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Tabari
Tabarî ou Muhammad ben Jarîr ben Yazîd al-Imâm abû Ja`far at-Tabarî (arabe : محمد بن جرير بن يزيد الإمام أبو جعفر الطبري) est né en 839 au Tabaristan en Iran, ce qui lui vaut son surnom de at-Tabarî. Il est un des plus précoces et des plus célèbres historiens[1] et exégètes perses du Coran. Musulman de tradition sunnite, il a passé l'essentiel de sa vie à Bagdad, écrivant tous ses ouvrages en arabe.
Avant ses sept ans, il avait appris par cœur le Coran entier, au cours des deux années qui suivirent il avait fini l'étude des recueils classiques de hadiths. Il quitta le domicile familial à 12 ans pour aller étudier. Avant l'âge de 17 ans il partit pour Bagdad. Il espérait pouvoir y rencontrer Ahmad Ibn Hanbal mais celui-ci mourut peu de temps avant son arrivée. Après une année à Bagdad, il alla dans le sud de l'Irak où il étudia à Kufa et à Bassora. Il revint ensuite à Bagdad pour y rester huit ans.
Il partit de nouveau en voyage, mais cette fois pour découvrir la Syrie, la Palestine et l'Égypte. Vers 870 Tabarî revient à Bagdad pour y passer les cinquante trois ans qui suivent, jusqu'à sa mort en 923. Ce dernier séjour à Bagdad a été entrecoupé de quelques aller-retours vers le Tabaristan et par un pèlerinage à La Mecque.
Sommaire
Ses œuvres
Tabarî a écrit des livres touchant à presque tous les domaines de la vie musulmane : histoire, commentaire du Coran (arabe: تَفْسِير tafsīr, « exégèse »), recueil de hadiths, commentaires de droit (فقه fiqh, « droit », « jurisprudence »). Il s'est aussi intéressé à la médecine profitant de ses connaissances pour prescrire des remèdes à ses amis et étudiants. Son tafsir a été édité en 896 et 930. Ce tafsir allait devenir un des travaux de ce genre les plus connus. Il aurait été beaucoup plus long que les 3 000 pages imprimées actuelles.
La chronique, histoire des prophètes et des rois
L’Histoire des prophètes et des rois relate l'histoire du monde depuis la création jusqu'à la naissance de Mahomet, puis l'histoire du monde musulman pendant les trois premiers siècles de l'hégire. Son livre sert de référence à tous ses successeurs.
Cet ouvrage, écrit en arabe et traduit en persan vers 963 est une version « abrégée », où les références et les citations des sources ont été supprimées, et où les multiples versions d'un même événement ont été supprimées. Cette version a ensuite été traduite en turc, puis en arabe. Même dans cette version il n'y a pas d'examen critique, lorsqu'il y a deux versions du même événement il se contente de les mentionner toutes les deux de manière parallèle : les faits et les légendes sont traités à égalité.
La première traduction de la Chronique de Tabari fut l'oeuvre de Louis Dubeux en 1836 et est paru sous le titre: Chronique d'Abou-Djafar Mohammed Tabari, fils de Djarir, fils d'Yezid, traduite sur la version persane d'Abou-Ali Mohammed Belami, fils de Muhammed, fils d'Abd-Allah, d'après les manuscrits de la Bibliothèque du Roi. Par la suite, l'orientaliste Hermann Zotenberg en fit une version plus récente et plus aboutie, laquelle parut en 1874. Bien qu'« abrégée » elle représente environ 1 500 pages imprimées. L'ampleur déjà considérable de cet ouvrage, même abrégé, est une entrave à la traduction en français de l'origine en langue arabe. Néanmoins en 2002 est parue une version revue de la Chronique de Tabari, toujours basée sur la traduction de Hermann Zotenberg, mais cette fois revue sur la base de la version arabe par Mohamad Hamadé. Cette oeuvre dont les originaux sont perdues reste une version peu fiable (influence chiite ) mais nous donne une vue d'ensemble.
