Livre de Kells

Livre de Kells
Cette page (folio 292r) contient le texte richement décoré introduisant l'Évangile selon Jean.

Le Livre de Kells (Book of Kells en anglais ; Leabhar Cheanannais en irlandais), également connu sous le nom de Grand Évangéliaire de saint Colomban, est un manuscrit illustré de motifs ornementaux et réalisé par des moines de culture celtique vers l'an 820.

Considéré comme un chef-d'œuvre du christianisme irlandais et de l'art irlando-saxon, il constitue malgré son inachèvement l'un des plus somptueux manuscrits enluminés ayant pu survivre à l'époque du Moyen Âge. En raison de sa grande beauté et de l'excellence technique de sa finition, le manuscrit est considéré par beaucoup de spécialistes comme l'un des plus remarquables vestiges de l'art religieux médiéval. Rédigé en langue latine, le Livre de Kells contient les quatre Évangiles du Nouveau Testament ainsi que des notes liminaires et explicatives, lensemble étant accompagné de nombreuses illustrations et enluminures colorées. Le manuscrit fait aujourd'hui l'objet d'une exposition permanente à la bibliothèque du Trinity College de Dublin, en Irlande, sous la référence MS 58.

Sommaire

Histoire

Origines

Le folio 29r contient lincipit de lÉvangile selon Matthieu, dit Liber generationis. Comparez cette image avec la page correspondante des Évangiles de Lindisfarne (voir ici), en particulier la forme du monogramme Lib.

Le Livre de Kells est le plus illustre représentant dun groupe de manuscrits réalisés de la fin du VIe siècle jusquau début du IXe siècle, dans des monastères de lIrlande, de lÉcosse et du nord de lAngleterre[1]. On compte parmi eux le Cathach de saint Colomba, lAmbrosiana Orosius ou le Livre de Durrow, remontant tous au VIIe siècle. Le début du VIIIe siècle voit, quant à lui, la réalisation des Évangiles de Durham, des Évangiles d'Echternach, des Évangiles de Lindisfarne et des Évangiles de Lichfield. Tous ces manuscrits comportent des similarités du point de vue du style artistique, de lécriture et des traditions textuelles, ce qui a permis aux spécialistes de les regrouper dans la même famille. Le style pleinement abouti des enluminures place le Livre de Kells parmi les ouvrages les plus tardifs de cette série, vers la fin du VIIIe ou le début du IXe siècle, soit à la même époque que le Livre d'Armagh[1]. Louvrage respecte la plupart des normes iconographiques et stylistiques présentes dans des écrits plus anciens : par exemple, la forme des lettres décorées ouvrant chacun des quatre Évangiles est étonnamment régulière parmi tous les manuscrits des îles britanniques composés à cette époque. Il suffit, pour sen convaincre, dexaminer les pages introductrices à lÉvangile selon Matthieu dans les Évangiles de Lindisfarne (ici) et de les comparer avec celles du Livre de Kells (ci-contre).

Le Livre de Kells tient son nom de labbaye de Kells, elle-même située à Kells dans le comté de Meath, en Irlande. Labbaye, le manuscrit fut conservé pendant une bonne partie du Moyen Âge, fut fondée au début du IXe siècle, à lépoque des invasions vikings. Les moines étaient originaires du monastère de Iona, une île des Hébrides située au large de la côte ouest de lÉcosse. Iona abritait en effet lune des communautés monastiques les plus importantes de la région depuis que Saint Colomban, le grand évangélisateur de lÉcosse, en avait fait son principal centre de rayonnement au VIe siècle. Lorsque la multiplication des raids vikings finit par rendre lîle de Iona trop dangereuse, la plupart des moines partirent pour Kells, qui devint le nouveau centre des communautés fondées par Colomban.

La détermination exacte du lieu et de la date de réalisation du manuscrit a prêté à des débats considérables. Selon la tradition, le livre aurait été rédigé à lépoque de Saint Colomban[2], peut-être même par ce dernier en personne. Des études paléographiques ont toutefois démontré la fausseté de cette hypothèse, puisque le style calligraphique employé dans le Livre de Kells ne sest développé que bien après la mort de Colomban[3].

On recense au moins cinq théories différentes sur lorigine géographique du manuscrit. En premier lieu, le livre pourrait avoir été écrit à Iona et apporté dans lurgence à Kells, ce qui expliquerait quil nait jamais été terminé. Sa rédaction pourrait, au contraire, avoir été simplement entamée à Iona avant dêtre poursuivie à Kells, elle aurait été interrompue pour une raison inconnue. Dautres chercheurs avancent que le manuscrit pourrait tout aussi bien avoir été rédigé entièrement au scriptorium de Kells. Une quatrième hypothèse situe la création originale de louvrage dans le nord de lAngleterre, peut-être à Lindisfarne, avant son transport à Iona puis à Kells. Le Livre de Kells, enfin, pourrait être la réalisation dun monastère indéterminé en Écosse. Même si cette question ne sera probablement jamais résolue de manière satisfaisante, la seconde théorie reposant sur la double origine de Kells et Iona est la plus généralement acceptée[1]. Par ailleurs, au-delà de déterminer la bonne hypothèse, il reste en revanche certain que le Livre de Kells fut réalisé par des moines appartenant à une des communautés de saint Colomba et entretenant des relations étroites, si ce nest davantage, avec le monastère de Iona.

