Séparation de l'Église et de l'État

Séparation de l'Église et de l'État
Séparation de l'Église et de l'État à travers le monde.      États sans religion d’état      États avec religion d’état      Ambigu ou sans donnée

La séparation de l’Église et de l’État est l'état d'un système politique dans lequel les institutions étatiques ou les gouvernements nationaux sont séparés des institutions religieuses.

Sommaire

Panorama général

L'idée selon laquelle la religion et l'État doivent être séparés se traduit par des pratiques très variées, allant de la laïcité ou l'élimination de l'Église, à la théocratie, dans laquelle le gouvernement est une "filiale" de l'Église. Certains laïques pensent que l'État devrait être entièrement séparé de la religion, et que les institutions religieuses ne devraient avoir aucune interférence avec l'État. Il est d'usage d'appeler les Églises qui exercent leur autorité indépendamment de toute approbation gouvernementale, les Églises « libres ».

Un État laïque ne se prévaut d'aucune institution religieuse spécifique pour justifier son autorité. Mais, certains gouvernements laïques trouvent parfois des justifications quasi-religieuses à leur puissance, principalement dans un cadre cérémonial ou rhétoriques. Dans cette conception, l'État vise le bien-être général sans pour autant favoriser un groupe religieux spécifique, ni se conformer à une autre doctrine que la sienne. Ce type de rapport entre État et religion s'appelle la religion civile. Certains laïcs acceptent que l'État puisse encourager la religion (au travers, par exemple, d'exemptions fiscales, d'un financement public pour l'éducation et la charité), mais, en contrepartie, ils exigent que l'État n'établisse pas une religion comme religion d'État, qu'il n'impose pas une observance religieuse et qu'il n'intervienne pas pour légiférer la pratique religieuse.

Quelques pays ont adopté un système hybride, un compromis entre un gouvernement laïque et religieux. Dans ces pays, l'État soutient directement une institution religieuse spécifique. Cela peut se traduire, par exemple, par le fait que l'État paye les salaires des chefs religieux, qu'il finance l'éducation religieuse dans les écoles d'État.

La théocratie est quant à elle un système dans lequel la religion s'impose à un État, où les institutions religieuses désignent le gouvernement et où la loi religieuse dicte la politique de l'État, sous l'autorité directe des institutions religieuses. Dans une théocratie, les tribunaux ou les fonctionnaires religieux dirigent la politique du gouvernement civil.

La séparation de l'Église et de l'État est semblable à la liberté religieuse, mais les deux concepts ne sont pas identiques. Par exemple, dans un pays ayant une religion d'État, les citoyens auront une totale liberté religieuse, alors que dans un État sans religion officielle, les citoyens n'auront pas toujours la liberté de pratiquer leur religion.

Dans de très nombreux États, la croyance religieuse est libre, mais aucun pays ne permet une complète liberté, sans aucune restriction, de la pratique religieuse. Les lois nationales, reflétant d'ailleurs les intérêts fondamentaux de l'État, peuvent interdire certains actes ou comportement que des citoyens réclament pourtant au nom de la liberté religieuse. C'est le cas, dans plusieurs pays, de l'interdiction de certaines pratiques telles que la bigamie, les relations sexuelles avec des enfants, les sacrifices humain ou animal ou l'utilisation des drogues, même si ces pratiques font partie de certaines croyances religieuses.

Histoire

Antiquité

Dans l’Antiquité, avant l'arrivée du christianisme, il n'y avait aucune séparation entre l’Église et l’État. Dans les monarchies, le roi était également le plus haut chef religieux et parfois, il était considéré comme divin. Dans les régimes républicains, les religieux étaient nommés fonctionnaires, comme les politiques. Dans d'autres cas, une autorité religieuse était également l'autorité civile suprême, comme c'était le cas de la théocratie judéenne sous suprématie étrangère.