La version de Zotenberg
La version de Zotenberg comporte six parties :
De la création à David
Pour les quatre premières parties le point de vue religieux est prédominant. Pour toutes les périodes précédant l'Islam le récit de Tabarî rapporte une foule de légendes auxquelles les auteurs musulmans font allusion.
De Salomon à la chute des Sassanides
Dans cette partie du récit, Tabarî raconte, entre autres, l'histoire d'Alexandre le « Bicornu » qu'il assimile à Alexandre le Grand et au personnage du Coran Dhû'l-Qarnâine[2] cité dans la sourate XVIII[3],[4]. Tabari donne une explication ingénieuse :
« Alexandre est appelé Dhû'l-Qarnâine pour cette raison qu'il alla d'un bout à l'autre du monde. Le mot 'qarn' veut dire corne, et on appelle les extrémités du mondes cornes. Lui, étant allé aux deux extrémités du monde, tant à l'Orient qu'à l'Occident, on l'appelle Dhû'l-Qarnâine. »Il a cependant quelques doutes sur sa propre interprétation, il précise que : « Les commentateurs ne sont pas d'accord là dessus au sujet de Dhû'l-Qarnâine[5] ».
Plusieurs théologiens et historiens musulmans — dont As-Suhayliy (XIIIe siècle), Ibn Taymiyyah (XIVe siècle) et Al-Maqrîziy (XVe siècle) — réfutent l'idée selon laquelle Dhû'l-Qarnâine serait Alexandre, et font remonter le personnage coranique à l'époque d'Abraham. Néanmoins le nom de celui qui a des cornes, donné à Alexandre le Grand peut s'expliquer par son titre de prêtre d'Ammon et sa représentation sur les drachmes avec des cornes de bélier (les monnaies grecques ont circulé dans tout le Moyen-Orient jusqu'au règne d'Abd al-Malik).
Muhammad le sceau des prophètes
Tabarî est une source importante pour le récit de la vie du prophète. Il ne rapporte que ce qui lui semble confirmé par le Coran ou de fortes traditions à travers les hadiths. Cela fait un récit non dépourvu de merveilleux mais qui veut rester « critique ».
Les quatre premiers califes
L'opposition entre `Alî et Abû Bakr est assez clairement vue du côté sunnite. les sunnites ne reconnaissent pas la beyah (allégeance) à `Alî lors du dernier pèlerinage du prophète.
Les califes Omeyyades
Pour l'histoire des Omeyyades, La Chronique reste la source la plus précieuse de nos connaissances.
Les califes Abbassides
L'histoire de Abbassides s'arrête en 862 par le règne de Al-Mu'tazz. Le calife suivant Al-Muhtadi n'est que cité.
Notes
- ↑ Encyclopédie Universalis, Tabari
- ↑ Dhû'l-Qarnâine en arabe : ḏū al-qarnayn, (ذو القرنين, celui qui a des cornes.
- ↑ Le Coran, La Caverne, XVIII (ar)الكهف
- ↑ Dans Tabari, La Chronique (Volume I, De Salomon à la Chute des Sassanides), Actes-Sud (ISBN 2-7427-3317-5) p. 78 et suivantes
- ↑ Dans Tabari, ibidem, p. 79.
Source
- Tabari, traduit du persan par Hermann Zotenberg, revu et corrigé par Mohamad Hamadé, La Chronique: Histoire des envoyés de Dieu et des rois, Al-Bustane, 2002 (ISBN 2-9108-5630-5).
- Tabari (trad. du persan par Hermann Zotenberg), La Chronique. Histoire des prophètes et des rois, vol. I, Actes Sud / Sindbad, coll. « Thésaurus », 2001 (ISBN 2-7427-3317-5).
- Tabari (trad. du persan par Hermann Zotenberg), La Chronique. Histoire des prophètes et des rois, vol. II, Actes Sud / Sindbad, coll. « Thésaurus », 2001 (ISBN 2-7427-3318-3).
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