Époque médiévale

quil ait été rédigé, les historiens sont néanmoins assurés de la présence du Livre de Kells dans labbaye du même nom à partir du XIIe siècle, voire du début du XIe siècle. Un passage des Annales d'Ulster, pour lannée 1007, rapporte en effet que « le grand Évangéliaire de Columcille [i.e Colomba], principale relique du monde occidental, fut sournoisement dérobé en pleine nuit dune sacristie de la grande église de pierre de Cenannas [i.e Kells] en raison de son précieux écrin »[1],[4]. Le manuscrit fut retrouvé quelques mois plus tard « sous un amas de terre »[5], délesté de sa couverture décorée dor et de pierres précieuses. Si lon considère, comme cest généralement le cas, que le manuscrit dont il est question est bien le Livre de Kells, il sagit alors de la première date lon peut localiser avec certitude louvrage à Kells. Larrachage violent de la couverture pourrait également expliquer la perte de quelques feuilles du début et de la fin de louvrage.

Au XIIe siècle, des documents relatifs aux terres possédées par labbaye de Kells furent recopiés sur quelques-unes des pages blanches du Livre de Kells, ce qui fournit ainsi une nouvelle confirmation de la présence de louvrage dans cet établissement monastique. En raison de la rareté du papier, le recopiage de chartes dans des œuvres même aussi importantes que le Livre de Kells était une pratique courante au Moyen Âge[1].

Le folio 27r contient les quatre symboles évangéliques.

Livre de Kildare

Un écrivain du XIIe siècle, Giraldus Cambrensis (Gerald of Wales), décrit dans un célèbre passage de sa Topographia Hibernica un grand livre évangélique quil aurait admiré à Kildare, près de Kells, et que lon suppose être le Livre de Kells. La description, en tout cas, semble concorder :

« Ce livre contient lharmonie des quatre Évangélistes telle que recherchée par Jérôme, avec presque à chaque page différentes illustrations se distinguant par des couleurs variées. Ici vous pourriez voir le visage de majesté, divinement dessiné, ici symboles mystiques des Évangélistes, chacun avec des ailes, tantôt six, tantôt quatre, tantôt deux ; ici laigle, le veau, ici lhomme et le lion, et dautres formes presque infinies. Regardez-les superficiellement avec un regard ordinaire, et vous penseriez que ce nest que ratures, et non travail soigné. Le savoir-faire le plus raffiné est tout autour de vous, mais vous pourriez ne pas le remarquer. Regardez avec plus dattention et vous pénétrerez au cœur même de lart. Vous discernerez des complexités si délicates et si subtiles, si pleines de nœuds et de liens, avec des couleurs si fraîches et si vivantes, que vous pourriez en déduire que tout ceci est lœuvre dun ange, et non dun homme.  »

Étant donné que Gérald rapporte avoir vu ce livre à Kildare, il se pourrait quil sagisse dune autre œuvre égale en qualité mais aujourdhui perdue. De manière plus vraisemblable, Gérald pourrait tout simplement avoir confondu Kells et Kildare[6].

Labbaye de Kells fut dissoute suite aux réformes ecclésiastiques du XIIe siècle. Léglise abbatiale fut alors transformée en église paroissiale, mais conserva le Livre de Kells.

Époque moderne

Le Livre de Kells resta à Kells jusquen 1654. Cette année-, la cavalerie dOliver Cromwell établit une garnison dans léglise locale, et le gouverneur de la ville envoya le manuscrit à Dublin pour plus de sûreté. Le livre fut présenté aux universitaires du Trinity College en 1661 par un certain Henry Jones, qui allait devenir évêque de Meath sous Charles II. À la rare exception dexpositions temporaires, le Livre de Kells na ensuite plus quitté le Trinity College. Il fait lobjet depuis le XIXe siècle dune exposition permanente et ouverte au public à la Vieille Bibliothèque (Old Library) de luniversité.

Au XVIe siècle, les numéros de chapitre des Évangiles, établis officiellement au XIIIe siècle par larchevêque de Cantorbéry, Stephen Langton, furent rajoutés en marge des pages en chiffres romains. En 1621, les feuilles firent par ailleurs lobjet dune numérotation par lévêque de Meath, James Ussher[1]. En 1849, la reine Victoria et le prince Albert furent invités à signer le livre[7] : ils apposèrent en réalité leur signature sur une feuille rajoutée postérieurement, et que lon croyait authentique. Cette feuille fut dailleurs retirée lorsque le livre reçut une nouvelle reliure, en 1953.

Le manuscrit a été relié plusieurs fois au cours des siècles. Cest à une de ces occasions, au XVIIIe siècle, que les pages furent rognées sans ménagement, entraînant la perte dune petite partie des illustrations. Une nouvelle reliure fut confectionnée en 1895, mais se rompit très vite. Dès la fin des années 1920, plusieurs feuilles détachées étaient conservées séparément du manuscrit. En 1953, lœuvre fut finalement reliée en quatre volumes par Roger Powell, lequel soccupa aussi de retendre avec délicatesse certaines pages qui sétaient couvertes de renflements[8],[9].

