- Psychanalyse en France
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Sommaire
Chronologie
- 1900: parution en langue originale de l'interprétation des rêves de Sigmund Freud
- 1912: correspondance de Angelo Hesnard avec Freud.
- 1913: René Laforgue découvre l'ouvrage de Freud sur les rêves, il fait sa thèse sur la schizophrénie du point de vue psychanalytique, puis fait une brève analyse avec Eugénie Sokolnicka.
- 1913: Angelo Hesnard et Emmanuel Régis publient La Psycho-analyse des Névroses et des Psychoses.
- 1920 : Eugénie Sokolnicka s'installe à Paris comme analyste. L'écrivain Paul Bourget lui fait rencontrer le professeur Georges Heuyer.
- 1920 : Henri Piéron fonde l'Institut de psychologie.
- 1924 : Marie Bonaparte découvre l'introduction à la psychanalyse de Freud qui deviendra son analyste en 1925. Elle œuvrera toute sa vie pour défendre en France la psychanalyse freudienne, pour soutenir l'analyse profane et c'est grâce à elle que Freud pourra sortir de vienne en 1939
- 1926 : Fondation de la Société Psychanalytique de Paris (SPP).
- 1938 : 1er août, le XVe Congrès international de Psychanalyse se tient à Paris, marqué par des dissensions vives entre Européens et Américains à propos de la pratique des non-médecins.
- 1939 - 1945 : Deuxième Guerre mondiale: la psychanalyse se pratique en clandestinité.[réf. souhaitée]
Georges Parcheminey gère un département psychanalytique de l'hôpital Sainte-Anne. John Leuba consulte tout comme Philippe Marette, frère de Françoise Dolto. Article de Michel Cénac : « "Psychiatrie et psychanalyse. L'apport de la psychanalyse à la psychiatrie".»
- 1942 Romain Rolland publie Le Voyage intérieur chez Albin Michel.
- 1947 : création de la licence de psychologie par Daniel Lagache.
- 1950 : fondation du Syndicat national des médecins psychanalystes.
- 1952 : Elsa Brueur, membre de la SPP, subit un procès pour exercice illégal de la médecine.
- 1953 : Daniel Lagache et Jacques Lacan fondent la Société française de psychanalyse (SFP).
- 1964 : la SFP est dissoute et deux nouveaux groupes apparaissent : d'une part l'Association psychanalytique de France (APF) et d'autre l'École freudienne de Paris, sous la direction de Jacques Lacan.
- 1967 : création de la maîtrise de psychologie (actuel master 1).
- 1969 : fondation de l'Organisation psychanalytique de langue française.
- 1976 : création du DESS (actuel master 2) de psychologie.
- 1980 : dissolution de l'École freudienne de Paris par Lacan.
- 1981 : mort de Lacan.
- 1990 : un arrêt définit la psychanalyse comme profession libérale non réglementée.
- 1994 : fondation de l'Espace Analytique par Maud Mannoni
- 2004 : article 18 sur les psychothérapies.
Histoire
En France, c'est en 1911 que le Dr Morichau-Beauchant, professeur de médecine à Poitiers dans la Gazette des hôpitaux militaires a écrit un premier texte sur la psychanalyse parallèlement à une correspondance amicale avec Freud et des liens avec Ferenczi, Jung et Jones[1]. La « germanophobie » ambiante dès 1870 et le rôle de Pierre Janet, à l'époque très présent dans les universités, a sans doute joué un rôle dans le « freinage » pour la diffusion des œuvres de Sigmund Freud[2]. En 1913, la traduction d'un de ses textes en français est passé inaperçue, elle avait paru dans un journal italien. En 1914, le premier ouvrage de Angelo Hesnard sur la psychanalyse. Puis en 1920, un commentaire dans la Gazette de Genève sur le même sujet. L'antisémitisme prendra ensuite la place de l'antigermanisme, à propos de Freud, Hesnard le voit éloigné de "l'esprit français", avec Laforgue il souhaitera que la psychanalyse de Freud soit soumise « à l'esprit latin de mesure ». Les critiques diverses et nombreuses rejoignent en nombreux points les actuelles, des philosophes comme Henri Delacroix qui en 1923 dénonce une méthode : « périlleuse à force d'être subtile et qui fait songer par moment à la virtuosité des oniromanciens grecs ». Un autre n'y voit rien qui corresponde à une loi scientifique (1924)[3],. Léon Daudet parle lui d'un « bobard dangereux » et en appellera à Mussolini pour « répondre à tout ce qui vient de la Bochie ». On accuse encore les psychanalystes d'être des malades obsédés par des préoccupation sexuelles, d'autres reprochent à Freud son « areliogiosité ». Paul Mathies en 1923 dénonce lui un « savant boche », le Dr Émile Adam souhaite en 1923 qu'on n'oublie pas de se préoccuper de la « psychologie du catholicisme », André Savoret écrit de son côté que les psychanalystes ont la volonté de nuire qt qu'elle est "d'origine luciférienne" [4]. En 1958, l'Association d'hygiène mentale et de lutte contre l'alcoolisme du XIIIe arrondissement (ASM13) a été une expérience pilote pour la psychiatrie de secteur, elle a été fondée par le psychiatre Philippe Paumelle et les psychiatres psychanalystes Serge Lebovici et René Diatkine[5]. Le traitement psychanalytique des patients psychotiques sera alors pratiqué, soit en psychiatrie ambulatoire soit en institution avec les expériences du psychanalyste Paul-Claude Racamier[6].
