- Jacques-Alain Miller
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Jacques-Alain Miller, né le 14 février 1944 à Châteauroux, est un philosophe (normalien) et psychanalyste français.
Sommaire
Formation
Il est le fils ainé de parents immigrés juifs de Pologne, du ghetto de Varsovie. Son père est médecin radiologue, le Dr Jean Miller, petit fils de rabbin. Sa mère est issue d'une famille comptant de grands architectes. Il est scolarisé au Lycée Charlemagne, au Lycée Janson-de-Sailly et fait sa khâgne au Lycée Louis-Le-Grand avec Robert Linhart. Sa formation philosophique commence précocement auprès de Jean-Paul Sartre, avec lequel il s'entretient, à l’âge de 16 ans, pour le journal du Lycée.
Il est passé par l’École normale supérieure de la rue d’Ulm (ENS), où il a étudié la philosophie jusqu'à l'agrégation, dont il sort septième en 1966. Il a suivi, à la fin des années 60, les séminaires de Roland Barthes à l’École pratique des hautes études (ÉPHÉ). C’est un disciple du philosophe Louis Althusser, qui fut assistant à l’ENS, et du psychanalyste Jacques Lacan (dont il est le gendre - il a épousé Judith Lacan - et le légataire). Il est aussi le frère aîné du psychanalyste, écrivain et animateur de télévision Gérard Miller. Après les évènements de 1968 en France et son engagement maoïste à la Gauche prolétarienne, jeune admirateur de Robespierre, viennent les temps de la remise en question des idéaux et de la déconvenue. Il fait alors sa psychanalyse auprès de Charles Melman. Après la dissolution de l'École freudienne de Paris en 1980, les deux hommes seront brouillés.
Carrière
Jacques-Alain Miller est "référent scientifique" [1] du département de psychanalyse de l’Université de Paris VIII et assure un cours hebdomadaire public le mercredi après-midi à l’amphithéâtre des Arts et Métiers : « L’orientation lacanienne ».
Jacques-Alain Miller est souvent sollicité par l'hebdomadaire le Point pour donner son point de vue sur tel ou tel sujet de sa compétence.Jacques-Alain Miller a créé et dirigé l’École de la cause freudienne en 1981 et a fondé l'Association mondiale de psychanalyse en 1992. Il publie sous son autorité aux éditions du Seuil les textes des Séminaires de Jacques Lacan. Ses talents de théoricien et d'écrivain, en font un psychanalyste incontournable de l'après Lacan. Héritier de son enseignement, l'orientation qu'il donne à la recherche psychanalytique au sein de l'École de la cause freudienne préserve la vivacité des inventions nombreuses du discours lacanien.
Jacques-Alain Miller trouve dans l'Être et le Néant, la racine kojèvienne de ce qui fonde plus tard chez Lacan, la théorie du sujet : le manque. Lorsqu'il se frotte au discours de Lacan, il se trouve impliqué et produit alors des écrits retentissants. C'est le temps des recherches conceptuelles autour du langage, du sujet et du signifiant. On trouve alors à ses côtés, le linguiste et philosophe, Jean-Claude Milner.
Controverse sur la diffusion des écrits lacaniens
À la mort de Lacan, il commence à pratiquer la psychanalyse, et réserve alors ses écrits au cercle des psychanalystes lacaniens. Avec Lettres à l'opinion éclairée en 2001 et le Neveu de Lacan, il signe un retour sur la scène intellectuelle française. Il initie ensuite un mouvement de résistance intellectuelle en créant le « Forum des psys »[2] en 2003 afin que les attaques répétées contre la psychanalyse ne restent pas sans réponse. On y entend BHL, Catherine Clément, Philippe Sollers et bien d'autres, pour un soutien contre l'approche scientifique du psychisme assimilée à un « totalitarisme scientiste ». Début 2006, il a dirigé l'édition de l’Anti-Livre noir de la psychanalyse, une compilation de textes pour la plupart issus du « Forum Anti-TCC »[3] qui s'est tenu au Méridien-Montparnasse en avril 2005.