En lan 2000, le volume contenant lÉvangile selon Marc fut envoyé à Canberra, en Australie, pour une exposition dédiée aux manuscrits enluminés. Ce nétait que la quatrième fois que le Livre de Kells était transporté à létranger pour y être présenté. Malheureusement le volume subit au cours du voyage des « dommages mineurs » au niveau de sa pigmentation. Il est supposé que les vibrations produites par les moteurs de lavion pourraient en être la cause[10].

Reproductions

Le folio 183r du fac-similé de 1990 : Erat autem hora tercia (cétait maintenant la troisième heure).

En 1951, une maison dédition suisse, la Urs Graf-Verlag Bern, réalisa un fac-similé du Livre de Kells[11]. La plupart des pages furent reproduites en photographies en noir et blanc : quarante-huit pages furent néanmoins restituées en couleur, dont lensemble des décorations de pleine page.

En 1979, les Éditions Facsimilé Lucerne[12], une autre maison dédition suisse, demandèrent lautorisation de produire un fac-similé entièrement en couleur. Loffre fut initialement rejetée par les responsables du Trinity College, qui craignaient que le manuscrit ne subisse des dégâts au cours de lopération. En 1986, suite à la mise au point dun précautionneux dispositif daspiration qui permettait de tendre et de photographier les pages sans avoir à les toucher, léditeur obtint finalement le feu vert[13]. Après la photographie de chaque page, une copie était préparée en comparant attentivement les couleurs avec celles de loriginal, des ajustements intervenant si nécessaire. Le fac-similé fut publié en 1990 en deux volumes, avec dune part le fac-similé proprement dit et dautre part un tome de commentaires rédigés par des spécialistes. Un exemplaire est détenu par léglise anglicane de Kells, sur le site de lancien monastère. Une version CD-ROM proposant toutes les pages scannées, ainsi que dautres informations, est également disponible.

Description

Le Livre de Kells contient les quatre Évangiles constitutifs du christianisme, précédés de préfaces, de résumés et de transitions entre certains passages. Il est rédigé en lettres majuscules dans un style typographique typiquement insulaire, avec de lencre noire, rouge, mauve ou jaune[14]. Le manuscrit est aujourdhui constitué de 340 feuilles en vélin, appelées des folios. La plupart des folios font en réalité partie de plus grandes feuilles, les bifolios, qui sont pliées en deux afin de former deux folios. Plusieurs bifolios sont ensuite rassemblés et cousus ensemble, de manière à obtenir des cahiers. Il arrive quun folio ne fasse pas partie dun bifolio et soit une simple feuille libre insérée dans un cahier.

On estime quune trentaine de pages ont été perdues en tout[9] : dès 1621, l'examen de louvrage par James Ussher ne comptabilisait plus que 344 pages. Les feuilles subsistantes sont rassemblées en trente-huit cahiers, qui comprennent chacun de quatre à douze dentre-elles (soit de deux à six bifolios), le chiffre de dix feuilles par cahier étant le plus habituel. Les pages les plus décorées correspondent souvent aux feuilles libres. Il semble par ailleurs que des lignes étaient préalablement tracées sur les folios, parfois des deux côtés, pour faciliter le travail décriture des moines : les trous daiguille et les traits peuvent encore sapercevoir en certains endroits. Le vélin est de grande qualité, bien quil soit travaillé de manière assez inégale : plusieurs feuilles ont une telle épaisseur quelles se rapprochent de morceaux de cuir, tandis que dautres sont dune finesse presque translucide. Le manuscrit fait 33 cm de long sur 25 cm de large, soit une taille standard : ces dimensions ne furent toutefois atteintes quau XVIIIe siècle, époque à laquelle les feuilles furent un peu rognées. La zone de texte couvre approximativement 25 cm de long sur 17 cm de large, et chaque page de texte contient entre seize et dix-huit lignes. Le livre semble néanmoins inachevé, dans la mesure quelques-unes des décorations napparaissent quà létat débauches.

Contenu

Dans son état actuel, le Livre de Kells offre, après quelques écrits liminaires, le texte intégral des Évangiles selon Matthieu, selon Marc et selon Luc. LÉvangile selon Jean, quant à lui, est reproduit jusquau verset 17:13. Le reste de cet Évangile, de même quune partie des écrits liminaires, restent introuvables, et ont probablement été perdus lors du vol du manuscrit au IXe siècle. Ce qui reste des écrits liminaires est constitué de deux fragments de listes de noms hébreux contenus dans les Évangiles, des Breves causae et des Argumenta des quatre Évangiles, et enfin des tables canoniques dEusèbe de Césarée. Il est assez probable, à lexemple des Évangiles de Lindisfarne ou du Livre de Durrow, quune partie des textes perdus incluait la lettre de saint Jérôme au pape Damase Ier, dite Novum opus, dans laquelle Jérôme justifiait la traduction de la Bible en latin. On peut aussi supposer, même si cela prête davantage à caution, que les textes comprenaient la lettre dEusèbe, dite Plures fuisse, le théologien enseigne le bon emploi des tables canoniques[15].

