- George Steiner
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Francis George Steiner est un écrivain anglo-franco-américain, né à Paris le 23 avril 1929. Spécialiste de littérature comparée et de théorie de la traduction, il est plus connu du grand public comme essayiste, critique littéraire et philosophe. Il écrit généralement en anglais mais a aussi publié quelques œuvres en français.
Sommaire
Biographie
George Steiner est né en 1929 à Paris. Ses parents, Frederick George Steiner et Else Steiner (née Franzos) étaient Juifs viennois. Sa sœur aînée, Ruth Lilian, était née à Vienne en 1922. Frédérick Steiner était avocat principal à la Banque centrale d'Autriche et Else Steiner appartenait au meilleur monde de Vienne. [9] Cinq ans plus tôt la famille avait quitté l'Autriche pour la France, sentant croître la menace du nazisme. Frédérick Steiner était persuadé que les Juifs étaient « des étrangers, en danger partout où ils allaient[1] » et il avait pourvu ses enfants d'un bagage de langues. Le jeune George grandit donc avec trois langues maternelles, l'allemand, l'anglais et le français ; sa mère était polyglotte et avait l'habitude de « commencer une phrase dans une langue et de la terminer dans un autre[1]. » À l'âge de six ans, son père, qui croyait qu'une éducation classique était nécessaire, lui apprend à lire L'Iliade dans l'original grec[1]. Sa mère, pour laquelle « il était indigne de s'apitoyer sur soi-même[1] » aida son fils à surmonter un handicap : il était né avec un bras droit atrophié. Au lieu de le laisser devenir gaucher, elle insista pour qu'il utilisât la main droite[1].
George Steiner commença à étudier au lycée Janson-de-Sailly de Paris. En 1940, au début de la Seconde Guerre mondiale, son père partit une nouvelle fois avec sa famille, cette fois pour New York. Moins d'un mois après, les nazis occupaient Paris, et des nombreux enfants juifs qui s'étaient trouvés dans sa classe à l'école, il n'y en eut que deux, dont lui, pour survivre à la guerre[1]. Une nouvelle fois l'intuition de son père avait sauvé sa famille, et cela donna à Steiner l'impression d'être une sorte de survivant, ce qui par la suite devait influencer profondément ses écrits. « Ma vie entière a été hantée par la mort, le souvenir et la Shoah[1]. » Il est devenu un « vagabond reconnaissant », disant que « les arbres ont des racines et moi j'ai des jambes, c'est à cela que je dois ma vie[1]. » Il passa le reste de ses années d'études au lycée français de New York à Manhattan, et devint citoyen américain en 1944.
Sorti du lycée, Steiner alla à l'université de Chicago où il étudia la littérature, aussi bien que les mathématiques et la physique, et obtint un Bachelor of Arts en 1948 puis un MA degree en 1950 à l'université Harvard. Il suivit ensuite des cours au Balliol College à l'université d'Oxford grâce à une bourse Rhodes. Après sa thèse de doctorat à Oxford, une première version de The Death of Tragedy commença par être refusée (Faber & Faber devaient la publier par la suite, il interrompit alors ses études pour enseigner l'anglais au Williams College (Massachusetts). Ensuite, il enseigna à Innsbruck, à Cambridge et à Princeton, puis il est devenu professeur de littérature comparée à Genève en 1974, où il a enseigné jusqu'en 1994. Il fut entre 1952 et 1956 éditorialiste à l'hebdomadaire londonien The Economist. C'est à ce moment-là qu'il fit la connaissance de Zara Shakow, New-Yorkaise d'origine lituanienne. Elle aussi avait étudié à Harvard et c'est à la suggestion de leurs anciens professeurs qu'ils se rencontrèrent à Londres. « Les professeurs avaient gagé... que nous nous marierions si jamais nous nous rencontrions. » [12] Ils se marièrent en 1955, l'année où George passa son doctorat à l'université d'Oxford[1]. Il a depuis lors donné de nombreuses conférences à travers le monde et enseigné quelque temps au St Anne's College d'Oxford (1994-1995) puis à Harvard (2001-2002).
Ardent défenseur de la culture classique gréco-latine, c'est un des penseurs européens contemporains à pouvoir lire dans le texte des œuvres écrites en de nombreuses langues (outre le grec et le latin, il maîtrise cinq langues vivantes). Il est l'archétype de l'intellectuel européen, au sens où il est pétri de plusieurs cultures de par son éducation trilingue (en allemand, français et anglais).
Auteur de nombreux essais sur la théorie du langage, la théorie de la traduction, la philosophie de l'éducation, la philosophie politique, George Steiner est réputé pour ses critiques littéraires dans The New Yorker et le Times Literary Supplement. Il est membre de la British Academy.
