Mode à transposition limitée

Mode à transposition limitée

Olivier Messiaen

Olivier Messiaen
Olivier Messiaen au piano vers 1980
Olivier Messiaen au piano vers 1980

Nom de naissance Olivier Eugène Charles Prosper Messiaen
Naissance 10 décembre 1908
Avignon France France
Décès 27 avril 1992
Clichy-la-Garenne France France
Activité principale Compositeur, organiste, ornithologue

Olivier Eugène Charles Prosper Messiaen (Avignon, 10 décembre 1908Clichy-la-Garenne, 27 avril 1992) était un compositeur et organiste français de l'époque contemporaine. Il était aussi un expert en ornithologie.

Son œuvre trouve ses sources dans une profonde ferveur catholique, un goût prononcé pour les musiques anciennes et les rythmes exotiques, ainsi que dans une étude scientifique approfondie du chant des oiseaux. Messiaen fut un compositeur particulièrement hardi, innovant tant dans le domaine harmonique et mélodique (modes à transposition limitée, sérialisme intégral) que dans l'instrumentation (gamelan, ondes Martenot) et l'utilisation toute particulière de la couleur musicale.

L'Ascension (1933), le Quatuor pour la fin du Temps (1940), les Vingt regards sur l'Enfant Jésus (1944), la Turangalîla-Symphonie (1946-48), et la Messe de la Pentecôte, entre autres œuvres majeures, ont contribué à faire d'Olivier Messiaen un des compositeurs les plus influents de la seconde moitié du XXe siècle.

Sommaire

Biographie

Jeunesse et études

Olivier Eugène Prosper Charles Messiaen est né à Avignon, le 10 décembre 1908. Son petit frère Alain et lui sont les deux enfants du professeur d’anglais Pierre Messiaen et de la poétesse Cécile Sauvage. Olivier Messiaen est profondément influencé par les poèmes de sa mère, ainsi que par les œuvres de William Shakespeare, que traduit son père et dont les histoires fantastiques, merveilleuses et sombres le fascinent. Il dira même que, des pièces du grand dramaturge anglais, « j'aimais plus que toute autre Macbeth (pour les sorcières et le spectre de Banquo), aussi bien que Puck et Ariel. »[1]

Avec l’arrivée de la première Guerre mondiale en 1914, son père est engagé comme soldat, et sa mère emmène les deux enfants à Grenoble pour vivre avec leur oncle. Le jeune Olivier Messiaen met en scène Shakespeare devant son petit frère, dans des décors faits maison à partir de cellophane peinte à l’aquarelle et collée sur des vitres. À cette époque, il acquiert une foi catholique qui ne le quittera plus. Il composera la plupart de sa musique dans cette région de Grenoble, le Dauphiné.

Il débute ses leçons de piano, après avoir commencé à l'apprendre en autodidacte. Il est d’abord intéressé par les compositeurs français récents dont Claude Debussy et Maurice Ravel, dont il découvre très vite les Estampes et le Gaspard de la nuit. Il demande comme cadeau de Noël des partitions d’opéras de Mozart, Gluck, Berlioz et Wagner. C'est à cette époque qu’il commence à composer. En 1918, son père revient de la guerre, et la famille déménage pour Nantes. Il continue néanmoins à suivre des cours de musique. Son professeur d’harmonie, Jean de Gibon, lui fournit la partition de l’opéra Pelléas et Mélisande de Debussy, qui est pour Messiaen une révélation parmi les plus décisives. L’année suivante, son père obtient un poste d’enseignant au lycée Charlemagne à Paris, et la famille déménage à nouveau.

C’est ainsi qu’Olivier Messiaen entre à l’âge de 11 ans au Conservatoire de Paris en 1919 pour étudier le piano et les percussions. Il a comme professeurs notamment Maurice Emmanuel, Marcel Dupré pour l’improvisation et l’orgue, et Paul Dukas pour la composition et l’orchestration.

La classe de composition de Paul Dukas au Conservatoire en 1929. Olivier Messiaen est assis à droite.

