Stéfan Sweig

Stéfan Sweig

Stefan Zweig

Stefan Zweig
Stefan Zweig.
Stefan Zweig.

Activité(s) écrivain
Naissance 28 novembre 1881
Décès 22 février 1942
Petrópolis

Stefan Zweig (28 novembre 1881 à Vienne en Autriche - 22 février 1942, à Petrópolis au Brésil) est un écrivain, dramaturge, journaliste et biographe autrichien.

Sommaire

Biographie

Stefan Zweig était le fils de Moritz Zweig, riche juif fabricant de tissus, et d'Ida (Brettauer) Zweig, fille d'un banquier italien. Il étudia la philosophie et l'histoire de la littérature, et à Vienne, il fut associé au mouvement d'avant-garde Jeune Vienne.

La religion ne joua pas un rôle central dans son éducation. Zweig dit plus tard dans un entretien : « Ma mère et mon père étaient juifs par le hasard de leur naissance ». Bien que ses premiers essais eussent été publiés dans « Die Neue Freie Presse », dont le rédacteur littéraire était le dirigeant sioniste Theodor Herzl, Zweig ne fut pas attiré par le nationalisme juif.

Avant la Première Guerre mondiale, il fit de nombreux voyages : il parcourut l'Europe, passa de longs séjours à Berlin, Paris, Bruxelles et Londres, se rendit en Inde en 1910 puis aux États-Unis en 1912.

Quoique engagé au service de l'Autriche au début de la Première Guerre mondiale, Zweig était un pacifiste convaincu, de concert avec l'écrivain français Romain Rolland. Sa pièce de théâtre intitulée Jérémie (1916), où il laissait entrevoir la possibilité d'une défaite de l'Autriche, lui donna l'occasion d'aller en Suisse en 1917 pour assister aux répétitions lors de sa création à Zurich. Il en profita pour rencontrer nombre de pacifistes, en particulier son ami Romain Rolland à Genève. Ils sommèrent les intellectuels du monde entier de se joindre à eux dans un pacifisme actif — qui fut décisif dans l'attribution du prix Nobel de littérature à Romain Rolland. Zweig resta pacifiste toute sa vie et préconisa l'unification de l'Europe avant l'arrivée au pouvoir des nazis qui en briserait tout espoir.

Parmi ses amis illustres, outre Romain Rolland, figurent Sigmund Freud — dont il rédigea l'oraison funèbre et à qui il faisait lire ses nouvelles avant parution —, et Émile Verhaeren, dont il écrivit une remarquable biographie, pleine d'admiration et de reconnaissance pour le grand poète belge. Polyglotte accompli, il traduisit de nombreuses œuvres de Charles Baudelaire, Arthur Rimbaud, Paul Verlaine, John Keats… Grand connaisseur du monde des arts et des lettres, il nourrit toute sa vie une grande passion pour les autographes et les portraits d'écrivains, qu'il collectionnait. Comme Romain Rolland, il écrivit de nombreuses biographies, dont une consacrée à Érasme qu'il qualifia par la suite d'autobiographie cachée.

Il fut très affecté par la sortie de guerre de l'Autriche, au territoire et à l'importance largement réduits, par les difficultés matérielles et la dévaluation qui s'ensuivirent, mais la décennie 1924-1933 fut à ses yeux la période la plus intense de sa création artistique.

L'arrivée au pouvoir des nazis vint bouleverser la vie de Zweig, qui eut très tôt une conscience claire du terrible danger que représentait Hitler pour les juifs, pour l'Autriche et toute l'Europe. En 1934, dès les premières persécutions antisémites, il quitta l'Autriche pour l'Angleterre. Il s'installa à Bath puis à Londres où il débuta l'écriture d'une biographie de Marie Stuart.