Le folio 5r est lune des pages dédiées aux tables canoniques dEusèbe de Césarée.

On compte donc deux fragments de listes contenant des noms hébreux : lun se situe au recto du premier folio, et lautre, au folio 26, est pour linstant inséré à la fin des textes introduisant lÉvangile selon Jean. Le premier fragment contient la fin de la liste destinée à lÉvangile selon Matthieu, sachant que le début de la liste occupait sans doute deux autres feuilles aujourdhui perdues. Le deuxième fragment offre le quart de la liste pour lÉvangile selon Luc, les trois quarts restants ayant sans doute requis trois autres feuilles. Or la structure du cahier concerné rend hautement improbable lidée quil puisse manquer trois feuilles entre les folios 26 et 27, ce qui conduit à penser que le deuxième fragment nest plus à sa place originelle. Aucune trace des listes pour les Évangiles de Marc et de Jean ne subsiste[15].

Le premier fragment de liste est suivi par les tables canoniques dEusèbe de Césarée. Ces tables, antérieures à la traduction de la Bible en langue latine (la Vulgate), sont destinées à comparer et croiser les quatre Évangiles. Eusèbe procéda à la division des Évangiles en chapitres et dressa ensuite des tables, qui permettaient au lecteur de situer un épisode donné de la vie du Christ dans chacun des quatre textes. La coutume fut prise dinclure les tables canoniques dans les textes liminaires de la plupart des copies médiévales de la Vulgate. Les tables du Livre de Kells se révèlent néanmoins inutilisables car le copiste les a condensées jusquà en faire un amas confus. De plus, les numéros de chapitres nétaient jamais reportés en marge du texte, rendant ainsi impossible de retrouver les sections auxquelles les tables font référence. La raison de cet oubli reste obscure : il se peut que les moines aient décidé de ne rajouter les numéros quune fois les décorations terminées, linachèvement du manuscrit ayant eu alors pour conséquence de reporter sine die cette opération. Lomission pourrait également avoir été délibérée, afin de ne pas gâcher la beauté de louvrage[15].

Le folio 19 contient le début des Breves causae de lÉvangile selon Luc.

Les Breves causae et les Argumenta relèvent dune tradition manuscrite antérieure à la Vulgate. Les Breves causae sont en fait des résumés danciennes traductions des Évangiles en latin, et sont divisées en chapitres numérotés. Ces numéros, tout comme ceux des tables canoniques, ne sont pas utilisés dans le corps du manuscrit. Il sagit cependant cette fois dun choix assez compréhensible, dans la mesure les numéros de chapitres correspondant aux vieilles traductions auraient été difficiles à harmoniser avec le texte de la Vulgate. Les Argumenta, quant à elles, sont des collections de légendes dédiées aux quatre Évangélistes. Lensemble de ces écrits est disposé dans un ordre étrange : on trouve en premier lieu les Breves causae et les Argumenta sur Matthieu, suivis de ceux sur Marc. Arrivent alors, de manière assez inattendue, les Argumenta de Luc et Jean, suivies seulement ensuite des Breves causae de ces deux apôtres. Cet ordre inhabituel est le même que celui adopté dans le Livre de Durrow[15]. Dans dautres manuscrits insulaires, tels que les Évangiles de Lindisfarne, le Livre d'Armagh ou les Évangiles d'Echternach, chaque Évangile est traité séparément et se fait précéder de tous ses écrits liminaires[16]. Cette répétition fidèle du modèle du Livre de Durrow a conduit le chercheur T. K. Abbot à la conclusion que le copiste de Kells devait avoir entre les mains le manuscrit en question, ou du moins un modèle commun.

Texte et écriture

Le Livre de Kells contient le texte des quatre Évangiles en latin daprès la Vulgate, sans toutefois proposer une copie conforme de cette dernière : il existe de nombreuses variantes par rapport à la Vulgate, notamment lorsque des traductions latines plus anciennes sont utilisées à la place du texte de saint Jérôme. Ces variantes se retrouvent systématiquement dans tous les manuscrits médiévaux de Grande-Bretagne, et sont à chaque fois différentes dun ouvrage à un autre. En effet, les moines, à défaut de disposer dun exemplaire préexistant, devaient sans doute travailler de mémoire.

Le folio 285r, dit Una autem sabbati valde, a été rédigé par le copiste appelé « Main A ».

