- Scène primitive
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En psychanalyse le terme de scène primitive désigne le fait pour un enfant d'assister pour la première fois à un rapport sexuel, en général entre ses parents. Cette scène peut occasionner un traumatisme et perturber le développement psychosexuel de l'enfant. Elle peut aussi impliquer des animaux et être transposée aux humains.
Le terme « Urszene » (en allemand : scène originaire) apparaît sous la plume de Sigmund Freud pour la première fois en 1896 dans une lettre à Wilhelm Fliess puis dans une autre en 1897 pour désigner certaines « scènes infantiles » alors qu'il ne s'agissait alors pas exclusivement ou précisément du coït parental. Par la suite dans la science des rêves, il y fait allusion en disant: j'ai expliqué cette angoisse en indiquant qu'il s'agit d'une excitation sexuelle qu'il (l'enfant) n'est pas à même de maîtriser en la comprenant et qui sans doute est écartée parce que les parents y sont impliqués. C'est ensuite et surtout en 1919, dans l'analyse de l'Homme aux loups que le concept prend un grande place et occupe une grande part de l'axe interprétatif que Freud fait à son patient et qu'il l'élabore théoriquement dans son récit de l'analyse. Voici le récit tel que Freud le raconte. Il avait dormi dans son petit lit dans la chambre des parents et se réveilla, éventuellement à cause de la montée de la fièvre l'après-midi, peut-être vers cinq heures. (...). Il fut alors témoin d'un coïtus a tergo trois fois répété, put voir l'organe génital de la mère comme le membre du père, et comprit le processus ainsi que sa signification. La notion apparaît aussi dans l'analyse du Petit Hans et elle devient progressivement un concept universel qui prendra sa place dans les fantasmes originaires. L'analyse de l'Homme aux loups met en évidence la question du fait que cet analysant aurait donc assisté très jeune au coït parental qu'il en aurait constitué un fantasme a tonalité essentiellement sadique anale. Freud voit dans cette évènement rien moins que l'origine de la névrose infantile, celle de l'Homme aux loups mais aussi celle de toutes les névroses infantiles qu'ils aient par ailleurs assisté ou non à une scène réelle. L'enjeu en est la castration est que l'enfant du fait de son impuissance constitutionnelle assiste à la scène comme "tiers exclu" et donc met en jeu la différence des sexes et des générations.
Mélanie Klein (1928)[1] fera de cette scène originaire quelque chose de tout à fait particulier marqué par sa vision de la dualité entre pulsions de vie et pulsions de mort; elle parlera notamment de parents combinés pour souligner l'indifférenciation propre au fantasme archaïque qui préfigurerait le fantasme freudien de la scène primitive.
Bibliographie
- Sigmund Freud:
- L'interprétation des rêves (1900), PUF, 2010, trad. Laplanche & col ISBN 213053628X; ou dans la trad. de Jean-Pierre Lefebvre, Ed.: Seuil, 2010, ISBN 2021012514
- L'homme aux loups : A partir de l'histoire d'une névrose infantile, 1914, Préface: Patrick J. Mahony, Trad.: Janine Altounian & Pierre Cotet, 2009, Ed: PUF, coll.: Quadrige Grands textes, ISBN 2130570259
- Joyce McDougall : Plaidoyer pour une certaine anormalité, Ed.: Gallimard, Coll.: Connaissance de l'inconscient, ISBN 2070299449
Notes et références
- Mélanie Klein: Les stades précoces du conflit œdipien, in "Essais de psychanalyse", Ed.: Payot, coll. Rivages, 2005, ISBN 2228881449
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