- Troisieme Coalition
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Troisième Coalition
La Troisième Coalition a été conclue en 1805 contre Napoléon Ier entre la Russie, l'Autriche et la Suède, sous les auspices de William Pitt qui finance l'ensemble, afin de lutter contre les progrès de la domination française en Italie (annexion de la République de Gênes et du duché de Parme) et en Allemagne.
Sommaire
Le conflit franco-britannique
L'échec du traité d'Amiens
France et Royaume-Uni ont conclu le traité d'Amiens en 1802 mais la dimension économique n'a pas été prise en compte. Or la France poursuit sa politique économique protectionniste. Elle bloque ainsi les débouchés industriels britanniques et empêche les importations, notamment de produits agricoles, nécessaires au Royaume-Uni, qui n'est pas auto-suffisant en la matière. La France profite de la paix pour partir à la conquête de nouveaux marchés au détriment du Royaume-Uni, ce qui favorise la reprise de son commerce extérieur.
La City, qui espérait que cette paix se transformerait en traité commercial lui permettant de reprendre son activité, déchante très vite. D’autre part, le Cabinet de Londres ne supporte pas la présence d’une puissance à l’embouchure de l’Escaut et du Rhin, juge le pouvoir de la France « exagéré », et considère cette paix comme une simple trêve imposée par les circonstances. Malte du coup n’est pas évacué, contrairement aux stipulations du traité d’Amiens.
Bonaparte prend alors ses aises sur le continent, estimant que les Anglais ne se lanceront pas dans une guerre, qu’il serait d’ailleurs sûr de gagner. Il pense donc pouvoir faire coup double et intimider l’Angleterre : il réunit le Piémont à la France, offensant au passage le Tsar protecteur du roi de Sardaigne ; par le Recès de l’Empire (23 fév. 1803), il s’assure la majorité des 10 Électeurs de la nouvelle Allemagne, tout en favorisant la Prusse au détriment de l’Autriche (la Prusse prenant soin de jouer double jeu avec une Russie inquiète) : l’Autriche est ainsi ulcérée de n’avoir aucune compensation à ses pertes en Italie. Les Suisses sollicitent en outre la médiation du premier consul dans leurs affaires. La Hollande n’est toujours pas évacuée, contrairement à un engagement datant du traité de Campo-Formio (9 février 1801).
Bonaparte exige l’évacuation de Malte de plus en plus violemment ; les Anglais répondent en avril 1803 par l'ultimatum suivant : Malte restera sous occupation anglaise pendant 10 ans et les Français évacueront la Hollande. Le premier consul estime alors la guerre inéluctable ; le manque d’argent et l'échec de l'expédition de Saint-Domingue le conduisent à vendre la Louisiane aux États-Unis, renonçant ainsi à son plan colonial. L’ultimatum anglais restant sans réponse, l’ambassadeur du Royaume-Uni quitte Paris ; Napoléon Bonaparte accepte alors in extremis les exigences britanniques relatives à Malte (13 mai 1803)[1] en échange de l’occupation de Tarente et d’Otrante en Italie. Ce geste en faveur de la paix reste inefficace.
La rupture
Assuré d’une neutralité bienveillante des puissances européennes, qui craignent plus l’impérialisme français que l’impérialisme britannique, et dans l’idée que la guerre sera mal acceptée par les milieux d’affaires français, le 17 mai, sans déclaration de guerre, le gouvernement britannique fait saisir tous les navires français et hollandais à sa portée et confisque pour 200 millions de marchandises. La France répond par l'arrestation de tous les sujets britanniques se trouvant en France ou dans la République italienne. Le 23 mai 1803, le Royaume-Uni déclare la guerre officiellement à la France.
La guerre est essentiellement navale. La marine française étant largement inférieure à la Royal Navy, c'est rapidement que les Britanniques occupent les colonies françaises de Sainte-Lucie, Tobago, Saint-Pierre-et-Miquelon et les comptoirs des Indes. Les troupes françaises occupent le royaume de Hanovre, propriété personnelle du roi Georges III, le 27 mai 1803. En bloquant les portes de la Weser et de l'Elbe, la France limite encore les exportations des marchandises britanniques en direction de l'Empire. Napoléon Bonaparte, conscient de l'infériorité maritime française, décide de se lancer dans la conquête des îles britanniques. Il concentre son armée et une grande flotte de débarquement à Boulogne afin de réaliser son projet.