Dans la Rome antique, les empereurs étaient considérés comme des êtres divins et occupaient les plus hautes fonctions religieuses. Les chrétiens ont d'ailleurs contesté ce système, en reconnaissant l'autorité politique de l'empereur mais en refusant de s'impliquer dans une religion de l'État, et de reconnaître la divinité de l'empereur. De ce fait, les chrétiens ont été jugés ennemis de l’État et la conversion au christianisme était punissable de la mort (voir par exemple, martyre de Justin sous le règne de Marcus Aurelius). Cette situation a entraîné de violentes persécutions jusqu'en 313, année qui vit la signature de l'édit de Milan par Constantin Ier et Licinius. L'Empire romain est véritablement devenu chrétien avec l'édit de Théodose Ier en 390. Les enseignements de Jésus lui-même sont parfois cités comme exemple du principe de la séparation de l’Église et de l’État (par exemple dans l'Évangile selon Marc, 12:17 : « Rendre à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. »).

Moyen Âge

Au Moyen Âge, dans les pays d'Europe de l'Ouest, la séparation de l’Église et de l’État se heurtait aux monarques, représentants de Dieu sur terre, qui héritaient leurs pouvoirs du droit divin et des autorités ecclésiastiques. Dans ce système, le roi tirait son autorité tant des institutions religieuses que de Dieu directement, ce qui a engendré des luttes de pouvoir pour le contrôle de l’État et des crises à l'origine d'un certain nombre d'événements importants dans le développement des pays d'Europe de l’Ouest.

Dans l'empire romain oriental, également connu sous le nom d'Empire byzantin, l'empereur disposait d'un pouvoir suprême, au-dessus de l’Église, et il contrôlait son plus haut représentant, le patriarche de Constantinople. L'orthodoxie était la religion d’État. Lorsque l'Empire ottoman a conquis Constantinople (devenu Istanbul), l'empereur a été tué. Gennadius II Scholarius a alors été nommé patriarche de l'Église orthodoxe occidentale par le sultan Mehmed II.

Les Lumières

Le concept moderne de séparation de l'Église et de l'État est souvent attribué au philosophe anglais John Locke. Suivant son principe de contrat social, Locke détermine que l'État n'a pas de légitimité suffisante en ce qui relève de la conscience individuelle. En effet, cette conscience ne peut être cédée rationnellement au contrôle d'un État. Pour Locke, c'est l'origine d'un droit naturel de liberté de conscience qui, dit-il, doit être protégé des intrusions des gouvernements. Cette perception concernant la tolérance religieuse et l'importance de la conscience individuelle devint, avec la notion de contrat social, particulièrement influente dans les colonies américaines, et dans la rédaction consécutive de la Constitution des États-Unis.

Époque moderne

Les pays ont connu des degrés variables de séparation de l’Église et de l’État. Quelques pays sont plus stricts que d'autres en rejetant l'influence de l'Église sur l’État. Dans certains pays (l'Iran, par exemple), les deux institutions sont fortement liées.

Laïcité et théocratie

La laïcité permet à un État d'éviter ou de réduire les interactions entre les institutions civiles et religieuses. En effet, il existe naturellement un lien et des interactions, puisque les institutions religieuses, et les croyants, sont également membres de la société civile. La laïcité suppose la supériorité des lois civiles dans l'organisation judiciaire. La plupart des formes de laïcité reposent sur des politiques visant à préserver la liberté des pratiques religieuses, ou l'absence de pratique, de manière à assurer une protection égale pour tous, en vertu des mêmes lois. Toutefois, dans la mesure où la religion ne peut pas être une question strictement privée, des lois sur la « liberté religieuse » sont, à certains égards, restrictives pour les personnes ayant vocation à exercer une fonction publique.

Certaines philosophies politiques, comme le libéralisme et le marxisme, reposent sur l'idée que toute influence religieuse dans un État ou une société est une chose négative. Dans les nations qui ont officiellement adopté cette vision, telle que les pays de l'ancien bloc communiste en Europe de l'Est, les institutions religieuses sont soumises à l'État laïque. La liberté de culte était soumise à autorisation ainsi qu'à d'autres restrictions, et la doctrine de l'Église était surveillée pour s'assurer de sa conformité avec la loi laïque, et son caractère inoffensif au regard de la doctrine publique officielle.

Dans le modèle français de laïcité, l'État protège les institutions religieuses contre l'interférence de l'État, mais l'expression religieuse publique est également limitée. Le but est de protéger la puissance publique contre les influences religieuses, particulièrement dans les services publics.

Si le but d'un État laïque est d'être religieusement neutre, et si l'expression de l'opinion religieuse est, en principe, exclue de la sphère publique, l'État doit également faire en sorte que toutes les religions soient traitées sur un pied d'égalité et qu'elles soient protégées les unes des autres.

