- Méthadone
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Méthadone Général Nom IUPAC (RS)-6-(diméthylamino)-
4,4-diphényl-3-heptanoneNo CAS (racémique)
(D) ou S(+)
(L) ou R(–)Code ATC N07 N02 DrugBank PubChem SMILES InChI Apparence poudre cristalline blanche à blanchâtre Propriétés chimiques Formule brute C21H27NO [Isomères] Masse molaire[1] 309,4452 ± 0,0192 g·mol-1
C 81,51 %, H 8,79 %, N 4,53 %, O 5,17 %,Propriétés physiques T° fusion 235,0 °C Solubilité 48,5 mg·l-1 eau (25 °C) Précautions Directive 67/548/EEC
TPhrases R : 25, Phrases S : 45, Écotoxicologie DL50 86 mg·kg-1 (rats, p.o.)
35 mg·kg-1 (souris i.p.)Données pharmacocinétiques Biodisponibilité 40-80(-92) % Demi-vie d’élim. (13-)24-36h Considérations thérapeutiques Voie d’administration orale, IV Caractère psychotrope Risque de dépendance Très élevé Unités du SI & CNTP, sauf indication contraire. La méthadone est un opioïde analgésique synthétisé en 1937 par les Allemands Max Bockmühl et Gustav Ehrhart de chez I.G. Farben qui cherchaient un analgésique qui serait d'un emploi plus aisé au cours d'une intervention chirurgicale et ainsi d'avoir moins de potentiel d'addiction. La molécule de méthadone a un atome de carbone chiral - le C6 qui porte 4 substituants différents-, elle se présente donc sous forme de deux énantiomères :
- (R)-méthadone
- (S)-méthadone
qui sont différenciables par leur pouvoir rotatoire opposé. La forme utilisée en thérapeutique est le racémique, c'est-à-dire le mélange 50:50 des deux formes.
La méthadone est utilisée depuis 1960 comme substitut des opiacés chez les consommateurs d'héroïne sous l'impulsion de Vincent Dole. Son utilisation est légale en France depuis 1995. En général, le mélange des isomères D et L est utilisé, ceci bien que l'activité recherchée soit due presque entièrement à la forme L. En tant qu'analgésique narcotique, la méthadone est utilisée pour soulager des douleurs sévères.
Suivant les législations en vigueur par pays, la prescription médicale de méthadone peut être soumise aux lois sur la prescription de substances psychotropes.
Sommaire
Absorption
La méthadone est rapidement absorbée au niveau du tractus gastro-intestinal et les premiers effets analgésiques apparaissent après 30 à 60 minutes. La durée d'action est de six à huit heures. Lors d'une administration répétée, la durée d'action et la demi-vie (15 à 55 heures) augmentent également.
Le taux plasmatique thérapeutique de la méthadone est d'environ 100 à 400 μg·l-1 (microgrammes/litre) et le taux plasmatique toxique est d'environ 1000 à 2 000 μg·l-1 (microgrammes/litre).
Métabolisme
La méthadone est principalement métabolisée dans le foie par mono- et di-N-déméthylation, puis se transforme spontanément en une structure cyclique, d'une part en 2-éthylidène-1,5-diméthyl-3,3-diphénylpyrrolidine (EDDP, métabolite primaire de la méthadone) et d'autre part en 2-éthyl-5-méthyl-3,3-diphénylpyrrolidine (EMDP, métabolite secondaire). La méthadone est également métabolisée par hydroxylation en méthadol, suivie d'une N-déméthylation en norméthadol. La méthadone, la EDDP et la EMDP subissent également une hydroxylation suivie d'une glucuroconjugaison. Les métabolites majeurs de la méthadone sont inactifs.
Dosage
De nombreux tests immunologiques permettent le dépistage rapide (30 secondes) de la méthadone dans l'urine jusqu'à plusieurs jours (8 à 10) après la dernière administration. De manière générale, les méthodes immunologiques de dépistage ne présentent pas de réaction croisée avec des substances de structures différentes. Cependant, selon la spécificité du test utilisé, le L-alpha-acéthylméthadol (LAAM), un analogue de la méthadone à longue durée d'action, et ses métabolites peuvent présenter une réaction croisée et donner des résultats faussement positifs.
La méthadone et ses métabolites sont rapidement extraits avec les techniques liquide-liquide ou SPE (solid phase extraction). La chromatographie sur couche mince et la chromatographie gazeuse peuvent également être utilisées.