Napoléon resserre la pression sur la République batave qui aimerait rompre l'alliance offensive et défensive contre le Royaume-Uni. Une nouvelle convention est signée en mai 1803 selon laquelle la République doit entretenir 18 000 soldats français et armer 16 000 hollandais sous commandement français. La flotte hollandaise aurait un rôle à jouer dans les plans d'invasion du Royaume-Uni.
La France recherche également l'alliance espagnole afin de pouvoir disposer de sa flotte. En octobre 1803, l'Espagne affirme sa neutralité mais s'engage à verser 6 millions de livres par mois à la France. Finalement en décembre 1804, elle entre en guerre contre le Royaume-Uni. la flotte franco-espagnole doit faire diversion dans les Antilles afin de dégager la Manche.
La constitution de la coalition
Pendant cette manœuvre de diversion, le Royaume-Uni tente de reconstituer une coalition contre la France et éviter par là la débarquement des troupes françaises. Le 11 avril 1805 est signé le traité de Saint-Pétersbourg par lequel la Russie s'allie avec le Royaume-Uni. L'objectif des deux puissances est la libération du Hanovre, l'indépendance de la Hollande et de la Suisse, le rétablissement du roi de Sardaigne sur le Piémont, l'entière évacuation de la péninsule italienne par les troupes françaises et l'encerclement de la France par une série d'États puissants. Le Royaume-Uni paierait 1,25 millions de livres par an par manche de 100 000 soldats russes.
Le Royaume-Uni cherche également à obtenir l'adhésion de l'Autriche, sans quoi l'alliance russe devient peu utile. Mais l'Autriche est réticente dans un premier temps. Elle reconnaît même l'Empire français. Ce qui provoque son revirement est la création du royaume d'Italie, satellite de l'Empire français, et l'annexion de la République ligurienne. Le 11 juin 1805, l'Autriche rejoint la coalition, moyennant d'importants subsides britanniques. La Suède les rejoint également.
La Prusse devient alors l'enjeu d'une âpre lutte diplomatique entre la France et la Russie. La France cherche depuis 1802 à faire entrer la Prusse dans son système d'alliance. Elle lui propose même la cession du Hanovre en août 1805. Mais la Russie ne reste pas inactive et trouve l'appui de la reine Louise. Finalement, la Prusse affirme sa neutralité. Napoléon Bonaparte, lui, peut compter sur l'alliance de la Bavière signée le 24 août 1805. En septembre, le Bade et le Wurtemberg, dont les États sont déjà traversés par la Grande Armée, entrent également dans l'alliance française.
La campagne d'Allemagne
cartes du site de l'académie de West-Point ; cartes 14 à 23
Cette coalition entraîna une guerre. Le but de Pitt est d'éloigner la menace que Napoléon Ier fait planer sur l'Angleterre depuis le camp de Boulogne. Il y réussit par la bataille de Trafalgar et par le financement de la coalition. Il aboutit au projet de jonction des troupes autrichiennes et russes en Bavière. Dès le 27 août, l'armée des Côtes de l'Océan devenue la Grande Armée, constituée de 183 000 hommes, s'achemine à marche forcée vers le Rhin. Une autre armée de 15 000 hommes sous les ordres de Masséna et d'Eugène de Beauharnais, peut agir à partir de l'Italie. Les coalisés attaquaient à la fois le Hanovre avec 40 000 Russes, Suédois et Britanniques, Naples avec 30 000 Russes et Britanniques, la région du Danube avec 180 000 Autrichiens et Russes et l'Italie du Nord avec 142 000 Autrichiens. L'archiduc Jean, à la tête de 53 000 hommes, restait à la charnière de l'Empire et de l'Italie.