Le manuscrit est écrit en lettres majuscules, à la rare exception de quelques minuscules, le plus souvent des c ou des s. Luniversitaire française (University College Dublin) Françoise Henry a identifié au moins trois copistes ayant contribué à lœuvre, et les a appelés « Main A », « Main B » et « Main C »[15]. Main A aurait notamment réalisé les folios 1 à 19v et 276 à 289, avant de reprendre son travail du folio 307 jusquà la fin du manuscrit. Le copiste Main A utilise le plus souvent une encre de couleur marron assez répandue en Europe, et rédige entre dix-huit et dix-neuf lignes par page[15]. Main B, quant à lui, a une plus grande tendance à utiliser des lettres minuscules, préfère une encre rouge, mauve ou noire et consacre un nombre plus variable de lignes à chaque page[15]. Main C, enfin, a contribué à louvrage de manière assez dispersée : davantage porté lui aussi sur les minuscules que Main A, il utilise néanmoins la même encre marron et écrit presque toujours dix-sept lignes par page[15].

Décoration

Le manuscrit contient des pleines pages de motifs ornementaux dune extraordinaire complexité, ainsi que de plus petites décorations accompagnant les pages de texte. Le Livre de Kells utilise une large palette de couleurs, avec par exemple du mauve, du rouge, du rose, du vert ou du jaune. Les illustrations du Livre de Durrow, à titre de comparaison, ne sont faites que de quatre couleurs. De manière assez surprenante, et malgré le prestige dont les moines ont voulu entourer lœuvre, ils nont fait usage daucune feuille dor ou dargent pour agrémenter le manuscrit. Les pigments nécessaires aux illustrations ont être importés de toute lEurope, et ont fait l'objet d'études approfondies : le noir est tiré de la bougie, le rouge brillant du réalgar, le jaune de l'orpiment et le vert émeraude de la malachite broyée[17]. Linestimable lapis-lazuli, de coloration bleue, vient quant à lui de la région de lAfghanistan[18].

Les enluminures sont bien plus riches et plus nombreuses que dans nimporte quel autre manuscrit biblique de Grande-Bretagne. On compte dix pleines pages denluminures ayant pu survivre à lépreuve du temps, dont deux portraits dévangélistes, trois représentations des quatre symboles des évangélistes, une page aux motifs rappelant un tapis, une miniature de la Vierge et lEnfant, une autre miniature du Christ sur le trône et enfin deux dernières miniatures consacrées à larrestation et à la tentation du Christ. Il existe par ailleurs treize autres pleines pages denluminures accompagnées cette fois dun peu de texte : cest notamment le cas pour le début de chaque Évangile. Huit des dix pages dédiées aux tables canoniques dEusèbe de Césarée ont aussi été très richement illustrées. En plus de toutes ces pages, on recense un grand nombre de plus petites décorations ou dinitiales enluminées dans lensemble de louvrage[19].

Le manuscrit, dans son état actuel, débute avec un fragment de liste de noms hébreux, qui occupe la première colonne du recto du folio 1. Lautre colonne de ce folio est occupée par une miniature des quatre symboles des évangélistes, aujourdhui un peu effacée. La miniature est orientée de telle sorte que le livre doit être tourné de 90 degrés pour lexaminer[20]. Le thème des quatre symboles des évangélistes est présent du début à la fin de louvrage : ils sont presque toujours représentés ensemble, afin de souligner et daffirmer lunité du message des quatre Évangiles.

Le folio 2r contient lune des tables canoniques dEusèbe de Césarée.

Lunité des Évangiles est encore renforcée par la décoration des tables canoniques dEusèbe de Césarée. Les tables elles-mêmes sont conçues pour établir lunité des quatre textes en permettant au lecteur didentifier des passages équivalents dans chaque Évangile, et requièrent normalement douze pages. Les copistes du Livre de Kells avaient bien réservé douze pages à cette besogne (folios 1v à 7r) mais, pour une raison inconnue, finirent par condenser les tables en dix pages seulement, laissant ainsi deux pages blanches (les folios 6v et 7r). Ce resserrement rendit les tables confuses et inutilisables. La décoration des huit premières pages des tables canoniques semble fortement influencée par des manuscrits plus anciens de la région méditerranéenne, la coutume était dinsérer les tables dans le dessin dune arcade[20]. Les moines travaillant au Livre de Kells emploient ce style, mais en y apportant leur propre esprit : les arcades ne sont plus considérées comme des éléments architecturaux mais plutôt comme des motifs géométriques, décorés de motifs ornementaux typiquement insulaires. Les quatre symboles des évangélistes occupent lespace au-dessus et au-dessous des arcs. Les deux dernières pages, quant à elles, représentent les tables dans une grille, ce qui est plus conforme à la tradition des manuscrits insulaires, comme dans le Livre de Durrow[21].

Le reste du livre, après les tables canoniques, est divisé en sections, chaque début de section étant annoncé par des miniatures et des pleines pages de texte décoré. Chacun des Évangiles, notamment, est introduit par des enluminures méticuleusement préparées. Les textes liminaires sont traités comme une section à part entière, et reçoivent donc aussi une décoration somptueuse. En plus des Évangiles et des textes liminaires, le « second début » de lÉvangile selon Matthieu a droit lui aussi à sa propre décoration introductive.

Le folio 7v est illustré dune image de la Vierge et lEnfant. Il sagit de la plus vieille représentation subsistante de la Vierge Marie dans un manuscrit occidental.