En Allemagne, son travail fut défendu par le compositeur Richard Strauss, qui refusa de retirer le nom de Zweig de l'affiche pour la première, à Dresde, de son opéra Die schweigsame Frau (La Femme silencieuse), dont Zweig avait écrit le livret ; Hitler céda exceptionnellement devant l'insistance de Strauss mais refusa de venir à la première comme prévu, et l'opéra fut interdit après trois représentations[1]. Zweig suscita encore la colère des nazis lorsque l'un de ses ouvrages (Brûlant secret 1938) fut adapté au cinéma. Un autodafé de ses œuvres eut lieu à Berlin.

«  Un peuple qui a donné au monde le livre le plus sacré et le plus précieux de tous les temps n'a pas besoin de se défendre quand on le décrète inférieur et n'a pas besoin de se vanter de tout ce qu'il a produit inlassablement dans tous les domaines de l'art, de la science, des actes de la pensée : tout cela est inscrit, on ne peut l'effacer de l'histoire de ce pays dans lequel nous étions chez nous. » (Lettre à Max Brod[2])

En 1941, il s'établit au Brésil où, trop affecté de voir la Seconde Guerre mondiale détruire ses rêves d'humanisme et d'Europe pacifiée, il se suicida avec Lotte (Charlotte Elisabeth Altmann), sa seconde épouse, à Pétropolis, près de Rio de Janeiro, le 22 février 1942.

Son autobiographie, Le monde d'hier - Souvenirs d'un Européen, qu'il rédigea peu de temps avant sa mort, est un hymne à la culture européenne qu'il considérait alors comme perdue.

Stefan Zweig et Romain Rolland

Le jeune Stefan Zweig a d'emblée été conquis par l'œuvre de Romain Rolland et plus encore par l'homme quand il aura l'occasion de le rencontrer. Il a été séduit par son humanisme, son pacifisme, sa connaissance de la culture allemande qui lui semble représenter une synthèse entre leurs deux cultures. Ils s'écrivent beaucoup : on a retrouvé 520 lettres de Stefan Zweig à Romain Rolland et 277 lettres de Romain Rolland à Stefan Sweig, ce qui est considérable.

Le 22 décembre 1912 est un événement capital : Jean-Christophe est terminé et à cette occasion, Stefan Zweig publie un article dans le Berliner Tageblatt car pour lui « Jean-Christophe est un événement éthique plus encore que littéraire. »

Ils sont atterrés par la guerre qui commence et le 3 août 1914, Romain Rolland écrit : « Je suis accablé. Je voudrais être mort. Il est horrible de vivre au milieu de cette humanité démente et d'assister, impuissant, à la faillite de la civilisation. » Mais contrairement à Stefan Zweig, il se reprend vite et publie en 1915 l'un de ses textes les plus connus : Au-dessus de la mêlée. C'est l'opiniâtreté de Romain Rolland dans sa lutte contre la guerre qui sauve Stefan Zweig de la dépression et fait qu'il admire de plus en plus celui qu'il considère comme son maître.

Entre ces deux hommes, c'est l'histoire d'une grande amitié qui va se développer avec le temps, des relations de maître à disciple, même si leurs voies vont quelque peu diverger sur la fin. Stefan Sweig fait connaître Romain Rolland en Allemagne, travaillant inlassablement à sa renommée. Il fait représenter son Théâtre de la Révolution et Romain Rolland lui dédie la pièce qu'il termine en 1924 intitulée Le jeu de l'amour et de la mort avec ces mots : « A Stefan Zweig, je dédie affectueusement ce drame, qui lui doit d'être écrit. »

Durant cette période, ils se voient souvent, chaque fois qu'ils en ont l'occasion :

  • En 1922, Stefan Zweig est à Paris et l'année suivante, c'est Romain Rolland qui passe deux semaines au Kapuzinerberg ;
  • En 1924, ils sont à Vienne pour le soixantième anniversaire de Richard Strauss où Stefan Zweig présente son ami à Sigmund Freud qu'il désirait rencontrer depuis longtemps ;
  • En 1925, ils se retrouvent à Leipzig pour le festival Haendel puis ils partent pour Weimar visiter la maison de Goethe et consulter les archives de Nietzsche ;
  • En 1926, pour les soixante ans de Romain Rolland, paraît son livre jubilaire conçu en grande partie par Stefan Zweig qui va donner dans toute l'Allemagne de nombreuses conférences sur l'œuvre de son ami à propos de qui il a cette phrase magnifique : « La conscience parlante de l'Europe est aussi notre conscience. »
  • En 1927, c'est à Vienne qu'ils célèbrent ensemble le centenaire de la mort de Beethoven. À l'initiative de Stefan Zweig, Romain Rolland fait partie des personnalités invitées au festivités et ses articles, son hommage à Beethoven paraissent dans nombre de journaux.