De nombreux pays occidentaux démocratiques considèrent que la séparation de l'Église et l'État est un élément important. Certains, tels que les États-Unis, l'Australie et le Canada, ont même des clauses spécifiques dans leur constitution interdisant au gouvernement de favoriser une religion plutôt qu'une autre. Au contraire, dans d'autres démocraties, comme le Royaume-Uni, la religion d'État est constitutionnalisée, tout en respectant que les citoyens puissent avoir une religion différente, ou aucune.

À l'opposé de la laïcité, la théocratie est un système dans lequel l'État est fondé sur des institutions religieuses, et des règles de droit reposant sur les préceptes de Tribunaux religieux. C'était le cas du Royaume de Juda, et aujourd'hui de l'Arabie saoudite, le Vatican et de l'Iran. Dans ces pays, les affaires étatiques sont contrôlées par l'autorité religieuse, ou au moins avec son consentement. Dans les théocraties, le degré de protection des non croyants est déterminé par les théologiens de la religion officielle.

Pays avec séparation

Ces pays ont une approche relativement différente de la notion de séparation de l'Église et de l'État.

Australie

Depuis la création du Commonwealth d'Australie en 1901, la liberté religieuse est garantie et toute religion d'État est proscrite. L'article 116 de la constitution australienne dispose :

Le Commonwealth ne fera aucune loi pour instituer une religion, ou pour imposer le respect d'une religion, ou pour interdire l'exercice libre d'une religion, et aucun test religieux ne pourra être exigé comme qualification pour un emploi privé ou public dans le Commonwealth. [1]

Certains juges australiens sont allés plus loin en estimant que le gouvernement ne pouvait soutenir une école religieuse, même si cela était fait de manière non discriminatoire. Cependant, la Haute Cour d'Australie, autorise le financement des écoles religieuses. La question des aides de l'État pour les écoles non gouvernementales a été largement débattue lors de la campagne pour les élections législative australienne de 1963. La question de la séparation entre la religion et l'État est généralement moins controversée en Australie qu'aux États-Unis. Chaque jour, le Parlement d'Australie débute d'ailleurs ses séances par des prières qui ne sont pas obligatoires mais auxquelles beaucoup de parlementaires participent.

Canada

Au Canada, il n'y a pas de religion d'État, mais les groupes religieux peuvent demander à bénéficier d'une exonération d'impôt. Les édifices religieux sont exemptés des taxes municipales et scolaires et des taxes de vente. Le salaire des religieux est minimalement imposé. Dans de nombreuses provinces les écoles privées souvent confessionnelles ne sont pas financées par le gouvernement des province (l'éducation étant de compétence provinciale exclusive)à l'exception du Québec. Ainsi, elles reçoivent 60&thinsp ; % de subventions pour leurs dépenses nonobstant la langue d'enseignement. D'ailleurs, les élèves n'ayant pas accès à l'école de langue anglaise car n'étant pas admissibles utilisent l'école privée pour éviter l'obligation de fréquenter l'école publique gratuite et française. Hors Québec dans des régions du Canada, il existe un système d'éducation catholique à côté du système d'éducation « public et laïc ». Par exemple en Ontario, il y a des écoles séparées pour les franco-ontariens mais bénéficiant d'une double-taxation. Elles fonctionnent selon des principes catholiques ou protestants, incluant des activités et une instruction religieuse. Elles ne sont pas exclusivement fréquentées par des catholiques pratiquants. En Ontario le règlement 17 et dans l'ouest du Canada entre autres au Manitoba l'enseignement en français a été dans le passé interdit.

Comme dans la plupart des pays, la forme spécifique et unique de séparation aux USA ne s'applique pas au Canada. L'éducation religieuse dans les écoles n'est pas interdite par la constitution, même si elle fort peut pratiquée dans les écoles publiques. Au Québec, l'histoire des religions sera offerte comme cours pour tous. Les crucifixs, et autres symboles religieux sont toujours présents sur la place publique et font présentement l'objet d'un débat. Quelques écoles publiques canadiennes hors Québec font réciter aux élèves la prière "Notre Père".

