- Armistice de 1918
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L’armistice, signé le 11 novembre 1918, à 5 h 15[2],[3], marque la fin des combats de la Première Guerre mondiale (1914-1918), la victoire des Alliés et la capitulation de l'Allemagne. Le cessez-le-feu est effectif à onze heures[3], entraînant dans l'ensemble de la France des volées de cloches et des sonneries de clairons annonçant la fin d'une guerre qui a fait plus de 18 millions de morts et des millions d'invalides ou de mutilés. Les généraux allemands et alliés se réunissent dans un wagon-restaurant aménagé provenant du train d'État-Major du maréchal Foch, dans la clairière de Rethondes, en forêt de Compiègne. Plus tard en 1919, à Versailles, ils signeront le traité de Versailles.
Sommaire
Chronologie
Le traité de Brest-Litovsk conduisant à la reddition de la Russie permet à l'Armée allemande de se concentrer sur le front de l'Ouest mais l'échec des offensives allemandes en juin et juillet 1918, le renfort des alliés américains et anglais retire à l'Allemagne tout espoir de victoire. Depuis août, les forces allemandes reculent en bon ordre, mais avec de lourdes pertes, sur l'ensemble du front franco-belge. En septembre, l'État-Major allemand fait savoir à l'empereur que la guerre est perdue. Mais ni Guillaume II, ni les chefs militaires ne veulent assumer la responsabilité de la défaite.
À partir de septembre, une série d'offensives de l'Entente sur les fronts d'Orient et d'Italie entraînent la capitulation des alliés de l'Allemagne. Les armistices sur les fronts d'Orient créent une « énorme brèche » (Ludendorff) que l'Allemagne n'est pas en mesure de colmater.
En même temps, sur le front belge les franco-belges lancent une attaque vers Bruges et enfoncent le front allemand.
L'agitation grandit dans les troupes allemandes et à l'arrière. Durant le mois d'octobre, les Allemands et le président américain Wilson échangent des notes dans lesquelles ce dernier est chargé, dans la lignée de ses quatorze points proposés en janvier dans un discours retentissant, de prendre en main le rétablissement de la paix.
Le 3 octobre 1918, l'empereur Guillaume II nomme un nouveau chancelier : Max de Bade. Mais cela ne suffit pas à contrôler le pays, dont de nombreux marins et soldats refusent d'aller au combat, en particulier à Kiel.
Le 5 novembre 1918, à 6 heures du matin, Maurice Hacot, habitant d'Auchel et caporal affecté au centre radio-télégraphique de la tour Eiffel reçoit un message morse émis de Spa en Belgique. Il s'agit de la demande d'armistice de l'État-Major[1] allemand. Il transmet le message au colonel Ferrié[4].
Le 7 novembre 1918, Matthias Erzberger[2], représentant du Gouvernement allemand, passe la ligne de front, en compagnie d’un autre civil et de quelques militaires et arrive à la villa Pasques de La Capelle[5] pour préparer les négociations de l’armistice[6]. C'est le caporal Pierre Sellier, originaire de Beaucourt (Territoire de Belfort), qui, ce jour-là, fut le premier clairon à sonner le premier cessez-le-feu[5],[7].
Cinq voitures traversent sous escorte la zone dévastée du Nord de la France pour se rendre au lieu de rencontre jusque-là tenu secret, une futaie de la forêt de Compiègne abritant deux petites voies ferrées parallèles, utilisées pour l’acheminement des pièces d’artillerie sur rail destinées au tir de longue portée sur lignes allemandes et où ont été acheminés deux trains, le train du maréchal Foch et un train aménagé pour la délégation allemande. Durant les trois jours, les Allemands n'ont que peu d'occasions de véritablement négocier. Ils doivent rapidement se plier aux conditions développées dans un texte qui leur est soumis. Ce texte avait été établi en dernier lieu par Foch, au titre de commandant suprême des forces alliées, après un mois de positions divergentes de Wilson, Clemenceau, Orlando et Lloyd George.