Les textes liminaires sont introduits par une image en icône de la Vierge et lEnfant (folio 7v). Cette miniature est la représentation la plus ancienne de la Vierge parmi tous les manuscrits du monde occidental. Marie est présentée dans un étrange mélange entre pose de face et aux trois-quarts. Le style iconographique de la miniature pourrait dériver dun modèle orthodoxe ou copte[21].

La miniature de la Vierge et lEnfant fait face à la première page de texte, et se révèle un préliminaire approprié au début des Breves causae de Matthieu, qui commencent par un Nativitas Christi in Bethlem (« la naissance du Christ à Bethléem »). La première page des Breves causae (folio 8r), quant à elle, est décorée et entourée dun cadre élégant. La combinaison entre la miniature sur la gauche et le texte sur la droite constitue ainsi une introduction très vivante et colorée aux textes liminaires. Les premières lignes des autres sections des textes liminaires font également lobjet de soins particuliers, mais sans atteindre le même niveau que le début des Breves causae de Matthieu[21].

Le folio 291v contient un portrait de Jean.

Le Livre de Kells a été conçu pour que chaque Évangile dispose de décorations introductives très élaborées. Chacun des quatre textes, à lorigine, était préfacé dune miniature en pleine page contenant les quatre symboles des évangélistes, suivie dune page blanche. Venait ensuite, face aux premières lignes richement décorées du texte, le portrait de lévangéliste concerné[22]. LÉvangile selon Matthieu a conservé le portrait de son évangéliste (folio 28v) et sa page de symboles évangéliques (voir ci-dessus le folio 27r). Il manque à lÉvangile selon Marc le portrait de lévangéliste, mais sa page de symboles a survécu (folio 129v). LÉvangile selon Luc na malheureusement conservé aucun des deux. LÉvangile selon Jean, enfin, tout comme celui de Matthieu, a pu garder à la fois le portrait de lévangéliste (voir ci-contre le folio 291v) et sa page de symboles (folio 290v). Les pages manquantes ont probablement existé, mais ont depuis été perdues[23]. Quoi quil en soit, lutilisation systématique de tous les symboles des évangélistes au début de chaque Évangile est une chose frappante, ayant vocation à renforcer lunité du message évangélique.

Le folio 30r abrite lincipit de lÉvangile selon Marc.

La décoration des premiers mots de chaque Évangile est extrêmement travaillée. Les pages concernées, de fait, ont pris lapparence de tapisseries : les illustrations sont si élaborées que le texte en devient illisible. La page douverture de lÉvangile selon Matthieu (voir ci-dessus le folio 29r), à ce titre, peut servir dexemple : elle ne compte que les deux seuls mots « Liber generationis » (« le livre de la génération »). Le lib de Liber sest développé en un monogramme géant dominant toute la page. Le er de Liber est représenté dans un entrelacement dornements avec le b du monogramme lib. Quant à Generationis, il sétale sur trois lignes différentes et sinsère dans un cadre sophistiqué en bas à droite de la page. Le tout est regroupé par une bordure soignée[24].

Cette bordure et les lettres elles-mêmes sont en outre décorées de spirales et de nœuds, souvent zoomorphes. Les premiers mots de lÉvangile selon Marc, Initium evangelii (« Commencement de lÉvangile », voir ci-contre) et de celui selon Jean, « In principio erat verbum » (« Au commencement était le Verbe »), font lobjet de traitements similaires. Ces décorations, bien que particulièrement élaborées dans le Livre de Kells, se retrouvent néanmoins dans tous les évangéliaires des îles britanniques[25].

LÉvangile selon Matthieu, comme il est de règle, débute par une généalogie de Jésus : le récit proprement dit de la vie du Christ ne commence quau verset 1:18, que lon considère donc parfois comme le « second début » de cet Évangile. Le Livre de Kells traite le second début avec lemphase digne dun texte séparé. Cette partie de lÉvangile de Matthieu commence par le mot « Christ », que les manuscrits médiévaux avaient coutume dabréger par les deux lettres grecques Chi et Rhô.

Le folio 34r laisse apparaître le célèbre monogramme de lIncarnation, formé des lettres Chi et Rhô, qui sont les deux premières lettres du mot « Christ » en grec.

Ce « monogramme Chi Rhô », plus communément appelé « monogramme de lIncarnation », a fait lobjet dun soin particulier dans le Livre de Kells, jusquà envahir le folio 34r dans sa totalité. La lettre Chi domine la page, lun des bras du X sétendant sur une grande surface de la feuille. La lettre Rhô, quant à elle, est blottie sous les formes du Chi. Les deux lettres sont divisées en compartiments, tous somptueusement décorés dentrelacs et dautres motifs. Le fond du dessin, de même, est submergé dillustrations nouées et imbriquées les unes aux autres. Au sein de cette masse dornements sont cachés des animaux et des insectes. Trois anges surgissent enfin de lun des bras du Chi. Cette miniature, au sommet dune tradition ayant débuté avec le Livre de Durrow, apparaît comme le plus grand et le plus soigné des monogrammes de l'Incarnation parmi tous les manuscrits bibliques des îles britanniques. Selon Claude Mediavilla, spécialiste de la calligraphie, le monogramme de l'Incarnation serait peut-être « la pièce d'enluminure la plus complexe jamais exécutée […] Elle a exiger plusieurs semaines, voire plusieurs mois d'un labeur éprouvant pour le corps et la vue ».