Voir : séparation de l'église et de l'état au Québec

La Charte canadienne des droits et libertés, qui fait partie de la constitution, énonce dans son préambule que le Canada « est fondé sur des principes qui reconnaissent la suprématie de Dieu (concept non défini...) et la règle de droit. » La liberté religieuse est également garantie. La Cour suprême du Canada a jugé qu'une loi de 1906, imposant la fermeture de la plupart des endroits le dimanche, n'avait pas un but légitime dans « une société démocratique et libre ». Le Québec a sa Charte des droits et liberté qui définit l'égalité des droits pour tous. Le Québec a hérité de la Nouvelle-France son code civil qui a évolué avec le temps alors que dans le reste du Canada on y pratique le droit coutumier d'inspiration britannique.

France

Caricature de 1905 dépeignant la séparation de l'Église et de l'État. L'homme au milieu est Jean-Baptiste Bienvenu-Martin, ministre de l'Éducation à l'époque

D'après Jean-François Chantaraud dans L'état social de la France, la double sacre de Pépin le Bref, puis la partie d'échec remportée par Philippe IV contre le Pape structurent la fusion des pouvoirs temporel et spirituel dans l'inconscient collectif des français : dans l’hexagone, l'exécutif détient le monopole de la légitimité à dire le juste. Dès lors, en affirmant seul le système de valeurs applicable à toute la société, l’Etat s'oppose de façon structurelle à tous les autres porteurs de valeurs, à commencer par les organisations à caractères religieuses. Là, se trouverait le source de la radicalité de la laïcité de la République française, dont le ministre des cultes est le ministère de l'Intérieur et de la sécurité publique plutôt que le ministère de l'éducation, comme c'est le cas au Royaume uni par exemple.

Depuis 1905, la France a une loi imposant la séparation des Églises et de l'État, interdisant à l'État de reconnaître ou de financer la moindre religion. La loi de 1905 définit clairement le principe de la non-intervention du gouvernement dans la sphère religieuse et la non-intervention de la religion dans le gouvernement. Ce principe s'accompagne d'un principe de libre exercice du culte. Le fait pour un politicien de faire référence à une croyance religieuse pour justifier une politique est considéré comme un faux pas. De l'argent public peut parfois être versé à des écoles privées agrées, mais elles doivent accepter de suivre le même programme scolaire que les écoles publiques et elles ne peuvent pas forcer les élèves à suivre des cours de religion. Les églises, les synagogues, les temples et les cathédrales construits avant 1905, dans le cadre des établissements publics du culte, sont maintenant propriété de l'État et des communes lorsque des associations culturelles n'ont pas été constituées dans les délais (cas de l'Église catholique) ; cependant elles sont affectées, à titre gratuit, pour les activités religieuses.

L'Alsace-Moselle, qui était administrée par l'Allemagne lorsque la loi de 1905 est passée, n'est redevenue française qu'après la Première Guerre mondiale, et elle est toujours soumise au régime antérieur à la loi de 1905, c’est-à-dire le Concordat, qui prévoit un financement public de l'Église catholique, l'Église luthérienne, les Églises réformées et la religion juive. Les prêtres sont payés par l'État, les évêques sont nommés par le président de la République sur proposition du pape. D'autres parties du territoire français ne relèvent pas du régime mis en place par la loi de 1905 comme certaines anciennes colonies qui sont soumises au décret Mandel', du 16 janvier 1939.

Allemagne

Au Moyen Âge, après les guerres qui ont suivi la Réforme, le principe cuius regio, eius religio (celui qui gouverne une région impose la religion à ses sujets) a divisé le Saint-Empire romain germanique en États souvent de petite taille, homogènes sur le plan confessionnel. Ce principe, rendu particulièrement complexe du fait des changements de frontières des États au début du XVIIIe siècle, a pris fin avec la chute de toutes les monarchies lors de la révolution allemande de 1918 et de la proclamation de la République de Weimar.

Aujourd'hui, les Églises et l'État sont séparés (il n'existe pas de religion officielle), mais il existe une coopération dans beaucoup de domaines, particulièrement dans le secteur social. Les Églises et les communautés religieuses, si elles sont puissantes, stables et respectueuses de la constitution, peuvent obtenir le statut spécial de « corporation de droit public », qui permet aux Églises de prélever auprès de leurs membres un impôt appelé Kirchensteuer (littéralement « taxe d'Église »), qui est collecté par l'État.