Le 9 novembre, le Prince de Bade conseille au Kaiser l'abdication. Celui-ci part en exil aux Pays-Bas. Cet évènement est un élément de pression important vis-à-vis des délégués allemands réunis dans le wagon de Compiègne. Le lendemain, le nouveau chef du Gouvernement allemand, Friedrich Ebert, signe un pacte avec les dirigeants de son armée et implore son représentant à Rethondes de clore sans tarder les négociations.
Le 11 novembre, entre 5 h 12 et 5 h 20 du matin, l'armistice est signé, avec une application sur le front fixée à 11 heures du matin[3], et ce pour une durée de 36 jours qui sera régulièrement renouvelée[2]. À la suite de cet armistice est signé le traité de Versailles, le 28 juin 1919.
Participants
Alliés
- Les militaires
- Maréchal Ferdinand Foch, commandant suprême des forces alliées
- Amiral Rosslyn Wemyss, représentant britannique
- Général Maxime Weygand, chef d'état-major de Foch
- Le secrétariat du maréchal Foch
- Henri Deledicq[8]
- Émile Grandchamps
Allemands
- Du côté allemand, le représentant plénipotentiaire était civil, assisté de conseillers militaires
- Matthias Erzberger, représentant du Gouvernement allemand
- Comte Alfred von Oberndorff, représentant le ministère des Affaires étrangères allemand
- Général Detlof von Winterfeld, Armée impériale allemande
- Général von Gruennel, Armée allemande
- Capitaine de vaisseau Ernst Vanselow, Marine allemande
Les principales clauses
- A) Sur le front d'occident
- I) Cessation des hostilités, sur terre et dans les airs, six heures après la signature de l'armistice.
- II) Évacuation immédiate des pays envahis : Belgique, France, Luxembourg, ainsi que de l'Alsace-Lorraine, réglée de manière à être réalisée dans un délai de quinze jours à dater de la signature de l'armistice. […]
- IV) Abandon par les armées allemandes du matériel de guerre en bon état. […]
- V) Évacuation des pays de la rive gauche du Rhin par les armées allemandes. Les pays de la rive gauche du Rhin seront administrés par les autorités locales, sous le contrôle des troupes d'occupation des Alliés et des États-Unis. […] [qui] assureront l'occupation de ces pays par des garnisons tenant les principaux points de passage du Rhin (Mayence, Coblentz, Cologne) avec, en ces points, des têtes de pont de 30 kilomètres de rayon. […]
- VI) Dans tous les territoires évacués par l'ennemi, toute évacuation des habitants sera interdite ; il ne sera apporté aucun dommage ou préjudice à la personne ou à la propriété des habitants. Personne ne sera poursuivi pour délit de participation à des mesures de guerre antérieures à la signature de l'armistice. Il ne sera fait aucune destruction d'aucune sorte. […]
- VII […] Il sera livré aux puissances associées : 5 000 machines montées et 150 000 wagons en bon état de roulement […] et 5 000 camions automobiles en bon état. […]
- B) Dispositions relatives aux frontières orientales de l'Allemagne.
- XII) Toutes les troupes allemandes qui se trouvent actuellement dans les territoires qui faisaient partie avant-guerre de l'Autriche-Hongrie, du Royaume de Roumanie, de l'Empire ottoman, doivent rentrer immédiatement dans les frontières de l'Allemagne telles qu'elles étaient au 1er août 1914. Toutes les troupes allemandes qui se trouvent actuellement dans les territoires qui faisaient partie avant la guerre de la Russie devront également rentrer dans les frontières de l'Allemagne définies comme ci-dessus, dès que les Alliés jugeront le moment venu, compte tenu de la situation intérieure de ces territoires. […]
- C) Dans l'Afrique orientale.
- XVII) Évacuation de toutes les forces allemandes opérant dans l'Afrique orientale dans un délai réglé par les Alliés. […]
- F) Clauses navales.