Mais cette grande amitié va peu à peu butter sur des divergences à propos de la situation internationale. En 1933, Romain Rolland écrit à propos de Stefan Zweig : « Il est trop clair que nos chemins se sont séparés. Il ménage étrangement le fascisme hitlérien qui cependant ne le ménagera pas... » Stefan Zweig de son côté, éprouve les mêmes sentiments. En 1935, il écrit à sa femme Frederike : « La visite à Rolland, décevante hélas, il a l'air vieilli et fatigué. »

Œuvres

Son œuvre, particulièrement éclectique, comporte quelques recueils de poésies, quelques pièces de théâtre (Thersite 1907, Volpone 1927…).

Il est surtout connu pour ses nouvelles (Amok 1922, La Confusion des sentiments 1926, Vingt-quatre heures de la vie d'une femme 1934), histoires de passion intense pouvant aller parfois jusqu'au morbide ou à la folie. Son œuvre phare, Le Joueur d'échecs, a été publiée à titre posthume. Il a écrit de nombreuses biographies (Fouché, Marie Stuart, Magellan, Marie-Antoinette…) d'une grande acuité psychologique et qui comportent une réflexion sur les problèmes de son temps (Érasme 1935). Il travailla durant plus de vingt ans à son recueil de nouvelles Les très riches heures de l'humanité qui retracent les quatorze événements de l'Histoire mondiale les plus marquants à ses yeux.

Ouvrages

Correspondance

  • Sigmund Freud - Stefan Zweig, Correspondance 1991
  • Arthur Schnitzler - Stefan Zweig, Correspondance 1994
  • Richard Strauss - Stefan Zweig, Correspondance 1931-1936 1994
  • Friderike Zweig - Stefan Zweig, L'Amour inquiet, Correspondance 1912-1942 1987
  • Romain Rolland - Stefan Zweig, Rencontre 1911
  • Amélie Breton - Stefan Zweig, Lettres 1922
  • Émile Verhaeren - Stefan Zweig 1996
  • Stefan Zweig, Correspondance. 1897-1919 (préface, notes et traduction de l'allemand par Isabelle Kalinowski). – Paris : Librairie générale française, coll. « Le livre de poche. Biblio » no 3414, 2005 – 471 pages, 18 cm(ISBN 2-253-10856-1) – Titre original : Briefe
  • Stefan Zweig, Correspondance. 1920-1931 (préface, notes et traduction de l'allemand par Isabelle Kalinowski). – Paris : Librairie générale française, coll. « Le livre de poche. Biblio » no 3415, 2005 – 473 pages, 18 cm(ISBN 2-253-10857-X) – Titre original : Briefe.

Notes et références

  1. R. Strauss, S. Zweig, Briefwechsel, W. Schuh (éd.), Frankfurt a. M., S. Fischer Verlag, 1957. Trad. fr. : Correspondance 1931-1936, B. Banoun (trad. et éd.) et N. Casanova (trad.), Paris, Flammarion, coll. Harmoniques, 1994. B. Banoun, L'opéra selon Richard Strauss : un théâtre et son temps, Paris, Fayard, 2000.
  2. Cité par Hélène Schoumann, dans « Stefan Zweig, ses dernières lettres », Tribune Juive, no 41, octobre 2008, p. 62
  3. Brûlant Secret, (OCLC 156113047)
  4. Brennendes Geheimnis, (OCLC 250662835)

Voir aussi

Liens externes

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