En 1920 Eugénie Sokolnicka s'installe en France comme psychanalyste, elle est engagée par le professeur Henri Claude comme consultante. Pendant la Première Guerre mondiale André Breton, médecin interne en neuro-psychiatrie, se passionne pour les idées de Freud qu'il découvre dans les ouvrages des français Emmanuel Régis et Angelo Hesnard[7]. Une pièce de théâtre de Henri-René Lenormand met en scène les idées psychanalytiques, les médecins René Allendy, René Laforgue et Eugène Minkowski s'y réfèrent explicitement. Les groupes qui créent la Revue française de psychanalyse et l'Évolution psychiatrique diffusent les idées de Freud, chacun à leur manière. Marie Bonaparte exerce une influence décisive sur la transmission des écrits de Freud en France et elle est marque de son empreinte la création de la Société psychanalytique de Paris. C'est en 1934 qu'est créé l'Institut de psychanalyse qui, à l'instar de la Policlinique psychanalytique de Berlin devait permettre l'initiation clinique à la psychanalyse pour de jeunes psychiatres et psychanalystes.
Pendant le deuxième guerre et l'occupation, le travail des analystes devient clandestin. Sophie Morgenstern se suicide en réaction à l'arrivée de allemands en 1940, Daniel Lagache et Jacques Lacan rejoignent la zone non-occupée. Juliette Favez-Boutonnier écrira : « Toute existence officielle de la psychanalyse bien entendu, suivant le conseil donné de bouche à oreille, est disparue, sans référence à un texte ou une correspondance(...) » [8]. Après la guerre, reprise avec Sacha Nacht, Daniel Lagache Maurice Bouvet, Serge Lebovici, Francis Pasche, etc. René Laforgue, Angelo Hesnard et Georges Mauco se rallient aux nazis, notamment en collaborant avec l'Institut Göring ou en faisant allégeance au Régime de Vichy. Les psychanalystes se sont pour la plupart situées du côté de la Résistance[réf. souhaitée]. Les psychanalystes résistants, avec l'apport de François Tosquelles, participent à la mise en œuvre de la Psychiatrie de secteur en réaction au délabrement général des institutions asilaires, pour certaines laissées à l'abandon le plus total sans parler de la mort de patients psychiatriques complètement négligés dans l'ancien système[9]. Depuis 1950, le mouvement créé par Jacques Lacan prend son essor jusqu'à la scission. Suit ce que certains voient comme une « peoplelisation » de la psychanalyse (la psychanalysette) qui a trop souvent identifié la psychanalyse aux coups d'éclats de Lacan, aux textes de philosophes et à beaucoup de gens qui n'avaient plus grand chose à voir avec la psychanalyse[10]. Suivent les débats, les attaques, les critiques et la victoire d'une psychiatrie actuellement dominée par le behaviorisme américains[style à revoir][11].
Citation de Freud
« J'observe de loin les réactions symptomatiques qui accompagnent actuellement l'introduction de la psychanalyse en France, laquelle lui fut si longtemps réfractaire... Des objections d'une incroyable naïveté se font jour, telles que celle-ci: la délicatesse française est choquée du pédantisme et de la lourdeur de la nomenclature psychanalytique... Une autre assertion a l'air plus sérieuse; elle n'a pas semblé indigne de lui-même à un professeur de psychologie de la Sorbonne : le génie latin ne supporte absolument pas le mode de pensée de la psychanalyse... En entendant ce ceci, on doit naturellement croire que le génie teutonique a serré sur son cœur la psychanalyse dès sa naissance, comme son enfant chéri. »
Organisations actuelles en France
Ce tableau indique les différentes sociétés et écoles se réclamant de la psychanalyse en France :
Groupe Date de création Fondateurs Affiliation Membres Site officiel Société psychanalytique de Paris 1926 Collectif IPA 1000 SPP Association psychanalytique de France 1964 Sacha Nacht IPA 80 APF Organisation psychanalytique de langue française 1969 Piera Aulagnier OPLF 35 OPLF École de la Cause Freudienne 1981 Jacques Lacan AMP 350 ECF Cercle freudien 1981 Collectif Cercle freudien École lacanienne de psychanalyse 1985 Collectif 160 ELP Séminaires psychanalytiques de Paris 1986 Juan-David Nasio Séminaires Espace analytique 1994 Maud Mannoni EA École Rhône-Alpes d’Études Freudiennes 1994 ERAEF École de de Psychanalyse des Forums du Champ Lacanien 1980 Collectif EPFCL Fondation européenne pour la psychanalyse 1991 Claude Dumézil, Gérard Pommier, Moustapha Safouan, Charles Melman 200 Analyse reichienne
Pour les pratiques reichiennes (psychanalyse corporelle, végétothérapie et orgonthérapie), la somatothérapie est travaillée par Richard Meyer à Strasbourg. L'analyse reichienne développée dans la droite ligne de Reich par Gérard Guasch (Paris, Mexico) et Arlette Gastine, est enseignée en particulier au Cercle d'études Wilhelm Reich qu'anime en région parisienne Jacques Lesage de La Haye.
