Patriarcat de Moscou et de toute la Russie

Patriarcat de Moscou et de toute la Russie
Église orthodoxe de Russie
(Русская Православная Церковь)
Fondateur(s) Prince Vladimir de Kiev

indépendance=1448

Autocéphalie/Autonomie reconnue 1589 par le Pat. de Constantinople
Primat actuel Cyrille
Siège Moscou, Russie
Territoire primaire Drapeau de Russie Russie
Drapeau d'Ukraine Ukraine
Drapeau de Biélorussie Biélorussie
Drapeau de Moldavie Moldavie
Drapeau du Kazakhstan Kazakhstan
Drapeau du Kirghizistan Kirghizistan
Drapeau d'Ouzbékistan Ouzbékistan
Drapeau du Turkménistan Turkménistan
Drapeau du Tadjikistan Tadjikistan
Drapeau d'Azerbaïdjan Azerbaïdjan
Drapeau d'Estonie Estonie
Drapeau de Lettonie Lettonie
Drapeau de Lituanie Lituanie
Extension territoriale diaspora russe
Rite byzantin
Langue(s) liturgique(s) slavon
Tradition musicale russe
Calendrier julien
Population estimée environ 140 millions

Le Patriarcat de Moscou et de toute la Russie, Église orthodoxe de Russie ou Église orthodoxe russe est la juridiction canonique autocéphale de l'Église orthodoxe de Russie et, de fait, de la diaspora russe.

Le chef de l'Église porte le titre de Patriarche de Moscou et de toute la Russie (ou de toutes les Russies), avec résidence au monastère Danilov à Moscou. Le titulaire depuis le 27 janvier 2009 est Sa Sainteté Cyrille.

Sommaire

Histoire

L'Église orthodoxe russe fait remonter son origine au baptême du prince Vladimir Ier de Kiev en 988. En fait, la Rus' de Kiev, état pluri-ethnique, ne correspond pas complètement à la Russie (Moscovie). La légende raconte que Vladimir, voulant choisir une nouvelle religion, envoya des ambassadeurs chez plusieurs peuples pour voir comment ils adoraient Dieu. Le choix se serait porté sur le christianisme byzantin à cause de la beauté du culte. En fait, ce choix avait des raisons politiques et stratégiques. Le siège métropolitain de Kiev fut créé vers 991 sous la juridiction du patriarcat de Constantinople qui nommait le primat. Iaroslav le Sage, le fils et successeur de Vladimir, permit le développement de la nouvelle Église en encourageant la création de nouveaux diocèses, en faisant construire des cathédrales.

Malgré les hérésies et les controverses, l'Église russe se consolide au cours des siècles suivants, grâce notamment à l'essor de la vie monastique. Elle marque de plus en plus son indépendance vis-à-vis du Patriarcat œcuménique de Constantinople. Ainsi Jonas est nommé métropolite de Moscou et de toute la Russie en 1448 sans le consentement de Constantinople. En 1589, le régent Boris Godounov mène une politique d'indépendance de la Russie et crée le patriarcat de Moscou : l'Église orthodoxe de Russie devient alors autocéphale.

Fédor Romanov devenu patriarche de Moscou en 1619 gouverne de facto la Russie pendant le règne de son fils Michel Ier, premier tsar de la dynastie des Romanov. Cette dyarchie fait que tous les actes de l'État sont signés par le patriarche et le souverain. Pierre le Grand réinstaure la primauté du politique en supprimant le patriarcat en 1721.Il est rétabli en 1918 à la suite de la chute du tsarisme, car l'Église manifeste un fort désir d'émancipation. Mais après la mort du patriarche Thikone, il faut attendre 1943 pour que le patriarche Serge soit élu. Le titulaire actuel est Sa Sainteté Cyrille Ier depuis le 27 janvier 2009.

