Rue de Bourbon

Rue de Bourbon

Rue de Lille

7e arrt.
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Rue de Lille
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Arrondissement(s) 7
Quartier(s)
Début Rue des Saints-Pères
Fin Rue Aristide-Briand
Longueur 1060 m
Dénomination 1792
Ancien(s) nom(s) Rue de Bourbon
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La rue de Lille se situe à Paris dans le 7e arrondissement. Longue de 1 060 mètres, elle commence rue des Saints-Pères et se termine rue Aristide-Briand.

Sommaire

Histoire

Ouverte dans le Grand Pré aux Clercs, elle fut dénommée rue de Bourbon jusqu'en 1792 et de 1815 à 1830. En 1792, elle fut nommée rue de Lille pour commémorer la défense de cette ville.

Bâtiments remarquables

  • n° 1 : V. n° 6 rue des Saints-Pères.
  • n° 2 : Institut national des langues et civilisations orientales (INALCO), communément appelé « Langues'O », installé à cet emplacement depuis 1874.
  • n° 4 : Bibliothèque interuniversitaire des langues orientales.
  • n° 5 : Le psychanalyste Jacques Lacan avait son cabinet dans cet immeuble: « je vais au 5, rue de Lille, écrit Philippe Sollers, et je tombe sur l’adresse de Lacan, qui, on le sait, a exercé là, de 1940 à sa mort (en 1981), son très éprouvant métier de psychanalyste. Si le divan de Lacan pouvait parler, il mettrait en crise toute l’industrie romanesque et ses millions de livres pour rien. Cette adresse m’est familière. Bien que jamais allongé chez lui, c’est là que j’allais le chercher, certains soirs, pour dîner en sa compagnie à La Calèche, le restaurant d’en face. Le 5, c’était la promesse d’un plaisir. Mais le 5 rue de Lille (et c’est là que le temps se met à parler à voix basse) était aussi l’adresse d’un certain Darasse, le banquier d’Isidore Ducasse, comte de Lautréamont, lorsqu’il venait toucher la pension que lui envoyait son père depuis Montevideo (Darasse était en affaires avec ce pays lointain). [...] C’est au même banquier Darasse que Ducasse, le 12 mars 1870 (il meurt en novembre, à l’âge de 24 ans et demi, pendant le siège allemand de Paris), annonce que sa méthode a complètement changé après l’échec des Chants de Maldoror, pour dans Poésies I et II, donc) chanter exclusivement “l’espoir, l’espérance, le calme, le bonheur, le devoir”[1]. »
  • n° 9 : L'écrivain et journaliste afro-américain Richard Wright (1908-1960) a vécu dans cette maison.
  • n° 19 : Max Ernst y habita de 1962 à sa mort le 1er avril 1976[réf. souhaitée].
  • n° 23 : Karl Marx y habita de novembre 1846 à mars 1847[réf. souhaitée].
  • n° 26 : Vestiges du couvent des théatins : Installés à Paris en 1644, les théatins achetèrent, grâce à la générosité du cardinal Jules Mazarin, une maison située à l'emplacement de l'actuel n° 23 quai Voltaire, qui pouvait abriter 25 religieux. Ils décidèrent de faire construire une église, placée sous l'invocation de Sainte-Anne-la-Royale, en l'honneur d'Anne d'Autriche. Les travaux furent entrepris en 1661 sur des plans donnés par un architecte militaire, Maurizio Valperga. Dès octobre 1662, le général des théatins remplaçait celui-ci par un élève de Borromini, Camillo-Guarino Guarini, qui imagina un édifice baroque énorme et compliqué[2], dont le coût excédait les possibilités financières des théatins. Guarini abandonna le chantier en 1666 alors que seuls les bras et la croisée du transept avaient été construits. On se borna alors à couvrir le transept qui devint la nef de l'église. Le bâtiment fut ensuite terminé par l'architecte Nicolas Liévain vers 1720-1721. Des vestiges de la façade orientale sont visibles dans la cour du n° 13 quai Voltaire, tandis que l'ancienne chapelle Saint-André-Avelin, construite par Liévain, subsiste, quoique remaniée, dans la cour du n° 30 rue de Lille. Avaient en outre été créés deux passages ouverts sur le quai et sur la rue par des portails réalisés par l'architecte Pierre Desmaisons. Celui sur la rue de Lille a été conservé et constitue le n° 26 de cette voie. Le portail donne accès à un vestibule sur lequel s'ouvrent les escaliers desservant les immeubles élevés de part et d'autre du passage. La cour rectangulaire est ornée d'un ordre dorique. L'ensemble a été gravé par La Marcade.
  • n° 30 : Immeuble de rapport construit pour les Théatins en 1730.
  • n° 41 : Le restaurant Le Télégraphe est installé dans l'ancienne maison des Demoiselles du téléphone, au décor Art nouveau.
  • nº 46 : Immeuble abritant la présidence de l'École pratique des hautes études (EPHE)
  • n° 48: Construit à l'étage, le Temple de l'église protestante baptiste a une structure de métal et a été l'un des premiers bâtiments reconstruits sur les ruines des destructions de la Commune.
  • n°s 52-56 : Caisse des dépôts et consignations. L’hôtel de Belle-Isle, au n° 56, a été construit sous la Régence par François Bruand et réaménagé par Eudes, architecte du ministère des Finances en 1858. Incendié sous la Commune de Paris en mai 1871, il a été reconstruit par le même architecte en style néo-Louis XV (1873-1880) sur un plan proche du plan original[3]. Un immeuble de bureau a ensuite été construit sur la rue de Lille dans les années 1930. V. aussi n°s 1-3 quai Anatole-France.
  • n° 55 : Hôtel de Clermont-Tonnerre : Construit par l'architecte Pierre Humbert (seconde moitié du XIXe siècle).