Distinctions
Entre autres distinctions, George Steiner a été récompensé par :
- Une bourse Rhodes (1950)
- Un Guggenheim Fellowship (1971–1972)
- La Légion d'honneur : chevalier de la Légion d'honneur (1984)
- Le prix Morton Dauwen Zaubel The American Academy of Arts and Letters (1989)
- La médaille Roi-Albert de l'Académie de Belgique
- Balliol College, université d'Oxford (1995)
- Le Truman Capote Award for Literary Criticism, université Stanford (1998)
- Le prix Prince des Asturies (2001)[2]
George Steiner est docteur honoris causa de plusieurs universités :
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- Université d'East Anglia (1976)
- Université de Louvain (1980)
- Mount Holyoke College (1983)
- Université de Bristol (1989)
- Université de Glasgow (1990)
- Université de Liège (1990)
- Université d'Ulster (1993)
- Université de Durham (1995)
- Queen Mary, université de Londres (2006)
- Université de Bologne (2006)
- Université de Lisbonne (2009)
Il a reçu de nombreux prix, parmi lesquels :
- Remembrance Award (1974) for Language and Silence: Essays 1958-1966.
- PEN/Macmillan Silver Pen Award (1992) for Proofs and Three Parables.
- PEN/Macmillan Fiction Prize (1993) for Proofs and Three Parables.
- Jewish Quarterly Literary Prize for Non-Fiction (joint winner with Louise Kehoe and Silvia Rodgers) (1997) pour No Passion Spent.
Citations
- « J'ai essayé de passer ma vie à comprendre pourquoi la haute culture n'a pas pu enrayer la barbarie. » (Ce qui me hante)
- « J'ai eu de la chance avec mes professeurs. Ils m'ont laissé persuadé que, sous sa forme la plus haute, la relation de maître à élève est une allégorie en acte de l'amour désintéressé. » (Errata. Récit d'une pensée)
Notes et références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « George Steiner » (voir la liste des auteurs)
- George and his dragons
- George Steiner, Prince of Asturias Awards. Consulté le 2008-04-08
Publications
Pour chaque œuvre, la première date mentionnée est celle de première publication en français. En cas de traduction (presque toutes les œuvres de George Steiner ont d'abord paru en anglais), la seconde date (entre parenthèses) est la date de première publication dans la langue originale.
- Essais
- Tolstoï ou Dostoïevski, Seuil, 1963
(titre original : Tolstoy or Dostoevsky: An Essay in Contrast, 1960) - La Mort de la tragédie, 1965
(titre original : The Death of Tragedy, 1961) - Anno Domini, Seuil, 1966
Également paru en édition de poche : Folio n° 2344
(titre original : Anno Domini: Three Stories, 1964) - Langage et silence, Seuil, 1969
(titre original : Language and Silence: Essays 1958-1966, 1967) - Après Babel. Une poétique du dire et de la traduction, Albin Michel, 1978
(titre original : After Babel: Aspect of Language and Translation, 1975)
NB : Voir édition revue et corrigée en 1998 - Le transport de A.H., Julliard/L'Âge d'Homme, 1981
(titre original : The Portage to San Cristobal of A. H., 1981) - Martin Heidegger, Albin Michel, 1981
Également paru en édition de poche : Champs, Flammarion
(titre original : Heidegger, 1978) - Les Antigones, Gallimard, 1986
Également paru en édition de poche : Folio Essais n° 182
(titre original : Antigones, 1984) - Dans le château de Barbe-bleue. Notes pour une redéfinition de la culture, Gallimard, 1986
Également paru en édition de poche : Folio Essais n° 42
N.B. : Cet ouvrage a initialement paru en 1973 sous le titre La culture contre l'homme aux éd. du Seuil
(titre original : In Bluebeard's Castle: Some Notes Towards the Redefinition of Culture, 1971) - Comment taire ?, Cavaliers Seuls, 1987
(titre original : A Conversation Piece, 1985) - Le Sens du sens, Vrin, 1988
(titre original : ?) - Réelles présences. Les arts du sens, Gallimard, 1991
Également paru en édition de poche : Folio Essais n° 255
(titre original : Real Presences: Is There Anything in What We Say?, 1989) - La Mort de la tragédie, Gallimard, 1993
Également paru en édition de poche : Folio Essais n° 224
(titre original : The Death of Tragedy, 1961) - Épreuves, Gallimard, 1993
(titre original : ?) - Passions impunies, Gallimard, 1997
Également paru en édition de poche : Folio Essais n° 385
(titre original : No Passion Spent) - Après Babel. Une poétique du dire et de la traduction, éd. revue et augmentée, Albin Michel, 1998
(titre original : After Babel: Aspect of Language and Translation, 1998)
N.B. : La première édition de cet ouvrage a paru en 1978 sous le même titre - Errata. Récit d'une pensée, NRF, Gallimard, 1998
Également paru en édition de poche : Folio n° 3430