Le génie de la tradition orthodoxe

Convertie à la fin du Xe siècle au christianisme byzantin, la Russie a établi ensuite une tradition religieuse qui est devenue, au fil des siècles, un élément déterminant de son « être au monde ». Une acculturation réussie, une liturgie somptueuse et une spiritualité originale ont contribué à faire de cet héritage un « marqueur d'identité » dont la renaissance est aujourd'hui bien visible, après les sept décennies de persécutions endurées sous le régime soviétique. Les Russes se perçoivent comme appartenant à une « civilisation d'héritiers ». De Bulgarie , ils ont reçu au cours du Xe siècle l'alphabet cyrillique inventé par les Bulgares, saints Naum et Clément d'Ohrid et c'est ainsi qu'ils sont entrés dans la « civilisation du livre ». Les traductions - non seulement celles des œuvres liturgiques mais aussi celles des chroniques et des ouvrages scientifiques - se multiplient ensuite. C'est donc à partir de l'héritage byzantin que les Russes inventent leurs propres concepts politiques, culturels et religieux.

De même que Constantinople ne peut être considérée comme une capitale en rupture avec Rome, Kiev continue vers le nord la tradition byzantine, ce qu'exprime son métropolite Hilarion[1] en 1049-1050, probablement à l'occasion de la dédicace de la Cathédrale Sainte-Sophie de Kiev (en russe : Собор Святой Софии, Sobor Sviatoï Sofii ou Софийский собор, Sofiïsky sobor), quand il proclame que celle-ci « n'aura pas d'équivalent ni au nord, ni à l'est, ni à l'ouest. » dans la mesure où elle prolonge Constantinople dans ces trois directions. Une idée reprise lors du transfert du siège métropolitain de Kiev à Vladimir en 1299 puis à Moscou en 1328[2] qui pourra dès lors s'affirmer comme la « troisième Rome » [3]après que la première sera tombée sous les coups des Vandales au Ve siècle, la seconde sous ceux des Turcs ottomans un millénaire plus tard.

Christ en Gloire, Évangile du monastère d'Andronikov à Moscou, env. XVIe siècle.

Moscou s'inscrit alors dans une perspective eschatologique pour assumer la Révélation. Ce concept est aujourd'hui bien vivant dans la Rome russe qui a retrouvé sa place et sa mission de conduire le peuple de Dieu jusqu'à la Parousie. Les événements de l'Histoire, comme les soixante-dix ans de la période soviétique, sont lus dans le plan humain, ce ne sont que des avatars, comme l'ont été les multiples crises qui ont agité l'Empire byzantin. Le plan de Dieu est ailleurs ; il est dans l'éternité et dans le temps qui verra la Croix « Victorieuse et Vivifiante ». L'orthodoxie devint donc, dès l'origine, l'élément d'identification de la jeune Russie. Dans ce pays dépourvu de limites naturelles, sur cette vaste plaine matrice de la terre russe, de la russkaya zemlia, seule l'orthodoxie a permis de conserver l'unité de cette « terre russe » sacralisée par les représentations collectives qui se sont imposées au fil des générations. Qu'elle soit partagée entre des pouvoirs différents et hostiles, qu'elle soit occupée par des envahisseurs venus des steppes ou de l'Occident, la « terre russe » demeure une car elle est orthodoxe ; elle est pravoslavnaya.

L'art et la liturgie

Cette unité de la « terre russe orthodoxe » s'exprime aussi dans un art et dans une liturgie. Dès l'origine, la chrétienté russe a adopté la théologie de la lumière alors condamnée à Constantinople. Tout au long des XIe et XIIe siècles, le morcellement féodal et la naissance des principautés favorisèrent la création d'évêchés dans chacune de ces entités politiques. Le plan byzantin de la croix inscrite dans un cercle et surmontée de la coupole fut partout adopté, mais l'originalité russe fut de monter des coupoles sur de hauts tambours percés de fenêtres pour permettre à la lumière d'investir le sanctuaire et de participer à la transfiguration du croyant par la lumière divine.

La liturgie de saint Jean Chrysostome[4]'[5] la plus répandue, était accompagnée des célèbres chants mélismatiques inventés à Kiev au XIe siècle. Une autre innovation de l'orthodoxie russe est l'Iconostase[6]. La multiplication des églises en bois - dépourvues initialement d'espaces susceptibles de recevoir les icônes dont le culte avait été rétabli en 843 - s'accompagna de l'apparition d'un vaste mur de bois sur lequel on installa peu à peu, à partir du XIVe siècle, sept rangées d'icônes. L'iconostase[7] séparait ainsi l'espace divin, réservé aux clercs, de l'espace laïc ouvert aux fidèles. La liturgie se résume alors à un dialogue spirituel entre les fidèles, à la tête desquels se trouve le diacre, et le prêtre célébrant. Elle assure dès lors la liaison nécessaire entre la spiritualité individuelle de chacun et celle de la communauté des croyants dont la prière est portée à Dieu par sa Mère, qui « fait le pont entre le Ciel et la Terre ».

