absolute Destruction: Military culture and the Practices of War in Imperial Germany, Ithaca, New York, 2005, pp. 90–108; 324–333.
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  89. Die Reichsgründung 1871 (The Foundation of the Empire, 1871), Lebendiges virtuelles Museum Online, accessed 2008-12-22. Traduction du texte allemand : [...] Selon la volonté de Guillaume Ier, le 170e anniversaire de l'élévation de la maison de Brandebourg au statut princier le 18 janvier 1701, l'assemblée des princes allemands et des officiers de l'armée proclame Guillaume Ier au titre d'empereur allemand dans la Galerie des Glaces du Château de Versailles.
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  99. Pour en savoir plus sur cette idée, voir par exemple Joseph R. Llobera, and Goldsmiths' College. The role of historical memory in (ethno)nation-building, Goldsmiths sociology papers. London, 1996; (de) Alexandre Escudier, Brigitte Sauzay, and Rudolf von Thadden. Gedenken im Zwiespalt: Konfliktlinien europäischen Erinnerns, Genshagener Gespräche; vol. 4. Göttingen: 2001; Alon Confino. The Nation as a Local Metaphor: Württemberg, Imperial Germany, and National Memory, 1871–1918. Chapel Hill, 1999.
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  106. De nombreux historiens modernes décrivent ce mythe, sans pour autant y souscrire : par exemple Rudy Koshar, Germany's Transient Pasts: Preservation and the National Memory in the Twentieth Century. Chapel Hill, 1998; Hans Kohn. German history; some new German views. Boston, 1954; Thomas Nipperdey, Germany history from Napoleon to Bismarck.
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Bibliographie

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Pour approfondir

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