Psychanalystes français
(Liste indicative ; voir catégorie:Psychanalyste français)
Annexes
Bibliographie
- Angelo Hesnard et René Laforgue : Aperçu de l'historique du mouvement psychanalytique en France (1925) et A propos de l'aperçu de l'historique du mouvement psychanalytique en France (1927), rééd.: in l'Évolution psychiatrique, 2007, n° 72
- Alain de Mijolla:
- Dictionnaire international de la psychanalyse, Hachette, 2005, ISBN 201279145X
- Freud et la France, 1885-1945, Ed.: Presses universitaires de France, 2010, ISBN 2130545157
- Élisabeth Roudinesco
- Histoire de la psychanalyse en France, vol. 1, Paris : Le Seuil, 1982 (réédition Fayard 1994)
- Histoire de la psychanalyse en France, vol. 2, Paris : Le Seuil, 1986 (réédition Fayard 1994)
Articles connexes
- Société psychanalytique de Paris
- Revue française de psychanalyse
- Évolution psychiatrique
- Nouvelle Revue de psychanalyse
- Topique
Liens externes
- Jusqu'en 1914,1914 - 1918, Dès 1918, les débuts, Marie Bonaparte, La Deuxième Guerre mondiale, Après la guerre, l'extension, Après la guerre : les tensions
- Les débats et controverses sur la formation, Vers la scission, Dans la société française, La scission et après, La Société française de psychanalyse et l'API, Nouvelle recomposition, La production intellectuelle
Notes et références
- Christian Hoffmann : La résistance française à la découverte freudienne, lettre du professeur R. Morichau_Beauchat à Sigmund Freud, in Topique, n° 115, 2011, ISBN 97828447952056
- Alain de Mijolla: Freud et la France, 1885-1945, Ed. : Presses universitaires de France, 2010,0. 60, 2e paragraphe, 1re et 2e ligne, ISBN 2130545157
- Topique: Jacques Sédat : La Réception de Freud en France durant la première moitié de XXe siècle. Le freudisme à l'épreuve de l'esprit latin, Éd.: l'Esprit du temps, n° 115, , 2011, ISBN 9782847952056 Cités in
- André Savoret : L'Inversion psychanalytique, 1939. Dans le même texte il ajoute : « En ce qui concerne l'attitude anti-religieuse, il est au moins curieux de constater le touchant accord, quand au fond, entre le Juif Sigmund Freud et le super Aryen Hitler »
- Site de l'ASM13
- Paul-Claude Racamier, René Diatkine, Serge Lebovici et Philippe Paumelle : Le Psychanalyste sans divan, Payot, (ISBN 2228886203)
- Mark Polizzotti, André Breton, Gallimard, 1999, p. 62.
- Alain de Mijolla, 27 mars 1987, cité in Freud et la France, 1885-1945, éd. PUF, 2010, ISBN 978-2-13-054515-6 Lettre de J. Favez-Boutonier à
- Occupation, Éd.: Flammarion, Coll. : Champs Histoire, (2007) 2009 ISBN 9782081224797 Isabelle von Bueltzingsoewen. L'Hécatombe des fous. La famines dans les hôpitaux psychiatriques sous l'
- François Georges: L'Effet 'Yau de poêle : De Lacan et des lacaniens, Éd.: Hachette (1979), (ISBN 2010066375)
- ISBN 2843240468 Stuart Kirk, Herb Kutchins : Aimez-vous le DSM ?, Éd.: Empêcheurs Penser en Rond, 1998,
- Sigmund Freud: Ma vie et la psychanalyse, Ed.: Gallimard, 1975, ASIN B0000DWZWP
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