- Armistices de 1918 sur les fronts d'Orient et d'Italie
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Cet article décrit les circonstances et les conséquences des armistices signés à l'automne 1918 par la Bulgarie, l'Empire ottoman et l'Autriche-Hongrie, alliés de l'Allemagne.
Les armistices signés à l'automne 1918 par les alliés de l'Allemagne (Bulgarie, Empire Ottoman et Autriche-Hongrie) mettent fin à la Première Guerre mondiale sur les fronts des Balkans, du Proche-Orient et d'Italie. Ils laissent l'Allemagne complètement isolée, et contribuent à sa capitulation le 11 novembre 1918. Ils provoquent la chute des trois empires, et la recomposition politique de l'Europe Centrale et du Proche-Orient au profit des vainqueurs. Mais leur victoire s'accompagne de lourdes difficultés pour l'après-guerre.
Sommaire
Les Empires Centraux à l'automne 1918
Après l'échec des offensives allemandes en France et autrichienne sur la Piave, l'afflux des renforts américains à l'Ouest, l'épuisement de leurs réserves humaines, les Empires centraux comprennent qu'ils ne peuvent plus gagner la guerre. Mais ils vont la prolonger de plusieurs mois, à cause de l'incapacité de leurs dirigeants à trouver une solution politique. La Bulgarie, l'Empire ottoman et l'Autriche-Hongrie redoutent à la fois les réactions de l'Allemagne et celles de leurs propres peuples.
L'armistice bulgare
Article détaillé : Armistice de Thessalonique.L'offensive des forces de l'Entente au Dobropol, en septembre 1918, entraîne la débâcle de l'armée bulgare. L'Union nationale agrarienne, principale force d'opposition, tente de rallier les soldats mutinés et de proclamer la république (27 septembre). Mais cette tentative, non soutenue par les socialistes, est réprimée par les troupes royales aidées des Allemands. Le tsar Ferdinand Ier demande l'armistice. Le général français Franchet d'Esperey l'accepte le 30 septembre à Thessalonique, sans en référer au Grand Conseil allié. Le 3 octobre, Ferdinand abdique au profit de son fils Boris III. La Serbie réoccupe la Macédoine, perdue en 1915. Les forces franco-serbes peuvent avancer jusqu'au Danube, tandis que les Britanniques et les Grecs traversent le territoire bulgare et menacent Constantinople.
L'armistice ottoman
Article détaillé : Armistice de Moudros.Les troupes ottomanes, écrasées par les Britanniques en Syrie-Palestine et en Irak, harcelées sur leurs arrières par la révolte arabe, sont incapables de faire face à la nouvelle menace contre leur capitale. Le sultan Mehmed VI accepte l'armistice, signé à Moudros le 30 octobre entre son ministre de la Marine Rauf Bey et l'amiral anglais Calthorpe, et qui place une grande partie de son territoire sous occupation de l'Entente. Pas plus que Franchet d'Esperey avec les Bulgares, l'amiral Calthorpe n'a jugé bon de consulter ses alliés pour cesser les hostilités avec les Ottomans. La flotte alliée entre dans le Bosphore le 13 novembre, et l'armée anglaise de Mésopotamie arrive à Bakou le 16 novembre, pour assurer l'évacuation des troupes turques.
Contrairement à ses homologues, Mehmed VI arrive à sauver son trône en rejetant la responsabilité de la guerre et de ses atrocités (génocide des Arméniens) sur les chefs militaires du comité Union et Progrès. Enver Pacha et ses associés sont partis pour Berlin quelques jours avant l'armistice.
L'armistice austro-hongrois
L'empereur-roi Charles Ier n'a pas su se dégager à temps de ses alliés allemands. Le 17 octobre, il propose un régime d'autonomie aux peuples sujets. Ce projet mécontente les Austro-Allemands et les Hongrois sans satisfaire les revendications des peuples slaves et latins.
Le 20 octobre, le président Wilson lance un appel à l'autodétermination des peuples d'Europe centrale. La dislocation de l'Empire s'accélère. La Hongrie se conduit comme un Etat indépendant et rappelle ses troupes du front italien, car ses propres frontières sont menacées par l'avance des forces franco-serbes sur le Danube et le retour en guerre de la Roumanie.
Le 28 octobre, les Tchèques proclament leur indépendance à Prague. Le 29, c'est le tour des Croates, Slovènes et Serbes d'Autriche-Hongrie, qui annonceront le 1er novembre leur union avec la Serbie dans un "royaume des Serbes, Croates et Slovènes", future Yougoslavie. Le 30 octobre, ce sont les Slovaques qui se séparent de la Hongrie et demandent leur union avec les Tchèques. Le 31 octobre, les Ukrainiens de Galicie annoncent à leur tour leur indépendance.
L'offensive italienne de Vittorio Veneto, du 24 au 31 octobre, entraîne la déroute de l'armée autrichienne. 350 000 Austro-Hongrois se rendent, croyant l'armistice déjà signé. En fait, il ne sera conclu que le 3 novembre, à Villa Giusti près de Padoue, entre le général autrichien Von Webenau et le commandant en chef italien, le général Pietro Badoglio. Les Italiens occupent Trente, Trieste, l'Istrie et les régions frontalières de la Slovénie.
Charles Ier, sans abdiquer formellement, renonce le 11 novembre à "toute participation aux affaires de l'Etat". Il se retire dans une résidence de Basse-Autriche, puis en Suisse, tandis que la république est proclamée à Vienne.
La Roumanie dénonce le traité de Bucarest (7 mai 1918) et rentre en guerre contre les Empires centraux. Elle chasse les troupes autrichiennes de son territoire, et occupe la Bukovine le 27 novembre, la Transylvanie le 1er décembre, donc après l'armistice.
Conséquences
Les armistices sur les fronts orientaux, moins célèbres que celui de Rethondes, auront pourtant des conséquences aussi importantes pour l'Europe et le Proche-Orient.
Ils précipitent la défaite de l'Allemagne: elle perd l'ensemble de ses alliés et une grande partie de son ravitaillement en céréales et matières premières, tout en se voyant menacée sur ses propres frontières de l'Est.
Pour l'avenir, ils établissent une coupure profonde et durable entre les nations vaincues (Austro-Allemands, Hongrois, Bulgares, Turcs), les nations victorieuses (Tchèques, Serbes, Roumains, Polonais) et celles qui, ayant rejoint trop tard le camp des vainqueurs, n'auront pas le bénéfice de l'indépendance (Ukrainiens, Slovaques, petites nations de Yougoslavie, Arabes).
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