  • n°s 63-67 (et n° 10 rue de Poitiers) : Hôtel de Pomereu : Construit en 1872-1874 par David de Pénanrun pour le marquis Armand de Pomereu d'Aligre en style Louis XV, à la place de deux hôtels du XVIIIe siècle dont il subsiste quelques vestiges : l'hôtel Duret (n° 67 rue de Lille), propriété du commanditaire, et l'hôtel de Maillebois (n° 63), qu'il acheta en 1871 après les incendies allumés dans le quartier par la Commune. Siège en 1941 de l'École nationale des sciences géographiques, il fut acquis en 1947 par la Caisse des dépôts et consignations pour servir de résidence de fonction à son directeur général. Abrite aujourd'hui des bureaux et des salles de réception.
  • n° 62 : Musée d'Orsay.
  • n° 64 : Hôtel de Salm : V. Palais de la Légion d'honneur.
  • n° 69 : Adresse parisienne de Stendhal en 1804, 1806 et 1807.
  • n° 71 : Boniface de Castellane (1867-1932) a vécu dans cette maison entre 1918 et 1921.
Hôtel Daru, 79 rue de Lille. Gravure d'Andor Szekely von Doba, 1928.
  • n° 72 : Hôtel de Saisseval, où habita pendant la Révolution française Claude Louis, marquis de Saisseval, colonel des dragons et ami de Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord. Cet hôtel particulier abrita les répétitions de la messe de la fête de la fédération peu avant le 14 juillet 1790 : Talleyrand, appelé par le roi à célébrer celle-ci alors qu'il connaissait mal le rite, la répéta plusieurs jours devant une cheminée de cet hôtel, notamment aidé par Mirabeau, parfois en parodiant joyeusement le culte[4][5].
  • n° 75 : Hôtel de Lannion : En fond de parcelle, hôtel construit en 1742-1744 pour Jean Charles Hocquart, par l'architecte Jean Damun. Il est semblable à l'hôtel mitoyen du 78 rue de l'Université, édifié pour le même commanditaire ; les deux hôtels, se font face, à travers leurs jardins contigus. L'hôtel est d'abord loué à vie au comte de Lannion, pair de Bretagne. À partir de 1774, il abrite de nombreux locataires dont le comte de Vaudreuil, ami de la reine Marie-Antoinette, de 1782 à 1786. L'hôtel appartient ensuite aux sœurs Daru dont la famille possédait l'hôtel portant son nom au n° 79 de la rue de Bourbon. La cadette, Mme Faget de Baure, loua l'hôtel à la comtesse de Boigne qui y a tenu salon sous la Restauration. Incendiés sous la Commune, le corps de logis sur rue et la porte cochère ont été remplacés par un immeuble édifié en 1898 par Frédéric Honoré. L'hôtel comporte sur le jardin un avant-corps central à trois pans orné de quatre pilastres ioniques au premier étage. Le pendant côté cour a disparu à la suite des destructions de la Commune.
  • n° 77 : En fond de cour, hôtel particulier habité dans la première moitié du XXe siècle par le baron Napoléon Gourgaud (1891-1944) et la baronne, née Eva Gebhard (1876-1959), fille d'un riche banquier américain qu'il avait épousée en 1917. Ils y avaient accumulé une exceptionnelle collection de tableaux impressionnistes et modernes (dont une partie importante a été donnée par la baronne Gourgaud au musée national d'art moderne) ainsi que d'objets d'art. Le portrait de la baronne Gourgaud a été peint en 1923 par Marie Laurencin (Paris, collection du Centre Georges Pompidou).
  • n° 78 : Hôtel Beauharnais (autrefois dit hôtel de Torcy) : Construit par Germain Boffrand sur un terrain qu'il avait acheté en 1713 et revendu en cours de construction à Jean-Baptiste Colbert de Torcy. Acheté en 1803 par le prince Eugène de Beauharnais, qui a fait construire sur la cour un porche de style égyptien (1807) et réaliser une exceptionnelle décoration intérieure de style Empire. Acquis en 1817 par la Prusse. C'est là qu'Herschel Grynszpan assassine le troisième conseiller de l'ambassade, Ernst vom Rath, le 7 novembre 1938 au matin. Abrite aujourd'hui la résidence de l'ambassadeur d'Allemagne.
  • n° 80 : Hôtel de Seignelay : Hôtel, similaire à celui du n° 78, également construit par Germain Boffrand sur un terrain qu'il avait acheté en 1713 et vendu en 1718 à Charles Éléonor Colbert de Seignelay. Le décor intérieur a été en partie transformé par Pierre Mouret au XVIIIe siècle. Derrière l'hôtel, dans les jardins que longe le quai Anatole France, une stèle rappelle que le dernier chien de Marie-Antoinette, Coco, est enterré à cet endroit. Abrite aujourd'hui le ministère du commerce et de l'artisanat.
  • n° 86 : Un appartement de cet immeuble a abrité à partir de 1959 l'hebdomadaire Démocratie, créé par Guy Mollet, ainsi que le siège de la Fédération de la gauche démocrate et socialiste (FGDS) (1965-1968) et aujourd'hui l'Office universitaire de recherche socialiste (OURS).
  • n° 119 : Immeuble abritant les bureaux de l'ancien président de la République Jacques Chirac, mis à sa disposition par l'Etat[6].
  • n° 121 : L'Institut néerlandais et la Fondation Custodia sont installés dans un petit hôtel du XVIIIe siècle édifié entre cour et jardin, acquis après la Seconde Guerre mondiale par le collectionneur et historien d'art Frits Lugt (1884-1970). On en aperçoit le jardin au n° 108 rue de l'Université[7].
  • n° 123 : l'immeuble datant du début du XXe siècle et faisant l'angle avec la rue Aristide-Briand a abrité le siège du parti gaulliste (UNR, puis UDR, puis RPR) sous la Ve République jusqu'en 2001. Acquis et totalement rénové, il abrite aujourd'hui une annexe de l'Assemblée nationale à laquelle il fait face de l'autre côté de la rue Aristide-Briand.