Icône moscovite de Notre-Dame de Kazan vers 1572.

L'icône[8] n'est alors qu'un élément du tout ; elle prend naturellement sa place dans cette liturgie qui permet à l'individu de s'assumer comme membre du corps mystique qu'est l'Église. La liturgie orientale rappelle ainsi constamment à tous les fidèles que l'économie du salut est collective et contribue à créer, en ce sens, un profond sentiment d'unité. Cette liturgie qui n'a connu qu'un seul Schisme - le Raskol du XVIIe siècle[9] - et qui a maintenu la langue ancienne, le slavon, qui fait de toute célébration une fête, est un exceptionnel élément d'unité dans une société et une civilisation dont elle est le commun dénominateur.

Spiritualité russe

Trois éléments fournissent la clé de la spiritualité russe : le Souffre-Passion dont le modèle est celui des saints Boris et Gleb ; le startchestvo, cette guidance spirituelle si merveilleusement décrite à travers le Staretz Zosime des Frères Karamazov de Dostoïevski, et enfin le « fol en Christ », Yourodivy, qui exprime une spiritualité de contestation.

Le Souffre-Passion

Les deux premiers saints de Russie sont les fils de Vladimir, Boris et Gleb[10], assassinés lors de la guerre civile qui ravagea le pays de 1015 à 1018, à l'issue de laquelle s'imposa leur frère Iaroslav le Sage. Par leur martyre, ces deux princes sont les fondateurs d'une forme de spiritualité typiquement russe, le Souffre-Passion. Vladimir les ayant en effet chargés de mettre à la raison leur frère Iaroslav, révolté à Novgorod, ils apprennent que celui-ci a enrôlé des mercenaires varègues pour les assassiner. Plutôt que de fuir et de se protéger comme le leur recommandait leurs compagnons, ils assument leur destin et subissent leur martyre. Ils seront canonisés dès 1073. Ces saints sont à l'origine de la spiritualité des souffre-passion à laquelle se rattachent les saintes victimes du Goulag ou de l'empereur Nicolas II et sa famille. Tous ont assumé leur destin. Par leur martyre, ils ont gagné leur salut individuel et, surtout, le salut de tous.
La renaissance russe contemporaine prend sa source dans le sang des martyres. C'est pourquoi la société soviétique s'est effondrée sans que l'on ouvre les prétoires car juger les responsables reviendrait à condamner deux fois les victimes et leur enlever toute l'espérance du salut dont ces victimes sont porteuses pour elles-mêmes comme pour le pays.
Cette attitude est difficilement compréhensible pour les Latins et nous rappelle que les Orthodoxes n'ont pas le même rapport au temps que nous.
Le temps des hommes n'est pas le temps de Dieu ; l'homme ne peut se substituer à Dieu pour juger le passé et construire l'avenir. Pour comprendre la Russie, il est nécessaire de comprendre cette dimension de sa spiritualité.

Le startchetsvo

Beaucoup plus connu en Occident grâce à Dostoïevski, le startchetsvo - ou « guidance spirituelle » - en constitue un autre élément majeur. Fortement imprégnés par la théologie de l'Hésychasme[11], qui ne fut admise à Constantinople qu'au XIVe siècle, les Russes ont, depuis le XIe, toujours cherché à atteindre la paix intérieure qu'ils espèrent trouver à travers la lumière divine du Thabor. Pour atteindre cette transfiguration intérieur, l'homme doit être accompagné par un Staretz, un guide spirituel dont l'expérience mystique, et non l'âge, lui confère la capacité d'assumer la direction spirituelle de ceux et de celles qui sont en quête de Dieu. Ce mouvement connut une grande ampleur aux XVIIIe et XIXe siècles. Il joua un rôle essentiel au sein d'une Église gouvernée par des laïcs tels que Pobiedonostsev, le Procureur du Saint-Synode. La vie religieuse s'éloigna alors d'un clergé séculier en pleine crise que n'épargnaient pas les auteurs satiriques pour retourner vers une spiritualité plus personnelle qui s'inscrivait dans une démarche impliquant la durée et l'appui d'une authentique direction spirituelle.