Au Conservatoire, ses progrès musicaux sont excellents et il se retrouve très souvent premier de la classe. En 1924, à l’âge de 15 ans, il gagne le second prix en harmonie; en 1926, la même année que Jean Rivier, il gagne le premier prix de fugue et contrepoint; puis en 1927, il gagne le premier prix en accompagnement au piano. En 1928, après avoir suivi les cours de Maurice Emmanuel, il remporte le premier prix en histoire de la musique. Maurice Emmanuel lui inculque un intérêt pour les anciens rythmes grecs, et les modes exotiques. Après avoir démontré ses talents à l’improvisation au piano, il commence à étudier l’orgue avec Marcel Dupré, qui lui transmet l’héritage de la tradition des grands organistes français (Dupré ayant étudié avec Charles-Marie Widor et Louis Vierne, ce dernier étant le protégé de César Franck). Messiaen gagne le premier prix en orgue et improvisation à l’orgue en 1929. Après un an de cours de composition avec Charles-Marie Widor, il entre à l’automne 1927 dans la classe du nouveau professeur Paul Dukas, qui lui apprend la maîtrise de l’orchestration. En 1930, Messiaen remporte alors le premier prix en composition.

Maturité et célébrité

Église de la Sainte Trinité, Paris. Messiaen en fut l’organiste titulaire durant 61 ans.

Il devient organiste à l’église de la Trinité à Paris à l’âge de 22 ans et compose de très nombreuses œuvres pour cet instrument. Messiaen se passionne également pour le plain-chant, les rythmes de l'Inde et les chants des oiseaux dont il entreprend la notation et le classement méthodique.

Il se marie une première fois en 1932 avec Claire Delbos, une violoniste qui terminera ses jours dans un hôpital psychiatrique. De 1936 à 1939 il enseigne à l'École normale de musique de Paris et à la Schola Cantorum.

Au début de la seconde Guerre mondiale Messiaen est mobilisé comme simple soldat et en 1940, il est prisonnier en Allemagne (Stalag VIII-A à Görlitz). Là-bas il compose durant sa réclusion son Quatuor pour la fin du Temps. La première est donnée dans le camp le 15 janvier 1941 par un groupe de musiciens prisonniers, la partie du piano étant jouée par le compositeur. Libéré en mars 1941, il retourne enseigner à Paris où il devient professeur d'harmonie au Conservatoire en 1942. Il y rencontre une jeune élève, Yvonne Loriod, qui devient la première et la principale interprète de ses œuvres pour piano. Après le décès de sa première épouse en 1959, il épouse Yvonne Loriod en 1961. Au Conservatoire de Paris, devant l'hostilité d'un corps enseignant passéiste, Messiaen est d'abord professeur de philosophie de la musique, puis, avec l'évolution des années, sa classe d'analyse musicale de renommée mondiale devient officiellement classe de composition en 1966.

Messiaen voyage et enseigne dans divers pays : Hongrie, Italie, États-Unis, Bulgarie, Argentine, Finlande, etc.

Il compte parmi ses élèves Pierre Boulez, Marius Constant, Antoine Duhamel, Gilbert Amy, François-Bernard Mâche, Paul Mefano, Karlheinz Stockhausen, Iannis Xenakis, Tristan Murail, Gérard Grisey, Kent Nagano, George Benjamin, Alain Louvier, Erzsébet Szőnyi, Alain Mabit et Betsy Jolas.

Il meurt le 27 avril 1992 à l'Hôpital Beaujon de Clichy-la-Garenne. Il est enterré au cimetière de Saint-Theoffrey, à 35 km de Grenoble, près de Laffrey et de Vizille (Isère). Sa stèle en forme d'oiseau est facilement reconnaissable. Dans ce village, il avait une propriété.

Un festival Messiaen au pays de la Meije s'est mis en place en 1997 dans le village de montagne La Grave, près de la Meije, qu'il affectionnait tant. Il se déroule en juillet.

Langage musical

La fauvette des jardins a donné à Messiaen le matériau et le titre de sa Fauvette des jardins pour piano (1970-72)

Le langage musical d'Olivier Messiaen ne peut vraiment être rattaché à une école particulière — même si Messiaen a fait partie du groupe « Jeune France » avec André Jolivet, Jean Yves Daniel-Lesur et Yves Baudrier.

Parmi les éléments caractéristiques de son langage, on trouve :

  • la couleur : Messiaen disait être intellectuellement, et non véritablement, Synesthète ;
  • les « chants d’oiseaux » qu'il enregistrait et transcrivait lui-même, en faisant des recueils complets (Catalogue d'oiseaux pour piano) mais aussi en y faisant référence dans ses autres œuvres ;
  • les rythmes dont les rythmes hindous, en particulier les Deçî-Tâlas, rythmes provinciaux de l'Inde Antique, auxquels il fait subir des transformations qui rappellent celles que les contrapuntistes appliquent aux hauteurs : augmentation, rétrogradation, miroir...
  • les « modes à transposition limitée », gammes de notes dont la composition n’est pas changée par une transposition à la tierce mineure (3 transpositions) ou à la tierce majeure (4 transpositions) ou à la quarte augmentée (6 transpositions), alors qu’une gamme habituelle possède douze transpositions possibles toutes différentes ;
  • l'inspiration chrétienne d'un très grand nombre de ses œuvres, selon lui sa source d'inspiration la plus essentielle.