- XXII) Livraison aux Alliés et aux États-Unis de tous les sous-marins. […]
- G) Durée de l'armistice.
- XXXIV) La durée de l'armistice est fixée à trente-six jours, avec faculté de prolongation.
Derniers morts au combat
Le dernier jour de guerre a fait près de 11 000 tués, blessés ou disparus, soit plus que lors d'une opération majeure comme le Jour J en 1944. Certains soldats ont perdu la vie lors d'actions militaires décidées par des généraux qui savaient que l'armistice avait déjà été signé[9]. Par exemple le général Wright de la 89e division américaine prit la décision d'attaquer le village de Stenay afin que ses troupes puissent prendre un bain, ce qui engendra la perte de 300 hommes[9].
À 10 h 45 du matin, soit 15 minutes avant l'heure du cessez-le-feu, Augustin Trébuchon a été le dernier soldat français tué, estafette de la 9e compagnie du 415e régiment de la 163e division d'infanterie, il est tué d'une balle dans la tête alors qu'il porte un message à son capitaine[10]. Le dernier britannique, George Edwin Ellison a été tué à 9 h 30 alors qu'il faisait une reconnaissance non loin de Mons en Belgique. Le dernier soldat canadien a été George Lawrence Price, deux minutes avant l'armistice. Il a d'abord été enterré à Havré avant d'être transféré à Saint-Symphorien (Belgique), au cimetière militaire. La pierre tombale d'Havré est exposée au musée d’Histoire militaire de Mons. Enfin l'Américain Henry Gunther est généralement considéré comme le dernier soldat tué lors de la Première Guerre mondiale, 60 secondes avant l'heure d'armistice, alors qu'il chargeait des troupes allemandes étonnées parce qu'elles savaient le cessez-le-feu imminent[9],[11].
La date de décès des morts français du 11 novembre a été antidatée au 10 novembre par les autorités militaires. Deux hypothèses expliquent cette décision. L'hypothèse symbolique : pour les autorités militaires, il n'était pas possible ou trop honteux de mourir le jour de la victoire [10],[9] ; l'hypothèse matérielle : cette décision a été prise dans de nombreux cas par des médecins ou les chefs directs des soldats morts après l'armistice (dans ce cas, les épouses ne touchaient pas les pensions de guerre) afin d'éviter toute forme de contestation sur l'attribution des pensions des veuves de guerre[12].
Événements ultérieurs
Hommages et commémorations
En 1920 apparaît l'idée de rendre hommage aux soldats morts pour la France mais non identifiés[13]. Suite à une loi votée à l'unanimité par le Parlement, la dépouille mortelle d'un soldat parmi plusieurs autres, choisi dans la citadelle de Verdun, est placée, le 11 novembre 1920, dans une chapelle ardente à l'Arc de Triomphe[13]. Le 28 janvier 1921 le soldat est inhumé sous l'Arc de Triomphe dans la tombe du Soldat inconnu[13]. Ce n'est que trois ans plus tard, le 11 novembre 1923, qu'est allumée, par André Maginot[13], ministre de la Guerre, la flamme qui ne s'éteint jamais[13], donnant au tombeau du Soldat inconnu une forte portée symbolique et politique.
Le 11 novembre est un jour férié en France (jour du Souvenir depuis la loi du 24 octobre 1922)[13] et en Pologne (jour de l'indépendance), c'est une journée de commémoration annuelle observée en Europe et dans les pays du Commonwealth. Aux États-Unis, sa commémoration a été étendue à tous les vétérans de guerre.
L'Allemagne ne pouvant commémorer ce jour de défaite, le Volksbund Deutsche Kriegsgräberfürsorge (Service pour l’entretien des sépultures militaires allemandes) fondé en 1919 propose en 1920 le Volkstrauertag (en) (Jour national de deuil pour les soldats allemands morts à la guerre) dont la première cérémonie a lieu en 1926 et est fixée le deuxième dimanche avant le premier dimanche de l'Avent.