Bâtiments détruits

  • Deux maisons construites en 1777 pour le maître-menuisier Jean Desjardins par l'architecte Jean-Baptiste Louis Élisabeth Le Boursier, dont un hôtel qui fut loué à Jacques Stuart, grand amiral de la Jamaïque, puis au duc de Berwick (détruit lors du percement de la rue de Solférino).
  • n° 62 : Palais d'Orsay, à l'emplacement de l'actuel Musée d'Orsay, entre le Quai Anatole France et la rue de Lille. Le Palais d'Orsay a été construit à partir de 1810, et occupé par le Conseil d’État au rez-de-chaussée à partir de 1840, rejoint deux ans plus tard par la Cour des Comptes au premier étage. Il est incendié pendant la Commune de Paris, et détruit à la fin du siècle. L'actuel bâtiment a été inauguré en 1910.
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  • n° 63 : Hôtel de Maillebois : Incendié sous la Commune. Les vestiges ont été incorporés dans l'hôtel de Pomereu.
  • n° 67 : Hôtel Duret : Construit pour le président François Duret et incorporé dans l'hôtel de Pomereu.
  • n° 79 : Hôtel Daru : Adresse parisienne de Stendhal, protégé de la famille Daru, en 1800, dans un bâtiment en fond de cour.

Références

Bibliographie

  • Jean-Marie Pérouse de Montclos (dir.), Le guide du patrimoine. Paris, Paris, Hachette, 1994
  • M. Constans (dir.), La rue de Lille. L'hôtel de Salm, Paris, Délégation à l'action artistique de la Ville de Paris, 1983ISBN 2905118571

Notes

  1. Philippe Sollers, Les Voyageurs du Temps, Paris, Gallimard, 2009, pp. 205-206
  2. Il est connu par les planches gravées de l'ouvrage posthume de Guarini : Architettura civile (1737).
  3. Source : Alexandre Gady, Les hôtels particuliers de Paris, Paris, Parigramme, 2008, p. 278
  4. Source : G. Lacour-Gayet, Talleyrand à l'Assemblée constituante, revue de Paris, numéro du 15 juillet 1927, p. 67 et 68
  5. Source : Jacques Dyssord, "Les belles amies de Talleyrand", Paris 2001, chapitre 21
  6. LeMonde.fr : Emplois contestés du RPR : Jacques Chirac entendu comme témoin assisté
  7. Source : Alexandre Gady, Les Hôtels particuliers parisiens, Paris, Éditions Parigramme, 2008, p. 293
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