Le Livre de Kells contient deux autres miniatures de pleine page, illustrant des épisodes de la Passion du Christ. La première (folio 114r) est dédiée à son arrestation : Jésus, empoigné par deux personnages nettement plus petits que lui, est représenté sous une arcade stylisée[26]. La seconde miniature (folio 202v) est consacrée à la Tentation du Christ : Jésus, dont on ne voit que le buste, se tient au sommet du Temple, avec à sa droite une foule représentant peut-être ses disciples. On devine au-dessous de lui la figure sombre de Satan, tandis que deux anges planent dans le ciel[27].

Presque tous les folios du Livre de Kells comprennent au moins de petites enluminures telles que cette initiale décorée.

La décoration de louvrage ne se limite pas aux passages principaux. Toutes les pages, à lexception de deux dentre-elles, contiennent en effet un minimum dornements. Des initiales décorées, tout comme des petits personnages humains ou zoomorphes, souvent entortillés dans des nœuds compliqués, sont éparpillés tout au long du manuscrit. Cet art des entrelacs, des figures animales et des labyrinthes microscopiques s'inspire entre autres de la tradition celtique. Le texte des Béatitudes dans lÉvangile selon Matthieu, par exemple, (folio 40v) est accompagné le long de la marge dune grande miniature, dans laquelle les lettres B qui commencent chaque ligne sont liées par une chaîne. La généalogie du Christ dans lÉvangile selon Luc (folio 200r), de même, profite de la répétition du mot Qui au début de chaque ligne pour dessiner une chaîne. De petits animaux sont représentés à la droite des pages pour combler les vides résultant de lignes ayant dévié de leur trajectoire, ou simplement pour occuper lespace à la droite des lignes. Aucun de ces motifs nest identique à un autre, et aucun manuscrit plus ancien ne peut rivaliser avec une telle profusion dornements.

Les décorations sont toutes de grande qualité, et leur complexité reste un objet de fascination. Lexamen de lune dentre-elles, qui noccupe quenviron 6 cm², a permis de dénombrer pas moins de 158 entrelacs de rubans blancs bordés de noir de chaque côté. La subtilité de quelques décorations ne peut être pleinement appréciée quà laide de verres grossissants, et ce bien que les verres de la puissance nécessaire naient vu le jour que plusieurs siècles après la réalisation de louvrage. Ces opérations compliquées de maillage et dentrelacement ont également été réalisées à la même période sur les métaux ou la pierre, et ont connu un succès durable : nombre de ces motifs sont toujours utilisés à lheure actuelle, quil sagisse de bijoux ou de tatouages. Voir à ce sujet une méthode de dessin d'entrelacs.

Usage

Le Livre de Kells, à lorigine, avait une vocation sacramentelle et non éducative. Un évangéliaire aussi grand et somptueux devait être laissé sur le grand autel de léglise, et uniquement employé pour lire des passages de lÉvangile pendant la messe. Il est cependant probable que le prêtre officiant ne lisait pas réellement le manuscrit, mais le récitait simplement de mémoire. À ce titre, il est intéressant que le vol de louvrage au XIe siècle, selon les Annales d'Ulster, ait eu lieu à la sacristie, les coupes et les autres accessoires liturgiques étaient rangés, plutôt quà la bibliothèque de labbaye. La confection du livre semble avoir intégré cette dimension, en faisant du manuscrit un objet très beau mais assez peu pratique. Le texte contient dailleurs de nombreuses erreurs non corrigées, et dautres indices témoignent de lattachement assez secondaire porté à lexactitude du contenu : des lignes trop grandes sont souvent poursuivies dans des espaces libres par-dessus ou par-dessous, et les numéros de chapitres nécessaires à lutilisation des tables canoniques nont pas été insérés. De manière générale, rien na été fait qui aurait risqué de perturber la beauté formelle des pages : lesthétique a été prioritaire par rapport à lutilité[28].

Évocations artistiques

Un film d'animation intitulé Brendan et le secret de Kells, ayant pour thème central le livre de Kells, a été réalisé par Tomm Moore, d'après une idée originale de Tomm Moore et Aidan Harte et un scénario original de Fabrice Ziolkowski. Cette co-production entre Cartoon Saloon (Irlande), Les Armateurs, France 2 Cinéma (France) et Vivi Film (Belgique) est sortie en salles début 2009.

Le Livre de Kells est également évoqué à la fin du roman de Michel Houellebecq Les Particules élémentaires.