Traitement de substitution
Article détaillé : Traitement de substitution.Introduits aux États-Unis dans les années 1960 par Dole et Nyswander[2], ils ont d'abord été utilisé pour de graves héroïnomanies, telles que pour des soldats de retour du Viêt-Nam.
La médication a comme objectif de substituer la consommation d'héroïne, d'aider la personne à une stabilisation de ses craving[3]. Conjointement à une prise en charge médico-sociale dans le contexte d'une cure de sevrage, le traitement par méthadone vise la stabilisation de la personne quant à son addiction et la réduction des méfaits. Cette médicalisation a comme objectif de réduire les risques inhérents à la consommation de drogue : les risques liés à l'injection de substances en intra-veineux ou la prise par voie nasale (notamment la contamination par le VIH et l'hépatite C), les risques de surdosage ou d'overdose, et les risques liés aux activités illégales menées en vue de se procurer l'héroïne (deal, prostitution). L'introduction de la médication peut faire partie intégrante d'un processus global d'abstinence.
La méthadone présente l'avantage d'être un opiacé de longue durée d'action, permettant de prévenir la sensation de manque et la rechute de la consommation d'héroïne. Elle est prise par voie orale, sous forme de solution amère et non injectable, de gélules ou de suppositoires. En général, le sirop se présente sous formule liquide dosée à 1 % de chlorhydrate de méthadone : 1 ml de soluté représente 10 mg de chlorhydrate de méthadone.
Des recommandations médicales indiquent une dose journalière maximale habituelle à 60 mg par 24h[4]. Des études en Suisse ont montré que certains patients nécessitaient des doses plus importantes, de 80 mg, 200 mg ou 250 mg en début de traitement[5]. La prescription de la dose maximale peut être limitée par les lois relatives à la délivrance de substances psychotropes suivant les pays.
La méthadone ne procurant a priori aucun effet toxique sur les patients dépendants au bénéfice de l'accoutumance aux opiacés, cette médication peut être mortelle à faibles doses pour les patients non dépendants (par exemple, pour une personne de 40 kg une dose de 20 mg peut être létale).
Dans le cadre d'une utilisation médicale contrôlée, l'effet euphorique ressenti peut être nul pour le toxicomane. La phase de stabilisation est une étape pendant laquelle le toxicomane passe aussi en phase d'abstinence de recherche de l'effet euphorisant procuré par l'héroïne (effet flash). La baisse de la dose quotidienne peut représenter une étape importante dans un processus d'abstinence. Les risques sont liés au syndrome de sevrage physique aux opiacés, mais aussi au fait que la personne reprenne une consommation d'héroïne afin de palier la sensation de manque. Une pratique prévoit de ne baisser la dose quotidienne de plus de 10 % par mois.
Resté sujet de controverse du fait de son caractère accoutumant qui peut en faire un traitement à vie, avec de fortes oppositions entre autres en France, ce traitement doit son essor aux épidémies dues aux virus du SIDA, des hépatites C ou B, car il permet d'éviter les injections ou les blessures par les pailles de snif (pour priser) et donc de limiter la diffusion des maladies. Ainsi, il y a une baisse notable du nombre de nouveaux cas de séroconversions pour le VIH chez les personnes sous traitement substitutif[6].
Notes et références
- Atomic weights of the elements 2007 sur www.chem.qmul.ac.uk. Masse molaire calculée d’après
- Medical treatment for diacetylmorphine (heroin) addiction: a clinical trial with methadone hydrochloride, JAMA. 1965;193:646-650 Dole VP, Nyswander MA,
- La substitution, Drogues Info Service, Drogues, savoir plus, risquer moins, octobre 2009
- Méthadone, monographie Compendium, février 2009
- Op. cit. DEGLON J.J.
- Human immunodeficiency virus seroconversion among intravenous drug users in and out of treatment: an 18 month prospective follow-up, J Acquir Immune Defic Syndr, 1993;6:1049-1056 Metzger DS, Woody GE, McLellan AT et als.
Voir aussi
Articles connexes
- Addiction
- Dépendance
- Réduction des risques liés à la toxicomanie
- Opioïde
- Opiacé
- Héroïne
- Narcotiques Anonymes
Liens externes
- (en) Methadone, US DEA
- (fr) RVH Synergie Information sur les pratiques, les bénéfices, les inconvénients, les évaluations en France.
- (fr) Fondation Phenix. DEGLON J.J. : Le traitement à long terme des héroïnomanes par la méthadone. Ed. Médecine & Hygiène, Genève, 287 p., 1982. ISBN 2-88049-010-3
Catégories :- Produit chimique toxique
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- Traitement des addictions
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