Selon la constitution, l'instruction religieuse est une matière ordinaire enseignée dans les écoles publiques, dans la plupart des Länder. Elle est organisée par l'État, mais elle est également placée sous le contrôle de chacune des communautés religieuses. Les professeurs sont cependant formés dans les universités publiques. Les parents ou les élèves de plus de 14 ans peuvent décider de ne pas suivre ces cours de religion, mais la plupart des länder imposent alors, en remplacement, que les élèves suivent des cours d'éthique ou de philosophie. En 1997, il y a eu une importante polémique lorsque la cour constitutionnelle fédérale a jugé inconstitutionnelle une loi de Bavière imposant le crucifix dans chaque salle de classe. La Bavière l'a remplacée par une loi imposant toujours le crucifix, sauf si les parents d'élèves émettent une protestation formelle.

Avec l'immigration et l'augmentation du nombre d'habitants musulmans, un débat est apparu sur la possible introduction d'un enseignement religieux islamique pour les élèves musulmans. Le gouvernement de certains länder (par exemple Berlin) a décidé de proposer l'instruction religieuse de l’islam dans les écoles publiques des quartiers ayant une population musulmane significative. Cette décision, qui pose le problème de la représentativité des associations chargées de l'enseignement religieux islamique, est fortement contestée, y compris dans la communauté musulmane.

Autriche

En Autriche, le concordat de 1934 définit l'Église catholique comme préférée de l'État, bien que toutes les « communautés religieuses reconnues » bénéficient d'un certain soutien financier officiel (impôts). Le libre et public exercice de chaque culte est garanti par la Loi fondamentale de 1867. Toutefois, le crucifix est présent dans presque tous les hôpitaux, à la cour, dans les écoles et dans les administrations. La religion est du domaine du public et du privé, car il faut indiquer la confession sur presque tous les documents officiels.

Irlande

En Irlande, la loi concernant la séparation de l'Église et de l'État est appliquée.

Israël

À très peu d'exceptions près, telles les lois relatives au mariage et au divorce, Israël est un État séculier. La tradition légale est plutôt l’English Common Law, que les règles talmudiques juives. Chaque citoyen, quelle que soit sa religion ou sa provenance nationale, jouit de pleins et égaux droits civiques. Ceci vaut bien sûr pour la minorité arabe et musulmane.

Cependant, la minorité ultra-orthodoxe en Israël étant un élément incontournable dans presque chaque gouvernement de coalition, essaie d'augmenter son influence religieuse sur l'État. Ainsi, elle reçoit des financements étatiques pour les écoles religieuses, et d'autres avantages, tels que l'exemption de service dans les forces israéliennes de la défense. Israël offre également la citoyenneté automatiquement à n'importe quel juif souhaitant devenir un citoyen. De tels avantages sont considérés par beaucoup comme des privilèges discriminatoires et une violation du principe de séparation de l'Église et de l'État.

On désigne généralement Israël comme « l'État juif », ce qui est souvent une source de confusion, car le terme « juif » se rapporte tout à la fois à la religion et à la nation. Les fondateurs d'Israël ont considéré le terme « juif » comme désignant la nationalité et par conséquent Israël peut être considérée comme « l'État juif » sur le seul plan de la nationalité seulement, comme l'Italie peut être décrite comme « État italien », la France comme « la République française » et ainsi de suite.

Japon

Historiquement, le Japon a une longue tradition de la mixité des pratiques religieuses, entre le shintoïsme et le bouddhisme depuis l'introduction du Bouddhisme au VIIe siècle. Bien que l'empereur du Japon soit censé être le descendant direct d'Amaterasu, la déesse du soleil des shintoïste, toute la famille impériale et presque tous les Japonais étaient bouddhistes tout en pratiquant également les rites religieux shintoïstes. D'ailleurs, dans toute l'histoire japonaise, les groupes religieux ne sont jamais réellement parvenus à exercer une véritable influence politique, comme cela a pu être le cas en Europe, et quand ils ont essayé, ils ont été violemment supprimés.

Après la restauration sous l'ère Meiji, le Japon a essayé de transformer l'État sur le modèle de la monarchie constitutionnelle européenne moderne. Le bouddhisme et le shintoïsme ont été officiellement séparés et le shintoïsme est devenu une religion d'État à l'image de la position du christianisme dans la monarchie européenne. La constitution a spécifiquement prévu que l'empereur est « saint et inviolable » (Tennou ha shinsei nishite okasu bekarazu). Pendant la période de l'empereur Showa, le statut de l'empereur est toujours celui d'un dieu vivant (Arahito gami). Ceci a pris fin après la Seconde Guerre mondiale, quand la constitution actuelle a été rédigée (voir Ningen-sengen (en)).