« fol en Christ », le Yourodivy

Sainte Xénia de Saint-Pétersbourg, vêtue de haillons.

Une troisième démarche a profondément marqué la spiritualité russe, celle du « fol en Christ »[12]. Pour les chrétiens russes en effet, Dieu - qui était venu sur terre par son fils, le Christ - continuait de s'adresser aux hommes, par l'intermédiaire de personnages souvent en rupture sociale, pour interpeller vigoureusement les puissants du moment et leur rappeler qu'un jour ils devront aussi rendre des comptes. Ces hommes et ces femmes furent appelés « fol en Christ ». Le plus célèbre d'entre eux est sans doute Basile le Bienheureux (en russe Васи́лий Блаже́нный), dont le souvenir demeure conservé dans l'église de la Place Rouge qui garde son nom alors qu'elle était initialement consacrée à Notre-Dame de Kazan. On raconte qu'Ivan IV lui-même vint porter son corps lors de son inhumation. Une autre sainte représentative de ce même courant fut sainte Xénia de Saint-Pétersbourg dont l'action en faveur des pauvres marqua la fin du XIXe siècle. Cette piété agressive, violente, parfois anarchique est une constante de l'Histoire religieuse du pays. Dieu n'a jamais cessé de se manifester à lui à travers des hommes inspirés, pour livrer aux fidèles une parole de liberté, fermement indispensable de toute transfiguration.

L'Histoire, l'économie et la culture fournissent des connaissances indispensables à la compréhension de la Russie mais seule sa spiritualité originale peut fournir la clé de l'intelligence d'un peuple et d'une civilisation qui voient dans l'économie divine le seul moyen d'assumer l'unité de la société.
Autour de l'an mil, l'Occident « se couvrit - selon l'expression de Raoul Glaber - d'un blanc manteau d'église », ce qui scellait le processus de sa lente christianisation, bientôt génératrice de la « grande clarté du Moyen Âge ». Un millénaire plus tard, l'Orient résonne soudain du son des cloches de ses églises interprétant le « chant des anges » tandis que les bulbes dorés de ses sanctuaires scintillent de nouveau sous le soleil éclairant la grande plaine russe, rappelant ainsi aux chrétiens de toutes nations que Moscou demeure la troisième Rome et « que de quatrième il n'y aura pas ... »[13].

Organisation

Actuellement (2007), l'Église orthodoxe russe compte 142 diocèses dans plusieurs pays et 27 942 paroisses (dont plus de 13 000 en Russie). Il n'y avait que 92 diocèses en 1993. Il y a 732 monastères comprenant 350 monastères masculins et 382 couvents féminins.

Pour la formation, l'Église dispose de cinq académies théologiques, dont l'Académie théologique de Moscou, de 32 séminaires, de 43 pré-séminaires, d'un institut théologique et de deux universités orthodoxes.

Relations avec les autres Églises

Le Patriarcat de Moscou est membre du Conseil œcuménique des Églises depuis 1961[14].

Relations avec l'Église orthodoxe russe hors frontières

L'Église orthodoxe russe hors frontières est née au début des années 1920, après la révolution bolchevique, et s'est considérée comme la partie « libre » de l'Église orthodoxe russe, très critique vis-à-vis du pouvoir soviétique et du patriarcat de Moscou « inféodé ». La fin de l'Union soviétique a créé une nouvelle situation. L'Église orthodoxe russe se dit prête à un dialogue en vue d'une réconciliation. L'Église orthodoxe russe hors frontières est traversée par différents courants quant à l'attitude à tenir face au patriarcat de Moscou :

  • l'opposition, la défiance. Cette attitude peut aller jusqu'à l'organisation d'une hiérarchie parallèle sur le territoire russe.
  • La réunification : le 17 mai 2007, à Moscou, le métropolite Laure de New York et le patriarche de Moscou et de toute la Russie, Alexis II, ont officiellement mis fin à ce schisme par la signature d'un acte de communion canonique. Celle-ci fut faite en présence du président russe Vladimir Poutine[15].

