- Armistice de Rethondes
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Armistice du 22 juin 1940
L’armistice du 22 juin 1940 est une convention qui a été signée entre le représentant du Troisième Reich allemand et celui du gouvernement français de Pétain afin de mettre fin aux hostilités et d'établir les conditions de l'occupation par l'Allemagne, le sort des personnes capturées, déplacées ou occupées, la neutralisation des forces françaises, et le paiement de compensations économiques à l'Allemagne.
La France est divisée en deux parties par une ligne de démarcation, la zone occupée, qui est sous l'autorité allemande, et la zone dite « libre », avec tous les territoires de l'Empire qui demeurent sous l'autorité du nouveau gouvernement français. Dans la zone occupée, on distingue le Nord, qui est rattaché au gouvernorat militaire allemand en Belgique, la « zone réservée » de l'Alsace-Lorraine à l'est, la « zone interdite », le long des côtes de la Manche et de l'Atlantique, et la (petite) zone d'occupation italienne avant fin 1942.
L'armistice marque la fin de la bataille de France.
Sommaire
Conditions de l'armistice de Rethondes
Adolf Hitler exige que l'armistice soit signé au même endroit que l'Armistice de 1918, dans la clairière de Rethondes, en forêt de Compiègne. Il fait sortir le wagon de l'Armistice, qui avait servi à signer l'armistice de 1918, du bâtiment qui l'abrite, et le fait placer à une centaine de mètres de là, à l'emplacement exact où il se trouvait le 11 novembre 1918, afin d'y organiser la cérémonie de revanche sur la Première Guerre mondiale (le wagon sera ensuite convoyé à Berlin). Le 21 juin, lors de la journée inaugurale des négociations, les Allemands sont représentés par Adolf Hitler et le maréchal Wilhelm Keitel, chargé des négociations. Plusieurs hauts dignitaires de l'armée allemande et du régime nazi assistent à la cérémonie : Rudolf Hess, Hermann Göring, Von Ribbentrop, ministre des Affaires étrangères du Reich, l'amiral Raeder, chef de la Kriegsmarine, et le général von Brauchitsch, commandant de la Wehrmacht[1].
La délégation française est présidée par le général Huntziger et comprend le général d'aviation Bergeret, le vice-amiral Le Luc et l'ambassadeur Léon Noël.
En tant que nouveau ministre de la Défense[2], le général Weygand donne à la délégation française dirigée par le général Huntziger, avant son départ pour Rethondes[3], des instructions concernant, en particulier, la Flotte[4]. Ayant pris connaissance des conditions d'armistice édictées par les Allemands, Huntziger en rend compte à Weygand, le 21 juin à 20 heures, au cours d'un long entretien téléphonique où il dicte le texte intégral de la convention, aussitôt transmise au Conseil de ministres réuni à Bordeaux[3]. Lors des pourparlers qui se déroulent toute la journée du 22, entrecoupés de nouvelles communications téléphoniques entre Huntziger et Weygand, la délégation française obtient néanmoins[5] deux modifications : l'article 5 sur la livraison des avions militaires et l'article 17 sur les transferts de valeurs et de stocks, sont amendés[5]. Les Allemands refusent toute autre concession, en dépit des protestations françaises, en particulier sur l'article 19 concernant le droit d'asile et sur l'Italie (la France n'ayant pas été vaincue dans les Alpes)[6]. Suite à l'ultimatum du chef de la délégation allemande, le maréchal Keitel, Huntziger reçoit l'ordre depuis Bordeaux de signer l'armistice[6].
Après ces deux jours de discussion, l'armistice donc est signé le 22 juin à 18 h 52 par le maréchal Keitel et le général Huntziger[1],[3].
Les conditions de l'armistice sont motivées par les préoccupations d'Adolf Hitler à cette époque : il faut bien sûr empêcher de façon durable que la France ne redevienne une grande puissance militaire, mais à court terme, il faut veiller à ce que sa flotte ne rejoigne pas le Royaume-Uni, qui reste le dernier pays à vaincre ou à séduire, car un accord de paix avec le Royaume-Uni reste souhaité en cette fin du mois de juin. Enfin, il ne faut froisser ni l'allié italien, ni le potentiel allié espagnol. Hitler a rencontré Mussolini le 18 juin à Munich[7] pour le convaincre de s'en tenir à ses vues[7] : le Duce voulait s'emparer de la Flotte et de l'aviation françaises, occuper la France jusqu'au Rhône, annexer Nice, la Savoie, la Tunisie, la Côte française des Somalis, les villes d'Alger, d'Oran et de Casablanca, ce qui n'entrait pas dans les plans de Hitler qui considérait ces prétentions démesurées et de nature à compromettre la signature de l'armistice[7]. Ce sont toutes ces considérations complexes qui vont déterminer le contenu de la convention d'armistice, un texte bref de vingt-quatre articles, qui contient notamment les clauses suivantes[8] :
- Les prisonniers de guerre (plus de 1,5 million d'hommes) restent en captivité jusqu'à la signature d'un accord de paix.
- La moitié nord, ainsi que la côte atlantique, passent sous occupation allemande : c'est la zone occupée, qui couvre à peu près les trois cinquièmes du territoire. Le reste constitue la « zone libre », c'est-à-dire non occupée, regroupée essentiellement au sud de la Loire. Les deux zones sont séparées par la ligne de démarcation.