(titre original : Errata: An Examined Life, 1997) - Grammaires de la création, Gallimard, 2001
(titre original : Grammars of Creation, 2001) - Extraterritorialité. Essai sur la littérature et la révolution du langage, Calmann-Lévy, 2002
(titre original : Extraterritorial: Papers on Literature and the Language Revolution, 1972) - Maîtres et disciples, NRF Essais, Gallimard, 2003
(titre original : Lessons of the Masters, 2003) - Les Logocrates, L'Herne, 2003
(titre original : ?) - Dix raisons (possibles) à la tristesse de pensée, Albin Michel, 2005
(titre original : ?) - Une certaine idée de l'Europe, Actes Sud, 2005
(titre original : The Idea of Europe, 2005) - Les Livres que je n'ai pas écrits, Gallimard, 2008
(titre original : My Unwritten Books, 2008) - Ceux qui brûlent les livres, L'Herne, 2008
(titre original : ?) - À cinq heures de l'après-midi, L'Herne, 2008
(titre original : ?) - Lectures : Chroniques du New Yorker, Gallimard, coll. « Arcades », 2010
- Poésie de la pensée, Gallimard, coll. « Essais », 2011
(titre original : The Poetry of Thought)
- Conférences et entretiens
- George Steiner et Ramin Jahanbegloo, Entretiens, Le Félin, 1992
- George Steiner et Pierre Boutang, Dialogues. Sur le mythe d'Antigone. Sur le sacrifice d'Abraham, Lattès, 1994
- George Steiner et Antoine Spire, Barbarie de l'ignorance, Bord de l'Eau, 1998
- George Steiner et Antoine Spire, Ce qui me hante, Bord de l'Eau, 1998
- De la Bible à Kafka, Bayard, 2002
Également paru en édition de poche : Pluriel
(titre original : No Passion Spent: Essays 1978-1996,1996) - George Steiner et Cécile Ladjali, Éloge de la transmission. Le maître et l'élève, Albin Michel, 2003
- George Steiner et Pierre Boutang, "Dialogue sur le Mal", animé par François L'Yvonnet, Cahier de l'Herne Steiner, L'Herne, 2003.
- Nostalgie de l'absolu, 10/18, n° 3555, 2003
(titre original : Nostalgia for the Absolute, CBC Massey Lectures series, 1974)
- Roman
- Le Transport d'AH, Julliard, 1981. Rééd. : LGF, 1991 (Le Livre de poche. Biblio, n° 3167). 4e de couverture : « Hitler ne s'est pas suicidé. Il vit, réfugié dans un recoin de l'Amazonie profonde. Un commando de juifs l'a retrouvé et se propose de le ramener à la civilisation pour le juger. Récit du voyage. »
- Divers
- Préface à la Bible hébraïque, Albin Michel, 2001
- Au «New Yorker», Gallimard, 2010
(titre original : George Steiner at The New Yorker, New Directions, 2008) - Platon, Le Banquet, préface de George Steiner, "La Nuit du Banquet" (entretien avec François L'Yvonnet), Les Belles Lettres, coll. Classiques en poche, 2010.
Bibliographie
- Ouvrages et revues consacrés à George Steiner
- Juan Asensio, Essai sur l'œuvre de George Steiner, L'Harmattan, 2001
- « George Steiner », Cahiers de l'Herne, n° 80, 2004
- Antoine-Jospeh Assaf : « Boutang et Steiner : le patriarche et le rabbin », Cahiers de l'Herne No 80, 2004.
- Magazine littéraire, n° 454, juin 2006
- Avec George Steiner : les chemins de la culture, ouvrage collectif, 256 p., Albin Michel, 2010
- Articles
- La Quinzaine littéraire a publié de nombreuses recensions de livres de George Steiner :
- n° 70 (1 avr. 1969) sur Langage et silence
- n° 291 (1 déc. 1978) sur Après Babel. Une poétique du dire et de la traduction
- n° 358 (1 nov. 1981) sur Le transport de A.H.
- n° 479 (1 fév. 1987) sur Dans le château de Barbe-bleue. Notes pour une redéfinition de la culture
- n° 496 (1 nov. 1987) sur Martin Heidegger'
- n° 571 (1 fév. 1991) sur Présences réelles. Les arts du sens
- n° 623 (1er mai 1993) sur Épreuves
- n° 748 (16 oct. 1998) sur Errata. Récit d'une pensée et Barbarie de l'ignorance
- n° 780 (1er mars 2000) sur Barbarie de l'ignorance
- n° 808 (16 mai 2001) sur Grammaires de la création
- n° 866 (1 déc. 2003) sur Maîtres et disciples, Les logocrates et Nostalgie de l'abosolu
- Lire a également publié plusieurs articles sur George Steiner :
- Éric Deschodt, Mort du langage, mort de l'homme, Lire, juillet/août 1999
- Alexie Lorca, Tout est langage, Lire, juillet/août 2000
- Éric Deschodt, George Steiner, le maître à lire, Lire, juillet/août 2001
- Marc Weitzmann, « Les fidélités de George Steiner », Le Monde, 30 avril 2010
Voir aussi
- Les humanités de Monsieur Steiner... À propos d’Errata, de Passions impunies et De la Bible à Kafka. Par Gabriel Maissin (Politique, octobre 2003)
- Vidéo: George Steiner en 1998, il évoque la pensée du philosophe allemand Martin Heidegger, une archive de la Télévision suisse romande
- L’Université comme théologie défunte chez George Steiner : du temple au mausolée, par Julya David, Sens public, 2 mars 2006
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