Relations avec les autres Églises orthodoxes

L'Église orthodoxe russe est en communion avec les autres Églises orthodoxes qui forment ensemble la « Communion orthodoxe ».

Cela n'empêche pas quelques désaccords avec quelques unes d'entre elles.

Relations avec l'Église catholique romaine

Après le décès du Patriarche Alexis II, survenu le 5 décembre 2008 , son successeur Cyrille Ier a été élu puis intronisé patriarche de l'église orthodoxe russe le 1er février 2009. Par son élection et son œcuménisme, un grand pas s'est effectué vers l'Église catholique...

Différences entre l'Église catholique et l'Église orthodoxe
  • Pour les catholiques, le Saint-Esprit procède du Père et du Fils à la fois, tandis que pour les orthodoxes, il procède du Père et du Fils par le Père et non du Père et du Fils à la fois. Pour les orthodoxes, l'ajout du mot "filioque" au credo revient à dévaloriser l'Esprit Saint pour en faire une partie de la Trinité dévalorisée.
  • Pour les catholiques, l'Église est une. Le pouvoir du pape transmis sans rupture depuis Pierre est infaillible quand le pape proclame de façon définitive un point de doctrine touchant la foi. Les Églises orthodoxes sont autocéphales, elles se gouvernent par elles-mêmes. La foi orthodoxe est constituée par les définitions dogmatiques des sept premiers conciles œcuméniques (qui sont les seuls qu'elle reconnaît), qu'elle a en commun avec la foi catholique.
  • Lors du baptême orthodoxe, le baptisé est toujours plongé à trois reprises entièrement dans l'eau.
  • La confirmation chez les orthodoxes a lieu juste après le baptême de l'enfant et s'appelle chrismation.
  • L'hostie se prépare sans levain chez les catholiques, avec chez les orthodoxes.

On sera charmé, ébloui ou au pire interloqué par une liturgie orthodoxe. La première idée qui domine à la liturgie orthodoxe est qu'il faut tourner toute sa sensibilité artistique vers Dieu, donc la liturgie doit être avant tout la plus belle possible.
Ne chante que la chorale qui sait chanter. Les instruments ne sont pas permis, car il faut que tout soit naturel, c'est-à-dire de voix humaine. Le lieu de l'église représente déjà le ciel sur la terre. C'est là que se produit la rencontre de l'humain et de Dieu.
C'est donc l'endroit où l'homme s'élève le plus. On reste debout pendant la liturgie en signe de foi en la résurrection. Le corps entier doit participer à la prière, aussi fait-on de nombreuses inclinations. On considère que l'image est la présence même du saint, donc quand on embrasse une icône[16], on n'embrasse pas le bout de bois, mais directement le saint représenté. L'orthodoxie fait une grande place à la vénération des saints. Les saints le plus vénérés sont saint Serge de Radonège qui a marqué le début du mouvement monastique au XIVe siècle en se retirant dans la forêt et saint Séraphin de Sarov[17].

Rencontre avec le patriarche Athénagoras

Il rencontra le pape Paul VI à Jérusalem en 1964. C'était la première rencontre des primats des Églises de Rome et de Constantinople depuis 1439 (concile de Florence). Les deux prélats se rencontrent encore à Istanbul en 1967, puis une nouvelle fois cette même année lors de la visite du patriarche au Vatican. En 1965 les deux hommes s'étaient accordés sur la révocation des décrets d'excommunication mutuelle de 1054 : Le cardinal Humbert et le Patriarche Michel Cérulaire s'étaient mutuellement excommuniés à Sainte-Sophie (Constantinople) et il s'en était suivi une rupture durable de communion entre les deux Églises.
Au retour à la Délégation apostolique, le pape reçoit le patriarche Athénagoras Ier de Constantinople. Il s'agit d'une entrevue historique puisque c'est la première fois depuis le (Concile de Florence) que les primats des Églises de Rome et de Constantinople se rencontrent. Les deux hommes multiplient les gestes d'amitié : ils se prennent par la main, se montrent très émus. À l'issue de leurs allocutions respectives a lieu un entretien en français entre les deux hommes ; décision est prise de créer une commission où théologiens catholiques et orthodoxes discuteront sur les questions qui les divisent. À la fin de cet entretien, le pape offre un calice en or au patriarche (symbole de la communion entre les deux Églises voulue par le pape) et ils récitent ensemble le Pater, l'un en latin et l'autre en grec.
Lors de l'ultime rencontre d'avec le Patriarche œcuménique de Constantinople Athénagoras Ier. Paul VI déclara notamment : « grande est notre émotion, profonde est notre joie, en cette heure vraiment historique où, après des siècles de silence et d'attente, l'Église catholique et le Patriarcat de Constantinople se retrouvent à nouveau... » Après une déclaration commune, ils s'échangèrent des cadeaux (Athénagoras remit à Paul VI une icône représentant deux apôtres, Pierre le « coryphée » et André, le premier à suivre Jésus-Christ).