L'article 20 de la constitution du Japon, rédigé en 1946 pendant l'occupation américaine et qui est toujours en vigueur, prévoit une séparation des organismes religieux et de l'État, tout en assurant la liberté religieuse : « Aucune organisation religieuse ne recevra le moindre privilège de l'État, et n'exercera aucune autorité politique. Aucune personne ne pourra être contrainte à participer à une célébration, un rite ou une pratique religieuse. L'État et ses organes s'abstiendront de dispenser toute éducation religieuse ou tout autre activité religieuse ». Cependant, comme la CDU en Allemagne, le Japon a un parti politique d'influence religieuse, le Nouveau Kōmeitō proche du Sōka Gakkai.

Mexique

Article détaillé : Lois de Réforme.

En 1833 le président Valentín Gómez Farías voulut restreindre les droits des communautés religieuses – spécialement de l'Église catholique romaine. À sa suite, le président Benito Juárez mit en œuvre une série de dispositions appelées Leyes de Reforma (1859-1863) comme arrière-fond de la dite Guerra de Reforma. Ces lois établirent la "séparation de l'Église et de l'État", autorisèrent le mariage civil et établirent les registres civils, et confisquèrent les biens de l'Église.

Philippines

Les Philippines ont un fort lien poltico-religieux. La plupart des partis politiques philippins défendent un point de vue religieux (musulman, chrétien, ou les deux). L'Eglise catholique y a une influence très forte, à laquelle s'opposent parfois violemment les musulmans des provinces du Sud.

Suède

L'Église luthérienne et l'État se sont partiellement séparés en 1999. L'Église de Suède continue à avoir un statut spécial. Il est maintenant possible de déclarer une nouvelle religion mais elle n'aura pas le même statut spécial et la possibilité de rendre officiel administrativement des services comme les mariages et les enterrements. Cependant des efforts ont été effectués pour rénover les anciens statuts de l'Église de Suède. Les mariages peuvent être effectués par quiconque en ayant reçu l'autorisation.

Turquie

Article détaillé : Réformes kémalistes.

États-Unis

Autres pays

Les pays avec des Églises nationales

Égypte

Finlande

Royaume-Uni

Grèce

Pays dont le statut a varié

Russie

  • En Russie, entre la fondation de la Rus' de Kiev et l'arrivée au pouvoir des bolcheviks, les liens étaient très étroits entre la religion reconnue officiellement, l'Église orthodoxe russe et le gouvernement. Ces liens devinrent encore plus resserrés sous le tsar Pierre le Grand ; en 1721, le patriarche de Moscou était purement et simplement remplacé par un Saint-Synode, lui-même présidé par un délégué du tsar. Dès lors et jusqu'en 1917 l'Église orthodoxe russe était explicitement une section de l'État russe.
  • Après la Révolution d'Octobre et la prise de pouvoir par les bolcheviques, le gouvernement de l'Union soviétique s'est beaucoup occupé des affaires religieuses, lui qui se définit comme théoriquement athée. Entre 1917 et 1922, les autorités soviétiques ont exécuté 28 évêques orthodoxes et plus de 1 000 prêtres. L'initiative prit fin en 1941 pendant la Seconde Guerre mondiale, mais cela ne fut pas la fin du contrôle de la religion par l'État soviétique, qui ne cessera qu'avec l'écroulement de l'Union soviétique.
  • Les 9 octobre 1990 et 10 novembre 1990, le parlement russe a voté deux lois sur la liberté de conscience qui retirent à l'Église russe orthodoxe son statut d'Église d'État de Russie (ce que l'Union soviétique n'avait jamais fait explicitement). En 1997, cependant, le même parlement vote une loi restreignant les activités des organisations religieuses en Russie. Une liberté complète est garantie à toute organisation religieuse reconnue par le gouvernement soviétique avant 1985 : Église orthodoxe, judaïsme, islam, et bouddhisme.

Voir aussi


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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Séparation de l'Église et de l'État de Wikipédia en français (auteurs)

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