- Francis Pasche
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Francis Pasche (1910-1996) est un psychanalyste français, de père suisse, né à Paris.
Sommaire
Parcours et œuvre
Ce psychanalyste au parcours original, a d'abord fait des études de pharmacie, de philosophie puis de médecine. Il a été prisonnier de guerre en 1940. Pasche a fait sa thèse sur les cauchemars avec Delay. Il a été en psychanalyse avec Leuba, un Suisse installé à Paris, qui avait une pratique décrite par Pasche comme originale, pour le moins. Il a ensuite été admis à la Société Psychanalytique de Paris en 1950 et a vécu la scission de 1953, avant d'assurer la présidence de la SPP de 1960 à 1964. Il admirait mais critiquait Jacques Lacan. Francis Pasche a eu une carrière de psychanalyste, de théoricien et d'enseignant. Son œuvre est constituée majoritairement d'articles regroupés en livres. Il s'intéressait à la fois à la mythologie (son célèbre article "Le bouclier de Persée", évoque mythe grec), aux différentes religions et à la philosophie. Sa pensée fait une large place au concept d'angoisse, dont il fait une expérience humaine fondamentale. Il a participé activement au grand débat à propos du narcissisme (un article princeps est "L'anti-narcissisme") et a beaucoup travaillé la conception psychanalytique de la psychose et de la dépression. Psychanalyste de personnalités connues, qui lui ont rendu hommage, Francis Pasche était peu intéressé par l'argent et la reconnaissance médiatique. C'était un homme discret qui s'est tenu hors des querelles stériles, il a développé sa propre pensée tout en étant très attaché à la théorie freudienne, qu'il connaissait particulièrement bien. Il reste à découvrir, loin des modes et phénomènes médiatiques, pour ceux qui veulent un "maître à réfléchir", plutôt qu'un maître à penser !
Ses points de vue
Francis Pasche est considéré comme ayant été un psychanalyste rigoureux et, en quelque sorte, défenseur d'une certaine orthodoxie de pratique surtout face à deux types de ce qu'il voyait à titres différents comme des dérives, les pratiques lacaniennes (autoréférées) et les théories de Serge Viderman[1]. Tout en reconnaissant à ce dernier de grandes qualités de praticien, Pasche lui reproche notamment l'affirmation : "Peu importe la réalité de votre patient ce qui compte c'est que vous lui présentiez un schéma cohérent" se demandant aussi ce que peut vouloir signifier le terme "cohérent" dans les processus primaires en œuvre dans la cure. Il défendait donc "la rigueur du cadre analytique" sans pour cela se montrer opposé aux aménagements nécessaires en fonction des pathologies de certains patients. Il a entre autres beaucoup travaillé avec des personnes psychotiques, en institution et dans des approches authentiquement pluridisciplinaires. Il voyait le maintien du cadre externe comme l'expression des dispositions intérieures de l'analyste vis-à-vis du patient. Il a décrit cette position comme "une position parentale non manifestée" défendant ainsi l'idée que jamais la relation analytique ne doit prendre un caractère horizontal. "Jamais la relation analytique de doit être l'élucidation d'un amour dans une relation d'égalité, d'homme à homme, de femme à femme, etc. Il doit toujours subsister une verticalité(...), une dominance dans la fonction que doit exercer l'analyste, avec ce que cela suppose de disposition chez lui à la remplir et ce que cela suppose chez l'analysé à supporter cette fonction[2]. Il est à ce sujet réticent à l'usage du terme "analysant" dont il pense qu'il "ne veut rien dire". Il ne s'agit pas pour lui de défendre l'idée absurde que l'analyste est "supérieur" à l'analysé et, non sans humour, il dit même qu'un analyste "pas très malin" peut très bien analyser un Monsieur ou une dame de niveau intellectuel très élevé. Il cite à ce sujet une phrase de Marc Schlumberger qui parlant d'un de ses patients surdoué disait: "Je savais qu'il était plus intelligent que moi, il le savait, il savait que je le savais, et c'est pour cela que je l'ai aidé.[2].
A propos de la "fonction parentale" dont il s'inspirait pour définir la "fonction d'analyste", Pasche a dit que l'exercice d'être mère ou père, chacun dans leurs spécificités, est une expérience de castration continuelle, "la castration de l'enfant qui s'en va, qui s'en va..." qui croit et existe d'une certaine manière au détriment de ses parents. Le but de la cure psychanalytique est d'amener les analysés vers une représentation plus objective des parents ou plus exactement vers une correction progressive des imagos. Les imagos, c'est-à-dire les idéalisations et contre-idéalisations inconscientes, haïr le parent ou le vénérer. Ceci ne se limite pas au discours conscient qui pourrait faire croire que la prise de distance est effectuée mais à l'imago qui est dans l'inconscient. Il s'agit d'un processus qui prend du temps et qui demande généralement de longues analyses. Il était de ce point de vue très sceptique aux idées en vogue sur le raccourcissement de l'analyse[2].
Bibliographie
De Francis Pasche
- À partir de Freud, Payot, 1969.
- Le sens de la psychanalyse, PUF, ISBN 2130418759
- Le passé recomposé, PUF, 1997, ISBN 2130502210
Sur Francis Pasche
- Francis Pasche de Michèle Bertrand, édité par PUF et paru en 1997 dans la collection Psychanalystes d'aujourd'hui, est une bonne introduction à sa pensée. (ISBN 2130489168)
Références
- ISBN 2070227294 Serge Viderman: La construction de l'espace analytique, Ed.: Gallimard, Coll.: Tel, 1982,
- ISBN 2130502210 La Fonction parentale de l'analyste entretien avec Denys Ribas in Francis Pasche: "Le Passé recomposé", Ed.: PUF, coll. Fil rouge, 1999,
Articles connexes
Références externes
- Interview de Francis Pasche réalisée en 1991 par Jacqueline Schaeffer et Marianne Persine
- Hommage à F. Pasche : Mark Geyer
Catégories :- Psychanalyste français
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