En 1999, Jean-Paul II visite la Roumanie avec les personnalités locales de l’Église orthodoxe. Il est d’ailleurs le premier pape à visiter un pays à majorité orthodoxe depuis le schisme de 1054. Au cours de ce voyage il demande pardon au nom des catholiques pour le sac de Constantinople[18]. Lors du Jubilé de l'an 2000, il ouvre la Porte Sainte avec le métropolite orthodoxe Athanasios et le primat anglican George Carey, marquant la volonté d'unité des différents chrétiens[18]. Cependant il ne put jamais se rendre en Russie, le patriarche de Moscou refusant de le rencontrer[19]. Lors d'un voyage en Grèce, le 27 novembre 2004, le pape Jean-Paul II, remettait les reliques de deux évêques de Constantinople et pères de la liturgie byzantine, saint Jean Chrysostome et saint Grégoire de Nazianze, conservées jusque là au Vatican, à Bartholomée Ier de Constantinople dans une logique de réconciliation[20]. Les tentatives de réconciliation avec les orthodoxes ont aussi été entravées par des conflits de juridictions et de frontières, les Églises uniates réclamant les églises confisqués par les soviétiques au profit des orthodoxes[19]. Le pape fut critiqué du fait du prosélytisme des catholiques en Russie, conduisant au refus de l'épiscopat russe de le recevoir[21]. Enfin la reconnaissance par le Vatican de l'indépendance de la Croatie fut très mal vécu par les orthodoxes serbes qui considéraient ce pays comme lié à la Serbie[21].

Le 1er mars 2006, Benoît XVI a pris la décision de renoncer au titre de « patriarche de l'Occident »[22]. Ce renoncement a deux objectifs, le premier est de ne retenir que le titre universel du pape et non plus que celui de patriarche de l'Occident, la deuxième raison vise à se rapprocher des chrétiens orthodoxes, car le titre de patriarche de l'Occident a été créé en grande partie par opposition au patriarche d'Orient, et donc orthodoxe.
Le 16 mars 2006, des échanges de lettres entre Benoît XVI et le patriarche de Moscou Alexis II sont publiés, cet échange montre un début de rapprochement, Benoît XVI voulant « une collaboration plus intense dans un esprit de vérité et de charité » ; le patriarche quant à lui affirme que l’Occident « est confronté à de graves défis qui exigent des engagements communs ». Les relations entre Jean-Paul II et Alexis II étaient beaucoup plus tendues[23].
Le 28 juin 2008, le Patriarche œcuménique de Constantinople, Bartholomée Ier assiste à Rome, aux côtés de Benoît XVI, à l'ouverture de l'année paulinienne commémorant le deuxième millénaire de la naissance de Paul.