Napoléon envisageait une attaque au centre du dispositif allié, tandis que Masséna et Gouvion Saint-Cyr devaient contenir les coalisés en Italie. Les Autrichiens décident d'attendre Napoléon Ier en Forêt-Noire, mais ce dernier opère un vaste mouvement tournant de manière à couper les Autrichiens de leurs alliés russes. En septembre, la Grande Armée avait franchit le Rhin, puis le Main. Ney remporte une victoire sur Mack à Elchingen et parvient à l'enfermer dans Ulm. Mack capitule le 19 octobre. C'était une victoire éclatante pour Napoléon mais il fallait encore battre les Russes de Koutouzov et les quelques autres armées autrichiennes.
Dans le même temps, la flotte franco-espagnole connaissait quelques déboires. Villeneuve devait rompre le blocus de Brest mais il se dirige vers Cadix. Il se fait surprendre au large de Trafalgar par la flotte de l'amiral Nelson le 21 octobre 1805. Ce dernier rompt avec la tactique traditionnelle et attaque la longue ligne de navires français et espagnols avec deux colonnes de navires. La flotte de Villeneuve subie un véritable désastre, malgré la mort de Nelson. Villeneuve se suicide quelques jours plus tard. Cette victoire britannique marque la maîtrise absolue des mers par le Royaume-Uni.
Avec la défaite de Trafalgar et l'entrée imminente de la Prusse aux côtés des coalisés, Napoléon Ier devait faire vite pour éliminer définitivement l'Autriche. Le 20 novembre, le royaume de Naples déclare la guerre à la France, ce qui rend la position des troupes françaises en Italie inconfortable, puisque menacée au nord et au sud. À la nouvelle de la défaite d'Ulm, l'archiduc Charles est contraint de se replier sur Vienne mais il est retardé par le harcèlement des troupes de Masséna. Après avoir surpris les ponts de Vienne le 15 novembre, la Grande Armée entre en Moravie mais elle ne peut empêcher la jonction des troupes de Koutouzov avec celles d'Alexandre et de Ferdinand d'Autriche-Este. Le 2 décembre 1805, malgré son infériorité numérique, Napoléon Ier inflige une défaite humiliante aux coalisés à Austerlitz, après un chef d'œuvre tactique. Les Russes se retirent en Pologne tandis que l'Autriche demande la paix.
La paix de Presbourg
Le 26 décembre 1805, l'empereur des Français, bien décidé à affaiblir la monarchie danubienne, qu'il considère avec le Royaume-Uni comme l'ennemi résolu de la France, impose à l'Autriche le traité de Presbourg. Celle-ci abandonne la Vénétie orientale au royaume d'Italie mais le traité stipule que les monarchies française et italienne seraient à jamais séparées. L'Autriche conserve Trieste mais abandonne la Dalmatie et les bouches de Cattaro, remises à la protection du royaume d'Italie. Le margraviat de Bade obtient l'Ortenau et le Brisgau. Le Wurtemberg annexe Constance et les multiples possessions habsbourgeoises en Souabe. La Bavière annexe le Vorarlberg, le Tyrol et le Trentin. L'empereur reconnaît l'entière indépendance de ces trois États du sud de l'Allemagne et le titre de roi pour Maximilien de Bavière et Frédéric de Wurtemberg et celui de grand-duc pour Charles-Frédéric de Bade. L'Autriche doit payer une indemnité de guerre de 40 millions de livres. En compensation, l'Autriche obtient l'archevêché de Salzbourg.
Le Royaume-Uni et la Russie poursuivaient la guerre. Le Royaume-Uni perdait son premier ministre, mort peu après l'annonce de la victoire d'Austerlitz (les Britanniques disent : Austerlitz a tué Pitt).
Références
Notes et références
- ↑ voir la lettre à Talleyrand http://www.histoire-empire.org/correspondance_de_napoleon/correspondance_de_napoleon.htm
Bibliographie
- Louis Madelin, Histoire du Consulat et de l'Empire, réédition Tallandier, Paris, 1974
- Roger Dufraisse et Michel Kerautret, La France napoléonienne. Aspects extérieurs, 1799-1815, Seuil, Paris, 1999, 2020239000
- Benoît Pellistrandi, Les relations internationales de 1800 à 1871, Armand Colin, Paris, 2000 (ISBN 2200252099)
Voir aussi
- Première Coalition
- Deuxième Coalition
- Quatrième Coalition
- Cinquième Coalition
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