- La France doit pourvoir à l'entretien de l'armée d'occupation. Il s'avéra que le montant de ces indemnités allait être fixé de façon quasi-discrétionnaire par les Allemands, et leur montant s'élèvera, en moyenne, à 400 millions de francs par jour.
- Dans la zone libre, l'armée française est limitée à 100 000 hommes et les troupes sont désarmées.
- La souveraineté française s'exerce sur l'ensemble du territoire, y compris la zone occupée, l'Alsace et le département de la Moselle, mais dans la zone occupée, il est stipulé que l'Allemagne exerce « les droits de la puissance occupante[8] », ce qui implique que l'administration collabore avec elle d'une « manière correcte[8] ».
- L'Empire colonial français reste également sous l'autorité du Gouvernement français.
- Les vaisseaux de guerre rejoignent leurs ports d'attache du temps de paix, dont certains, comme Brest, se trouvaient en zone occupée (« La désignation de ces ports sera faite d'après les ports d'attache des navires en temps de paix »).
- La France doit livrer les réfugiés politiques allemands ou autrichiens présents sur son sol.
Le choix d'Hitler de laisser à la France vaincue son empire peut paraître aujourd'hui surprenant. À l'époque, dans une lettre au Duce, Hitler a justifié ce choix (ainsi que celui de maintenir une zone non occupée) par le souci de ne pas pousser la France et sa puissante flotte à continuer la guerre à partir de ses colonies. La marine allemande n'étant pas à la mesure de conquérir le vaste empire colonial outre-Méditerranée, et l'envoi de troupes dans des contrées éloignées n'entrant pas dans la stratégie d'Hitler. Dans les faits, à l'exception de l'Afrique-Équatoriale française et de la Nouvelle-Calédonie, les colonies françaises ne se rallieront ni à de Gaulle ni aux Alliés dans les mois qui suivront l'armistice, malgré la bataille de Dakar.
De son côté, Churchill, face au risque insupportable de voir la flotte française rejoindre ses ports d'attaches maintenant occupés par l'ennemi conformément aux conventions d'armistice, envoie le 3 juillet 1940 une flotte britannique sommer la flotte française de Mers el-Kébir de se joindre à elle, ou de rejoindre les Antilles françaises. L'amiral français rejeta l'ultimatum, sans informer Vichy de toutes les possibilités ouvertes par celui-ci, dont celle de rejoindre les Antilles françaises pour se mettre à l'abri des Allemands. Il s'ensuit un combat naval, au cours duquel les principales unités françaises sont détruites.
L'amiral Darlan avait, par avance, refusé de diriger vers Brest les unités qui y avaient leur base, et ordonna à la totalité de la Flotte de se replier en Afrique du Nord. L'attaque de Mers el-Kébir l'incita à la faire stationner à Toulon à la fin de l'année 1940.
En outre, l'Italie, bien que revendiquant l'ancien comté de Nice et la Savoie, dont elle n'est pas parvenue à s'emparer, doit se contenter de la zone d'occupation de Menton (Alpes-Maritimes). Les autres territoires revendiqués, depuis la frontière franco-italienne jusqu'au Rhône ainsi que la Corse, ne seront occupés par l'armée italienne qu'ultérieurement, le 11 novembre 1942, lors de l'invasion de la zone antérieurement non occupée.
Controverses
Le général de Gaulle reprocha à Pétain le principe même de l'armistice, qui livrait la France pieds et poings liés au Reich. Dans son Appel du 18 Juin, de Gaulle avertit les Français que « [...] cette guerre ne se limite pas au territoire de notre pays ; cette guerre est une guerre mondiale. » et pense, à juste titre, que les États-Unis vont rentrer en guerre et que les ressources cumulées des Empires français et britannique vont permettre d'écraser l'Allemagne. C'est tout particulièrement la dernière condition (La France doit livrer les réfugiés politiques allemands ou autrichiens présents sur son sol) qui est, en général, considérée comme contraire à l'honneur.
Références
- ↑ a et b Musée de la clairière de l'Armistice.
- ↑ Gouvernement Philippe Pétain et gouvernement Pierre Laval (5)
- ↑ a , b et c Eberhard Jäckel, Frankreich in Hitlers Europa – Die deutsche Frankreichpolitik im Zweiten Weltkrieg, Deutsche Verlag-Anstalg GmbH, Stuttgart, 1966 ; traduction : La France dans l'Europe de Hitler (préface de Alfred Grosser, traduction de Denise Meunier), éd. Fayard, coll. « Les grandes études contemporaines », 1968, 554 p., p. 63-65
- ↑ Eberhard Jäckel, La France dans l'Europe de Hitler, op. cit., p. 62
- ↑ a et b Eberhard Jäckel, La France dans l'Europe de Hitler, op. cit., p. 64
- ↑ a et b Eberhard Jäckel, La France dans l'Europe de Hitler, op. cit., p. 64-65
- ↑ a , b et c Eberhard Jäckel, La France dans l'Europe de Hitler, op. cit., p. 55-58
- ↑ a , b et c Texte de la convention d'armistice sur le site de l'université de Perpignan
Annexes
Articles connexes
- Seconde Guerre mondiale
- Régime de Vichy
- Wagon de l'Armistice
- Clairière de l'Armistice
- Commission allemande d'armistice
Liens externes
- Texte de la convention d'armistice sur le site de l'université de Perpignan
- 22 juin 1940 à Rethondes, signature de l'armistice franco-allemand, Office français d'informations cinématographiques, Archives INA
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