Voir aussi

Liens internes

Liens externes

Bibliographie

  • Alexis Obolensky, Luc Svetchine, Pierre-Antoine Gatier Les églises russes de Nice éditions Honoré Clair 2010
  • Hyacinthe Destivelle, Le Concile de Moscou (1917-1918) : la création des institutions conciliaires de l'Église orthodoxe russe, Cerf, Paris, 2006 (ISBN 2-204-07649-X)
  • Antoine Nivière, Les Orthodoxes russes, Brepols, Turnhout, 1993 (ISBN 2-503-50310-1)
  • Jean-Claude Roberti, Histoire de l'Église russe, Nouvelle Cité (col. Historiques), Paris, 1995 (ISBN 2-85313-187-4)
  • Mgr Pitirim, L'Église orthodoxe russe, Herscher, Paris, 1982 (ISBN 2-7335-0037-6)
  • Gleb Yakounine, Un prêtre seul au pays des soviets, Préface d'Olivier Clément, [1]
  • Georges Florovsky, Les voies de la théologie russe, Editeur : L'Age d'Homme (octobre 2001) (ISBN 2-8251-1570-3)
  • Pierre Pascal, La Religion du peuple russe, L'Âge d'Homme (février 1990) (ISBN 2-8251-2166-5)
  • Olivier Vargin, Regards sur l'art contemporain russe, Editeur : L'Harmattan (septembre 2010) (ISBN 2-296-12962-5)
  • Job Getcha (Auteur), Hiéromoine Macaire de Simonos Petras (Préface), Le typikon décrypté : Manuel de liturgie byzantine, Editeur : Cerf (octobre 2009) (ISBN 2-204-08901-X)
  • Jean Meyendorff (Ivan Féofilovitch von Meyendorff, né Jean Meyendorff) (Auteur), Anne Sanglade (Traduction), Constantin Andronikof (Traduction), Initiation à la théologie byzantine : L'histoire et la doctrine, Editeur : Cerf (septembre 2010) (ISBN 2-204-09399-8)
  • Jean Meyendorff (Ivan Féofilovitch von Meyendorff, né Jean Meyendorff) (Auteur), Saint Grégoire Palamas et la mystique orthodoxe, Editeur : Seuil (janvier 2002) (ISBN 2-02-052642-5)
  • Placide Deseille (Auteur), Spiritualité orthodoxe et philocalie, Editeur : Albin Michel (mars 2003) (ISBN 2-226-13722-X)

Notes et références

  1. Hilarion, auteur du Sermon sur la Loi et la Grâce, devient le premier métropolite d'origine russe.
  2. En 1395, L'icône de la Vierge de Vladimir est transférée à Moscou
  3. Dans une lettre en 1511, à Vassili III, le moine de Pskov, Philothée qualifie Moscou de « Troisième Rome ».
  4. La Divine liturgie de saint Jean Chrysostome
  5. Saint Jean Chrysostome,œuvres complètes
  6. Théologie de l'icône
  7. Qu'est ce que l'iconostase ?
  8. Icônes, témoins de l'invisible
  9. Le seul ouvrage en français intégralement consacré au Raskol est la monumentale thèse de Pierre Pascal, Avvakum et les débuts du Raskol, EPHE, Mouton & Co, 1963.
  10. Nominis : Saints Boris et Gleb
  11. « Acquiers la paix intérieure, et des âmes par milliers trouveront le salut auprès de toi. » Saint Séraphim de Sarov.
  12. L'Église orthodoxe russe compte 36 iourodivye parmi ses saints, et avant tout Basile le Bienheureux, qui a donné son nom à la Cathédrale Saint Basile à Moscou. Les Fols-en-Christ ont souvent le titre de bienheureux (блаженного).
  13. Texte de Iaroslav Lebedynsky, chargé de cours à l'Institut national des langues et civilisations orientales.
  14. Bernard Dupuis, L'Église orthodoxe (§ Ouverture, œcuménisme, diaspora) in Encyclopédie des religions, Universalis, Paris, 2002, p. 116
  15. référence, citation ou lien
  16. Robert Bird (Auteur), Nathalie David (Traduction), Olga Chimanskaia (Traduction), Andreï Roublev, Editeur : Editions de la Transparence (février 2008) (ISBN 2-35051-030-1)
  17. Irina Gorainoff, Seraphim de sarov,Editeur : Desclée de Brouwer (janvier 1996) (ISBN 978-2-220-02220-8)
  18. a et b Stanisław Dziwisz, Une vie avec Karol, Edition du Seuil, 2007, pp. 132 et 260 (ISBN 978-2-02-094828-9)
  19. a et b Henri Tincq, Jean-Paul II, Edition Librio, 2005, pp. 22 et 67 (ISBN 2-290-32800-6)
  20. (fr) Texte de la cérémonie de la restitution des reliques, 2004.
  21. a et b Henri Tincq, Jean-Paul II, Edition Librio, 2005, p. 68, (ISBN : idèm.
  22. Le journal italien Corrière della Sera du 1er mars 2006.
  23. Eurocles.com, rapprochement entre l'Église orthodoxe russe et le Vatican, (16 mars 2006).


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