Notes et références

  1. a, b, c, d, e et f Henry 1974, p. 150.
  2. Sullivan 1952, p. 19-20.
  3. Meehan 1994, p. 91.
  4. (en)The Annals of Ulster, CELT: Corpus of Electronic Texts
  5. (en)O'Donovan, John. "The Irish Charters in the Book of Kells", University College Cork, consulté le 15 octobre 2008.
  6. Henry 1974, p. 165.
  7. Sullivan 1952, p. 38
  8. Hoops, Johannes (ed.) "Reallexikon der Germanischen Altertumskunde". Walter De Gruyter Inc, September 2001, p. 346. ISBN 3-11-016950-9
  9. a et b Henry 1974, p. 152
  10. (en)Book of Kells damaged on Australia trip, The Independent, 14-04-2000
  11. (en)Announcements. Speculum, Vol. 23, No. 3, July, 1948. pp. 555-558.
  12. Site des éditions Facsimilé de Lucerne.
  13. (en)McGill, Douglas. "Irelands's Book of Kells is Facsimiled". New York Times, 2 Juin 1987. Consulté le 15 octobre 2008.
  14. Meehan 1994, p. 9.
  15. a, b, c, d, e, f, g et h Henry 1974, p. 153-155.
  16. Calkins 1983, p. 79.
  17. Fuchs and Oltrogge in O'Mahoney 1994, p. 134-135.
  18. Meehan 1994, p. 88.
  19. Nordenfalk 1977, p. 108.
  20. a et b Henry 1974, p. 167.
  21. a, b et c Calkins 1983, p. 79-82.
  22. Henry 1974, p. 172.
  23. Henry 1974, p. 172-173.
  24. Calkins 1983, p. 85.
  25. Calkins 1983, p. 82-85.
  26. Nordenfalk 1977, p. 124.
  27. Nordenfalk 1977, p. 123.
  28. Calkins 1983, p. 79-82

Voir aussi

Liens externes

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Bibliographie

En français

  • Bernard Meehan, Le Livre de Kells, Thames & Hudson, 1995, (ISBN 2878110900)
  • René Fédou, Lexique historique du Moyen Âge, Armand Collin, 1999, (ISBN 220021622X)
  • Peter Harbinson, L'art médiéval en Irlande, Zodiaque, 1998, (ISBN 2736902440)
  • Francoise Henry, L'art irlandais, vol. 2, Zodiaque, 1991, (ISBN 2736900707)

Principales références

  • Livre de Kells, Faksimile Verlag Luzern, Lucerne, 1990, (ISBN 3856720316)
  • Calkins, Robert G. Illuminated Books of the Middle Ages. Ithaca, New York: Cornell University Press, 1983, (ISBN 0500233756)
  • Henderson, George.From Durrow to Kells : the Insular Gospel-books, 650-800. New York: Thames and Hudson, 1987, (ISBN 0500234744)
  • Henry, Francoise. The Book of Kells. New York: Alfred A Knopf, 1974, (ISBN 050023213X)
  • Sullivan, Edward. The Book of Kells Londres : Studio Publications, 1952
  • Meehan, Bernard. "The Book of Kells: An Illustrated Introduction to the Manuscript in Trinity College Dublin" New York: Thames and Hudson, 1994, (ISBN 0500277907)
  • Nordenfalk, Carl. "Celtic and Anglo-Saxon Painting: Book Illumination in the British Isles 600800" New York: George Braziller, 1977, (ISBN 0807608254)

Autres lectures

  • Alexander, J. G. G. Insular Manuscripts: Sixth to Ninth Century. London: Harvey Miller, 1978
  • Alton, E. H. and P. Meyer Enageliorum quattor Codex Cenannensi. 3 vols. Bern: Urs Graf Verlag, 1959-1951.
  • Brown, T. J. "Northumbria and the Book of Kells". Anglo-Saxon England I (1972): 219-246.
  • Friend, A. M., Jr. "The Canon Tables of the Book of Kells". In Mediæval Studies in Memory of A. Kingsley Porter, ed. W. R. K. Koehler. Vol. 2, pp. 611-641. Cambridge, Mass.: Harvard University Press, 1939.
  • Hopkins-James, Lemur J. The Celtic Gospels, Their Story and Their Texts. London: Oxford University Press, 1934.
  • Lewis, Susanne. "Sacred Calligraphy: The Chi Rho Page in the Book of Kells" Traditio 36 (1980): 139-159.
  • McGurk, P. "Two Notes on the Book of Kells and Its Relation to Other Insular Gospel Books" Scriptorium 9 (1955): 105-107.
  • Mussetter, Sally . "An Animal Miniature on the Monogram Page of the Book of Kells" Mediaevalia 3 (1977): 119-120.
  • Nordenfalk, Carl "Another Look at the Book of Kells" In Festschrift Wolgang Braunfels, pp. 275-279. Tubingen: Wasmuth, 1977.
  • Nordenfalk, Carl, Celtic and Anglo-Saxon Painting: Book Illumination in the British Isles 600-800. New York: George Braziller, 1977.
  • Powell, Roger. "The Book of Kells, the Book of Durrow, Comments on the Vellum and the Make-up and Other Aspects" Scriptorum 10 (1956), 12-21.
  • Sweeney, James J. Irish Illuminated Manuscripts of the Early Christian Period. New York: New American Library, 1965.
  • Werner, Martin "The Madonna and Child Miniatures in the Book of Kells". Art Bulletin 54 (1972): 1-23, 129-139.
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