Assassinat de Matthias Erzberger
Matthias Erzberger, signataire civil plénipotentiaire pour les Allemands et député ayant fait voter, après un séjour auprès du pape Benoît XV, une motion pour la paix dès juillet 1917, est assassiné le 26 août 1921 par des nationalistes d'extrême droite appartenant à l'Organisation Consul.
Les autres armistices de la Première Guerre mondiale
Le 29 septembre 1918 est conclu l'armistice de Thessalonique entre les Alliés et le royaume de Bulgarie mettant fin au conflit sur le front d’Orient.
Le 30 octobre 1918 c'est l'armistice de Moudros entre les Alliés et l'Empire ottoman allié de l'Allemagne.
Le 3 novembre 1918 est signé l'armistice de Padoue entre le Royaume d'Italie et l'Autriche-Hongrie alliée de l'Allemagne (entrée en vigueur le 4 novembre).
Article détaillé : Première Guerre mondiale – Derniers instants et armistices.Annexes
Bibliographie
- Pierre Miquel, La Grande Guerre, Fayard, 1983 (premier grand prix Gobert de l'Académie française).
Liens externes
- Texte intégral de l'Armistice de 1918 sur Digithèque MJP de l'université de Perpignan
- Portail officiel du 90e anniversaire de l'Armistice 1918 sur le site du ministère français de la Défense.
- « 11 novembre 1918 – Lecture de l'Armistice à la Chambre des députés » sur le site de l'Assemblée nationale française
- « Intervention de M. Georges Clemenceau, président du Conseil des ministres, ministre de la Guerre, annonçant à la Chambre des députés les termes de la convention d'armistice signée le matin même, à Rethondes », Annales de la Chambre des députés, 11 novembre 1918, extraits, sur le site de l'Assemblée nationale.
- Pierre Miquel raconte la journée du 11 novembre 1918.
- Dossier thématique ECPAD sur la signature de l'armistice (album photos, montage d'archives vidéo et notice documentaire)
Notes et références
- ISBN 978-2-7433-0482-9), p. 79 et 133, car il s'agit du Grand État-Major du généralissime des armées alliées le maréchal Foch, ou de l'État-Major allemand. Typographie selon le Lexique des règles typographiques en usage à l'Imprimerie nationale, 2007 (
- « 11 novembre 1918 – Un armistice met fin à la Grande Guerre », sur le site Herodote.net, consulté le 18 janvier 2010.
- « Wagon de l'Armistice, Rethondes », sur le site cheminsdememoire.gouv.fr.
- La Voix du Nord du 11 novembre 2008.
- « Le clairon de l’Armistice », 8 novembre 2008, sur le site de L'Est républicain, estrepublicain.fr, consulté le 9 novembre 2009. Frédéric Plancard,
- La Voix du Nord, 8 novembre 2009. Article de Benjamin Mériau,
- « 11 Novembre, le Beaucourtois Sellier a sonné l'Armistice », Le Pays, 5 novembre 2008, sur le site lepays.fr.
- Article de Christian Canivez, dans La Voix du Nord, 8 novembre 1918.
- (en) The last soldiers to die in World War I, BBC News (29 octobre 2008). Consulté le 6 novembre 2008.
- « 11 novembre 1918 – Vrigne-Meuse, la bataille de trop » sur liberation.fr. Mis en ligne le 11 novembre 2008, consulté le 11 novembre 2008
- (en) Michael Palin: My guilt over my great-uncle who died in the First World War, The Telegraph (1er novembre 2008). Consulté le 1er novembre 2008.
- Alain Faiveau, « Le dernier combat : Vrigne-Meuse, 10 et 11 novembre 1918 », Revue Historique des Armées, n° 251, février 2008
- « Le 11 Novembre – Un jour mémoire », sur le site Chemins de mémoire, cheminsdememoire.gouv.fr.
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