Autres sujets d'études et d'inspiration :

Œuvres

Discographie partielle

Ces trois disques, considérés comme « l'une des plus grandes réalisations de toute l'histoire du disque » (Paul Menier - Télérama), ont obtenu le grand prix du disque de l'Académie Charles Cros 1973, ainsi qu'un diapason d'or.

Olivier Messiaen écrivit à propos de cet enregistrement : « Louis Thiry est un extraordinaire organiste, virtuose accompli, musicien total, d'une mémoire et d'une adresse sans égale : on peut le classer parmi les héros de la musique ! Il a donné plusieurs exécutions prestigieuses de mes œuvres d'orgue les plus difficiles – notamment de ma Messe de la Pentecôte. Tous ceux qui ont entendu et tous ceux qui entendront Louis Thiry ne peuvent que l'admirer. »

  • Quatuor pour la fin du Temps. Si ce quatuor est une des partitions les plus accessibles d'Olivier Messiaen, c'est aussi l'une des plus émouvantes. Pour cette œuvre, composée au Stalag VIII-A de Görlitz, le musicien s'est inspiré d'une citation de l'Apocalypse de saint Jean : « Je vis un ange plein de force, descendant du ciel, revêtu d'une nuée, ayant un arc-en-ciel sur la tête. Son visage était comme le soleil, ses pieds comme des colonnes de feu. Il posa son pied droit sur la mer, son pied gauche sur la terre, et, se tenant debout sur la mer et sur la terre, il leva la main vers le Ciel et jura par Celui qui vit dans les siècles des siècles, disant : « Il n'y aura plus de temps » ; mais au jour de la trompette du septième ange, le mystère de Dieu se consommera. » (Apocalypse de saint Jean, chap. X, 1-7). L'œuvre a été composée pour le clarinettiste Henri Akoka, le violoniste Jean Le Boulaire et le violoncelliste Jean Pasquier, détenus avec lui. Elle est créée le 15 janvier 1941, quelques semaines avant la libération du compositeur. Olivier Messiaen disait lui-même ceci à propos de son quatuor : « Lorsque j'étais prisonnier, l'absence de nourriture me donnait des rêves colorés : je voyais l'arc-en-ciel de l'Ange, et d'étranges tournoiements de couleurs. Mais le choix de « l'Ange qui annonce la fin du Temps » repose sur des raisons beaucoup plus graves. […] Au nom de l'Apocalypse, on a reproché à mon œuvre son calme et son dépouillement. Mes détracteurs oublient que l'Apocalypse ne contient pas que des monstres et des cataclysmes : on y trouve aussi des silences d'adoration et de merveilleuses visions de paix. De plus, je n'ai jamais eu l'intention de faire une Apocalypse : je suis parti d'une figure aimée (celle de « l'Ange qui annonce la fin du Temps ») et j'ai écrit un quatuor pour les instruments (et instrumentistes) que j'avais sous la main, à savoir : un violon, une clarinette, un violoncelle, un piano. […] Dernière remarque. Mon Quatuor comporte huit mouvements. Pourquoi ? Sept est le nombre parfait, la création de six jours sanctifiée par le sabbat divin ; le sept de ce repos se prolonge dans l'éternité et devient le huit de la lumière indéfectible, de l'inaltérable paix. »

Voir aussi la discographie dans les articles connexes consacrés aux œuvres d'Olivier Messiaen.

Écrits

  • Techniques de mon langage musical, 2 volumes, 72 p. et 62 p., Leduc, Paris, 1944.
  • Traité de rythme, de couleur et d’ornithologie (1949-1992), 7 tomes (dont le 5e en 2 volumes) publiés à partir de 1994, Leduc, Paris.

Distinctions

Notes et références

  1. Claude Samuel, Entretiens avec Olivier Messiaen; Paris 1986; Page 5

Liens externes

Précédé par Olivier Messiaen Suivi par
Benjamin Britten
Prix Ernst von Siemens
1975
Mstislav Rostropovitch
Charles Quef
Organiste, église de la Trinité
1931–1992
Naji Hakim
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