Jacques-Alain Miller est au sein d'une controverse sur la publication des séminaires de Lacan. Ce dernier l'a désigné pour publier l'intégralité de son enseignement oral. Miller ne s'est acquitté de cette tache que très lentement. Les séminaires publiés ont aussi fait l'objet de critiques de la part de psychanalystes comme Charles Melman, qui accuse Miller de déformer la parole de Lacan. Pour certains, la non-publication des séminaires est un moyen d'asseoir son pouvoir sur la communauté psychanalytique : celui qui détient la parole de Lacan est le seul légitime pour en parler. Seulement, ces critiques n'auront bientôt plus de support car la publication des œuvres de Lacan arrive à son terme. Certains l'ont accusé de vouloir garder la mainmise sur l'héritage intellectuel de Lacan en dirigeant de manière despotique l'École de la cause freudienne, ce qui a provoqué en réaction la création de nombreuses autres écoles lacaniennes. La rivalité avec Melman, son psychanalyste, n'y est pas étrangère.
Le 30 mars 2007, le Tribunal de Grande Instance de Paris a rendu le jugement suivant sur le bien-fondé de l'action de publication du séminaire par Jacques-Alain Miller, le voici :
« Attendu qu’il n’est pas discuté que Lacan, qui était opposé à toute publication de son enseignement, n’a accepté la transcription de celui-ci qu’à la condition qu’elle soit réalisée par M. Miller; Attendu que le droit de divulgation post mortem doit s’exercer au service de l’œuvre, en accord avec la volonté de l’auteur telle que révélée et exprimée de son vivant; Attendu que le fait que Lacan ait accepté la publication de son enseignement sous une forme écrite (…) ne permet aucunement d’en inférer que l’auteur a imposé à M. Miller de divulguer son œuvre dans son intégralité et a fortiori dans un délai rapide ou seulement déterminé ; Attendu que (…) la seule obligation [Jacques-Alain Miller] est de protéger l’œuvre dont il a la charge contre toute atteinte (…) Attendu que le caractère manifestement mal fondé de l’action engagée révèle une intention de nuire constitutive d’une faute (…). Le tribunal dit que Jacques-Alain Miller n’a commis aucun abus notoire dans le non exercice de son droit de divulgation de l’œuvre écrite de Jacques Lacan ».
La question de la publication des séminaires reprend en 2011. Après avoir annoncé en janvier avoir quasiment terminé le travail de rédaction des dix séminaires restants, il accuse son éditeur de ne pas publier les séminaires qu'il lui aurait remis. A la fin de l'été il s'en prend très violemment de nouveau à celui-ci qu'il accuse cette fois de manière répétitive de vouloir effacer son nom de l'aventure du Séminaire de Lacan. Le 6 septembre 2011, lors d'une réunion à Paris il déclare quitter Le Seuil pour La Martinière (… dont le Seuil est une filiale) et affirme de nouveau avoir achevé la rédaction des séminaires, sans en apporter la moindre preuve.
A cet égard, on pourra rappeler qu'il a mis plus de trente huit ans à rédiger quinze séminaires et que ce n'est pas lui faire injure d'observer qu'il a soixante sept ans et qu'il lui reste dix séminaires à publier. L'avenir dira si l'impatience des lecteurs du séminaire a quelque chance de s'apaiser.
Quant à son école, si elle a su montrer dans le passé de réelles qualités intellectuelles et politiques, elle donne aujourd'hui le sentiment d'être prise dans une dérive sectaire (au sens anthropologique et politique ...). Et les apparitions publiques de Jacques-Alain Miller désespèrent souvent ses anciens amis tout en laissant perplexes les milieux analytiques qui ont toujours refusé de soulever la question de la publication des séminaires sous l'angle juridique.
Publications
Outre de multiples participations et directions de travaux collectifs, Jacques-Alain Miller a publié plusieurs livres, parmi lesquels on peut citer :
- Lettres à l'opinion éclairée, Le Seuil, 2002.
- Un début dans la vie, Le Promeneur, 2002.
- Le Neveu de Lacan. Satire, Verdier, 2003. (En réponse aux attaques de Daniel Lindenberg)
- Voulez-vous être évalué ? Entretien sur une machine d'imposture (avec Jean-Claude Milner), collection « Figures », Grasset, 2004
- Vie de Lacan, Paris, Navarin, 24 p., 2011 (ISBN 2916124098).
Bibliographie
Ouvrages biographiques
- Nicolas Floury, Le réel insensé, Introduction à la pensée de Jacques-Alain Miller, Bordeaux, Éditions Germina, 2010 (ISBN 9782917285190).
Notes et références
Liens externes
Catégories :- Psychanalyste français
- Élève de l'École normale supérieure (rue d'Ulm)
- Enseignant de l'université Paris VIII
- Naissance en 1944
- Naissance à Châteauroux
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